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Circuits Électriques Linéaires - Définitions Et Théorèmes
Circuits Électriques Linéaires - Définitions Et Théorèmes
: E100 V2
Résumé Cet article a pour sujet les bases de la théorie des circuits électriques linéaires à
constantes localisées. Il aborde en premier lieu la topologie des circuits (notions de
nœuds, mailles, branches) et la nature des signaux qui conduisent à l'énoncé des lois de
Kirchhoff. Il traite ensuite des caractéristiques comportementales des éléments passifs
(résistance, condensateur, bobine d'inductance, bobines couplées, transformateur parfait)
et des sources (de tension ou de courant, indépendante ou liée) intervenant dans le
circuit. Sont également abordés, avec l'utilisation des outils mathématiques, les systèmes
linéaires permanents causaux (transformation de Laplace, notation complexe) ainsi que
différents théorèmes propres à ces systèmes et dont les résultats facilitent l'étude des
circuits. […]
Abstract This article deals with the basis of the theory of linear electrical circuits with
localized constants. The topology of circuits (notion of nodes, meshes and branches) and
the nature of the signals leading to Kirchhoff's laws are presented. The behavioral
characteristics of passive elements (resistor, capacitor, inductance coil, coupled coils,
ideal transformer) and sources (of voltage or current, independent or linked) involved in
the circuit. This article also presents, via mathematical tools, permanent causal linear
systems (Laplace transform, complex rating) as well as various theorems specific to
these systems and whose results facilitate the study of circuits. To conclude, the
modeling of real elements (non-ideal) is dealt with.
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1. Circuits de Kirchhoff :
définitions, constitution, v1
i1
v2 v3
lois générales A
B
C
i2 i3
i5 i6
1.1 Hypothèses v4 v5 v6
■ Dipôle
Un dipôle est un réseau électrique élémentaire constitué d’un 1.4 Sources
seul élément ou d’une association de plusieurs éléments et ne pré-
sentant que deux bornes d’accès. On définit le courant i(t) circulant Les sources permettent de fournir l’énergie au circuit. Elles consti-
dans le dipôle (le courant entrant par une borne d’accès ressort par tuent les actions du système linéaire constitué par le circuit. On dis-
l’autre borne) et la tension v(t) (différence de potentiel vA – vB) aux tingue deux types de sources idéales : source de tension et source
bornes du dipôle. Par convention, tension et courant sont repré- de courant.
sentés par des flèches orientées dans des sens opposés. Un dipôle ■ Source de tension
ou une association de dipôles peut constituer une branche du cir-
cuit. Les variables i et v sont des grandeurs algébriques et le sens La tension aux bornes d’une telle source est imposée quel que
choisi pour ces grandeurs est arbitraire figure 2. soit le circuit sur lequel elle est connectée. C’est la force électromo-
trice de la source et est souvent notée e(t). Le courant débité par la
source est donc fonction du circuit connecté à la source.
La source peut être indépendante (action extérieure au circuit) et
peut être éteinte. L’extinction de la source correspond à l’annulation
de l’action, donc à e nul, ce qui revient à court-circuiter la source.
B La source peut être une source liée (ou commandée) : la force
A C électromotrice de la source est alors fonction d’une grandeur du
circuit. On ne peut pas éteindre une telle source.
La figure 4 donne différentes représentations des sources de
tension.
i i
A Dipôle B
v a indépendante b liée c liée
Figure 2 – Courant et tension pour un dipôle Figure 4 – Sources de tension indépendantes ou liées (a, b) et liée (c)
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j v
j j i +q –q i + 0
C C
v v
– –
le circuit sur lequel elle est connectée. C’est le courant électromo-
teur de la source et est souvent notée j(t). La tension aux bornes
de la source est donc fonction du circuit connecté à la celle-ci.
La source peut être indépendante (action extérieure au circuit) et
peut être éteinte. L’extinction de la source correspond à l’annula- où v0 est la tension aux bornes du condensateur à l’instant t nul
tion de l’action, donc à j nul, ce qui revient à mettre la source en (figure 7) ; v0 représente tout le passé du condensateur pour t
circuit ouvert. variant de – ∞ à 0.
La source peut être une source liée (ou commandée) : le courant Le condensateur peut donc être modélisé sous la forme d’une
électromoteur de la source est alors fonction d’une grandeur du association série d’un condensateur non chargé initialement et
circuit. On ne peut pas éteindre une telle source. d’une source de tension continue v0.
La figure 5 donne différentes représentations des sources de
courant. 1.5.3 Bobine « simple »
Une bobine d’auto-inductance L (en henrys) parcourue par un
1.5 Dipôles courant i, crée un flux ϕ (en webers) :
ϕ (t) = L i(t)
Un dipôle est dit passif lorsqu’il est constitué d’éléments tels
Selon la loi de Lenz, la tension v aux bornes de la bobine, dérivée
que résistances, condensateurs, bobines (avec éventuellement un
du flux ϕ, s’écrit :
couplage magnétique entre plusieurs bobines) et transformateur
parfait. Un tel dipôle ne peut que dissiper de l’énergie.
Un dipôle est dit actif s’il contient des sources : il peut fournir de
l’énergie à un réseau qui serait connecté à ses bornes.
i L i
=
R = 1/G i0
i v
v v
Figure 6 – Tension aux bornes d’une résistance Figure 8 – Tension aux bornes d’une bobine
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v v
a nullateur b norateur
1.5.5 Transformateur parfait
Figure 11 – Dipôles « pathologiques » : nullateur et norateur
Un transformateur est constitué de plusieurs enroulements
comprenant chacun |nk| spires sur un même noyau magnétique
fermé (La figure 9 représente un transformateur à 3 enroule-
ments). Si les enroulements présentent une résistance nulle et Avec une perméabilité relative du matériau magnétique considé-
si le flux produit par un des enroulements passe intégralement rée comme infinie, l’application du théorème d’Ampère donne la
dans les autres, le transformateur est dit parfait (le flux est relation :
canalisé dans le noyau magnétique). Le signe de nk dépend du
sens de l’enroulement sur le noyau magnétique : des enroule- n1i1 + n2i2 + n3i3 + … = 0
ments dans le même sens conduisent à des signes identiques et Les transformateurs rencontrés en pratique présentent souvent
un bobinage en sens contraire se traduit par un changement de deux enroulements dénommés primaire et secondaire. On les
signe de nk. représente selon les schémas des figures 10 a et b.
En l’absence de fuites magnétiques, le flux ϕ traverse les divers
enroulements. De par la loi de Lentz, et les enroulements ne pré-
sentant aucune résistance, les différentes tensions vk s’écrivent :
1.5.6 Dipôles « pathologiques »
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Considérons par exemple, un circuit dipôle ne contenant aucune 1.6.3 Cas du régime sinusoïdal
source indépendante. Ce circuit est supposé alimenté par une
source de courant indépendante j(t) et on cherche à déterminer la Considérons le circuit précédent avec une action i(t) sinusoïdale :
réponse v(t) tension aux bornes du dipôle. La théorie dit que v(t) est
i(t) = I0 cos(ωt + ϕ)
le produit de convolution de j(t) et de la réponse impulsionnelle z(t)
du circuit : Le système étant linéaire, toutes les grandeurs du circuit sont
v(t) = z(t) * j(t) sinusoïdales à la même pulsation ω. On a donc :
En prenant la transformée de Laplace des deux membres de v(t) = V0 cos(ωt + ψ)
l’équation, le produit de convolution se transformant en un simple
produit, il vient : La détermination de v(t) peut être élégamment résolue en utilisant le
V(p) = Z(p) J(p) courant et la tension en notation complexe, définis par :
où V(p), Z(p) et J(p) sont les transformées de Laplace respectives de
v(t), z(t) et j(t) avec :
Parution : novembre 2010 - Dernière validation : avril 2015 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200043801 - universite p. valery montpellier 3 // 194.57.207.215
Remarques
• z(t) réponse impulsionnelle du dipôle, c’est-à-dire réponse
à la distribution de Dirac δ(t), est une grandeur réelle cau-
sale (nulle pour t négatif). Dans le calcul de Z(p), la borne
minimale de l’intégrale est donc 0. τ
• Bien que l’on cherche, le plus souvent en pratique, la
réponse à une action causale, dans le cas général l’action
i(t) et la réponse qui s’en déduit ne sont pas forcément On a alors :
causales. Les bornes d’intégration s’étendent alors de – ∞
à + ∞.
La méthode de calcul est alors la suivante : où Z(jω) est la valeur de Z(p) pour p égal à jω.
– on calcule la transformée de Laplace J(p) de l’action j(t) ; L’impédance des dipôles élémentaires précédents s’écrit donc :
– on détermine l’impédance Z(p) en utilisant les résultats expo-
sés plus loin ;
– on en déduit la transformée V(p), produit de Z(p) et de J(p) ;
– on effectue la transformée de Laplace inverse de V(p) pour
obtenir la réponse cherchée v(t). On a également :
Un exemple est donné dans l’article [E102v2]. V0 = |Z(jω)| I0 ; ψ = ϕ + arg {Z(jω)}
Dans le cas général, l’impédance Z(jω) et son inverse, l’admit-
1.6.2 Impédance en p d’un dipôle tance Y(jω), sont des grandeurs complexes que l’on peut décompo-
Z(p) fonction de transfert isomorphe (ou transmittance en p) du ser sous la forme :
circuit, rapport entre la tension V(p) aux bornes du dipôle et le cou- Z(jω) = R(ω) + jX(ω) ; Y(jω) = G(ω) + jB(ω)
rant J(p) le traversant est l’impédance isomorphe (ou en p) du
dipôle. Ceci constitue d’ailleurs une méthode de calcul d’une impé- R(ω) est la résistance ; X(ω) est la réactance
dance dans le cas général.
G(ω) est la conductance ; B(ω) est la susceptance
Cette fonction de transfert a toutes les propriétés des fonctions
de transfert des systèmes linéaires continus, permanents et à Pour un dipôle passif (ne contenant aucune source liée) :
constantes localisées. En particulier Z(p) est une fraction ration- – R(ω) et G(ω) sont positives ou nulles quelle que soit la pulsa-
nelle en p à coefficients réels. tion ω et sont des fonctions paires en ω ;
En reprenant les relations définies dans le paragraphe 1.5, en – X(ω) et B(ω) sont des fonctions impaires de la pulsation ω.
considérant les propriétés de la transformée de Laplace relatives à
l’intégration et à la dérivation, et avec l’hypothèse : pas de sources Exemple
indépendantes dans le dipôle (pas de conditions initiales), on
Considérons le circuit R, L, C série représenté par la figure 12 et
trouve alors :
alimenté par la source sinusoïdale e(t). Avec les grandeurs complexes
correspondant aux grandeurs réelles i, vL, vC et vR, on a :
; ;
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L
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vL
Sources de tension impossible
L
i
■ Cas des dipôles pathologiques De la même façon, une source de courant réelle présente tou-
On vérifie aisément que la mise en série ou en parallèle d’un nul- jours, en parallèle avec la source de courant idéale j, une impé-
lateur et d’éléments « classiques » (R, L ou C) se réduit au nullateur. dance Zs qui n’est pas infinie (admittance Ys non nulle). Avec une
impédance parallèle purement résistive et égale à Rs, la tension à
De la même manière, la mise en série ou en parallèle d’un nora-
vide v∞ de la source (tension obtenue entre les deux bornes
teur et d’éléments (R, L ou C) se comporte comme un norateur.
d’accès de la source, ces deux bornes étant en circuit ouvert) est
La mise en série d’un nullateur et d’un norateur est équivalente limitée à la valeur :
à un circuit ouvert.
v∞ = R s j
Il arrive d’ailleurs que l’on réalise une source de courant en pla-
çant, en série, une source de tension de fem assez importante et
i1
D1 une résistance de grande valeur.
i2
i
D2 1.8.2 Condensateur réel
D’une part, le diélectrique placé entre les armatures du conden-
sateur peut présenter une conductivité électrique non nulle et
v1 v2 vn in d’autre part les connexions d’accès aux armatures peuvent être
Dn légèrement résistives.
i
D1 D2 Dn v En pratique, il est d’usage de représenter le condensateur réel
sous la forme, soit d’un dipôle Cp, Rp parallèle, soit sous la forme
a série b parallèle d’un dipôle Cs, Rs série figure 14.
Considérons tout d’abord la représentation parallèle que l’on
Figure 13 – Association d’éléments en série ou en parallèle suppose alimentée par la tension sinusoïdale v. Le courant i circu-
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Rp Rp
iR
Cs Rs
i Ls rs
= =
iC Cp Lp
p
s +
p p s
On définit le facteur de qualité QL de la bobine :
En séparant partie réelle et partie imaginaire, et en faisant inter-
venir tan δ , on trouve :
p
; p Plus ce facteur de qualité est important, plus on se rapproche
de la bobine idéale. En pratique QL est compris entre 20 et 300
environ.
iC i
δ
Comme pour le condensateur réel, et pour les fréquences éle-
vées, d’autres éléments doivent être ajoutés au schéma équivalent
simple.
2. Théorèmes
2.1 Théorème de Helmholtz, dit théorème
de superposition
Ce théorème traduit simplement la linéarité du circuit. La
réponse (tension ou courant dans une branche) d’un circuit conte-
nant plusieurs sources indépendantes est égale à la somme des
réponses (tension ou courant dans la branche considérée) corres-
pondant à chaque source, les autres sources étant éteintes (source
iR de tension court-circuitée et source de courant en circuit ouvert).
Un exemple est donné lors de la démonstration du théorème de
Figure 15 – Angle de perte d’un condensateur Thévenin au paragraphe 2.3.
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Soit une branche d’un circuit parcourue par un courant i et dont avec V0(p) tension à vide en sortie du dipôle (bornes A et B
la tension aux bornes est v. On peut remplacer cette branche par en circuit ouvert) due aux sources indépendantes
une branche quelconque à condition que cette branche, parcourue du dipôle,
par un courant i, induise une tension v à ses bornes. Zs(p) impédance présentée par le dipôle (entre les
bornes A et B) quand on éteint toutes les sources
En particulier, on peut placer, en parallèle sur une maille d’un indépendantes.
circuit, une maille de sources de courant, de même topologie, les
sources ayant même courant électromoteur et étant toutes orien- La relation précédente permet de modéliser le dipôle sous la
tées dans le même sens (maille ABD de la figure 17). Ceci peut forme d’une mise en série d’une source de tension de force élec-
permettre, par exemple, l’élimination d’une source de courant du tromotrice V0(p) et d’une impédance Zs(p). Ceci constitue la repré-
circuit initial qui serait gênante. sentation de Thévenin du circuit compris entre A et B. Cette
représentation ne dépend pas de l’éventuel circuit que l’on connec-
De la même façon, on peut placer, en série sur un nœud d’un
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e
B + +
A e C
j +
B
A C j e
=
j
D D
A I (p) I (p)
Circuit avec
Circuit avec Circuit avec Zs (p)
sources
sources V (p) = sources V0 (p) + indépendantes
indépendantes indépendantes
éteintes
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i L I
A Zs J0
A A
Circuit avec + +
sources = V0 = Zs
indépendantes R C αi V
B B B
En écrivant l’équivalence des deux représentations, on trouve Branche Branche Branche Branche
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alors : m n m n
+ +
Circuit I I’ Circuit
E E
réciproque réciproque
i L
R Za
Y3 Y2
C αi =
+
E (p)
Zb Zc Y1
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Za Zb Y3
=
Zc Y2 Y1
Maille Nœud
d1 d1’
i’1
v1
v2 v3
B B’
A C A’ C’
d2 d3 i’2 d’2 d’3 i’3
i’5 i’6
i’4
D D’
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P
O
U
Circuits électriques linéaires R
E
par André PACAUD
N
Ingénieur SUPELEC
S
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Sources bibliographiques
A
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électriques. Éditions Supélec
FELDMANN M. – Théorie des réseaux et sys-
and design of linear circuits : Laplace earl.
John Wiley & Sons (2008). [6]
Ellipses (2001).
PACAUD (A.). – Électronique radiofréquence.
V
tèmes linéaires. Eyrolles Collection techni- [4] BOITE (R.), NEIRYNCK (J.). – Théorie des ré- Ellipses (2000).
que et scientifique des télécommunications
(1981)
seaux de Kirchhoff. Presses Polytechniques
et universitaires romandes (1996)
O
I
À lire également dans nos bases R
GILLE (J.-C.). – Systèmes et signaux déterministes. Transformées et abaques
[E3010] Base Électronique (1995).
P
L
U
S
11 - 2010
Doc. E 100
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