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F

Le Kid
The Kid
FICHE FILM
de Charlie Chaplin
fiche technique

USA - 1921 - 1 h

Réalisateur :
Charlie Chaplin

Scénariste :
Charlie Chaplin

Interprètes :
Charlie Chaplin
Jackie Coogan
Carl Miller
Edna Purviance

Le Kid

Résumé qu’il s’agit d’un orphelin. On tente de


l’arracher à Charlot. Ils réussissent à fuir.
Cependant l’enfant a été identifié et sa
Charlot recueille malgré lui un enfant aban- mère offre une récompense à qui le lui ren-
donné. Le gosse grandit : c’est maintenant dra. Le propriétaire d’un asile de nuit profi-
un compagnon aimé et un auxiliaire utile (il te de l’aubaine. Seul désormais, Charlot
casse les vitres que Charlot remplace!). Sa est désespéré. Il rêve d’un paradis où il
mère est devenue une grande cantatrice, retrouverait le Kid. Un policier le réveille,
qui fait le bien dans les taudis, ce qui la l’entraîne dans une superbe voiture qui le
conduit à donner un jouet au Kid, ignorant conduit devant une maison où l’enfant et
qu’il est son fils. Mais le gosse tombe sa mère l’attendent.
malade et le médecin signale aux autorités

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D O C U M E N T S

Commentaire (...) “ Le Kid est autobiographique dans (...) “Dans la scène de séparation du
la même mesure où “David Copper gosse qu’on lui enlève, et qu’on met
Dans “Réflexions d’un cinéaste“, field“ l’était pour Dickens. Le film repro- dans une voiture, Chaplin revécut sa
Eisenstein rapporte cette réflexion de duit très exactement l’enfance misé- propre enfance et atteignit le plus haut
Chaplin : “ Vous rappelez-vous la scène rable de Chaplin, le besoin qu’il ressen- sommet de l’intensité dramatique.
du Policeman où je lance à des gosses tait d’être constamment avec sa mère, L’égarement qui passait alors sur son
le grain destiné à la volaille? De ma son désespoir lorsqu’il dut se séparer visage le portait au comble de l’art et de
part, c’était du mépris. Je n’aime pas les d’elle, le fond de misère et d’insécurité. la sincérité. L’optimisme profond de son
enfants”. Chaplin hostile aux enfants, à On trouve tout cela dans l’existence que film fut moins dans une “fin heureuse”
l’exemple de W.-C. Fields qui déclarait partage Charlot et l’enfant perdu qu’il a que dans son énergie. Charlot ne se lais-
ne les aimer que “ cuits “... ? L’affreux adopté. Comme tous les hommes sen- se pas enlever l’enfant, il court sur les
jojo du Pèlerin , le surdoué pédant du sibles et émotifs, Chaplin adorait les toits, il rattrape, dans une rue voisine, le
Roi à New York, témoignent, entres enfants, mais ils le terrifiaient. Devant camion ravisseur... Comme le disait
autres, de la méfiance - pour le moins - leur simplicité, leur façon d’aller droit au Chaplin devant l’aveugle du pont de
de Chaplin à l’égard des enfants. but et surtout leur assurance totale, il Westminster, le pire malheur c’est la
Mais il y a le Kid ... Le Kid est-il diffé- prenait davantage conscience des possi- résignation. Son idéal est la lutte”.(...)
rent parce que Chaplin inscrit/transpose bilités limitées de ses moyens et avait Georges Sadoul, Vie de Charlot,
ses souvenirs d’enfant dans ce petit beaucoup de mal à leur parler naturelle- Éditeurs français réunis, 1952,
bâtard que Charlot recueille par hasard ment un langage simple”. (...) Lherminier, 1978.
et éduque à sa manière ? Et n’est-il pas Peter Cotes et Thelma Niklaus,
aussi, et surtout un double du personna- Charlot, Nouvelles Éditions de Paris, 1951 (...) Le Gosse, qui est en filiation directe
ge même de Charlot ? . avec Une vie de chien reprend
(...) “Pourquoi donc Charlot adopte-t-il le quelques-uns des thèmes de ce film en
Kid ? Le témoignage d’un de ses secré- les élargissant dans une réalité encore
taires, Carlyle T. Robinson, est précieux plus objective. L’enfant trouvé, seule
Points de vue sur ce point.”Je sais d’une façon certai- richesse et seul amour du vagabond,
ne que le sujet du Kid n’est, en réalité, remplace le petit chien symbolique.
(...) Le Gosse est presque du drame pur qu’un chapitre de l’enfance de Chaplin. Charlot se dresse ici contre la société
et Chaplin s’y montre davantage acteur C’est Charlot lui-même qui me l’a affir- tout entière, contre tous les “autres”
dramatique et moins clown que dans mé (...). La scène de la mansarde où il se pour défendre son gosse. La lutte épique
aucun film précédent. Le rire jaillit le cache avec le petit garçon n’est nulle- engagée avec le policeman, avec le cos-
plus souvent de la situation ou de la ment le produit de l’imagination de taud du quartier, avec les employés de
pantomime, et non d’arlequinades ou de Chaplin. Cet épisode est une histoire qui l’assistance publique, déborde de pitié
grossières badineries. Le scénario est lui est véritablement arrivée. Elle s’est et d’émotion.
étudié et les situations dramatiques passée dans une mansarde d’une vieille Les scènes de la vie intime dans la
sont traitées avec réalisme dans un maison, au numéro 3 de Pownall baraque, les subterfuges employés par
style que laissaient prévoir Une vie de Terrace, à Kennington. La seule différen- Charlot à l’asile de nuit, tout serait à
chien et le Vagabond (...).Ce qui ce, si vous vous souvenez de cette scène citer - et le rêve encore qui achève le
caractérise Le Gosse, c’est son pathé- du Kid, c’est que lorsque Chaplin fut film sur un ballet féérique et miséricor-
tique sincère (...). enlevé, c’était des bras de sa mère dieux. Véritable poème d’amour et de
Un rien aurait pu le faire tomber dans qu’on l’arrachait, tandis que, dans le tendresse où les sentiments sont aigui-
une sensiblerie outrée, mais ce rien fut film, l’enfant se trouve enlevé à son sés, fortifiés par la misère et le malheur,
évité. Certaines nuances rappellent père adoptif” (Carlyle T. Robinson, «La Le Gosse laisse voir à quel point cette
Griffith, que Chaplin admirait. On y trou- Vérité sur Charlie Chaplin»). Ainsi l’on misère peut donner une sensibilité
ve la même simplicité dans l’exposition, peut penser que le gosse représente d’écorché à ceux qui la subissent. Chez
la même utilisation du symbolisme.(...) Chaplin lui-même, enfant, et que cette ces êtres traqués et constamment sur la
adoption symbolise inconsciemment, de défensive, les moindres petits drames
Théodore Huff, Charlie Chaplin, la part de Chaplin adulte, le désir rétros- prennent aussitôt une allure, un ton de
Gallimard, 1953 pectif d’avoir un père, ce père qu’il n’a tragédie.(...)
pratiquement pas connu”.(...)
Seghers, 1966. Jean Mitry, Charlot et la “fabulation”
Marcel Martin, Charlie Chaplin, chaplinesque, Éditions Universitaires,

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(...) A raconter le sujet du Gosse,on redonne sous les espèces de l’idéal, fifty-fifty c’est l’égalité dans la fraternité.
peut craindre le pire mélodrame, les cela montre surtout que le Kid est un Après le repas, Charlot a le fameux hoquet
sentiments faciles. Chaplin se tient aux contre-Charlie, et que l’image de la vie des bébés. Et quand le môme sera malade,
antipodes. Et pourtant, il y a là l’angois- est inversée dans le miroir du film... Le le docteur appelé auscultera Charlot!”(...)
se et la pitié, le sens de la misère, mais, processus étant sans doute encore plus Adolphe Nysenholc, op. cit.
au-dessus de tout cela, une philosophie complexe : on peut supposer que,
souriante qui l’arrache à la banalité. dédoublé dans l’œuvre, Charlie serait
Cette philosophie, c’est le souvenir devenu à la fois, en Coogan, un fils heu- Filmographie
transposé comme par un calque, et non reux qui retrouve des parents, et en
encore synthétisé - de l’enfance de Charlot qui l’adopte, le père décédé dont
Charles Spencer Chaplin :
Chaplin. Dernière tentative pour oublier il prend la place libre auprès de la mère
l’inquiétude qui le hante et dont il désirée”. Chaplin, orphelin de sexe mas- Acteur, réalisateur, scéna-
souffre. Il pousse la hardiesse jusqu’à culin, aurait alors composé The Kid riste et compositeur d’origi-
reporter sur une autre sensibilité celle autant pour être un fils que pour “avoir” ne anglaise, 1889-1977.
de son propre personnage. sa mère, au moins une fois, fût-ce par le
Le Kid est exactement une création de medium d’une fiction”. (...) Films : Pour la Keystone (1913-1914,
Charlot. On cria à l’enfant prodige, sans Adolphe Nysenholc, L’Age d’or du essentiellement acteur, parfois réalisa-
saisir ce rapport qui était tout autre comique, Éditions de l’Université de teur) :
chose qu’une éducation minutieuse. On Bruxelles, 1979.
sait pourtant la patience inlassable de Making a Living
Chaplin à reprendre cent fois une scène, (...)”Mais Le Kid, ce n’est pas que (Pour gagner sa vie)
jusqu’à la réalisation exacte de ce qu’il Jackie. Ne retenir que le remodelage du Kid Auto Races at Venice
désire. Mais il ne s’agit pas de diriger gosse, l’influence qu’il subit, ses dons, (Charlot est content de lui)
Jackie Coogan, de le faire jouer. Il fallait sa composition, c’est oublier qu’il exerce
Mabel’s Strange Predicament
en faire Charlot enfant. ”D’où les com- autant une action sur Chaplin : auprès (L’étrange aventure de Mabel)
plications et des subtilités infinies, car de lui, Charlie se confirme en tant que
Between Showers
par moments le Kid devient Charlot, plus Charlot. Le petit chose, cocon sans nom, (Charlot et le parapluie)
que Charlot, à croire que l’on a extrait déteint sur le héros, dès le début, où
l’essence de Charlot pour la replacer éduquer fut comme faire joujou. Le pou- Film Johnnie
(Charlot fait du cinéma)
dans l’âme du Kid si bien que parfois pon blasonne Charlot ; et apparaîtra en
Charlot se trouve perdu dans un dédale vedette dans le second, au cours du Tango Tangles
(Charlot danseur)
infini de miroirs (Robert Payne, "The développement du film, la décalcomanie
Great Charlie", New-York 1952) (...). Le du premier. Le petit grandit. Le petit His Favourite Pastime
(Entre le bar et l’amour)
Gosse est moins un réquisitoire qu’un anonyme qui a servi de captatio benevo-
témoignage”. (...) lentiae devient Jackie Coogan. Alors, Cruel, Cruel Love
Pierre Leprohon, Charles Chaplin, adieu genoux, chou, pou, poussin, cou- (Charlot marquis)
Nouvelles éditions Debresse, 1957. vée? Non pas. Maintenant, c’est le Star Boarder
gamin qui va traiter Chaplin en bambin. (Charlot aime la patronne)
(...)”Tyler paraît fasciné par la coïnciden- C’est le baby qui sera daddy ! Jack pré- Mabel on the Wheel
ce de l’âge : Jack Coogan a environ cinq pare à manger, il fait des crêpes, et que (Mabel au volant)
ans comme Chaplin à la mort de son ça saute, pendant que Charlot reste Twenty Minutes of Love
père. Mais approfondir le point de vue douillettement au dodo. (Charlot et le chronomètre)
génétique par la psychanalyse revient à Un homme ça vit debout ; et le petit Caught in a Cabaret
souligner les oppositions du révolu et du gars, poings sur les hanches, gronde (Charlot garcon de café)
“revécu”. On ne meurt pas sur l’écran. Et Charles, avec des gestes de pasteur,”tu A Busy Day
la carence parentale y est surcompen- dois te lever!”. Du lit, on passe à table. (Madame Charlot)
sée symboliquement : le père perdu par Le petit bonhomme, chef coq, taquine The Fatal Mallet
l’alcool et la mère égarée par la misère, alors d’une chiquenaude la joue de (Le maillet de Charlot)
Charles les retrouve dans le poème de Charlot, car le mignon s’est levé. Dans
Caught in the Rain
son rêve. les assiettes, les portions ne sont pas (Charlot est encombrant)
Or, si, déchus l’un et l’autre, il se les proportionnelles aux tailles : on fait

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Her Friend the Bandit In the Park The Adventurer


(Le flirt de Mabel) (Charlot dans le parc) (Charlot s’évade)
The Knock out The Jitney Elopement Pour First National :
(Charlot et Fatty dans le ring) (Charlot veut se marier)
A Dog’s Life
Mabel’s Busy Day The Tramp (Une vie de chien, 1918)
(Charlot et les saucisses) (Le vagabond)
The Bond
Mabel’s Married Life By the Sea (film de propagande, 1918)
(Charlot et le mannequin) (Charlot à la plage)
Shoulder Arms
Laughing Gas Work (Charlot soldat, 1918)
(Charlot dentiste) (Charlot apprenti)
Sunnyside
The Property Man A Woman (Idylle aux champs, 1919)
(Charlot garçon de théâtre) (Mamzelle Cbarlot)
A Day’s Pleasure
The Face on the Barroom Floor The Bank (Une journée de plaisir, 1919)
(Charlot peintre) (Charlot à la banque)
The Idle Class
Recreation Shanghaied (Charlot et le masque de fer, 1921 )
(Fièvre printanière) (Charlot marin)
The Kid
The Masquerader A Night in the Show (Le Kid, 1921 )
(Charlot grande coquette) (Charlot au music-hall)
Pay Day
His New Profession Carmen (Jour de paye, 1922)
(Charlot garde-malade) (Charlot joue Carmen)
The Pilgrim
The Rounders Triple Trouble (Le pèlerin, 1923)
(Charlot et Fatty en bombe) (Les avatars de Charlot)
The New Janitor Police
(Charlot concierge) (Charlot cambrioleur) Pour les Artistes associés :
Those Love Pangs
(Charlot rival d’amour) A Woman of Paris
Pour Mutual (mars 1916 septembre 1917) (L’opinion publique, 1923)
Dough and Dynamite
(Charlot mitron) The Gold Rush
The Floorvalker (La ruée vers l’or, 1925)
Gentlemen of Nerve (Charlot chef de rayon)
(Charlot et Mabel aux courses) The Circus
The Fireman (Le cirque, 1928)
His Musical Career (Charlot pompier)
(Charlot déménageur) City Lights
The Vagabond (Les lumières de la ville, 1931)
His Trysting Place (Charlot violoniste)
(Charlot papa) Modern Times
One A.M. (Les temps modernes, 1936)
Tillie’s Punctered Roman (Charlot rentre tard)
(Le rornan comique de Charlot et Lolotte) The Great Dictator
The Count (Le dictateur, 1940)
Getting Acquainted (Charlot et le comte)
(Charlot et Mabel en promenade) Monsieur Verdoux
The Pawnshop (Monsieur Verdoux, 1947)
His Prehistoric Past (L’usurier)
(Charlot roi) Limelight
Behind the Screen (Les feux de la rampe, 1952)
(Le machiniste)
Pour Essanay (1915, il a le contrôle des films) : The Rink En Angleterre :
(Charlot patine)
A King in New York
His New Job Easy Street (Un roi à New York, 1957)
(Charlot débute) (Charlot policeman)
The Countess from Hong Kong
A Night Out The Cure (La comtesse de Hong-Kong, 1967)
(Charlot fait la noce) (Charlot fait une cure)
The Champion The Immigrant
(Charlot boxeur) (L’émigrant)

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