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Ouvrages spéciaux - Chapitre 2 ISTEUB

CHAPITRE 2 : STABILITE DES MURS DE


SOUTENEMENT

Introduction :

Les murs de soutènement ont fait l’objet de nombreux incidents ou accidents. Il convient donc
d’adopter une attitude de prudence liée à la difficulté d’appréhender les divers paramètres qui
interviennent dans la stabilité de ces ouvrages.

Lorsque les caractéristiques du sol sont mal connues, et induisant une grande
incertitude sur les coefficients de poussée, ou lorsqu’il existe une poussée hydrostatique non
prévue ou non maîtrisée, la conception des murs de soutènement devient aléatoire.

Par ailleurs, il faut toujours être conscient que les valeurs théoriques de poussée, de
butée ou de cohésion, sont très approximatives et souvent éloignées de la réalité.

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I. Types de murs de soutènement

On distingue deux grands types :

 Les murs poids en maçonnerie ou en béton (Fig. 1)


 Les murs cantilevers en béton armé dont la semelle arrière est chargée par une partie de
remblai (Fig. 2)

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Fig. 1 : Mur poids (maçonnerie ou gros béton)

Fig. 2 : Mur cantilever (B.A., préfabriqué…)

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Les murs cantilever, sont très couramment employés. Ils sont constitués d'un voile en béton armé
encastré sur une semelle de fondation, en béton armé également et généralement horizontale. Celle-ci
comprend le patin, situé à l'avant du voile, et le talon, situé à l’arrière. La semelle peut être pourvue
d'une bêche pour améliorer la stabilité de l'ouvrage au glissement. Dans le cas où on a une bonne
résistance du sol de fondation, on peut se permettre le choix d’une semelle de largeur plus faible ;
sinon, des problèmes d'emprise vont l’imposer à cause du site du projet.

Les murs de soutènement en béton armé sont normalement pourvus d'un dispositif de drainage (voir
Fig. 3) à l'arrière du voile auquel est associé un dispositif d'évacuation des eaux (barbacanes
généralement), lorsqu'ils ne sont pas prévus pour maintenir un niveau d'eau à l’amont. Ces murs sont
construits par plots de 15 à 30 m de longueur (murs coulés en place).

Fig. 3 : Types de murs « cantilever » et principe de drainage.

Fig. 4 : Type de murs « cantilever » à contrefort.

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Drainage et barbacanes : afin d’éviter la mise en charge du mur de soutènement et


l’application d’une poussée hydrostatique sur l’écran, il s’avère souvent nécessaire de
prévoir une couche drainante le long de la paroi côté terres (amont). L’évacuation des
eaux drainées se fait par des trous ménagés à la base du mur, appelés barbacanes.

Fig. 5 : Les causes d’instabilité pour les murs de soutènement.

II. Justifications vis-à-vis de la stabilité externe


1. Principe :

Le mur de soutènement subit des actions volumiques (poids du mur, du terrain sur les semelles
du mur cantilever…) et des actions surfaciques (poussée et butée des terres, actions directes
sur le mur…).

Les éléments de réduction (moment, effort normal, effort tranchant) sont rapportés à la base
du mur et servent à vérifier le glissement sur la base et le poinçonnement du sol de fondation.

2. Application des poussées et butées

Pour les murs poids, la poussée s’applique sur toute la hauteur du parement amont (comme il a
été expliqué au chapitre 1).

Pour les murs « cantilever », la poussée s’applique sur un plan vertical fictif passant par l’arête
amont du mur et sur toute la hauteur (Fig. 6)

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Fig. 6 : Application de la poussée sur un mur cantilever

Généralement, on ne prend pas en compte la butée des terres devant les murs. La première
raison est qu’elle peut disparaître si l’on excave le sol, la seconde raison est qu’il faut un
déplacement important pour la mobiliser complètement.

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III. Justification vis-à-vis du glissement (sur la base du mur)

Fig.7 Forces appliquées à un mur de soutènement

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La poussée active est la seule force qui tend à faire glisser un mur de soutènement sur sa
base. La résistance au glissement par le frottement entre le matériau constituant le mur et le sol
support (T).

On calcule le coefficient de sécurité Fs:

Pour que le mur soit stable :

- Fs >1.5 si on néglige la butée.

- Fs >2 si on tient compte de la butée

tg  : coefficient de frottement entre le sol de fondation et la base du mur

IV. Vérification vis-à-vis du renversement

Pour s’assurer qu’un mur ne basculera pas autour du point aval le plus éloigné sous la
semelle(point O), il faut connaître la valeur des moments résistants (stabilisateurs) et des
moments moteurs (de renversement) par rapport au point (O).

On calcule le coefficient de sécurité Fs:

Pour que le mur soit stable :

- Fs >1.5 si on néglige la butée.

- Fs >2 si on tient compte de la butée.

V. Vérification vis-à-vis du poinçonnement (de la portance du sol de


fondation)

La résultante des forces doit se situer à l’intérieur du noyau central de façon que la pression
entre la semelle et le sol soit positive en amont ; en aval, cette pression de contact ne doit pas

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être supérieure à la capacité portante admissible du sol. Pour déterminer le lieu de passage
de cette résultante, on doit calculer le moment total autour du point (O) :

L’excentricité de la force par rapport au point O est :

L’excentricité de la force par rapport au centre de la semelle est :

On détermine le diagramme des contraintes normales appliquées sous la base du mur au sol de
fondation en calculant les contraintes à l’aval et à l’amont de la semelle (σmax) et (σmin) :

Fig.8 Répartition des contraintes normales sous la base de la fondation

Comme pour le calcul des fondations superficielles, on détermine la contrainte de référence et


la contrainte ultime

• Contrainte de référence q’ref

→ On la détermine soit aux ¾ de la largeur comprimée

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Fig.9 : Détermination de q’ref à partir du diagramme de contrainte

→ Ou par la méthode de Meyerhof en recentrant la résultante des forces sur une semelle fictive
réduite de largeur B’ = B – 2eG

Fig. 10 : Détermination de q’ref à partir de la méthode de Meyerhof

La contrainte ultime q’ult sera déterminée dans le cours de fondations superficielles. On


adoptera un coefficient de sécurité partiel q . On vérifiera que :

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Exercice d’application :

On considère un mur cantilever en béton armé, de hauteur totale 6,60 m, la largeur de la


semelle 4 m, l’épaisseur du voile et de la semelle est 50 cm, la largeur du patin avant est 1 m.

Le terrain en amont est inclinée d’un angle  = 12°, il possède un angle de frottement interne

φ = 30°, une masse volumique γ = 1,8 t/m3, une cohésion nulle.

Détermination de la poussée du sol, sachant qu’il n’y a pas de poussée hydrostatique (pas d’eau
dans le terrain en amont). On se propose d’étudier la stabilité du mur (glissement,
renversement, poinçonnement) dans le cas où le contact sol-mur est lisse.

 Coefficient de poussée des terres : (formule pour un massif de sol incliné)

Ka = 0,265

 On néglige la poussée du terrain en aval ; la poussée des terres se calcule sur un écran
fictif situé dans le plan vertical à l’arrière de la semelle.

H= 6,6 + 2,5 tg  = 7,13 m

 la contrainte de poussée maximale à la base de la semelle :

a =  Ka H = 4,68 t/m2

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 La force de poussée résultante Pa est située au tiers inférieur de la hauteur H, soit à


7,13/3 = 2,38 m de la base de la semelle :
Pa = a H/2 = 4,68 x 7,13/2 = 16,68 t

Vérification de la stabilité vis-à-vis du glissement :

Poids de la semelle : 0,5 x 6,1 x2,5 = 7,62 t

Poids de la semelle : 0,5 x 4 x 2,5 = 5 t

Poids des terres au-dessus du talon : (1,8 x 2,5 x 6,1)+ (1,8 x 2,5 x 2,5 tg )/2 = 28,65 t

Le total des forces verticales est la somme des poids calculés ci-dessus : 41,27 t

Le total des forces horizontales : on a seulement la force de poussée : 16,68 t

Le coefficient de sécurité : Fs = 41,27/16,68 = 2,47 > 1,5 donc, le mur est stable vis-à-vis du
glissement.

Vérification de la stabilité vis-à-vis du renversement :

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