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Pathologie Biologie 51 (2003) 21–26

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Article original

Résistance aux antibiotiques de Staphylococcus aureus


au Nord du Liban : place de la résistance à la méticilline
et comparaison des méthodes de détection
Antibiotic resistance of Staphylococcus aureus at north Lebanon: place of
the methicillin resistance and comparison of detection methods
M. Hamze a,*, F. Dabboussi b, W. Daher c, D. Izard d
a
Faculté de Santé Publique, Section 3, Université Libanaise, P.O. Box 246, Tripoli, Liban
b
Université El Jinane, Tripoli, Liban
c
Centre d’Immunologie et de Biologie Parasitaire, Institut Pasteur, 1, rue du Professeur Calmette, BP 245, 59019 Lille cedex, France
d
Laboratoire de Bactériologie-Hygiène, Hôpital A. Calmette, bd du Pr. J. Leclercq, 59037 Lille cedex, France

Reçu le 13 novembre 2001 ; accepté le 12 avril 2002

Résumé

Le but de cette étude est d’évaluer la sensibilité de 100 souches de Staphylococcus aureus isolées au laboratoire de microbiologie de
l’Hôpital Islami de Bienfaisance à Tripoli (Liban) vis-à-vis de 19 antibiotiques, et de déterminer la prévalence des souches méticilline-R. 30 %
des souches analysées sont résistantes à la méticilline, 96 % sont résistantes à la pénicilline G. L’acide clavulanique a restauré l’activité de
l’amoxicilline chez 29 %. Le taux moyen de souches résistantes est de 34 % à l’amikacine, 3 % à la gentamicine et à la tobramicine, 10 % au
chloramphenicol, 44,33 % à la tétracycline, 7 % à l’érythromycine, 4,04 % au clindamycine, 20 % au triméthoprime-sulfaméthoxasole et 0 %
au vancomycine et au teicoplanine. En étudiant la résistance des souches méticilline-S et méticilline-R, on constate que les souches
méticilline-R ont un taux de résistance beaucoup plus important aux antibiotiques par rapport aux souches méticilline-S. Nous avons comparé
un Kit prêt à l’emploi pour la détection des protéines liant les pénicillines (PLP) des souches de Staphylococcus aureus (Slidex® SARM)
commercialisé par la société bio-Mérieux (France), avec 2 méthodes de référence : la diffusion sur milieu gélosé et la CMI déterminée par
E-test (AB BIODISK, Suède). Les deux méthodes de référence ont donné des résultats similaires dans la détection des SARM. Le test
d’agglutination était positif pour toutes les 30 souches déterminées résistantes à la méticiline par les méthodes de référence (sensibilité 100 %).
Par contre le test d’agglutination était négatif pour 42 sur 70 souches déterminées méticilline-S par les deux méthodes de référence et il était
positive pour 28 souches méticilline-S (spécificité 60 %).
© 2002 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Abstract

The aim of this study was to evaluate the susceptibility of 100 Staphylococcus aureus strains isolated from the laboratory of Microbiology
of the Islami Hospital of Tripoli (Lebanon) to 19 antibiotics, and to determine the prevalence of methicillin resistant strains. 30% of strains
studied were methicillin resistant, 96% were resistant to the penicillin G. Clavulanic acid restaurated the amoxicillin activity to 29%. The
resistance level was 34% for amikacin, 3% for gentamycin and tobramycin, 10% for chloramphenicol, 44.33% for tetracyclin, 7% for
erythromycin, 4.04% for clindamycin, 20% for trimethoprim-sulfametoxasol and 0% for vancomycin and teicoplanin. The methicillin-
resistant Staphylococcus aureus possess more important resistant level in comparison with the methicillin sensitive strains. We compared the

* Auteur correspondant.
Adresse e-mail : mhamze@inco.com.lb (M. Hamze).

© 2002 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.


PII: S 0 3 6 9 - 8 1 1 4 ( 0 2 ) 0 0 3 1 5 - 2
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ability of latex agglutination test (Slidex® SARM, bioMérieux, France) to detect the production of penicillin-binding protein 2' (PBP 2') in 100
clinical isolates of S. aureus with two reference methods: the oxacillin disk diffusion test and the MIC determination by the E-test (AB
BIODISK, Sweden). The two reference methods give the same results for the detection of methicillin resistant S. aureus. The Slidex test was
positive for all 30 isolates determined to be methicillin resistant by the reference methods (sensitivity 100%). The latex test was negative for
42 of 70 isolates determined to be methicillin susceptible by the reference methods, and the latex test was positive for 28 isolates determined
to be susceptible (specificity 60%).
© 2002 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. All rights reserved.

Mots clés : Liban nord ; Résistance à la méticilline ; S. aureus ; Test d’agglutination

Keywords: Agglutination test; Methicillin resistance; S. aureus; North Lebanon

1. Introduction ratory Standards pour le dépistage de la résistance à la méti-


cilline de S. aureus, dont la diffusion de l’oxacilline en
L’émergence des Staphylococcus aureus résistants à la milieu gélosé, la microdilution en milieu liquide et le E-test
méticilline (SARM) a été constatée au début des années [11]. Les résultats de ces méthodes ne sont connus qu’après
soixante, d’abord en Europe, et a été suivie par une rapide 24 heures d’incubation. Alternativement des méthodes rapi-
dissémination à travers le monde [1]. Au début des années des immunologiques sont actuellement disponibles. La so-
quatre-vingt, la proportion des souches de SARM sur l’en- ciété bio-Mérieux (France) a commercialisé un test d’agglu-
semble des souches de S. aureus était inférieure à 3 %. Dix tination rapide pour la détection des SARM (Slidex – MRSA
ans plus tard, les souches de SARM posaient un problème detection – Bio-Mérieux, France).
considérable dans un bon nombre de centres hospitaliers aux Ce travail a pour but d’étudier la résistance à 19 antibioti-
états-Unis et en Europe, où la proportion des souches de ques chez 100 souches de S. aureus isolées à partir des
SARM atteignait 40 % [2,3]. Les infections causées par ces différents prélèvements pathologiques dans le secteur de
souches posent actuellement un grand problème de santé microbiologie du laboratoire de l’Hôpital Islami de Bienfai-
publique et sont responsables des infections nosocomiales et sance à Tripoli, de déterminer la prévalence des souches
communautaires difficilement traitables [2,4,5]. SARM et enfin de comparer trois méthodes de détection de la
La résistance à la méticilline est attribuable à la modifica- résistance à la méticilline, soit la diffusion en milieu gélosé
tion d’une des protéines liant la pénicilline (PLP) au niveau du disque d’oxacilline, le détermination de la Concentration-
de la paroi bactérienne. Le gène mecA responsable de cette Minimale Inhibitrice (CMI) pour l’oxacilline par la méthode
modification est situé dans le chromosome bactérien et code de E-test et le test d’agglutination des particules de latex
pour la synthèse d’une PLP 2 différente, appelée PLP 2a ou (Slidex-MRSA detection).
PLP 2', qui a une affinité réduite pour toutes les bêtalactami-
nes [6]. Le gène mecA est essentiel pour l’expression de la
2. Matériels et méthodes
résistance de haut niveau à la méticilline. Il ne se retrouve
donc pas dans le S. aureus sensible à la méticilline ou S. Cette étude a été réalisée au laboratoire de Microbiologie
aureus présentant une résistance limite ou de bas niveau à la de l’hôpital Islami de bienfaisance de Tripoli : il s’agit du
méticilline [7]. Cette résistance à la méticilline entraîne éga- centre hospitalier le plus important au nord du Liban situé
lement une résistance à toutes les autres pénicillines, aux dans la deuxieme ville du pays (Tripoli à 80 km au nord de
pénicillines additionnées d’un inhibiteur des bêtalactamases Beyrouth). Il existe dans ce centre 189 lits. La plupart des
(acide clavulanique) et aux céphalosporines. De plus, on a spécialités sont exercées à l’exception des opérations à coeur
observé une résistance fréquente à plusieurs autres antibioti- ouvert et des transplantations. Il n’existe pas de protocole
ques (multirésistance), comme l’érythromycine, les tétracy- bien déterminé pour l’utilisation des antibiotiques. Au total
clines, la clindamycine, les aminoglycosides, le chloramphé- 100 souches de collection du S. aureus isolées entre 17
nicol, la rifampicine et les sulfamidés, résistance limitant janvier 2000 et 9 juillet 2001 dans le secteur de microbiologie
souvent l’arsenal thérapeutique à un seul antibiotique pour à partir des différents prélèvements pathologiques ont fait
cibler le SARM, soit la vancomycine [8,9]. Mais malheureu- l’objet de cette étude. Les espèces de S. aureus ont été
sement, la résistance à la vancomycine est devenue une identifiées sur les critères suivants : cocci à Gram positif,
nouvelle source de problèmes potentiels. Le premier cas aérobie-anaérobie facultatifs donnant des colonies jaunes sur
d’infection causée par le SARM avec une sensibilité intermé- gélose de Chapman et produisant une catalase et une coagu-
diaire à la vancomycine était rapporté au Japon [10]. lase libre.
Il est crucial de déterminer rapidement au laboratoire la La sensibilité à 19 antibiotiques, pénicilline-G (P), amoxi-
résistance à la méticilline, ceci est important pour le traite- cilline + acide clavulanique (AMC), oxacilline (OX), kana-
ment et les mesures de contrôle [4]. Plusieurs méthodes sont mycine (K), tobramycine (TM), gentamicine (GM), amika-
recommandées par le National Committee for Clinical Labo- cine (AN), chloramphénicol (C), tétracycline (Te),
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minocycline (MNO), erythromycine (E), lincomycine (L), Tableau 1


clindamycine (CM), virginiamycine (VG), trimétho- Répartition des souches de S. aureus en fonction du type de prélèvement
prime + sulfaméthoxasole (SXT), pefloxacine (PEF), acide Prélèvement Pourcentage
fusidique (FA), vancomycine (VA) et teicoplanine (TEC) a Pus 62 %
été déterminée par la méthode conventionnelle de diffusion Oreille 11 %
Urine 8%
sur gélose de Mueller Hinton. Le diamètre de la zone d’inhi-
Gorge 7%
bition autour de chaque disque est mesuré avec un pied à
Hémoculture 5%
coulisse du système Toucan (Sanofi-Diagnostics Pasteur, Nasal 4%
France). Les résultats ont été interprétés selon les recomman- Drain 1%
dations du Comité d’Antibiogramme de la Société Française Crachat 1%
de Microbiologie [12]. La détermination de la CMI de la Oeil 1%
vancomycine et de la teicoplanine pour toutes les souches de
S. aureus a été réalisé par E-test (AB BIODISK, Sweden). La
détection de la résistance à l’oxacilline a été déterminée par
trois méthodes :
• la mesure du diamètre de la zone d’inhibition testée sur
une gélose de Muller Hinton contenant 5 % chlorure de Tableau 2
Pourcentage de résistance des souches aux antibiotiques testés
sodium ;
• la détermination de la concentration minimale inhibi- Antibiotiques SASM* SARM** Total
(n = 70) % (n = 30) % (n = 100) %
trice (CMI) en utilisant la méthode de E-test ;
Pénicilline G 94,29 100 96
• le test d’agglutination (Slidex® MRSA détection) : il Amoxicilline-Ac. 58,57 100 71
s’agit d’un test d’agglutination sur lame commercialisé Clavulanique
par la société bio-Mérieux, France. Les particules de Oxacilline 0 100 30
latex sensibilisées par un anticorps monoclonal dirigé Kanamycine 10 90 34
contre les protéines liant les pénicillines (PLP 2a) vont Amikacine 10 90 34
réagir spécifiquement avec les S. aureus méticilline-R et Gentamicine 1,43 6,67 3
une agglutination visible à l’œil nu est observée. Pour Tobramicine 1,43 6,67 3
réaliser ce test, nous avons suivi le protocole proposé par Chloramphénicol 11,43 6,67 10
Tétracycline 25,38 86,67 44,33
le fabriquant.
Minocycline 7,46 10,34 8,33
Erythromycine 5,71 10 7
3. Résultats Lincomycine 1,43 10,34 4,04
Clindamycine 1,43 10,34 4,04
Virginiamycine 0 0 0
Le Tableau 1 exprime la répartition des souches étudiées à
Triméthoprime- 18,57 23,33 20
partir des différents types de prélèvements. Les pourcentages Sulfamétoxasole
de résistance aux 19 antibiotiques testés sont rapportés dans Pefloxacine 4,29 16,67 2
le Tableau 2. Trente sur 100 souches de S. aureus ont été Acide Fusidique 17,14 80 36
résistantes à l’oxacilline (SAMR = 30 %). Les valeurs de Vancomycine 0 0 0
CMI pour l’oxacilline, la vancomycine et la teicoplanine Teicoplanine 0 0 0
déterminées par la méthode de E-test sont présentées dans le * SASM, Staphylococcus aureus méticilline sensible.
Tableau 3. Le Tableau 4 montre les differents phénotypes de ** SARM, Staphylococcus aureus méticilline résistant.
résistance aux aminosides et aux fluoroquinolones. Les ré-
sultats comparatifs de la résistance à l’oxacilline déterminée
par trois méthodes différentes (la mesure du diamètre de la
zone d’inhibition, la détermination de la concentration mini-
Tableau 3
male inhibitrice en utilisant la méthode de E-test et le test Les CMI pour l’oxacilline, la vancomycine et la teicoplanine des souches de
d’agglutination) sont exprimés dans le Tableau 5. S. aureus étudiées
CMI (mg/L) Oxacilline Vancomycine Teicoplanine
CMI < 0.5 22* 1 7
4. Discussion
0.5 ≤ CMI < 1 27 19 36
1 ≤ CMI < 2 18 76 52
Cent souches de S. aureus isolées de différents prélève- CMI = 2 3 4 5
ments pathologiques ont été testées vis-à-vis de 19 antibioti- 2 < CMI < 8 10 0 0
ques afin de déterminer la prévalence de souches résistantes à 8 ≤ CMI < 64 12 0 0
la méticilline (SARM). Le Tableau 1 montre que sur les 100 64 ≤ CMI < 256 4 0 0
souches de S. aureus, 62 % ont été isolées de prélèvements CMI ≥ 256 4 0 0
purulents. En effet, les atteintes cutanées (plaies traumati- * % des souches.
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Tableau 4 commercialisé par la société bio-Mérieux, France, avec 2


Les phénotypes de résistance des souches de S. aureus aux aminosides et méthodes de référence : la diffusion sur milieu gélosé et la
aux fluoroquinolones
CMI déterminée par le E-test. Le Tableau 5 montre que les
SASM (n = 70) % SARM (n= 30) % deux méthodes de référence ont donné des résultats similai-
Phénotype K 10 90
res dans la détection des SARM, par contre le kit Slidex®
Phénotype KT 1,43 6,66
SARM a montré des différences importantes dans le cas des
Phénotype KTG 1,43 6,66
Phénotype K + FQ 0 6,66
souches méticilline-S où sur les 70 souches, 42 souches
Phénotype KT + FQ 0 3,33 seulement sont détectées comme souches méticilline-S alors
Phénotype KTG + FQ 0 3,33 que 28 souches restantes qui sont méticilline-S par les deux
méthodes de référence ont donné une réaction positive carac-
Tableau 5 téristique pour les souches méticilline-R. Par contre les
Comparaison de la détection de la résistance à la méticilline par trois méticilline-R ont donné de bons résultats avec ce Kit avec
méthodes différentes lequel les 30 souches ont montré une agglutination correcte
Slidex® SARM avec les particules de latex sensibilisés avec l’anticorps spé-
SASM SARM cifique. On peut en déduire que la sensibilité du test était
Résistance à l’oxacilline* 100 %, par contre la spécificité était de l’ordre de 60 %. Ce
SASM (n = 70) 60 % 40 % manque de spécificité est en désaccord avec les autres études
SARM (n = 30) 0% 100 % qui évaluent l’intérêt de la détection des souches SARM.
* La résistance à l’oxacilline a été détermine par E-test et par diffusion du Ceci peut être la cause du faible effectif de souches étudiées
disque d’oxacilline sur milieu gelosé.
par rapport aux autres études dans la littérature [20–23].
ques ou chirurgicales, brûlures, ulcères) sont des facteurs
favorisants de ces infections, de même que les facteurs d’at- 4.2. Sensibilité/résistance avec les autres antibiotiques
teinte générale comme le diabète, les thérapeutiques immu-
nodépressives ou les traitements par les corticoϊdes [13]. Le Tableau 2, montre que 30 % des souches analysées sont
résistantes à la méticilline, 96 % sont résistantes à la pénicil-
4.1. Résistance à la méticilline line G, l’acide clavulanique a restauré l’activité de l’amoxi-
cilline chez 29 %. L’activité des aminosides est remarquable
Notre étude montre que la prévalence des SARM est de avec une sensibilité de l’ordre de 97 % pour la gentamicine et
30 %. La première détection des souches SARM a été réali- la tobramycine, alors que cette activité a baissé considérable-
sée en Angleterre en 1961 par Jevans [1]. Par la suite, plu- ment dans le cas de la kanamycine et l’amikacine. En ce qui
sieurs centres médicaux en Europe et aux USA, ont rapporté concerne les fluoroquinolones, on constate que les souches
une augmentation dans la prévalence des S. aureus dans les analysées montrent une bonne sensibilité vis-à-vis ce groupe
infections nosocomiales avec une sérieuse morbidité et mor- d’antibiotiques (92 % de souches sont sensibles). Le groupe
talité et une augmentation dans les coûts du traitement [14]. des macrolides-lincosamidessynergistines (MLS) possède
Par exemple la proportion des isolats humains de S. aureus une bonne activité avec un taux de résistance de 0 % pour la
résistants à la méticilline rapporté par le système américain virginiamycine, 4,04 % pour les lincosamides et 7 % pour
de surveillance des infections nosocomiales (NNIS) est pas- l’erythromycine. En ce qui concerne les cyclines, on constate
sée de 2 % en 1975 à 35 % en 1994 [15]. Une situation que les souches ont un niveau de résistance importante vis-à-
comparable est observée au Liban puisque la prévalence des vis des tétracyclines où 44,33 % des souches sont résistantes,
souches SARM était 3 % en 1971 pour atteindre 22 % et plus au contraire, la minocycline conserve une meilleure activité
aux cours des années 90 [16,17]. Dans les hôpitaux français où seulement 8,33 % des souches sont résistantes. 10 % des
la fréquence de la résistance à la méticilline dans l’espèce est souches sont résistants au chloramphénicol, et 20 % à l’asso-
de 35 % en 1996 [18,19]. ciation triméthoprime-sulfaméthoxazole. L’acide fusidique
Pour la mise en évidence d’une résistance à la méticilline montre une activité moyenne sur les souches avec une résis-
plusieurs méthodes et techniques sont actuellement disponi- tance globale de l’ordre de 36 %, les souches méticilline-R
bles. Selon le National Committee for Clinical Laboratory montrent un nivau de résistance alarmante à l’acide fusidique
Standards, la méthode de diffusion sur milieu gélosé avec où 80 % des souches sont résistantes. Ces chiffres sont très
l’oxacilline comme disque test et la détermination de la CMI proches à ceux observés par Chaar et al. à l’hôpital Makassed
de l’oxacilline (E-test) sont recommandés [11]. Comparati- à Beyrouth-Liban ; les auteurs ont rapportés que 85 % des
vement à d’autres méthodes, ces deux techniques et dans souches méticilline-R sont résistantes à l’acide fusidique
plusieurs études, ont montré une meilleure corrélation avec la [24]. Belabbes et al. à Casablanca [25], en étudiant la sensi-
présence du gène mecA responsable de la résistance à lamé- bilité des souches hôspitalières de S. aureus, ont constatés
ticilline. Il existe actuellement des méthodes récentes basées que 23,3 % des isolats sont résistants à l’acide fusidique.
sur la détection spécifique des PLP 2a produites chez SARM, Cette haute résistance des souches libanaises à l’acide fusi-
grâce à des anticorps monoclonaux [20]. Dans ce travail nous dique est dû à plusieurs facteurs dont essentiellement la
avons comparé un Kit prêt à l’emploi de Slidex® SARM délivrance des antibiotiques sans ordonance médicale et
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l’abus dans leurs utilisation. Aucune souche n’a montré une [3] Voss A, Milatovic D, Wallrauch-Schwarz C, Rosdahl VT, Baveny I.
résistance pour les glycopeptides (vancomycine, teicopla- Methicillin-resistant Staphylococcus aureus in Europe. Eur J Micro-
biol Infect Dis 1994;13:50–5.
nine). En étudiant la résistance des souches méticilline-S et
[4] Brumfitt W, Hamilton-Miller J. Methicillin-resistant Staphylococcus
méticilline-R, on constate que les SARM ont un taux de aureus. N Engl J M 1989;320:1188–96.
résistance beaucoup plus important aux antibiotiques par [5] Dominguez MA, De Lencastre H, Linares J, Tomasez A. Spread and
rapport aux souches SASM. En plus, le Tableau 4 révèle la maintenance of a dominant methicillin-resistant Staphylococcus
multirésistance qui existe chez les souches SARM, car 90 % aureus (MRSA) clone during an outbreak of MRSA disease in a
Spanish hospital. J Clin Microbiol 1994;32:2081–7.
de ces souches ont une résistance à la kanamycine et 6,67 %
[6] Chambers HF. Methicillin resistance in Staphylococci, molecular and
ont une résistance à la tobramycine et à la gentamicine. En Chemical basis and clinical implications. Clin Microbiol Rev 1997;
effet, les S. aureus qui sont résistantes aux pénicillines du 10:781–91.
groupe M, sont connues par leur abilité à résister à plusieurs [7] Jorgensen JH. Mechanisms of methicillin resistance in Staphylococ-
autres groupes d’antibiotiques et tout particulièrement aux cus aureus and methods for laboratory detection. Infect Control Hosp
aminoglycosides, aux cyclines, à l’acide fusidique, aux fluo- Epidemiol 1991;12:14–9.
[8] Hackbanth CJ, Chambers HF. Methicillin resistant Staphylococci
roquinolones, et récemment aux glycopeptides [26,27]. En
detection methods and treatment of infections. Antimicrob Agents
effet, lorsqu’on traite une souche de S. aureus résistante à la Chemother 1989;33:995–9.
pénicilline G, aux Pénicillines du groupe M, le traitement de [9] Martin C, Perrin G, Denis JP. Choix d’une antibiothérapie pour le
référence pour une infection sévère (endocardite–septicé- traitement d’une infection à Staphylocoque. Antibiothérapie en réani-
mie) est la vancomycine ou la teicoplanine [28–30]. L’émer- mation et chirurgie. Paris: Arnette; 1992. p. 367–77.
gence des souches de S. aureus à sensibilité diminuée à la [10] Hiramatsu K, Hanaki H, Ino T, Yabuta K, Oguri T, Tenover FC.
Methicillin-resistant Staphylococcus aureus clinical strain with
vancomycine constitue un grand problème actuellement, tout
reduced vancomycin susceptibility. J Antimicrob Chemother 1997;
particulièrement après le premier rapport Japonais qui décrit 40:135–6.
l’isolement d’une S. aureus résistante à la vancomycine [11] Novak SM, Hindler J, Bruckner DA. Reliability of two novel methods,
(SARV) [31,32]. A signaler que dans notre étude, parmi les Alamar and E-test for detection of methicillin-resistant Staphylococ-
100 souches de S. aureus etudiées, aucune n’a montré une cus aureus. J Clin Microbiol 1993;31:3056–7.
résistance aux glycopeptides (CMI ≤ 2 mg/l) (Tableau 3). On [12] Comité de l’Antibiogramme de la Société Française de Microbiolo-
gie. Pathol Biol 1995;43:I–VIII.
peut en conclure que pour le moment nons n’avons pas des
[13] Musher DM, Lamm N, Darouiche RO, Young EJ, Hammil RJ,
souches de S. aureus avec une résistance ou une sensibilité Landon GC. The current spectrum of Staphylococcus aureus infec-
diminuée vis-à-vis des glycopeptides. tion in a thertiary care hospital. Medecine 1994;73:186–208.
[14] Barrett FF, MC Gehee Jr RF, Finland M. Methicillin resistant Staphy-
lococcus aureus at Boston city hospital. Bacteriologic and epidemio-
logic observations. N Engl J M 1968;379:441–8.
5. Conclusion
[15] Panlilo AL, Culver DH, Gaynes RP, Banerjee S, Henerson TS, Tol-
son JS, Martone WJ. Methicillin-resistant Staphylococcus aureus in
Cette étude a montré que le problème de S. aureus Méti-R U.S. hospitals, 1975–1991. Infect Control Hosp Epidemiol 1992;13:
constitue un vrai problème dans notre pays. La prévalence 582–6.
constatée est de l’ordre de 30 %. À cela s’ajoute le problème [16] Araj GF, Zaatari GS. Antimicrobial susceptibility patterns of bacterial
de multi-résistance où un nombre important de nos souches isolates at the American University of Beirut, Medical Center. Printed
by Bristol-Myers Squibb; 1996–1997.
ont présenté une résistance vis-à-vis des aminosides, des
[17] Taidi B, Matossian RM, Uwaydah MM. Bacteriophage types and
macrolides, des cyclines de 1re génération et des fluoroqui- antibiotic sensitivity patterns of S. aureus in Lebanon. Leb Med J
nolones. En ce qui concerne les glycopeptides, l’étude mon- 1971;24:1–14.
tre une excellente activité de ce groupe d’antibiotiques (van- [18] Brun-Buisson C, Doyn F, Carlet J. Bacteremia and severe sepsis in
comycine et teicoplanine) vis-à-vis des souches étudiées. On adults: a multicenter prospective survey in ICUs and wards of 24
peut conclure que nous n’avons pas, jusqu’à maintenant, hospitals. French Bacteremia-Sepsis Study Group. Am J Respir Crit
Care M 1996;154:617–24.
aucune résistance ou une sensibilité diminuée de nos souches [19] Regnier B. Contrôle des épidémies de Staphylococcus aureus résis-
vis-à-vis des glycopeptides car la plus grande valeur de CMI tant à la Methicilline : analyse critique des stratégies préconisées. Med
observée était égale à 2 mg/l. À signaler que les résultats Mal Infect 1997;27:172–80.
obtenus par le E-test et la diffusion de l’oxacilline sur milieu [20] Nakatomi Y, Sujiyama J. A rapid latex agglutination assay for the
gélosé était satisfaisante et aucune différence n’est constatée detection of penicillin-binding protein. Z Microbiol Immunol 1998;
11:739–43.
entre les deux méthodes. Par contre la méthode d’agglutina-
[21] Jafri AK, Reisner BS, Woods GL. Evaluation of a latex agglutination
tion Slidex® SARM a manqué de spécificité dans notre étude. assay for rapid detection of oxacillin resistant Staphylococcus aureus.
Diagn Microbiol Infect Dis 2000;36:57–9.
[22] Louie L, Matsumura SO, Choi E, Louie M, Simor AE. Evaluation of
Références three rapid methods for detection of methicillin resistance in Staphy-
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