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Ingénierie Financière Les méthodes patrimoniales

2- La méthode du Goodwill

a- Méthode de la rente abrégée


b- Méthode des praticiens
c- Méthode des Anglo-Saxons
d- Méthode des experts comptables

III les limites des méthodes patrimoniales

CONCLUSION

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2- La méthode du Goodwill :

Définition :

Il est postulé que la valeur de l’entreprise est égale à la somme (ou à la moyenne
pondérée) d’un « actif » et d’un autre élément, cet autre élément est appelé « Goodwill ».
Le Goodwill est définit comme étant la survaleur générée par l’exploitation même
de l’entreprise.

Le Goodwill représente les capacités de l’entrepreneur à gérer l’outil de


production ; il correspond, pour l’essentiel, à un savoir-produire, un savoir-faire, un
savoir-fabriquer (avec l’aspect recherche et développement que cela comporte), ainsi qu’à
un savoir-vendre, un savoir commercialiser (avec l’aspect marketing et publicité qui y est
éventuellement inclus) ;

Donc le Goodwill est la mesure de la valeur des actifs incorporels.


A titre de rappel on trouve différentes catégories d’actifs incorporels dans une entreprise :

1 Les incorporels activés et hors exploitation : ils restent estimés comme dans la
méthode d’ANC ; à leur valeurs marchande (exemple de fond de commerce, un
brevet, licence hors exploitation).
2 Les incorporels activés et impliqués dans l’exploitation actuelle ou
future (exemple : fonds de commerce exploités, licence, marque ou brevet utilisés
par l’entreprise dans le cadre de son activité) ;
3 Les incorporels non activés : tels le savoir-faire, l’organisation, la performance et
la qualification des équipes, l’image de l’entreprise dans son marché, la
compétence de son management, sa notoriété).

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Le Goodwill se propose de valoriser ces deux dernières catégories qu’on va appeler


sans distinction les incorporels.

Les notions de « goodwill » et de « badwill » :

Si l’on note actif net corrigé (ANC) la valeur patrimoniale des capitaux propres,
valeur de l’entreprise (VE) : le goodwill s’écrit comme suit :

GW = VE – ANC

Lorsque l’écart entre la valeur de rendement des capitaux propres et leur valeur sous
l’hypothèse d’une cessation d’exploitation (valeur patrimoniale) est négatif on ne
parle pas de « goodwill » négatif, mais de « Badwill ».

BW = ANC – VE

L’existence d’un « Badwill » suppose généralement une mauvaise valorisation du


capital investi, partant d’un capital initial ANC, la mise en valeur de ce capital
produit une richesse VE de montant inférieur au capital lui-même ; l’entreprise n’est
donc pas économiquement rentable ; elle engendre une richesse qui est inférieur aux
moyens matériels qui ont été nécessaire à la production même de cette richesse.
Le « Badwill » se rencontrent assez peu, l’écart entre VE et ANC étant généralement
positif. Toutefois, lorsqu’une entreprise dispose d’actifs inutilisés, c'est-à-dire
s’intégrant assez peu dans le cycle d’exploitation, elle peut dégager un « Badwill ».
Si le « goodwill » et le « Badwill » se calculent généralement par différence entre la
valeur de l’entreprise et la valeur patrimoniale, il est aussi possible de procéder
autrement et de faire porter cette différence non plus sur les valeurs actualisées elle-
même (VE et ANC), mais sur les flux qui les constituent.

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Considérons une entreprise dont les capitaux propres ont une valeur patrimoniale
ANC et dont l’exploitation est censée être à l’origine d’un bénéfice prévisionnel
constant B. supposant que l’observation d’entreprise du même secteur et de
caractéristiques approximativement identiques sur le marché boursier permette
d’affirmer que la rentabilité espérée pour ce type d’investissement est de i %. On en
déduit que le bénéfice attendu pour l’entreprise considérée est : i ANC
Le bénéfice prévisionnel B peut ainsi éventuellement s’écarter du bénéfice attendu
pour dégager à chaque période une sur-valeur si (B>iANC) de montant :
S = B – iANC
Avec :
S : surprofit ou survaleur
B : résultat net prévisionnel récurent
i : taux sans risque
ANC : l’actif net corrigé hors actif incorporel.
La somme de ces survaleurs actualisées permet de calculer le « goodwill ».
Ainsi on peut avancer que :
GW = K (B – iA)
K : coefficient multiplicateur
La valeur de l’entreprise par la méthode du goodwill est donc
V = A + GW
V = A + K (B – iA)

Cette formule reste très générale et laisse planer quelques incertitudes par exemple
dans le cas ou le résultat net récurent n’est plus constant mais variable dans le futur ;
le surprofit s’écrit chaque année de la manière suivante :
Sj = Bj – iA

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Que retenir par le coefficient multiplicateur k ?


Un nombre d’année fixe ? Une actualisation de surprofit futur, dans ce cas sur quel
taux ?
Ces questions ont reçu des réponses diverses sur la base des quelles se sont bâties les
différents méthodes de Goodwill.

1- la méthode de la rente abrégée du Goodwill :

Cette méthode est basée sur les résultats prévisionnels récurrents des années futurs
(Bj) et les surprofits (Sj) qui en découlent,

Rendement
Bn

B3
B2

B1

i * ancc

Nombre d’année

Cette méthode permet d’avoir le goodwill en actualisant le surprofit (Sn) sur une
durée déterminée.
S = B – i ANCC
En actualisant le surprofit sur la durée prévue, la valeur du goodwill serait égal à :

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S1 S2 S3 Sn
GW = + + + ....... +
(1+t) (1+t) 2 (1+t)3 (1+t)n

Avec
S : sur profit
T : taux d’actualisation qui doit être supérieur à (i) vu le risque de variabilité des
Superprofits (il est constitué du taux sans risque et d’une prime globale de risque
dont le rôle est d’intégrer : le risque de non réalisation du surprofit, le risque propre à
l’entreprise).
n : durée de vie du goodwill (elle est très difficile à déterminer, mais elle se situe
généralement entre 3 et 5ans).

Remarque :

Le fait de fixer le surprofit à une certaine durée, ne signifie pas que dans cette
durée l’entreprise ne sera plus capable de dégager la même rente du Goodwill. Cela
veut dire tout simplement que cette rente ne sera plus fonction des mêmes facteurs
actuels (changement de personnel, de dirigeants, de positionnement…)

Donc Bj – i ANCC
GW = ∑
( 1 + t )n

Bj – i A
V = ANCC + ∑
( 1 + t )n

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1 Parmi les critiques de cette méthode :


- Durée de vie limitée du Goodwill
- Taux élevé d’actualisation
- Une prime de risque déconnectée des marchés financiers et sans critère de
différenciation suivant les entreprises.

2 La méthode des praticiens :

Considérée comme étant La méthode d’évaluation de synthèse la plus simple, cette


méthode considère la valeur de l’entreprise comme étant la moyenne arithmétique de
la valeur patrimoniale et de la valeur de rendement.

Elle se veut par là, être plus réaliste dans la mesure où elle envisage un partage
équitable de l’avenir de l’entreprise entre l’acheteur et le vendeur.

ANCC +B/i
V=
2

Ou :
ANCC : Actif net comptable corrigé.
B : résultat net prévisionnel
i : taux sans risque.
Le Goodwill est alors égal :

GW= ½ (B/i – ANCC)



GW = VE – ANCC

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Malgré une utilisation fréquente, cette méthode fait l’objet de plusieurs critiques :
1 Cette méthode apparaît très arbitraire, il n’existe aucune justification à la
pondération utilisée.
2 Le recours à la valeur de rendement est très critiquable, puisque cette dernière
suppose une stabilité du bénéfice sur un horizon infini.
3 Cette méthode résulte d’une capitalisation sans limite du surprofit, alors que
ce dernier ne peut avoir une durée de vie illimitée dans la mesure ou il dépend
des risques de l’économie et de l’entreprise, de la qualité de son marketing et
de son management.

Application :

Soit une entreprise dont l’actif net comptable corrigé (ANCC) ressort à 1 000 000 Dh et
dont la capacité bénéficière normale (B) s’évalue à 120 000 Dh.
Sur la base d’un taux d’actualisation de 10%, calculer successivement :

a) la valeur de rendement
b) la valeur de l’entreprise selon la méthode des praticiens.
c) Le Goodwill

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Corrigé :

a) valeur de rendement

B/i = 120 000 / 0,10 = 1 200 000 Dh

b) valeur de l’entreprise

ANCC + valeur de rendement


Valeur de l’entreprise =
2

1 000 000 + 120 000 = 1 100 000Dh


2

c) le Goodwill

GW = VE – ANCC

= 1 100 000 - 1 000 000 = 100 000 Dh

Vérification

VE = ANCC + GW
= ANCC + ½ (B/i – ANCC)
= 1 000 000 + ½ (( 120 000/0.10) – 1 000 000)

= 1 100 000 Dh

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3- La Méthode des Anglo-Saxons

La méthode des Anglo-saxons propose une autre réponse au même problème de


l’évaluation du goodwill, elle repose sur une approche directe du goodwill et permet
ainsi de déterminer le goodwill sans passer par la valeur de rendement.

La valeur du goodwil est donnée par la capitalisation sur une durée infinie du
surprofit, à un taux (t) beaucoup plus élevé que celui (i) qui a rémunéré l’ANCC.

1
GW = ( B – i . ANCC)
t

(B – i ANCC) : signifie le surprofit


B : Bénéfice (Résultat net retraité)
i : taux sans risqué.
t : taux risqué (taux déplacement (i) majoré d’une prime de risque)
ANCC : actif net comptable corrigé.

La méthode des anglo-saxons n’est pas fondamentalement différente de celle des


praticiens. On peut d’ailleurs démontrer que la formule des praticiens et celle des
anglo-saxons sont identiques quand r= 2i.

B/i – 2 ANCC B – i ANCC


GW = =
2 2i

Toutefois, cette méthode présente l’inconvénient majeur de reposer d’une part sur
une évaluation du goodwill par capitalisation à l’infini et, d’autre part, sur un choix
arbitraire du taux de capitalisation qui est fixé sans référence au marché boursier.

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Application :

Soit une entreprise dont l’ANCC est égale à 100 000, bénéfice net (B) s’évalue à
120 000 avec un taux sans risque i = 10 % et t = 14 %
Calculer le GW et la valeur de l’entreprise selon la méthode des anglo-saxons :

GW = 1/5 (B – i ANCC)

120 000 – (10% × 1 000 000)


GW = = 142857.14
0.14

VE = GW + ANCC

VE = 142857 + 1 000 000

VE = 1 142 857.14

Et selon l’exercice précédente on a la VE selon la méthode de praticiens est égal à


1100000

Remarque :
La méthode des Anglo-saxons avantage les entreprises dont les perspectives sont
favorables et constitue de ce fait « une formule pour vendeur », mais dans le cas ou
les perspectives de développement de l’entreprise sont défavorable elle constitue une
« formule pour acheteur ».

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4- la méthode de l’union des Experts Comptables Européens.

La méthode des experts comptable Européen se base sur le même principe que la
méthode de la rente abrégée du Goodwill, à moins qu’elle calcule le surprofit en
utilisant la valeur globale de l’entreprise (B – i VE) au lieu d’utiliser seulement la
valeur patrimonial (B – i VP) ou (B - i ANCC).

1 - ( 1 + t )-n
GW = × (B – i.VE)
t

Avec
GW : Goodwill
B : Bénéfice prévisionnel
i : taux sans risque
VE : valeur globale de l’entreprise.

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III Les limites des méthodes patrimoniales :

Malgré qu’elles constituent la base de l’évaluation des entreprises, les approches


patrimoniales souffrent de certaines insuffisances :

D’une part, elles donnent une vision essentiellement statique de l’entreprise, et elles ne
tiennent pas compte de la rentabilité future ;

D’autre part, elles ne tiennent pas compte de la valeur des éléments incorporels non
comptabilisés, elles ne tiennent compte que des actifs corporels, abstraction des richesses
immatérielles. Dans ce cas, les entreprises ne possédant pas d’actifs corporels ne peuvent
pas être évaluées sur la base de ces approches.

En général, les approches patrimoniales souffrent d’un inconvénient qui les remet en
cause dans certains cas : elles réduisent l’entreprise à une simple sommation de biens
matériels sans prise en considération de ses importantes décisions en matières de politique
de financement, de dividendes et de choix d’investissements qui influencent parfois la
valeur d’une entreprise beaucoup plus que son patrimoine.

Et enfin on peut dire, que dans le cadre d’une mise sur le marché, la valeur
patrimoniale doit être retenue comme une référence plutôt que comme un critère direct
d’évaluation.

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Conclusion :

L’évaluation en tant que volet de l’ingénierie financière, ne peut prétendre être

parfaite, vue que les méthodes utilisées à cette fin souffre d’insuffisances.

C’est pourquoi l’évaluation a été et reste toujours une affaire de spécialistes qui
justifient d’une compétence, d’une expérience et d’une habilité en matière de finance et
de comptabilité. Ces derniers ont fait avancer cette discipline et continuent de réaliser des
progrès énormes en matière de traitement des informations et de la diversité des méthodes
d’évaluation.

Une diversité justifiée par les insuffisances relevé dans les méthodes préalablement
élaboré, c’est le cas notamment des méthodes patrimoniales, qui bien qu’elles constituent
la base de l’évaluation des entreprises, souffrent de certaines insuffisances, qui ont incité
les spécialistes à développer d’autres méthodes comme celles donnant une grande
importance aux flux financiers.

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