Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
2
Les « principes généraux » de l’organisation administrative
3
Traité de droit administratif
Ces observations appellent en priorité à préciser le sens que l’on prête, ici, à
la notion même de principe. Cette entreprise s’avère d’autant plus indispensable
que le mot est fortement sollicité par les usages juridiques. Mieux vaut l’affirmer
clairement tout de suite : les principes que retiennent les développements à venir
n’appartiennent pas en tant que tels à l’univers du droit. Sans lui être étrangers, ils
ne relèvent pas de ses catégories propres. Il serait certes parfaitement concevable
de décrire notre organisation administrative à partir des seuls principes juridiques
qui la régissent. Ces principes, il faudrait évidemment les chercher dans le droit
constitutionnel (comment ne pas alors penser, entre autres exemples, à l’affirma-
tion de la libre administration des collectivités territoriales, ou encore au mode de
répartition des compétences entre les pouvoirs législatif et réglementaire concer-
nant la création des établissements publics ?), mais aussi du côté du droit commu-
nautaire (la Charte européenne des libertés locales est dans cet ordre d’idées une
référence des plus édifiantes) ou encore dans le fonds historique du droit admi-
nistratif national (dans la mesure même où il met à la disposition de l’État tout
un lexique lui permettant de faire advenir du « local ». Les textes comme la juris-
prudence administrative n’ont-ils pas en effet multiplié les variations sur le thème
des « affaires locales » : circonstances locales, libertés locales, intérêt public local,
développement local, etc. ?).
Mais telle n’est pas la démarche qui commande aux développements du
présent chapitre. Un autre mode de lecture s’est ici imposé, qui prend appui sur
des éléments de pensée et de contexte qui agissent de l’extérieur sur le droit, pour
en éclairer le contenu aussi bien que les changements. Au lieu de « partir » directe-
ment du droit, on a fait le choix de valoriser les influences qu’il reçoit d’« ailleurs ».
Les règles de droit et autres principes juridiques trouvent en effet leur sens en
situation, c’est-à-dire sur un terrain administratif où agissent des principes d’or-
ganisation qui finissent par trouver leurs propres mises en forme juridique. C’est
ainsi qu’ont été privilégiés des tendances et mouvements qui travaillent en profon-
deur l’organisation administrative, au-delà d’ailleurs du seul cas français. Les prin-
cipes dont il est ici question concernent dans une large mesure ce que l’on a pu
appeler le « modèle occidental d’administration » (G. Timsit, op. cit.). Une propo-
sition qu’on se gardera bien de globaliser : aussi généraux soient-ils, ces principes
ne sauraient agir partout de la même manière. Ils sont tributaires des configu-
rations qui les portent et dans lesquelles ils opèrent : les singularités nationales
liées à l’histoire, aux cultures politiques comme aux traditions juridiques retrou-
vent alors toute leur force.
Plan du chapitre. Face aux difficultés méthodologiques inhérentes à l’objet
imposé, quels choix de traitement privilégier ? S’il n’est nullement question
de proposer pour lui-même un mode d’exposition des éléments constitutifs du
système administratif français, il est impossible d’en ignorer les principales compo-
santes (Section 1) : c’est à travers leurs agencements que se perçoit l’action de
principes généraux d’organisation administrative. Saisir la singularité de cette
dernière oblige à une interrogation préalable sur ce que l’on désigne du nom d’ad-
ministration : il faut pour en dire la structure se situer à l’intérieur d’une entité
4
Les « principes généraux » de l’organisation administrative
SECTION 1
LES COMPOSANTES DE L’ORGANISATION
ADMINISTRATIVE
La doctrine a ici tracé des voies dont il n’est guère facile de s’écarter. La démarche
qu’adoptent la plupart des auteurs de manuels procède d’une sorte de parcours
obligé. À de rares exceptions près — encore que les raisons de ces exceptions-là
ne sont d’ailleurs pas nécessairement de nature intellectuelle et qu’elles peuvent
parfaitement obéir à des considérations purement matérielles, d’ordre éditorial
notamment ! — on juge logiquement nécessaire de se demander tout d’abord ce
qu’il faut décrire : l’interrogation se porte alors sur ce que sont les frontières juri-
diques (mais rien n’empêche évidemment un sociologue par exemple de ne pas
reconnaître ces frontières-là et de les situer ailleurs et différemment) de l’admi-
nistration en tant que réalité institutionnelle (§ 1). Une fois ces limites extérieures
identifiées, le juriste peut faire le choix d’un mode spécifique de lecture de l’orga-
nisation administrative. Cette opération est, elle aussi, assez fortement contrainte.
Elle consiste, pour l’essentiel, à faire jouer deux variables dont les croisements
permettent de dessiner des figures types. Toute administration est réputée obéir
en effet à une double nécessité : celle de la division ou spécialisation fonction-
nelle des tâches ; celle de la distribution territoriale des organes en charge de ces
5
Traité de droit administratif
A. Du partage politique/administratif
1. Position du problème
Essayons de prévenir d’emblée le malentendu plus ou moins inhérent à la ques-
tion même de cette frontière. Il ne peut ici s’agir de discuter de la validité du
partage entre ce qui serait proprement administratif et ce qui relève du politique.
Le juriste lui-même ne manque pas d’arguments pour dire la vulnérabilité de ce
grand partage des rôles : de même que l’analyse de la jurisprudence administra-
tive permet d’établir la fonction politique du juge administratif (D. Lochak, Le rôle
politique du juge administratif français, LGDJ, coll. « Bibliothèque de droit public »,
Paris, 1972), l’examen du droit administratif a permis d’y trouver l’exposé d’une
« science du pouvoir » (P. Legendre, Trésor historique de l’État en France. L’adminis-
tration classique, Fayard, Paris, 1992). Quant aux « sciences de l’État », voilà belle
lurette qu’elles nous entretiennent de l’interpénétration de ces deux mondes : l’ad-
ministratif et le politique. Non, notre problème n’est pas de cet ordre : ces inter-
férences ne changent strictement rien à la nécessité de concevoir juridiquement
les limites de l’administration, lorsqu’on se propose de décrire les principes géné-
raux de l’organisation administrative. Mieux, l’interdépendance avérée du poli-
tique et de l’administratif oblige à d’incessantes opérations de repérage d’une
frontière aussi floue que nécessaire. Quelles que soient les difficultés auxquelles
le droit est ici confronté, il lui faut « tenir » cette frontière, puisque les territoires
qu’elle traverse et partage ne relèvent pas du même traitement ou statut juridique.
6
Les « principes généraux » de l’organisation administrative
Autrement dit, ce sont ses propres divisions internes que règle le droit à chaque
fois qu’il se prononce sur le tracé de la frontière ; le droit est lui-même traversé par
le politique dont il doit délimiter le champ. C’est pour cela d’ailleurs que parler de
la substance politique du droit n’est nullement paradoxal. Cette qualité est inhé-
rente à sa fonction : la distribution des grands rôles sociaux. Cette tâche majeure
qu’il lui revient de servir le rend indissociable du politique dont il lui faut définir
les contours.
7
Traité de droit administratif
elle aussi construite sur ces mêmes bases : « La science administrative peut être
définie comme la branche des sciences sociales qui tend à décrire et à expliquer
la structure et les activités des organes qui, sous l’autorité du pouvoir politique,
constituent l’appareil de l’État et des collectivités publiques » (B. Gournay, Intro-
duction à la science administrative, A. Colin, Paris, 1970). L’attitude de la science
politique a été elle aussi longtemps commandée par cette même présupposition
qui l’a conduite à délaisser l’administration, servant ainsi le programme neutrali-
sant du droit administratif. Il faut attendre les années 1980 et le développement
spectaculaire de l’analyse des politiques publiques pour que les politistes « inves-
tissent » le terrain où les investigations des juristes étaient jusqu’alors dominantes
(J.-L., Quermonne, « Administration publique et science politique », in Mélanges R.
Chapus, Montchrestien, Paris, 1992, p. 559-570). L’arrivée sur ces terres juridiques
d’une science politique se donnant l’action publique pour objet n’a guère modifié
les répertoires intellectuels de la doctrine de droit administratif : la même volonté
y persiste de refouler le politique, aussi loin que possible de l’administration.
On se limitera, pour les besoins de la présente démonstration, à rappeler les
principaux moyens que le droit met en œuvre pour rendre visible, par et dans les
mots, la singularité de l’administration entendue comme un en deçà du politique.
Les procédures les plus usuelles sollicitent principalement deux registres. Le droit
intervient en premier lieu, on l’a dit, pour soutenir la neutralité constitutive de
l’administration. Il déploie à cette fin toutes les ressources que lui offre la théorie
du service public. Qu’importent les difficultés rencontrées pour élaborer le statut
de cette notion et lui donner sens. Le service public permet toujours d’appré-
hender dans cette fonction sociale organisée qu’est l’administration une réalité « à
part », transcendant les conflits où se fonde la politique. Le droit, du moins dans la
tradition française, reproduit ici l’image d’une société rassemblée et unifiée autour
du mythe de l’intérêt général. Cette même volonté de neutralisation se devine
derrière nombre de formes juridiques, par exemple dans le droit de la fonction
publique, à travers l’obligation de réserve du fonctionnaire ou le traitement du
droit de grève des agents publics. L’enquête pourrait d’ailleurs se poursuivre du
côté du contentieux électoral et de la manière dont se répartissent les fonctions
de contrôle entre la juridiction administrative et le Conseil constitutionnel : on y
trouve le même souci de tenir l’administration hors des divisions et conflits qui
sont la marque de l’identité politique.
Cette stratégie de neutralisation n’est pas seule présente derrière les montages
juridiques. Ils permettent encore à l’administration de procéder à sa propre natu-
ralisation. On ne peut ignorer que la jurisprudence recourt parfois à cet argu-
ment d’autorité qu’est la référence, intimidante, à on ne sait quelle « nature des
choses ». Il s’agit alors de conférer à des choix contingents, et par voie de consé-
quence à des qualifications juridiques conventionnelles, la force de la nécessité.
Ce fut jadis l’attitude qu’adopta le Tribunal des conflits pour faire échapper, autant
que de besoin, les services publics industriels et commerciaux à l’application du
droit public (T. confl. 22 janv. 1921, Sté commerciale de l’ouest africain, concl.
Matter, S. 1924. 3. 34). Il est un ordre dont la contestation est tout simplement
8
Les « principes généraux » de l’organisation administrative
vaine parce qu’il exprime la nature des choses. C’était encore le principe de juge-
ment retenu par le juge pour décider du caractère administratif de certaines caté-
gories de contrats intéressant la route, cette affaire si « naturelle » de l’État (La
vieille « jurisprudence Peyrot » à laquelle il est ici fait allusion a été depuis plusieurs
fois confirmée. V. par ex., CE, sect., 3 mars 1989, Sté des autoroutes de la région
Rhône-Alpes, RFDA 1989. 679, note Pacteau) ! Il est vrai qu’en l’occurrence c’est
une autre ligne de partage qu’il revenait au juge de tracer, entre l’Administration
et l’Entreprise.
B. Du partage public/privé
Le choix de cet énoncé ne vise pas à susciter d’inutiles inquiétudes : il n’an-
nonce aucune dissertation sur la fameuse summa divisio de notre ordre juridique.
Mais on voit mal comment l’évocation des principes généraux de l’organisation
administrative pourrait faire l’économie d’un rappel sur la manière dont le partage
public/privé se réfléchit dans les institutions. Aucune présentation du droit admi-
nistratif n’échappe, on le sait, à la « contrainte » d’une réflexion préalable sur la
bipolarité juridique. Il en va de même pour l’analyse des modes de description de
la structure administrative : elle condamne son auteur à revenir sur le partage des
institutions entre le droit public et le droit privé. Si les limites extérieures de l’ad-
ministration ne sont certainement pas données — et sans doute le seront-elles de
moins en moins — par le tracé de cette frontière, elles ne lui restent pas non plus
complètement étrangères. C’est ainsi que, sans en constituer l’objet, cette ques-
tion — ou plus exactement, cet aspect de la question — des contours de l’admi-
nistration intervient dans le présent chapitre : l’appartenance des institutions à
l’univers du droit public ou à celui du droit privé ne décide pas mécaniquement de
leur « administrativité », elle oblige à regarder l’organisation administrative comme
un ensemble capable de structurer des identités juridiques contrastées. Mais cet
ensemble n’est guère stabilisé : aujourd’hui, c’est surtout le droit communau-
taire qui contribue à entretenir le doute sur ses limites. Mais il ne s’agit en vérité
que de la version contemporaine d’une interrogation récurrente. On en veut pour
preuve le commentaire fameux que M. Hauriou réserva à la décision rendue par le
Tribunal des conflits dans l’affaire dite du canal de Gignac (M. Hauriou, note sous
T. confl. 9 déc. 1899, Assoc. synd. du canal de Gignac, S. 1900. 3. 49). Il y a là ce
qu’on pourrait appeler un travail doctrinal de dévoilement des grandes lignes de
partage symbolique que le droit fait travailler, que ce soit en les pérennisant ou en
les déplaçant.
S’il faut absolument faire ici retour sur le commentaire d’Hauriou, ce n’est pas
seulement parce qu’il met parfaitement à jour la fonction performative du droit,
l’aptitude du discours juridique à faire advenir la réalité qu’il nomme ; on découvre
encore derrière son propos ce qui continue de séparer les représentations que
donnent actuellement des limites extérieures de l’administration les droits français
et communautaire. Il n’est pas déraisonnable d’affirmer que la jurisprudence de
la Cour de Luxembourg fait entendre, comme en écho, quelque chose du discours
9
Traité de droit administratif
10
Les « principes généraux » de l’organisation administrative
11
Traité de droit administratif
12
Les « principes généraux » de l’organisation administrative
13
Traité de droit administratif
b. On retrouvera sans mal derrière ces quelques remarques ce que les variations
sans rigueur sur le standard de la « bonne gouvernance » cherchent aujourd’hui à
désigner : comment adapter les appareils publics aux exigences toujours renou-
velées de plus grande rationalité ? Cette interrogation qui porte au fond sur la
composition idéale du gouvernement n’est évidemment pas de nature juridique.
Si cet « objet » est par excellence politique, les formes dans lesquelles l’adminis-
tration gouvernementale s’organise ne sont pas étrangères à l’état du droit. Un
raisonnement en deux temps aidera à saisir le rôle qui revient au juridique dans
cette affaire.
Le mouvement d’élargissement des fonctions prises en charge par les adminis-
trations de l’État dans le cours des XIXe et XXe siècles (v. P. Rosanvallon, L’État en
France de 1789 à nos jours, Seuil, coll. « L’univers historique », Paris, 1990) constitue
un fait premier. L’augmentation, longtemps incessante, du nombre des ministères,
à partir des six départements officialisés pendant la Révolution, les réajustements
permanents d’une structure gouvernementale à géométrie variable, tout cela éclaire
en effet nombre de dysfonctionnements sur lesquels la science administrative a
fini par construire une part de son identité intellectuelle (v. Conseil d’État, Struc-
tures gouvernementales et organisation administrative, La Documentation française,
Paris, 1986). Le travail de recomposition de la structure gouvernementale entrepris
en France dans le cadre de la révision générale des politiques publiques (RGPP)
depuis les années 2007-2008 met aussi en pleine lumière les difficultés auxquelles
peut se heurter le pouvoir politique pour adapter les organes centraux de l’État aux
transformations voulues de la fonction administrative (v. E. Woerth, RGPP, 2e rapport
d’étape au président de la République, Paris, mai 2009). Le mouvement observé ici
ne concerne d’ailleurs pas seulement le nombre des ministères, il s’entend encore
de la multiplication des subdivisions administratives au sein de chaque département
ministériel. Certes le ministre ne dispose pas d’une entière liberté pour organiser ses
propres services : pareille opération reste conditionnée par le contenu matériel de
ses attributions, lesquelles sont fixées par décret en Conseil des ministres, pris après
avis du Conseil d’État ; et l’organisation des services centraux relève elle-même d’un
décret en Conseil d’État. Mais le pouvoir ministériel s’exerce au-delà de ce condi-
tionnement juridique et les changements d’orientation politique ne manquent pas
de se traduire par des réaménagements structurels. Ce remue-ménage institutionnel
se pratique d’autant plus aisément que les directeurs d’administrations centrales
appartiennent à la catégorie des fonctionnaires à la décision du gouvernement dont la
gestion relève du pouvoir discrétionnaire de l’autorité politique.
Sans doute peut-on avancer que la structure du gouvernement n’est jamais tota-
lement étrangère au traitement que lui réserve le droit politique. C’est probable-
ment plus évident là où la Constitution par exemple détermine le nombre comme
les attributions sectorielles des ministères. Ailleurs, même si la forme donnée au
gouvernement ne porte pas la marque de ce « modèle » constitutionnel, elle a
trouvé ses conditions de possibilité juridiquement définies. Raisonnant sur le cas
français, on y trouve la règle suivante : la Constitution laisse le pouvoir exécutif
libre de définir lui-même sa propre organisation. Dans cet espace ouvert par le
14
Les « principes généraux » de l’organisation administrative
15
Traité de droit administratif
voient par principe leurs activités déterminées par leur spécialité. Leur champ
d’action est donc limité, « circonscrit par le périmètre de ses missions » écrit,
p. 11, le Conseil d’État dans son « Rapport d’étude sur les établissements publics »
de 2009. On a donc affaire à une logique d’administration verticale conduite par
des unités opérationnelles autonomes, par opposition aux modes d’action horizon-
tale que suppose l’interministérialité. Ce constat n’est pas tout à fait innocent : on
peut imaginer sans mal les risques de conflit que porte, en situation, la rencontre
possible entre ces deux rationalités ! Toujours est-il qu’avec ce principe, même
s’il est aujourd’hui quelque peu malmené du fait des politiques de modernisa-
tion, les juristes disposent d’un instrument de lecture de l’organisation administra-
tive. Il leur rend au moins possible une distinction entre deux types d’institutions
administratives, celles qui sont délibérément constituées pour n’exercer, sous le
contrôle du juge, qu’une tâche ou un groupe de tâches déterminées — tel est le
cas des entités dont il est maintenant question —, et celles qui, au contraire, ne
connaissent aucune limitation de principe à leur compétence, en dehors du terri-
toire qui leur est assigné.
b. Remarques sur le principe d’autonomie. La réalisation institutionnelle de
cette autonomie passe, c’est certain, par de sérieuses variations. Mais si l’auto-
nomie n’est pas une dans ses modalités d’exercice, elle est une dans son principe.
C’est bien parce que leur création répond à la volonté étatique d’une réalisation
autonome, ou plus autonome, de l’action publique, qu’agences, autorités adminis-
tratives indépendantes, autorités publiques indépendantes, établissements publics,
et autres groupements d’intérêt public ne peuvent être désormais saisis qu’en-
semble par l’analyse juridique, à travers la confrontation méthodique de leurs
traits communs et/ou de leurs différences les plus marquantes. On a longtemps
considéré la personnalité morale comme la technique juridique la mieux adaptée
à l’exigence de l’autonomie : l’organisme public qui, au sein même de l’adminis-
tration d’État, s’en trouve bénéficiaire, dispose ainsi d’une autonomie de gestion
d’autant plus affirmée qu’elle est portée par une institution juridiquement identi-
fiée. Le succès que continue de rencontrer la formule de l’établissement public —
par-delà un état de crise sur lequel la doctrine ne manque pourtant pas de multi-
plier les alertes — montre tout l’intérêt pratique de cette technologie dont les
usages se sont étendus au cas des agences (encore qu’elles ne soient pas toutes
dotées de la personnalité morale), à celui des autorités publiques indépendantes
que l’on a pris l’habitude de présenter comme des autorités administratives indé-
pendantes auxquelles on aurait reconnu la personnalité morale, ainsi qu’aux grou-
pements d’intérêt public dont la qualité de personnes morales de droit public a fini
par être admise après quelques tergiversations (T. confl. 14 févr. 2000, GIP Habitat
et interventions sociales c/ Mme Verdier, AJDA 2000. 465). Cette forme personna-
lisée de l’autonomie qui est tout à la fois juridique et financière, est placée sous
la protection jurisprudentielle du Conseil d’État. Le juge ne manque pas de sanc-
tionner les décisions de l’État qui empiètent sur le champ des compétences, par
exemple réglementaires, qui sont constitutives de l’autonomie (V. pour illustration,
CE, 4 juin 1993, ass., Assoc. des anciens élèves de l’ENA, Lebon 168). La reconnais-
16
Les « principes généraux » de l’organisation administrative
17
Traité de droit administratif
18
Les « principes généraux » de l’organisation administrative
19
Traité de droit administratif
20
Les « principes généraux » de l’organisation administrative
conçues depuis sa suppression de principe — ne peut, ainsi qu’on l’a dit, s’exercer
sans texte. Partout où un pareil pouvoir existe dans l’administration, il a vocation à
régir tout à la fois l’action — ou l’inaction — juridique des agents subordonnés et
leur personne. Pour atteindre ces objectifs, le supérieur hiérarchique pourra inter-
venir aussi bien en délivrant des habilitations qu’en opposant des interdictions,
qu’elles passent par la voie de l’annulation ou celle de la réformation. Mais l’es-
sentiel tient ici aux conditions d’exercice de ces interventions : ce que les juristes
appellent l’opportunité. De celle-ci dépend en effet toute l’intensité du pouvoir
hiérarchique. L’autorité qui agit en opportunité est dispensée de devoir argumenter
depuis des considérations d’ordre juridique ; elle peut valablement se déterminer
à partir de motifs de pur fait, qu’ils soient de nature technique, financière, poli-
tique, philosophique, etc. Rien n’empêche, dans un tel contexte, que puisse être
annulée par l’autorité étatique compétente la décision, même légale, d’une collec-
tivité locale, dès lors qu’elle serait considérée comme inopportune. Voilà pourquoi
on peut dire du pouvoir hiérarchique qu’il investit ses bénéficiaires du droit de
faire prévaloir leur volonté propre.
Ainsi présenté, le pouvoir hiérarchique sert pleinement une représentation
homogène et unifiée de l’appareil d’État. Il participe de son efficacité et condi-
tionne sa rationalité. Les juristes retrouvent ici, par des voies qui leur sont propres,
l’idéal-type wébérien de la bureaucratie moderne. On ne s’en étonnera pas puisque
la construction juridique est elle-même modélisée : elle n’est qu’un procédé de
lecture d’une réalité institutionnelle parfois fort éloignée de sa représentation. Les
travaux les plus classiques de la sociologie des organisations (v. M. Crozier, Le
phénomène bureaucratique, Seuil, coll. « Points », Paris, 1963 ; F. Dupuy et J.-C.
Thoenig, op. cit.) ont établi, par exemple, que l’exercice du pouvoir décisionnel
dans l’administration française est loin de suivre toujours les lignes supposées
du pouvoir hiérarchique. Les enquêtes montrent que des « hiérarchies parallèles »
se constituent parfois, qui redoublent et neutralisent la répartition juridique des
fonctions. Les juristes sont d’ailleurs eux-mêmes contraints de repenser leurs
propres modèles d’analyse. Il leur faut ainsi revoir à la baisse le rôle explicatif de la
hiérarchie dans l’organisation administrative, au regard des développements spec-
taculaires de l’action publique contractuelle (J.-P. Gaudin, Gouverner par contrat.
L’action publique en question, Presses de sciences po, Paris, 1999).
21
Traité de droit administratif
a. L’« impensé » de la doctrine. Comme cela l’a été affirmé plus haut, il
n’est pas même imaginable de faire ici retour sur l’énorme corpus doctrinal
qu’ont constitué les juristes en cette matière. Le choix a donc été fait d’en
rendre compte à travers un prisme de lecture, celui que nous tendent les
travaux précités de C. Eisenmann, même s’ils sont bien antérieurs aux poli-
tiques modernes de décentralisation. S’il faut motiver ce choix, en voici parmi
d’autres deux raisons décisives. Commençons par ce constat : l’auteur fait
partie de ces rares « publicistes » pour lesquels la description de l’organisa-
tion administrative pose de véritables problèmes de théorie juridique. Ses ensei-
gnements disent que l’analyse des agencements institutionnels constitutifs de
l’administration passe par une relecture critique de certaines des catégories le
plus usuelles de la pensée juridique dominante. Aux yeux de C. Eisenmann,
celle-ci a tort de laisser croire que l’on peut innocemment et sans risque traiter
22
Les « principes généraux » de l’organisation administrative
de l’organisation administrative comme d’un objet déjà là, qui s’offrirait à des
opérations de pure représentation. Réfutant la pertinence des typologies les
plus courantes, il découvre toute une part occultée, mais ô combien édifiante,
de la facture territoriale de l’administration française. L’autre raison est d’une
tout autre nature : sans cesser d’être un juriste affichant un positivisme hérité
de Kelsen (Encore que C. Eisenmann sache prendre ses distances avec Kelsen.
V. en ce sens, « Science du droit et sociologie dans la pensée de Kelsen » et « Sur
la théorie kelsénienne du domaine de validité des normes juridiques », in Écrits
de théorie du droit, de droit constitutionnel et d’idées politiques, textes réunis par
C. Leben, éd. Panthéon Assas, Paris, 2002, p. 395-436), il élabore une théorie
générale de l’organisation administrative qu’il est possible, dans une certaine
mesure, de rapprocher de la modélisation de l’action publique locale à laquelle
aboutit, sous le nom de « régulation croisée », la sociologie des organisations
(P. Grémion, Le pouvoir périphérique. Bureaucrates et notables dans le système
politique français, Seuil, Paris, 1976).
Cette rencontre du juriste et du sociologue — aussi fortuite soit-elle — là où
se nouent les rapports de l’administration et du territoire (La lecture strictement
juridique de la décision locale à laquelle se livre C. Eisenmann « rejoint » en effet
les analyses qu’en propose la sociologie des organisations à travers l’image d’une
« régulation croisée » entre les acteurs, administratifs et politiques, de l’action
publique. La thèse selon laquelle les décisions locales sont le produit obligé de trac-
tations, entre ceux que P. Grémion appelle les « bureaucrates » et les « notables »,
pourrait bien être recodée dans les termes juridiques de la semi-décentralisation),
justifie, à elle seule, le détour par la pensée eisenmannienne !
Ce que montre cette dernière, appliquée aux problèmes que pose l’organisation
territoriale d’une administration, présuppose déconstruction de la doctrine tradi-
tionnelle. L’auteur propose en effet de déplacer le regard que porte généralement
le juriste sur la structuration territoriale de la fonction administrative. Ce regard en
effet n’est pas assez attentif à toutes les singularités de la micro-administration,
c’est-à-dire à la façon dont se prennent vraiment les décisions dans les institutions
concernées. De ce déficit de vigilance théorique résulte la représentation juridique
très grossière que la littérature juridique donne des montages très complexes par
lesquels cheminent les politiques publiques territoriales. Tel est le sens de l’oppo-
sition binaire entre centralisation et décentralisation, à ce point intériorisée par
la doctrine qu’elle finit par la croire naturelle. Pour peu que l’on veuille regarder
comment se fabrique la décision, on est vite conduit à reconnaître l’existence de
trois et non plus deux modèles décisionnels. Bien sûr l’observateur va pouvoir
continuer de compter avec le fait de la centralisation comme avec celui de la
décentralisation. Mais il ne va pas manquer de constater que l’usage de ces deux
modèles types ne lui permet pas d’appréhender toute la substance de la fonction
administrative à l’œuvre dans les territoires. Bref, le voici face à un reste qu’il est
impuissant à nommer. Ce reste, C. Eisenmann va s’employer à lui donner une
identité juridique en lui donnant un nom : la semi-décentralisation.
23
Traité de droit administratif
24
Les « principes généraux » de l’organisation administrative
SECTION 2
LES TRANSFORMATIONS DE L’ORGANISATION
ADMINISTRATIVE
25
Traité de droit administratif
26
Les « principes généraux » de l’organisation administrative
27
Traité de droit administratif
28
Les « principes généraux » de l’organisation administrative
29
Traité de droit administratif
— c’est le moins qu’on en puisse dire — l’élaboration des grandes lois de décen-
tralisation du début des années 1980 ! Rien de franchement paradoxal là-dedans :
nous vivons la fin du territoire jacobin, c’est-à-dire d’une topographie administra-
tive largement façonnée par le droit administratif ; et les recompositions territo-
riales en cours sont informées par des représentations du Territoire promues par
le discours et les pratiques communautaires.
a. Quelle part le juridique prend-il dans la reproduction d’une certaine topogra-
phie administrative ? Cette interrogation nous fait retrouver le droit public fran-
çais en tant que vecteur d’un système de croyances et de pensée, bref d’une idéo-
logie que l’on qualifie, pour faire vite, de « jacobine ». Cette idéologie a toutes les
caractéristiques de ce que P. Legendre appelle, pour sa part, la « pensée natio-
naliste ». Celle-ci célèbre certaines valeurs et vertus que le droit a littéralement
prises en charge, pour en faire des données juridiquement sanctionnées. C’est
en cela que le droit peut être assimilé à un conservatoire de principes où l’État
trouve des réserves de légitimité. Ces principes, quels sont-ils ? Ils composent
une double thématique. D’un côté, l’indivisibilité de la République et l’intégrité de
son territoire, et, l’unité de la structure administrative des collectivités territoriales
perçue comme condition de leur égalité juridique. D’où le choix, très tôt réalisé,
du département comme instrument privilégié de quadrillage du territoire par le
Centre. De l’autre côté, la dévalorisation du « local » : il est longtemps resté —
jusqu’aux dernières politiques de décentralisation — une catégorie organisée sur
le mode mineur par un droit qui a toujours pensé le Centre comme seul produc-
teur et garant de l’intérêt général (v. infra, les analyses présentées sous le titre :
« métamorphoses »). Derrière cette double thématique s’exprime la hantise tenace
du fédéralisme et d’un démembrement de la nation, que pourrait encourager la
consécration d’une trop grande diversité des territoires. Certes, avec la décentra-
lisation, le moment est venu d’une révision des vieux dogmes juridiques. Mais
quelle que soit l’importance des réajustements en cours, le droit demeure, pour un
temps et dans une certaine mesure, porteur d’anciennes croyances qui servent,
le cas échéant, à retenir le cours de la réforme. On évitera de voir derrière cette
proposition une quelconque intention de nier la réalité des changements inter-
venus dans l’articulation des rapports centre/périphérie. Il s’agit bien au contraire
de questionner les procédés et les procédures de changement et d’élucider le rôle
tenu par le droit dans la reproduction d’une certaine identité nationale. On pour-
rait en ce sens examiner les usages auxquels le Conseil constitutionnel soumet
la notion de libre administration des collectivités territoriales ; relire le rapport
que consacre le Conseil d’État à la décentralisation et aux tensions qu’elle fait
subir à l’ordre juridique ; s’interroger sur le sens et la fonction des nombreux
rapports critiques que la Cour des comptes a réservés ces dernières années aux
politiques du Territoire. Ce sont autant de discours où le « local » continue d’appa-
raître comme cet espace mineur qu’il faut rappeler à l’ordre central de la raison
comme à celui de la vertu.
b. Comment l’Europe influence-t-elle la recomposition des territoires adminis-
tratifs ? À cette question, une double réponse s’impose. On parlera tout d’abord
30
Les « principes généraux » de l’organisation administrative
31
Traité de droit administratif
32
Les « principes généraux » de l’organisation administrative
que l’on rassemble désormais sous la bannière du new public management. Reste
que le contexte a singulièrement changé : la conversion à ce que l’on appelle
les nécessités de l’économie de concurrence va désormais de pair avec la célé-
bration des mérites prêtés au new public management, alors que dans le cours
des années 1970, d’aucuns pouvaient encore croire aux vertus d’une planification
démocratique mise au service de l’État social. Le chiffre et le calcul appartiennent
à une manière nouvelle de concevoir l’exercice du pouvoir et servent de levier à
la réforme de l’État. La LOLF et la RGPP disent cette part déterminante des opéra-
tions de quantification dans les jugements portés sur l’organisation administrative.
La volonté de « remise à plat » systématique des politiques publiques concerne
aussi la structure institutionnelle dont elles dépendent. Cette dernière doit aussi
répondre à l’impératif du plus grand rendement au moindre coût. La satisfaction
de cette double exigence passe par une politique de rationalisation de l’appa-
reil administratif dans toutes ses composantes, impliquant aussi bien les services
centraux et déconcentrés de l’État que les administrations décentralisées. Il n’est
dorénavant aucune bonne raison qui justifierait de soustraire ces entités publiques
au régime de la performance. La gouvernance par les chiffres vaut aussi pour les
institutions publiques qui doivent la mettre en œuvre. Informée par l’imaginaire
managérial, la modernisation de l’État change de trajectoire : l’action publique
cesse de pouvoir être pensée à partir des institutions existantes ; il importe désor-
mais de concevoir l’organisation administrative en fonction de l’action publique
redéfinie et redessinée par la RGPP.
33
Traité de droit administratif
34
Les « principes généraux » de l’organisation administrative
35
Traité de droit administratif
36
Les « principes généraux » de l’organisation administrative
1. Les développements qui composent ce § ont été esquissés dans un rapport présenté le 13 décembre
2010 au Conseil d’État, en introduction au colloque de l’IFSA : « Quel modèle d’administration territo-
riale pour demain ? », à paraître.
37
Traité de droit administratif
38
Les « principes généraux » de l’organisation administrative
À dire vrai, l’embarras que l’on peut éprouver face à l’existence de points de
vue aussi contrastés ne trouve pas son explication dans les limites inhérentes à
la doctrine des juristes. Le problème vient de beaucoup plus loin. Les analyses de
l’action publique (v. J.-P. Gaudin, L’action publique. Sociologie et politique, Presses
de science po et Dalloz, coll. « Amphi », Paris, 2004 ; P. Hassenteufel, Sociologie
politique : l’action publique, A. Colin, coll. « U », Paris, 2008 ; P. Lascoumes et P. Le
Galès, Gouverner par les instruments, Presses de sciences po, coll. « gouvernances »,
Paris, 2004 ; G. Massardier, Politiques et action publiques, A. Colin, coll. « U », Paris,
2003 ; P. Muller P. et Y. Surel, Analyse des politiques publiques, Montchrestien, coll.
« Clefs », 1998) montrent à quelles difficultés se heurtent les programmes tendant
à penser le changement. C’est que les institutions ne se laissent pas facilement
manœuvrer. Il faut ici compter avec des formes multiples de résistance aux chan-
gements : phénomènes auxquels on s’emploie à donner une signification parlante,
en les désignant par la métaphore de la « dépendance au sentier » (path depen-
dency). C’est que les institutions sont chargées de mémoire (P. Legendre, « Une
mémoire fonctionnelle », RFAP 2002. 223-228) et que, plus que d’autres, les insti-
tutions administratives portent les traces d’héritages avec lesquels les politiques
de réforme sont toujours condamnées à plus ou moins composer. Cette « leçon »
ne date d’ailleurs pas d’hier : ne venait-elle pas déjà au soutien des thèses expo-
sées par Tocqueville dans « L’Ancien Régime et la Révolution », tout particulière-
ment lorsqu’il se demande (dans le chapitre 5 de son livre 2, De la démocratie en
Amérique, paru en 1840). « Comment la centralisation avait pu s’introduire ainsi au
milieu des anciens pouvoirs et les supporter sans les détruire » ?
Mais au-delà de ces questions qui appartiennent aux répertoires les plus courants
de l’analyse des politiques publiques (dont on sait, notamment à travers les appli-
cations la RGPP, qu’elles se donnent volontiers les institutions pour objet, sinon
pour cible), il y a toutes les incertitudes que porte la notion même de changement.
Le travail qu’a consacré F. Jullien à ce que la philosophie chinoise classique saisit
des « transformations silencieuses » permet, s’il en est besoin de s’en persuader.
Sont ainsi désignées des formes de changement aussi discrètes que réelles, dont
l’intensité ne nous apparaît qu’après coup. Laissons l’auteur désigner ici aux occi-
dentaux les limites de leur pensée : « Car il ne faudrait pas se tromper sur la
difficulté qu’on rencontre à penser la transformation qui, par principe, je crois,
est toujours “silencieuse”. Il ne s’agit pas là seulement, en effet, d’une différence
d’échelle et de grandeur : parce que nous ne pourrions saisir qu’en gros et, de
ce fait, après coup et brutalement ce qui ne se passe, en fait, que graduellement
et dans l’infiniment petit ; parce que nous n’aurions pas la vue assez perçante,
en somme, ou l’ouïe assez fine, pour distinguer ce microscopique. La difficulté
à penser la transformation est à prendre beaucoup plus en amont et nous fait
mettre effectivement le doigt, je crois, au point précis où c’est notre façon (euro-
péenne) de penser qui se trouve en défaut. Cette difficulté est celle de penser
son être même qu’est en son cœur la transition, celle-ci disant explicitement, si
je range un terme sous l’autre, le “passage” permettant d’aller d’une forme à la
suivante — dans l’entre-forme si je puis dire — et développant ainsi de son mieux
39
Traité de droit administratif
B. Invariances
1. La notion d’invariance
Il n’y a dans le fait de parler ici d’invariances aucune volonté de manier le para-
doxe. C’est très précisément notre perception du « changement » qui se trouve
ainsi interrogée. Le processus de réforme ou de modernisation de l’administration
— qu’il concerne la répartition fonctionnelle des tâches ou leur distribution territo-
riale — peut difficilement prétendre à la globalité. Les innovations institutionnelles
ne sont guère susceptibles de toucher, dans le même temps et avec la même inten-
sité, la totalité des secteurs de l’action publique et des structures territoriales. Les
transformations dessinent une géographie contrastée ; leur carte ne peut qu’être
incomplète et imparfaite. L’œuvre modernisatrice ne se fait pas partout sentir, et
là où elle le fait, sa force n’est pas partout la même. Cette lecture du changement
administratif ne nous est-elle pas imposée par la généalogie même de l’État ?
40
Les « principes généraux » de l’organisation administrative
Celle-ci ne nous apprend-elle pas, par exemple, à regarder les territoires d’action
publique comme autant de palimpsestes où les marques de l’histoire ancienne
restent bien présentes sous les apports successifs des périodes plus récentes ?
Il est une autre raison qui impose le choix de l’invariance. Elle ne se découvre
pas seulement dans la logique sédimentaire de l’institutionnalisation administra-
tive. Elle est encore un fait qui ressort assez nettement des analyses compara-
tives de la réforme de l’État (RISA, op. cit., 2010). Le discours du changement ne
s’entend plus tout à fait de la même manière lorsque l’on confronte l’expérience
française de la RGPP avec certaines réformes que l’on peut également conduire
ailleurs à des fins de plus grand rendement de l’action publique. On pense en
particulier aux opérations de réagencement institutionnel qui ont pu avoir lieu au
Canada, en Nouvelle-Zélande ou au Royaume-Uni. Ces autres expériences permet-
tent de mieux situer le programme français de modernisation. Elles donnent tout
leur sens à la thèse retenue ici selon laquelle la réforme consiste à surtout promou-
voir le changement dans la continuité.
Si ces deux arguments suffisent à justifier la place que l’on fait à la probléma-
tique de l’invariance, ils ne disent rien sur la façon dont l’organisation adminis-
trative française parvient à se reproduire, par-delà les mutations qui par ailleurs
affectent son identité juridique. Mais avant toute tentative de description de ce
qui demeure structurellement de la « longue durée » de l’administration, revenons
d’un mot sur le problème de méthode que pose cette démarche : les politiques
de réforme composent, on l’a dit, jusque dans leur expression juridique, avec
des héritages institutionnels qui ne viennent pas seulement d’une autre histoire,
mais procèdent encore d’une autre rationalité. « Composer avec », cela ne saurait
vouloir dire : entretenir des rapports de neutralité. Ce n’est donc pas une simple
logique de juxtaposition qui opère à l’intérieur d’un système, mais bien plutôt des
interactions, des télescopages, des hybridations. Il ne peut bien sûr qu’en résulter
nombre d’incertitudes sur la manière dont s’établissent les nouveaux équilibres,
pour ne rien dire des difficultés auxquelles se heurte le juriste soucieux de les
saisir juridiquement !
41
Traité de droit administratif
sur la forme de l’État lui-même. La décentralisation n’en finit guère d’être pensée
comme une réforme de l’État et pour l’État. Cette thèse définit en quelque sorte
l’horizon intellectuel de notre décentralisation : c’est elle que développait déjà
le fameux rapport « Vivre ensemble » conçu au milieu des années 1970, sous la
direction d’O. Guichard, c’est elle que l’on retrouve dans la formule de N. Sarkozy,
alors ministre de l’intérieur, et appelant dans la revue « Pouvoirs locaux » à
plus de décentralisation : « la réforme de l’État passe par la décentralisation »
(v. N. Sarkozy, « Pour une différenciation régionale », Pouvoirs locaux, n° 51, 2001,
p. 91-93). En affirmant jadis qu’il fallait voir dans cette dernière « un mode d’être
de l’État », Hauriou n’avait-il pas, incontestablement, déjà dit l’essentiel ? Une
chose est sûre : des lois Defferre à la récente loi du 16 décembre 2010 sur la
réforme des collectivités territoriales, les choix effectués au nom d’une décentrali-
sation qui se veut toujours plus effective et authentique, ont toujours été faits par
référence à un même principe intangible : celui de l’unité et de l’indivisibilité de
l’État. La France ne cesse pas d’être un État unitaire dans lequel les collectivités
décentralisées reçoivent leurs compétences de l’État lui-même. Comme l’observe
le Conseil d’État dans son rapport public de 1993 « Décentralisation et ordre juri-
dique » : « Il ne peut, dans un tel pays, exister de présomption de compétences
en faveur de collectivités territoriales ». Voilà qui dit clairement les choses et vaut
intervention dans le débat sur la question de la clause générale de compétence
qu’ont relancée en doctrine les débats ayant préparé la loi du 16 décembre 2010 :
loin d’apparaître ici comme constitutive d’une notion constitutionnelle de collec-
tivité territoriale, cette fameuse clause ne serait qu’une figure contingente de la
volonté du seul législateur. C’est de surcroît à cette surdétermination du « local »
par l’État qu’il faut rattacher l’absence de tout pouvoir réglementaire initial des
entités décentralisées comme l’encadrement juridique très strict dans lequel se
trouve enfermée l’action extérieure des collectivités territoriales.
b. Une semblable réaffirmation de la continuité institutionnelle sous les change-
ments les plus visibles caractérise encore les politiques de réorganisation adminis-
trative et de regroupements bureaucratiques qui affectent l’appareil d’État propre-
ment dit, en France comme dans la plupart des États européens (RISA, op. cit.,
2010). Ce mouvement auquel la RGPP donne plus d’étendue et de profondeur et
où l’on retrouve l’usage systématique du répertoire du new public management
ne saurait être tenu pour dérisoire. D’autant qu’il va de pair avec une tendance
lourde et générale à l’expérimentation de nouvelles façons de gouverner ou, pour
le dire à la manière de Foucault, de nouvelles technologies de pouvoir, tout ce que
la science administrative retient de son côté sous l’abominable terme d’« agen-
cification » (RISA, op. cit., 2010). Il y a là tout un programme de reconfiguration
administrative dont on aurait tort de sous-estimer les effets. Ceux-ci n’intéressent
pas seulement la forme de l’État, ils concernent également les conditions de mise
en œuvre de l’action publique et la situation des agents publics. Mais pour réelles
que soient toutes ces métamorphoses, elles ne suffisent pas à faire oublier ce qui
vaut encore marque identitaire de l’architecture publique : la départementalisa-
tion ministérielle. Soumis à des travaux récurrents de redécoupage, les ministères
42
Les « principes généraux » de l’organisation administrative
43
Traité de droit administratif
44
Les « principes généraux » de l’organisation administrative
C. Métamorphoses
Le traitement réservé à la question de l’invariance ne vaut surtout pas déni
des changements que les politiques de réforme de l’État impriment, par ailleurs,
dans les modes d’organisation administrative. Entre les images que donnaient de
ces derniers les manuels de droit administratif conçus au début des années 1980
et celles que proposent les ouvrages les plus récemment écrits, la différence est,
parfois, saisissante : la doctrine des juristes accompagne les métamorphoses de
l’administration. La tâche consistant à les décrire n’en reste pas moins délicate :
une part significative de la réforme de l’État — celle qui concerne son expression
territoriale ou déconcentrée — étant en cours de réalisation au moment où doit
s’écrire le présent chapitre, l’information pertinente reste très largement tributaire
du travail de mise en récits qu’accomplit l’État pour mieux légitimer sa propre
réforme. Formalisés dans les textes officiels, ces récits sont surtout portés par
les « commentaires autorisés » qui ont servi à leur préparation ou célèbrent leur
production. En l’absence d’enquêtes et de travaux empiriques sur l’expérience
concrète de cette reconfiguration territoriale de l’État, force est d’en passer par
ces récits indexés sur des modèles conceptuels. Sous cette réserve — c’est vrai
qu’elle est de taille — il est permis d’affirmer que, depuis les années 1980, nous
sommes entrés dans une phase de « réinvention de l’État » (G. Timsit, « La réin-
vention de l’État », RISA 2008. 181-192). Installé dans la durée, ce processus se
45
Traité de droit administratif
poursuit, produisant des effets inégaux. C’est bien pourquoi il a pu être question
ci-dessus d’invariance. Les mouvements en cours laissent voir bien des marques
de l’histoire ancienne : telle est la logique du palimpseste antérieurement évoquée.
Reste que tout au long des trente dernières années, un projet est à l’œuvre, large-
ment partagé par les élites politiques et administratives, bien au-delà du seul cas
français, et qui consiste à remodeler l’État, au sens littéral que G. Timsit donne à
cette expression : répartir autrement sur le territoire la matérialité de l’État.
Ainsi — mais la mise en relation de ces deux phénomènes dépasse les limites
du présent chapitre — c’est au moment où sa propre centralité dans le système
des relations internationales est mise en question, que l’État territorial entreprend
son auto-décentrement. Là réside la caractéristique majeure du changement. Plus
précisément, il s’impose dans le paysage institutionnel de trois manières.
Nous y voyons s’inscrire, tout d’abord, les effets matériels et symboliques d’une
revalorisation généralisée du « local », comme l’indique la promotion soudaine du
terme de « territoire » dans les langages savants aussi bien que dans la communi-
cation courante. Là où les représentations et autres croyances dominantes depuis
la fin du XVIIIe siècle ont largement contribué à l’élaboration, notamment juridique,
d’une sorte de grammaire commune de l’Unité, sinon de l’Uniformité, un tel
déplacement du système des valeurs fait figure de véritable événement.
Il y a ensuite l’émergence, puis la banalisation, de nouvelles figures institution-
nelles qui participent, d’une autre manière, des progrès du polycentrisme adminis-
tratif (J. Chevallier, « Régulation et polycentrisme dans l’administration française »,
Rev. adm., 1998, n° 301, p. 43-53) : on aura reconnu ici, par-delà la tendance
lourde à la création d’agences, ce phénomène plus général et déjà rencontré que
l’on s’accorde à désigner du nom d’« agencification ».
Enfin, la logique même du travail de description implique de faire retour sur l’un
des thèmes d’ouverture du présent chapitre : le rapport public-privé. La circularité
du propos ne manquera sans doute pas d’intriguer : n’est-elle pas le signe d’une
réflexion impuissante, tournant sur elle-même parce qu’incapable d’aboutir ? L’ob-
jection ne serait décisive que s’il s’agissait de présenter ici, par une projection dans
l’avenir, les principes d’organisation d’une nouvelle architecture administrative. Tel
n’est pas l’objet d’un chapitre qui vise, beaucoup plus modestement, à en décrire
l’économie, dans ses composantes et son mouvement. Si pareil programme ne
peut guère échapper à la figure du cercle, c’est que le questionnement doctrinal
sur les critères juridiques de l’identité administrative est sans fin. L’interrogation
laisse toujours un reste justifiant sa réactivation. Or la reconsidération du rapport
public-privé qui est au principe même de la réforme de l’État ouvre de nouvelles
zones d’incertitude
Pour en venir à ces trois figures de la nouvelle architecture administrative, il
a bien fallu faire un choix : accepter par avance de ne pas décrire dans toutes
ses formes la reconfiguration de l’État, pour n’en suivre que les lignes les plus
emblématiques.
46
Les « principes généraux » de l’organisation administrative
47
Traité de droit administratif
48
Les « principes généraux » de l’organisation administrative
49
Traité de droit administratif
50
Les « principes généraux » de l’organisation administrative
finissent par informer les contours mais aussi l’organisation interne de l’« admi-
nistration ». Ainsi de cette représentation généreuse de l’entreprise qui vient du
droit communautaire, et qui change bel et bien la donne institutionnelle. Tout en
permettant de considérer qu’il existe des activités de service public qui demeurent
insensibles aux exigences du marché — le Conseil d’État en a reconnu le principe
dans son importante décision « Ordre des avocats au barreau de Paris » (v. CE, ass.,
31 mai 2006, Ordre des avocats au barreau de Paris, Lebon 272, AJDA 2006. 592,
chron. C. Landais et F. Lénica) — elle conduit, au total, à une forte révision à la
baisse de ce que l’on appelait traditionnellement, depuis le droit, la fonction admi-
nistrative. Soyons plus précis ; regardons par exemple « travailler » le droit commu-
nautaire de la commande publique et ses expressions nationales. Ils apparaissent,
à tort ou à raison, comme autant d’incitations à choisir des formes d’organisation
de l’action publique qui s’écartent, autant que de besoin, du droit public. Certes,
on ne manque jamais l’occasion de rappeler en pareil cas que le droit de l’Union
ne préjuge en rien le régime juridique de la propriété dans les États-membres.
C’est formellement incontestable : on voit même la CJUE faire valoir dans une
décision « Commission contre Allemagne » du 9 juin 2009 (V. CJCE 9 juin 2009,
Commission des communautés européennes c/ République fédérale d’Allemagne, AJDA
2009. 1715, note J.-D. Dreyfus et S. Rodrigues), où il est notamment question de
la mutualisation, que : « le doit communautaire n’impose nullement aux autorités
publiques, pour assurer en commun leurs missions de service public, de recourir
à une forme juridique particulière ». Mais il y a les pratiques dont il est permis
de tirer un double enseignement. Le premier concerne l’attitude des instances
communautaires elles-mêmes. Ne voient-elles pas, notamment dans l’expérience
française de l’établissement public, comme une volonté politique de protection
de l’entité publique qui serait, par elle-même, de nature à fausser l’exercice de
la concurrence ? Le dernier Rapport du Conseil d’État sur la question de l’établis-
sement public se lit d’ailleurs comme une tentative de déconstruire ce discours
communautaire du soupçon ! Par-delà ce cas, c’est un même « déplacement »
fondamental qui est globalement à l’œuvre : les structures de droit public sont
délaissées au profit de formes de droit privé jugées beaucoup plus accueillantes.
L’histoire administrative française de ces vingt-cinq dernières années en offre une
très édifiante démonstration, où les établissements publics administratifs se font
de plus en plus industriels et commerciaux, avant de devenir sociétés de capitaux.
Cette dynamique institutionnelle possède, il est vrai, en France une force particu-
lière, en raison de la grande prospérité qu’a connue un droit administratif pensé
dès l’origine comme le droit exorbitant dont l’État estime avoir besoin pour se
construire et se légitimer. Là, sans doute plus qu’ailleurs, il s’agissait, par l’usage
du droit public d’affirmer et d’afficher des différences au bénéfice de la sphère
publique, c’est-à-dire de l’intérêt général. Que le type d’organisation administrative
qu’appelait cette représentation de l’État soit en porte à faux avec le modèle euro-
péen d’administration qui prend plus ou moins forme dans le discours juridique
des instances communautaires, voilà qui ne saurait étonner !
51
Traité de droit administratif
BIBLIOGRAPHIE 1
OUVRAGES
– G. Agamben, Qu’est-ce qu’un dispositif ?, éd. Payot et Rivages, Paris, 2007.
– B. Badie, Un monde sans souveraineté. Les États entre ruse et responsabilité, Fayard, coll.
« L’espace du politique », Paris, 1999.
– G. Braibant et Stirn, Le droit administratif français, Presses de sciences po et Dalloz, coll.
« Amphi », Paris, 2005.
– J. Caillosse, Les « mises en scène » juridiques de la décentralisation. Sur la question du territoire
en droit public français, LGDJ, coll. « Droit et société », Paris, 2009.
1. Ne figurent dans cette bibliographie que les références présentées dans le texte entre parenthèses.
52
Les « principes généraux » de l’organisation administrative
53
Traité de droit administratif
– P. Lascoumes et P. Le Galès, Gouverner par les instruments, Presses de sciences po, coll.
« Gouvernances », Paris, 2004.
– P. Legendre, Sur la question dogmatique en Occident, Fayard, Paris, 1999.
– P. Legendre, Trésor historique de l’État en France. L’administration classique, Fayard, Paris,
1992.
– D. Lochak, Le rôle politique du juge administratif français, LGDJ, coll. « Bibliothèque de droit
public », Paris, 1972.
– M. Lombard et G. Dumont, Droit administratif, Dalloz, coll. « Hypercours », Paris, 2011.
– G. Marcou, Les mutations de l’administration en Europe. Pluralisme et convergences, L’Har-
mattan, coll. « Logiques juridiques », Paris, 1995.
– G. Massardier, Politiques et action publiques, A. Colin, coll. « U », Paris, 2003.
– C.-A., Morand, Le droit néomoderne des politiques publiques, LGDJ, coll. « Droit et société »,
Paris, 1999.
– P. Muller et Y. Surel, Analyse des politiques publiques, Montchrestien, coll. « Clefs », 1998.
– H. Oberdorff, Les institutions administratives, Sirey, coll. « Université », Paris, 2006.
– A. Ogien et S. Laugier, Pourquoi désobéir en démocratie ?, La découverte, coll. « Textes à
l’appui », Paris, 2010.
– P. Rosanvallon, L’ État en France de 1789 à nos jours, Seuil, coll. « L’univers historique »,
Paris, 1990.
– P. Rosanvallon, La légitimité démocratique. Impartialité, réflexivité, proximité, Seuil, coll. « Les
livres du nouveau monde », Paris, 2008.
– A. Smith, L’Europe politique au miroir du local, L’Harmattan, Paris, 1995.
– A. Supiot, L’esprit de Philadelphie. La justice sociale. La justice sociale face au marché total,
Seuil, Paris, 2010.
ARTICLES
– J.-B. Auby, « Réflexions sur la territorialisation du droit », in Mélanges J.-C. Douence, Dalloz,
Paris, 2006, p. 1-15.
– J.-B Auby, « Remarques terminales », RFDA 2010. 931-935.
– J.-L. Autin, « Le devenir des autorités administratives indépendantes », RFDA 2010. 875-883.
– P. Bernard, « Le territoire, une idée neuve pour la science administrative », in J.-J. Gleizal
(dir.), Le retour des préfets ?, PUG, Grenoble, 1995, p. 231-244.
– M. Bourjol, « La réforme de l’administration territoriale. Commentaire de la loi d’orientation
du 6 février 1992 », AJDA 1992. n° spécial Décentralisation, bilan et perspectives, 140-152.
– J. Caillosse, « Sous le droit administratif, quelle(s) administration(s) ? Réflexions sur l’en-
seignement actuel du droit administratif », in Mélanges G. Peiser, PUG, Grenoble, 1995,
p. 63-92.
– J. Caillosse, « Droit public-droit privé : sens et portée d’un partage académique », AJDA
1996. 955-964.
54
Les « principes généraux » de l’organisation administrative
55
Traité de droit administratif
DIVERS
– Conseil d’État, Structures gouvernementales et organisation administrative, La Documentation
française, Paris, 1986.
– Conseil d’État, « Rapport public 1995, Service public, services publics : déclin ou renou-
veau », EDCE, n° 46, La Documentation française, Paris, 1995.
– Conseil d’État, « Rapport public 2007, L’administration française et l’Union européenne.
Quelles influences ? Quelles stratégies ? », EDCE n° 58, La Documentation française, Paris,
2007.
56
Les « principes généraux » de l’organisation administrative
– Conseil d’État, Rapport d’étude sur les établissements publics, La Documentation française,
Paris, 2009.
– J. De Clausade, L’administration française et l’Europe, Rapport au ministre de la fonction
publique et des réformes administratives et au ministre des affaires européennes, La Docu-
mentation française, Paris, 1991.
– École nationale d’administration, promotion René Char, Le travail gouvernemental, 2 tomes,
La Documentation française, Paris, 1996.
– P. Gélard, « Rapport sur les autorités administratives indépendantes », présenté au nom de
l’Office parlementaire d’évaluation de la législation, Ass. nat. n° 3166, Sénat n° 404, Paris,
2006.
– A. Lambert, Les relations entre l’État et les collectivités territoriales, RGPP, Paris,
novembre 2007
– Revue Internationale des sciences administratives, Restructuration de l’État et réforme des
exécutifs en Europe, vol. 76, n° 3, 2010.
– E. Woerth, 2e rapport d’étape au président de la République, RGPP, Paris, mai 2009.
57