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Louis Marin - Le Tombeau de Montaigne
Louis Marin - Le Tombeau de Montaigne
DU MEME AUTEUR
la voix
excommunie
essais de mmoire
ditions galile
9, rue linn
75005 paris
le tombeau de Montaigne
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tant soudain de la mort, avec sa proximit et son imminence, le montrerait la dernire phase du rcit puisque la
dernire reprsentation du premier vnement a la mme
caractristique temporelle que cet vnement, l'clair
soudain, mais sa dynamique est inverse puisqu'au lieu
d'envoyer Montaigne dans l'au-del, elle l'en fait revenir.
Quand ma mmoire vint me reprsenter l'tat o je m'tais
trouv en l'instant que j'avais aperu fondant sur moi ... il
me sembla que c'tait un clair qui me frappait l'me de
secousse et que je revenais de l'autre monde.
Le skeletos-tombeau
J'en viendrais maintenant en conclusion la dernire
partie de l'essai, l'addition finale, la marge du rcit de la
mort. J'en rappelle la problmatique gnrale : Il n'est pas
possible d'crire, de transmettre, de communiquer la mort
comme sa mort. C'est impossible et pourtant c'est l'essentiel,
car c'est l'exprience ultime o chaque homme
singulirement s'identifie dans sa vrit singulire, dans son
propre. Et cependant par le rcit de l'accident singulier qui
la simule, il y a eu quelque chose comme une criture de la
mort comme ma mort, dans la proximit de son bord.
Qu'est-ce donc que s'crire ? Et a-ton le droit de
communiquer aux autres ce que l'on sait de soi ? Telle est
l'tape suivante de la rflexion de Montaigne. Problme
donc : quelle est la relation entre crire sa propre mort et
s'crire, entre le fait d'crire la mort et le droit d'crire soi ?
Pourquoi crire le rcit de ma propre mort (en simulation)
puisque cette exprience m'est absolument singulire,
puisqu'elle est incommunicable ? Et plus gnralement,
pourquoi s'crire puisque ce que transcrit toute criture de
soi est une exprience purement prive, individuelle,
singulire et incommunicable ? Si je fais le fou,
c'est mes
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