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DROIT ADMINISTRATIF GENERAL


Vol 2 du Samedi 31 Octobre 2020
C-LES FONDEMENTS IDEOLOGIQUES DU DROIT
ADMINISTRATIF
La question des fondements est l’une des plus difficiles du droit administratif. Il impose
en effet de pouvoir déterminer de manière objective les cas dans lesquels il convient
d’appliquer à l’administration un régime de droit public plutôt que du droit privé. C’est
la question des critères du droit administratif.
La doctrine n’a jamais d’ailleurs vraiment réussi à la résoudre. La diversité des
situations juridiques applicables à l’administration, l’enchevêtrement des règles de droit
public et de droit privé, la superposition des questions de compétence juridictionnelle
vont au-delà des querelles d’écoles (service public et puissance publique), de la question
de critère et du fondement du droit administratif. Un problème théorique pratiquement
insoluble est aujourd’hui d’ailleurs largement dépassé.
Deux écoles vont s’opposer tout au long du début de la moitié du XXe siècle (l’école
de service public avec pour maître Léon DUGUIT et l’école de la puissance publique
avec pour maître Maurice HAURIOU, encore appelée école de Toulouse).
L’opposition entre service public et puissance publique qui est systématisée par deux
maitres se présente ainsi :
Pour l’école du service public, c’est parce que l’administration dans son action ne
recherche pas le profit qu’elle agit dans un but d’intérêt général, qu’elle accomplit une
mission de service public qu’on ne peut pas lui appliquer les mêmes règles qu’on
applique aux particuliers. Pour cette école, les moyens importent peu. Dès lors qu’il y a
service public, il doit y avoir application des règles du droit administratif et compétence
de la juridiction administrative.
L’école de la puissance publique symbolisée par le Professeur Maurice
HAURIOU, s’intéresse aux moyens mis en œuvre par l’administration si ces moyens
traduisent la puissance publique c’est-à-dire une puissance quasi-souveraine (dotée de
l’imperium). Cette école se rattache implicitement à la théorie des actes d’autorité
exposée par Edouard LAFERRIERE.
A la vérité, on peut se demander pourquoi fonder le droit administratif sur un critère,
sur une notion unique. Cela peut relever à la limite d’un pari stupide. Aucune notion n’est
suffisante en elle-même. Ces deux notions puissance publique et service public se

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complètent, d’où la naissance d’une troisième école, celle de la doctrine des Bases
constitutionnelles mise en exergue par le Doyen Georges VEDEL, Doyen de la faculté
de droit de Paris, qui considère que le droit administratif est défini en rapport avec la
Constitution qui lui sert de source fondamentale. Mais cette théorie a été critiquée par le
Professeur Charles EISENMANN qui dans son ouvrage en 1972 met en cause dans une
revue, les principaux supports de cette théorie. Mais en y regardant de près, cette base
rejoint l’école de la puissance publique.
De nos jours, la construction doctrinale entre les deux écoles ne conserve plus qu’un
intérêt historique même si les deux notions ont toujours cours dans le droit administratif.
C’est la raison pour laquelle la doctrine administrative de René CHAPUS à Paul
HAMSELEK tente de les concilier et d’essayer de dépasser ce débat comme l’a si bien
fait le Professeur Jacques CHEVALIER au début des années 2000 dans son article paru
en 2002, à la Revue de Droit Public.
D- LA RECEPTION DU DROIT ADMINISTRATIF EN AFRIQUE :
Quelques Etats africains ont en partage avec la France le droit administratif qui n’est
nullement le même pour tous ces Etats. Le degré de distinction avec le droit administratif
français n’est pas le même partout. Le droit administratif des Etats africains est constitué
différemment de celui de la France. En effet, le droit administratif africain a été adapté
ici et là en fonction des impératifs économiques, des idéologies et des réalités locales :
c’est la thèse de la greffe et du rejet ou la théorie du mimétisme.
La théorie du mimétisme a constitué au début des années 60 une explication
satisfaisante pour une partie de la doctrine « africaniste » dans la justification de la
réception du droit administratif en Afrique francophone (René Dégni-Ségui, Gérard
Conac, Dominique Darbon). Ce mimétisme est une opération d’importation juridique
mais l’importation de solutions jurisprudentielles françaises ne peut se faire sans rejet.
Elle se manifeste aussi dans la thèse de la reconduction législative comme fondement de
l’applicabilité du droit administratif français en Afrique.
A cette école du mimétisme s’oppose la thèse de l’originalité du droit administratif
en Afrique. Pour cette école, bien mise en exergue par le Professeur Magloire ONDOA,
les sources des droits administratifs africain et français sont différentes car l’ordre est
d’abord étatique, il prend sa source sur la Constitution de l’Etat. Certes, le droit
administratif africain s’est élaboré à partir du droit administratif français. Elle se fonde
sur le plan juridique par l’application du principe de la spécialité législative. Le droit fait
en métropole n’était pas automatiquement applicable en Outre-mer parce qu’il fallait tenir
compte des particularismes locaux. Le droit fait pour la France n’est pas forcément beau
pour les territoires d’Outre-mer (Magloire Ondoa, Introduction historique au droit
camerounais, 2013). La doctrine postcoloniale va systématiser cet état de faits sur une
idéologie que le Professeur Maurice KAMTO dans sa thèse de doctorat, à la suite du
Président Kéba Mbaye va qualifier d’idéologie de la construction nationale. Selon cette
doctrine, si le droit public métropolitain était traversé par les principes de libertés, les

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droits africains étaient quant à eux irrigués par l’idée de construction nationale selon
laquelle il fallait mettre les libertés de côté pour privilégier le développement économique
et social.
Cette idée va constituer la base de l’autonomie du droit administratif en Afrique.
Elle renvoie donc à l’idée d’indépendance et de non soumission. Elle s’appuie sur une
reconduction sélective du droit français, une reconduction sous réserve de conformité de
l’ancienne règle à la politique de l’Etat nouveau, conformité au nouvel ordre
constitutionnel et législatif de l’Etat nouveau.
Mais cette opposition entre mimétisme et originalité du droit africain va être
relativisée par la doctrine du patrimoine commun c’est-à-dire que tous les droits
administratifs se ressemblent, il existe des notions communes, un patrimoine commun
avec la France. C’est ainsi que les notions de contrat administratif sont les mêmes en
tout lieu où se trouve le droit administratif. Ainsi, la reprise dans les enseignements de
droit administratif africain, des positions doctrinales et jurisprudentielles fondatrices du
droit administratif en France. Pour une partie de la doctrine, il n’existe pas de père
fondateur du droit administratif africain mais de grands juristes contemporains nationaux
qui essayent de poser les bases de ce droit (Joseph Marie BIPOUNWOUM, Joseph
OWONA, Roger Gabriel NLEP).
Si le droit administratif en Europe et dans certains Etats africains évolue
indubitablement dans le sens d’une protection plus effective tout autant de
l’administration que des administrés grâce au concours des textes relayés par l’œuvre
prétorien du juge est essentiel dans la compréhension du droit administratif.
Le contexte souvent autoritaire du Cameroun n’a pas toujours permis cette
évolution, l’idéologie de construction nationale qui la forme et l’équilibre n’a pas encore
été achevé. A bien des égards, dans une certaine vision, le droit administratif camerounais
s’apparente à un instrument au service du pouvoir d’Etat, de l’intérêt supérieur à un droit
de privilège doublé d’un privilège de juridiction ; voire même à un « droit politique ».
Cette vision peut être exagérée mais elle n’est pas totalement fausse tant les prérogatives
de puissance publique sont nombreuses.
E- LA TRANSFORMATION DU DROIT ADMINISTRATIF
La doctrine s’accorde à penser que le droit administratif est en train de changer.
Derrière la référence à la crise, il y a toutes les incertitudes qui accompagnent les
mutations au système juridique. Ce nouveau droit administratif n’est plus toujours celui
des dérogations des règles spéciales (arrêt Blanco), des prérogatives exorbitantes, mais il
est celui de la soumission au droit, voire au droit commun avec le souci de protéger les
finances publiques, d’où la résurgence des critères de fonds publics.
Cette transformation se traduit par une certaine banalisation de la personne publique.
La digue étanche des frontières entre personne publique et personne privée s’estompe
progressivement.

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