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Droit Civil
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Les obligations et les droits réels ont en commun leur caractère patrimonial. Ils sont
susceptibles d'une appréciation économique. Ils sont un élément du patrimoine sur le
plan strictement économique, il n'y a pas de différence entre le titulaire d'une créance
de 900.000 DH et le propriétaire d'une maison de même valeur en réalité, il y'a des
différences entre l'obligation et le droit réel.
L'obligation est un droit appartenant à une personne contre une autre. D'ailleurs, on
utilise aussi les expressions « droit personnel » et « droit de créance » pour désigner
l'obligation. Quant au droit réel, il traduit plutôt un rapport juridique entre une
personne et une chose. Les droits réels sont en nombre limité et peuvent être
répartie en deux catégories.
Les droits réels principaux : à savoir la propriété et ses démembrements .
Les droits réels accessoires ou sûretés : (hypothèque- privilège immobilier
spécial- gage) Le droit réel diffère par sa structure du droit de créance. En effet, alors
que le droit de créance comporte trios éléments, à savoir le créancier. Le débiteur et
la créance, dans le droit réel il n'y a que deux éléments : le titulaire et la chose sur
laquelle porte ce droit.
Ainsi, le droit réel disparaît par la volonté unilatérale de son titulaire qui peut
l'abandonner librement alors que le droit de créance ne peut disparaître par la seule
volonté du créancier, mais nécessite le concours du débiteur. Par exemple : la
remise de dette est une convention qui suppose l'intervention du créancier et du
débiteur. Par ailleurs, le droit réel ne peut concerner qu'une chose déjà existante et
individualisée.
En outre les droits réels (tout au moins lorsqu'il ne s'agit pas d'immeubles
immatriculés)
Peuvent s'acquérir et disparaître par la prescription, alors que les droits personnels
s'ils peuvent s'éteindre par la prescription extinctive, ne sont pas concernés par la
prescription acquisitive.
Mais c'est à travers les prérogatives qu'il confère à son titulaire que le droit réel se
distingue plus nettement du droit personnel ou de créance. Ces prérogatives peuvent
être groupées sous deux rubriques.
a- Le droit réel à un effet absolu alors que le droit de créance n'a qu'un effet
relatif L'obligation, ou droit de créance, n'est exercée que contre le débiteur. Le
créancier ne peut, en principe, demander l'exécution de l'obligation qu à son
débiteur. On exprime cela, en disant que, le droit de créance ou l'obligation a un effet
relatif c 'est à dire limite aux rapports entre le créancier et le débiteur.
La situation est différente soutenu droit réel. Celui-ci, exercé sur la chose, est
opposable à tous. Le propriétaire peut empêcher quiconque de porter atteinte à son
droit.
b- le droit réel confère un droit sur un bien déterminé que le droit de
créance ne confère qu'un gage général sur le patrimoine du débiteur.
Le titulaire d'un droit de créance ou obligation n'a pas un droit sur un bien déterminé
de son débiteur. On exprime cela en disant qu'il n'a qu'un droit de gage général sur le
patrimoine du débiteur. Cette expression, qui peut prêter à confusion, veut dire tout
simplement qu'aucun des biens composant le patrimoine du débiteur. Cette
expression, qui peut prêter à confusion, veut dire tout simplement qu'aucun des
MODULE : Droit Civil 4 Spécialité :Gestion
Immobilière
biens composant le patrimoine de débiteur n'est affecté à la garantie de la créance.
Cette règle est énoncée par l'art 1241 du document au terme duquel « les biens du
débiteur sont le gage commun de ses créanciers, et le prix s'en distribue entre eux
par contribution, à moins q'il n'y ait entre les créanciers des causes légitimes de
préférence. »
Ceci montre le caractère plus au moins fragile de droit de créance, ou obligation,
puisque le créancier n'a d'emprise que sur les biens existant figurant au patrimoine
du débiteur le jour de la saisie.
De ce point de vue, le droit de créance se distingue du droit réel. Celui-ci à un
caractère plus solide parce qu'il confère à son titulaire un droit de préférence et un
droit de suite
Droit de préférence : c'est par cette prérogative que le titulaire d'un droit réel exclu
la chose sur laquelle porte ce droit de l'action des créanciers.
Droit de suite : cette prérogative permet au titulaire d'un droit réel de suivre la
chose sur laquelle porte son droit en quelque main qu'elle se trouve.
Ainsi, le titulaire d'une servitude de passage peut saisir la chose aliénée par le
débiteur entre les mains de tiers acquéreur. Celui-ci ne peut la garder qu'en
désintéressant le créancier gagiste ou hypothécaire.
2- Obligations et droit extrapatrimoniaux : Si le contenu pécuniaire (qui a rapport
à l'argent)est indifférent dans la distinction droit réel / droit de créance. Il sert en
revanche comme critère pour distinguer l'obligation des droits extrapatrimoniaux
exprime t -il un droit qui une personne vis à vis d'une autre. Mais bien qui était tous
les deux des droits personnels, l'obligation et le droit extrapatrimonial demeurent
distincts l'un de l'autre. L'obligation a un contenu économique. Elle constitue un
élément actif du patrimoine du créancier. De ce point de vue, l'obligation se distingue
des droits extrapatrimoniaux qui n'ont pas une valeur économique c'est le cas des
droits de la famille, comme la puissance paternelle, les devoirs entre les époux,
notamment la cohabitation et la fidélité.
La distinction entre obligation et droits extrapatrimoniaux présente un grand intérêt
au niveau de la transmissibilité, de la saisissabilité et de la prescription en effet, en
raison de leur caractère personnel très poussé, les droits extrapatrimoniaux sont
intransmissible, insaisissable et imprescriptibles et ce par opposition aux obligations
qui sont transmissibles, saisissables et prescriptibles.
Les droits extrapatrimoniaux peuvent cependant être cessibles. Par exemple, une
personne peut autoriser la diffusion de son image ou la divulgation de sa vie privée.
Si les obligations se distinguent des droits réels d'une part et des droits
extrapatrimoniaux d'autre part, toutes les obligations n'obéissent pas à un régime
juridique identique.
B- classification des obligations :
Le domaine des obligations relève de la liberté des individus . On peut donc faire la
classification des obligations d'après :
1- classification des obligations d'après leur nature : Obligations civiles -
Obligations naturelles.
Dans l'obligation civile, il est possible de recourir au juge ; lorsque quelqu'un ; c'est à
dire le débiteur refuse d'exécuter volontairement sa prestation ; ne fait pas ce qu'il
doit faire; pour obtenir satisfaction. La satisfaction du créancier peut être obtenue
judiciairement avec coercition. En fin on distingue l'obligation civile de l'obligation
naturelle. Celle-ci est dépourvue de sanction, c'est à dire que son exécution ne peut
être ordonnée par le juge. Il ne faut toute fois pas confondre l'obligation naturelle
avec l'obligation purement morale.
Les droits anciens, pour des raisons de sécurité, ont attaché la plus grande
importance à la forme des contrats, et même à leur rituel. Ainsi le droit romain n'a
guère connu, pendant longtemps, que des contrats formés verbis (par l’échange de
paroles strictement déterminées.)
C'est progressivement qu'apparurent les contrats consensuels, et ceci dans le
commerce entre cités, ou entre Etats.
En effet, le contrat formaliste n'était ouvert qu'aux membres du groupe soumis à une
même loi, et parfois à un même culte.
Les étrangers ne pouvaient y participer. D'où le développement, côté des contrats
formels, ou solennels, des contrats consensuels, c'est à dire ouverts à tous, même
aux étrangers, et reposant sur la volonté, quelle qu'en fût la forme d'expression.
C'était le cas de la vente mobilière, du louage, de la société, du mandat .
Les invasions germaniques entraînèrent une réaction en faveur du formalisme
contractuel, mais cette réaction ne pouvait se prolonger en présence du droit
canonique, qui donnait nécessairement l'avantage à la volonté réelle, obligeant
l'individu en conscience, même si les formes n'avaient pas été respectées.
La résistance du formalisme ne devait être définitivement vaincue qu'au XV et
XVIème siècles.
Le consensualisme a triomphé dans le code civil français avec l'article 1108 qui
n'exige pour la validité d'une convention que quatre conditions :
- Le consentement de celui qui s'oblige
- La capacité de celui qui s'oblige
- l'objet de l'engagement ;
- et la cause licite de l'obligation.
Par conséquent, les formes ne sont plus indiquées comme une condition de la
validité du contrat.
Le consensualisme a des avantages certains .Tout d'abord, il est moral.
L'individu est tenu par sa volonté exprimée : il ne peut pas revenir sur ce qu'il a
promis, en invoquant une quelconque violation de la forme.
En outre, il est plus simple : c'est à dire que les exigences de forme peuvent être
compliquées et ouvrir de nombreux cas de nullité d'où résulte une grande incertitude
sur la valeur du contrat.
Mais il ne faut pas non plus négliger les inconvénients du consensualisme. En effet, il
peut en résulter une incertitude grave sur le contenu du contrat : qu'est ce que les
parties ont exactement voulu .Il est donc utile, sinon nécessaire, que les intéressés
conservent la preuve des termes du contrat, ce qui nécessite, la plupart du temps,
que, soit dressé un écrit.
Cet acte écrit est exigé, en général, en tant que moyen de preuve, à partir du
moment où les engagements des parties excèdent un certain montant, qui est de
250 DHS, conformément aux dispositions de l'article 443 du DOC ou bien de 5000 F
en droit français (article 1341 du code civil).
Mais, il arrive que le législateur soit plus exigeant, qu'il impose l'acte écrit quelle que
soit la valeur de l'obligation ; (vente immobilière, vente de fonds de commerce, vente
de navires, contrat de société ... )
MODULE : Droit Civil 9 Spécialité :Gestion
Immobilière
Il s'agit alors tantôt de protéger la volonté des parties, dont l'attention est attirée
par la nécessité de signer un écrit , tantôt de faciliter les formalités de publicité.
Il est évident, en effet, que la publicité par inscription sur des registres officiels, ou
par publication dans les journaux, est pratiquement impossible lorsque le contrat à
été conclu de façon purement orale. la rédaction de l'écrit peut alors s'accompagner
de l'exigence d'un certain nombre de mentions qui devront donner lieu à publicité. Le
législateur peut même exiger la forme authentique (acte notarié), ce qui est le cas,
par exemple, de tous actes soumis à la publicité foncière article 489 du D.0. C.).
En outre il existe une série d'opérations juridiques, généralement commerciales, où,
pour des raisons de commodité, des formes très contraignantes sont imposées aux
parties.
Il faut que le titre représentatif de l'opération, afin de faciliter sa circulation, contienne
les mentions imposées par la loi, ce qui permet de vérifier au premier examen, leur
régularité.
Ce sont les chèques, les lettres de change, et les billets à ordre, voir les dispositions
du dahir du 1.08.1996 qui a abrogé et remplacé le dahir du 19 / 01 / 1939 ) et
notamment les articles 159 et 232 dudit dahir.
LA LIBERTE CONTRACTUELLE
Il existe toute une série de classifications de contrats, qui sont d'importance pratique
inégale, mais qui doivent toutes être connues.
On développera donc ici, des notions qui sont relatives aux
• Contrats synallagmatiques et contrats unilatéraux.
• Contrats à titres onéreux et contrats à titre gratuit.
• Contrats commutatifs et contrats aléatoires.
• Contrats consensuels, solennels, et réels ;
• Contrats à exécution instantanée ou successive
• Contrats par concours de volonté et contrats d'adhésion.
Un contrat est commutatif, nous dit l'article 1104 du code civil français, lorsque «
chacune des parties s'engage à donner ou à faire une chose qui est regardée
comme l'équivalent, de ce qu'on lui donne, ou de ce qu'on fait pour elle »
« Lorsque l'équivalent consiste dans la chance de gain ou de perte pour chacune
des parties, d'après un événement incertain, le contrat est aléatoire ».
Il s'agit donc, d'une subdivision des contrats à titre onéreux, que l'on retrouve aussi
en droit marocain.
La plupart de ceux- ci sont commutatifs. Cependant il existe quelques cas
importants de contrats aléatoires.
MODULE : Droit Civil 13 Spécialité :Gestion
Immobilière
On peut citer la constitution de rente viagère, par laquelle une personne cède un
bien, généralement un immeuble, contre promesse de lui payer une rente jusqu'à
son décès.
il est bien certain qu'il est alors impossible d'estimer l'importance réciproque des
prestations. L'affaire est bonne pour l'acheteur si le vendeur vit peu de temps,
mauvaise pour lui s'il vit de nombreuses années.
Il y a donc un aléa pour les deux parties et spécialement pour l'acquéreur qui a
promis la rente.
Mais le principal contrat aléatoire est l'assurance dans laquelle l'assuré verse des
primes à des échéances périodiques, alors que l'assureur ne paiera aucune
indemnité si le risque ne se réalise jamais, ou au contraire en paiera au bout de peu
de temps, alors qu'il n'aura encore encaissé que des primes d'un montant très faible
par rapport au risque.
Le jeu et le pari sont également des contrats aléatoires. Cependant l'article 1092 du
D.O.C. stipule :< toute obligation ayant pour cause une dette de jeu, ou un pari est
nulle de plein de droit >
Sauf, énonce l'article 1097 du même code < les jeux et les paris ayant pour objet les
courses à pieds ou à cheval, le tir à la cible, les joutes sur l'eau, et autres faits tenant
à l'adresse et à l'exercice du corps pourvu :
1) que les valeurs ou sommes engagées ne soient pas promises par l'un des
jouteurs à l'autre .
2) que les paris n'aient pas lieu entre simples spectateurs >
Il apparût donc, que dans les contrats aléatoires, "l'aléa" constitue un élément
important quant à l'existence de ces contrats , car si cet aléa n'existait pas, le contrat
serait nul.
C'est ce qui a été décidé par la Cour Suprême dans son arrêt n° 85du 03 / 02 / 1959,
publié dans la revue Droit et Jurisprudence N°24 du mois de Décembre 1959, à la page
328.
Dans cet arrêt, il est dit en substance < Que la cause de la vente contre constitution
de rente viagère, est l'aléa, qui existe en raison de la méconnaissance de la
longévité du
crédirentier.
Par conséquent, cette cause devient inexistante lorsqu'il est établi, grâce à la
production de certificats médicaux, qu'au moment de la passation de l'acte de vente,
le crédirentier était déjà condamné à mourir en raison d'une maladie incurable >
L'intérêt de la distinction des contrats commutatifs et aléatoires concerne
essentiellement l'exercice de l'action en rescision pour lésion. cette action a pour but,
dans un certain nombre de cas limitativement énumérés par la loi, telle que la vente
d'immeuble, de
maintenir l'égalité entre les prestations des deux contractants. ê
Or il va de soi qu'une telle égalité n'a aucun sens dans un contrat aléatoire, où seule
la survenance de l'événement déterminera la situation réciproque des parties.
Ainsi, l'action en rescision pour lésion ne peut pas être appliquée aux ventes immobilières
contre rente viagère, et pas d'avantage au contrat d'assurance.
Il s'agit là d'une distinction doctrinale, et non pas légale, qui s'appuie sur les
conditions de formation du contrat.
Le contrat individuel est celui pour la validité duquel est exigé le consentement de
chacune des parties au contrat ; si bien que l'inexistence du consentement de l'une
MODULE : Droit Civil 16 Spécialité :Gestion
Immobilière
de ces parties suffit pour que le contrat lui même n'existe pas. Il en est ainsi, par
exemple dans les sociétés commerciales de personnes.
En effet, pour que ce type de contrats soient valables, et puissent produire des effets
de droit, il faut que le consentement de chaque associé et quelque soit leur nombre,
soit établi Inversement, dans un contrat collectif, on n'exige plus le consentement de
tous, mais seulement le consentement de la majorité d'Lin groupe de personnes, si
bien que la minorité restante se trouve obligée par les dispositions d'un contrat
auquel non seulement elle n'a ni souscrit, ni consenti, niais en plus, elle s'y est
opposée de toutes ses forces. Fais partie des contrats collectifs, le contrat qui est
conclu par la majorité des co-indivisaires en matière de gestion et d'administration du
bien indivis à condition d'appliquer les dispositions de l'article 971 du DOC. qui
stipule :< les délibérations de la majorité des communistes sont obligatoires pour la
minorité pour ce qui a trait à l'administration et à la jouissance de la chose commune,
pourvu que cette majorité représente les trois quarts des intérêts qui forment l'objet
de la communauté >
Le contrat nommé est celui qui a été prévu et organisé par le législateur.Il se
distingue des autres contrats par un nom et des dispositions spéciales. Exemple : le
contrat de vente, le contrat de bail, le contrat de mandat .En revanche, le contrat
innommé est celui qui n'a été ni prévu ni organisé par le législateur. Il est ainsi laissé
à la volonté des contractants qui peuvent lui donner la qualification qu'ils désirent.
Cette qualification en contrats nommés et contrats innommés, avait beaucoup
d'importance en droit romain car à cette époque ne pouvaient faire l'objet d'exécution
obligatoire devant les tribunaux que les procès ayant pour objet des contrats
nommés, et conclus par les parties selon la législation en vigueur.
Aujourd'hui, et dans le cadre du droit actuel elle se contente uniquement à préciser la
loi ou les lois qui vont gouverner le contrat.Ainsi, en est-il du contrat nommé, où il
faudrait pour pouvoir l'appliquer à un cas concret :
* Chercher d'abord dans ses dispositions spécifiques qui sont prévues par le droit, si
aucune de celles-ci ne peut s'appliquer au cas en présence, pour lui trouver une
solution.
* Si on ne trouve rien dans lesdites dispositions, il faudrait revenir aux dispositions
générales de la théorie du contrat.
Cependant, et en matière de contrat innommé, il faudrait d'abord chercher dans ]os
dispositions générales des obligations, et si on ne trouve rien, il faudrait essayer de
chercher une solution au litige par vole d'analogie avec les autres contrats nommés
qui lui rapprochent.
LES CONTRACTANTS
Les personnes qui contractent doivent avoir par définition la capacité de contracter,
ce qui soulève un certain nombre de problèmes . Capables de s'obliger, les
contractants peuvent agir par eux-mêmes, mais ils peuvent aussi se faire
représenter. On étudiera donc en second lieu, dans cette section le phénomène de 1
a représentation.
La capacité contractuelle
D'après l'article 3 du DOC < la capacité civile de l'individu est réglée par la loi qui
régit son statut personnel. Toute personne est capable d'obliger et de s'obliger si elle
n'en est déclarée incapable par cette loi . L'article 1123 du C.Civ. fr ait la même
chose : « Toute personne peut contracter, si elle n'en est pas déclarée incapable par
la loi ».
C'est l'expression du principe général de capacité que l'on connaît déjà.On ne
reviendra pas donc ici sur le fait que certaines personnes juridiques, frappées d'une
incapacité totale ou partielle d'exercice ne peuvent agir par elles-mêmes, doivent être
représentées (mineurs, majeurs en tutelle) ou assistées (majeurs en curatelle).
On ne reviendra pas davantage sur le phénomène de la spécialité des personnes
morales, qui délimite le domaine dans lequel elles peuvent valablement
contracter.Ce qui importe de rappeler ici, c'est qu'à côté de ces personnes, il en
existe d'autres, qui pleinement capables en principe, se voient cependant interdire
certains actes et sont donc, quant à ces actes atteintes d'une sorte d'incapacité de
jouissance.
Nous sommes alors en présence d'interdictions légales de contracter, qui méritent
une étude assez approfondie.Certaines de ces interdictions peuvent reposer sur des
motifs politiques : il en est ainsi de l'interdiction de contracter avec l'ennemi qui existe
en temps de guerre. Mais généralement il s'agit d'interdictions d'ordre moral, les
rapports qui existent entre deux personnes rendant suspect le contrat qu'elles
veulent conclure entre elles. Ces cas sont les suivants :
* Les médecins, chirurgiens ne peuvent recevoir de donations de personnes qu'ils
auraient traitées pour la maladie dont elles sont décédées .
* Les tuteurs, mandataires, administrateurs de communes, ou d'établissements
publics ne peuvent se porter adjudicataires des biens des personnes, ou
établissements qu 'ils représentent .
De même qu'il est interdit aux magistrats, aux notaires, aux avocats, de se porter
cessionnaires des droits litigieux qui sont de la compétence du tribunal auprès
duquel ils exercent leurs fonctions. l'article 44 du dahir du 10.09.1993 relatif à la
profession d'avocat au Maroc
Tous ces cas s'expliquent par des considérations de morale, ou même de simple
décence.
Reste le problème du contrat de travail, et celui des sociétés entre membres d'une
même famille.
* Dans le cas d'un contrat de travail passé entre deux époux dont l'un est l'employeur
et l'autre le salarié, la validité a été admise par un arrêt de la Cour de Cassation
MODULE : Droit Civil 18 Spécialité :Gestion
Immobilière
française du 08/11/1937, qui a déclaré: « qu'un mari était responsable en tant
qu'employeur commettant d'une fraude commise par sa femme.>>
Il faut ajouter qu'en France le droit de la sécurité sociale et le droit fiscal admettent
couramment la qualité de salarié d'un époux par rapport à fautre.
* Quant aux cas des sociétés, il faudrait distinguer entre les sociétés de capitaux et
les sociétés de personnes.
Dans les sociétés de capitaux, telles que les sociétés anonymes, il n'y a pas de
problème.
Deux époux (en droit français) ou un père et son fils (en droit marocain) peuvent
posséder l'un et l'autre des actions de la même société sans que l'on puisse dire
qu'ils ont passé un contrat entre eux.La difficulté apparaît avec les sociétés de
personnes, telles que la société en nom collectif, formée entre un petit nombre
d'associés qui pourraient n'être que deux, le mari et la femme (en droit français) et le
père et son fils mineur (en droit marocain ), (voir l'article 984 du DOC . Mais nous
savons que sont interdites les sociétés dans lesquelles les deux époux, ou le père et
son fils mineur, sont indéfiniment et solidairement responsables, cad les sociétés en
nom collectif, et les sociétés en commandite dans lesquelles les deux époux, ou le
père et le fils mineur, sont commandités.
La représentation
c) La loi
Les cas typiques de représentation légale sont fournis par la tutelle des mineurs, ou
des majeurs incapables (voir les articles 147 à 157 du code de statut personnnel et
des successions la MOUDAWANA).
1- L'autonomie de la volonté
Tout naturellement, la doctrine française du XIXème siècle s'est référée à la force de
la volonté pour expliquer la représentation, qu'il s'agisse de la volonté du représenté
qui cependant comme on l'a déjà vu, est parfois absente, de celle du représentant,
ou de la combinaison des deux. Beaucoup de subtilité a été ainsi déployée, sans
doute en vain.
2- Le droit objectif
C'est le droit objectif qui réalise la représentation, et sans doute approchait-il ainsi du
fond des choses.
On dira, plus nettement encore, qu'il y a pas d'explication de la représentation, et
d'ailleurs qu'un telle- explication serait superflue.La vérité est qu'une institution
comme la représentation est créée par l'usage juridique, par les nécessités
pratiques, et que le législateur intervient pour lui donner les moyens de fonctionner.
Mais la recherche d'une explication des mécanismes juridiques, qu'il s'agisse de la
représentation, ou de beaucoup d'autres, n'est fondée que sur une fausse analogie
entre les règles juridiques et les règles scientifiques.
La science cherchant tout naturellement à expliquer les phénomènes qu'elle
constate, à dégager l'enchaînement des faits, les combinaisons qui ont permis de
réaliser ces phénomènes, les juristes français notamment du XIXème siècle ont
oublié que la règle juridique est, elle, une création de l'esprit humain, qui peut la
modeler comme il l'entend, et qui n'a pas à chercher d'explication technique à sa
MODULE : Droit Civil 21 Spécialité :Gestion
Immobilière
propre création. Le juriste doit classer, qualifier, synthétiser, expliquer éventuellement
par la psychologie, la sociologie, l'économie, mais l'explication technique n'est qu'une
illusion.
Les parties lorsqu'elles se mettent d'accord sur la conclusion d'un contrat, ont pour
but de créer un certain nombre d'obligations.En ce sens on peut parler de l'objet du
contrat. Mais chaque obligation a un objet particulier. On peut donc aussi parler de
l'objet de l'obligation.
Certains auteurs français, notamment MM. MAZEAUD estiment nécessaire, de
distinguer l'objet du contrat et l'objet de l'obligation.
On admettra donc le point de vue de la théorie classique française, qui refuse cette
distinction pour les raisons suivantes :
Le contrat a donc toujours pour objet la création d'une ou plusieurs obligations qui:
- tantôt, ne doivent être assumées que par l'un des contractants, dans les contrats
unilatéraux (exemple, le contrat de dépôt, de prêt);
- tantôt, doivent être assumées par les parties au contrat, dans les contrats
synallagmatiques, (exemple le contrat de vente).
Tandis que l'objet de l'obligation, est une prestation, la prestation dont a la charge le
débiteur en faveur de son créancier.Et cette prestation, ce paiement, peut être soit
une obligation de faire ;soit
une obligation de ne pas faire ou une obligation de transférer la propriété.
Il apparaît donc, que l'objet de l'obligation, peut être soit un actepositif, (obligation de
faire, de donner) soit un acte négatif (obligation de ne pas faire) .Or, ce qui doit
retenir notre attention dans cette étude, c'estbeaucoup plus, l'étude de l'objet de
l'obligation, que l'étude de l'objet du contrat. Toutefois et nous l'avions déjà signalé
auparavant, la création d'un contrat valable exige que soient réunies des conditions
parmi lesquelles, doit figurer l'existence d'une chose déterminée, et possible, qui
sera l'objet de l'obligation née de ce contrat.Ce qui a vraisemblablement poussé le
législateur civil marocain de 1913, à parler, en plus des dispositions prévues par
l'article 2 du DOC., dans la section 111 du Titre 1, de l'ob jet des obligations
contractuelles, dans les articles 57 à 61 du D.O.C.
l'objet de l'obligation produit donc un effet considérable sur la relation contractuelle
en cause, en ce sens que le contrat ne peut avoir lieu, ne peut exister et produire des
effets de droit, que si l'objet des obligations qui naissent de ce contrat, existe, et soit
conforme aux dispositions légales que nous allons voir. Le droit donc exige non
seulement que l'obligation ait un objet,
ais en plus, que cet objet soit possible, certain et déterminé.
MODULE : Droit Civil 23 Spécialité :Gestion
Immobilière
La nécessaire existence de l'objet de l'obligation
Nous savons maintenant que l'objet d'une obligation peut-être soit une obligation de
faire, et donc un acte positif, soit une obligation de ne pas faire, et donc un acte
négatif. Et le principe qu'il faut retenir à ce sujet est le suivant : Pour qu'une
obligation contractuelle valable puisse exister, encore faut-il qu'elle dispose d'un
objet. (voir articles 57 et s. du D. 0. C.)
Exemple, tranférer la propriété d'un bien, ou bien verser un prix, effectuer un ravail,
s'abstenir d' accomplir un acte Juridique...Même s'il peut paraître à première vue au
lecteur non averti, que l'hypothèse de l'existence de l'objet dans une obligation
contractuelle, est une hypothèse purement imaginaire.Mais la réalité est tout à fait
différente. Car il est possible que naisse d'une création contractuelle, une obligation
dépourvue d'objet ; et ceci pourrait bien arriver dans les cas suivants : destruction de
la chose, ou extinction du droit, à cause desquels les parties ont contracté.
Ainsi, en est-il, par exemple, dans l'hypothèse de la location d'un bien immeuble, qui
a été détruit par un incendie avant l'exécution du contrat de bail ; ou bien de la vente
d'un navire qui a échoué avant le contrat de vente ; ou bien du cas de la cession
d'une dette, dont on s'est rendu compte, qu'elle a été payée avant sa cession. C'est
pourquoi le législatieur marocain dispose dans de l'article 808 du DOC : « le
dépositaire ne répond pas :
1) de la perte ou de la détérioration arrivée par la nature ou le vice des choses
déposées, ou par la négligence du déposant;
2) des cas de force majeure ou des cas fortuits, à moins qu'il ne soit déjà en
demeure de restituer le dépôt, ou que la force majeure ne soit occasionnée par sa
faute, ou par celle des personnes dont il doit répondre.»
Et même, si le dépositaire a contracté une police d'assurance pour faire assurer les
risques de perte ou de détérioration, pour cause de force majeure, ou de cas fortuit,
l'obligation de la compagnie
d'assurance serait nulle, pour inexistence d'objet, étant entendu que la responsabilité
couverte et garantie par l'assurance, n'incombait pas à l'assuré.
L'objet doit être possible :
Conformément aux dispositions de l'article 59 du DOC direque l'objet est possible,
cela signifie qu'on peut se le procurer, soit qu'il existe dés la conclusion du contrat,
soit qu'il puisse être fabriqué.
En conséquence l'objet peut être une chose future, (une automobile, par exemple,
qui ne sortira de la chaîne de production que dans un certain délai ; un navire dont la
première pièce n'est pas encore mise sur cale). C'est ce que prévoit l'article 1130 du
C. Civil français, qui correspond à peu prés à l'article 61 du DOC et qu'il faudrait
prendre au sens large du terme).
Ce dernier texte stipule : «L'obligation peut avoir pour 'objet une chose future et
incertaine, sauf les exceptions établies par la loi. Néanmoins, on ne peut, à peine de
nullité absolue, renoncer à une succession non encore ouverte, ni faire aucune
stipulation sur ut-le pareille succession, ou sur l'un des objets qui y sont compris ;
même avec le consentement de celui de la succession duquel il s'agit »
De la sorte, l'obligation peut avoir pour objet une chose, qui n'a pas encore vu le
jour, ou un droit sous condition suspensive, ou bien tout simplement un droit
hypothétique.
Ainsi et à l'instar des exemples précédents il peut s'agir du cas d'un écrivain qui cède
ses droits d'auteur à un éditeur à propos d'un livre qui'il s'apprête à écrire; ou d'un
père qui s'oblige à offrir à son fils une somme d'argent, à condition qu'il réussisse ses
MODULE : Droit Civil 24 Spécialité :Gestion
Immobilière
examens; ou enfin, le cas d'une promesse de vente, qui engagera définitivement le
promettant lorsque le promu aura manifesté sa volonté, pour exécuter le contrat.
Cependant, il va de soi que le contrat, c'est-à-dire l'obligation serait nulle, si elle
portait sur une chose radicalement impossible. Si les deux parties savaient que
l'objet est impossible, la nullité résulterait à la fois du vice de l'objet et de l'absence
de consentement réel. Et parmi les cas de nullité absolue cités par le législateur
marocain, nous pouvons citer donc l'exemple de l'article 61 du DOC précité, et celui
de l'article 177 du dahir du 02/06/1915 applicable en matière d'immeubles
immatriculés.
Voici ce qu'exige le législateur marocain dans ce texte : « dans toute hypothéquer on
doit indiquer impérativement, le nom de l'immeuble objet de ladite hypothèque, la
désignation de sa cartographie et lendroît où il se trouve ; comme on ne peut
hypothéquer des biens que l'on peut acquérir dans le futur.>> de la propriété
immobilière, objet de cette hypothéque et on ne peut procéder à l'hypothèque de
biens immeubles dont on deviendra ultérieurement propriétaire.»
Mais, si l'une des deux parties savait que l'objet était impossible, et l'autre l'ignorait, il
y a lieu d'appliquer les dispositions de l'article 6O du DOC., qui stipule ce qui suit : <
la partie qui savait, ou devait savoir ou moment du contrat, que la prestation était
impossible, est tenue à des dommages envers l'autre partie. Il n'y a pas lieu à
indemnité lorsque l'autre partie savait, ou devait savoir, que l'objet de l'obligation était
impossible,
On doit appliquer la même règle :
1) Au cas où, l'impossibilité étant partielle, la convention est valable en partie.
2) Aux obligations alternatives, lorsque l'une des prestations promises est impossible.
L'objet doit être certain ou déterminé :
Ce sont les dispositions de l'article 58 du D.O.C- qui sont applicables en la matière.
IL dispose que :< la chose qui forme l'objet de l'obligation doit être déterminée au
moins quant à son espèce.La quotité de la chose peut être incertaine, pourvu qu'elle
puisse être déterminée par la suite >.
Autrement dit, il faut que l'on sache de façon certaine sur quoi l'on contracte, et par
voie de conséquence, ce qui sera dû. L'article 58 du DOC précité, est clair là dessus
comme l'est également l'article 1129 du C Civil français à ce sujet. En réalité, le
problème se pose de la façon suivante :
a) le contrat, ou l'obligation peut porter sur une chose individualisée, un corps
certain, tel qu'un immeuble.
b) Le contrat ou l'obligation, peut aussi porter sur des choses de genre, qui se
déterminent par la quantité et la qualité.
Dans ce cas, le contrat, l'obligation, a également un objet déterminé, du moment que
ses spécifications permettent de fixer sans ambiguïtés ce qui devra être fourni.
On dit alors que l'objet est déterminable et c'est la pratiqu e qui est suivie dans la
grande majorité des contrats commerciaux :ainsi, on vendra telle quantité de blé,
ayant telle qualité et tel poids spécifique. Il existe d'ailleurs une différence importante
entre l'objet initialement déterminé et l'objet simplement déterminable, quant au
transfert de la propriété, dans la vente.
S'il y a vente de corps certain, déterminé, le transfert de la propriété se produit dés la
conclusion du contrat, sauf stipulations contraires.Si la vente porte sur une chose de
genre, simplement déterminable, le transfert de propriété est retardé jusqu'à la
spécification de la chose à livrer.
En outre, l'obligation de livrer subsistera malgré sa perte, parce qu'une chose de
genre doit toujours être remplacée.
L'objet doit être licite :
MODULE : Droit Civil 25 Spécialité :Gestion
Immobilière
L'objet licite est celui qui est permis par la loi.Or il existe à la licéité de l'objet divers
obstacles.
L'objet peut être "hors du commerce", "contraire à 'ordre public", immoral.
a) L'objet peut être, conformément aux dispositions des articles 57 du D.O.C. "hors
du commerce". Cette -nise hors du commerce peut résulter soit du désir de l'Etat de
préserver son patrimoine ou de défendre un monopole (biens du domaine public) soit
du caractère dangereux de certains produits (médicaments interdits, et spécialement
les drogues.)
Evidemment, il existe certaines exceptions à cette règle. Ainsi, en est-il par exemple,
du cas des pharmaciens qui sont autorisés par la loi à acquérir certaines drogues,
pour les utiliser à des fins médicales ; ou bien la permission accordée à certaines
personnes, pour faire usage de certains biens publics, soit pour installer des
kiosques de distribution de produits, ou de journaux, sur une partie des trottoirs, soit
des douches sur les plages publiques.
b) L'objet peut aussi être contraire à l'ordre public.
Dans certains cas, cela coîncide avec la mise de la chose hors du commerce
(médicaments interdits). Mais il existe d'autres hypothèses. Ainsi, les article 728 du
D.O.C. et 1780 du C. civ. fr. interdisent d'engager ses services à perpétuité, ce qui
reviendrait à restaurer une certaine forme d'esclavage. De même, ainsi qu'on le verra
plu tard, les contractants ne peuvent pas, en période de cours forcé de la monnaie,
ce qui est la cas à l'heure actuelle, spécifier que le paiement devra se faire en or.
c) Enfin l'objet peut être immoral c'est à dire contraire à la morale encore faut-il
faire là une distinction.Si l'objet est matériel, il peut difficilement être immoral
en lui-même : il est généralement neutre.C'est, comme on le verra plus loin, la
cause du contrat qui risque d'être' immorale. Mais l'objet consistant en une
obligation de faire, ou de ne pas faire peut être immoral en soi :
* s'engager à commettre un vol, à tuer quelqu'un, à trafiquer de son influence ou de
ses fonctions pour aider quelqu'un à violer la loi.
La notion de cause
L'idée de cause dans les obligations s'est dégagée par un lent processus historique
que l'on retracera en cinq points.
En droit romain on trouve le mot causa désignant la cause efficiente. Il s'agit de la
forme, quelle qu'elle soit, (stipulation, écrit ... ) qui valide l'obligation de chaque
partie. La notion est tellement formaliste, qu'on ne l'emploie pas pour les contrats
consensuels, qui n'ont pas besoin de causa pour être validés.
Par ailleurs, la causa peut être l'équivalent objectif de la prestation fournie:
ainsi la condiction causa permet à celui qui n'a pas perçu cet équivalent d'obtenir le
remboursement de sa propre prestation.le problème étant transféré sur le plan moral,
le contractant doit tenir son engagement à condition que l'autre partie tienne
également le sien.
Ainsi apparaît l'idée de cause finale : la cause de l'obligation de l'une des parties est
l'obligation de l'autre partie.
Si une des obligations n'est pas exécutée, il n'y a aucune raison pour que l'obligation
réciproque le soit. Elles sont lièes entre elles, il y a un lien réciproque entre les
obligations, du moins dans les contrats synallagmatiques.
Le droit classique, s'essaye à systématiser la théorie de la cause, spécialement au
XVIl siècle chez DOMAT. Cet auteur, comme l'a fait remarquer RIPERT, retourne
d'ailleurs aux principes romains au moment même ou le consensualisme et
l'autonomie de la volonté triomphent définitivement dans le droit français, car il paraît
envisager essentiellement la cause efficiente, celle qui crée l'obligation.
DOMAT distingue à ce propos
- Les contrats synallagmatiques, dans lesquels la cause est l'engagement de l'autre
partie.
- Les contrats réels, où la remise de la chose, la prestation faite est la cause de
l'obligation de restitution
- Les contrats à titre gratuit, dans lesquels la cause est l'intention libérale à l'égard
d'autrui, l'animus donandi. POTHIER au XVIIIéme siècle, les auteurs du code civil au
XII siécle, reprendront plus ou moins explicitement le même système.
Cependant, une réation anti-causaliste, très sévère s'est manifestée à partir de la fin
du XIXble siécle, spécialement chez PLANIOL.
Le législateur français a cependant maintenu le principe de l'incapacité des enfants
adultérins de recevoir des libéralités au-delà de
<Si les magistrats marocains, ont pour mission la protection de l'ordre public du
Royaume du Maroc, en décidant la nullité des contrats qui le violent ; cette mission
se trouve cantonnée à l'ordre public marocain ; et il incombe à PEtat étranger de
veiller à la protection du sien sur son propre territoite, par les moyens appropriés qui
sont de nature à assurer cette protection >
LE CONSENTEMENT ET SA VALIDITÉ
Les articles 2 du D.O.C. et 1108 du C. civ. fr., exigent pour la formation des obligations qui
dérivent des conventions et autres déclarations de volonté : < une déclaration valable de
volonté portant sur les éléments essentiels de l'obligation> ; donc un consentement de la
personne qui s'oblige.
Nous plaçons en présence de personnes capables juridiquement de s'obliger, nous
devons nous demander à quelles conditions leur consentement pourra produire effet.
Puis on verra, ces conditions étant déterminées, comment l'une d'entre elles, la liberté du
consentement, peut être atteinte par certains vices qui demandent une étude particulière.
On examinera donc successivement les conditions de validité du consentement, puis les
vices du consentement, et enfin, pour des raisons qui seront indiquées plus loin, la lésion.
En, plus de son extériorisation, et le fait d'avoir été donné en toute liberté, le
consentement doit émaner d'une personne saine d'esprit.
A) La personne qui s'oblige doit être saine d'esprit
S'agissant, on le rappelle, de personnes juridiquement capables, qui ne sont frapées
d'aucune incapacité légale, une première condition de validité de leur consentement et
qu'elles soient saines d'esprit.
Et si le législateur marocain a utilisé des termes identiques à tf saine d'esprit", dans les
articles 133 et 134 du Code de statut personnel et des successions, la Moudawanna, qui
stipulent respectivement ce qui suit :
< A pleine capacité pour exercer ses droits civils, tout individu qui, ayant atteint l'âge de la
majorité, jouit de la plénitude de ses facultés mentales.>
< N'a pas capacité pour exercer ses droits civils, quiconque est dépourvu de discernement
en raison de son âge, ou de son état de démence> ; Le législateur français a jugé utile de
le garder, en rappelant dans l'article 489 du Code Civil, et dans une formule très brève,
mais fondamentale, qui complète d'ailleurs, celle de l'article 1108 du même code relatif au
consentement de la partie qui s'oblige ce qui suit: article 489.1 : Pour faire un acte valable
il faut être sain d'esprit.
Certes, la personne atteinte d'aliénation mentale ou de déficience intellectuelle grave, peut
être placée sous un régime d'incapacité, ce qui résout le problème de son inaptitude à
donner un consentement valable.
Mais, très souvent aucune mesure légale n'aura été prise, ce qui fait qu'elle reste
juridiquement capable et que le problème se pose, en dehors du système juridique des
incapacités, de savoir si son consentement peut avoir quelque efficacité juridique.
A priori la réponse est affirmative, puisque la capacité est la règle, et l'incapacité est
l'exception.
La théorie des vices du consentement plonge ses racines dans le droit romain, mais a subi
de profondes transformations.
En effet, le droit romain, formaliste, attachait assez peu d'importance aux qualités du
consentement.
Aussi, la violence et le dol étaient-ils sanctionnés en tant que
délits civils.
Seule l'erreur était un véritable vice du consentement, mais elle n'est apparue que
tardivement, à condition d'être grave et dans les seuls contrats typiquement consensuels,
tels que la vente. (38)
Si la violence et le dol sont devenus à leur tour des vices du consentement, cela n'a pas
été sans conserver un certain nombre de traits empruntés à leur ancien caractère
délictuel.
Cette dualité d'origine, n'empêche pas cependant qu'il existe,
dans les jurisprudences françaises et marocaine, une tendance certaine à la polyvalence
des vices du consentement, qui permet en particulier
d'annuler le contrat sans tenir compte de façon trop formaliste du vice invoqué.
Nous étudierons donc l'erreur, le dol et la violence.
En principe, l'erreur est un simple fait, qui se prouve donc par tous moyens mais les
difficultés portent sur deux points.
D'abord, sur qui la charge de la preuve repose- t -elle ?
Ensuite, et suivant la façon dont le problème est souvent posé, l'erreur doit-elle être
unilatérale ou commune ? La charge de la preuve repose sur celui qui invoque l'erreur.
Dans la plupart des cas, c'est l'acheteur qui, suivant la formule habituelle de la Cour de
Cassation française, doit < établir le caractère,
pour lui substantiel, des qualités qu'il n'a pas trouvées dans l'objet acheté >;
cela sous réserve, que cette prouve doit être facilitée, sinon présumée, lorsque les
qualités en question sont celles que tout contractant doit normalement s'attendre à trouver
dans la chose qui fait l'objet du contrat.
Quant aux caractères du fait à prouver, à l'encontre de l'erreur simplement unilatérale, on
fait valoir qu'il est inéquitable de se préoccuper de l'erreur alléguée par un seul des deux
contractants.
Supposons une personne qui achète à bas prix un meuble qu'elle croit être ancien, en
comptant sur l'ignorance de son co-contractant.
On ne peut l'admettre à invoquer la nullité pour erreur si après coup elle s'aperçoit que le
meuble n'est pas ancien.
On peut d'ailleurs soutenir, sur le plan juridique, que ce qui est resté strictement personnel
à l'une des parties, n'est pas rentré dans le champ contractuel et ne peut donc contribuer
ni à valider, ni à vicier le contrat.
Mais, par ailleurs aucun texte, et cela aussi bien en droit français qu'en droit marocain,
n'exige que l'erreur soit commune aux deux parties.
D'ailleurs les contrats comportent, la plupart du temps, une opposition d'intérêts, et l'on ne
saisit donc pas très bien ce que pourrait être l'erreur commune.
Comment les deux contractants pourraient-ils s'être trompés à la fois sur le même
élément, alors qu'ils sont généralement en désaccord sur cet élément ?
En réalité ce qui compte, c'est que la qualité substantielle, ou la considèration de la
personne ou le motif de droit, c'est-à-dire au total, le motif déterminant, soit entré dans le
B) LE DOL
Ce deuxième type de vice du consentement est prévu par les articles 52 et 53 du D.O.C.
et 1116 du C. Civ. fr. Le dol n'est pas, à proprement parler, un vice du consentement.
C'est, dans la théorie classique, le fait qui provoque une erreur chez le co-contractant.
A côté de l'erreur spontanée, on trouverait ainsi l'erreur provoquée par les manoeuvres
d'autrui, c'est-à-dire par un dol.
Cependant, il a pu être également soutenu que le dol n'est pas en soi un type d'erreur
commise par le contractant à la suite de
manoeuvres, et que c'est bien plutôt la malhonnêteté de l'auteur du dol qui est
sanctionnée, en l'absence de toute erreur-vice du consentement commise par l'autre
partie.
Cela parait exact dans les actes à titre gratuit, où le dol se
rapproche de la captation ou de la suggestion, commises par le bénéficiaire de la
libéralité.
C'est plus discutable en matière d'acte à titre onéreux.
L'utilisation du dol à la place de l'erreur n'est d'ailleurs pas exempte d'inconvénients pour
l'interéssé, car l'origine romaine et délictuelle du dol se fait encore sentir dans le code civil
français : la
personne dont le consentement a été vicié ne peut invoquer la nullité pour dol qu'au seul
cas où les manoeuvres qui l'ont poussée à conclure émanent de son co-contractant, en
droit français.
Si elles sont le fait d'un tiers, la victime devra se rabattre sur Perreur qui étend le champ
d'application du dol aufait du tiers ) cet article stipule ce qui suit : «.... le dol pratiqué par un
tiers a le même effet, lorsque la partie qu'en profite en avait connaissance.»
Quels sont les éléments constitutifs du dol. ?
On en distingue généralement quatre:
I)Le dol comporte l'intention de tromper
Il est possible que la conduite du co-contratant ait été de nature à provoquer l'erreur chez
une personne normale, sans que, cependant, un tel résultat ait été recherché.
Mais l'apposition de fausses plaques et de fausses mentions sur la carte grise le fait
apparaîÎtre comme correspondant à un certain modèle d'une certaine marque, ce qui est
inexact. (47) (48)
Il n'y a pas erreur sur les qualités substantielles qui existent. Mais il y a eu dol déterminant
car sans avoir eu conneissance de la prétendue appartenance du matériel à tel type de
telle marque, l'acheteur n'aurait pas contracté.
La nuance est subtile, et l'on pourrait discuter du caractère substantiel des mentions
relatives à la marque et au type ; mais elle est instructive dans la mesure où elle montre
comment la jurisprudence utlise le dol pour punir la manoeuvre malhonnête, l'atteinte
portée au libre consentement de l'autre partie, alors que la simple erreur sur les qualités
substantielles pourrait faire difficulté.
Dans le même sens on peut noter une différence, subtile, mais importante, entre l'erreur et
le dol. Un professionnel compétent ne peut, en principe, invoquer l'erreur qu'il a commise.
LA NULLITE DU CONTRAT
Dans les chapitres précédents, on a étudié les éléments qui sont nécessaires à la validité
du contrat.
Il va de soi que si certains de ces éléments font défaut, ou ont viciés, le contrat ne peut
pas ou ne doit pas avoir une vie juridique normale.
b) L'annulabilité
On distingue parfois les actes nuls de plein droit et les actes
annulables.
La nullité est la sanction prévue par le législateur en cas de violation d'une condition
fondamentale de l'acte juridique (lorsque par exemple, l'une des parties est un mineur, ou
que l'objet de l'obligation contractuelle est impossible à réaliser).
Ou bien en vertu d'un texte de loi qui prévoit dans des conditions particulières, eu égard à
l'ordre public, la nullité de l'acte même s'il remplit toutes les autres conditions de validité.
D'où l'interêt à distinguer entre la nullité absolue et la relative d'une part ; la nullité,
l'annulation, la résolud l'inopposabilité d'autre part
Mais, en réalité, la distinction entre actes nuls de plein et actes annulables, n'a pas grande
signification, ni utilité, Dans le cas de contestation sur la validité de l'acte, il faudra toujours
e une action en justice pour faire prononcer la validité, à moins d'a que la charge du litige
est reportée sur la personne qui sou validité de l'acte, et qui se heurte à un refus
d'exécutîon fondé prétendue nullité.
C'est le droit romain qui a introduit cette classification, d base était procédurale : il y avait
effectivement des actes nuls de des actes qui étaient simplement annulables par le
prêteur. Cette d'agir a été conservée par le droit allemand.
c) L'inexistence
Dans l'Ancien Droit français, on admettait qu'il pouvait y av côté des actes nuls, des actes
inexistants, qui présentaient si d'apparence de validité qu'il était superflu d'utiliser à leur
su' théorie des nullités.
Ce système qui a eu, par la suite, l'appui d'AUBRY et RAI, cherché au XIXème siècle, ses
fondements dans la législatio, mariage.
Il se trouvait en effet, que les auteurs du code civil français, avaient bien énoncé toutes les
qualités et conditions requises pouvoir contracter mariage (art 144 et suivants) sous
réserve d' i de la différence de sexes, n'ont pas repris, dans le chapitre consacré
demandes en nullité de mariage, des cas aussi évidents que l'ideni sexe, l'absence de
célébration et l'absence totale de consente c'était avant 1932 bien entendu !
La jurisprudence française, ayant par ailleurs posé le pà qu'en matière de mariage il n'y a
pas de nullité sans t on a prétendu en déduire, que dans les cas précités, en présenct
mariages qui, de toute évidence, n'en étaient pas et qui, cepen n'étaient pas
expressément frappés de nullité par le code, il y a son sens réel est le suivant parmi les
<l'obligation nulle de plein droit ne peut produire aucun effet, sauf la répétition de ce qui a
été payé indûment en exécution de cette obligation.
L'obligation est nulle de plein droit
1) Lorsqu'elle manque d'une des conditions substantielles de sa formation.
2) Lorsque la loi en édicte la nullité dans un cas déterminé >
d) La rescision
Dans le cas où un contrat est atteint de lésion, on parle de rescision, et non pas de nullité.
1 LES QUASI-CONTRATS
Sous cette appelation, on regroupe un certain nombre d'obligations, qui ont ceci de
commun, d'être à la fois non volontaires et licites.
Celui qui est tenu ne l'est pas en vertu de sa propre volonté, car quelle que soit son
attitude personnelle, la loi le déclare obligé.
Mais, il n'y a là aucune idée de sanction, ni même de réparation des conséquences
d'une activité anormale ou illicite.
C'est plutôt une notion de rétablissement de l'équilibre entre des patrimoines, qui est à
la base des quasi-contrats, ou même une notion qu'équité.
Sous des formes variées, la législation et la jurisprudence cherchent à remédier à des
enrichissements injustes aux dépens d'autrui.
Mais aussi louable que soit cc but, il risque d'être largement dépassé, par des
extensions inconsidérées.
Les trois quasi-contrats classiques sont les suivant s:
a) la gestion d'affaires : une personne a agi, sans mandat pour le compte d'une attire.
Ceci entraîne, pour celui dont les affaires ont été ainsi agrées, une obligation, soit de
reprendre à son compte des contrats passés dans son intérêt, soit d'indemniser le gérant
d'affaires des dépenses qu'il a engagées ou des dommages qu'il a subis.
b) Le paiement de l'indu : une personne a payé une somme qu'elle ne devait pas.
Elle peut en demander la restitution en répétition de l'indu.
c) L'enrichissement sans cause : une personne s'est enrichie, et il se trouve que cet
enrichissement coïncide avec l'appauvrissement d'autrui, sans qu'il y ait une cause
justifiée à cette corrélation.L'action en répétition naît au profit de l'appauvri.
L'ACTION EN REPETITION
L'action en répétition de l'indu peut être exercée pendant 15 ans, (article 387 D.O.C.)
(5 ans en matière commerciale, article 388.1 DOC à partir de la date du paiement. En
France, ces délais sont de 30 ans et 10 ans en matière commerciale). Cela montre bien
qu'il ne s'agit pas d'une simple action en nullité du paiement pour erreur, qui se
prescrirait par une année (article 311 du DOC ou par cinq ans (article 1304 C. civ. fr.)
à partir du jour où l'erreur aurait été découverte.Dirigée contre celui qui a reçu le
paiement, serait-il de bonne foi, elle petit se heurter à un sérieux obstacle indiqué par
l'article 68 du DOC 1377.2 C Civ. fi : le droit à répétition cesse lorsque le créancier a
supprimé son titre par suite du paiement, ce qui suppose que l’ on est dans le cas où
un tiers a payé à la place du véritable débiteur.
MODULE : Droit Civil 46 Spécialité :Gestion Immobilière
Cette disposition a pour but de protéger le créancier qui n'aurait plus aucune prcuve
de sa créance.
Mais le tiers payeur n'est pas complètement désarmé, car il pourra exercer son
recours contre le véritable débiteur pour se faire rembourser, conformément aux
dispositions de l'article 68 du DOC
Nous avons déjà vu dans l'introduction que les obligations peuvent avoir deux
sources
- Les actes juridiques que nous avons examinés dans la première partie de ce cours.
- Les faits juridiques que nous examinons dans cette partie.
Les faits juridiques se subdivisent du reste en deux catégories
D'un côté, il y a les faits juridiques dommageables. Il s'agit de faits juridiques qui
causent un dommage à autrui de façon illégitime et entraînent, par conséquent, à la
charge de leurs auteurs une obligation de réparation.
D'un autre côté, il y a les faits juridiques profitables. Il s'agit des faits juridiques qui
procurent un avantage de façon illégitime et obligent, par conséquent, celui qui a reçu
l'avantage d'autrui à la restitution.
Comme on peut le constater, les faits juridiques, qu'ils soient dommageables ou
profitables, aboutissent à la naissance d'une obligation légale de rétablir
intégralement ou partiellement la situation antérieure au fait (en nature et surtout par
équivalent par l'octroi d'une indemnité compensatrice ).
Il reste que les mécanismes qui permettent ce résultat n'obéissent pas aux mêmes
règles. D'où la division de cette partie en deux titres, consacrés l'un aux faits
juridiques profitables et l'autre aux faits juridiques dommageables .
Cette institution est fondée sur l'équité qui interdit de s'enrichir sans cause au
détriment d'autrui. Dès lors, il n'est pas étonnant de trouver certains éléments de
l'enrichissement sans cause dans le droit musulman. Certes, celui-ci n' a pas dans ce
domaine comme dans bien d'autres, perfectionné une théorie générale. Mais
l'interdiction de S'enrichir au dépens d'autrui s'inscrit parfaitement dans les principes
généraux du droit musulman dominé par les idées de justice et de morale, par la dis-
tinction entre le -Halal et le Harem-
D'ailleurs dans les ouvrages du fiqh, les exemples de l'enrichissement sans cause
sont très nombreux et la reproduction d'une liste de ces exemples ne présente pas
beaucoup d'intérêt, d'autant plus que la plupart d'entre eux sont liés . au contexte
économique et social de l'époque.
Actuellement, l'enrichissement sans cause est consacré par presque tous les droits
étrangers. Mais alors que dans certains pays l'institution a une origine
jurisprudentielle, dans d'autres elle est consacrée par un texte.
Ainsi, en France, si le code civil contient des applications qui peuvent être rattachées
à l'enrichissement sans cause (voir par exemples les impenses sur la chose d'autrui, le
salaire différé en matière successorale ) aucune disposition de ce code ne réglemente
cette Institution.
Celle-ci a cependant été consacrée par la jurisprudence dès la fin du siècle dernier
(arrêt BOUDIER, Req.15 juin 1892, S.1892.1.281, DA892.1.596).
En revanche, en Allemagne, en Suisse, en Italie, en Egypte...par exemple,
l'enrichissement sans cause est réglementé par un texte de portée générale.
C'est également le cas du droit marocain. Celui-ci consacre à l'enrichissement sans
cause des dispositions de portée générale en le considérant ainsi que ses applications
que sont la gestion d'affaires et le paiement de l'indu comme des quasi - contrats. Ceci
se traduit à travers la structure même du code.
Ainsi, l'enrichissement sans cause et le paiement de l'indu sont traités dans les articles
66 et suivants, sous le titre 'des obligations qui résultent des quasi-contrats
MODULE : Droit Civil 48 Spécialité :Gestion Immobilière
CONDITIONS DE L'ENRICHISSEMENT SANS CAUSE.
Elles sont au nombre de 5. En effet, outre l'absence de cause et de faute de 'la' part de
l'appauvri, il faut qu'il y ait un appauvrissement, un enrichissement et une corrélation
entre les deux. Quant à la subsidiarité le DOC ne l'impose pas.
L'ENRICHISSEMENT :
S'agissant des modalités, l'enrichissement peut être direct ou indirect selon que le
transfert de valeur du patrimoine de l'appauvri à celui de l'enrichi se réalise
directement sans l'intervention d'une tierce personne (exemple A peint par erreur la
maison de B ; C occupe sans cause la maison de D) ou indirectement par
l'intermédiaire du patrimoine d'autrui (exemple arrêt BOUDIER précité).
La persistance de l'enrichissement au moment de l'engagement de l'action n'est. pas
nécessaire.
La solution retenue par certaines législations étrangères (voir les articles 179 du
code civil égyptien, 1041 du code civil autrichien, 2343 du code civil argentin) nous
parait plus logique : L'obligation de l'enrichi trouve sa source dans le fait de
l'enrichissement, il importe donc de se placer au moment de la réalisation de ce fait
(voir infra, p.
L'APPAUVRISSEMENT.
Le demandeur de l'action de in rem verso ne peut avoir gain de cause que s'il invoque
et justifie son appauvrissement, car il n'a pas à se plaindre si autrui s'est enrichi alors
que lui ne s'est pas appauvri. N'ayant subi aucun appauvrissement, son action est
irrecevable faute d'intérêt.
Cependant si l'appauvrissement est indispensable, sa forme (A) et ses modalités (B)
importent peu .
A - FORME DE L'APPAUVRISSEMENT.
L'appauvrissement peut se traduire aussi bien par une perte éprouvée que par un gain
manqué .
La perte éprouvée.
Dans cette hypothèse, l'appauvri se trouveprivé injustement d'une chose ou d'une
somme d'argent (voir art 66 DOC «une chose ou autrevaleur). Les exemples de cette
situation ne manquent pas, fin ceux empruntés à la jurisprudence.
Le marchand ayant livré des provisionset fournitures nécessaires au ménage à un
domestique qui les a utilisées pour les besoins de sonpatron, s'est appauvri et a droit
de réclamer la valeur de ces fourniturnes au patron qui s'est enrichi sans cause à son
détriment .
- L'acheteur d'un terrain en cours d'immatriculation qui, ayant négligéde déposer son
titre en temps utile, à la conservation foncière,s'est trouvé dépouillé de l'immeuble acquis
par l'effet de l'immatriculation prononcée au nom du vendeur, s'est appauvri et a donc un
MODULE : Droit Civil 50 Spécialité :Gestion Immobilière
recours contre son vendeur qui s'est ainsi enrichi sanscause à son dépens et doit donc
restituer à l'acheteur le prix encaissé .
Le gain manqué .
L'appauvrissement peut également se traduire par un manque à gagner sous la forme
notamment d'un travail ou de la jouissance d'une chose fournis ou procurés, sans
contrepartie ni intention libérale, à autrui.
Cette situation visée par l'art.67 DOC ("retiré un profit du travail ou de la chose
d'autrui") est aussi fréquente que la précédente.
Ainsi, il a été jugé que 'celui qui a occupé un local et ne fournit pas la preuve d'une
convention avec le propriétaire est tenu d'indemniser ce dernier au prix courant
pratiqué par les loyers des locaux de même valeur De même, l'utilisateur d'une grue
qui n'a pu justifier le profit retiré de cet usage ni par une libéralité ni par un prêt à
usage a été condamné à indemniser le propriétaire de la grue dans le cadre de
l'enrichissement sans cause .
Elles sont variables. En effet, sous réserve de ce qui sera dit ci-dessous à propos de la
faute de l'appauvri, le fait générateur de l'appauvrissement est en principe indifférent.
Ainsi, l'appauvrissement peut avoir sa source dans un fait de l'appauvri. Telle est
l'hypothèse de celui qui, de bonne foi, fait des constructions et ouvrages sur le terrain
d'autrui. Dans ce cas, l'art. 18 du dahir du 2 juin 1915 oblige le propriétaire à la
restitution tout en lui laissant le choix entre soit une somme égale au coût des
matériaux et de la main d’œuvre soit une somme égale à la plus-value réalisée par le
fonds.
L'appauvrissement peut également être provoqué par un fait de l'enrichi qui transfère
dans son patrimoine des valeurs appartenant à autrui. Un exemple de cette situation
nous est donné par l'art.17 du dahir du 2 juin 1915 susvisé. D'après ce texte 'le
propriétaire du sol qui a fait des constructions, plantations ou ouvrages avec des
matériaux qui ne lui appartiennent pas doit en payer la valeur au moment de leur
utilisation'.
Enfin l'appauvrissement peut avoir sa source dans un fait indépendant de l'enrichi et
de l'appauvri, comme certains évènements naturels (modification par des causes
naturelles du lit d'un cours d'eau) ou dus à l'action de l'homme (pompiers qui
détériorent une maison pour éviter un plus grand dommage à la maison voisine dans
laquelle s'est déclaré un incendie).
Mais si ses formes et ses modalités sont variables, l'appauvrissement doit être exclu
quand celui qui a fait des frais dans son intérêt personnel trouve une compensation
suffisante dans l'accomplissement du but personnel qu'il a poursuivi. Par exemple, le
locataire d'un fonds de commerce qui l'aménage améliore bien l'immeuble du
propriétaire qui s'enrichit en conséquence. Il ne peut cependant exercer contre ce
propriétaire l'action de in rem verso. Il en est de même de celui dont l'activité
économique a eu des conséquences bénéfiques sur l'activité d'autrui, comme l'effet de
l'ouverture d'une salle de cinéma sur un marchand de sandwichs déjà installé.
Quoi qu'il en soit, l'appauvrissement à lui seul n'est pas suffisant. Il faut qu'un
enrichissement s'en suive. Par exemple, celui qui, par erreur, effectue des travaux sur
la chose d'autrui ne peut rien demander au propriétaire de la chose si aucune plus-
MODULE : Droit Civil 51 Spécialité :Gestion Immobilière
value n'est résultée des-dits travaux. Il y a bien dans ce cas appauvrissement, mais
sans enrichissement.
L'ABSENCE DE CAUSE.
Cette condition, énoncée par l'art.66 DOC, signifie que l'enrichissement n'est pas
sans cause lorsqu'il s'est produit conformément au
droit, c'est –à dire si le droit positif permet directement ou indirectement à l'enrichi de
garder la valeur ou la chose entrée dans son patrimoine.
Par conséquent, l'action de in rem verso doit être déclarée irrecevable chaque fois que
l'enrichissement trouve sa cause, sa raison juridique dans un acte juridique
notamment un contrat (A), dans une disposition légale (B), dans une décision
judiciaire, administrative ou une sentence arbitrale (C), ou dans une coutume ou un
usage (D).
Il n'y a pas enrichissement sans cause lorsque le transfert d'une valeur d'un
patrimoine à un autre est fondé sur un acte juridique notamment un contrat.
Ceci explique que beaucoup de qui pourraient être considérés
sociologiquement comme des situations d'enrichissement injustes ne le sont pas sur le
plan juridique.
Par exemple, la situation des locataires occupant des locaux moyennant un loyer très
modeste n'est -elle pas constitutive d'un enrichissement sans cause pour la différence
entre le loyer effectivement payé et le prix du marché ?
De même, le contractant, qui, par suite d'une erreur de son partenaire lors de la
conclusion du contrat, reçoit une prestation supérieure à la sienne, ne s'enrichit -il pas
injustement pour la différence entre ce qu'il fournit et ce qu'il reçoit ?
Le droit répond par la négative estimant qu'il est très dangereux de s'engager dans
cette voie. Dans le cas de la lésion comme dans celui de l'imprévision
l'enrichissement de l'une des parties au détriment de l'autre a pour cause le contrat.
Notre système juridique, fondé sur la liberté et le contrat, refuse de faire jouer
l'enrichissement sans cause dans les rapports contractuels. (Sur d'autres exemples,
voir les contrats de gérance d'un fonds de commerce, de concession commerciale, de
représentation commerciale, la clause pénale...).
Il importe de noter que le contrat, cause de l'enrichissement, peut comme dans les
exemples précédents, être conclu entre l'appauvri et l'enrichi ou entre celui -ci et un
la faute serait présumée en matière contractuelle, alors que les articles 77, 79 du D.O.Ç.
la preuve exigeraient que la victime en fasse la preuve.
Or, ici encore le raisonnement est insoutenable souligne la doctrine française. En
effet, on a déjà vu, au sujet de la responsabilité contractuelle, que la victime doit
toujours établir que le cocontractant n'a pas exécuté son obligation.
Il se produit simplement ce fait que dans le domaine contractuel, cette inexécution,
est dans de nombreux cas, mais non pas toujours, évidente parce que le contrat a
défini avec précision ce qui devait être exécuté (obligations de résultat ou
déterminées).
Or dans la responsabilité délictuelle on trouvera des faits analogue :
si la preuve de l'obligation violée est souvent difficile à faire, et doit être apportée par
la victime, il existe un certain nombre de dispositions légales, ou de systèmes
jurisprudentiels qui déterminent de façon précise l'obligation (exemple ne pas causer
de dommages avec sa chose, articles 88 du D.O.C, ce qui fait que l’on peut dire, avec
une approximation suffisante, qu'en matière délictuelle comme en matière
contractuelle, il existe aussi, à côté des obligations générales de prudence et de
diligence, des obligations de résultat, ou déterminées.
MODULE : Droit Civil 53 Spécialité :Gestion Immobilière
Il n'y a donc, sur ce plan, sur aucune différence fondamentale entre les deux types de
responsabilités.
Certes, la détermination de l'obligation violée ne suffit pas à établir la responsabilité.
Encore faut -il établir que la violation est fautive de la part de celui qui l'a commise,
et qu'en conséquence il en est responsable. Les responsabilités délictuelle comme
contractuelle reposent sur la notion de faute.
Mais sur ce point encore il n'apparaît pas de différence fondamentale entre les deux
types de responsabilités.
Une fois déterminée l'obligation violée, il faudra dans l’un et l'autre établir que
l'auteur de l'acte dommageable ne s'est pas conduit, à l'égard de cette obligation,
comme l'aurait fait un bon père de famille un bon professionnel.
Autrement dit, on utilisera la notion de la faute objective, ou in abstracto, pour
déterminer si la responsabilité de l'auteur du dommage doit être' engagée.
Doit- on conclure de tout ce qui vient d'être dit, qu'il n'y a aucune différence à faire
entre responsabilité délictuelle et contractuelle ?
Ce serait sans doute inexact, ou pour le moins exagéré.
En effet, ce qu'exprimait maladroitement la théorie classique française qui enseignait que
la responsabilité délictuelle était une source d'obligation, tandis que la responsabilité
contractuelle aurait été un effet des obligations, cela garde un certain fond de vérité dans
la mesure où la responsabilité contractuelle reste tout de même étroitement liée au
contrat, à cet ensemble d'obligations que les parties ont construites et acceptées, comme
le souligne bien la doctrine moderne française.
Ce fait est suffisant pour que les régimes des deux responsabilités soient assez
profondément différents et. que la clarté exige, en conséquence, leur étude séparée.
l'option entre les responsabilités délictuelle et contractuelle
Puisqu'il existe deux types de responsabilité civile, peut -on imaginer que la victime
du dommage utilise indifféremment l'une ou l'autre voie, qu'elle invoque à son gré la
responsabilité délictuelle on contractuelle .
C'est ce que l'on a appelé parfois le problème du cumul des responsabilités.
L'expression est impropre, car il ne peut être question d'invoquer à la fois les deux
responsabilités pour en cumuler les avantages.
La question est de savoir si, lorsque les parties sont liées par un contrat et que le
dommage résulte de l'inexécution de ce contrat, la victime peut renoncer à la
responsabilité contractuelle et prétendre utiliser la responsabilité délictuelle cd les
articles 77, 78 et suivants du DOC .
Elle pourrait y avoir certains intérêts : la prescription en matière délictuelle ne part
que du fait dommageable, les clauses, de non- responsabilité ou de limitation de
responsabilité y sont inefficaces, ,a solidarité entre coresponsables y joue de plein
droit, ou au moins l'obligation in solidum, les règles de compétence judiciaire sont
différentes, et le dommage imprévisible pourra être réparé; article 98 du D.O.C parle
de la perte effective, les dépenses nécessaires et le manque à gagner),
Le contractant victime de l'inexécution aurait toujours le droit d'invoquer la
responsabilité délictuelle, de même que les clauses d'irresponsabilité laisseraient
toujours subsister la possibilité, pour la victime, de faire la preuve de la faute du
co-contractant .Cependant, une telle possibilité paraît insoutenable, estime la doctrine
française.
LA FAUTE
b- Le quasi- délit
NOTIONS GENERALES
SUR LA RESPONSABILITE DELICTUELLE
Dans le titre du code civil français consacré aux " engagements qui se forment sans
convention ", Des délits et quasi -délits " . Il comprend un petit nombre d'articles
( 1382,à 1386) , mais ces articles sont sans doute plus riches en applications
jurisprudentielles et en gloses doctrinales qu'aucun autre du code civil, comme le fait
bien constater la doctrine française.
De son côté, le législateur marocain organisa à son tour ce même type de
responsabilité dans les articles 77 à 106 du D.O.C.Mais s'il est vrai que les auteurs du
code des obligations et contrats cherchèrent à s'inspirer et d ' onc à puiser dans
différentes législations européennes ( suisse, allemande, et française ) il ne fait aucun
doute qu'ils se sont principalement référés au droit français et plus particulièrement
au code civil et à la jurisprudence qui l'interprète, le complète , et le renouvelle
lorsque le besoin se fait sentir. Aussi et pour essayer de comprendre, en partie, la
philosophie, les raisons, et la portée desdits articles (77 à 106) convient - il
d'examiner brièvement
l'historicité ainsi que l'évolution de la notion de responsabilité délictuelle à travers le
droit français et donc les articles 1382 à 1386 du code civil.
En effet, l'article fondamental est l'article 1382 qui stipule
" Tout fait quelconque de l'homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par
la faute duquel il est arrivé à le réparer".
Cet article affirme ainsi le principe général de la responsabilité délictuelle, ( que
l'on retrouve dans les articles 77 et 78 du D.O.C. ) qui, si naturel qu'il nous paraisse
aujourd'hui, est cependant le résultat d'une très longue évolution historique que l'on
va résumer succinctement, en quelques points .
a) les droits primitifs ne connaissaient pas de règle générale de responsabilité civile.
Le droit romain ancien, classait les infractions cil deux catégories : Les infractions
graves telles que le meurtre, qui étaient poursuivies et sanctionnées par la puissance
publique, et les infractions moins graves, qui étaient sanctionnées uniquement par des
dommages -intérêts versés à la victime. Ces délits privés avaient pour première
caractéristique d'être en nombre limité. la loi les définissait, ainsi le vol ,les
blessures . Le prêteur en créa d'autres (délits), tels que la violence et le dol, que l'on
connait aujourd'hui sous le nom de vices du consentement. Une autre particularité de
ces délits privés était le fait que la réparation n'était pas calculée sur le dommage.
parfois le taux de l'amende était forfaitaire, parfois il y avait condamnation au double
ou au triple de préjudice ; ce qui soulignait bien le caractère pénal de la sanction.
Désormais un simple préjudice pécuniaire donne droit à réparation, s'il provient d'un
acte illicite quelconque.
En outre la réparation, était calculée d'après le préjudice. on se rapprochait donc du
principe moderne de l'article 1382, sans qu'il y ait cependant jamais eu, en droit
romain, de règle absolument générale de réparation des dommages causés à autrui.
b) Il devait appartenir à l'Ancien droit français de dégager vraiment le principe
moderne de la responsabilité délictuelle, mais le droit canonique y a certainement
joué un grand rôle.
Les obligations peuvent revêtir une série d'aspects particuliers résultent généralement
d'un choix exercé par les intéressés, mais peuvent aussi être imposées par la loi.
Pour les plus importants, le législateur, aussi bien français que marocain, a défini leurs
principes et leurs effets, ce qui simplifie en, particulier la rédaction des contrats.
Il existe ainsi des obligations naturelles conditionnelles ,à terme ,solidaires…. Etc
L'OBLIGATION NATURELLE
Il n'est pas en réalité exact, sur le plan de la doctrine juridique, de classer l'obligation
naturelle parmi les modalités des obligations.
En effet, toutes les modalités que l'on envisagera par la suite, concernent des obligations
civiles complètes, qui diffèrent par leur nature, comme on va le voir, de l'obligation
naturelle.
C'est uniquement par commodité de plan, que l'on en traite ici, mais il ne faut pas oublier
l'opposition profonde qui existe entre l'obligation naturelle et toutes les obligations civiles, quelles
qu'en soient les modalités. Ainsi la définition de l'obligation naturelle et ses effets constitueront les
deux aspects de cette section.
a-La définition de l'obligation naturelle :
Il y a, traditionnellement, obligation naturelle lorsque le créancier ne peut pas forcer le
débiteur à exécuter, mais que cependant l'exécution est valable et ne donne pas lieu à
répétition de l'indu. (l'article 73 du DOC).
Comment peut -il y avoir obligation, cependant, sans exécution forcée .L'origine de
l'institution remonte au Droit romain, Lorsqu'un contrat n'était pas fait suivant les formes,
l'exécution volontaire de leur obligation était valable, et ne pouvait donner lieu à répétition.
Cette idée d'obligation naturelle a peu intéressé les canonistes, qui entendaient sans
doute maintenir une séparation très nette entre la morale et le droit.
La doctrine classique en France, a été hésitante et divisée.
Elle a en général rejeté l'idée de devoir moral élevé au niveau juridique.
L'obligation naturelle ne pourrait être qu'une obligation civile dégénérée, une obligation
civile qu'un obstacle juridique empêche de subsister, obstacle tel que la prescription ou
l'autorité de chose jugée ; ou encore une obligation qu'un obstacle juridique empêche de
naître, ou obligation civique avortée, (ainsi l'obligation résultant de l'engagement d'un
incapable ou d'une libéralité irrégulière en la forme). est cependant difficile de rejeter
l'existence d'obligations morales partiellement sanctionnées, d'obligations naturelles qui
ne naissent pas de la volonté, mais d'un devoir de conscience, ou du moins de certains
d'entre eux, que la jurisprudence française accepte de reconnaître.
Si l'on admet cette acception plus large de l'obligation naturelle, on admettra qu'elle
recouvre les devoirs moraux suivants :
MODULE : Droit Civil 62 Spécialité :Gestion Immobilière
- Le respect de la parole donnée (contrats nuls pour incapacité, interdiction de contracter
ou vice de forme-, contrats éteints par prescription, par opposition de l'autorité de chose
jugée). (1)
_ La réparation du préjudice causé (préjudice indirect, faute purement morale).
- L'enrichissement aux dépens d'autrui (restitution des biens spoliés aux émigrés après
la Révolution française, paiement du supplément d'un prix de vente insuffisant).
- Le devoir d'assistance (devoir alimentaire entre frères et sœurs, à l'égard de vieux
employés, entre parents naturels).
- Le devoir de reconnaissance ou d'affection (donations rémunératoires, exécution d'un
testament irrégulier, d'un legs verbal).
Cependant, la définition de l'obligation naturelle soulève encore beaucoup de discussions.
b- Les effets de l'obligation naturelle
L'obligation naturelle ne fait naître aucune action au profit du créancier. Cependant, le
paiement effectué est valable (art. 73 du DOC (art. 1325.2 C. Civil fr.), parce qu'il a une
cause (art. 63 du DOC art 1132 C fr.) qui est l'intention du débiteur de s'acquitter de ce
qu'il considère comme son obligations).
Par voie de conséquence, l'obligation naturelle est une cause valable de la promesse de
payer. Il y a alors remplacement de l'obligation naturelle par une véritable obligation civile,
ce qui fait que l'on affirme parfois qu'il a eu novation .
Cela est inexact, car aucun élément de l'obligation n'a été modifié. Elle a cependant
acquis plus de force, ce qui rapproche, dans une certaine mesure la promesse de payer
une obligation naturelle d'une confirmation. Ces effets essentiels de l'obligation naturelle
étant déterminés, il est admis par ailleurs qu'elle ne peut se compenser avec une
obligation civile.
En effet, la compensation, que nous allons voir tout autant que la novation dans le cadre de l'étude
des transformations des obligations, suppose que les deux dettes soient exigibles, ce qui n'est pas le
cas de l'obligation naturelle.
Cependant, il semble qu'une obligation naturelle Puisse être cautionnée, ce qui revient,
pour la caution, à lui reconnaître, quant à son propre engagement un caractère civil.
En réalité, l'intérêt fondamental de l'obligation naturelle est que le paiement ne peut
donner lieu à aucune répétition de l'indu.
C'est ce qui a conduit Mme Gobert -Durry à affirmer dans sa thèse que l'obligation
naturelle n'existe pas. Il n'y aurait que des cas où la répétition de l'indu est écartée, soit
parce que la dette existe (bien que prescrite) ou soit parce qu'il n'y a pas erreur dans le
paiement (le débiteur avait parfaitement conscience qu'il devait). La soi-disante obligation
naturelle ne serait, à tout prendre, qu'un engagement unilatéral de volonté, selon la
conception du droit français.
L'OBLIGATION CONDITIONNELLE
L'OBLIGATION A TERME
L'obligation conditionnelle ne se présente pas, dans la pratique, avec une très grande
fréquence ou, du moins, elle se présente le plus souvent comme une sorte de possibilité
ou d'alternative accessoire.
On prévoit, dans les contrats commerciaux, que si tel événement se réalise, la prestation
prévue prendra telle forme, sera, par exemple, plus ou moins importante.
On a jusqu'à présent supposé que l'obligation, une fois créée soit par la loi, soit par
la volonté des parties, reste immuable jusqu'à son exécution ou son extinction. Or le
principe général du consensualisme veut que les intéressés, quelle que soit la
LA CESSION DE CREANCE
La cession de créance met en relation trois personnes. Ce sont le créancier primitif,
cédant, le nouveau créancier ou cessionnaire et le débiteur ou cédé qui, lui, ne
change pas.
Il devra désormais payer sa dette au cessionnaire, et non plus à son créancier
originaire.
Il en résulte qu'il n'y a pas lieu de respecter les formes de la cession de
créance lorsque le cessionnaire apparent est en réalité un ayant -cause
universel de l'ancien titulaire. C'est ce qui se produit en cas de succession.
L'héritier n'est pas un cessionnaire, mais est investi de plein droit du patrimoine
du défunt. De même, en cas de fusions ou absorptions de sociétés, il n'y a pas
lieu à cessions de créances, la société nouvelle, ou absorbante succédant de
plein droit à toutes les obligations actives et passives de la société absorbée ou
fusionnée. Il s'agit d'une institution très importante, qui permet de transférer des
droits personnels, à titre de vente, de donation, de dation en paiement. La
vente des créances, en particulier est foi utile : elle permet, par exemple, à un
créancier de céder sa créance, pour un prix forfaitaire, à un cessionnaire qui se
chargera de la recouvrer et qui peut être un professionnel. Cela d'ailleurs ne va
pas sans risques d'usure si le cessionnaire, profitant des besoins financiers du
cédant, lui achète très bon marché une créance dont le recouvrement sera
facile et sans aléas. Le droit commercial pratique des formes particulières et
simplifiées de cession de créance, que l'on décrira sommairement après avoir
examiné les formes et les effets de la cession de créance civile.
Les formes de la cession de créance
Entre les parties, cédant et cessionnaire, il n'est besoin en principe d'aucune
forme particulières. Ce qui compte, c'est la nécessité d'avertir les tiers, et
spécialement le cédé, du changement de créancier. il faut que le cédé sache à
qui il doit désormais payer. C'est pourquoi, les articles 1690 du C. civ. et 195 du
D.O.C, ont prévu de véritables formalités de publicité, qui peuvent se faire sous
deux formes
a) les parties peuvent signifier au cédé, par acte authentique, c'est –à -dire en
fait par acte d'huissier, le transfert de créance intervenu.
La jurisprudence française considère à ce propos, que cette signification peut
résulter simplement de J'assignation du cédé en justice aux fins de paiement .
Cette position ne semble pas partagée par la jurisprudence marocaine qui
exige que la signification du transfert doive se faire suivant les formes de
l'article 195 du DOC
b) ou encore le cédé peut avoir, par acte authentique ou un acte sous seing
privé enregistré accepté la cession ; cela suppose pratiquement que la cession
de créance se fasse par acte notarié ou acte ayant date certaine, ce qui est
rare, et que les parties aient appelé le cédé à y participer.
Seul l'accomplissement de l'une ou l'autre de ces formalités saisit le
cessionnaire de la créance à l'égard des tiers et spécialement à l'égard du
cédé. Désormais celui-ci devra payer le cessionnaire, et le cédant ne pourra
plus faire aucune opération valable sur la créance.
Or cette règle, apparemment très commode et très sûre, ne va pas sans
inconvénients. En particulier il n'est guère admissible que le cédé qui a eu
connaissance de la cession, par un procédé quelconque, refuse
LE PAIEMENT VOLONTAIRE
Le paiement direct en numéraire, que l'on examinera dans cette section, pose
d'es problèmes d'importance variable, et qui peuvent s'exprimer par une série
de question : Qui ?, A qui ? Quand ? où et Comment se fait la preuve du
paiement ?
A) Qui doit payer ?
En principe c'est le débiteur qui doit payer. Il existe cependant des exceptions.
Ainsi un tiers peut payer à sa place, en agissant comme gérant d'affaires.
Il peut encore y avoir paiement avec subrogation, par conséquent par le tiers subrogé ; ou
encore paiement par délégation, fait par le délégué, qui règle la dette à la place du
délégant. Enfin le codébiteur solidaire, la caution, peuvent être amenés à payer à la place
du débiteur (article 166 du D.O.C )
Le procédé le plus normal de l'extinction des obligations est leur exécution. Mais, du fait
même de sa normalité et de son importance, on a jugé préférable de lui consacrer un
chapitre autonome. Il reste donc, dans le présent chapitre, à examiner les procédés
exceptionnels d'extinction, qui sont la compensation, la volonté des parties, la disparition
des éléments de l'obligation, et enfin 1 a prescription extinctive.
Seules la compensation et la prescription demanderont des explications détaillées.
La compensation
art. 357 à 368 du DOC et
1289 à 1299 du C. civ. ff
L'EXTINCTION DE L'OBLIGATION
PAR LAVOLONTE DES PARTIES
Le terme extinctif
On a dé~jà vu plus haut, ce qu'est l'obligation à terme et il suffit d'y renvoyer. On précisera
que l'obligation sans terme est dite à durée indéterminée, et qu'une telle obligation, si elle
est contractuelle, a une physionomie très particulière, du fait que chacune des parties
peut, en principe, y mettre fin à tout moment par résiliation unilatérale.
Cependant, ce principe subit des atteintes de plus en plus importantes. Ainsi, dans le
contrat de bail, le droit au maintien dans les lieux protège le locataire ou l'occupant dit "de
bonne foi" contre la résiliation et l'éviction. De même dans le contrat de travail, le droit de
licenciement de l'employeur est fortement limité.
La remise de dette (ou de l'obligation)
les articles 340 à 364 du DOC :La remise de dette est une renonciation du créancier à
poursuivre l'exécution à l'égard du débiteur. Si cette remise était unilatérale, elle ne lierait
pas le créancier, qui serait toujours libre de reprendre les poursuites. Cependant le code
civil français et le D.O.C marocain ont prévu les conséquences de certains actes
unilatéraux qui font présumer la remise de dette, tels que la remise au débiteur de l'acte
de prêt ou de la grosse du titre (art. 1282 et 1283 C. Civ. fr, 341 du D.O.C).
Pour qu'il y ait véritablement remise de dette, (ou d'obligation), il faut qu'elle soit bilatérale,
c'est-à-dire acceptée par le débiteur (340.1 du D.O.C)
Le créancier ne peut donc plus se dédire. La dette, quelles que soient les conditions de la
remise disparaît définitivement avec tous ses accessoires (art 1287 du C. civ. et 364 du D.
0. C.). Une telle renonciation n'exige d'ailleurs aucune forme particulière.
La volonté commune des parties
Les parties peuvent être d'accord pour mettre fin au contrat qui les lie. Il n'y a pas grande
différence entre un tel accord de volontés et la remise bilatérale de dette, si ce n'est que la
remise de dettes intervient de la part du créancier d'une obligation unilatérale, résultant
d'un prêt, d'un dépôt, d'un délit ou quasi-délit, il a pour objet de liquider une situation
contractuelle de type synallagmatique, telle qu'une association ou une société entre deux
personnes, un bail, un contrat de travail .aussi n'est soumis à aucune obligation de formes
: il peut être tacite et résulter de circonstances souverainement appréciées par le juge du
fond.
LA DISPARITION DES
ELEMENTS DE L'OBLIGATION
On a défini le droit réel et nous l'avons distingué du droit personnel au début de ce cours. Et pour
bien comprendre l'importance qu'occupe la notion de bien (au sens juridique du terme) et celle de
la propriété en ce droit réel, nous rappelons ce qui a été déjà dit.
En effet, le droit réel représente un rapport, une relation juridique entre une personne et une chose
matérielle, un bien concret, le qualificatif "réel" vient du mot latin "res" qui signifie "chose". Et pour
bien comprendre la notion de droit réel il faut partir de la définition et la classification des biens -
objets de ce droit.
LES BIENS
A- Définition :
On nomme "biens" dans le langage juridique, toutes les choses qui peuvent être l'objet d'un droit
et représenter, dans le patrimoine d'une personne, une valeur appréciable en argent. nous
appellerions donc bien tout ce qui est l'objet d'un droit patrimonial.
le patrimoine correspond à l'ensemble des droits pouvant appartenir à une personne et qui ont une valeur
pécuniaire. Au sens juridique, la mot désigne non seulement cet ensemble de droits mais aussi la masse des
dettes dont est tenue une personne. cela nous ramène à la conclusion suivante : le patrimoine d'une personne
est constitué par l'ensemble de ses droits et de ses obligations à caractère économique et pécuniaire.
Toute chose qui n'est pas susceptible d'être évalué en argent, ni transférable d'une personne à
une autre (ex : la santé, l'honorabilité ne peut être considérée comme bien au sens juridique du
terme.)
Le droit considère comme biens non seulement les choses matérielles, objet des droits réels, mais
également les droits ayant une valeur économique et pécuniaire.
les biens au sens juridique du mot, sont très nombreux et font l'objet de diverses
classifications. On distingue entre :
1-les biens corporels et incorporels .
Les biens corporels : sont ceux qui tombent sous les sens, que l'on peut voir et toucher. Ce sont
les objets matériels qui nous entourent : maisons, voitures, etc...
Les biens incorporels : sont des choses abstraites qui n’ont pas l’existence physique, tels que les
droits de propriété ou de créance, ainsi que le droit de !’auteur d’une Oeuvre artistique ou littéraire,
ou le droit de l'inventeur sur sa découverte. Toutefois, cet élément incorporel n’est un bien, au
sens juridique du terme, que s'il est appréciable en argent.
Enfin, ces biens incorporels sont souvent matérialisée par un titre qui les représente ( titres de
créance, traites, brevets d' inventions .)
2- Les choses fongibles et les biens non fongibles
Les choses fongibles sont celles qui ne sont pas déterminées dans leur individualité. mais
seulement dans leur genre, exemple : du blé ou de la monnaie, ces choses peuvent se remplacer
par d'autres de même nature.
Les biens non Fongibles portent également le nom de "corps certaine", ce sont des Objets
déterminée dans leur individualité, exemple cette maison ce tableau ....
En général, les marchandises et l'argent sont des choses fongibles, tandis que les maisons, les
terres et les oeuvres d'art, sont des corps certains.
Cette distinction a des conséquences juridiques importantes, notamment dans les contrats de
vente et de prêt.
Enfin la distinction la plus importante oppose les meubles aux immeubles, que nous allons traiter à
part.
Par contre, dans diverses hypothèses, on rencontre une véritable prop-riété collective, en
ce mens qu'un même bien appartient en commun et pour des parts d'ailleurs variables, à diverses
personnes physiques ou juridique .Dans ce ces, le même objet se trouve donc, pour une part
indivise, dans plusieurs patrimoines. On dit alors qu'il y a copropriété, ou indivision . Il en est ainsi :
1- Dans les régimes de communauté entre époux, où divers biens appartiennent pour moitié à
chacun des conjoints ;
2- Dans l'indivision ordinaire résultant d'une succession, les héritiers sont copropriétaires des
biens successoraux tant que le partage n'a pas eu lieu.
La propriété s'acquiert et se transmet par des circonstances ou des moyens très diversifiés, qu'il
est possible de répartir en deux catégories principales. En effet, le transfert de la propriété
s'accomplit soit par contrat, soit par suite de certains évènements dans la survenance desquels la
volonté individuelle ne joue parfois aucun rôle.
A- Modalités conventionnelles d’acquisition de la propriété : le plus fréquemment la
propriété s'acquiert par contrat au moyen duquel le précédent propriétaire aliène son droit au profit
d'un nouveau titulaire dénommé acquéreurs. Selon les cas le contrat portant transfert de la
propriété sera réalisé à titre gratuit ou onéreux dans la première hypothèse il sera qualifié de
donation et les parties seront désignées par les termes de donateur (aliénateur)et donataire
(acquéreur) dans la deuxième hypothèse le contrat consistera, soit en une vente (entre vendeur
et acheteur). Soit en un échange (entre co-échangistes).
La règle est que les contrats d'aliénation emportent par transfert de la propriété. Ceci signifie que
la propriété est transmise à l'acquéreur dès que le contrat considéré est valablement formé, et
sans qu'il soit nécessaire d'attendre la remise matérielle.
B- Les modalités non conventionnelles d'acquisition de la propriété :