Vous êtes sur la page 1sur 79

Département d’Agronomie

Sols & Systèmes de culture

Dr. KAZI-TANI L. M.
Définitions de base

Agriculture : c’est l’art et la technique


d’obtenir du sol le maximum de produits
utiles, tout en maintenant sa fertilité.

Agronomie : c’est l’ensemble


des sciences qui cherchent à
découvrir les lois de la
production agricole.
Une des activités de base de l’agriculteur est de conduire ses cultures. Il doit viser
deux objectifs:

a) Une réussite technique et économique :


• Choix judicieux de la variété à cultiver en adéquation avec les
potentialités du milieu (fertilité du sol, fertilité climatique et position
topographique des soles), ainsi que les exigences du marché
• Installation de la culture: les techniques de préparation du sol,
plantation (semences, plants,…)
• Suivi de la culture: protection contre les ravageurs & contre les
mauvaises herbes, fertilisation…

a) Préservation de son milieu de culture: Irrigation adéquate (économie de


l’eau), fertilisation organique (protection du sol), biodiversité.

Par ailleurs, l’agriculteur travaille en 4 dimensions: les trois dimensions


spatiales et la dimension temporelle (espace et le temps).
Choisir une manière de faire en agriculture est donc extrêmement complexe.

Complexe mais pas du tout compliquer !!!


Sauf si on s’y emploie

Cette complexité est due à la multitude de facteurs à prendre


en en compte.

La notion de système de culture a été développée pour


synthétiser l’ensemble des éléments pris en compte dans la
gestion de la conduite des cultures.

On va essayer de voir un élément important : Le sol


Le sol Agricole
• Le sol est la formation naturelle de surface à structure
meuble et d’épaisseur variable, résultant de la
transformation de la roche mère sous-jacente sous
l’influence de divers processus physiques, chimiques
et biologiques.
• Le sol est un interface entre le minéral (roche-mère),
l’organique et le climat (lithosphère, biosphère et
atmosphère). Il en est le produit.
• Pour l’agronome le sol agricole constitue la partie
superficielle meuble d’un terrain et travaillée par
l’agriculteur (couche arable).
• Cette couche constitue le support physique et l’assise
de la nutrition minérale des cultures , et les colloïdes
minéraux ou organiques jouent un rôle central.
Constitution du sol
• Le sol comporte les trois phases de la matières :

La phase solide, la phase liquide et la phase gazeuse.

La phase solide est constituée essentiellement de la matière


minérale et secondairement de la matière organique.
La matière minérale : elle se subdivise en deux parties :
1. Les minéraux non altérés, surtout abondants dans la partie
grossière du sol, sables et limons.
2. Le complexe d’altération : résultant de l’altération des
minéraux primaires, et constituant la fraction fine du sol,
qui possède des propriétés particulières en raison des
charges électriques.

Les propriétés du sol sont liées à deux notions fondamentales : la


texture, composition élémentaire, et la structure, manière dont
ces éléments sont groupés en agrégats.
Texture et Structure du sol
• Les propriétés du sol sont liées à deux notions
fondamentales : la texture, composition élémentaire, et la
structure, manière dont ces éléments sont groupés en
agrégats.
• La texture (ou composition granulométrique) c’est la
proportion des éléments du sol, classés par catégories de
grosseurs. Les éléments minéraux sont supposés de forme
sphériquen. On appelle terre fine l’ensemble des éléments
inférieurs à 2mm. Les éléments grossiers ont un diamètre
plus important : Graviers, et Pierres.
Diagramme montrant la relation
générale qui lie la taille des
particules et leur composition
minéralogique (d'après BEAR,
1964).
La texture d’un sol exerce une grande influence sur les autres
propriétés physiques et même chimiques du sol, ainsi que son
adaptation économique aux différentes cultures.
Il est donc important de bien connaître la texture pour pouvoir
déterminer le traitement qui convient à un sol donné et y implanter
les cultures qui peuvent le mieux y réussir.

La fertilité agronomique d’un sol dépend étroitement de la teneur


certains éléments dépasse une certaine limite:

Proportion de la Terre fine : à chaque fois qu’elle s’abaisse au-


dessous de 80%, la fertilité est faible ou médiocre. Dans les terres
caillouteuses, le drainage s’effectue facilement et accentue les effets
de sécheresse (sécheresse édaphique).
Cependant, il y a des cas où les éléments grossiers jouent un rôle
bénéfique, en limitant l’évaporation de l’eau du sol (comme un
mulch).
Les sols légers : contiennent au moins 70% de sables avec moins
de 20% d’argiles et moins de 20% de limons. Ce sont des sols
drainant, ne se compactent pas et faciles à travailler. Par contre, ils
ont une faible capacité de rétention d’eau et donc s’assèche
facilement. Ils ont une faible fertilité. Les éléments minéraux sont
facilement dissous et lessivés.
Les sols francs (texture équilibrée) : aucune des proportions
sables, limons et argiles n’exerce aucune influence sur les deux
autres.
Une terre franche typique contient 50% de matière solide et 50%
d’espace libre entre les particules.
Les sols lourds : la fraction fine (limons fins et argiles) est
dominante. Ce sont des sols mal aérés, très peu perméables, froids,
difficile à travailler.
Il retiennent beaucoup d’eau et beaucoup de sels minéraux et donc
se comporte comme un réservoir de nourriture pour les plantes,
tout comme l’humus.
Il a été démontré que pour une même couverture végétale peut apparaître
d’une manière préférentielle sur des sols à texture grossière sous des conditions
bioclimatiques arides, et la même couverture végétale peut se trouver sur des
sols à texture fine sous un bioclimat humide. Cette situation a été appelée
l’effet inverse de la texture (Noy-Meir, 1973).
Et sous les mêmes conditions bioclimatiques arides, la biomasse des sols à
texture grossière est plus importante que la celle sur sols à texture fine.
La texture d’une sol est une synthèse qualitative de l’analyse
granulométrique dont les résultats sont quantitatifs.
L’expression qualitative est assurée par le triangle de texture.
Structure du sol
• La structure complète la notion de texture.
• La structure désigne le mode d’assemblage des particules.
Elle se décrit à deux niveaux :
Le niveau macroscopique : visible à l’œil nu
Le niveau microscopique : mirostructure ou
micromorphologie.

• L’importance de la structure est considérable. Elle influence


l’aération du sol, la résistance à la pénétration des racines, elle joue
un rôle dans la résistance à l’érosion, elle intervient dans le
lessivage des sols, leur perméabilité.
Travail du sol
Le labour est une pratique culturale qui consiste à couper
puis retourner la terre (retournement plus ou moins
complet) d’une bande de terre de largeur et de
profondeur variables.
Quelles que soient les conditions de réalisation, un
labour correct doit être caractérisé par :
•Une profondeur constante,
•Une bande régulièrement retournée,
•Une muraille verticale et un fond horizontal.
Les buts à atteindre par le labour sont :
•Augmentation de la porosité du sol et destruction d’une
partie des grosses mottes, avec leurs conséquences
éventuelles sur les mouvements de l’eau et la capacité de
rétention ;
•Destruction et enfouissement des mauvaises herbes
sous l’influence du retournement ;
•Enfouissement du fumier, des engrais et, quelquefois,
les semences (plantation des pommes de terre et
repiquage des betteraves sur raie de charrue).
Le labour peut être réalisé grâce à deux grands types
d’instruments :
•les charrues classiques à soc et versoir
•les charrues à disque.
On peut aussi classer, conventionnellement, les labours en trois types,
suivant leur profondeur :
•Labours légers ou superficiels (10 à 20cm) : c’est un
ameublissement de la couche superficielle du sol, on leur préfère de
plus en plus les quasi-labours. Le labour léger peut être utilisé suivant
les cas suivants :
a) Défrichement des prairies temporaires (trèfles, luzerne, parfois
en mélange avec les graminées). Le labour permet, à la fois, une
bonne fragmentation des collets et un enfouissement superficiel
pour faciliter leur décomposition.
b) Le déchaumage d’été des céréales : si on ne garde pas les
chaumes comme pâturage, on les enfouie par un labour
superficiel. Il assure en plus la pénétration des pluies d’été
même les plus faibles.
c) Le labour de printemps précédant les semailles : un labour léger
peut remédier au tassement superficiel provoqué par les pluies
d’hivers.
•Labours moyens ou ordinaires (15 à 25cm) : sont les labours
les plus pratiqués surtout pour les plantes à systèmes radiculaire
superficiel comme les céréales. Par leur polyvalence, ils peuvent
être utilisés pour la préparation du sol pour certaines plantes
sarclées (pomme de terre, carotte, concombre, navet …).
•Labours profonds (>25cm) : par définition, ce mode de
travail attaque le sous-sol ; il se limite à une profondeur de
35cm. Au-delà, il s’agit d’une opération de défoncement
exigeant un outillage spécial.
En plus de la profondeur du labour on peut aussi faire
une classification en fonction de la technique utilisée.

Suivant le type de charrue il existe deux grandes techniques de


labour :
•le labour à plat, les bandes de terre sont toujours toutes
versées dans la même sens les unes sur les autres. La charrue
utilisée est de type réversible que l'on retourne en bout de la
raie.
•le labour en planche, est réalisé avec les charrues simples. La
terre ne peut être rejetée que d’un seul côté qui change à chaque
aller-retour. Ce système est adapté aux terres humides, qui
s'engorgent facilement d'eau. Chaque planche est séparée par un
sillon servant finalement à drainer les excès d'eau. On distingue
deux types de labour en planche : en adossant et en refendant.
• La structure de la partie supérieure d’un sol agricole doit
être favorable à la germination et à la levée des cultures;
d’où l’importance de la préparation du lit de semence.

Préparation de lit de semence avec une


herse rotative.
Propriétés fondamentales conditionnant le travail du sol.
Les limites d’Atterberg
La terre présente diverses propriétés suivant son humidité. Les
modifications de l’humidité du sol agissent principalement sur trois propriétés
physiques :
La cohésion c’est la propriété qui permet aux particules d’un corps de
rester associées les unes aux autres. L’état cohérent d’un sol correspond à la
terre sèche à condition que celle-ci renferme suffisamment de substances
colloïdales. Un sol cohérent possède une résistance relativement élevée à la
rupture, et n’adhère ni aux outils ni aux doigts.
L’adhésivité est l’aptitude que présente la terre, pour un certain degré
d’humidité, d’adhérer aux objets notamment les instruments aratoires. Cette
propriété est d’autant plus développée que le sol est plus riche en argile et en
limon.
La plasticité est la propriété que montre le sol, également à un certain
degré d’humidité, de subir une déformation sans que l’on constate de rupture,
et de rester dans sa nouvelle forme. Si le sol s’humidifie encore plus son état
change et devient liquide boueux.
Donc les propriétés physiques et mécaniques d’un sol dépendent de son
humidité, on parle alors de l’état du sol. On parle alors :
•d’un état sec
•d’un état liquide
Les humidités critiques limitant ces différents états ont été définis
de façon conventionnelle à l'aide de tests : il s'agit des limites
d'ATTERBERG.
Dégradation du profil cultural

Les risques de dégradation du profil cultural sous l’effet d’un


climat agressif (comme le climat méditerranéen) et des
techniques agricoles peu appropriées, peuvent constituer des
contraintes majeures.

On reconnaît essentiellement trois grandes formes de dégradation


d’un sol agricole :

Formation des croûtes superficielles

Érosion

Apparition de discontinuités au sein du profil cultural (Exp.


semelles de labours)
SYSTÈME DE CULTURE
Le système de culture : correspond à l’ensemble des modalités techniques
mises en œuvre sur des parcelles traitées de manière identique. Chaque
système de culture se définit par :
 La nature des cultures et leur ordre de succession
 Les itinéraires techniques appliqués à ces différentes cultures, ce qui
inclut le choix des variétés.

La notion de système de culture a été développée par les agronomes pour


synthétiser l’ensemble des éléments pris en compte dans la gestion de la
conduite des cultures.
De la même manière on peut aussi parler de système d’élevage très souvent
associé au système de culture.

Le système d’élevage : est le mode d’exploitation des ressources végétales


d’un espace donné par des animaux dans des conditions compatibles avec
les objectifs de l’agriculteur et avec les contraintes du milieu.

Un système de production combine fréquemment plusieurs systèmes de


culture ainsi que les systèmes d’élevage.
Les éléments du système de culture

L’assolement : est le mode de combinaisons et la répartition spatiale des


différentes soles sur une même exploitation. Il vise à diversifier la production
agricole et augmenter la biodiversité dans le système de production.

La rotation : est l’ordre de succession des cultures sur la même parcelle. Elle
correspond à une répartition des cultures dans le temps. La rotation est une
nécessité technique car chaque espèce modifie le milieu environnant (en relation
avec la notion du précédent cultural) et la succession d’espèces différentes évite
de trop modifier dans une seule direction les conditions du milieu.

L’itinéraire technique : est la suite logique et ordonnée d’opérations culturales


appliquées à une culture ou une association de culture.
Potentialités
climatiques Renouvellement de la
Type de sol fertilité
(loi de la restitution)
Outils utilisés

Intrants SYSTÈME DE
(fertilisants &
PRODUCTION
CULTURE
produits phytosanitaires)

Espèces/Variétés
cultivées
Calendrier cultural
Succession (précédent cultural) Temps de travail
Rotation
Association
Agriculture saharienne traditionnelle

Système de culture basé sur :


a) Grande diversité d’espèces et de variétés
b) Culture multi-étage :
• Palmier-dattier
• Arboriculture fruitière
• Céréaliculture/Maraichage
c) Caractérisé par de petites parcelles (Guemmoune)
d) Absence de mécanisation
e) Irrigation par submersion
Agriculture Moderne au Sahara

Serre multi-chapelle (Adrar)


L’organisation d’un système de culture

L’organisation du système de culture doit permettre la réalisation de


l’assolement, de la rotation et des itinéraires techniques choisis, dans les
conditions les plus favorables. On doit donc d’abord apprécier les contraintes
de l’exploitation qui vont influencer l’organisation de son travail.

Parcellement de l’exploitation : il représente la répartition des


parcelles de l’exploitation. Les parcelles se caractérisent par : leur
superficie – leur forme – leur accessibilité (voirie, pente et topographie,
…).
Main-d’œuvre et matériel de l’exploitation : l’itinéraire
technique doit tenir compte de ces deux éléments.
La culture en terrasses est répandue dans tout le
pourtour méditerranéen, en l’occurrence le
Maghreb.
C’est une technique ancestrale (faible
mécanisation, faibles superficies) qui vise à
exploité les versants pentus (arboriculture
fruitière dominante) tout en conservant le sol et
en augmentant l’infiltration des eaux de pluies.
Donc ce système de culture est dicté par deux
facteurs : La topographie & Le climat.

La culture en plaine permet une


intensification avec des surfaces
importantes.
Ici l’exemple de la plaine de la Mitidja
située dans l’arrière-pays algérois.
Etablissement du calendrier cultural

C’est un chronogramme qui montre les différentes dates importantes pour


l’installation et la conduite d’une culture donnée.

Le calendrier cultural permet :


•D’apprécier les périodes où il risque d’y avoir des pointes de travail et des
périodes creuses.
•De prévoir la disponibilité des matériels, de la main-d’œuvre et des intrants
nécessaires.
•D’établir le calendrier des travaux.
Diagnostic agronomique pour la
gestion d’un système de culture

Dans la gestion d’un système de culture, on doit connaître en permanence l’état


du milieu de culture. On doit donc faire un diagnostic agronomique, qui consiste :
À apprécier l’évolution des capacités productrices d’une parcelle de culture
d’une année sur l’autre ;
À évaluer l’état de la culture en cours de végétation pour garantir l’atteinte
des objectifs de production.

Le diagnostic agronomique peut se réaliser à partir de la synthèse des différents


éléments observés au sein de la parcelle de culture. On doit définir plusieurs
bilans permettant d’apprécier l’évolution de différentes propriétés du milieu :
Bilan minéral – Bilan humique – Bilan hydrique – Bilan biologique.
Le bilan minéral : représente la richesse actuelle en éléments minéraux du
sol. Il permet de prévoir le plan de fertilisation (=plan de fumure) de la prochaine
culture. Le bilan minéral peut être connu directement par l’analyse de la terre.

Dans le bilan minéral, c’est le bilan azoté qui est le plus pratiqué pour plusieurs
raisons :
•La teneur en azote du sol varie dans des proportions importantes sur de
courtes périodes à cause du lessivage, de l’évolution des formes azotées, de la
minéralisation… ;
•L’excédant d’azote dans le sol est souvent lessivé vers les nappes phréatiques
causant des pollutions de l’eau.
•L’engrais azoté est coûteux.

Apport d’engrais = Exportations + Perte par lessivage - Restitution

L’ensemble des pertes Les gains


Le bilan humique : traduit les pertes et les gains en humus et permet d’apprécier
l’évolution du taux d’humus dans le sol (c.f. le modèle Hénin-Dupuis pour le calcul
du bilan humique).

Le bilan de l’eau : comparaison entre les réserves, les apports et les pertes en eau
d’un système.

Le bilan biologique : traduit l’équilibre biologique qui règne au sein du milieu de


culture. Cet équilibre est assuré par une certaine biodiversité faunistique
(insectes, annélides, arthropode,…) et floristique (essentiellement les bactéries et
les champignons). Souvent on utilise des espèces bio-indicatrices essentiellement
les mauvaises herbes.
La dominance d’une mauvaise herbe peut nous indiquer sur l’état de la fertilité du
sol ou de sa texture ou alors l’existence d’une carence d’un élément exemple:
Le chardon : indique une carence en
phosphore causé par un compactage qui
provoque un blocage du phosphore. La cause
est une semelle de labour.

Le pissenlit : engorgement en matière


organique, signal d'alarme = trop d'azote
(plantes nitrophiles ou nitratophiles).
Systèmes de Culture en Algérie
Le cadre physique
Il est important de faire un synopsis des grandes lignes des formations géologiques de
l’Algérie. La roche-mère (la lithologie) et le relief font partis des principaux facteurs de la
pédogénèse.
Formation géologique
L’Algérie est caractérisée du Sud au Nord :
1. Par le bouclier saharien, qui fait partie du socle africain paléozoïque. Il est
surmonté par les dépôts du continental intercalaire (CI : Trias et Crétacé
inférieur), et du continental Terminal (CT : Crétacé supérieur). Le CI et le CT sont
des dépôts continentaux qui renferment deux ensembles d’aquifères géantes
appelées le SASS (Système des Aquifère du Sahara Septentrional) ;
2. L’accident sud-atlasique : c’est la limite géologique entre l’Algérie du Sud (le
Sahara) et l’Algérie du nord (le Tell = Atlas Saharien + Hauts Plateaux steppiques
+ Atlas Tellien). Les terrains géologiques du Tell sont essentiellement
sédimentaires et les roches carbonatées sont prédominantes (calcaires, marnes
et dolomies) ;
3. Au Nord de l’accident Sud-atlasique (=fluxure Sud-atlasique) il y a la chaîne
tertiaire appelée l’Atlas saharien ;
4. La zone steppique tabulaire des Hauts Plateaux ;
5. Enfin l’atlas tellien.
Les régions géographiques de l’Algérie
Grossièrement, on admet deux grands ensembles qui se différencient
non seulement par la géographie mais aussi le climat et la géologie.
•L’Algérie du nord : subdivisée en trois entités :
1) Le Tell : se trouve entre le littoral au nord et les Hauts
Plateaux au sud. C’est la partie la plus fertile et la plus arrosée de
l’Algérie, mais aussi la plus peuplée.
2) Les Hauts Plateaux : sont une zone steppique localisée entre l’Atlas
Tellien au nord et l’Atlas Saharien au sud à des altitudes importantes
de 900 à 1200m. Ils renferment des dépressions salées chotts ou
sebkhas et d’autres non salées comme les dayas.
3) L’Atlas saharien : c’est une chaîne de montagnes qui s’étend
depuis le Maroc jusqu’en Tunisie. Il est formé de deux parties
distinctes : à l’ouest et au centre l’Atlas saharien proprement dit, qui
culmine au Dj. Aïssa à 2236m d’altitude (près de Aïn Sefra), et à l’est
l’Aurès dont le point le plus haut et Dj. Chélia à 2328m d’altitude
(entre Batna et Khenchela).
•L’Algérie du sud : englobe le Sahara algérien et représente 84% de la
superficie total du pays. Le Sahara se compose de :

1) Ergs : vastes étendues sableuses ;


2) Regs : vastes étendues caillouteuses ;
3) Hamada : vastes étendues rocailleuse.

Au sud du Sahara s’étend le massif volcanique du Hoggar qui culmine à


2908m d’altitude au mont Tahat.
Cadre climatique
Ici aussi on subdivise l’Algérie en deux zones climatiques majeures :

Le nord algérien avec un climat méditerranéen typique, qui se définit


par la succession de deux saisons tranchées : la première froide et humide
la seconde chaude et sèche qui doit durée au minimum trois mois
successifs. Le relief et la continentalité sont les deux éléments majeurs qui
contribuent dans la variabilité des bioclimats nord algériens.
Il existe un gradient décroissant des précipitations qui va d’est vers
l’ouest. Donc l’est algérien est plus humide et recèle les seuls lacs naturels
du pays. L’ouest algérien (Oranie) est plus sec avec deux tâches
subhumides les Monts de Tlemcen et les Monts de Dayas à cause du relief
(précipitations orographiques).
On note aussi l’existence d’un deuxième gradient décroissant des
précipitations qui va du nord (littoral) vers le sud (l’Atlas saharien).
Le sud algérien avec un climat désertique chaud (climat saharien). C’est
un climat qui est caractérisé par la rareté des précipitations. On le délimite
avec l’isohyète 100mm et qui coïncide avec la limite du palmier dattier.
En réalité il existe plusieurs variantes de ce climat ; il y a tout
d’abord le Sahara septentrional (=Sahara du nord) qui subit l’influence
méditerranéenne avec des précipitations survenant essentiellement en
hiver (exemple Béchar – Oued Souf). Le Sahara méridional (Sahara du sud)
subissant l’influence tropicale avec des précipitations survenant
essentiellement en été (exemple Tamanrasset).
Les sols agricoles en Algérie

On distingue la pédologie qui étudie le sol en lui-même, sa genèse,


son évolution dans le temps et sa répartition dans l’espace ; et l’agrologie
qui couvre l’étude des sols cultivés avec la notion de fertilité en rapport
avec tout les aspects de la nutrition minérale des plantes, et les dangers
qui peuvent détériorer les sols agricoles (érosion, croûtes).
En Algérie du nord il existe cinq types de sols à hautes potentialités agricoles :
Les sols rouges méditerranéens : bien qu’ils soient dégradés par l’érosion,
ces sols sont généralement riches et fertiles. La présence en fortes
proportions des argiles de type 2/1 ou 2/1/1, ainsi qu’une structure
polyédrique stable, donnent à ces sols tout leur intérêt agronomique.
Les sols peu évolués riches en carbonates de calcium : ce sont surtout des
sols peu différenciés et donc peu épais (<50cm) appelés rendzines (rendosols
hapliques ou pachiques) qui représentent des potentialités agricoles très
intéressantes. L’élément le plus dynamique qui rentre dans la fertilité de ses
sols c’est l’humus avec une forte activité biologique favorisant une structure
grumeleuse du sol.
Les sols marrons profonds (calcisol haplique) : sont assez fréquents dans
les plaines, leur richesse est du à leur minéralogie proche des sols rouges
méditerranéens et à l’humus.
Les vertisols : ce sont des sols noirs avec un fort taux d’argiles gonflantes
(smectites), ce sont d’excellents sols pour la céréaliculture.
Les sols d’alluvions : ces sols évoluent sur les terrasses des oueds après le
dépôt des éléments fins charriés par les flots des oueds ; exemple : les
terrasses d’Oued Cheliff, Oued Tafna, Oued Guir, Oued Saoura, Oued
Soummam, Oued Seybouse…
Systèmes de culture en Algérie du Nord

Le paysage agricole méditerranéen, et particulièrement de l’Algérie, se


caractérise par :
 Un morcellement excessif des parcelles, c’est un inconvénient
 L’extrême variété des plantes (polyculture c’est un avantage)
 La présence des arbres partout même en plein champs, c’est un
avantage
 En été la campagne prend un aspect brûlé à cause de la chaleur et la
sécheresse, c’est un inconvénient.

Les systèmes de culture sont essentiellement traditionnels bien que les


systèmes modernes commencent devenir de plus en plus fréquents.
Système de culture extensive non irriguée (sèche) : il se pratique dans les localités les plus sèches avec
une faible mécanisation et très peu d’intrants. C’est le système le plus simple avec la céréaliculture qui
suit une jachère labourée. Ce système de culture fait partie de l’arido-culture. On peut aussi introduire
la culture de l’olivier très résistant à la sécheresse et il fait profiter par son ombre et par son effet brise-
vent (contre le sirocco notamment) à la céréaliculture en abaissant l’ETP.
Ce système commence à disparaître au profit d’une céréaliculture moderne intensive avec une
mécanisation importante et une importante quantité d’intrants (fertilisants chimiques et produits
phytosanitaires).
Système polyculture sèche intensive : ce système est très peu pratiqué car il n’est possible
que sous climat humide et où les sols sont assez riches (essentiellement vers le nord est du
pays). Elle se pratique généralement en culture complantée et offre ainsi une succession de
cultures dans l’espace et dans le temps : sur un même champ, la céréaliculture, le
maraichage et l’arboriculture fruitière demande un travail constant tout au long de l’année.
En Algérie du nord on trouve moins de champs complantés, mais la polyculture se pratique
différemment en faisant succéder légumes, arbres fruitiers et céréales du centre du terroir
vers la périphérie.
Système polyculture irriguée : existe essentiellement dans les plaines et les
terrasses d’oued de l’Oranie, où le sol est fertile permettant une certaine
intensification de l’agriculture tout en disposant des ressources en eau
renouvelable (nappe phréatique, oued). L’agrumiculture est dominante (exemple :
les terrasses de l’oued Tafna, Mohammadia anciennement Pérregaux, Sig,…) mais
on trouve aussi le maraichage, par contre la céréaliculture est subsidiaire.
Agriculture extensive :
•Culture sur le terres marginales (pentes)
•Absence d’irrigation (culture sèche)
•Très peu d’intrants
•Faible mécanisation
•S’associe avec le pastoralisme ou l’agroforesterie
Agriculture intensive :
•Pratiquée essentiellement sur les sols fertiles des plaines (relief plat)
•Grande consommation de fertilisants chimiques
•Utilisation de pesticides (lutte préventive)
•Haute technicité d’irrigation et de drainage
•Mécanisation intensive
•Gestion intensive des sols
•Utilisation de meilleures variétés génétiques
(haut rendement, résistance aux maladies,…)
•Favorise la monoculture
Vue du ciel des cultures sous pivots
au sud d’Adrar.

Aujourd’hui , l’agriculture intensive est qualifiée aussi d’agriculture


conventionnelle ou classique. Cette agriculture a commencé juste
après la deuxième guerre mondiale, et elle a pris de l’ampleur dans
les années 60s et 70s dans les pays développés.
Dégâts du système de culture intensif

Déforestation : L’agriculture intensive nécessite de grands espaces au


détriment de la végétation naturelle.

Érosion génétique : l’intensification des cultures favorise la monoculture sur


de grands espaces, ce qui conduit à délaisser les variétés « ancestrales » puis à leur
disparition.

Pollution des eaux de surfaces et souterraines : les intrants chimiques


(engrais et pesticides) finissent par rejoindre les cours d’eau par lessivage, et en
s’infiltrant les eaux souterraines, provoquant de graves pollution des eaux.

L’érosion des sols : les intrants chimiques perturbent gravement la faune et la


flore des sols , ce qui conduit à une mauvaise dégradation de la matière organique et
donc se répercute sur la formation des colloïdes humiques . En outre, le travail
excessif du sol peut conduire à un dommage physique et donc une mauvaise
stabilité structurale.
Les systèmes alternatifs à l’agriculture intensive

A. L’agriculture durable :
Découle du concept de développement durable (apparu au
sommet de Rio 1992) qui est un développement qui répond aux
besoins du présent sans compromettre la capacité des
générations futures de répondre aux leurs.
L’agriculture durable est l’un des volets essentiels du
développement durable, et doit préserver les ressources
naturelles, la qualité de l’eau, du sol, de l’air et de la biodiversité
(durabilité écologique).
Schéma du développement durable, à la rencontre de trois
préoccupations, dites « les trois piliers du développement durable
(Écologie – Économie – Social)

De la même manière l’agriculture


durable doit prendre en
considération ces trois
compartiments.
B. L’agriculture biologique :
Déjà en 1924 l’autrichien R. Steiner est le premier à remettre en
cause les méthodes chimiques de l’agriculture moderne.
C’est un mode de production agricole excluant tout recours aux
fertilisants de synthèse et impliquant l’abandon de la quasi-
totalité des produits chimiques pour la protection des plantes et
des animaux.
L’agriculture biologique est basée sur la combinaison entre la
production animale et la production végétale.
Un des aspects clés de l'agriculture biologique, c'est que
l'élevage des animaux domestiques est en rapport direct avec la
gestion des sols et le maintien de leur fertilité.
Le choix des successions culturales repose sur des espèces les
plus éloignées possibles pour diminuer les risques d’infestation
par les maladies et les parasites.
La présence d’une légumineuse est obligatoire dans la
succession pour la fixation de l’azote.
La pratique des engrais verts est systématique.

Concernant le travail du sol son objectif principal c’est surtout


favoriser l’activité biologique du sol et de lutter mécaniquement
contre les mauvaises herbes.

La fertilisation repose sur l’emploi de produits organiques et de


minéraux naturels et de faibles solubilités ; exemples :
Poudre de roche, cendre, dolomie (Mg et Ca), patentkali (Sulfate
double de potassium et de magnésium), guano
Le label des produits bio
de l’Union Européenne
créé en 2010.

Le label français des produits issus


de l’agriculture biologique, créé en 1985.
Récolte et conservation
Les techniques de récolte dans le cas des céréales

Dans la mythologie grecque Déméter est avant tout la


déesse du Blé, dont elle facilite la germination, et de la
Moisson, dont elle assure la maturité. Elle est considérée
comme la déesse de l’agriculture et de la moisson.
Cérès est son équivalent chez les romains.

La récolte c’est l’ensemble des opérations ayant pour but de recueillir et d’enlever du
champ ou de la serre les produits d’une culture.
La récolte porte un nom particulier pour certains produits :
 Moisson pour les céréales, les oléagineux et les protéagineux ;
 Vendange pour les raisins destinés à la vinification ;
 Fenaison pour certains fourrages récoltés par voie sèche ;
 Arrachage pour la pomme de terre, la betterave, et autres légumes enterrés.
Avant d’être conservées, les céréales doivent être récoltées, séchées et, éventuellement,
égrenées ou décortiquées selon le produit concerné. La qualité de ces opérations influe sur
la bonne conservation des grains.
Le taux d’humidité de la céréale à récolter détermine le temps de la moisson et la qualité
du grain. Ainsi, a moisson intervient dès que la maturité physiologique est atteinte. Le
grain atteint sa maturité quand il cesse d’accumuler plus de matière sèche (réserves dans
les cotylédons), et commence à se dessécher pour atteindre une humidité ≤35%.

La récolte traditionnelle se fait à la main en utilisant une faucille ou une faux.

La Faux

La Faucille
Le battage (séparation du grain du reste de la
plante) suit la récolte.

La moisson et le battage
peuvent aussi se faire d’une
manière moderne à l’aide d’une
moissonneuse-batteuse.
La conservation des grains
Le but de la conservation est de maintenir, voire améliorer les produits végétaux.
Après la récolte, on peut avoir deux sortes de pertes et de dégradation :
A.La vie propre du produit : Les enzymes sont des substances chimiques complexes
présentes dans tous les organismes vivants. Toutes les activités vitales sont placées sous
leur dépendance ; elles continuent à agir après la récolte provoquant la décomposition
naturelle des produits frais.
B.Les attaques par d’autres agents vivants (bactéries, champignons, insectes, acariens,
rongeurs,…)

Agents de dégradation des grains


Les micro-organismes (moisissures, levures, bactéries) sont des agents
biologiques présents dans le sol qui, transportés par l'air ou par l'eau, peuvent contaminer
les produits avant, pendant et après leur récolte.
Leur présence, et leur développement, entraînent de graves altérations de la valeur
nutritive et des caractéristiques organoleptiques des grains (goût, odeur, aspect).
En outre, ils sont responsables de l'altération d'importances propriétés germinatives des
semences (vigueur et pouvoir germinatif) et, dans le cas des moisissures, de l'éventuelle
formation de dangereuses substances toxiques (mycotoxines).
Les impuretés, les grains cassés et fissurés, favorisent le développement de micro-
organismes.
Les insectes : Les infestations par les insectes peuvent se produire soit sur le
terrain, avant la récolte, soit sur les lieux de stockage des produits.
Dans certains cas, ces infestations sont difficiles à déceler à l'oeil nu, car les dégâts sont
provoqués par les larves qui se développent à l'intérieur des grains.
Les principaux insectes susceptibles d'infester les produits stockés appartiennent aux
Ordes suivantes:
•Les coléoptères (dégâts provoqués par les larves et les insectes adultes);
•Les lépidoptères (dégâts provoqués seulement par les larves).

Exemples de Coléoptères : Tribolium brun de la farine


(Tribolium confusum)

Charançon du blé
(Sitophilus granarius)
Capucin des grains
Le silvain (Rhyzopertha dominica)
(Oryzaephilus surinamensis)

Exemples de Lépidoptères :

Teigne des grains Alucite des céréales


(Nemapogon granella) (Sitotroga cerealella)
Les rongeurs :
S'installent et se multiplient à l'intérieur ou au voisinage des lieux de stockage, car ils y
trouvent leur nourriture en abondance.
Les importants dégâts qu'ils provoquent affectent non seulement les produits conservés,
mais encore les emballages et même les structures de stockage.
Les principaux rongeurs, les plus communs, susceptibles de s'attaquer aux produits
stockes, appartiennent aux espèces suivantes:

Surmulot ou rat gris,


dit aussi "rat d'égout" (Rattus norvegicus)

Rat noir ou "rat de grenier" Souris


(Rattus rattus) (Mus musculus)
Ces dégradations peuvent être freinées en créant au moins une condition défavorable aux
activités biologiques (similaire à la notion de facteur limitant en écologie) :
• Abaisser la teneur en eau
• Abaisser la température ambiante
• Abaisser le pH
• Entretenir une atmosphère pauvre en oxygène.

Les facteurs température et humidité sont étroitement liés.

La conservation a pour fonction d’abaisser la température du grain à 8 – 10°C et de


ramener l’humidité à 12-13% . L’objectif est :
1) Ralentir l’activité du grain et ainsi stabiliser ses propriétés physico-chimiques,
2) Prévenir la prolifération de prédateurs dégradant sa qualité.
La conservation nécessite le séchage du grain pour réduire son taux d’humidité (maïs,
tournesol…) et sa ventilation pour abaisser sa température.
Les techniques de conservation des céréales

Les stockage des grains a toujours été vital pour la survie des groupes humains et
cela depuis le néolithique, c’est-à-dire depuis l’apparition de l’agriculture.
Le stockage des grains est en étroite relation avec les principales activités
humaines :
L’alimentation : par la conservation des grains, à court et à moyen terme en
prévision de mauvaises récoltes, de disettes ou de conflits ;
L’agriculture : pour assurer la préservation des semences nécessaires pour la
production des années suivantes ;
Le commerce : pour constituer des stocks de grains destinés au commerce et à
l’échange.
Stockage traditionnel

Le stockage traditionnel se faisait dans des


trous profonds qu’on appelle Matmouras.
Le pithos (πίθος) est une
profonde jarre d’origine grecque, avec une faible
Grenier sur poteaux (Angleterre) base. On l’utilisait pour stocker les denrées agricoles
comme les céréales et les liquides.

Grenier au Sénégal
Igoudar
Grenier collectif dans l’Anti-Atlas marocain
Stockage Moderne
Le stockage moderne des céréales repose sur les mêmes principes que le stockage
traditionnel (faible température, faible humidité, confinement).
Le stockage s’effectue en vrac et/ou en sacs, dans des structures différentes. Souvent, il se
fait dans des silos verticaux ou des enceintes horizontales.

Silo à grain (stockage en vrac)

Entrepôt (stockage en sacs)

Entrepôt (stockage en vrac)

Vous aimerez peut-être aussi