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Synthèse bibliographique

2. Généralités sur l’adsorption


2.1. Définition de l’adsorption
L’adsorption est un processus de transfert de matière d'une phase liquide (ou gazeuse)
appelée adsorbat vers une phase solide appelée adsorbant d'une manière plus ou moins
réversible. Cela peut se traduire par une modification des propriétés de l’interface, c’est-à-dire
une variation de la concentration de l’adsorbat. Le processus d’adsorption se poursuit jusqu’à
l’obtention d’un équilibre auquel correspond une concentration d’équilibre du soluté. La
quantité du soluté adsorbée est liée donc à sa concentration résiduelle. L’adsorption est donc
un phénomène d’interface pouvant se manifester entre un solide et un fluide (gaz ou liquide)
(Cookson, 1978).

2.2. Types d’adsorption


L’adsorption est un phénomène d’interface (phénomène physique de fixation des
molécules adsorbat sur la surface d’un solide adsorbant), pouvant se manifester entre un
solide et un gaz, ou entre un solide et un liquide.

La nature des liaisons formées ainsi que la quantité d'énergie dégagée lors de la
rétention d'une molécule à la surface d'un solide permettent de distinguer deux types
d'adsorption : adsorption physique et adsorption chimique (Rachidi, 1994 ; El-Azzouzi, 1999
; Mechrafi, 2002).

2.2.1. Adsorption physique (physisorption)


La physisorption est une adsorption de type physique, où la fixation des molécules d’adsorbat
sur la surface d’adsorbant se fait essentiellement par les forces de Van der Waals et les forces
dues aux interactions électrostatiques. L’adsorption physique se produit sans modification de
la structure moléculaire et elle est parfaitement réversible (Chitour, 2004).

2.2.2. Adsorption chimique (chimisorption)


La chimisorption est une adsorption de type chimique, qui résulte des forces de liaison de
nature chimique, nettement supérieures aux forces de Van der Waals avec mise en commun
ou transfert d’électrons ; Il y a donc des ruptures et des créations de liaisons chimiques en
surface entre le réactif et les sites actifs de l’adsorbant. Le processus est beaucoup moins
réversible et même parfois irréversible. Le tableau XXX regroupe quelques critères de
distinction entre l’adsorption physique et l’adsorption chimique (Chitour, 2004).

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Tableau xxx. Distinction entre l’adsorption physique et l’adsorption chimique (Chitour,


2004).

Propriétés Adsorption physique Adsorption chimique


Température du processus Relativement basse Plus élevé
Chaleur d’adsorption 5 Kcal/mol environ 10 Kcal/mol enviren
Liaison Physique Van der Waals chimique
Cinétique Rapide, réversible Lente, irréversible
Spécificité Processus non spécifique Processus très spécifique
désorption Facile difficile
Couches formées Mono ou multicouches Uniquement monocouche

Description du mécanisme d’adsorption


À chaque fois qu’un gaz ou un liquide est en contact avec un solide ; celui-ci est retenu
par les atomes superficiels du solide et se concentre à sa surface. Ce processus se déroule en
trois étapes :
 Diffusion externe : elle correspond au transfert du soluté (molécule de la phase liquide) du
sein de la solution à la surface externe des particules. Le transfert de la matière externe
dépend des conditions hydrodynamiques de l’écoulement d’un fluide dans un lit d’adsorbant.
 Diffusion interne : les particules de fluide pénètrent dans les pores. Elle dépend du gradient
de concentration du soluté.
 Diffusion de surface : elle correspond à la fixation des molécules à la surface des pores. Le
mécanisme du transport d’un adsorbat au sein d’un grain du solide est donné par la figure xxx.

Figure xxx: Mécanisme du transport d’un adsorbat au sein d’un grain solide. 1-
diffusion externe ; 2- diffusion interne (dans les pores) ; 3- migration en surface.

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2.3. Facteurs influençant l’adsorption


L’équilibre d’adsorption entre un adsorbant et un adsorbat dépend de nombreux facteurs
principaux qui sont :

2.3.1. Nature de l’adsorbant, surface spécifique, porosité


« Tout solide peut être considéré comme adsorbant potentiel». Un bon exemple de ceci
est la difficulté de doser des polluants à l’état de traces à cause de l’adsorption dont ils sont
l’objet de la part du flacon qui les contient (Abdelbaki, 2010).

L’adsorption est proportionnelle à la surface spécifique. La cinétique d’adsorption


dépend de la dimension de la surface externe des particules, elle est fondamentale pour
l’utilisation d’un charbon actif. Cette surface spécifique externe ne représente pourtant qu’une
portion minime de la surface totale disponible à l’adsorption, cette dernière peut être
augmentée généralement par traitement ou par broyage de la masse solide qui augmente sa
porosité totale (Moussa, 2015).

La porosité est liée à la répartition de la taille des pores. Elle reflète la structure interne
des adsorbants microporeux (Ubago-Pérez et al., 2006).

2.3.2. pH et pHPZC
L’effet du pH peut être décrit sur la base du point zéro de charge pHPZC correspondant à
la charge nette d’adsorbant est nul (Deo Mall, 2005).

Selon Al-Degs et al., (1999), le pHPZC est un indice de la capacité de surface (soit chargé
positivement ou négativement), contrôlée par le pH de la solution environnante. Lorsqu’une
solution de pH < pHPZC, l’adsorbant (charbon actif) va réagir comme une surface positive et
comme une surface négative lorsque la solution pH > pHPZC (Abdelbaki, 2010).

2.3.3. Température
L’adsorption est un processus exothermique et par conséquent son déroulement doit être
favorisé par un abaissement de température (Ramesh et al., 2005).

2.3.4. Concentration de l’adsorbat et la polarité


L’adsorption d’une substance croit avec l’augmentation de sa concentration dans la
solution. Toute fois, cet accroissement n’est pas proportionnel car il se produit lentement.
Pour qu’il ait une bonne adsorption il faut qu’il ait une affinité entre le solide et le soluté. En
règle générale, les solides polaires adsorbent préférentiellement d’autres corps polaires. Par
contre les solides non polaires adsorbent préférentiellement des substances non polaires
(Gregg et Sing, 1982).

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Si les dimensions des pores de l’adsorbant sont inférieures aux diamètres des molécules
de l’adsorbât, l’adsorption de ce composé ne se fait pas même si la surface de l’adsorbant a
une grande affinité pour ce composé (Gregg et Sing, 1982).

2.4. Application de l’adsorption


Les nombreuses applications techniques de l'adsorption résultent de trois
caractéristiques qui la différencient des autres procédés de séparation, à savoir :
 La rétention de très petites particules, comme par exemple les colloïdes;
 La rétention des composants à très faible concentration, par exemples des impuretés ou
des molécules et ions métalliques qui confèrent au produit couleurs, odeurs, ou saveurs
désagréables, voire une toxicité;
 La sélectivité de l'adsorbant par apport à certains constituants du mélange.

Parmi les applications, on cite (Koller, 2005) :


 Le séchage, purification et désodorisation des gaz;
 Le raffinage des produits pétroliers;
 La catalyse de contact;
 La déshumidification et la désodorisation de l’air ;
 La récupération des solvants volatils et de l'alcool dans le processus de fermentation ;
 La décoloration des liquides ;
 La chromatographie gazeuse ;
 Les traitements des eaux et des milieux aqueux ;
 L’adoucissement des eaux par l’élimination des Ca2+ et Mg2+.

2.5. Isothermes d’adsorption


2.5.1. Capacité d’adsorption
La capacité d'adsorption d'un adsorbant est définie comme étant la quantité de substrat
(masse ou volume) adsorbée par unité de poids d'adsorbant pour une température donnée. Elle
nécessite la prise en compte de nombreux paramètres aussi bien pour l'adsorbat (taille des
molécules, solubilité dans l'eau, etc.) que pour l'adsorbant (surface spécifique, structure et
type de particules, le constituant…etc) (Monarrez, 2004). 

Elle peut être généralement exprimée par la relation suivante (Monarrez, 2004) :

Q = (C0-Ct).V/m

Sachant que :

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Q : Capacité d'adsorption du support (mg.g-1).


Co : Concentration initiale du substrat (mg.L-1) à t = 0.
Ct : Concentration du substrat (mg.L-1) à l’ instant t du processus d'adsorption.
V : Volume de la solution (litre).
m : Masse du support (g).

2.5.2. Concept d’isotherme d'adsorption


Les isothermes d'adsorption sont des courbes expérimentales qui représentent les
variations (masse ou volume) du substrat adsorbé (gaz ou liquide) par poids d'adsorbant en
fonction de la concentration (en phase liquide) ou de la pression (en phase gazeuse). Elles
sont exprimées généralement sous formes d'équations mathématiques, non cinétiques,
lesquelles sont obtenues à partir d'expériences réalisées en réacteur statique (Slejko et
Dekker, 1985). Elles permettent essentiellement :
 De déterminer le taux de recouvrement de la surface d'un support par un substrat.
 D’identifier le type d'adsorption pouvant se produire.
 De choisir l'adsorbant qui conviendrait le mieux à la rétention de l'adsorbat.
Cependant, les isothermes d'adsorption n'expliquent pas les mécanismes d'adsorption.
Ils conduisent seulement a une comparaison de différents systèmes entre eux (Slejko et
Dekker, 1985).

2.5.3. Classification des isothermes


Tous les systèmes adsorbant-adsorbât ne se comportent pas de la même manière.
Expérimentalement, on distingue quatre classes principales nommées :
S (Sigmoïde), L (Langmuir), H (Haute affinité) et C (partition Constante) (Desjardins, 1990).
La figure (1) présente cette classification.

2.5.3.1. Classe L
Les isothermes de classe L présentent, aux faibles concentrations de la solution, une
concavité tournée vers le bas qui traduit une diminution des sites libres au fur et à mesure de
la progression de l'adsorption. Ce phénomène se produit lorsque les forces d'attraction entre
les molécules adsorbées sont faibles. Elle est souvent observée quand les molécules sont
adsorbées à plat, ce qui minimise leur attraction latérale. Elle peut également apparaître quand
les molécules sont adsorbées verticalement et lorsque la compétition d'adsorption entre le
solvant et le soluté est faible. Dans ce cas, l'adsorption des molécules isolées est assez forte
pour rendre négligeable les interactions latérales (Desjardins, 1990).

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2.5.3.2. Classe S
Les isothermes de cette classe présentent, à faible concentration, une concavité tournée
vers le haut. Les molécules adsorbées favorisent l'adsorption ultérieure d'autres molécules
(adsorption coopérative), ceci est dû aux molécules qui s'attirent par des forces de Van Der
Waals, et se regroupent en îlots dans lesquels elles se tassent les unes contres les autres. Ce
comportement est favorisé d'une part, quand les molécules de soluté sont adsorbées
verticalement comme c'est le cas des molécules possédant un seul groupe fonctionnel et
d'autre part, quand les molécules se trouvent en compétition d'adsorption forte avec le solvant
(Desjardins, 1990).

2.5.3.3. Classe H
La partie initiale de l'isotherme est presque verticale, la quantité adsorbée apparaît
importante à concentration quasiment nulle du soluté dans la solution. Ce phénomène se
produit lorsque les interactions entre les molécules adsorbées et la surface du solide sont très
fortes. L'isotherme de classe H est aussi observée lors de l'adsorption de micelles ou de
polymères formées à partir des molécules de soluté (Desjardins, 1990).

2.5.3.4. Classe C
Les isothermes de cette classe se caractérisent par une partition constante entre la
solution et le substrat jusqu'à un palier. La linéarité montre que le nombre de sites libres reste
constant au cours de l'adsorption. Ceci signifie que les sites sont crées au cours de
l'adsorption. Ce qui implique que les isothermes de cette classe sont obtenues quand les
molécules de soluté sont capables de modifier la texture du substrat en ouvrant des pores qui
n'avaient pas été ouverts préalablement par le solvant (Desjardins, 1990).

Figure 1 : Isothermes d’adsorption en phase liquide (Desjardins, 1990).

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2.5.4. Modèles d’isotherme d’adsorption


2.5.4.1. Isotherme de Langmuir
C'est le modèle le plus utilisé pour commenter les résultats trouvés au cours de
l’adsorption des composés organiques en solution aqueuse (Yu et al., 2000). L’isotherme de
Langmuir est appliquée pour l’adsorption sur des surfaces complètement homogènes (Weber,
1991). Elle repose sur les hypothèses suivantes :
 La réaction est réversible (c’est-à-dire qu'il y a un équilibre entre l'adsorption et la
désorption) ;
 Il existe plusieurs sites d’adsorption à la surface du support ;
 L’énergie d’adsorption de tous les sites est identique et indépendante de la présence de
molécules adsorbées sur les sites voisins (surface homogène) ;
 Chacun de ces sites peut adsorber une seule molécule et par conséquent, une seule
couche de molécule peut être adsorbée (l’adsorption est monocouche) ;
 Chacun des sites à la même affinité pour les molécules en solution ;
 Il n’y a pas d’interaction latérale entre les molécules adsorbées à la surface.

L’isotherme de Langmuir est représentée par l’équation suivante :

q = qm × [K × Ce / (1+ K× Ce)]……(1)

D’où :
q : la quantité adsorbée est liée à la capacité maximale.
qm: la capacité maximale d’adsorption (mg/g) et qui correspond à la formation d’une
monocouche.
K : la constante de l’équilibre d’adsorption. (L/ mg).
Ce : la concentration de la substance adsorbée à l’équilibre (mg/L).
La linéarisation de cette fonction par passage aux inverses donne :

1/q = [(1/qm × K) × (1/ Ce)] + (1/ qm)…….(2)

En portant 1/ q en fonction de 1/Ce on obtient une droite de pente (1/qm× K) et


d’ordonnée à l’origine : 1/qm ce qui permet de déterminer les deux paramètres caractéristiques
de l'équilibre qm et K. On peut également déduire qm à partir de la courbe expérimentale
représentée par q = f (Ce) qui n’est rien d’autre que l’adsorption isotherme. Cependant celle-
ci est moins précise que la méthode basée sur la linéarisation (Weber, 1991).

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2.5.4.2. Isotherme de Freundlich


L’isotherme de Freundlich est un modèle empirique largement utilisé pour la
représentation pratique de l’équilibre d'adsorption dans des systèmes aqueux. Elle ne repose
sur aucune base théorique, on utilise le modèle d’adsorption de Freundlich dans le cas d’un
adsorbant avec une surface d’adsorption hétérogène (sites d’adsorption énergétiquement
différents). Il est représenté par une équation à deux paramètres (K f et 1/n). Ce modèle
consiste en une distribution exponentielle des énergies des sites d’adsorption à la surface du
support et se caractérise par une adsorption en sites localisés. Il convient de mentionner aussi,
que celui-ci s’applique dans le cas des solutions diluées (Calvet, 1980).

Toutefois l’expérience montre qu’elle décrit bien les résultats d’adsorption des
micropolluants par les solides tels que les charbons actifs, les sols et les argiles (Calvet,
1980). Elle repose sur l’équation empirique suivante :

q = Kf × Ce (1/ n)…….(3)
D’où :
q: quantité adsorbée par gramme du solide (mg/g).
Ce: concentration de l’adsorbât à l’équilibre d’adsorption (mg/L).
Kf : constantes de Freundlich caractéristiques de l’efficacité d’un adsorbant.
1/n : l’affinité du soluté pour l’adsorbant ; constante se rapportant à l’intensité de
l’adsorption en coordonnées logarithmiques (n < 1).

Cette relation, proposée par Boedecker (1859) et par Kuster (1894) est généralement
appelée équation de Freundlich (1909) qui le premier à l’étudier et l’appliquer. La constante n
est toujours inférieure à 1, elle est souvent de l’ordre de 0,3 – 0,5. Si 1/n > 1 on a une forte
adsorption tandis que pour 1/n < 1 on a une faible adsorption. La transformée linéaire
permettant de vérifier la validité de cette équation est obtenue par passage en échelle
logarithmique (Weber, 1991).
Ln q = Ln Kf + 1/n Ln Ce……..(4)

En traçant Ln q en fonction de Ln Ce, on obtient une droite de pente 1/n et d’ordonnée à


l’origine Ln Kf.

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