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1. Introduction
1.1. Généralités
Une boucle d’asservissement répond à un besoin (garantir la position d’un mobile, sa vitesse en
toutes circonstances, reproduire aussi fidèlement que possible une consigne, etc.). Les exigences
permettant de quantifier ce besoin se traduisent par des performances attendues. Ces performances et
leurs niveaux sont consignés dans le Cahier des Charges Fonctionnelles (CdCF) :
Le concepteur intègre ces contraintes dans ses calculs d’avant-projet en évaluant dans un premier temps
les performances intrinsèques du système, puis en les améliorant par une correction ou compensation.
Cette dernière est effectuée dans le domaine fréquentiel en travaillant sur la réponse harmonique en
BO dans le plan de Bode, de Nyquist ou de Black.
Plan de Bode
dB
Gain G
KdB
Précision
0 ω
0.01 0.1 1 10
Rapidité ωu
Phase ϕ
0.01 0.1 1
0° ω
-90°
Stabilité
-180°
La stabilité
La précision
La rapidité
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1.2. Dilemme stabilité - précision - rapidité
Pour mettre en évidence l’opposition entre les exigences souhaitées, examinons les effets contradictoires
d’une variation du gain statique K de la FTBO sur les différents diagrammes. On prend comme exemple :
K
HBO (p) =
1 + ...
Que deviennent les différents diagrammes lorsque le gain statique passe de K à K' > K ?
Vous tracerez les évolutions en pointillés (---).
Plan de Bode
G (dB)
K'dB
KdB
ω
0
ϕ (°)
0
ω
- 180°
CONCLUSION
MAIS
Si K est faible, la stabilité sera très bonne mais l’asservissement sera "mou" (peu rapide et précis).
Avec K élevé, on "raidit" l’asservissement mais on risque l’instabilité. Comme ce paramètre est facile à
régler, le gain optimum pour une application donnée sera un compromis entre la stabilité et les autres
performances.
Pour maîtriser séparément chacun des aspects évoqués, il est donc nécessaire d’adopter des stratégies
de correction qui permettent des modifications "locales" de la réponse harmonique en BO.
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2. Les correcteurs classiques
E(p) ε(p) U(p) S(p)
En pratique, les correcteurs sont insérés +- C(p) H(p)
dans la chaîne directe, en sortie du
comparateur afin de travailler sur des
S'(p)
signaux peu énergétiques, et en série avec K(p)
le processus. On parle de correction série.
Ils ont pour but de délivrer un signal de commande u(t) de manière à préserver les exigences de précision et
stabilité à priori incompatibles. On distingue trois fonctions principales :
t
1
L’action intégrale I : u(t) =
Ti ∫ε
0
( τ) ⋅ dτ ⇒ U (p ) = ……………….……..
dε ( t )
L’action dérivée D : u ( t ) = Td ⇒ U (p ) = ………………………
dt
Dans ce type de correcteur, le signal de commande u(t) est proportionnel au signal d’erreur ε(t) :
En raison des effets contradictoires induits, on choisit comme critère principal, le réglage de la stabilité. On
réglera K à partir du diagramme de Bode de la FTBO pour obtenir Mϕ ϕ = 45 à 60° ⇒ D1% = 10 à 20 %.
Exemple : On donne
20 dB
GAIN
K
HBO (p) =
p ⋅ (1 + 0,1p) ⋅ (1 + 0,2 p) 0 dB ω (rad/s)
2
0,1 1 10 dB 10 10
Augmentation
Déterminer à partir du - 20 dB limite 24 dB
diagramme de Bode de
la FTBO la valeur de K
ϕ = 45° ?
pour avoir Mϕ - 40 dB
- 60 dB
Le tracé a été effectué pour K = 1.
- 80 dB
2
0,1 1 3 10 10
0° ω (rad/s)
PHASE
Quelle serait la valeur
correspondante de ωU ? - 45°
- 90°
- 135°
Pour quelles valeurs de K 80°
le système deviendrait-il - 180°
instable ?
- 225°
- 270°
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2.2. Correcteur par actions proportionnelle et intégrale (PI)
Pour ne pas altérer la stabilité réglée par l’action proportionnelle (gain K), le correcteur doit donc procurer
une augmentation du gain aux "basses fréquences" uniquement.
Le plus simple serait d’introduire un intégrateur pur qui donnerait un gain infini aux "basses fréquences" et
de ce fait entraînerait une erreur statique nulle. Malheureusement, il aurait pour effet immédiat de
déstabiliser le système en retirant 90° de phase à toutes les fréquences.
On préfère utiliser un correcteur qui présente les mêmes caractéristiques aux basses fréquences" mais sans
ajouter de phase aux "hautes fréquences".
Dans ce type de correcteur, le signal de commande u(t) est lié au signal d’erreur ε(t) par :
1
t
u(t) = K ⋅ ε (t) + ⋅dτ
U(p)
Ti ∫ε (τ) ⇒ C(p) =
ε(p)
= ……………………………………………………..
0
CdB
Tracer le diagramme de Bode de ce - 20 dB / décade
correcteur sur le graphe ci-contre.
ωi ≈ ωU / 10
Action Action
Sinon, on peut le placer plus près jusqu’à :
Intégrale proportionnelle
ωU / 4
Lorsque la boucle ouverte du système non corrigé présente déjà une intégration, l’action intégrale est inutile.
C’est le cas d’un asservissement de position.
Intégration fonctionnelle
permettant de passer de
Correcteur Hacheur + la vitesse à la position.
position Amplificateur moteur
E(p) ε(p) Ω(p) 1 θ(p)
+- Cp(p) A(p) Hm(p)
p
Kp(p)
Capteur position
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Exemple : On donne
60 dB
15 GAIN
HBO (p) =
(1 + 0,01p) ⋅ (1 + 0,1p) Avec correcteur PI
40 dB
Le système avant correction
présente une marge de phase
de 48° pour ωU = 110 rad/s. 20 dB
Sans correcteur
Si on désire εS = 0, il faut ajouter ωU = 110 rad/s
0 dB ω (rad/s)
un correcteur à action intégrale. 2 3
1 10 10 10
Comme la marge de phase est
limite, il faut placer ce correcteur - 20 dB
de manière à ne pas trop la
réduire. En plaçant la pulsation
de cassure du correcteur à - 40 dB
ωi ≈ ωU / 10, on ne retire que 6° 2 3
à la marge de phase existante. 1 10 10 10
0° ω (rad/s)
ω PHASE
ω i = U = 11 rad / s Sans correcteur
10
- 45°
1
⇒ Ti = = 0,09 s
ωi Avec correcteur PI
- 90°
1 + 0,09p
⇒ C(p) =
0,09 p
- 135°
Si on place ωi à plus d’une Marge de phase
décade en avant de ωU, on ne avant correction ϕ = 42°
Mϕ
gagne rien en précision, mais Mϕ = 48°
- 180°
on ralentit à l’approche de la
valeur finale.
En d’autres termes, plus l’action intégrale agit dans les "hautes fréquences" (Ti faible), plus elle est rapide,
mais elle risque de perturber la stabilité du système. Une simulation permet de vérifier le résultat obtenu
(système bouclé à retour unitaire) en observant la réponse indicielle s(t) à un échelon e(t) de 1 V en entrée :
Avec correcteur PI
Ti = 0,09 s Ti = 0,23 s
Sans correcteur
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2.3. Correcteur par actions proportionnelle et dérivée (PD)
On modifie avec ce type de correction le comportement du système aux alentours de la pulsation de
coupure à 0 dB (ωU) de la FTBO :
Dans ce type de correcteur, le signal de commande u(t) est lié au signal d’erreur ε(t) par :
CdB
dε ( t )
u ( t ) = K ⋅ ε ( t ) + Td
dt
+ 20 dB/décade
20.log K
Donner la fonction de transfert C(p) de
ce correcteur : 0 ω
1/Td
U(p) ϕC
C(p) = = ………………………………
ε(p) 90°
En pratique, on coupe la bande passante en HF en limitant le gain. La fonction de transfert s’écrit (0 < a < 1) :
1 + Td p
C(p) = K ⋅ CdB
1 + aTdp
Caractéristiques du correcteur :
0 ω
1/Td ωm 1/aTd
ϕC (ω) = Arctg (Tdω) − Arctg (aTdω) ϕC
1 + (Tdω)2
C dB ( ω) = 20 log10
90°
1 + (aTdω)2
dϕ C ( ω m ) 1 ω
=0 ⇒ ωm = 0
dω a Td 1/Td ωm 1/aTd
1− a K
ϕ m = arcsin G m = 20 log 10
1+ a a
Un tel correcteur est aussi appelé correcteur à avance de phase. Il n’y a pas de méthode générale de
réglage d’un tel correcteur (cf. TP simulation). Simplement, il introduit une action dérivée dans une bande de
fréquences qui devra coïncider avec la pulsation ωU de la FTBO à corriger.
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Exemple : On donne 20 dB
GAIN
1 ωU = 0,62 rad/s
HBO (p) = 0 dB ω (rad/s)
p ⋅ (1 + 2 p) ⋅ (1 + 0,2 p) 2
0,1 1 10 10
- 270°
Une simulation permet de vérifier le résultat obtenu (système bouclé à retour unitaire) en observant la
réponse indicielle s(t) à un échelon e(t) de 1 V en entrée :
Sans correcteur
Avec correcteur PD
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2.4. Correcteur par actions proportionnelle, intégrale et dérivée (PID)
Le correcteur "dérivé" et le correcteur "intégral" concernent des domaines de fréquences très différents
(basses fréquences pour l’intégral et hautes fréquences pour le dérivé), il est parfois judicieux d’associer les
deux correcteurs en un seul. On obtient alors un correcteur PID qui améliore les performances globales. Le
signal de commande u(t) est lié au signal d’erreur ε(t) par :
1
t
dε ( t ) 1
u (t) = K ⋅ ε (t) + ∫ ε ( τ ) dτ +Td ⇒ C (p) = K ⋅ 1 + + Tdp
Ti dt T p
0 i
1 + Tip + Ti Tdp 2
La fonction de transfert C(p) du correcteur s’écrit encore : C(p) = K ⋅
Ti p
(1 + T1p)(1 + T2 p)
C(p) = K ⋅
Tip
Ti 4Td Ti 4Td
avec : T1 = ⋅ 1 + 1 − et T2 = ⋅ 1 − 1 −
2 Ti 2 Ti
CdB
0 ω
1/T1 K/Ti 1/T0 1/T2
ϕC
90°
0 ω
1 1
=
T1 T2 Ti Td
-90°
Différentes techniques sont utilisées pour dimensionner un PID. La plus répandue est celle de Ziegler et
Nichols. L’objectif ici est de ne pas rentrer dans le détail de ces techniques. De nombreux ouvrages
l’évoquent (cf. cours écoles d’ingénieurs).
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3. Résumé sur les correcteurs classiques
1 1 1
1 + Tip 1 + Ti p + Ti Tdp 2
C(p) = K C(p) = K ⋅ C(p) = K ⋅ (1 + Tdp) C(p) = K ⋅
Ti p Ti p
• Diagramme de Bode (squelette) • Diagramme de Bode (squelette) • Diagramme de Bode (squelette) • Diagramme de Bode (squelette)
(-20 dB/déc) (+20 dB/déc)
CdB CdB I (-20 dB/déc) CdB D (+20 dB/déc) CdB
P
P P
I P D
KdB KdB KdB
0 ω 0 ω 0 ω 0 ω
1/Ti K/Ti 1/Td 1/T1 K/Ti 1/T2
ϕC ϕC ϕC ϕC
0 ω 90° +90°
0 ω
0 ω -90° 0 ω -90°
1/Td
Il améliore la précision et la Il annule l’erreur statique en Il augmente la marge de phase Il combine les effets de l’action
rapidité si K augmente au augmentant le gain statique aux et donc améliore la stabilité. Il intégrale (annulation de l’erreur
détriment de la stabilité. basses fréquences. influe également sur la rapidité. statique) et de l’action dérivée
(stabilité et rapidité accrues).
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