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A.MATOUAL Y.BOUGRINE
Tuteur et encadrant Encadrant
« J’étais encore stagiaire au centre de contrôle régional, lors du
service de nuit, quand j’ai autorisé un aéronef à entamer son
approche. Ensuite, un autre suivant la même trajectoire demanda de
descendre plus bas, j’avais déjà coordonné le 1er aéronef avec le
contrôleur d’approche et il n’y avait quasiment pas de risque de
rattrapage, alors j’ai autorisé le 2ème aéronef à descendre vers un
niveau de vol(FL) plus bas. Dans le temps, on travaillait en
classique… il n’y avait pas de radar pour visualiser le trafic, et
soudain je me suis souvenu que le pilote du 1er aéronef n’avait pas
rappelé pour annoncer avoir atteint le niveau d’en dessous, alors j’ai
vite appelé le centre d’approche pour avoir la confirmation, et il était
déjà à 5000 ft (FL50). Personne ne l’avait remarqué, ni le pilote ni le
centre d’approche ni même l’instructeur à coté de moi, mais j’étais
tout pale et les idées se bousculaient dans ma tête (si les aéronefs
avaient été proches, si le premier était rattrapé, ou le deuxième avait
aperçu l’autre au niveau qui lui a été assigné …). J’ai pris un congé
après cet événement, c’était le congé le plus lourd de ma vie, je ne
pouvais penser qu’a cela. »
1
Remerciements
Louange à Allah, le miséricordieux qui nous a guidés et inspirés tout au long de la réalisation
de ce travail.
Nous remercions chaleureusement toutes les contrôleuses et tous les contrôleurs aériens
marocains qui ont accepté et pris le temps - et souvent le courage - de participer à cette étude.
Qu’ils veuillent trouver ici le témoignage de notre gratitude. Nous leur dédions avec fierté ce
mémoire.
Nous remercions également toutes celles et tous ceux que nous avons rencontrés, qui nous ont
fait confiance et qui nous ont aidés et soutenus dans notre étude.
Nous tenons également à remercier la psychologue Mlle Aziza ZIOU ZIOU pour sa
collaboration.
Nous tenons à remercier le Dr. Youssef BOUGRINE (médecin expert en gestion du stress et
en psychologie du travail, ancien consultant FH pour Eurocontrol-DGAC) pour son aide
précieuse et ses conseils.
Nous remercions également tous les enseignants qui nous ont suivis durant notre formation
ainsi que tous ceux qui nous ont aidés de près ou de loin dans notre cursus.
Enfin, nous témoignons toute notre gratitude et notre reconnaissance à nos familles qui nous
ont soutenus moralement et financièrement, sans quoi ce travail n’aurait pas vu le jour.
2
Résumé
Le stress que peut engendrer un incident critique chez le contrôleur aérien est souvent grave et
pourrait éventuellement provoquer des séquelles définitives. Cette étude essaye d’analyser le
problème du stress dû à un incident critique chez le contrôleur, d’exposer ses symptômes et
les complications qu’il peut provoquer.
Ensuite, grâce à une méthodologie alliant entretiens avec les contrôleurs et utilisation de
questionnaires, nous nous sommes proposés de répondre d’abord à la question de la nécessité
de la mise en place d’un programme de gestion du stress après incident critique. Ensuite, nous
avons demandé à ces opérationnels leurs perceptions sur les modalités de son éventuelle mise
en place.
Abstract
The critical incident stress reactions are often severe and may eventually cause permanent
sequels for the air traffic controller involved. This study attempts to analyze the problem of
stress due to a critical incident in air traffic control, and enlighten the symptoms and
complications that can be caused to an air traffic controller.
Using a methodology combining interviews with ATCos and questionnaires, we firstly looked
for whether or not the establishment of a critical incident stress management program is
needed, and then we found out the perceptions of ATCos about the operational modalities of
its future implementation.
As an answer to the first question, the majority of participants recognize the need and the
relevance of such a program. About the details of its implementation, there is a global
consensus on the need for guarantees about confidentiality and anonymity coupled with
expectations of an efficient support by independent professionals who should know the
constraints and specificities of this job.
3
Sommaire
Remerciements ........................................................................................................................... 2
Résumé ....................................................................................................................................... 3
Abstract ...................................................................................................................................... 3
Introduction ................................................................................................................................ 9
Partie 1 : Approche générale de la gestion du stress après incident critique en ATC .............. 11
Chapitre III : Gestion de stress après incident critique pour ATC ........................................... 24
I.1. Objectifs……………………………………………………………………………………..30
I.2. Méthodologie………….………………………………………………………………..…..30
Conclusion ....................................................................................................................................... 42
Références........................................................................................................................................ 43
Annexes .................................................................................................................................... 45
5
Abréviations et acronymes
UE : l’Union Européenne
6
Termes importants
Stress professionnel : L’ensemble des réactions que les travailleurs peuvent avoir lorsqu’ils sont
confrontés à des exigences professionnelles dépassant leurs capacités d’adaptation ou qu’ils perçoivent
comme telles (Lazarus et Folkman, 1984).
Coping : Ensemble des stratégies qu’utilise un individu pour faire face au stress. Il peut être
émotionnel (déni, agressivité, colère, humour, pleurs, etc.) ou cognitif visant la résolution du problème
à la source du stress(1).
Stress dépassé : En général, il se manifeste immédiatement après l’incident sous forme de troubles
neurovégétatifs (sueur, pâleur, rythme cardiaque accéléré, nausées, ...), troubles sensoriels (problèmes
de vue, écoute, ...), troubles moteurs (bégaiement, hyper-motricité -Tremblement, apathie, ...) et de
troubles psychiques (peur, tension, sentiment d'impuissance, apathie, sidération ...) ainsi que des
modifications de comportement (besoin d’isolement, etc.) et de problèmes relationnels. Ce qui peut
générer une névrose traumatique, laquelle en absence de traitement peut laisser à vie, des séquelles. (2)
ESPT : L’état de stress post-traumatique (ESPT) est classé parmi les troubles anxieux qui atteignent
approximativement une personne sur dix et qui sont parmi les plus répandus des problèmes de santé
mentale touchant aussi bien l’enfant que l’adulte. La maladie peut atteindre des proportions telles
qu’elle devient incompatible avec une vie normale et la personne atteinte devra recourir à des
traitements spécifiques (dont psychothérapeutiques) (1).
Pathologie : C’est un synonyme de maladie. Elle s'applique à toutes les manifestations physiologiques
ou psychiques hors des normes de la santé (Dictionnaire de l’Académie française huitième édition).
Psychothérapie : Méthode thérapeutique qui fait uniquement appel à des moyens psychologiques afin
de traiter les troubles psychiques ou somatiques (Dictionnaire Petit Larousse 2008).
Shift : Le temps de travail d’une équipe de contrôleurs aériens, qui se termine par le changement
d’équipe.
Incident critique : Tout événement au potentiel traumatisant qui génère de fortes réactions
émotionnelles chez les personnes qui y sont exposées(1).
Méthode qualitative : une méthode de recherche utilisée notamment en sciences sociales. Elles
laissent délibérément de côté l'aspect quantitatif pour gagner en profondeur dans l'analyse de l'objet
d'étude(34).
7
Méthode quantitative : une méthode de recherche à propos de nombre ou de quoi que ce soit de
quantifiable(34).
Déni : L'acte de déni refuse de prendre en charge certaines perceptions : un fragment, éventuellement
important, de la réalité, se voit totalement ignoré ; la personne qui dénie se comporte comme si cette
réalité n'existait simplement pas, alors qu'elle la perçoit (Un article de Wikipédia). C’est ce qui permet
par exemple à un contrôleur, à chaque fois qu’il doit prendre une décision opérationnelle, de ne se
concentrer que sur les aspects techniques et de s’alléger psychologiquement du poids de la présence
des passagers à bord d’avions réduisant ainsi la souffrance et le stress qui en découlent. La non
constitution ou la fragilisation de ce mécanisme de défense exposent le contrôleur aérien à des
difficultés opérationnelles et psychologiques tellement importantes qu’il peut se voir obligé
d’abandonner le métier (opérationnel) ou de le faire mais dans des conditions dégradées pour sa santé,
l’ambiance de travail en équipe et surtout pour la sécurité-fluidité des vols (Dr. Y. BOUGRINE).
8
Introduction
Eurocontrol prévoit que le trafic aérien en 2020 sera le double de celui de 2000. Or, il est
admis qu’une augmentation du trafic de l’ordre de 1% provoque une augmentation du nombre
d’incidents critiques de 10%. Il affirme ensuite qu’avec le niveau actuel de sécurité, il y aurait
une catastrophe aérienne majeure par semaine dans le monde d’ici 2020. Ceci dit, ces
prévisions sont à pondérer du fait de l’innovation technologique et l’adoption de nouveaux
systèmes visant à aider le contrôleur dans la réalisation de ses tâches. (3)
Les incidents critiques peuvent survenir et toucher n’importe quel contrôleur avec un impact
très variable sur la santé et la carrière de ce dernier. A travers le monde, des organismes
spécialisés ont porté et portent encore un grand intérêt à réduire les effets de ces événements
difficiles de la vie opérationnelle. En termes de soutien psychologique post incident, l’ATC
CISM est l’un des rares programmes qui ont réussi et qui ont été adoptés sur une grande
(1)
échelle . Eurocontrol en 1997, publia un document décrivant le CISM comme une solution
concrète, et présenta son modèle adapté au contrôle aérien et adopté depuis par plusieurs pays
européens.
A l’instar de l’UE et dans son souci d’amélioration constante de la qualité de ses services, le
Maroc explore la possibilité et les modalités de mise en place d’un dispositif de soutien
psychologique. Notre travail s’inscrit dans cette optique et se propose de sonder les
principaux concernés que sont les contrôleurs aériens.
En effet, le fait que ce programme ait fait ses preuves et qu’il soit mondialement reconnu
comme un standard d’intervention de crise, ne veut nécessairement pas dire qu’il sera un
succès au Maroc. En effet, vu que le corps des contrôleurs aériens a ses propres codes et
valeurs et qu’il semble fermé et protégé de l’extérieur, venir lui incorporer un « nouvel outil »
fusse-t-il de soutien psychologique, ne peut se faire qu’après acceptation de ces opérationnels.
9
En ne nous basant que sur les premiers échos que ce mémoire a suscités jusqu’ici dans les
centres opérationnels, nous pouvons d’ores et déjà penser que l’adoption d’un tel programme
ne réussirait que si les contrôleurs éprouvaient le besoin et vivaient réellement des situations
solutionnées par ce dernier. Ensuite, une culture libre de tout tabou envers le soutien
psychologique devrait exister.
Pour vérifier ces hypothèses, nous avons sondé les avis des contrôleurs et leurs propositions
sur le sujet, tout en respectant les critères de validité méthodologique de la recherche
scientifique.
Ce rapport exploratoire, outre les données qu’il contient, ambitionne de devenir l’une des
ressources de référence sur le soutien psychologique post incident au Maroc. Il ne prétend
détenir aucune vérité absolue mais pourrait aider à mieux dépeindre les perceptions actuelles
des contrôleurs contactés sur le sujet.
10
Partie 1
11
Chapitre I : Le contrôle aérien, un métier exigeant !
Le contrôle aérien est le nom donné à l’ensemble des services de contrôle et d’information
fournis aux avions pendant les diverses phases de vol à savoir : L’En route, l’approche,
l’atterrissage, le roulage et le décollage. C’est un système indispensable à l’aviation civile
comme militaire et dont le contrôleur aérien représente le maillon principal. Son travail
consiste à assurer la sécurité des avions et à réguler le trafic, ce qui demande une grande
vigilance et des capacités cognitives très affûtées d’analyse, d’anticipation et de décision. Très
exigeant sur les plans neurosensoriels, psychique et physique, ce métier met ceux qui
l’exercent dans un état de stress indispensable et quasi-permanent pour pouvoir effectuer les
tâches du contrôle en toute sécurité.
C’est dans ce cadre, que le Maroc s’intéresse à la mise en place d’un programme de soutien
psychologique après incident critique pour ses contrôleurs aériens. Il est vrai que l’histoire de
l’aviation au Maroc n’a pas été marquée par un grand nombre d’accidents(28,29). Elle a été
assez stable sans trop de fluctuations sauf lors de crises internationales.
Avec l’ère « Open Sky », le paysage aéronautique marocain devra connaitre un changement
sans précédent, car l’évolution du trafic tend à dépasser tous les chiffres déjà enregistrés. Ce
qui pose légitimement la question suivante : Cette croissance du trafic est-elle accompagnée
d’une augmentation des effectifs des ATCos ?
350000
300000
Militaire
250000
200000
Aviation
Générale
150000
100000 Transport
Public
50000
0
2004 2005 2006 2007 2008 2009
Figure 1
Le tableau représente le nombre d’incidents signalés par les commandants de bord. Entre
2004 et 2009, et sauf pour 2008, on remarque que le taux relatif d’airprox augmente
linéairement avec le trafic.
13
Chapitre II : Incident critique…Crise…Intervention
Toute situation qui cause à la personne qui l’a vécue des réactions
inhabituelles(1)
Ou plus précisément :
Les guerres, les catastrophes naturelles et les attaques terroristes, sont des exemples
d’incidents critiques, mais elles ne sont pas les seules. Il est incorrect de croire que les
incidents de la vie doivent avoir l’ampleur des catastrophes pour qu’ils soient qualifiés de
critiques. Percevoir un incident à travers la nature de l’événement fausse la compréhension
des phénomènes qu’il génère (1).
Les individus sont tous différents, chacun est unique dans le sens où il a une histoire, des
convictions, des croyances et une vision du monde globalement différentes de celles des
autres. Sa structure psychologique tout comme son empreinte, révèle son identité(7). Ce
constat, dû à plusieurs paramètres (l’éducation, l’environnement, les événements de la vie,
l’héritage génétique…), explique les contrastes observés dans les réactions de chacun lors des
événements de la vie, en particulier ceux au potentiel traumatisant. Certains restent stables et
positifs alors que d’autres deviennent négatifs et incohérents(2). Il faut savoir que les attitudes
et les réactions ne sont pas figées : même les plus « forts » mentalement peuvent être ou
devenir à un moment donné vulnérables aux traumatismes. Cela ne se constate pas dans la vie
14
de tous les jours, mais on le voit bien quand des personnes connues pour leur équilibre
émotionnel cèdent quand on s’y attend le moins. Ces personnes avaient probablement
encaissé tellement de « coups » et « intériorisé » pendant longtemps leurs angoisses, qu’elles
étaient venues à bout de leurs capacités d’adaptation et ne pouvaient plus supporter le
moindre secouement(1) (voir également Incident critique en ATC). Nul n’est invulnérable !
Dans la vie réelle tout le monde est cassable, personne n’a le profil de David Dunn(10) ou la
force d’un super-héros américain.
Tous ces éléments doivent êtres pris en compte dans toute tentative pour venir en aide à des
opérationnels en crise. Quand une organisation ou une entreprise veut fournir un soutien
psychologique à ses employés, elle ne doit pas seulement le rendre disponible quand un
événement exceptionnel - pouvant nuire à l’image de marque - se produit, mais à tout moment
où les employés en ont besoin, tant que cela les rend plus efficaces dans leur travail, préserve
leur santé et remonte le moral du groupe. L’entreprise doit voir le gain à long terme, une
bonne gestion publique d’un événement fameux est vitale. Toutefois, un bon suivi de ses
salariés lui assure un développement solide, stable et sûr (5) (voir annexe B).
Les incidents dans le contrôle aérien peuvent prendre plusieurs formes et avoir diverses
conséquences, certains sont considérés comme négligeables, quand d’autres ont un potentiel
déstabilisant pour toute l’organisation. Une attaque terroriste à bord d’un avion peut mettre
tout un pays en alerte, mais un malentendu entre un contrôleur et un pilote ne touche
généralement que ceux qui y sont impliqués, cette différence de taille entre ces deux
événements ne veut nécessairement pas dire, comme il a été expliqué avant, que dans le
deuxième cas, le contrôleur ne sera aucunement affecté par la situation. Certains, parmi les
contrôleurs eux-mêmes, ne comprennent pas que de tels événements – a priori ‘simples’ -
15
puissent secouer un confrère… lequel, vu la nature de son emploi, doit être capable de gérer
bien pire ! Le hic ici, c’est quand l’opérationnel n’en a pas les ressources nécessaires (voir
l’analogie de la batterie, plus tard). Le contrôle aérien est un métier énergivore, c’est à dire
très gourmand en matière de ressources cérébrales, psychiques et physiques : une succession
d’événements « simples et anodins » va agir par cumul et risquerait de consommer la plupart
de l’énergie psychologique de la personne et ainsi la rendre assez vulnérable (2).
Dans les entretiens qu’on a effectués avec les contrôleurs aériens, certains confirment que
jusqu’à un moment donné de leur vie, ils n’avaient jamais eu de problèmes à gérer le stress,
mais que brusquement et suite à un événement ou un incident en opérationnel ou non, ils se
sentaient très faibles, et perdaient toute leur confiance en eux. Une analogie est souvent
utilisée par les professionnels de la santé mentale (1) :
L’homme est comme une sorte de pile électrique, une pile qui se charge et se décharge,
Quand la batterie est chargée, le contrôleur peut gérer sans difficulté le stress dû à la plupart
des situations difficiles, mais cette gestion, qu'on appelle Coping, consomme de l'énergie à la
batterie ce qui est aggravé par le cumul des événements stressants poussant ainsi le contrôleur
à consommer encore plus les ressources de sa batterie jusqu'à l’épuisement, et ce jour là, il
deviendra probablement plus vulnérable au moindre événement quelque soit sa gravité. Il peut
s’agir de la collision évitée de justesse ou d’un malentendu avec un pilote (Voir figure). Afin
que la personne ait toujours les moyens pour affronter les incidents critiques, il faut qu’elle se
« recharge ».
Incident 3
Incident 2
Incident 1
Amr Zayd
Amr peut affronter l’incident 2 sans difficulté, alors que Zayd n’a nullement les moyens de vivre
l’incident 2, dans les meilleurs des cas, il arrivera à gérer la détresse causée par l’incident 1 avec
difficulté. Amr, en faisant face à l’incident 2, va consommer beaucoup d’énergie et devenir vulnérable
au moindre événement en dessus de ses moyens (voir Incident critique en ATC).
16
Mais, au cours de nos rencontres avec eux, la plupart des contrôleurs semblaient bien se
porter, et semblaient très confiants en leurs capacités. Certes, il y avait également cette
minorité qui semblait « très détendue ». A l’intégration dans ce corps de métier, chaque
contrôleur se met à se construire, et à développer dans une certaine mesure, le « profil
attendu » et approuvé par ses collègues (phénomène de socialisation).
Cette attitude crée notamment du déni chez lui(4), c'est-à-dire, qu’il « refusera » de voir ses
faiblesses et n’admettra jamais être affecté par les incidents qui ne sont pas de taille. Nous
avions également perçu une attitude « étrange » que certains contrôleurs affichaient envers
leurs collègues qui ont commis des erreurs opérationnelles : Il nous avait semblé qu’ils les
méprisaient et commençaient à les éviter - comme certains l’ont exprimé dans les entretiens.
Selon notre hypothèse, la situation vécue par son collègue (l’erreur de contrôle) a fait
remonter à la surface des angoisses et des peurs douloureuses et qu’il avait réussi à cacher
pendant longtemps. Donc, à chaque fois qu’il le rencontrera, il allait s’en rappeler, jusqu’au
jour où ce collègue « fera ses preuves » dans une situation difficile. Paradoxalement, selon les
témoignages recueillis, c’est cette même personne qui semble « limite opérationnellement »,
qui va se montrer de plus en plus agressive et hostile envers ceux qui sont en instruction ou
qui commettent des erreurs à leur tour. Par la suite, soit elle se force à maintenir l’image « de
(8)
solidité » qu’elle doit avoir devant ces collègues , et par conséquent elle s’expose à
davantage de stress opérationnel et un jour peut-être au stress post-traumatique (expliqué plus
tard). Soit, elle craquerait et « ferait tomber le masque » : elle ne pourrait plus travailler
confortablement, puisque le déni qui lui permettait l’abstraction ne serait plus là, et par
conséquent développerait plus facilement un état de stress post-traumatique, et à n’importe
quel moment de la carrière.
Le premier cas qui garde toujours le masque sociétal ne serait généralement décelé que par
un psychologue ou un observateur averti, le deuxième plus remarquable, presque tous les
contrôleurs ont pu nous en citer des exemples : des aiguilleurs du ciel dits « malchanceux »,
qui ont perdu la confiance de leurs collègues. Il est sûr que le contrôle aérien n’est pas la
source exclusive de tous ces problèmes (personnalité, passé et l’éducation y jouent un rôle
important) mais il semble très pesant sur le mental, et renforce les risques de traumatismes.
Certains contrôleurs assument leurs faiblesses, admettent leur impuissance face à certains
événements, et essayent d’affronter de leur mieux les fatalités de la vie, mais il faut
reconnaitre que ces phénomènes de stress professionnel peuvent affecter la cohésion sociale
dans le corps du contrôle aérien, léser l’ambiance de travail voire altérer la santé des individus
ainsi que la sécurité opérationnelle.
17
II.2. Crise et Stress liés à un incident critique
II.2.1. Crise
Les réactions de crise sont des réactions internes, subjectives, liées à la structure mentale de la
personne, qui l’empêchent d’avoir les idées claires, précises et contrôlées, de gérer son état de
détresse, et d’entreprendre les meilleures actions pour elle-même. Ces réactions se
caractérisent par :
II.2.2. Stress
Liste de quelques réactions typiques de CIS sur les différents niveaux (1) :
Physiques
Battements rapides du cœur
Mal au ventre
Grincement des dents
Troubles de sommeil
Fatigue
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Obscurcissement de la vision
Vertiges
Tension artérielle élevée
Maux de tête et douleurs thoraciques
Fièvre
Cognitives
Confusion générale
Difficultés dans la prise de décision
Difficulté à s’orienter dans le temps et dans l’espace
Trous de mémoires
Incapacité à se concentrer
Cauchemars
Emotionnelles
Peur et insécurité
Sentiment d’impuissance
Sentiment d’être dépassé
Sentiment d’être seul et non soutenu
Sentiment de culpabilité
Comportementales
Manque d’appétit
Colère
Immobilité
Mobilité hyperactive
Excitabilité augmentée
Mouvements incontrôlables (p.ex. Tics)
Ces réactions qui sont pour la plupart reconnaissables agissent comme une alerte pour traiter
le problème du stress et stopper ces effets avant qu’il ne fasse trop de dégâts et n’évolue vers
un état de stress post-traumatique, qui est un état pathologique accompagnant la personne
pendant toute sa vie et nécessitant en général une prise en charge adaptée.
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Remarque concernant les changements cognitifs
Les changements au niveau cognitif sont les plus difficiles à détecter et les plus dangereux
pour le contrôleur aérien. Un contrôleur aérien a besoin de prendre des décisions correctes,
claires, rapides et précises. Toute perte des capacités cognitives rend la gestion de
l’information difficile et l’action dangereuse, un problème que généralement, le contrôleur ne
découvre que quand il est sur fréquence.
Pour prévenir de telles situations, il faut (1) :
Premièrement admettre qu’une personne confrontée à un incident critique est sujette à
une détérioration latente des capacités cognitives ;
Secundo, assister la personne concernée, à détecter ces problèmes inaperçus, et l’aider
à retrouver ses capacités cognitives, ceci notamment a travers une intervention de
crise.
L’état de stress post-traumatique (ESPT) est classé parmi les troubles anxieux
qui atteignent approximativement une personne sur dix. L’ESPT résulte d’un événement
psychologiquement traumatisant pour les individus impliqués, leur causant de graves
blessures ou présentant un risque pour leurs vies ou celles des autres. Ces événements
déclencheurs du traumatisme sont surnommés agents stressants et peuvent survenir lorsqu’on
est seul ou dans la foule. Ces agents stressants peuvent être des actes d’agression comme le
viol, le vol avec agression, la guerre ou des événements comme des accidents de voiture ou
d’avion ou encore des phénomènes naturels comme les ouragans ou les tremblements de terre.
La personne traumatisée peut avoir vécu personnellement une telle expérience ou en avoir été
le témoin. Elle peut subir le contre-choc psychologique d’un événement arrivé à quelqu’un
d’autre comme par exemple la mort d’un être cher dans un accident de voiture.
Symptômes de l’ESPT
On distingue trois types de symptômes ou réactions révélant l’ESPT.
Dans le premier type, la personne revit l’événement traumatisant : la reviviscence. Cette
réaction est caractéristique de l’ESPT et se manifeste de diverses façons. La personne peut se
remémorer périodiquement les événements ou être victime de cauchemars ou de rappels
d’images (flashbacks) récurrents, parfois même, l’anniversaire de l’événement déclencheur
provoquera une réaction d’inconfort intense. Dans des cas plus rares, on verra la personne
entrer dans un état dissociatif, d’une durée de quelques minutes ou de plusieurs jours, durant
laquelle elle aura l’impression de revivre pleinement et concrètement l’épisode.
20
Le deuxième type de symptômes consiste en l’évitement et l’insensibilité émotive.
Dans le premier cas, la personne fera tout pour éviter d’être confrontée à une situation qui
rappelle l’événement traumatisant. Quant à l’insensibilité émotive, elle se manifestera souvent
très tôt après l’événement, on constatera par exemple que la personne se replie sur elle-même
et fuit ses proches. Souvent, elle perd intérêt dans des activités qui autrefois la passionnaient
et souvent développe un vif sentiment de culpabilité.
Les symptômes se manifestent généralement dans les trois mois qui suivent l’événement
traumatisant. Cependant, il arrive parfois que les symptômes ne se manifestent que plusieurs
années plus tard précipitant souvent les personnes souffrantes dans l’alcoolisme la
toxicomanie ou la dépression selon la durée et l’intensité de l’ESPT.
Les interventions de crise ont été développées dans l’objectif principal de prévenir l’ESPT,
mais pas de le guérir, quand cet état est diagnostiqué, il n’est plus question de CISM ou de
tout autre méthode de ce type mais plutôt d’une psychothérapie qui dure six mois en général :
«mieux vaut prévenir que guérir ».
La mission majeure de l’intervention de crise est de réduire les réactions de stress après
incident critique et de prévenir l’ESPT. Mais en plus de cela, elle vise à rétablir les capacités
21
de coping chez l’individu et le ramener à l’état où il pourra entreprendre l’action avec
assurance (1).
Pour être efficace, l’intervention de crise, doit être simple, pratique, brève, immédiate, dans la
proximité de la zone de travail ou de confort des personnes impliquées, innovante, et adaptée,
et doit avoir un objectif précis à réaliser (p.ex. Aider la personne en détresse à reprendre son
(1,6)
travail normalement) . Le CISM est un exemple de programme d’intervention de crise qui
respecte ces normes et qui selon les expériences faites en Amérique du nord et en Europe
donne les résultats espérés et offre un retour d’investissement satisfaisant (1,3) (voir annexe B).
Le CISM acronyme de Critical Incident Stress Management (Gestion du stress après incident
critique) est une approche globale, systématique, multi-composantes, développé dans
l’objectif de venir en aide à des personnes en crise, elle applique plusieurs techniques testées
et évaluées pour intervenir efficacement en cas de crise (J. T. Mitchell, 2006). Créé par
Jeffrey M. Mitchell en 1983, il a été adopté par plusieurs pays, et adapté à plusieurs domaines,
il est apprécié pour les résultats qu’il donne et l’évolutivité qu’il permet.
Le modèle de base sur le quel est fondé toutes les autres variantes du CISM, est celui
développé par J.T.Mitchell caractérisé par le débriefing (CISD(18)). Pour expliquer en
quelques lignes ce modèle, on peut dire qu’il s’agit d’un processus structuré, mené par des
spécialistes (psychologues, psychiatres, ce que les anglo-saxons nomment des mental health
professionals), et qui comprend la participation de « pairs » (ce que les anglo-saxons appellent
22
(1,3)
des peers) . Par pairs, on entend des collègues de travail spécialement formés aux
techniques d’intervention après incident. Il s’agit d’aider un contrôleur après un événement
grave, selon ses besoins spécifiques, pour répondre à la phase de détresse dans laquelle il se
(3)
trouve . Ce processus doit appliquer un ensemble de mesures imbriquées, adaptées aux
circonstances et aux personnes impliquées (Everly et Mitchell 1999, J. T. Mitchell 2003). Un
programme CISM selon le modèle « Mitchell » se base sur plusieurs éléments essentiels :
Pour plus d’information sur ces techniques, reportez vous au livre « Critical Incident Stress
Management in Aviation, Jörg Leonhardt et al. ; ASHGATE, 2006 »
Remarque
Parmi ces techniques et composantes du CISM, le débriefing est celui qui a créé le plus de
confusion et qui a été sujet à des utilisations inappropriées et isolées du contexte (19), d’où le
changement de son nom vers PEGS, afin d’éviter tout égarement des normes prescrites par
ICISF. Le protocole standard de la technique PEGS exige que son utilisation soit faite
seulement avec des petits groupes homogènes (3 à 20 personnes), dans un ‘moment opportun’
(entre 24 et 72 heures après l’incident), et sans omettre les autres techniques, car elles
interviennent dans des rôles qui se complètent. Cela devrait idéalement se tenir dans un
endroit neutre, en dehors de l’institution concernée si possible (1,3,6) .
23
Chapitre III : Gestion de stress après incident critique
pour ATC
Le domaine de l’aviation est classé parmi les secteurs les plus sensibles au monde. La sécurité
est, en principe, le premier souci de tous ses intervenants. Depuis la création de l’avion, les
technologies ne cessent de développer ce secteur et de le rendre toujours plus sûr et plus
(17)
efficace, jusqu’au point où la plupart des catastrophes aériennes (70% à 80%) , sont
maintenant attribuées à des erreurs humaines. L’Homme, considéré pendant longtemps
comme le maillon le plus faible, il risquait toujours d’être remplacé par la machine dans
divers domaines, or l’expérience a démontré qu’il restait indispensable, et même un facteur de
succès -s’il est bien géré- dans certains métiers. Bien gérer cet élément –critique- se fait en le
responsabilisant envers ces tâches, mais aussi en lui montrant de l’intérêt et améliorant sa
confiance en lui (Will Schutz, 1994), surtout quand ses tâches sont pesantes, et risquent de
provoquer chez lui du stress négatif, comme dans le cas du contrôle aérien. Les programmes
de gestion de crise, tel que le CISM, sont créés dans cette perspective.
Prenant en compte ces trois aspects, il faut que le programme de soutien permette
l’intervention de crise dans l’immédiat, et le plus tôt possible, par des moyens pratiques,
rapides, simples, et adaptés aux circonstances. L’ATC CISM représente un modèle de choix
pour ce type d’intervention. Si on en croit l’expérience des organisations qui l’ont adopté, ce
CISM adapté au contrôle aérien est décliné sous plusieurs variantes adaptées aux besoins
spécifiques de chaque pays, et aux politiques adoptées par les institutions(24). Dans notre
recherche on s’intéressera au modèle EUROCONTROL recommandé aux pays européens
notamment ceux du SES et autres pays signataires d’accords relatifs(23).
25
III.2. Modèle CISM d’EUROCONTROL(3,21)
En 1997, Eurocontrol publie « Eurocontrol CISM Guidelines ». Cette première publication
sur le sujet donne une vue d’ensemble du CISM, traite des réactions aux stress, détaille les
phases et les techniques du CISM, et parle de la formation et de l’entraînement au CISM.
Reactions de sécurité
Incident
stress menacée
Figure 2
Un incident implique fatalement des réactions de stress qui peuvent influer sur la sécurité.
Figure 3
26
A gauche, nous pouvons voir les principes sur lesquels se base le CISM selon Eurocontrol, à
savoir : une intervention rapide après l’incident, une dynamique de groupe, la verbalisation et
la ventilation des émotions. A droite de ce schéma, apparaissent les supports d’un tel
programme : les pairs, les professionnels de la santé mentale, l’employeur et même les époux
et épouses des personnes concernées. Enfin, au sommet de ce schéma, nous voyons que
l’aspect législatif entre également en considération (Culture non punitive et respect de
l’anonymat).
Comme nous l’avons déjà souligné, qu’il soit individuel ou de groupe, cet entretien est mené
par un pair. Cette notion de pair est-elle aussi rigoureusement traitée par le modèle
Eurocontrol.
Selon ce modèle, un pair est un collègue de travail qui s’est porté volontaire pour participer au
programme de gestion du stress après incident. Le fait qu’il soit un collègue est une notion
très importante car elle permet au pair de parler le même langage ATC que la personne auprès
de laquelle il intervient. De plus, le rapport de collègue augmente le capital confiance qu’on
accorde au pair. Il a ensuite été sélectionné ou élu et spécialement entraîné à la gestion du
stress après incident. Il est alors capable de fournir une première assistance et une intervention
dite de base à ses collègues ayant subi un incident critique.
27
Les pairs ne doivent pas hésiter à se retourner vers un professionnel de la santé mentale quand
ils sentent que leurs ressources sont dépassées. Ils doivent évaluer l’efficacité du programme
et le degré de satisfaction de leurs collègues. Bien entendu, ils doivent respecter le principe de
l’anonymat et de la confidentialité.
28
Partie 2
29
Chapitre I : Approche de l’étude et résultats
I.1. Objectifs
La présente étude permet d’évaluer la nécessité et connaitre les modalités de la mise
en place d’un programme de soutien psychologique après incident critique auprès des
contrôleurs aériens marocains.
Les résultats de l’étude ont permis de :
Evaluer le besoin d’un programme de soutien psychologique après incident
critique dans le cadre du travail.
Connaitre les modalités de la mise en place souhaitées par Les ATCos.
Evaluer l’existence de soutien pour les ATCos après un incident critique.
Déterminer l’impact d’un incident critique chez le contrôleur aérien.
I.2. Méthodologie
Sur la base des objectifs énoncés précédemment, la méthodologie suivante a été
adoptée :
Dans un premier temps, une revue de la littérature (documentation scientifique) a été
effectuée sur différents thèmes du sujet, suivie d’une recherche des techniques
d’enquête appropriées à notre étude (méthodologies, élaboration des questionnaires,
collecte des données, types d’entretiens).
Dans un deuxième temps, un travail sur le terrain a été effectué sous forme d’une
recherche participative et en employant une méthode mixte réunissant la démarche de
recherche quantitative et qualitative, suivie par la collecte de données et le recueil
d’appréciations de l’échantillon étudié.
Dans un troisième temps, la clarification des données recueillies ainsi que
l’élaboration et l’analyse des résultats de l’étude.
30
I.3. Moyens utilisés
Dans notre travail sur le terrain, nous avons établi un objectif précis, celui de faire
connaitre à la majorité des ATCos au Maroc la vision complète du programme de
gestion de stress après incident critique, son rôle et ses limites, et de sonder leurs
impressions et leurs appréciations du programme. On a abordé le sujet avec les
ATCos de l’aéroport Mohamed V durant notre période de stage, du CCR pendant à
peu près deux mois, et avec des groupes d’ATCos venant de différentes villes du
Maroc dans le cadre de formations continues à l’AIAC, ainsi qu’avec des contrôleurs
qu’on a pu contacter par internet et à travers les sites communautaires.
La phase de sensibilisation s’est prolongée tout au long de notre étude (voir annexe C).
31
Sondage:
Comme le sujet de gestion du stress après incident critique concerne tous les ATCos
dans les différentes plateformes du Maroc, un sondage (voir annexe C) ciblant la totalité
des contrôleurs aériens a été mené afin de faire participer le maximum d’ATCos.
Le déroulement de l’étude:
65 ATCos sur 334 contrôleurs aériens de différentes plateformes et différentes régions
du Maroc ont participé au sondage. Pour optimiser cette participation, diverses manières
ont été utilisées.
Vu le manque des moyens et du temps pour pouvoir se déplacer à travers les différentes
villes du Maroc, nous avons eu recours à Internet : nous avons conçu un site internet
(www.cism.isgreat.org) (voir annexe C). Il contient une partie sondage avec le même
questionnaire diffusé en papier pour les contrôleurs aériens de Casablanca. Il est à noter
que ces derniers avaient le choix entre remplir le questionnaire en support papier ou sur
le site, qui est toujours en ligne. Il comprend également des articles sur le CISM,
L’incident critique, Le stress au travail et l’ESPT, ces articles étaient conçus de façon à
répondre aux questions les plus fréquemment posées lors de la phase de sensibilisation,
et afin de transmettre une idée claire sur le sujet aux participants.
Entretiens :
Pour compléter et approfondir les résultats du sondage nous avons effectué des
entretiens semi-directifs(32) avec un échantillon représentatif des contrôleurs aériens de
différents âges, sexes, et plates formes.
33
I.4. Les résultats de l’enquête :
Résultats du sondage :
Evaluation du besoin :
6%
6%
Oui
Non
88%
Je ne sais pas
Figure 4
26%
7.70%
Figure 5
34
- Où croyez-vous que ça sera le plus utile ?
Sur le lieu du travail En dehors du lieu du travail
74%
26%
Figure 6
Oui
44,60%
Non
55,40%
Figure 7
35
Les suggestions apportées par les contrôleurs sont :
- 12 ATCos ont dit que le soutien du pair est important, mais le besoin d’une cellule
psychologique qui comporte des experts du soutien psychologique est crucial.
- 10 ATCos ont dit que Le psychologue doit avoir une grande connaissance des spécificités
du métier et du poids de la responsabilité qui lui est liée.
- 7 ATCos ont dit que :
il faut assurer l’anonymat et la confidentialité.
Appliquer une politique non punitive et avoir une assistance juridique pour le
contrôleur en cas d’incident ou accident.
- 6 ATCos ont dit qu’il faut limiter et bien définir le rôle des pairs.
- 3 ATCos ont dit que :
Après l’incident le contrôleur doit prendre du repos et avoir un soutien psychologique
immédiat.
La gestion doit être avant et après l’incident.
Il faut un travail sur la culture et prendre en compte la culture marocaine.
Le soutien psychologique est obligatoire même dans une situation normale.
- 2 ATCos ont dit que La visite chez le psychologue chargé du soutien ne devrait pas se
limiter aux problèmes liés à un incident ou accident d’aviation, mais aussi dans les cas ou
un ATCo sent que ses performances sont affectées par une autre cause extra-
professionnelle.
- 1 ATC a dit que :
Pour que ce programme assure l’anonymat et gagne la confiance des contrôleurs, il est
nécessaire que la cellule du soutien psychologique, soit située en dehors de l’ONDA.
Faire une grande opération de sensibilisation des ATCos.
Il est utile d’intégrer des ATCos qui ont déjà vécu l’expérience d’un incident, dans
l’équipe du soutien.
Partager avec d’autres équipes le déroulement de la situation d’urgence.
Intégrer dans la simulation de situations dégradées l’enseignement de Gestion du
stress.
36
Résultat des Entretiens :
Evaluation de l’existence d’un soutien pour les ATCos après un incident critique :
La totalité (100%) des contrôleurs aériens interviewés affirment qu’il n’y a aucune forme
soutien psychologique professionnel après un incident critique dans le cadre du travail.
Par contre, la majorité se confie à des amis collègues, et trouve le réconfort dans leurs
relations familiales et amicales.
37
Sylvélie BERNASCONI et Emmanuel CAU « Vous aussi, vous vous ferez peur un
jour… » Montre que :
20 % pensent que seuls les médecins extérieurs à la DGAC peuvent les aider
28 % vers des amis (dans cet aspect clanique d’équipe, les collègues sont
souvent des amis)
Figure 8
38
Chapitre II : Réflexions relatives au programme de gestion
de stress
L’objectif du présent chapitre est de présenter des réflexions que nous avons développées
pour l’implémentation du programme de gestion de stress après incident critique, en se basant
sur les résultats de l’étude. Il prend en compte les spécificités culturelles, sociales, et
environnementales des contrôleurs aériens au Maroc.
La décision de la création d’un programme de gestion du stress après incident critique revient
aux contrôleurs et à l’administration : Les contrôleurs accepteront le modèle qui leur convient
le mieux, et l’administration optera pour le modèle qui permet une rentabilité à long terme.
Notre étude ne permet pas de savoir quelle approche est la plus avantageuse, mais essaye
plutôt de mettre en évidence quelques idées issues de la problématique d’implémentation.
Tout d’abord, il nous parait, nous qui avons effectué cette étude, qu’il y a des éléments à
prendre en compte dans toute mise en place :
39
important dans un projet, mais elle représente un concept quantifiable qui permet à
l’administration de dresser sa politique sur des bases non ambigües (voir annexe A).
La réussite financière du programme ne peut être démontrée dans des études précédant
l’implémentation, néanmoins l’expérience de certains pays montre que le bénéfice
économique est bien réel (voir annexe B).
Importance de la culture
Le contrôleur aérien marocain est avant tout un citoyen marocain, il dispose d’un
ensemble de croyances, valeurs, mœurs, traditions et schémas mentaux relatifs à la
culture de son pays.
L’emplacement géographique du Maroc fait de lui un pays multiculturel, de
population diversifiée (Arabe , Berbère, Africaine), cependant l'Islam qui marque
profondément la personnalité marocaine façonne la culture intimement liée à la
religion qui imprègne les règles de conduite, d'échange et d'éthique fondés sur un sens
de réserve et de pudeur authentique(31).
Le programme de gestion du stress après incident critique n’a jamais été implémenté
dans un pays musulman, arabe, ou africain, tandis que le Maroc réunit ces trois
identités, c’est pourquoi il faut prendre en compte les caractéristiques sociétales du
Maroc dans la mise en œuvre d’un tel programme.
Observations
Le climat du fort stress dans le contrôle aérien influe sur les relations entre le
personnel, ce qui peut conduire à des conflits intra-équipes, inter-équipes, ou avec la
hiérarchie. La réussite de tout programme de soutien se base essentiellement sur la
confiance et l’anonymat, d’où l’extrême vigilance dans la sélection des modalités de
mise en place(les responsables du projet, les pairs, les psychologues, la cellule de
soutien,…).
40
L’image du métier de psychologue est assez confuse chez certains contrôleurs aériens,
elle est confondue avec celle du psychanalyste, ou du psychiatre, ce qui conduit à une
certaine méfiance vis-à-vis du projet d’instauration d’un programme de soutien
psychologique, d’où l’intérêt de généraliser la sensibilisation à ce sujet pour tout les
ATCos du Maroc, et adopter une stratégie qui permettra de faire entrer et accepter la
culture de gestion de stress dans le contrôle aérien.
41
Conclusion
Les leçons apprises des diverses études relatives au facteur humain dans le contrôle aérien, et
les observations retenues lors de notre stage au sein du corps des aiguilleurs du ciel,
montrent que ce dernier est un corps fermé et fortifié, venir lui introduire un outil de soutien
psychologique, ne peut se faire que si il est accepté par ses membres, et sa réussite dépend
essentiellement de leur participation à sa mise en vigueur, tel était la règle d’or de notre
étude, faire participer les contrôleurs aériens, de tous les âges, sexes, plateformes, dans les
différentes phases et les divers aspects du soutien psychologique après incident critique, en
employant une méthode mixte qualitative et quantitative, selon les objectifs, et en procédant
par plusieurs moyens choisis selon les situations, les outils disponibles, et nos compétences.
Des 334 contrôleurs aériens marocains, 65 ont participé au sondage dont la majorité (88%)
éprouve le besoin d’un programme de soutien psychologique post-incident critique. Quant au
choix des modalités et fonctionnalités souhaitées dans un tel programme, ils ont également
apporté leurs perceptions et suggestions pour mener à bien ce programme. 34 contrôleurs
aériens ont été interviewés, partageant avec nous leurs vécus d’incidents opérationnels, les
facteurs augmentant le stress, et les effets que cela produit sur la personne dans sa vie
personnelle et professionnelle. Nous avons également eu une idée sur la nature du soutien
dont ils disposent et qui se limite au soutien des amis collègues, amis tout court, ou de la
famille.
Les résultats de cette étude déterminent la position des contrôleurs aériens marocains vis-à-vis
d’un programme de soutien psychologique après un incident critique, et présentent des
réflexions nécessaires pour la réussite du programme. Notre travail avec des experts dans le
domaine du soutien psychologique nous a permis d’intégrer ces réflexions dans nos
propositions d’implémentation. Toutefois la réalisation de ce programme nécessitera un effort
mutuel des différents acteurs pour le bien être des contrôleurs aériens et le renforcement de la
sécurité aérienne.
42
Références
43
19. Le processus de débriefing était utilisé par certains chercheurs dans des contextes
inappropriés totalement en contradiction avec le protocole standard tel que l’utilisation
du débriefing individuellement et en isolement des autres techniques de CISM (voir 1
et 6)
20. Au Maroc c’est l’ONDA qui fourni les services de la navigation aérienne
21. Eurocontrol human ressources
22. SES : Single European Sky (Ciel unique européen)
23. Comme l’accord Open Sky entre le Maroc et l’Europe
24. En effet, les ATC CISM mis en place actuellement tiennent compte de la culture locale
spécifique du pays et des différentes entités auxquelles ils sont appliqués (il y a
forcément une différence entre une petite tour de contrôle ayant moins de 20
contrôleurs qui travaillent la plupart du temps de manière individuelle ou en petit
groupe et un grand CCR comprenant jusqu’à 400).
25. One-on-One désigne les techniques d’interventions individuelles, qui s’appliquent
pour une seule personne et non un groupe.
26. Etude menée au près de la DFS et dirigée par Eurocontrol.
27. En général personne n’est à l’abri de tels situations, mais à toute règle il y a des
exceptions.
28. Aviation Safety Network,
<http://aviation-safety.net/database/country/country.php?id=CN>, 11 avril 2010.
29. Aviation Safety Network,
<http://aviation-safety.net/statistics/geographical/worst_geo_loc.php>.
30. Critical Incident Stress Management User Implementation Guidelines-2008
31. Raphael Chijioke Njoku, Culture and customs of Morocco, Greenwood Press,
Westport, CT, 2006, XX-155 p
32. Lydia FERNANDEZ- La conduite de l’entretien
33. DIRCAM / DIA Bordeaux, BILAN AIRPROX ET RECLAMATIONS MIXTES-
2004.
34. Pierre Mangeau, Réaliser son mémoire ou sa thèse, presses de l’Université du Québec-
2008.
44
Annexes
45
Annexe A : Indications pour l’implémentation
Pour avoir une idée sur les possibilités de mise en place d’une cellule psychologique, et la
façon dont on pourra assurer l’anonymat et la confidentialité, ainsi que les moyens financiers
nécessaires, on a contacté Mlle. Aziza ZIOUZIOU, psychologue clinicienne.
Les moyens pour garantir l’anonymat et la Les pairs doivent avoir la confiance des
confidentialité ATCos et dotés d’un sens moral reconnu.
Les pairs seront chargés d’orienter ceux
qui présentent un besoin de soutien
psychologique vers le psychologue
Quoi qu’il en soit, ces chiffres restent variables selon les approches et les procédures
appliquées. Mais il est évident que quelque soit le budget nécessaire à l’établissement de la
cellule psychologique ou de tout le programme de gestion de stress après incident critique, il
46
reste que c’est relativement mesuré devant les bénéfices économiques dû au seul travail du
contrôleur.
47
Annexe B : Intérêts du contrôleur et bénéfices de
l’administration
Cette situation de « mal être », après avoir été acteur ou témoin d’un incident critique, tout
contrôleur l’a ressentie ou la ressentira un jour(27). Face à une telle situation, les contrôleurs
peuvent en général compter dans leur environnement professionnel sur un soutien de leur
équipe. Devant un contrôleur qui a perdu sa confiance, les réponses de l’équipe vont d’une
mise en repos de l’individu (en attendant qu’il récupère) à un entourage proche et amical pour
tenter de le réconforter…Mais attention, car même si les moyens de l’équipe ne sont pas à
négliger, ils peuvent s’avérer insuffisants ou très mal adaptés à la situation particulière. C’est
le cas lorsque la perte de confiance et de disponibilité provient d’un malaise profond que seul
un processus de soutien psychologique peut éventuellement guérir. Certains individus
choisissent alors parfois de consulter un psychologue à titre personnel, d’autres ne
reconnaissent pas le besoin d’une aide extérieure et s’enferment dans un état de névrose
traumatique.
Des bénéfices directs d’un tel soutien pour les contrôleurs peuvent être énumérés :
48
Effets psychologiques:
Effets de cohésion:
Effets physiques :
A tous ces bénéfices, peuvent également s’ajouter ceux ayant trait à la vie privée : un soutien
après incident peut éviter des tensions dans le couple, peut éviter d’avoir recours à des
médicaments, etc.…
Mais l’administration n’est pas en reste. Tout comme les contrôleurs, elle trouverait elle aussi,
son lot de bénéfices à la mise en place d’un système de gestion du stress après incident
critique.
Les tableaux suivants présentent les résultats de l’enquête Eurocontrol (l’étude était faite sur
un échantillon de 47 ATCos ; un jour de repos au contrôleur coûtait 840€ à la DFS):
Analyse du coût-bénéfice
Investissement en CISM 11045 €
Bénéfice économique du CISM 47 jours récupérés
47*840 € 39480 €
Gains en argent 28435 €
Tableau 4
Le retour sur investissement(RSI) du CISM est de 257% sur 5 ans, comparé au RSI d’autres
programmes, il est bien classé :
On peut ainsi voir que le CISM obtient un RSI meilleur que celui du 8.33kHz !
50
B.3. Estimations pour le Maroc
La gestion du stress après incident critique, comme tous les programmes concernés par les
performances humaines, n’engendre pas de gain immédiat. Mais son intérêt réside dans son
rôle de réduire les effets de crise après incident critique. Ce travail ne peut être fait par les
technologies même les plus pointues quelque soit l’ambition de leur développement.
Toutefois on pourrait s’inspirer des résultats des autres pays pour prévoir les bénéfices
économiques.
51
Annexe C : Site internet et Questionnaires
1. Accueil
Figure 9
Ce site s'adresse à vous, pour nous aider à évaluer le besoin de la mise en place d'un
programme de soutien psychologique, par le moyen d'un sondage en ligne. Nous, deux
52
élèves-contrôleurs de l'AIMAC, l'avons conçu dans le cadre d'un projet de fin d'étude.
Nous vous remercions d'avance de votre contribution, et vous en garantissons
l'anonymat et la confidentialité. »
2. Sondage
Figure 10
Partant du principe que les contrôleurs aériens sont les mieux placés pour répondre à ces deux
principales questions :
Deux autres questionnaires complémentaires étaient mis en ligne, mais comme le taux de
participation était en dessous de la moyenne requise scientifiquement nous avons omis les
53
résultats de ces questionnaires. Exemples du questionnaire principal, des questionnaires
complémentaires et de leurs résultats sont présentés plus tard dans cette annexe.
3. Articles :
Figure 11
54
4. Contact
Figure 12
Cette partie met à la disposition des consultants nos coordonnées personnelles, pour toute
information ou demande de participation.
55
C.2. Questionnaire principale du sondage
56
C.3. Questionnaires Complémentaires
Veuillez cocher les réponses qui vous correspondent (plusieurs réponses sont possibles)
57
Comment qualifieriez-vous la communication avec votre hiérarchie ?
Inexistante
Faible
Moyenne
Forte
50% sentent qu’ils sont rarement soutenus et protégés par leur hiérarchie.
58
EVALUATION DE L’IMPACT D’UN INCIDENT CRITIQUE
Avez-vous eu?
Avez-vous ressenti ?
De la peur
D’être dépassé et impuissant
D'être seul et non soutenu
Autre :
Physiquement avez-vous eu ?
De la fatigue
Des difficultés à respirer
Le cœur qui bat très vite
Mal au ventre
Autre :
59
Dans les semaines et mois qui suivent un incident
Avez-vous vécu ?
Des problèmes de sommeil
Des cauchemars
Des troubles de mémoire
Des difficultés émotionnelles
Autre :
Avez-vous eu tendance à éprouver ?
Que vous n'êtes plus le même (personne différente)
A vous sentir plus triste
De l'agressivité
Un sentiment de culpabilité
A vous faire plus de soucis que d'habitude
Autre :
Dans votre vie quotidienne
60
Résultats des 11 participations à ce questionnaire :
Dans la vie quotidienne, ils ont tendance à revivre mentalement des situations d’incidents,
d’être incapable d’empêcher ces souvenirs de revenir, et de revivre l’angoisse ressentie lors
d’incident.
61
Annexe D : Historique des interventions de crise (1,3)
L’Histoire de l’homme présente des exemples infinis et remarquables de solidarité. Des
sociologues de différentes écoles expliquent ceci de différentes façons, certains voient chez
l’homme un penchant naturel pour l’altruisme, d’autres lient ceci avec sa capacité à sentir la
souffrance de l’autre, quoi qu’il en soit, personne ne nie l’importance de tels personnes
capables d’aider les autres dans une société.
Mais même si sur plusieurs générations, on a connu des hommes près à sacrifier leurs temps
et leurs forces pour aider les autres, c’est seulement au 20ème siècle que le concept d’aide et
soutien est structuré et organisé, il a pris plusieurs noms, comme la gestion du stress, la
gestion de crise, le soutien psychologique… et a adopté plusieurs approches (J. T. Mitchell,
2006).
Bien évidemment, le concept de gestion du stress après incident critique ne date pas d’hier. Il
apparaît il y a presque 150 ans et se décline à travers quelques grandes dates :
1983 : 1ère Equipe de gestion de Stress après incident – Caserne de pompiers, Virginie, USA
2001 : 11 Septembre
Ce sont les guerres modernes et les horreurs qui lui sont rattachées qui poussent les
scientifiques du comportement à étudier les effets « d’expériences catastrophiques » sur la
santé.
Il faut malheureusement attendre que plusieurs tragédies frappent les Etats Unis(14) pour que
la gestion du stress après incident critique ne soit plus vue sous l’angle unique de la guerre.
On se rend alors compte que le personnel des services d’urgence peut lui aussi être sujet à des
réactions similaires à celles des soldats ayant connu la guerre.
Le psychologue américain Jeffrey T. Mitchell incarne certainement cette toute nouvelle prise
de conscience en créant en 1983 une méthode d’intervention pour répondre au stress des
employés des services d’urgence. Travaillant au sein d’un corps de pompiers, Il met au point
une technique de groupe(9) se basant sur la verbalisation après un incident critique. Le Critical
Incident Stress Debriefing- CISD était alors né et serait bientôt utilisé par de nombreux
groupes ayant à faire face à des incidents critiques. Aujourd’hui, le Professeur Mitchell est le
Président de la Fondation internationale du stress lié à un incident critique (ICISF). Cette
fondation qui regroupe 300 organismes dans le monde entier a pour but de réduire l’impact du
stress subi après un incident critique en instruisant des formateurs ICISF, standardisant les
méthodes, collaborant avec les acteurs mondiaux et interconnectant les équipes CISM a
travers le monde.
Le « Modèle Mitchell » est maintenant repris par le « modèle ICISF » et les Nations Unies
l’ont adopté comme standard pour leurs interventions militaires et humanitaires.
Le secteur du contrôle aérien ne restera pas longtemps en marge d’un tel concept. Lors de la
conférence mondiale de la fédération internationale des associations des contrôleurs du trafic
aérien (IFATCA) qui eut lieu à San José 1986, les participants adoptèrent pour la première
fois une politique mondiale proposant qu’un soutien psychologique soit apporté aux
contrôleurs impliqués dans un accident ou un incident critique.
63
En 1987 un programme CISM, adapté aux contrôleurs aériens, fut initié par un consultant
canadien à la demande du fournisseur des services du contrôle aérien au Canada (Transport
Canada), ce programme joua un rôle important dans le soutien des contrôleurs aériens
américains qui ont assisté au crash du DC-10 sur la piste de Sioux City en 1989, et poussa les
Etats Unis à étudier sérieusement le sujet. C’est dans cette période que l’ICISF(15) fut fondé
par Dr. Jeffrey T. Mitchell et Dr George Everly.
L’Allemagne fut la première en Europe à élaborer un CISM adapté aux contrôleurs, la DFS (16)
porta un intérêt sans précédent dans le développement de CISM et sa promotion dans le
monde. L’équipe CISM de la DFS qui comprend maintenant plus de 80 pairs, fournissant des
services de soutien à travers toute l’Europe, était le pivot de l’intervention de crise après la
catastrophe du Lac Constance en Suisse en 2002, cette catastrophe qui poussa définitivement
la Suisse à mettre en place son programme CISM, et encouragea d’autres pays européens à
adopter le concept.
Le tableau suivant détaille les pays dans lesquels des programmes CISM appliqués au
contrôle aérien ont été mis en place (ces informations proviennent de ressources datant de
2005(3))
64
Amérique Europe Asie/Pacifique Afrique/Mo
yen Orient
Canada, Allemagne (DFS), Australie, Aucun pays
Etats Unis, Autriche, Israël,
La Barbade, Danemark (Naviair), Nouvelle-Zélande,
Trinité et Tobago, Eurocontrol (CCR de Maastricht),
Uruguay Finlande,
France(DNA),
Ireland (Irish CAA),
Italie (AENA),
Lettonie (LGS),
Norvège,
Pays-Bas (LVNL),
Portugal (NAV-Portugal),
Royaume-Uni (NATS),
République Tchèque (ANSCZ),
Suède,
Suisse (Skyguide),
Tableau 6
Les pays soulignés adoptent des modèles CISM différents du standard EUROCONTROL dont on a déjà parlé
65