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2023_fi_4_impot_minimum_mondial
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56 © Éditions JFA Juristes & Fiscalistes Associés • Fiscalité Internationale • 4-2023 • Novembre 2023
DOSSIER
L’immeuble et la fiscalité internationale 02.5
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DOSSIER
02.5 L’immeuble et la fiscalité internationale
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DOSSIER
L’immeuble et la fiscalité internationale 02.5
bénéfices, ou de la part des revenus ou des bénéfices d’une quatre catégories d’établissements stables, l’établissement
entité constitutive dans laquelle elle détient une participation. stable au sens des conventions fiscales étant censé être le plus
Il est précisé qu’un impôt sur le revenu est généralement pré- souvent applicable. Toutefois, la seule détention et location de
levé sur un flux d’argent ou de valeur monétaire qui revient à biens immobiliers ne devrait pas conduire à l’existence d’un
un contribuable au cours d’une période donnée. La définition établissement stable au sens de la plupart des conventions,
des impôts couverts est ensuite élargie à tout impôt sur les même si les revenus immobiliers sont bien imposés dans l’État
bénéfices distribués (par exemple, la retenue à la source sur les de la source (i.e. l’État dans lequel le bien immeuble est situé) sur
dividendes) et aux impôts imposés « en lieu et place d’un impôt la base de la convention. Néanmoins, il risque d’être considéré
sur le revenu généralement applicable ». Il s’agit des impôts qui ne comme un « établissement stable apatride » aux fins du Pilier 2.
sont pas décrits dans la règle principale, mais qui fonctionnent Pour les ES apatrides, le montant attribuable à l’ES est basé
comme des substituts à ces impôts, généralement les retenues sur le montant du revenu exonéré d’impôt au niveau de l’entité
à la source sur les intérêts et les redevances. principale, ce qui diffère considérablement du reste des règles
GloBE qui prennent le résultat net comptable comme point de
14. Pour les sociétés qui investissent dans l’immobilier, le départ. Par exemple, cela pourrait entraîner des distorsions pour
montant des impôts couverts par les règles GloBE pour- les biens immobiliers détenus dans une situation transfron-
rait être relativement limité. De plus, toutes une série de talière (notamment en raison de règles différentes en matière
charges fiscales, comme la TVA non récupérable, les droits de d’amortissement), qui ne sont pas considérés comme un établis-
mutation et d’enregistrement, l’impôt foncier, etc. ne sont pas sement stable en vertu de la convention mais qui bénéficient
considérés comme des impôts couverts aux fins des règles d’une exonération d’impôt dans le chef de la société-propriétaire
GloBE et ne sont dès lors pas pris en compte pour le calcul (par exemple, un bien immobilier néerlandais détenu par une
du taux effectif d’imposition. société luxembourgeoise). Dans ce cas, le revenu attribuable
à l’établissement stable est basé sur le montant exonéré en
vertu de la convention fiscale (c’est-à-dire l’exonération entre
B. Répartition des retenues à la source les mains de la société luxembourgeoise et l’attribution du
pouvoir d’imposition aux Pays-Bas dans notre exemple), tandis
15. Étant donné que le TEI GloBE est calculé sur une base que le revenu ou la perte GloBE de la société luxembourgeoise
juridictionnelle, lorsque l’impôt est considéré comme un impôt reste basé sur le résultat net comptable.
couvert, la question de l’allocation se pose. En règle générale,
les impôts couverts qui sont inclus dans les comptes financiers
d’une entité constitutive sont directement alloués à cette entité D. Exclusion des bénéfices liée à la substance
constitutive. Toutefois, dans certains cas, les impôts couverts
peuvent être alloués à l’entité constitutive en relation avec un 18. Les règles GloBE prévoient une exclusion pour les
revenu inclus dans le calcul des bénéfices ou des pertes d’une dépenses relatives aux immobilisations corporelles et aux
autre entité constitutive. C’est le cas, par exemple, des retenues coûts salariaux (exclusion des bénéfices liée à la substance). Le
à la source sur les intérêts et les redevances. Étant donné que montant de cette exclusion réduit directement les bénéfices
les revenus d’intérêts ou de redevances sont inclus dans le excédentaires utilisés pour calculer l’impôt complémentaire.
calcul du revenu ou de la perte du bénéficiaire, la retenue à Le montant (à déduire) relatif aux immobilisations corpo-
la source prélevée est également attribuée au bénéficiaire du relles est égal à 5 % de la valeur comptable de certaines immo-
revenu, et donc pas au débiteur chargé de prélever celle-ci. Il en bilisations corporelles éligibles d’une entité constitutive située
va différemment pour la retenue à la source sur les dividendes. dans une juridiction. Certains actifs sont toutefois spécifique-
Étant donné que le revenu lié à la retenue à la source sur les ment exclus de cette disposition. Il s’agit notamment des biens
dividendes est réalisé par la société distributrice, la retenue à la détenus à des fins d’investissement, de vente ou de location. La
source sur les dividendes est également allouée à cette société. raison en est que l’exclusion est destinée à fournir un certain
allégement aux entreprises multinationales qui exercent des
16. Pour les sociétés qui investissent dans l’immobilier, ce activités économiques nécessitant une présence matérielle
principe d’allocation pourrait augmenter le taux effectif dans une juridiction à faible imposition - et ne se contentent
d’imposition des sociétés détenant l’immobilier, mais pas pas d’acheter des biens d’investissement. Par conséquent, bien
le taux effectif d’imposition de l’investisseur. que cette exclusion semble offrir un allègement pour les biens
immobiliers, les sociétés qui investissent dans l’immobilier
ne pourront généralement pas en bénéficier.
C. Établissements stables
17. La définition d’une « entité constitutive » aux fins du Pilier E. Coentreprises (joint ventures)
2 inclut les établissements stables (ES). Par conséquent, une
société exerçant des activités commerciales dans une autre 19. Les règles GloBE prévoient un traitement spécifique
juridiction par l’intermédiaire d’un établissement stable peut pour les coentreprises. Selon les règles GloBE, une coentre-
entrer dans le champ d’application des règles GloBE dans la prise est une entité dont les résultats financiers sont pré-
juridiction de cet établissement. Les règles GloBE définissent sentés selon la méthode de la mise en équivalence dans
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les états financiers consolidés du groupe de l’entreprise protection transitoire limitera la charge administrative
multinationale, à condition que l’EMU détienne directement pour les aspects des opérations d’un groupe qui sont sus-
ou indirectement au moins 50 % de ses parts. ceptibles d’être imposables à un taux ≥ 15 % sur une base
La joint venture et ses filiales sont considérées comme un juridictionnelle.
groupe d’entreprises multinationales distinct aux fins du Le régime de protection transitoire est largement basé
Pilier 2, et son taux effectif d’imposition juridictionnel est sur les données de la déclaration pays par pays (Country-
donc calculé séparément des autres entités constitutives du by-Country Reporting, CbCR en anglais). Dans le cadre du
groupe d’entreprises multinationales dans cette juridiction. régime de protection, l’impôt complémentaire pour une
L’impôt complémentaire calculé séparément est, en vertu juridiction est réputé nul si l’un des critères suivants est
de la règle d’inclusion des revenus, tout d’abord attribué à rempli dans cette juridiction :
l’EMU, mais uniquement pour sa « part attribuable ». Cela - dans la déclaration pays par pays, le revenu total est
signifie que, dans les situations 50/50 où un seul des action- inférieur à 10 M€ et le bénéfice (perte) avant impôt est infé-
naires entre dans le champ d’application des règles GloBE, rieur à 1 M€ (test de minimis) ;
seul 50 % de l’impôt complémentaire des joint ventures sera - le taux effectif d’imposition (TEI) simplifié (c’est-à-dire
prélevé en vertu de la règle d’inclusion des revenus. la charge d’impôt sur le revenu reprise aux comptes divisée
Toutefois, l’OCDE a publié de nouvelles instructions en par le bénéfice / perte avant impôt tel que repris dans la
juillet 20237, qui prévoient notamment des règles détaillées déclaration pays par pays) est supérieur ou égal au taux de
relatives à l’impôt complémentaire minimum qualifié pré- transition10 ; ou
levé localement8 (ICMQPL, ou Qualifying Domestic Minimum - le bénéfice (perte) avant impôt tel que repris dans la
Top-Up Tax, QDMTT en anglais). En résumé, l’ICMQPL donne déclaration pays par pays est égal ou inférieur au montant de
des droits d’imposition prioritaires à la juridiction faible- l’exclusion des bénéfices liée à la substance (routine profits).
ment imposée, pour prélever un impôt complémentaire
sur son « propre » revenu avant d’autres juridictions. Les 21. Pour les sociétés investissant dans l’immobilier, le
instructions administratives de l’OCDE précisent, dans test de minimis et le test TEI simplifié sont les plus sus-
le cas des joint ventures, qu’un tel impôt complémentaire ceptibles d’être utilisés car, comme mentionné ci-dessus,
national n’est un ICMQPL que s’il prélève 100 % ou 0 % de l’exclusion des bénéfices liée à la substance ne fournira
l’impôt complémentaire de la joint venture. En outre, pour probablement pas d’exclusion significative, bien que le test
qu’un ICMQPL soit conforme à au régime de protection des routine profits puisse apporter une aide importante aux
ICMQPL, la juridiction doit prélever 100 % de l’impôt com- juridictions déficitaires
plémentaire des entités non détenues à 100 % (par exemple, En ce qui concerne le test TEI simplifié, il convient de
les joint ventures). noter qu’il est fondé sur la charge d’impôt sur le revenu
En résumé, on s’attend à ce que la plupart des juridictions figurant dans les états financiers du groupe d’entreprises
qui mettront en œuvre un ICMQPL prélèvent la totalité du multinationales (après déduction des impôts non couverts
montant de l’impôt complémentaire calculé pour « leurs » et des positions fiscales incertaines). Cela ne nécessite aucun
joint ventures, même dans les cas où seule une partie des ajustement du résultat GloBE ; par exemple, il n’y a pas
actionnaires des joint ventures entrent dans le champ d’ap- de retraitement ou de différenciation en ce qui concerne
plication de GloBE. Il s’agit là d’un point d’attention impor- l’allocation des retenues à la source.
tant pour les sociétés qui investissent dans l’immobilier En ce qui concerne les coentreprises, il convient de noter
et qui ne relèvent pas elles-mêmes du Pilier 2, mais dont qu’elles ne sont pas incluses dans la déclaration pays par
le partenaire de coentreprise en relève. pays puisqu’elles ne sont pas consolidées ligne par ligne.
Par conséquent, les montants utilisés pour déterminer le
revenu total et le bénéfice (perte) avant impôt tel que repris
dans la déclaration pays par pays sont ceux qui figurent
dans leurs états financiers qualifiants.
III. Le régime de protection (safe En outre, bien que les règles de la déclaration pays par
pays considèrent également les établissements stables
harbour) comme des entités constitutives distinctes, les établisse-
ments stables apatrides ne sont pas pris en compte sous
20. Compte tenu de la complexité des règles GloBE, un la déclaration pays par pays. Par conséquent, aux fins du
régime de protection transitoire a été développé pour les régime de protection, les montants relatifs aux établisse-
premières années d’application des règles GloBE (c’est-à- ments stables doivent être inclus dans le calcul pour la
dire, dans la plupart des cas, 2024 - 2026)9. Le régime de juridiction de l’entité principale.
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