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AVIS D’EXPERTS | MÉTROLOGIE

La métrologie dans l’entreprise

RÉFÉRENTIELS ET MÉTROLOGIE
Lors du précédent article, nous avions présenté le sens du métier
de métrologue que nous avons résumé en « animer un système qui apporte
la confiance dans le résultat de mesure ». Cette phrase est séduisante,
mais comment a-t-elle été traduite par les principaux référentiels ?
C’est l’objet de ce deuxième article. Nous allons voir qu’il existe plusieurs
approches et que ces dernières ont évolué dans le temps.
L’approche métrologie légale
Nous, Français, pouvons être fiers ! En Jean-Michel POU Frédéric AUTHOUART
Président fondateur de la société Métrologue, coach et fondateur
effet, notre pays est à l’origine du système de l’entreprise Crisalis qui allie
Delta Mu, membre des commis-
métrique et de la métrologie légale. sions “Métrologie” et “Méthodes résolution technique et humaine
À l’aube de la Révolution française, un des statistiques” de l’Afnor et vice- d’une problématique
président du cluster d’excellence
problèmes de notre pays était la multipli- “Auvergne Efficience Industrielle”..
cité des unités de mesure et l’absence de
confiance dans les transactions commer- individus, mais aussi aux entreprises et soumises dans les arrêtés et circulaires.
ciales basées sur les instruments. Une des à l’administration. Le but de la métrologie légale étant de
conséquences de cette révolution fût la protéger le citoyen, cette dernière a mis
création d’unités uniques (le mètre, le kilo- Comme une entreprise qui possède ses en place des règles de protection. L’esprit
gramme) et quelques années après, l’édi- règles sous forme de procédures, la de ces règles pourrait être : “pour remplir
tion de règles de métrologie communes à métrologie légale a posé les siennes dans notre mission, assurons-nous que nous
tous et nommées : métrologie légale. des lois, décrets, arrêtés ou circulaires. puissions faire confiance aux instru-
Contrairement aux entreprises, les règles ments tout au long de leur vie”, cela a
La métrologie légale, c’est avant tout de de la métrologie légale doivent donc être ensuite donné naissance à quatre types
la métrologie dont le fonctionnement respectées, sous peine de poursuites de contrôles :
(tolérances, périodicités, contrôles) a été devant les tribunaux… - validation de la conception des instru-
défini par l’État. Le but est de protéger le ments de mesure, l’examen de type :
citoyen lorsque ce dernier est concerné Que contiennent tous ces textes ? Les tout fabricant qui souhaite commer-
à titre judiciaire, commercial, environ- principes généraux dans les lois et les cialiser des instruments de mesure sou-
nemental... par un mesurage. La métro- décrets et les exigences détaillées pour mis à la métrologie légale doit faire
logie légale ne s’applique pas qu’aux chacune des 37 catégories d’instruments valider sa conception avant même la
fabrication par un organisme indépen-
dant (le LNE(1)). Pour certaines catégories
COMMENT SAVOIR SI MON INSTRUMENT EST SOUMIS À LA MÉTROLOGIE LÉGALE ? d’instruments, une validation par un
organisme européen est équivalente à
C’est le décret du 3 mai 2001 qui va régir l’application de la métrologie légale en France. Pour
une reconnaissance nationale ;
être soumis à la métrologie légale, un instrument doit être concerné par les quatre
conditions suivantes : - validation de la fabrication, la vérifica-
1- sa mesure doit être dans une unité listée au décret du 3 mai 1961 ; tion primitive des instruments neufs :
2- l’instrument doit être utilisé dans un cadre particulier (commerce, justice, environnement, une fois le certificat de conception
santé, sécurité routière...)* ; obtenu (nommé certificat d’examen de
3- l’instrument doit faire partie d’une liste de 37 catégories* ;
4- il doit exister un arrêté catégoriel pour la catégorie de l’instrument.
(1) Laboratoire national de métrologie
*Voir décret du 3 mai 2001 et le site http://www.dgcis.gouv.fr/metrologie pour plus d’informations
et d’essais.

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type ou CE de type), le fabricant peut

« Derrière les aspects parfois autori-
produire les instruments, mais il doit,
avant de les livrer à son client, vérifier taires et rigides de la métrologie légale
leur conformité au type. Pour être auto-
risé à réaliser lui-même ce contrôle, il
se cachent des bonnes pratiques et
devra démontrer qu’il est digne de des retours d’expériences de qualité. »
confiance en mettant en place un sys-
tème qualité validé par le LNE ; non-conformité. Une fois cette cause cités précédemment à des organismes
- validation de l’installation de l’instru- déterminée, le métrologue pourra agir comme le LNE ou des sociétés privées
ment, la vérification d’installation : pour pour limiter le risque d’une nouvelle dont le système qualité est périodique-
certaines catégories d’instruments en non-conformité : réduction de périodi- ment audité.
effet, il faudra en plus s’assurer qu’ils cité, modification technique de l’ins-
sont correctement installés sur le site trument ou de l’installation, formation Il reste aujourd’hui une dizaine de fonc-
d’usage. Pour cela, il faudra là encore du personnel... tionnaires à Paris pour animer le sys-
faire appel au LNE ou à un installateur tème. En région, la surveillance du parc
qui aura un système qualité validé par Ces quatre opérations réglementaires ne des instruments et des acteurs privés est
le LNE ; sont pas toutes obligatoires, c’est donc confiée à un service de la Direccte(3).
- le dernier type de contrôle, le plus une métrologie “à la carte” qui est réali-
connu : le contrôle en service. Pour cer- sée en France. Pour chacune des 37 caté- La métrologie légale est donc le système
taines catégories d’instruments, une gories d’instruments soumises, il existe d’organisation le plus ancien. Il peut paraî-
vérification de ce dernier est réalisée un arrêté catégoriel qui précise quelles tre aussi le plus complexe du fait de la
périodiquement. Cette opération est sont les opérations à réaliser. En cela, la multiplicité des textes existants. Ce der-
exécutée par une entreprise accréditée métrologie légale est en phase avec nier serait-il transposable en entreprise ?
par le Cofrac(2) et agréée par le préfet. Si l’esprit d’une métrologie moderne qui
le contrôle en service est jugé conforme, adapte sa réponse en fonction de l’impact Si l’entreprise est soumise à la métrolo-
il donne lieu à la pose de la fameuse potentiel de la non-conformité. gie légale (voir encadré page précédente),
vignette verte sur l’instrument, vignette la question ne se pose pas : il est obli-
bien connue des consommateurs. Dans Évolution de l’organisation gatoire. En revanche, si l’entreprise ne
le cas contraire, cela sera la vignette des missions de métrologie rentre pas dans le cadre de cette régle-
rouge et l’interdiction d’utiliser l’ins- légale mentation, l’industriel n’a aucune obli-
trument. Une fois la non-conformité Avec le temps, l’organisation des mis- gation de baser son système sur cette
levée, le cycle de vérifications reprendra sions de la métrologie légale en France a structure. Néanmoins, rien n’empêche
comme si de rien était. C’est là une dif- évolué. Initialement, tous les contrôles un métrologue curieux de s’inspirer de la
férence majeure avec la métrologie étaient réalisés par des fonctionnaires métrologie légale. En effet, derrière des
industrielle où toute non-conformité du service des instruments de mesure. aspects parfois autoritaires et rigides se
entraîne une enquête. Elle a pour objet Puis, après de nombreuses restructura- cachent des bonnes pratiques et des
d’évaluer l’impact éventuel de cet écart tions, l’État, comme les industriels, a retours d’expériences de qualité, peut-
sur la qualité du produit, mais aussi décidé de se recentrer sur ses missions être est-il bon de s’en inspirer ?
elle cherche à déterminer la cause de la premières et a délégué tous les contrôles
L’approche de la métrologie
industrielle, hier
QU’EST-CE QUE L’OBLIGATION DE RACCORDEMENT MÉTROLOGIQUE ?
Contrairement à la métrologie légale dont
le but est de protéger le citoyen, la métro-
C’est une règle primordiale pour les échanges et l’exploitation des résultats de mesure. Comment
pourrait-on se comprendre si on ne possédait pas une langue commune ? Pour les résultats de logie industrielle est là pour garantir la
mesure, c’est la même chose. Comment pourrait-on vendre des quantités, évaluer la conformité spécification du produit. Il faut enten-
d’un résultat si nous n’avions pas le même kilogramme, le même degré Celsius ? dre derrière le mot “produit” aussi bien

Il est impossible de travailler avec les étalons primaires (représentation physique des unités),
on utilise des étalons intermédiaires qui, par une chaîne ininterrompue à un moment donné ont
été étalonnés et réglés sur une référence commune : le S.I. système international des unités.
Une des règles fondamentales en métrologie est donc de démontrer que les résultats de mesure (2) Comité français d’accréditation
sont raccordés au système international SI. Pour démontrer cela, en France, il convient au mini- (3) Direction régionale des entreprises, de la
mum de posséder un certificat portant le logotype Cofrac. concurrence, de la consommation, du travail
et de l’emploi.

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un objet fabriqué qu’une prestation de
service réalisée. La prochaine version de
la norme ISO 9001, en cours de révision,
utilisera probablement l’expression « pro-
duits et services ».
Cette métrologie industrielle est appa-
rue à la fin des années 1980 alors que
l’entreprise entamait un changement
profond dans son organisation : maîtri-
ser la fabrication pour garantir une qua-
lité tout au long de la production et par
là même diminuer le contrôle final. C’est
à ce moment que sont apparues les pre-
mières versions des normes d’organisa-
tion de la qualité telles que l’ISO 9000.
C’est le plus souvent par le biais des
normes ISO 9000 et du chapitre 4.10
« maîtrise des équipements de contrôle
de mesure et d’essai » que l’industriel va
découvrir la métrologie et parfois la vivre
comme une obligation : « pour être cer-
tifié, il me faut de la métrologie ».
La norme de l’époque imposait des points
clés incontournables :
- identifier les mesures nécessitant un
contrôle, définir les caractéristiques de
suivi (tolérance, périodicité) ;
- assurer le raccordement des instru-
ments aux références internationales
par des étalonnages à l’aide d’étalons
eux-mêmes raccordés ;
- posséder des procédures d’étalonnage ;
- identifier, marquer les instruments ;
- posséder les enregistrements des éta-
lonnages ;
- s’assurer que les conditions ambiantes
sont convenables pour les étalonnages ;
- gérer la manipulation et le stockage des
équipements de mesure ;
- protéger contre des déréglages intem-
pestifs des instruments.
Pour les métrologues novices, cette
check-list était un véritable bonheur ! Elle
nous disait comment faire de la métro-
logie, point par point, il n’y avait plus
qu’à la suivre, telle une recette, sans se
poser trop de questions. Naturellement,
ces points étaient repris après dans une
norme spécifique de métrologie, très
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« Les années qui viennent vont rendre
au métrologue toute la noblesse de
son travail. »
connue : la NF X 07 010 (fonction métro-
logie) qui zoomait sur chaque exigence
pour guider encore plus l’utilisateur.
Le principal avantage de cette époque était
la simplicité de mise en œuvre du sys-
tème métrologie, il suffisait d’obéir sans
trop se justifier, « c’est la norme qui le
dit ». Cette approche était au final très voi-
sine de la métrologie légale : une autorité
supérieure qui nous dit ce qui est bon pour
nous. Ce qui peut paraître rassurant au
premier abord est en réalité très contrai-
gnant : comment une norme rédigée
depuis Paris pouvait savoir ce qui était à
faire pour assurer la qualité des produits
d’une PME de Bretagne par exemple ?
Néanmoins, cette phase s’avéra néces-
saire pour inscrire dans le cœur des
entreprises le besoin de métrologie et
donner naissance à un nouveau métier :
le métrologue.
Depuis plus de dix ans, la principale
norme d’assurance qualité a évolué pour
tenir compte des limites de son ancêtre
du XXe siècle, elle se nomme maintenant
ISO 9001 (version 2008, en cours de révi-
sion).
L’approche de la métrologie
suivant l’ISO 9001
du XXIe siècle
Le changement de siècle a été, pour
l’ISO 9001 et pour la métrologie, associé
à une mutation importante.
Pour résumer l’évolution, on peut dire
qu’avant, on expliquait aux industriels
dans le détail comment faire de la qua-
lité et par la même de la métrologie.
Aujourd’hui, la norme leur dit “vous êtes
des grands, vous savez ce que vous devez
faire pour assurer la qualité de vos pro-
duits”. Ce qui était vrai pour l’assurance
qualité en général allait être transposé en
métrologie par : “vous allez devoir mettre
en place un système de management de
la mesure pour assurer la confiance dans
la mesure”. Le métrologue est alors passé
de la position de technicien qui respecte
un ensemble de règles à un manager qui
doit faire vivre un système. De plus, ce
système s’inscrit dans l’entreprise comme
un des nombreux rouages qui assure la
qualité du produit fini.
Suite à cela, certaines entreprises ont
alors considéré la fonction métrologie
comme un processus support à la pro-
duction. C’est un choix pertinent qui
inclut la métrologie dans le fonctionne-
ment de l’entreprise. Le métrologue
“époque NF X 07 010” qui restait à son
bureau à gérer des plannings doit main-
tenant le quitter pour aller à la rencon-
tre de ses clients internes ou externes et
assurer la satisfaction de ces derniers.
Cette approche, séduisante sur le prin-
cipe, laisse pourtant de nombreux métro-
logues dans l’interrogation et parfois
l’inquiétude… Comment faire cela ? Où
est la norme qui me dira comment faire ?
La norme de métrologie bien connue des
métrologues NF X 07 010 (fonction métro-
logie) n’étant effectivement plus dans
l’esprit, elle fut remplacée en 2003 par
l’ISO 10 012 (Système de management
de la mesure, exigences pour les proces-
sus et les équipements de mesure).
Ce référentiel, rédigé dans l’esprit des
normes ISO 9001:2000, va libérer le métro-
logue de l’unique gestion des instru-
ments de mesure pour l’orienter vers le
management des processus de mesure
(tout ce qui réalise une mesure : instru-
ment + sa mise en œuvre).
La norme NF EN ISO 10 012 ne donne pas
de solution “clés en main”, elle précise
que le métrologue est le pilote d’un sys-
tème qui va s’assurer que le processus de
mesure, de sa conception à son utilisation,
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est sous contrôle et qu’on peut lui faire

confiance pour produire.
Ce système est animé par un métrologue,
mais il peut comprendre de nombreuses
autres personnes : par exemple un ingé-
nieur travaux qui installe un instrument,
un opérateur qui l’utilise ou un techni-
cien qui exploite son résultat. De par
leurs actions, ces individus ont une
influence sur la qualité de la mesure, le
métrologue doit donc aller à leur ren-
contre et travailler avec eux.
Naturellement, les opérations tradition-
nelles de métrologie ne sont pas
oubliées : procédures, raccordements ou
encore vérifications périodiques, vérifi-
cations qui se nomment dans l’ISO 10012
des « confirmations métrologiques ». Il
faut noter d’ailleurs que pour la première
fois la norme évoque la notion de
contrôles en continu des processus de
mesure. Il est probable que dans le futur,
cette approche prenne de plus en plus de « Nous, Français, pouvons être fiers ! En effet, notre pays est à l’origine du système métrique et de la
place dans les entreprises comme un métrologie légale. » (ici, reproduction du tableau d’Eugène Delacroix (1830) La liberté guidant le peu-
ple, exposée au Louvre-Lens)
outil de confiance primordial.

Ce référentiel ne vient donc pas détruire
le contenu de la précédente norme, au
contraire, il élargit le champ d’actions du
métrologue. Il rappelle que la confiance
sur la mesure ne dépend pas seulement
de la confiance sur l’instrument. Cette
évolution est salutaire pour notre métier,
car elle replace le métrologue au sein de
la production et elle l’autorise à créer un
système personnalisé et adapté aux exi-
gences de son entreprise. La balle est
maintenant dans le camp des métro-
logues, à eux d’être assez audacieux pour
évoluer et s’approprier l’esprit de cette
nouvelle norme.

La norme NF EN ISO 10012
va-t-elle évoluer, alors qu’elle
vient d’entrer dans sa période
d’examen périodique ?
La réunion de la commission métrolo-
gie de l’Afnor chargée de statuer sur la
position française quant à la nécessité ou
non de voir la norme ISO 10012 évoluer
pour tenir compte du mouvement géné-
ral actuel, marqué par le Lean Manage-
ment, s’est tenue le 15 octobre dernier, à
Paris. L’unanimité des votants de la com-
mission métrologie s’est prononcée pour
« L’unanimité des votants de la commis-
sion métrologie s’est prononcée pour
la révision de la norme. »
la révision de la norme. Il a été convenu
de rédiger un texte de motivation qui
sera adressé à l’ISO d’ici fin d’année.
Suivant les discussions qui ont eu lieu et
les commentaires qui ont été acceptés en
commission, le texte devrait s’articulait
autour des idées développées ci-après.
1. Dans sa version actuelle, et même si
elle accorde une place importante à la
notion de « processus de mesure », la
norme NF EN ISO 10012 reste encore
2. Après de longues années à gérer des
très (trop ?) orientée « équipements de
mesure ». Par exemple, la notion de
« confirmation métrologique » devrait
s’étendre au processus de mesure alors
qu’elle est aujourd’hui exclusivement
développée pour les « équipements de
mesure ». Une nouvelle version pour-
rait donc développer cet aspect en
introduisant des notions telles que la
surveillance des processus de mesure
qui permettent de garantir au quoti-
dien la qualité des mesures, ce qui est
primordial pour l’entreprise, mais pas
assez abordé (voire pas du tout) dans
la version actuelle.
périodicités d’étalonnage « fixes », une
nouvelle version de la norme permettrait

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d’attirer l’attention des métrologues « Attirer l’attention des métrologues sur

sur la nécessité d’adapter les périodi-
cités dans un concept dynamique
s’inspirant par exemple du P.D.C.A(4)
(exploitation des résultats d’étalon-
nage pour réviser les périodicités, dans
un sens ou dans un autre).
3. De façon générale, les métrologues ont
du mal à faire comprendre les enjeux
de la métrologie, notamment à leurs
directions. Il serait donc judicieux de
profiter d’une révision pour consacrer
un chapitre destiné aux directions
d’entreprises.
4. Par ailleurs, une problématique impor-
tante est actuellement absente de la
version de la norme NF EN ISO 10012 :
la déclaration de conformité. La nou-
velle version devra poser les principes
des risques, client et fournisseur,
engendrés par les incertitudes de
mesure. Il sera nécessaire de sensibi-
liser les directions à cette question pri-
mordiale pour le métrologue.
5. La notion de « client » du métrologue
ne semble pas assez développée.
En effet, les interlocuteurs des mé-
trologues sont nombreux (direction,
utilisateurs, clients de l’entreprise,
clients internes, fournisseurs… ) et cha-
cun a des attentes différentes. Le
métrologue doit trouver un consensus
qui permette non seulement de satis-
faire les « parties prenantes », mais
aussi de définir des indicateurs de per-
formance qui permettront de mettre en
valeur son travail.
EN BREF : LES NOUVELLES DÉFINITIONS DE L’ISO 10 012
Processus de mesure : ensemble d'opérations effectuées pour déterminer la valeur d'une
quantité.
Système de management de la mesure : ensemble d'éléments corrélés ou interactifs néces-
saires pour effectuer une confirmation métrologique et un contrôle continu des processus
de mesure.
Confirmation métrologique : ensemble d'opérations nécessaires pour assurer qu'un équipement
de mesure répond aux exigences correspondant à l'utilisation prévue.
la nécessité d’adapter les périodicités
dans un concept dynamique. »
6. Pour finir, les annexes devraient pro-
poser des synoptiques de confirma-
tion d’équipements de mesure (tel que
l’annexe actuelle), mais aussi la confir-
mation d’un processus de mesure. Il
conviendrait également que des
annexes traitent quelques exemples
simples (calcul d’incertitude, surveil-
lance, décision suite à une mesure…)
pour aider le métrologue à démarrer
dans sa mission « reconfigurée ».
Toutes ces évolutions souhaitées par la
commission métrologie de l’Afnor vont
dans le sens de la Lean Métrologie, telle
qu’elle est définie et proposée au fil de
cette série d’articles. La seule pratique
des étalonnages périodiques, alors qu’elle
s’est installée dans les mœurs depuis
plus de vingt ans, ne peut plus, à elle
seule, justifier de la mission de la métro-
logie dans l’entreprise.
Si, pendant des années et sous le poids
de l’habitude et des normes, le focus des
auditeurs, donc des entreprises, s’est
porté essentiellement vers « la docu-
mentation » (certificats d’étalonnage,
constats de vérification, étiquettes de
validité), les années qui viennent vont,
sous ces nouvelles impulsions (perfor-
mance, compétitivité, excellence opéra-
tionnelle) rendre au métrologue toute la
noblesse de son travail. Comme nous ne
cessons pas de le dire, le métrologue est
l’homme des données fiables de l’entre-
prise, pas uniquement celui des instru-
ments conformes.
Il est fréquent de constater, dans de nom-
breuses entreprises, un manque de
connaissances sur le caractère aléatoire
des process, que ce soit des process de
fabrication ou des processus de mesure.
Faire du R&R(5) et/ou du SPC(6) ne suffit pas
à comprendre les phénomènes. Les utili-
sateurs sont souvent prisonniers de ce
que nous appelons « l’indicateurologie »(7).
Un chiffre (R&R, Cp, Cpk) ne traduit pas
toute la réalité, tant s’en faut. Le métro-
logue peut se saisir du projet d’acquérir la
compétence nécessaire pour combler ce
vide. Il en a le temps et le budget, pour peu
qu’il accepte de remettre en question ses
pratiques et qu’il limite « au juste néces-
saire » les opérations administratives coû-
teuses (étalonnages/vérifications et les
coûts logistiques associés…) ●
(4) Plan (pour planifier une action), Do (pour la
réaliser, en l’occurrence réaliser les vérifica-
tions périodiques ce que toutes les entreprises
certifiées font de font quasi automatique
depuis longtemps), Check (surveiller l’effica-
cité des décisions prises, notamment l’évolu-
tion du taux de non conformes suites aux
vérifications), Act (corriger/améliorer le cas
échéant).
(5) Étude de répétabilité et de reproductibilité,
telle que décrit dans le Measurement System
Analysis publié par l’industrie automobile amé-
ricaine
(6) Ou M.SP : maîtrise statistique des process
(7) Nous reviendrons sur ce terme dans un
prochain article pour expliquer/démontrer en
quoi tous ces indicateurs sont souvent des
miroirs aux alouettes.
Dans le prochain article, nous réaliserons un
tour d’horizon des référentiels clés à posséder
dans sa bibliothèque pour construire son sys-
tème de management de la mesure.

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