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Les Théories Du Contrat Social PDF
Les Théories Du Contrat Social PDF
Synthèse
La société et l'Etat
La politique
Espace professeur
La politique, la société
et l'état
La conception contractuelle de l'Etat est le produit d’une culture qui définit l’être
humain comme un être rationnel, c’est-à-dire non seulement raisonnable, donc
intelligent et moral, mais aussi intéressé, donc capable de calcul.
Au fondement de toute théorie du contrat social, il y a cette idée que la société civile
n’est pas un accident fortuit mais le fruit d’un calcul utilitaire des individus pour
déterminer ce qui vaut mieux pour le plus grand bien du plus grand nombre
d’individus.
Les théories du contrat social sont donc liées à une idéologie individualiste et
utilitariste de la nature humaine :
Ces définitions classiques sont celles fournies par Pufendorf dans son ouvrage De
jure naturae et gentium (Du droit naturel et des gens, 1672) :
• L’état de nature
L’état de nature est l’état des hommes n’ayant entre eux d’autre lien que leur qualité
commune d’être des êtres humains, chacun étant libre et égal à tous.
Le contrat d’association est le contrat des hommes entre eux quand ils décident de
s’unir pour conférer à une seule personne ou à une assemblée la tâche de prendre des
décisions concernant la sécurité et l’utilité commune de telle sorte que ces décisions
soient considérées comme la volonté de tous en général et de chacun en particulier.
A- La théorie de Hobbes
Le Léviathan est un monstre biblique dont il est dit qu’aucune puissance sur terre ne
lui est comparable. Ce monstre, créature quasi surnaturelle, figure pour Hobbes
l’État, cette puissance artificielle, toute puissante, créée par l’homme pour sa propre
défence.
L’état de nature pour Hobbes, c’est « l’horrible état de guerre » car l’homme est un
loup pour l’homme .
"Il est manifeste que tant que les hommes vivent sans une puissance
commune qui les maintienne tous en crainte, ils sont dans cette
condition que l’on appelle guerre et qui est la guerre de chacun contre
chacun. La guerre GUERRE ne consiste pas seulement dans la bataille
ou dans le fait d’en venir aux mains, mais elle existe tout le temps que la
volonté de se battre est suffisamment avérée; car de même que la nature
du mauvais temps ne réside pas seulement dans une ou deux averses
mais dans une tendance à la pluie pendant plusieurs jours consécutifs,
de même la nature de la guerre ne consiste pas seulement dans le fait
actuel de se battre, mais dans une disposition reconnue à se battre
pendant tout le temps qu’il n’y a pas assurance du contraire. Tout autre
temps que la guerre est la PAIX. " (Thomas Hobbes, Le Léviathan, I,
XIII)
Le contrat social qui fonde l’état de société est un contrat de soumission. Hobbes
refuse de distinguer l’association et la soumission. Pour lui, la seule façon de s’unir,
c’est de se soumettre à un tiers.
Soumission totale d’une part et pouvoir absolu d’autre part sont les conditions sine
qua non d’un état civil, c’est-à-dire d’un état de paix. En effet, la simple possibilité
d’un recours entraînerait le retour à la lutte de chacun contre chacun. L’état c’est
« l’homme Dieu pour l’homme ».
« sans le glaive (sword), les pactes ne sont que des mots (words) ».
Ce qui dissout l’État, c’est la discussion du pouvoir, le fait que les hommes jugent de
ce qui est permis et de ce qui ne l’est pas non par la loi, mais par leur propre
conscience. En s’érigeant juges du bien et du mal, les hommes retournent à l’état de
nature.
La seule chose que Hobbes exige des citoyens, c’est l’obéissance. Mais en
contrepartie, les citoyens gagnent la sécurité et le respect de leurs biens.
B- La théorie de Locke
Locke, au contraire, est un des premiers penseurs du libéralisme. Dans ses trois
Essais sur le gouvernement civil, il expose une version nouvelle de la doctrine
contractuelle de l’état.
Mais Locke partage avec Hobbes deux soucis : garantir la sécurité et préserver la
propriété (permettre à l’individu de jouir tranquillement de ses biens).
Pourquoi former une société si l’état de nature est un état de paix et d’harmonie si
l'état de nature n'est pas un "horrible état de guerre" comme le pensait Hobbes? Il
manque à l’état de nature la garantie de l’ordre et du bonheur, autrement dit la
garantie de la sécurité.
L’idée de Locke est que, dans l’état civil, la règle est celle de la majorité et non de
l'autorité absolue d'une instance toute puissante .
C’est le présupposé de toute la pensée politique libérale aprés Locke que l’opinion de
la majorité doit être la meilleure. Ce présupposé repose sur un acte de foi. Comme se
le demandait déjà Pascal, pourquoi suit-on la pluralité? est-ce parce qu’elle a plus de
raison ou parce qu’elle a plus de force?
Selon Locke, les hommes entrent donc dans l’état civil par un contrat d’association
(consentement mutuel) et un contrat de soumission conditionnel. Le contrat de
soumission au gouvernement est dissout dès que la majorité considère ce
gouvernement comme inadéquat, c’est-à-dire incapable d’assurer la sécurité.
Par ce contrat de soumission, les individus abandonnent sous condition leur pouvoir
de se conserver et le pouvoir de punir au profit du corps politique. Et pour éviter
l’abus de pouvoir de la part du corps politique, ces deux pouvoirs ne doivent pas être
concentrés entre les mains d’une seule instance. C'est le principe, si important en
démocratie libérale, de la division des pouvoirs. Il y a donc,
C- La théorie de Rousseau
1. Le pouvoir du souverain est aussi grand mais pas plus que ne le requiert
l’efficacité par rapport à la promotion du bien public, c’est-à-dire la protection
des droits naturels des individus.
2. La soumission au souverain est toujours conditionnelle. Ce n’est pas une
aliénation des droits naturels mais un simple dépôt.
3. En conséquence, si le gouvernement n’est pas fidèle à sa fonction, le peuple a
le droit à l’insurection.
Rousseau sera fortement influencé par la philosophie politique de Locke. Ils ont les
mêmes préoccupations et leurs deux théories du contrat social reposent sur le même
postulat : l’harmonie naturelle des volontés et des intérêts des individus. Ce postulat
indémontrable est celui de l’individualisme libéral et de la démocratie.
Locke et Rousseau ne s’accordent pas cependant sur leur conception du contrat lui-
même, c’est-à-dire sur les moyens à mettre en oeuvre pour atteindre leur idéal
politique.
L’homme à l’état de nature pour Rousseau est l’homme tel qu’il serait s’il n’était
pas un être social. Rousseau dit d’un tel être qu’il serait « bon » parce qu’il serait
dans l’impossibilité d’être méchant. En effet, pour être méchant, il faut vouloir le
mal de son semblable. Mais pour avoir des semblables, il faut déjà vivre en société.
N’ayant pas de « prochain », l’homme à l’état de nature ne peut lui vouloir ni bien ni
mal. Sa « bonté » est donc purement négative : l’absence de mal, l'absence
d'immoralité, due à son amoralité (absence de morale).
L’état de nature de Rousseau n’est donc ni le produit d’une recherche des origines
historiques de l’humanité (l’état originaire) ni le produit de l’imagination (le mythe
du bon sauvage) mais un modèle théorique.
Ce modèle théorique est obtenu par analyse de l’état présent. Il s’agit de dégager par
analyse ce qui, dans les hommes tels qu’ils sont, revient à leur nature et ce qui
revient à leur vie sociale. Autrement dit, l’état de nature est le naturel en chacun
d’entre nous. C'est pourquoi Lévi-Strauss voit dans Rousseau le précurseur des
sciences sociales.
Mais quand on fait abstraction de la dimension sociale, ce qu’on obtient n’est pas un
être réel mais justement une abstraction qui fait figure de norme, c’est-à-dire de
point de référence, un étalon (mais pas nécessairement un idéal).
L’état de nature est simplement cet état neutre dans lequel l’homme sans être encore
perfectionné, n’est pas encore perverti : tout est encore possible pour le meilleur ou
pour le pire. L’homme à l’état de nature est perfectible mais aussi dégradable.
L’avantage de cet état par rapport à l’état social actuel, c’est que l’homme à l’état de
nature n’a pas encore été dégradé; le désavantage par rapport à l’état social idéal
(celui du contrat) est que l’homme à l’état de nature ne s’est pas encore perfectionné.
Seule une bonne socialisation devrait permettre à l’être humain d’épanouir ses dons
potentiels.
Ainsi, comprendre à la fois ce qu’est l’état de nature et ce qu’est l’état social pour
Rousseau, c’est comprendre cette remarque de Rousseau lui-même que « tout tient
radicalement à la politique ».
Toute l’oeuvre de Rousseau est une réflexion sur les conditions de possibilité de la
vie morale.
Le point de départ de l'analyse est l’homme tel qu’il aurait pu être. C’est un état
conjectural, « état de nature », caractérisé par le bonheur, l’isolement et l’amoralité
(absence de morale, puisque l'homme à l'état de nature n'a pas de semblable).
Le point d’arrivée est la société et les lois telles quelles sont, caractérisées par le
malheur, la guerre et l’immoralité (l'irrespect des principes moraux les plus
fondamentaux).
Le point de départ est les hommes tels qu’ils sont, c’est-à-dire dégradés par un état
social fondé sur un faux contrat qui n'est qu'un rapport de force déguisé (violence).
Le point d’arrivée est la société et les lois telles qu’elles pourraient être, c’est-à-dire
légitimes, sûres et justes, fondées sur un vrai contrat (accord des volontés).
La bonne socialisation permet non pas de retrouver l’état de nature, ce qui serait
contradictoire, mais de retrouver le naturel en nous. L’homme naturel, l’homme du
contrat social (ou de l’Émile), contrairement à l’homme de la nature, est un homme
qui a porté à la perfection ses capacités naturelles au lieu de les pervertir.
Toutes les théories du contrat social avant Rousseau, qu’elles soient absolutistes
(Hobbes) ou libérales (Locke), reposent sur l’aliénation totale ou partielle de
l’individu.
Or, pour Rousseau, le problème est d’abord et avant tout de préserver la liberté.
D’où l’énoncé de son problème :
Par cette association, l'individu perd la liberté naturelle — qu'il partage avec tous les
êtres vivants — de subvenir à ses propres besoins avec toutes les forces dont il
dispose. Mais il gagne la liberté sociale définie comme la jouissance de droits
garantis par la loi qu'on s'est soi-même donnée (liberté d'autonomie). Le même
individu, en tant que sujet, obéit aux lois et, en tant que citoyen, les promulgue.
Maryvonne Longeart
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