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ARTICLE ORIGINAL
a
Service de chirurgie maxillo-faciale, stomatologie et chirurgie orale, centre François-Xavier-Michelet,
groupe hospitalier Pellegrin, CHU de Bordeaux, place Amélie-Raba-Léon, 33000 Bordeaux, France
b
Service de dermatologie et dermatologie pédiatrique, groupe hospitalier Saint-André, CHU de Bordeaux, 1,
rue Jean-Burguet, 33000 Bordeaux, France
http://dx.doi.org/10.1016/j.anplas.2017.06.005
0294-1260/# 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Pour citer cet article : Verbruggen C, et al. Marges d’exérèse des dermatofibrosarcomes cervico-faciaux par technique de Slow-Mohs : étude
clinique rétrospective sur 20 cas. Ann Chir Plast Esthet (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.anplas.2017.06.005
+ Models
ANNPLA-1331; No. of Pages 7
2 C. Verbruggen et al.
Résultats. — Vingt patients ont été inclus. Les marges initiales étaient de 10 mm (9 patients) et
15 mm (11 patients). L’exérèse était complète dès le premier temps chirurgical pour quinze
patients (75 %). Les marges d’exérèse moyennes permettant une résection R0 était de
15,25 5,7 mm (10—25). Aucun cas de récidive n’a été constaté. La durée de suivi moyenne
était de 38 mois.
Conclusion. — La technique de Slow-Mohs permet de réaliser une exérèse R0 dans 75 % des cas
pour le traitement des DFSP cervico-faciaux en 1re intention, avec des marges réduites de
12,75 2,55 mm. Elle permet, au prix d’un délai d’analyse histologique supérieur, un meilleur
contrôle au niveau local tout en réduisant les marges d’exérèse R0. Cette préservation des tissus
mous est un atout esthétique et fonctionnel majeur dans la chirurgie cervico-faciale.
# 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Summary
KEYWORDS Objectives. — The main objective of this study is to determine the necessary surgical margins to
Dermatofibrosarcoma obtain a complete R0 resection for head and neck dermatofibrosarcoma protuberans (DFSP)
protuberans; using Slow-Mohs micrographic surgery. The secondary objective is to study the recurrence rate of
Slow-Mohs; these tumors.
Head and neck; Patients and methods. — Slow-Mohs micrographic surgery was used for patients included
Surgical margins between 2005 and 2015 at Bordeaux universitary hospital. For each patient the age, the sex
and death occurrence, the initial surgical margins, the surgical margins for complete R0
resection, the occurrence of local or general recurrence during follow-up were reported.
Surgery was realized under local anesthesia. The closure of the tumor site was realized
secondarily using a skin graft or local flap.
Results. — Twenty patients were included in the study. Initial surgical margins were 10 mm (9
patients) or 15 mm (11 patients). Complete resection was obtained from the first surgery for
fifteen patients (75%). The average surgical margin for a complete R0 resection was
15,25 5,7 mm (10—25). None of the patients presented recurrences during the entire fol-
low-up (38 months)
Conclusion. — A complete R0 resection of head and neck DFSP is obtained from the first surgery
in 75% of the cases, with minimum surgical margins (12,75 2,55 mm) using the Slow-Mohs
micrographic surgery. This allows a reduction of surgical margins and local recurrences. This
technique provides a preservation of soft-tissues, which plays a key role for head and neck
surgery.
# 2017 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
Pour citer cet article : Verbruggen C, et al. Marges d’exérèse des dermatofibrosarcomes cervico-faciaux par technique de Slow-Mohs : étude
clinique rétrospective sur 20 cas. Ann Chir Plast Esthet (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.anplas.2017.06.005
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Pour citer cet article : Verbruggen C, et al. Marges d’exérèse des dermatofibrosarcomes cervico-faciaux par technique de Slow-Mohs : étude
clinique rétrospective sur 20 cas. Ann Chir Plast Esthet (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.anplas.2017.06.005
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4 C. Verbruggen et al.
Pour citer cet article : Verbruggen C, et al. Marges d’exérèse des dermatofibrosarcomes cervico-faciaux par technique de Slow-Mohs : étude
clinique rétrospective sur 20 cas. Ann Chir Plast Esthet (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.anplas.2017.06.005
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Tableau 2 Données de la littérature concernant l’exérèse des DFSP par technique chirurgicale conventionnelle (études portant
sur le corps entier).
Auteurs/Études Effectif Marges d’exérèse avant R0 (mm) Taux de récidive locale (%) Suivi (mois)
Bowne et al. [4] 159 NC 21 57
Chang et al. [12] 60 > 30 16,7 59
Dubay et al. [13] 43 NC 0 48,4
Monnier et al. [14] 66 > 30 27 115,2
Paradisi et al. [15] 38 20 > 50 13,2 57,6
Arnaud et al. [16] 117 50 0 61
Les techniques de Mohs et Slow-Mohs, permettant un l’évolution indolente des DFSP font de la micrographie
contrôle histologique de l’ensemble des marges d’exérèse, Slow-Mohs une technique particulièrement adaptée à
permettent d’apporter un bien meilleur contrôle carcinolo- l’exérèse chirurgicale de ces lésions. L’analyse microgra-
gique des DFSP, limitant considérablement le taux de réci- phique de Slow-Mohs utilise une technique de lecture hori-
dive au niveau local. zontale systématique sur l’ensemble des recoupes, aussi
Sur l’ensemble de la durée de l’étude, nous ne rapportons bien périphériques qu’en profondeur. Elle permet ainsi
aucun cas de récidive locale après chirurgie d’exérèse des une analyse de 100 % de la pièce tumorale [22,23]. La
DFSP de la région tête et cou par technique de Slow-Mohs. technique de Mohs permet également une réduction majeure
Ces résultats sont concordants avec ceux retrouvés dans la des marges d’exérèse [10,18,24—27] (Tableau 3).
littérature sur le reste du corps (Tableau 3). Nos marges initiales de 12,75 mm permettent d’obtenir
Ces résultats s’appuient également sur différentes revues une exérèse R0 dans 75 % des cas dès le premier temps
de la littérature comparatives qui retrouvent une nette chirurgical. Les marges d’exérèse nécessaire avant exérèse
supériorité des techniques chirurgicales micrographiques R0 sont de 15,25 5,7 mm (10—25). Ces résultats sont
par rapport à la technique dite conventionnelle dans le concordants avec ceux rapportés pour le corps entier dans
contrôle local des DFSP. Au niveau local, nous ne retrouvons de récentes séries utilisant ce procédé [17,25—27].
aucune récidive durant le suivi. En 2012, l’étude de Foroozan Cependant, ils diffèrent de la seule autre étude portant
[19] retrouve, au travers 19 études non randomisées (niveau sur les marges de résection nécessaires en Slow-Mohs au
de preuve B), un taux de récurrence plus faible des DFSP après niveau de la région cervico-faciale. En 2003, Tom et al. [28]
chirurgie micrographique de Slow-Mohs (1,11 %) par rapport à publient une série de 9 patients. Aucun cas de récidive
la chirurgie avec marges étendues (6,32 %). Gloster [20], en locale n’est rapporté. Leurs marges d’exérèse moyennes
1996, retrouve un taux de récidive locale des DFSP de 6,6 % avant R0 sont de 37 mm (25—60), avec des marges de
après Slow-Mohs, contre 12,8 % pour la chirurgie conventio- résection initiales systématiques de 25 mm. Ceci peut
nelle, sur des durées respectives de suivi de 40 et 36 mois. En s’expliquer par une analyse histologique réalisée sur tissu
2008, l’étude de Paradisi [15] retrouve sur 79 patients inclus, congelé (technique de Mohs) et non fixé, rendant la dif-
un taux de récidive locale de 13,2 % après chirurgie avec férenciation entre tissu sain et tissu tumoral plus délicate.
marges étendues, et une absence de récidive après Mohs, avec Leurs patients incluent également 25 % de cas en 2e ligne
des durées de suivie respectives de 4,8 et 5,4 ans. Sur une thérapeutique. Cette étude diffère donc dans sa prise en
revue de la littérature incluant 1857 patients, ils retrouvent charge initiale.
1,3 % après chirurgie micrographique contre 20,7 % après Nous retrouvons une réduction significative des marges
chirurgie avec marges étendues. En 2016, l’étude de Lowe d’exérèse avant R0. Il est donc possible de réduire drasti-
[21] compare rétrospectivement les taux de récidive locale de quement les marges, tout en contrôlant carcinologiquement
158 patients, avec des durées moyennes de suivi respectives les DFSP.
de 4, 8 ans et 5,7 ans. Les résultats retrouvent un taux de Nous ne rapportons aucune métastase à distance. Le DFS
récidive locale dix fois supérieur en chirurgie conventionnelle. est une pathologie avec un important risque de récidive
L’extension infra-clinique, le taux élevé de récidive locale, mais faible taux de métastase à distance, de l’ordre
locale, le faible risque de diffusion métastatique et la de 0,5 % [29].
Tableau 3 Données de la littérature concernant l’exérèse des DFSP par technique micrographique de Mohs ou Slow-Mohs (études
portant sur le corps entier).
Pour citer cet article : Verbruggen C, et al. Marges d’exérèse des dermatofibrosarcomes cervico-faciaux par technique de Slow-Mohs : étude
clinique rétrospective sur 20 cas. Ann Chir Plast Esthet (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.anplas.2017.06.005
+ Models
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6 C. Verbruggen et al.
La technique de Slow-Mohs est une technique chirurgicale [4] Bowne WB, et al. Dermatofibrosarcoma protuberans: a clinico-
simple et rapide. Elle permet un meilleur contrôle au niveau pathologic analysis of patients treated and followed at a single
local, une réduction importante des marges d’exérèse et institution. Cancer 2000;88:2711—20.
ainsi une préservation des tissus mous dans la prise en charge [5] Haas AF, Sykes JM. Multispecialty approach to complex derma-
tofibrosarcoma protuberans of the forehead. Arch Otolaryngol
des DFSP.
Head Neck Surg 1998;124:324—7.
Ses inconvénients sont un coût supérieur à celui de la [6] Sondak VK, Cimmino VM, Lowe LM, Dubay DA, Johnson TM.
technique classique, une analyse histologique chronophage Dermatofibrosarcoma protuberans: what is the best surgical
rendant certaines équipes anatomopathologistes réticentes approach? Surg Oncol 1999;8:183—9.
à sa réalisation en milieu hospitalier (surcharge de travail, [7] Moehrle M, Breuninger H, Taïeb A, de Mascarel A, Vergier B. [3D
rémunération insuffisante) [30], et expliquant ainsi sa réali- Histology: a protocol of micrographic surgery well fitted for
sation encore rare au sein des différents centres français. French dermatologists and pathologists]. Ann Pathol 2007;27:
Notre équipe demandait un délai de 7 jours pour valider 163—71.
l’analyse. Il est néanmoins faisable techniquement de rac- [8] Petit F, Betcher KE, Petit T. La chirurgie micrographique de
Mohs : pourquoi ? Pourquoi pas ? Ann Chir Plast Esthet 2012;57:
courcir ce délai jusqu’à 72 h. Ceci est fortement lié aux
164—8.
contraintes locales de chaque équipe. Le délai de cicatrisa-
[9] Thway K, Noujaim J, Jones RL, Fisher C. Dermatofibrosarcoma
tion dirigée peut entraîner une rétraction des tissus mous au protuberans: pathology, genetics, and potential therapeutic
niveau du site de tumorectomie, perturbant le geste de strategies. Ann Diagn Pathol 2016;25:64—71.
reconstruction. Cette technique est ainsi inadaptée à la [10] Nouri K, Lodha R, Jimenez G, Robins P. Mohs micrographic
reconstruction de zones péri-orificielles telles que les pau- surgery for dermatofibrosarcoma protuberans: University of
pières. Enfin, elle nécessite au minimum deux temps opéra- Miami and NYU experience. Dermatol 2002;28:1060—4.
toires rendant son acceptation plus difficile par certain(e)s [11] Ly A, et al. [Micrographic surgery: indications and practical
patient(e)s. applications in the dermatologist’s office]. Ann Dermatol Vene-
Les limites de notre étude sont son effectif réduit de reol 2013;140:647—55.
[12] Chang CK, Jacobs IA, Salti GI. Outcomes of surgery for derma-
20 patients et le faible recul (38 mois en moyenne). Le DFS
tofibrosarcoma protuberans. Eur J Surg Oncol J Eur Soc Surg
est une tumeur rare d’évolution lente, et les National
Oncol Br Assoc Surg Oncol 2004;30:341—5.
Comprehensive Cancer Network guidelines recommandent [13] DuBay D, Cimmino V, Lowe L, Johnson TM, Sondak VK. Low
une durée de suivi minimum de 36 mois. Dans notre service, recurrence rate after surgery for dermatofibrosarcoma protu-
comme dans la plupart des équipes, le suivi de ces tumeurs berans: a multidisciplinary approach from a single institution.
est poursuivi pendant 5 ans postopératoires. Des études Cancer 2004;100:1008—16.
multicentriques pourraient augmenter le nombre de cas, [14] Monnier D, et al. Dermatofibrosarcoma protuberans: a popula-
chaque centre de référence en chirurgie cutanée maxillo- tion-based cancer registry descriptive study of 66 consecutive
faciale n’en recrutant que peu. cases diagnosed between 1982 and 2002. J Eur Acad Dermatol
Venereol 2006;20:1237—42.
[15] Paradisi A, et al. Dermatofibrosarcoma protuberans: wide local
Conclusion excision vs Mohs micrographic surgery. Cancer Treat Rev
2008;34:728—36.
Une réduction des marges initiales de résection dans la [16] Arnaud EJ, et al. Surgical treatment of dermatofibrosarcoma
chirurgie d’exérèse des DFSP de la région cervico-faciale protuberans. Plast Reconstr Surg 1997;4:1032—52.
par Slow-Mohs peut être réalisée carcinologiquement. Des [17] Fields RC, et al. Dermatofibrosarcoma protuberans (DFSP):
marges initiales de 13 mm permettent une exérèse R0 dans predictors of recurrence and the use of systemic therapy.
Ann Surg Oncol 2011;18:328—36.
75 % des cas dès le 1er temps chirurgical, sans aucune
[18] Ah-Weng A, Marsden JR, Sanders DSA, Waters R. Dermatofibro-
majoration du taux de récidive locale. sarcoma protuberans treated by micrographic surgery. Br J
Nous conservons ainsi un maximum de tissu sain, ce qui Cancer 2002;87:1386—9.
représente un challenge dans la chirurgie tête et cou, afin de [19] Foroozan M, Sei J-F, Amini M, Beauchet A, Saiag P. Efficacy of
limiter le retentissement fonctionnel et esthétique. Mohs micrographic surgery for the treatment of dermatofibro-
sarcoma protuberans: systematic review. Arch Dermatol
2012;148:1055—63.
Déclaration de liens d’intérêts
[20] Gloster HM, Harris KR, Roenigk RK. A comparison between Mohs
micrographic surgery and wide surgical excision for the treat-
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. ment of dermatofibrosarcoma protuberans. J Am Acad Derma-
tol 1996;35:82—7.
[21] Lowe GC, et al. A comparison of Mohs micrographic surgery and
Références wide local excision for treatment of dermatofibrosarcoma
protuberans with long-term follow-up: the mayo clinic expe-
[1] Hammas N, et al. Le dermatofibrosarcome de Darier et rience. Dermatol Surg 2016;43:98—106.
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[2] Fattoruso SIS, Visca P, Lopez M. [Molecular approach in the Arch Otolaryngol Head Neck Surg 1997;123:430—3.
treatment of dermatofibrosarcoma protuberans]. Clin Ter [23] Abide JM, Nahai F, Bennett RG. The meaning of surgical mar-
2008;159:361—7. gins. Plast Reconstr Surg 1984;73:492—7.
[3] Snow SN, et al. Dermatofibrosarcoma protuberans: a report [24] Chaput B, et al. Dermatofibrosarcoma protuberans: margins
on 29 patients treated by Mohs micrographic surgery with reduction using slow-Mohs micrographic surgery. Expe-
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Pour citer cet article : Verbruggen C, et al. Marges d’exérèse des dermatofibrosarcomes cervico-faciaux par technique de Slow-Mohs : étude
clinique rétrospective sur 20 cas. Ann Chir Plast Esthet (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.anplas.2017.06.005
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ANNPLA-1331; No. of Pages 7
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tuberans: analysis of 22 patients. Ann Surg Oncol 2004;11: gery with a review of the literature. J Plast Reconstr Aesthetic
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tuberans of the head and neck: treatment with Mohs surgery 10.1111/jdv.14378.
Pour citer cet article : Verbruggen C, et al. Marges d’exérèse des dermatofibrosarcomes cervico-faciaux par technique de Slow-Mohs : étude
clinique rétrospective sur 20 cas. Ann Chir Plast Esthet (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.anplas.2017.06.005