«Les études sur la cohérence, la cohésion et la connexité textuelles depuis la fin des années
1960», Modèles linguistiques, Tome X, Fasc. 2, pp.45-66 (AB, juin 2000)
Cohérence et continuité
a) L'idée qui se trouve au centre du projet grammatico-textuel (celui d'une grammaire de texte)
est celle de rendre compte à l'aide d'un système de règles appropriées de ce qui fait qu'un texte est
un texte et non une suite de phrases sans rapport. La question de la cohérence est ainsi d'emblée
associée à celle de la définition normative du texte. Le modèle qui est censé en être dégagé, doit
fournir une description structurale de la compétence textuelle des natifs.
On remarque:
2. le rôle des connaissances extérieures au texte. Il est ainsi proposé d'associer à chaque texte des
complexes de mondes et de croyances attachées à ces mondes.
« avec la phrase, on quitte le domaine de la langue comme système de signes et l'on entre
dans un autre univers, celui de la langue comme instrument de communication, dont
l'expression est le discours ». (« Les niveaux de l'analyse linguistique » (1964), Problèmes
de linguistique générale 1. Paris: Gallimard, 1966, pp.129-130)
La seule chose que l'on puisse étudier dans cet univers du discours, c'est comment le sujet
s'approprie l'appareil formel de la langue et énonce sa position de locuteur par des indices
spécifiques. Partant, l'analyse du discours aura pour objectif d'essayer de mesurer comment les
locuteurs usent des moyens existant dans la langue pour marquer leur subjectivité.
Dans un tel cadre, les problèmes de cohérence n'ont pratiquement pas de place car la question ne
se pose pas.
Il paraît impossible de s'en tenir à l'idée que certaines suites de phrases ou de macro-propositions
puissent être en elles-mêmes cohérentes ou incohérentes.
a) terminologie: on distingue
- la cohérence, qui a à voir avec l'interprétabilité des textes.
- la cohésion anaphorique, thématique, ... qui joue sur des relations d'identité, d'inclusion,
d'association entre constituants d'énoncés et contribue à la constitution textuelle (cf aussi la
notion greimassienne d'isotopie).
- la connexité qui marque des relations entre des contenus propositionnels ou actes de langage et
indique des actes de composition textuelle.
b) cohérence et interprétation
Si la cohérence n'est pas une propriété des textes, le besoin de cohérence est par contre une sorte
de forme a priori de la réception discursive. La cohérence devient alors un principe
d'interprétation et de réinterprétation comparable aux maximes de Grice ou aux lois de discours
de Ducrot.
Conclusion