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Matrix : Analyse Philosophique

by philocours · 04/12/2012

Lorsque le film “The Matrix” est paru sur les écrans en 1999, c’est
essentiellement ses qualités esthétiques (effets de ralenti,
chorégraphie des scènes de combat, …) qui ont séduit le public, et
moins les thèmes philosophiques sous-jacents à Matrix, qui est un
film difficile à résumer tant ses motifs sont divers.Pourtant, les frères
Wachowski ont réalisé un film parfaitement philosophique, matinée de
questions religieuses. Au fond, les effets tant vantés ne sont qu’un
décorum, un artefact pour illustrer le propos du film.

Matrix et Platon
La principale ressource philosophique invoquée dans Matrix est
l’Allégorie de la Caverne de Platon, laquelle est présentée dans la
République (livre 7). Socrate y présente un monde dans lequel il
existe deux niveaux de réalités, ou plutôt deux ordres ontologiques :
le monde sensible (celui que nous voyons) et le monde intelligible
(que seul le philosophe peut connaître). Matrix reprend à son compte
cette différenciation : la Matrice est l’illusion. Ce programme
informatique joue ainsi le rôle de la Caverne chez Platon.Seuls ceux
qui ont été “débranchés” de la matrice vivent dans le monde réel, les
autres ne vivant que par leur perception illusoire.

Comme la matrice est un programme informatique que les humains


sont branchés sur le monde qu’ils considèrent comme «réel» n’est
pas ce qu’elle semble être. En réalité, ceux qui vivent au sein de la
Matrice n’ont jamais vu le monde réel qui existe au-delà de leur
perception.

Libre interprétation des thèses platoniciennes

De la même manière que seuls les philosophes peuvent accéder au


réel, il est contre-indiqué dans le film de sortir de la matrice sans être
prêt pour cela. Se dégage ainsi dans Matrix l’idée d’êtres élus. Or,
chez Platon, les Idées sont accessibles à tous, pourvu que le souhait
de se libérer de l’opinion soit suffisamment fort.

De même, Matrix corrèle la vie dans la Matrice à celle en dehors de la


Matrice : ainsi, mourir dans la Matrice implique de mourir réellement.
Platon, lui, pose une radicale hétérogénéité entre les deux niveaux
de réel.
Enfin, le projet de Neo est de détruire le monde de l’illusion, alors que
Platon sait que l’illusion se combat, mais ne se détruit pas. Le sage
lui-même ne peut l’éviter complètement. Le vrai, le réel est un effort
permanent, non une conquête définitive.

Neo, un personnage christique

Il apparaît clairement que Neo, le principal personnage du film, choisi


pour détruire la matrice, relève de la référence biblique : Neo meurt
et ressuscite, Neo défie les lois de la physique, Neo réalise des
prophéties, Neo libère les hommes et leur transmet un message de
paix.

Matrix, une critique de la technique

La deuxième toile de fond philosophique est celle de la technique et


fait référence à Descartes (maîtres et possesseurs de la nature)
autant qu’à Heidegger. Matrix affirme et montre la dépendance
humaine aux machines. Le mythe de Frankenstein joue ici à plein : la
technique, création humaine, est en passe de le dépasser : les
machines pourraient devenir, d’outils utiles aux hommes, leurs
bourreaux. Affleure ainsi une vraie technophobie, au-delà des
apparences.

Conclusion de l’analyse :

Au-delà de l’habileté formelle du film, on peut reconnaître à


Matrix l’exploration de thèmes trop souvent négligés au
cinéma : le rôle de la technique, la critique des sociétés
modernes, l’espoir de la libération collective, la réflexion sur
la nature du réel, lequels font de Matrix un film philosophique
réussi.

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