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Faculté des Sciences Economiques, Commerciales et des Sciences de Gestion

Département des Sciences de Gestion


Deuxième Année Sciences Financières et Comptabilité
Cours : Gestion d’entreprise
Préparé par : AMALOU A.

Chapitre I : Formation et évolution de l’entreprise

1. La création d’entreprise
1.1. Les facteurs nécessaires pour la création d’entreprise
Toute création d’entreprise réussie requiert la rencontre et la synergie de trois facteurs interdépendants
nécessaires :
- un homme ayant la volonté d’aboutir ;
- avec une idée qui peut se concrétiser en projet ;
- avec des capacités et des moyens pour la réaliser.

a. Un homme créateur entrepreneur


Le point de départ de toute entreprise est un individu qui a une idée qu’il désire concrétiser et développer au
sein d’une structure qu’il dirige. Au-delà de l’idée, le créateur doit posséder et conserver une volonté et une
force de caractère pour surmonter les obstacles qui sont susceptibles d’entraver la réalisation de son projet.
Les motivations susceptibles de fournir l’énergie nécessaire pour la réalisation d’une entreprise sont multiples :
- le besoin d’autonomie : l’auteur du projet cherche un épanouissement professionnel qu’il ne trouve pas
dans son environnement de travail actuel ;
- le besoin de se réaliser : certains créateurs sont poussés par le sentiment d’avoir une œuvre à
accomplir ;
- la recherche de pouvoir et /ou d’un statut social : ils sont motivés par l’ambition, le besoin de monter
dans la hiérarchie sociale ;
- le contexte économique : une conjoncture avec beaucoup de chômage et des encouragements publics
peuvent inciter à créer son propre emploi.

b. Un projet
Au-delà d’une envie, d’une intention, le créateur doit être capable de formaliser un projet complet et cohérent
pour justifier de l’intérêt d’une future entreprise.
L’idée doit être réaliste ; elle doit être techniquement réalisable et socialement acceptable, c'est-à-dire que le
produit ou le service proposé peut être réalisé avec les moyens dont dispose l’économie à un moment donné, de
plus, la demande doit accepter de payer pour ce produit ou service.
Le projet peut s’appuyer sur un savoir-faire spécifique : le créateur peut s’appuyer sur une compétence
acquise précédemment (savoir fabriquer un produit ou un composant, être expert dans un domaine, savoir gérer
des hommes, etc.).
Le projet peut être viable s’il intéresse un créneau encore non exploité : un segment particulier sur un marché,
un secteur ou une niche, qui ne sont pas alimentés sont d’excellentes opportunités.
L’idée doit aussi être en adéquation avec le cadre économique, juridique actuel de la zone d’implantation
(tenir compte des contraintes réglementaires, du caractère licite d’une activité, des normes techniques en
vigueur, du contexte politique et des critères financiers des banques).

c. Des moyens
Le créateur, enfin, doit rassembler des moyens techniques, financiers et humains pour réaliser sont projet. La
création d’entreprise nécessite également des capacités managériales importantes : savoir diriger une équipe,
mettre en place des procédures de fonctionnement, savoir utiliser des outils et documents de gestion, etc.

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1.2. Les étapes de la création d’entreprises

a. L’étude de la demande
Elle consiste à :
- recenser les clients potentiels du produit ou du service dont on a l’idée ;
- repérer les produits et les entreprises concurrents afin de positionner les produits de l’entreprise
projetée ;
- estimer le volume d’achat des clients potentiels et déduire la part de marché que l’on peut atteindre
(marché théorique de l’entreprise) ;
- quantifier le chiffre d’affaires prévisionnel en utilisant le prix psychologique du produit (prix accepté
par un grand nombre de consommateurs).

b. L’étude économique

En partant du chiffre d’affaires prévu, il convient :


- d’envisager les différents moyens d’obtenir le produit ou le service en question : achat, sous-traitance partielle
ou fabrication complète et comparer le coût unitaire d’acquisition du produit dans chaque cas ;
- déduire les investissements productifs et commerciaux nécessaires à la solution retenue (achat d’équipements,
publicité et promotion, etc.);
- évaluer la rentabilité du projet : compte tenue de la quantité vendue estimée précédemment, on peut calculer
les charges d’exploitation, la valeur ajoutée, la marge nette ainsi que le seuil de rentabilité.

c. L’étude financière
Elle consiste à :
- estimer le besoin en fonds de roulement de l’entreprise envisagée ;
- s’assurer de la cohérence entre les ambitions du projet et les ressources financières dont on peut
disposer ;

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- réaliser le montage financier : le candidat créateur sait de combien il peut disposer directement (ses
propres ressources et celles des associés éventuels). Le montage financier consiste pour lui à trouver le
complément de ressources auprès de divers partenaires financiers (banques, subventions, aides,…).

d. L’étude juridique

L’étude juridique consiste en le choix d’une forme juridique pour l’entreprise ainsi que les formalités et le
dossier de constitution.

 Le choix d’une structure juridique pour l’entreprise


Les principaux critères qui peuvent guider le créateur dans le choix d’une structure juridique pour son
entreprise sont :
- la nature de l’activité et le financement nécessaire : si la nature de l’activité exige le drainage de
capitaux importants, la formule de société anonyme ou de société par actions sera la plus adéquate ;
- la volonté de s’associer : l’entrepreneur qui ne désire pas s’associer doit opter soit pour l’entreprise
individuelle soit pour l’entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée ;
- le régime social et fiscal du dirigeant : suivant la structure juridique choisie, le dirigeant pourra avoir ou
non le statut de salarié. Il en est de même pour le régime fiscal : sa situation familiale, ses revenus, ses
fonctions sa rémunération, le décideront à choisir la formule la plus appropriée.

 les formalités et le dossier de constitution


Le dossier de constitution est disponible auprès du centre de formalités des entreprises (CFE), de la chambre de
commerce et d’industrie (CCI) ou de la chambre des métiers ou encore de la chambre d’agriculture selon la
nature de l’activité.

e. Le plan d’affaires
Le plan d’affaires est un document de synthèse couvrant les aspects les plus importants de l’étude d’un
projet d’investissement ainsi que les différentes phases de la réalisation de l’affaire. Il s’exprime par des plans,
programmes et des budgets. Son objectif étant de réduire les délais de réalisation et d’optimiser l’utilisation des
ressources. Appelé aussi business plan ou étude de faisabilité, le plan d’affaires est un document qui reprend les
éléments fondamentaux d’un projet permettant d’en juger la faisabilité technique, commerciale et financière.
Véritable carte de visite de l’entreprise à créer, le plan d’affaires est le plus souvent destiné à des bailleurs de
fonds (banquiers et investisseurs) pour obtenir leur financement. Il expose l’activité future d’une entreprise, fixe
des objectifs, exprime les besoins (matériels, humains et financiers) nécessaires à la réalisation des objectifs et
détermine la faisabilité et la rentabilité du projet. C’est donc un moyen de pilotage, de suivi et de contrôle de la
réalisation du projet.

2. La croissance de l’entreprise
Les entreprises sont très diversifiées aussi bien dans leurs activités que dans leur dimension. Au cours du temps,
certaines entreprises disparaissent, d’autres stagnent et enfin, beaucoup croissent et se développent. Pourquoi
ces différences de taille ? Expliquer la diversité des tailles des entreprises c’est donc analyser et comprendre le
processus de leur croissance.

2.1. Nature de la croissance d’une entreprise


La croissance est au cours du temps l’augmentation des dimensions (augmentation des effectifs, augmentation
de la production, du chiffre d’affaires, des bénéfices, des parts de marché,…) et le changement des
caractéristiques (produits, marchés, technologie, ressources humaines, organisation) de l’entreprise. C’est
donc un processus quantitatif (les dimensions augmentent) et qualitatif (les structures changent).

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a. La croissance quantitative
Elle se mesure à l’aide de trois sortes d’indicateurs :
- le volume des facteurs de production employés augmente : main d’œuvre employée, capitaux investis.
- la valeur des produits commercialisés progresse : ventes, part de marché.
- les résultats obtenus progressent : valeur ajoutée, bénéfice, capacité d’autofinancement.

b. La croissance qualitative
Une entreprise ne peut croitre indéfiniment sans une modification importante de sa structure et de ses activités.
Les produits se modifient, la gamme s’élargit, l’organisation interne se perfectionne et la technologie intègre
des innovations.

2.2. Les facteurs explicatifs de la croissance


La croissance des entreprises peut être expliquée par trois facteurs essentiels :

a. La recherche d’une meilleure efficacité


L’entreprise qui atteint une certaine taille pourra réaliser des économies d’échelle et réduire ainsi ses coûts
unitaires de production et de distribution.

b. La recherche d’une taille optimale


Toute entreprise cherche à dépasser un seuil appelé « masse critique » en dessous duquel elle ne pourra pas
faire face à la concurrence. Atteindre la masse critique permet à l’entreprise de bénéficier d’une plus grande
efficacité et lui donne accès à certaines actions commerciales (études de marché, publicités), aux marchés
internationaux, etc.
c. La recherche d’un pouvoir de négociation plus important
- Une taille plus grande donne à l’entreprise la possibilité de trouver plus facilement des moyens de
financement (facilité d’emprunter auprès des banques des capitaux en plus grandes quantités et à des
taux intéressants).

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- Elle est également en position dominante pour négocier avec les fournisseurs les meilleurs prix, les
meilleurs délais, etc.
- La grande entreprise possède un avantage considérable dans le domaine de la recherche et
développement.
- Enfin, la grande entreprise a des facilités d’attirer un personnel plus qualifié en lui assurant une
meilleure rémunération.

2.3. Les modalités de la croissance


On distingue généralement trois modes de croissance de l’entreprise : la croissance interne, la croissance
externe et la croissance conjointe.

2.3.1. La croissance interne


Appelée aussi croissance organique, elle se définit comme une création de nouvelles capacités productives ou
commerciales de l’entreprise : ouverture de nouveaux points de vente, installation de nouvelles usines,
lancement de nouveaux produits. La croissance interne est le principal procédé de croissance continu dans
l’entreprise, bien qu’il se déroule à un rythme irrégulier en fonction de l’évolution conjoncturelle. Elle est
souvent privilégiée par les PME qui sont sur des marchés en croissance rapide pour des produits classiques ou
pour des produits nouveaux intégrant des innovations.
a. Les avantages de la croissance interne
La croissance interne apporte à l’entreprise un grand nombre d’avantages. En effet elle permet :
- la maitrise (contrôle) du processus de croissance de l’entreprise ;
- de conserver et maintenir l’indépendance de l’entreprise ;
- l’évolution progressive de la structure ;
- le maintient d’un bon climat social (motivation et promotion du personnel).

b. Les inconvénients
- C’est un processus de développement assez lent et couteux ;
- la croissance interne risque d’entrainer des surcapacités qui, à long terme, feront chuter les prix ;
- c’est un processus risqué : elle impose des sources de financement importantes susceptibles de modifier
la répartition du pouvoir au sein de l’entreprise ;
- la croissance interne nécessite des capitaux propres importants d’où le recours à l’endettement.

2.3.2. La croissance externe


Elle se définit comme l’acquisition de capacités productives ou commerciales déjà existantes (investissement
financier). C’est une croissance par regroupement, partiel ou total, de l’entreprise avec une ou plusieurs autres
firmes. Ce type de croissance est privilégié par les grandes entreprises, notamment les groupes.
La croissance externe diffère profondément de la croissance interne au regard de plusieurs critères :
- elle est discontinue et épisodique alors que la croissance interne est un processus irrégulier mais
continu ;
- elle est multiforme quant aux modalités de sa réalisation (ex. : fusion, scission, absorption, acquisition
de filiale,…) ;
- elle est complexe et longue à préparer, notamment du point de vue des changements à opérer dans les
structures d’organisation pour obtenir un ensemble cohérent coordonné et efficace.

a. Les formes de la croissance externe


- La fusion : deux ou plusieurs entreprises disparaissent pour donner naissance à une nouvelle entité.
- L’absorption : une entreprise absorbée est intégrée à une autre entreprise absorbante.
- Prise de participation : une entreprise acquiert une partie du capital d’une autre entreprise (moins de
50 %).

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- Création de filiale commune : Cette politique est suivie par des entreprises d’activités identiques pour
des raisons d’économie d’échelle (partage des coûts).

b. Les avantages
- La rapidité de développement puisqu’elle consiste à acquérir des positions déjà acquises (parts de
marché, marque, implantation internationale) ou de compétences déjà développées (savoir-faire
technologique ou managérial).
- Elle facilite le franchissement des barrières de toutes natures (technologiques, commerciales,
réglementaires).
- Elle permet d’acquérir des compétences, souvent technologiques, qui manquent à l’entreprise.
- Elle permet à l’entreprise d’acquérir une taille significative qui lui permet de renforcer son pouvoir de
négociation auprès des fournisseurs et des clients.

c. Les inconvénients et les limites


- Elle nécessite des capitaux importants ;
- elle implique des réorganisations qui peuvent parfois s’avérer compliquées et couteuses ;
- difficulté d’intégration quand les cultures sont différentes et les marchés sont très éloignés.

2.3.3. La croissance conjointe


Appelée aussi croissance contractuelle ou mixte, elle repose sur la coopération entre deux ou plusieurs entités
qui demeurent indépendantes sur le plan juridique même si elles se lient économiquement. Il est possible de
distinguer trois types de croissance conjointe :

- Les alliances : accord de coopération entre firmes indépendantes et souvent concurrentes en vue de la
réalisation d’objectifs ayant une pertinence mutuelle (exemple : recherche en commun).

- Les partenariats d’impartition : ils concernent les entreprises qui ont des rapports de clients à
fournisseurs (exemple : sous-traitance, concession, franchise, accord de licence, etc.).

- Les partenariats de symbiose : coopération entre entreprises non concurrentes (exemple : utilisation
d’un réseau de distribution commun, publicité conjointe, etc.).

a. Les avantages recherchés


Par ce mode de croissance, l’entreprise cherche à obtenir certains avantages, parmi lesquels :
- la recherche de la taille critique ;
- la recherche de synergie et d’intégration de compétences complémentaires ;
- elle présente une grande souplesse stratégique (possibilité de n’impliquer qu’une activité ou une partie
de l’entreprise.

b. Les inconvénients
La croissance conjointe présente, toutefois, quelques risques et difficultés, notamment :
- Le risque de conflit d’intérêt ;
- Le risque de dépendance pour les sous-traitants ;
- intensions agressives d’un partenaire, moyen pour s’emparer de ressources clés.

3. La disparition d’entreprise

Une entreprise disparait lorsqu’elle perd son patrimoine et que ses biens (ses actifs) sont liquidés, soit par la
volonté de ses propriétaires qui entendent y mettre fin, soit à l’occasion d’un jugement du tribunal de commerce
décidant la liquidation judiciaire.

3.1. Les causes de l’échec des entreprises


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Selon une étude réalisée en 1995 par le CEPME, les principales causes de défaillance des jeunes entreprises
étaient (en pourcentage du total des défaillances) :

- la réduction d’activité à la suite d’une baisse de la demande (33.33 %) ;


- la non maitrise de la croissance (10 %) ;
- des problèmes de management (22 %) ;
- des problèmes de trésorerie (18 %) ;
- une baisse de rentabilité. (17 %).

3.2. La liquidation de l’entreprise


a. La liquidation à l’initiative des propriétaires
 Cas d’une entreprise sociétaire
Elle est rare dans le cas d’une société qui peut être transmise facilement par simple cession des parts sociales à
un repreneur. C’est l’ensemble du patrimoine qui est transmis (les biens et les dettes et crédits en cours).
Néanmoins la dissolution d’une société qui entraine la liquidation de son patrimoine, peut être décidée par une
assemblée générale extraordinaire des associés.

 Cas d’une entreprise individuelle


L’entrepreneur qui veut cesser son activité en récupérant au moins une partie de la valeur de l’entreprise qu’il a
créée, doit vendre ses actifs professionnels puis payer les dettes de l’entreprise afin de disposer de la différence.

b. La liquidation judiciaire
La liquidation judiciaire de l’entreprise est prononcée lorsque cette dernière est en situation de défaillance ou de
dépôt de bilan, c'est-à-dire à partir du moment où une procédure de redressement est ouverte. Cette procédure
intervient lorsqu’une entreprise est en état de cessation de paiement, c'est-à-dire qu’elle n’est plus en mesure de
faire face à son passif exigible avec son actif disponible.

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