Introduction :
Les murs de soutènement ont fait l’objet de nombreux incidents ou accidents. Il convient donc
d’adopter une attitude de prudence liée à la difficulté d’appréhender les divers paramètres qui
interviennent dans la stabilité de ces ouvrages.
Lorsque les caractéristiques du sol sont mal connues, et induisant une grande
incertitude sur les coefficients de poussée, ou lorsqu’il existe une poussée hydrostatique non
prévue ou non maîtrisée, la conception des murs de soutènement devient aléatoire.
Par ailleurs, il faut toujours être conscient que les valeurs théoriques de poussée, de
butée ou de cohésion, sont très approximatives et souvent éloignées de la réalité.
Les murs cantilever, sont très couramment employés. Ils sont constitués d'un voile en béton armé
encastré sur une semelle de fondation, en béton armé également et généralement horizontale. Celle-ci
comprend le patin, situé à l'avant du voile, et le talon, situé à l’arrière. La semelle peut être pourvue
d'une bêche pour améliorer la stabilité de l'ouvrage au glissement. Dans le cas où on a une bonne
résistance du sol de fondation, on peut se permettre le choix d’une semelle de largeur plus faible ;
sinon, des problèmes d'emprise vont l’imposer à cause du site du projet.
Les murs de soutènement en béton armé sont normalement pourvus d'un dispositif de drainage (voir
Fig. 3) à l'arrière du voile auquel est associé un dispositif d'évacuation des eaux (barbacanes
généralement), lorsqu'ils ne sont pas prévus pour maintenir un niveau d'eau à l’amont. Ces murs sont
construits par plots de 15 à 30 m de longueur (murs coulés en place).
Le mur de soutènement subit des actions volumiques (poids du mur, du terrain sur les semelles
du mur cantilever…) et des actions surfaciques (poussée et butée des terres, actions directes
sur le mur…).
Les éléments de réduction (moment, effort normal, effort tranchant) sont rapportés à la base
du mur et servent à vérifier le glissement sur la base et le poinçonnement du sol de fondation.
Pour les murs poids, la poussée s’applique sur toute la hauteur du parement amont (comme il a
été expliqué au chapitre 1).
Pour les murs « cantilever », la poussée s’applique sur un plan vertical fictif passant par l’arête
amont du mur et sur toute la hauteur (Fig. 6)
Généralement, on ne prend pas en compte la butée des terres devant les murs. La première
raison est qu’elle peut disparaître si l’on excave le sol, la seconde raison est qu’il faut un
déplacement important pour la mobiliser complètement.
La poussée active est la seule force qui tend à faire glisser un mur de soutènement sur sa
base. La résistance au glissement par le frottement entre le matériau constituant le mur et le sol
support (T).
Pour s’assurer qu’un mur ne basculera pas autour du point aval le plus éloigné sous la
semelle(point O), il faut connaître la valeur des moments résistants (stabilisateurs) et des
moments moteurs (de renversement) par rapport au point (O).
La résultante des forces doit se situer à l’intérieur du noyau central de façon que la pression
entre la semelle et le sol soit positive en amont ; en aval, cette pression de contact ne doit pas
être supérieure à la capacité portante admissible du sol. Pour déterminer le lieu de passage
de cette résultante, on doit calculer le moment total autour du point (O) :
On détermine le diagramme des contraintes normales appliquées sous la base du mur au sol de
fondation en calculant les contraintes à l’aval et à l’amont de la semelle (σmax) et (σmin) :
→ Ou par la méthode de Meyerhof en recentrant la résultante des forces sur une semelle fictive
réduite de largeur B’ = B – 2eG
Exercice d’application :
Le terrain en amont est inclinée d’un angle = 12°, il possède un angle de frottement interne
Détermination de la poussée du sol, sachant qu’il n’y a pas de poussée hydrostatique (pas d’eau
dans le terrain en amont). On se propose d’étudier la stabilité du mur (glissement,
renversement, poinçonnement) dans le cas où le contact sol-mur est lisse.
Ka = 0,265
On néglige la poussée du terrain en aval ; la poussée des terres se calcule sur un écran
fictif situé dans le plan vertical à l’arrière de la semelle.
a = Ka H = 4,68 t/m2
Poids des terres au-dessus du talon : (1,8 x 2,5 x 6,1)+ (1,8 x 2,5 x 2,5 tg )/2 = 28,65 t
Le total des forces verticales est la somme des poids calculés ci-dessus : 41,27 t
Le coefficient de sécurité : Fs = 41,27/16,68 = 2,47 > 1,5 donc, le mur est stable vis-à-vis du
glissement.