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(à usage des nouveaux colombophiles)

Reproduction génétique – pigeon voyageur


Les accouplements

Il est préférable de séparer les pigeons pendant 15 jours, pour pouvoir les accoupler comme
le le veut. On met alors la femelle dans la case du mâle.
En principe, le pigeon est monogame, mais il change quand même facilement de partenaire.
Les jeunes pigeons voyageurs peuvent s’accoupler dès l’âge de 3 à 4 mois. Il faut leur fournir
de la paille ou des brindilles sèches pour que le couple puisse faire son nid.
La ponte survient une dizaine de jour après l’accouplement (voir aussi l’appareil reproducteur).
La femelle pond deux œufs, le premier en fin d’après-midi et le deuxième en début d’après-
midi, deux jours plus tard.
La couvaison dure pendant 17 jours après la ponte du deuxième œufs. Les parents couvent
alternativement : la femelle le matin et le soir, le mâle, l’après midi. On peut avoir une idée de
l’avancement de la couvaison en présentant l’œuf devant une source de lumière.

Le mécanisme reproducteur

Les noyaux des cellules du pigeon possèdent 62 chromosomes (31 paires). C’est une
découverte d’un savant japonais, le professeur Oguma, datant de 1927. Ceci ne veut pas dire
qu’ils sont accolés deux à deux, mais que chacun des 31 chromosomes a son frère dans la
cellule. Pendant la reproduction cellulaire, les chromosomes ont la forme de bâtonnets
microscopiques.
Chez les oiseaux, c’est le mâle qui porte les chromosomes sexuels XX et la femelle qui est
XY. Chez l’homme, c’est le contraire.
Lors de l’accouplement, l’anus du mâle est accolé à celui de la femelle et le sperme est injecté
dans l’oviducte de la femelle. Les spermatozoïdes contenus dans le sperme remontent
l’oviducte pour aller féconder deux ovules (puisque la femelle pond deux oeuf). Les deux
ovules prêts à la fécondation sont déjà fixés chacun sur un jaune d’œuf (vitellus). Chacun des
deux ovules est fécondé par un seul spermatozoïde (le plus rapide et le plus costaud). Les
autres spermatozoïdes meurent.
Un spermatozoïde ou gamète mâle est une cellule dont le noyau ne contient que 31
chromosomes, les paires ayant été séparées à la formation des spermatozoïdes. Comme il
provient du mâle, le chromosome sexuel est forcément X. Le spermatozoïde est muni d’une
queue (flagelle), qui lui permet de « nager » et de remonter l’oviducte.
Un ovule ou gamète femelle est une cellule dont le noyau ne contient que 31 chromosomes.
Comme il provient de la femelle, le chromosome sexuel est soit X, soit Y. C’est donc le
chromosome sexuel de l’ovule de la femelle qui détermine le sexe du futur pigeonneau.
Chacun des deux ovules est donc fécondé par un spermatozoïde (celui-ci entre dans l’ovule)
et les 62 chromosomes nécessaires à la création du pigeonneau sont réunis dans chaque
ovule (ovule fécondé = zygote)
Commence alors une division cellulaire complexe, la mitose : l’ovule (toujours dans le jaune
d’œuf) se divise en deux cellules, chacune de ces cellules se divisant aussi en deux et ainsi
de suite… le capital de 62 chromosomes étant maintenu. Pendant ce temps, l’œuf se forme et
est pondu.
L’embryon ressemble alors à un petit disque plat, le blastoderme, situé à la surface du jaune.
Il peut rester quelques jours sans mourir, même sans couvage (sans incubation).
Si l’œuf est couvé (à 39°C), les cellules continuent de se diviser en se spécialisant pour former
le corps du pigeonneau, tout en consommant le jaune et le blanc de l’œuf.
Le pigeonneau naît après 18 jours de couvaison, parfois moins selon la saison.
La génétique
Les chromosomes sont essentiellement composés de nucléoprotéines (combinaison de
protéines et d’acide nucléique).
On distingue deux types d’acides nucléiques :
l’acide ribonucléique (ARN), en petite quantité dans le noyau, mais abondant dans le reste de
la cellule,
l’acide désoxyribonucléique (ADN) qui n’existe que dans les noyaux des cellules ; l’ADN a une
structure en double hélice.
Les groupes de molécules d’ADN situés dans les chromosomes constituent les gènes et sont
très nombreux. Tous ces gènes sont programmés dès la conception d’un individu, pour le faire
vivre et grandir. On parvient maintenant à repérer certains gènes, à identifier leur fonction,
parfois même à les modifier.
Les chromosomes vont par deux. Chaque gène d’un chromosome a son frère sur le
chromosome apparié (frère ne signifiant pas forcément jumeau). Lorsque le spermatozoïde
féconde l’ovule, les gènes portés par les 31 chromosomes du mâle correspondent à ceux
portés par les 31 chromosomes de la femelle. Chaque caractère est donc lié à deux gènes
partenaires.
Si ces deux gènes sont identiques, ce caractère est pur (type homozygote). Si ces deux gènes
sont différents, ce caractère est impur (hétérozygote). Les gènes présentent parfois un
caractère dominant, parfois un caractère récessif. Certains caractères sont liés au sexe, les
autres (plus nombreux) ne le sont pas.
Si l’on considère les deux exemplaires A et B du gène G d’un mâle (les chromosomes allant
par paire, les gènes qui y sont « inscrits » codent pour le même caractère mais ne sont pas
forcément identiques), et les deux exemplaires C et D du même gène G d’une femelle,
l’accouplement peut donner AC, AD, BC et BD (1/4 de chaque). Considérons l’association AC
:
si A seul est actif, le caractère A est dominant et C est récessif.
si A et C sont actifs, dans ce cas, A et C sont identiques et le caractère est pur (soit dominant,
soit récessif).
Quand un caractère récessif est exprimé, il est toujours pur.
Quand un gène est dominant, il se manifeste chez tous les jeunes de la première génération.
Dans le cas d’un caractère récessif, les jeunes de la première génération sont porteurs du
caractère, mais il ne se manifeste pas ( il peut malgré tout se manifester dans leur
descendance, en % variable).
Pour expérimenter et déterminer la dominance d’un caractère sur l’autre, il est nécessaire de
partir de lignées pures.
Exemple : Pour la couleur des cheveux, le brun (B) domine le blond (b) récessif. Comme il a
été dit précédemment, à chaque caractère sont associés deux gènes. Les gens qui ont le
cheveux bruns peuvent présenter un caractère brun pur (BB) ou impur (Bb). Les blonds sont
toujours purs (bb) car b est récessif.
Quand l’un des parents est brun pur BB (espagnol, par exemple) et l’autre blond pur bb
(suédois par exemple), les enfants ont quand même tous les cheveux bruns, ce qui montre
que le brun domine le blond, mais le caractère brun est impur (Bb) un gène du père et un
gène de la mère. Si le père et la mère sont blonds purs (bb * bb) , les enfants sont tous blonds
purs (bb). Si le père et la mère sont bruns purs (BB * BB), les enfants sont tous bruns purs
(BB). Si les parents sont bruns impurs (Bb * Bb) , ils auront 1/4 d’enfants blonds (bb) et les 3/4
restant seront bruns (BB, Bb, bB).
Si l’un des parents est brun impur (Bb) et l’autre blond pur (bb), ils auront la moitié d’enfants
blonds (Bb, Bb, bb, bb).
On peut faire des constatations du même ordre chez les pigeons. Les colombiculteurs ont
beaucoup de références dans ce domaine, car ils maintiennent des caractères purs (couleur,
cravate, huppe, capuchon…).
Nos pigeons voyageurs ne sont pas sélectionnés de la même façon et sont généralement de
couleur impure, je n’ai d’ailleurs jamais remarqué de couleur vraiment dominante.
Néanmoins, on remarque que :
Deux bleus barrés ne donnent jamais de rouges, ni d’écaillés bleus.
Deux écaillés ne donnent jamais de rouges.
Généralement, les roux, les rouges, les cendrés qui ont du noir dans les plumes sont des
mâles.
Certains gènes ne sont que partiellement dominants, ou partiellement récessifs (au choix).
C’est à dire qu’à la première génération, une partie des jeunes porte un caractère donné,
l’autre partie ne le porte pas.
Parfois survient une caractéristique qui date de plusieurs générations précédentes, c’est
l’atavisme.
Les gènes les plus faciles à mettre en évidence sont ceux liés au sexe, à la couleur, à la
structure du plumage. Les colombiculteurs, ont créé quelques centaines de variétés de
pigeons de fantaisie.
Mais en ce qui concerne les pigeons voyageurs, le problème est plus épineux, car les gènes
qui conditionnent la force, l’endurance, la vitesse, l’orientation ne se manifestent que dans les
concours, encore faut-il que le pigeon soit en bonne santé et motivé.
Une chose est sûre : si vous laissez vos pigeons s’accoupler n’importe comment, sans
sélection, la masse tendra à retrouver les caractéristiques originelles du biset. Des
colombiculteurs vous le démontrent à volonté et la preuve est bien établie dans les grandes
villes : il suffit de regarder les pigeons qui s’y reproduisent en toute liberté.
La performance sportive est la résultante de la présence d’une multitude de « bons » gènes.
Mais notre expérience de colombophile nous laisse penser qu’en général cet ensemble se
comporte d’une façon partiellement dominante : dès la première génération on obtient
généralement du bon et du moins bon, en % variable.
Avec les moins bons, on peut aussi tirer de bons jeunes, en % variable car les gènes récessifs
peuvent parfois s’exprimer dans de nouvelles combinaisons.
Quand un gène se manifeste, qu’il soit dominant ou récessif, on est certain qu’il est présent,
mais quand il ne se manifeste pas on n’est pas certain qu’il le soit.
Il vaut donc mieux produire avec de bons voyageurs. Si vous les avez perdus, essayez des
pigeons moins bons de la même souche et sélectionnez plus durement.
Quand on met des pigeons à la production, il ne faut donc pas se contenter de tirer 2 jeunes,
et s’ils sont peu performants conclure que le couple de reproducteurs n’est pas bon.
Au contraire, il faut en tirer au moins dix jeunes, les tester au concours, et garder les meilleurs.
Puis continuer dans la même optique pour les accouplements des générations suivantes.

Les mutations

Généralement, à partir de différentes souches pures, et à propos de caractères bien définis,


on peut prévoir mathématiquement les résultats que donneront divers croisements.
Mais la nature nous réserve parfois des surprises : Normalement, d’une paire de gènes se
dégage un caractère qui est le fait de l’un, de l’autre, ou des deux s’ils sont semblables. Mais
parfois apparaît un caractère nouveau, ou renforcé, qui résulte de la dominance partielle de
deux gènes différents (exemple : noir + roux = café au lait).
Quand, après la fécondation se produisent les premières divisions des cellules, il arrive aussi
que des chromosomes appariés se brisent et que les « morceaux » se réunissent
différemment.
Ce phénomène est appelé crossing-over ou enjambement et produit donc des caractères
différents de ceux des parents.
Par des observations précises dans les croisements et par une sélection sévère, on peut donc
renforcer ou atténuer des caractères donnés.
Les éleveurs ont ainsi créé des pigeons très différents, comme le poule hongrois et le pigeon
voyageur, ou parmi les chiens, l’épagneul et le berger allemand.

Conclusion

Il existe des milliers de gènes, les combinaisons possibles sont donc multiples et à moins de
recourir au clonage, on ne peut qu’essayer d’orienter la reproduction.
Élever par croisement (non consanguin) :
Cet élevage procure des jeunes avec un physique et une santé solides. Mais il est difficile de
renforcer un caractère donné.
Élever en consanguinité (père + fille, cousins germains, etc..) :
C’est la méthode la plus utilisée pour renforcer les caractères désirés, mais le physique suit
difficilement. Les défauts peuvent aussi se renforcer : il faut donc sélectionner durement.
Élever deux ou trois souches différentes en consanguinité, mais séparément, pendant trois ou
quatre générations : les caractères se renforcent, les défauts aussi, les caractéristiques
physiques s’amoindrissent, sélectionner sévèrement.
Puis croiser ces deux souches ensemble : on obtient alors des sujets de grande qualité. Il
semble que cette méthode soit utilisée pour les volailles.

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