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La détermination du coût du capital, aussi appelé coût moyen pondéré du capital, n’est
certainement pas toujours simple mais elle est fondamentale en finance.
Le taux de rentabilité qu’il va alors exiger de cet actif économique ne dépend que
d’une seule chose : du risque de cet actif économique. Autrement dit, le coût des
ressources financières de l’entreprise, c’est-à-dire son coût du capital, n’est autre que
le taux de rentabilité exigé par l’investisseur sur cet actif économique.
Le coût du capital est donc fonction des caractéristiques économiques d’un secteur
d’activité :
• la structure des coûts, entre coûts fixes et coûts variables : plus les coûts fixes
sont élevés (le ciment par exemple), plus l’entreprise est sensible à la
conjoncture et plus son coût du capital est élevé ;
• la sensibilité à la conjoncture économique : certains secteurs démultiplient
structurellement les variations de l’activité économique générale comme le
transport, le bâtiment (risque de l’actif économique et donc coût du capital
élevé) ; d’autres, au contraire, les atténuent comme la fabrication de fromages
(coût du capital faible) ;
• la visibilité de l’activité : entre un propriétaire d’immeubles loués dans le cadre
de baux 3-6-9 et un fabricant d’avions de ligne, il y a tout un monde en matière
de prévisibilité de l’activité et donc des coûts du capital très différents, faibles
pour l’immobilier, forts pour l’avionneur ;
Ceci est fondamental. Nous verrons que ce n’est que dans un but pratique que l’on
reconstitue le coût du capital à partir des coûts respectifs de l’endettement net et des
capitaux propres.
Le passif d’une entreprise n’étant, en définitive, qu’un écran entre le marché financier
et l’entreprise elle-même, le taux de rentabilité à exiger de tout investissement pour
satisfaire les investisseurs est égal au loyer de l’argent sans risque, plus une prime de
risque liée à l’activité de l’entreprise.
𝐤 = 𝐫𝐅 + 𝛃𝐄 × (𝐫𝐌 − 𝐫𝐅)
Le 𝜷𝑬 de l’actif économique peut être calculé en sachant qu’il est égal à la moyenne
pondérée par les valeurs du 𝜷𝑪𝑷 des capitaux propres et du 𝜷𝑫 de l’endettement net :
𝛃𝐂𝐏
𝛃𝐄 = 𝐕
𝟏+ 𝐃
𝐕𝐂𝐏
Dans le cas où l’endettement net de l’entreprise n’est pas négligeable, il nous paraît
abusif de considérer que 𝜷𝑫 = 0. En effet, plus un groupe est endetté, moins sa dette
dépend du niveau des taux d’intérêt. Elle est plus liée aux caractéristiques propres de
la société (coûts fixes/coûts variables) et du secteur (visibilité/cyclicité), et son
comportement se rapproche de celui d’une action.
𝛃𝐂𝐏
𝛃𝐄 = 𝐕
[𝟏 + (𝟏 − 𝐈𝐒) × 𝐃 ]
𝐕𝐂
𝐏
Puisque l’on cherche la rentabilité exigée par l’ensemble des pourvoyeurs de fonds de
l’entreprise, il est possible de reconstituer le coût du capital à partir de
l’évaluation des différents titres financiers émis par l’entreprise.
Lié à la valeur des titres, le coût du capital représente le coût que l’entreprise aurait
à payer pour s’approvisionner en capitaux et reconstituer ainsi l’ensemble de son
passif, ceci quels que soient les coûts de ses ressources actuellement utilisées. Il
représente, par là même, l’introduction de la logique du marché financier au sein de
l’entreprise.
𝐕𝐂𝐏 𝐕𝐃
𝐤 = 𝐤𝐂 × + × (𝟏 −𝐈𝐒) ×
𝐏 𝐕𝐂𝐏 + 𝐤𝐃 𝐕𝐂𝐏 +
𝐕𝐃 𝐕𝐃
1 Voir Chapitre 27.
Le coût du capital est une notion financière qui exprime à un moment donné le taux de
rentabilité exigé par les investisseurs ; ce n’est donc pas une notion comptable. Il ne
faut donc pas le confondre avec la rentabilité de l’actif économique qui mesure la
rentabilité obtenue.
Le coût des capitaux propres est le taux de rentabilité exigé actuellement par
l’actionnaire tel que mesuré par le MEDAF2 :
𝐤𝐂𝐏 = 𝐫𝐅 + 𝛃 × (𝐫𝐌 −
𝐫𝐅)
Ceci est cohérent avec le choix du taux de rentabilité exigé et non du taux de
rentabilité comptable.
Il faut éviter de confondre coût du capital de l’entreprise et coût du capital d’un projet.
Si le projet présente un niveau de risque similaire à celui de l’actif économique actuel
de l’entreprise, le coût du capital de l’entreprise sera utilisé à bon droit comme le taux
de rentabilité à exiger du projet puisque le risque est le même.
Enfin, en aucun cas, le coût du capital d’un projet ne peut être le coût de
la source de financement qui le finance.
L’entreprise diversifiée a un coût du capital global qui peut être calculé comme pour
l’entreprise monoactivité. Ce coût du capital global ne doit cependant pas être appliqué
à toutes les divisions si celles-ci n’ont pas le même risque. Une réflexion par division
doit alors être menée. Chaque division a son propre coût du capital en fonction de son
risque.
Comme nous l’avons vu au Chapitre 17, le coût du capital n’est pas réduit par la
diversification car le seul risque pris en compte par l’investisseur est le risque
systématique. Le risque spécifique qui peut être éliminé par la diversification n’a pas
d’influence sur le taux de rentabilité exigé.
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3. LE CAS DE L’ENTREPRISE MULTINATIONALE
Le même raisonnement vaut pour l’entreprise implantée dans plusieurs pays qui doit,
dans chaque pays ou dans chaque zone géographique, utiliser un coût du capital
différent.
Ainsi, une entreprise britannique qui investit en Russie ne doit pas utiliser un taux
d’actualisation calculé en se fondant sur des données anglaises sous prétexte que ses
pourvoyeurs de fonds sont anglais.
En effet, les flux du projet sont affectés par le risque systématique russe (inflation,
fiscalité, taux de change…), et non le risque systématique anglais. Il faut donc prendre
un taux sans risque russe, retenir le β de l’actif économique auquel on applique une
prime de risque russe, tenir compte du coût de la dette russe et en aucun cas des
paramètres anglais. Cette approche permet d’éviter l’erreur fréquente d’actualiser des
flux libellés dans une devise donnée en utilisant un taux d’actualisation exprimé dans
une autre devise.
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