Chap. 4 : La consolidation
Le code de commerce impose aux sociétés commerciales d’établir et de publier des comptes
consolidés (bilan et compte de résultat consolidés ainsi qu’une annexe) dès lors qu’elles
contrôlent (de manière exclusive ou conjointe) d’autres entreprises, ou qu’elles exercent une
influence notable sur d’autres entreprises.
Les comptes consolidés ont pour but de donner une image globale du patrimoine et du
résultat d’un ensemble d’entreprises appartenant à un même groupe.
Un groupe est constitué d’une société mère (société consolidante) et d’un ensemble de
sociétés (sociétés consolidées) sur lesquelles la société mère détient des participations (titres
représentant une part du capital des autres sociétés).
1) Définitions et exemples
On distingue deux sortes de pourcentages de participation d’une société dans une autre
société :
La distinction ne concerne que les participations indirectes, pour les participations directes le
pourcentage de contrôle est égal au pourcentage d’intérêts (une action donnant un droit de
vote).
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Exemple 1 :
60 %
- Pourcentage d’intérêt (direct) de M dans F1 : 60 %
F1
- Pourcentage de contrôle (direct) de M dans F1 : 60 %
70 %
- Pourcentage d’intérêt (indirect) de M dans F2 : 60 % × 70 % = 42 %
F2
- Pourcentage de contrôle (indirect) de M dans F2 : 70 %
M détient 60 % des droits de vote dans F1, soit plus de la majorité des droits de vote. Par
conséquent, M exerce le pouvoir dans F1 et donc possède, par l’intermédiaire de F1, 70 % des
droits de vote dans F2 (les décisions prises par F1 sont en fait prises par M !) =>
Pourcentage de contrôle de M dans F2 = 70 %
Exemple 2 :
20 %
- Pourcentage d’intérêt de M dans F1 : 20 %
F1
- Pourcentage de contrôle de M dans F1 : 20 %
70 %
- Pourcentage d’intérêt de M dans F2 : 20 % × 70 % = 14 %
F2
- Pourcentage de contrôle de M dans F2 : 0 %
M détient moins de 50 % des droits de vote dans F1 et n’est donc pas majoritaire dans F1. Par
conséquent la participation de M dans F1 ne permet pas de contrôler F2 (ce sont d’autres
actionnaires qui exercent le pouvoir dans F1 et donc qui disposent des 70 % des droits de vote
dans F2) => Pourcentage de contrôle de M dans F2 = 0 %
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Exemple 3 :
60 %
Exemple 4 :
30 %
- Les sociétés qui entrent dans le périmètre de consolidation (les sociétés consolidées) et
celles qui en sont exclues : les sociétés dont le pourcentage de contrôle est inférieur à
20 % ne sont pas comprises dans le périmètre de consolidation (celles dont le pourcentage
est supérieur ou égal à 20 % sont, en principe, consolidées) ;
- Le type de contrôle exercé par la société consolidante sur chaque société consolidée et
donc la méthode de consolidation appliquée à chacune d’elles (Cf. B).
Le pourcentage d’intérêt sert à la mise en œuvre des méthodes de consolidation (Cf. II).
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Toutes les entreprises sur lesquelles la société mère exerce un contrôle exclusif ou un
contrôle conjoint ou une influence notable doivent être consolidées.
Contrôle exclusif
- majoritaire : - Détention de la majorité des droits
de vote : % de contrôle > 50 %
Le principe général de la consolidation est alors de remplacer la valeur comptable des titres
détenus par la société consolidante par la valeur des éléments d’actif et de passif des sociétés
consolidées.
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- Pour l’intégration globale : la totalité (100 %) des éléments (comptes) d’actif et de passif
des sociétés consolidées (ce qui conduit à faire apparaître les intérêts minoritaires dans le
bilan consolidé, dans la mesure où la société mère de détient pas 100 % de la filiale) ;
- Pour l’intégration proportionnelle : la part (la fraction) des éléments d’actif et de passif
des sociétés consolidées correspondant au pourcentage d’intérêt de la société consolidante
dans ces sociétés (il n’y a plus d’intérêt minoritaires !) ;
- Pour la mise en équivalence : la part (la fraction) des capitaux propres des sociétés
consolidées correspondant au pourcentage d’intérêt de la société consolidante dans ces
sociétés (cette part correspond à la valeur de l’actif net consolidé dans l’intégration
proportionnelle mais ils n’y pas de ventilation entre les éléments de l’actif et du passif, la
valeur apparaît globalement dans la rubrique titres mis en équivalence).
Le fait de remplacer la valeur comptable (valeur d’acquisition) des titres des sociétés
consolidées par la valeur réelle de ces titres (obtenue en appliquant le pourcentage d’intérêt
aux capitaux propres – ou actif net – de la filiale), fait généralement apparaître une différence
de consolidation (une plus value, si la valeur réelle des titres est supérieure à la valeur
comptable, une moins value dans le cas contraire). Afin d’équilibrer le bilan consolidé, la
différence de consolidation est ajoutée (ou retranchée) aux capitaux propres de la société mère
pour former les capitaux propres consolidés.
La différence de consolidation représente les bénéfices non distribués (ou les pertes) réalisés
par la filiale depuis l’acquisition des titres par la société mère.
Le compte de résultat consolidé reprend les produits et les charges (donc le résultat) de la
société consolidante auxquels s’ajoutent :
- Pour l’intégration globale : la totalité des produits et des charges (donc du résultat) de la
filiale (ce qui fait apparaître les intérêts minoritaires) ;
Remarque préalable :
Les actions constituent des droits de propriété i.e. détenir 40 % du capital de F revient à
détenir 40 % du patrimoine de F i.e. 40 % des éléments de l’actif et du passif externe de F
(40 % de l’actif net = 40 % des capitaux propres).
40 % de l’actif net (ou des capitaux propres) = 40 % × (1 200 – 200) = 40 % × 1 000 = 400
La valeur comptable des titres chez M (coût d’acquisition = 400) est égale à la valeur des
éléments d’actif et de passif qu’ils représentent (40 % actif net = 40 % capitaux propres = 400)
La valeur comptable des titres chez M (coût d’acquisition = 400) n’est pas égale à la valeur des
éléments d’actif et de passif correspondants (40 % actif net = 40 % capitaux propres = 480)
(NB : Afin de comparer ces trois méthodes, dans les exemples qui suivent, les trois méthodes
sont mises en œuvre pour la même filiale. En réalité, il ne peut y avoir qu’une seule méthode
par filiale !)
Intégration globale :
Capitaux propres de F : 1 000 (= valeur des éléments d’actif et de passif intégrés = 700 +500 –
200) dont :
- Part du groupe : 40 % × 1 000 = 400
- Intérêts minoritaires : 60 % × 1 000 = 600
NB : Valeur comptable des titres = 400 = part du groupe dans les capitaux propres (il n’y a pas
de différence de consolidation).
Intégration proportionnelle :
Mise en équivalence :
A la date de création, la valeur comptable des titres est égale à la part du groupe dans les
capitaux propres (réduits au capital social !). Le bilan consolidé est identique à celui de M…
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Intégration globale :
Valeur des éléments intégrés (part du groupe) : 480 (valeur « réelle » des titres)
Valeur comptable des titres : 400
Différence de consolidation (plus-value de consolidation) : + 80
Cette plus value correspond à la part de M dans l’enrichissement de F (200 de plus par rapport
au capital initial) i.e., d’un point de vue comptable, à la part de M dans les réserves et le
résultat de l’exercice de F :
NB : Ce calcul est possible pour les réserves car la valeur comptable des titres est égale à la
valeur nominale i.e. à la part de M dans le capital de F. Dans le cas général (valeur comptable
différente de la valeur nominale), la part de M dans les réserves de F est obtenue par
différence : PV – part dans le résultat = 80 – 20 = 60 (Cf. Exemple 3).
Intégration proportionnelle :
Part du groupe : 40 % × 1 200 = 40 % (900 +600 – 300) = 360 +240 – 120 = 480
Mise en équivalence :
Exemple 3 : Consolidation les années suivantes (titres non acquis à la valeur nominale)
Part du groupe dans les capitaux propres : 480 (valeur « réelle » des titres)
Valeur comptable des titres : 448
Différence de consolidation (plus-value de consolidation) : + 32
(Le coût d’acquisition, supérieur à la valeur nominale, comprenait déjà une part des réserves
de F : 4 × (112 – 100) = 48. On retrouve les 60 de l’exemple 2 : 12 + 48)