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Techniques kinésithérapiques
en rééducation respiratoire
M. Antonello, G. Cottereau, B. Selleron, D. Delplanque

Avec ou sans instruments, autonomes ou guidées, les techniques kinésithérapiques sont abordées par
l’étude de leurs fondements biomécaniques. Cela permet au thérapeute d’en comprendre la pertinence
par rapport à un objectif de kinésithérapie donné, de les adapter à chaque situation clinique mais aussi
d’en comprendre les limites. Les techniques sont regroupées et présentées en fonction de l’objectif thé-
rapeutique qui leur est assigné : améliorer la ventilation pulmonaire, améliorer l’aptitude physique, la
qualité de vie, réduire la dyspnée d’effort et améliorer le désencombrement bronchique. Leur indication
n’est que rarement évoquée par rapport à une pathologie. En revanche, leurs avantages et inconvénients
sont pesés pour enrichir une réflexion bénéfice/risque quel que soit le contexte, de l’aigu au chronique,
de la réanimation au domicile.
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Mots-clés : Kinésithérapie respiratoire ; Réhabilitation respiratoire ; Démarche diagnostique ;


Diagnostic kinésithérapique ; Évaluation ; Éducation thérapeutique

Plan ■ Techniques utilisées en réhabilitation respiratoire pour


améliorer l’aptitude physique et la qualité de vie, et réduire
■ Introduction 1 la dyspnée d’effort 9
Réentraînement à l’exercice des membres inférieurs 9
■ Éducation thérapeutique des patients 2 Entraînement des membres supérieurs 10
Généralités 2 Entraînement des muscles ventilatoires 10
Démarche pédagogique de l’éducation thérapeutique du patient 2 Renforcement des muscles périphériques 10
■ Améliorer le désencombrement bronchique 3 Gymnastique spécifique en réhabilitation respiratoire 11
Techniques de modulation du flux expiratoire 3 Massothérapie 12
Technique d’exercices à débit inspiratoire contrôlé 4 ■ Conclusion 12
Pressions manuelles thoraciques et/ou abdominales 4
Drainage postural 4
Vibrations thoraciques 5
Pression positive expiratoire (PEP)
Ventilation mécanique à percussions intrapulmonaires (IPV)
5
5
 Introduction
Insufflation/exsufflation mécanique 5
La kinésithérapie respiratoire prend place dans une stratégie
Toux dirigée 6
thérapeutique globale, transdisciplinaire.
Aspiration nasotrachéale 6
Elle trouve ses indications à tous les âges de la vie (du nourrisson
Aérosolthérapie 6
au vieillard), dans un contexte aigu ou stable, pour une mala-
■ Améliorer la ventilation pulmonaire 7 die transitoire ou chronique, de la réanimation à la réhabilitation
Ventilation dirigée abdominodiaphragmatique 7 dans une structure de soins, en ambulatoire ou en libéral.
Expansion thoracique localisée 7 Elle s’adresse à un patient présentant un handicap temporaire
Rééducation diaphragmatique 7 ou définitif imputable à un dysfonctionnement qui altère les capa-
Pressions manuelles thoraciques et/ou abdominales 7 cités d’adaptation à l’effort, quelle qu’en soit l’origine, capacités
Spirométrie incitative dirigée 7 où s’intriquent appareil cardiovasculaire, poumons, muscles, sys-
Ventilation non invasive (VNI) 8 tèmes de commande, etc.

EMC - Kinésithérapie-Médecine physique-Réadaptation 1


Volume 12 > n◦ 1 > janvier 2016
http://dx.doi.org/10.1016/S1283-0887(15)56700-5
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En fonction du contexte clinique, elle peut être : En fait, la motivation du patient à entrer dans ce processus
• curative pour traiter une déficience (rarement) ou, plus souvent, de formation dépend de sa capacité à se projeter dans l’avenir
corriger une dysfonction ; et à entrevoir la rentabilité de l’éducation thérapeutique (c’est-
• préventive pour éviter la décompensation d’une maladie à-dire que les bénéfices obtenus sont supérieurs aux contraintes
chronique ou pour tenter d’en limiter, voire d’en retarder, psychologiques, sociales, financières liées à la maladie et à son
l’aggravation ; traitement).
• palliative pour compenser ou gérer un handicap. Ce type d’éducation s’intègre dans la prévention secondaire
Elle trouve sa place dans : (éviter les complications d’une maladie existante) ou dans la
• le traitement de l’insuffisance respiratoire aiguë (IRA) ou chro- prévention tertiaire (contrôler des complications et éviter le han-
nique (IRC) ; dicap). L’éducation à la santé dans le cadre d’une prévention
• le traitement d’un dysfonctionnement aigu de la mécanique primaire s’adresse, elle, à un plus large public pour éviter la surve-
ventilatoire externe (pleurésie, suites de chirurgie abdominale nue de maladies, à type d’information uniquement.
ou thoracique, etc.) ; Ainsi, cela permet au patient de ne pas vivre contre sa maladie
• l’optimisation du traitement d’une obstruction et de ses consé- et d’avoir quelque chose en moins mais d’avoir quelque chose en
quences sur la mécanique ventilatoire externe, notamment plus et de vivre avec.
l’apprentissage de la maîtrise du souffle dans la gestion d’une
maladie obstructive chronique (asthme, bronchopneumopa-
thie chronique obstructive [BPCO], etc.) ; Démarche pédagogique de l’éducation
• le traitement d’un encombrement aigu (infection bronchique) thérapeutique du patient
ou la gestion de l’encombrement chronique dans le cas d’une
maladie hypersécrétante (bronchite chronique, BPCO, bron- Diagnostic éducatif
chectasie, mucoviscidose) ; Le diagnostic éducatif doit permettre d’identifier les besoins qui
• la réhabilitation à l’effort, la réduction de la dyspnée et fondent le projet de formation. Il s’agit :
l’amélioration de la qualité de vie. • d’évaluer la répercussion de la maladie chronique sur la
Chacun de ces domaines comporte une dimension de soins qualité de vie du patient et les gains potentiels d’une
et une dimension d’éducation thérapeutique intimement liées. éducation ;
L’éducation thérapeutique est abordée sous l’angle d’un moyen • d’apprécier la motivation du patient et sa volonté d’acquérir
destiné à favoriser l’autonomie des patients dans la gestion de leur une relative autonomie dans la gestion de la maladie ;
pathologie et, par là-même, à favoriser estime de soi et qualité de • de tester ses connaissances et celles de son entourage concer-
vie. nant la maladie et le traitement (notamment pour apprécier les
Manuelles ou instrumentales, autonomes ou assistées, les tech- « fausses connaissances » qui créent parfois des obstacles impor-
niques ou méthodes utilisées en kinésithérapie respiratoire se tants) ;
combinent souvent en fonction du contexte clinique pour garan- • d’apprécier les capacités d’apprentissage du patient et de son
tir l’efficience de la kinésithérapie. Par exemple, les techniques entourage ainsi que le contexte social qui peuvent se révéler
de modulation du flux expiratoire peuvent parfois dépendre aidants ou obstacles.
étroitement de la ventilation non invasive, non seulement pour
disposer d’assez de volume avant l’expiration afin d’obtenir le Définition des objectifs de l’éducation
débit expiratoire idéal mais aussi pour soulager le travail des thérapeutique et rédaction d’un contrat
muscles inspirateurs afin de limiter la quantité globale de travail
respiratoire sur un cycle. d’éducation
Elles seront regroupées et présentées en fonction de l’objectif Le diagnostic éducatif permet d’élaborer avec le patient un pro-
thérapeutique qui leur est assigné : améliorer la ventilation pul- jet individualisé et réaliste dont il peut apprécier lui-même les
monaire, améliorer l’aptitude physique, la qualité de vie, réduire bénéfices.
la dyspnée d’effort et améliorer le désencombrement bronchique. Les objectifs correspondent aux compétences ou, tout au
moins, aux capacités que le patient doit avoir acquises au
terme de l’apprentissage. Il peut s’agir, suivant la taxonomie de
 Éducation thérapeutique Bloom, de capacités cognitives (connaissances, raisonnement,
décision), sensorimotrices (habiletés gestuelles, techniques),
des patients [1, 2] psychoaffectives (attitudes et gestion de ses dépendances socio-
professionnelles).
Généralités Chaque objectif doit être formulé avec un seul verbe d’action
et un contenu sur lequel porte l’action (par exemple, adapter le
Ce terme d’éducation thérapeutique est directement issu de la traitement médical en fonction du débit expiratoire de pointe).
traduction littérale des termes anglo-saxons. La notion de forma- Il doit être observable et mesurable pour vérifier que le patient
tion thérapeutique serait plus adaptée à la sensibilité française est capable de le réaliser (l’acquisition de connaissances peut faire
car il ne s’agit pas d’induire l’acquisition et le développement de l’objet de contrôles itératifs par questionnaire).
normes culturelles et morales comme le sous-entend l’acception
usuelle du terme éducation. Il s’agit plutôt de permettre au patient Élaboration des stratégies d’apprentissage
d’acquérir des compétences thérapeutiques afin de les appliquer à
Les méthodes pédagogiques doivent être adaptées aux objec-
lui-même. La formation est donc un processus actif du patient sur
tifs pédagogiques, aux capacités et au rythme d’apprentissage du
lui-même qui aboutit à un changement, à une transformation. La
patient. Les objectifs respectent une progression. L’acquisition
notion de temps est donc un élément doublement important :
de connaissances théoriques doit être transférée dans la pratique
• d’une part, pour permettre l’apprentissage ;
comme la pratique doit donner lieu à création de connaissances.
• d’autre part, pour permettre l’acceptation d’une maladie chro-
L’erreur doit être utilisée pour alimenter la réflexion et devenir
nique (travail de deuil).
facteur de progression.
Une maladie chronique représente une rupture définitive par
L’alternance de travail en groupe et de séances individuelles
rapport à son mode de vie antérieur et la nécessité de se traiter
peut servir l’apprentissage.
de manière continuelle pour éviter ou retarder la dégradation de
l’état de santé. Devenir responsable de son propre traitement peut
permettre au patient de reprendre un certain contrôle, de retrou-
Évaluation de la réalisation des objectifs
ver plus d’autonomie en étant moins dépendant des soignants et, L’évaluation, et plus encore l’autoévaluation, est le fil conduc-
par là-même, peut favoriser l’acceptation de cet état chronique. De teur de la progression individuelle. La réalisation de chaque
la même façon, les patients qui acceptent le mieux leur maladie objectif doit être évaluée avec des outils appropriés qui dépendent
sont ceux qui se traitent le mieux. notamment du type de capacité apprise. Cette évaluation n’est pas

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définitive à la fin de la période d’éducation mais doit servir à véri- répétée favoriserait pour certains auteurs [10] un effet de vibration
fier la permanence de l’apprentissage au cours du temps puisque susceptible de mobiliser les sécrétions bronchiques.
la maladie est chronique. Au total, le flux expiratoire est maximal pour une pression
motrice (PA) optimale et un calibre bronchique minimal, tout en
sachant que la réduction de ce calibre induit nécessairement une
 Améliorer le désencombrement augmentation des résistances bronchiques et diminue l’efficacité
de l’augmentation de pression motrice, en termes de débit.
bronchique L’efficacité de la modulation du flux expiratoire repose donc sur
un compromis : augmentation du débit expiratoire à la recherche
Techniques de modulation du flux suffisant pour mobiliser les sécrétions sans entraîner la
du flux expiratoire [3–5] fermeture précoce des voies aériennes par compression dyna-
mique [11] .
Sont regroupées sous ce terme toutes les techniques de désen- De ce fait, le désencombrement des voies aériennes distales
combrement fondées sur la variation du flux expiratoire. impose une expiration prolongée à débit lent alors que le désen-
combrement des voies aériennes proximales moins sensibles à
la compression du fait de leur calibre et de leur structure plus
Notion de flux expiratoire
rigide permet l’emploi d’une expiration plus courte et plus dyna-
Le flux expiratoire exprime la vitesse de déplacement du mique [11] .
« front gazeux » (surface de la colonne d’air) qui parcourt les voies L’utilisation d’un frein expiratoire buccal ou instrumental,
aériennes lors de l’expiration. créant une pression expiratoire positive, peut réduire la compres-
Plus la vitesse des molécules de gaz est importante, plus leur sion dynamique.
énergie cinétique est grande suivant le principe E = m × v2 . Or c’est
l’interaction entre les molécules d’air et le mucus [6, 7] qui pro-
voque le cisaillement des sécrétions bronchiques et permet leur Augmentation du flux expiratoire
décrochage par transfert d’énergie. Décrite vers la fin des années 1970, c’est la technique la plus
Dès lors que le débit est égal au volume/unité de temps et enseignée et la plus pratiquée en France.
que le volume est égal à la surface multiplié par la longueur, on Sa définition pourrait être : « expiration active ou passive à plus
peut écrire que le débit est égal à la surface × longueur / temps. ou moins haut volume pulmonaire dont la vitesse, la force et la
La vitesse (longueur/temps) est donc proportionnelle au débit et longueur peuvent varier pour trouver le débit optimal nécessaire
inversement proportionnelle au diamètre des voies aériennes. au désencombrement bronchique » [12] .
Le débit, lors d’une expiration active, dépend de la pression Ce n’est donc en aucun cas une expiration forcée assimilable à la
motrice, addition de la pression de rétraction élastique du paren- forced expiratory technique (FET) comme le laisse entendre une ten-
chyme pulmonaire (Pst) et de celle développée par les muscles tative de classification des techniques de désencombrement [13] .
expirateurs (Ppl) pour comprimer le thorax. Elle consiste donc en une expiration dosée à la recherche du
Pst et Ppl sont maximales lorsque l’expiration débute dans le débit expiratoire le plus favorable à la progression des sécrétions à
volume de réserve inspiratoire car les muscles sont en course chaque niveau de l’arbre bronchique. Le débit sur plusieurs AFE ou
externe et le parenchyme pulmonaire a atteint son élasticité maxi- séries d’AFE successives est donc croissant, suivant en cela la pro-
male. gression des sécrétions, progression attestée par la modification
Le calibre des voies aériennes dépend beaucoup du volume pul- des bruits à l’expiration qui deviennent de plus en plus graves et
monaire car, au-delà de la capacité résiduelle fonctionnelle (CRF) sonores (de gros crépitants à ronchis) :
(point d’équilibre), la force de rétraction du poumon exerce une • une expiration lente et prolongée avec un débit expiratoire
traction sur la paroi des voies aériennes (effet d’ancrage) qui tend supérieur au débit d’une expiration spontanée mais non forcée
à en augmenter la section. Les résistances à l’écoulement gazeux favorise le désencombrement des voies aériennes périphé-
diminuent alors et la conductance augmente. riques. L’inspiration qui précède est plutôt modérée ;
À l’inverse, l’augmentation de la pression intrathoracique tend • une expiration plus dynamique après une inspiration ample est
à diminuer le calibre des bronches par compression dynamique. plus adaptée au désencombrement des grosses bronches et de
Cette compression se déplaçant des voies aériennes centrales aux la trachée.
voies aériennes périphériques au cours de l’expiration active, le L’apprentissage de l’AFE est séquencé.
volume auquel débute l’expiration permet d’en localiser la topo- Essentiellement active et autonome sans autre aide directe
graphie initiale. qu’un guidage destiné à l’apprentissage, l’AFE peut être totale-
Par ailleurs, le changement de nature du flux qui passe de lami- ment passive chez un patient sédaté en réanimation. Dans ce
naire en amont du point d’égale pression à turbulent en aval [8, 9] cas, des pressions thoraciques manuelles réalisées par un ou deux
augmente les forces de cisaillement et de mobilisation des sécré- kinésithérapeutes sont susceptibles de créer des débits expiratoires
tions bronchiques. suffisants au désencombrement.
L’efficacité maximale de l’augmentation du flux expiratoire L’AFE est une des rares techniques qu’un patient éduqué peut
(AFE) se situe au niveau des gros troncs si le débit est élevé car le pratiquer en toute autonomie car elle ne nécessite pas la présence
calibre global des bronches est réduit (surface cumulée des grosses
bronches).
Dans les petites voies aériennes, la compression dynamique
compense partiellement un débit moins important. L’efficacité
est, malgré tout, moindre du fait des diminutions progressives
“ Point fort
de la pression motrice (donc du débit) et de la vitesse du flux (en
effet, si le diamètre de chaque voie aérienne diminue, le calibre Une AFE est efficiente :
global augmente beaucoup car elles sont très nombreuses). • lorsque les bruits respiratoires signent la progression des
On note aussi qu’au cours d’une expiration forcée, lorsqu’une sécrétions ;
fermeture bronchique se produit dans certains territoires pulmo- • lorsque le rythme et l’enchaînement des exercices
naires, la pression en amont s’équilibre instantanément avec la
pression alvéolaire. Comme le patient continue de souffler, la n’augmentent pas durablement la dyspnée ou n’altèrent
pression intrabronchique (Pintrabronchique) réaugmente pour pas durablement les échanges gazeux ;
devenir supérieure à la Pextrabronchique (si la Pel n’est pas nulle) • lorsqu’elle s’arrête dès que les sécrétions ne progressent
et la bronche se rouvre. Le rétablissement du débit rétablit les plus (absences de râles) afin d’éviter un travail respira-
conditions initiales du collapsus bronchique. Ce phénomène peut toire inutile au désencombrement, même si le patient peut
donc se reproduire plusieurs fois jusqu’au moment où la pres- encore souffler.
sion élastique (Pel) devient quasi nulle. Cette fermeture-ouverture

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d’un praticien. Elle peut se pratiquer aussi bien assis que couché diaphragmatique calme et contrôlée, et sont associées au drainage
et le patient peut en adapter les modalités en fonction de l’état de de posture, elles prennent le nom de cycle de ventilation active
perméabilité de ses bronches [14] . (active cycle breathing technique).
Plusieurs expirations forcées successives à bas volume pulmo-
Drainage autogène (« autogenic drainage ») [15–19] naire prennent parfois le nom de huff coughing (littéralement toux
soufflée ou halètement).
Dans la description initiale, le drainage autogène est une Cette technique semble optimisée par l’adjonction d’une pos-
méthode qui repose sur les mêmes principes que l’AFE. ture facilitant le drainage bronchique [23, 24] . Elle semble surtout
Le patient est placé dans une position favorable pour ventiler efficace pour le désencombrement des voies aériennes proximales.
et se désencombrer, le plus souvent assis.
Les voies aériennes supérieures et le nez sont préalablement
désencombrés. Technique d’exercices à débit inspiratoire
L’inspiration est lente, nasale, guidée par les mains du théra-
peute et suivie d’une pause inspiratoire de deux à quatre secondes, contrôlé [13]
destinée à favoriser l’homogénéisation de la ventilation dans les
Cette technique comprend une inspiration lente jusqu’à la
différentes zones pulmonaires (en effet, cette technique est sur-
capacité pulmonaire totale (CPT) complétée d’une pause téléinspi-
tout utilisée pour des pathologies obstructives qui créent des zones
ratoire, suivie d’une expiration passive plus ou moins aidée par des
à constante de temps de remplissage différente).
pressions manuelles thoraciques. Elle est destinée à étirer le paren-
Le volume mobilisé est proche du volume courant (500 ml).
chyme pulmonaire et permettre la progression des sécrétions de
L’expiration se fait soit par le nez, soit glotte ouverte en recher-
la périphérie vers les voies aériennes proximales.
chant le flux le plus efficace sans augmenter la résistance des voies
Utilisée en Belgique, elle serait associée à la spirométrie incita-
aériennes par compression ni déclencher la toux et augmenter
tive.
l’effort expiratoire.
À l’inverse de l’ELTGOL, le poumon à désencombrer serait en
La particularité de la méthode est de codifier précisément
position supralatérale.
l’enchaînement des exercices en trois périodes de quatre à cinq
Les indications n’en sont pas clairement définies.
exercices chacune :
• décollement des sécrétions : inspiration-expiration à bas
volume pulmonaire (dans le volume de réserve expiratoire
[VRE]) ;
Pressions manuelles thoraciques
• collection des sécrétions : inspiration-expiration à petit et et/ou abdominales
moyen volume (entre VRE et volume courant [Vt]) ;
• évacuation des sécrétions : inspiration-expiration à haut Les pressions thoraciques et/ou abdominales consistent en une
volume (dans le volume de réserve inspiratoire [VRI]). aide expiratoire externe par pression manuelle sur la cage thora-
Dans les pratiques décrites actuellement, l’expiration n’est plus cique d’un patient.
totalement active mais « activopassive », toujours glotte ouverte, Elles permettent :
décrite comme « un soupir prolongé ». Le kinésithérapeute est • un guidage, lors d’un exercice de désencombrement ;
placé derrière le patient et enserre le thorax avec ses bras, avant- • une majoration des volumes et/ou des débits expiratoires, lors
bras et mains. Assis plus bas que le patient, les mouvements de ses d’AFE ou d’efforts de toux par exemple (aide ou suppléance
membres supérieurs accompagnent alors naturellement le mou- complète) dans de rares cas.
vement costal. Elles sont circonscrites à une zone déterminée s’il s’agit de
Les promoteurs de cette méthode insistent sur la qualité de la désencombrer un segment pulmonaire.
ventilation non seulement comme outil du désencombrement Elles sont plus larges pour, par exemple, pallier une expiration
mais aussi comme reflet de l’encombrement chez les patients active déficiente (patient fatigué ou sédaté en réanimation).
atteints de mucoviscidose. Pour eux, observer ou entendre un L’intensité des pressions destinées à majorer les volumes et/ou
défaut de ventilation dans une zone pulmonaire est le reflet d’une les débits expiratoires doit être modulée sur des thorax à mobilité
obstruction des voies aériennes qu’il faut lever pour assurer un réduite (emphysémateux) ou fragiles (ostéoporose, corticoïdes).
désencombrement optimal. La présence de fractures costales ou de drains thoraciques impose
Cette méthode est essentiellement employée pour des patients prudence et douceur lorsque la pression dépasse la contention
atteints de mucoviscidose dont les bronches supportent difficile- pour devenir active. Les pressions thoraciques peuvent aussi
ment une augmentation des débits sans déclencher une quinte de entraîner, dans certains cas extrêmes d’instabilité bronchique, une
toux. De fait, certains patients la préfèrent au nom de ce confort augmentation trop importante de la pression intrathoracique et
relatif. Pour autant, le versant plus négatif est l’allongement des favoriser une fermeture précoce des voies aériennes. Dans ce cas,
séances de désencombrement peu compatibles avec une vie active l’intensité est modulée en fonction des bruits respiratoires au fur
ainsi que la relative dépendance au thérapeute lorsqu’elle est pas- et à mesure de l’expiration.
sive. La durée d’application des pressions cesse lorsque l’objectif est
atteint ou suivant la tolérance du patient.
Expiration lente totale glotte ouverte
en latérocubitus (ELTGOL) [13, 20] Drainage postural
Décrite à la fin des années 1980, l’ELTGOL est une technique
d’expiration lente, glotte ouverte, de la CRF au volume résiduel Par définition, cette technique utilise la posture pour placer la
dont la particularité est de placer le patient en décubitus latéral partie de poumon à désencombrer en position supralatérale afin
sur le côté à désencombrer. D’après l’auteur de cette technique, que la pesanteur facilite la progression des sécrétions dans une
le fait de placer le poumon à désencombrer en position déclive bronche verticalisée.
favoriserait sa déflation et la compression de ses voies aériennes, Classiquement, chaque bronche segmentaire disposait donc de
entraînant ainsi son désencombrement. La compression du tho- sa posture dans laquelle le patient devait patienter 20 minutes.
rax serait favorisée par la compression manuelle du thorax par le Actuellement persiste parfois l’idée d’associer la posture à une
kinésithérapeute. technique de modulation du flux expiratoire mais, dans ce cas,
encore faut-il que les voies aériennes à désencombrer soient d’un
calibre suffisant et que les sécrétions soient peu visqueuses. Ce
Technique d’expiration forcée [17, 21, 22] sont donc le plus souvent des patients porteurs de bronchectasies
Cette technique, décrite chez les Anglo-Saxons, consiste en une qui bénéficieront d’un tel traitement.
ou deux expirations forcées, glotte ouverte, qui débutent à volume Dans ce cas, latérocubitus voire procubitus peuvent être utilisés.
pulmonaire moyen pour atteindre la capacité expiratoire. Lorsque La limite de cette technique est l’inconfort du patient en termes
les séries de FET sont entrecoupées par une période de ventilation de dyspnée.

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Vibrations thoraciques
Sont regroupées sous ce terme les applications d’ondes vibra-
toires sur la cage thoracique, quels que soient la source émettrice,
la main du thérapeute ou l’appareil vibrant.
Les ondes vibratoires devraient être appliquées perpendi-
culairement à la paroi de la voie aérienne à désencombrer
pour modifier les caractéristiques rhéologiques des sécrétions
bronchiques ou, éventuellement, entrer en résonance avec le bat-
tement ciliaire et améliorer le transport mucociliaire. Il n’existe
à ce jour aucun moyen mécanique permettant cette appli-
cation. Les appareils disponibles et, a fortiori, la main du
thérapeute ne produisent que des vibrations tangentielles au
thorax.
Leur fréquence doit être constante, autour de 13 Hz pour entrer
en résonance avec le battement ciliaire ou plus élevée pour en
modifier les caractéristiques rhéologiques.
La propagation d’ondes vibratoires est inversement proportion- Figure 1. Ventilation avec un dispositif de pression positive oscillante.
nelle à la densité du corps sur lequel elles s’appliquent. C’est donc
en fin d’expiration qu’elles doivent s’appliquer.
Enfin, ces vibrations sont d’autant plus efficaces par une trans- Les effets physiologiques annoncés seraient :
mission en profondeur (bronches distales) qu’elles s’adressent à • une augmentation de la pression positive endobronchique per-
une structure solide et homogène. Or, le complexe thoracopul- mettant de retarder le collapsus bronchique, une augmentation
monaire est constitué d’éléments solides, d’éléments aqueux et du volume expiratoire et l’obtention d’un débit expiratoire plus
surtout d’éléments gazeux absorbant ou transmettant très diffé- important ;
remment les vibrations. • la mobilisation des sécrétions bronchiques par les vibrations
À l’instar du clapping (ou percussion pulmonaire), les vibra- internes engendrées par cette technique et la diminution de la
tions ne sont plus recommandées ni enseignées en France depuis viscosité des sécrétions en jouant sur leurs propriétés rhéolo-
1994. giques.
Pour l’Acapella® , c’est une pièce en plastique incluse au centre
de l’appareil, contrôlée par un aimant, qui produit les oscillations.
La fréquence est donc indépendante de la position de l’appareil
Pression positive expiratoire (PEP) [19, 21] et la résistance déterminant la PEP est réglable (Fig. 1).
L’application d’une pression positive expiratoire a d’abord été Enfin, la PEP est utilisée régulièrement avec l’aide inspiratoire
développée pour favoriser la ventilation pulmonaire en évitant dans la ventilation à deux niveaux de pression en ventilation non
le collapsus expiratoire des voies aériennes et du poumon par invasive comme adjuvant au désencombrement. L’aide inspira-
compression dynamique. Intuitivement, les patients très obstruc- toire vient dans ce cas suppléer les muscles inspirateurs et réserver
tifs découvrent l’effet bénéfique de la ventilation à lèvres pincées le travail actif à l’expiration qui est d’autant plus efficace que le
pour augmenter le temps expiratoire et limiter la dyspnée en retar- volume inspiré est augmenté, tandis que la PEP permet de retar-
dant le collapsus bronchique. der le collapsus bronchique lors de l’expiration. Cette technique,
Très vite, l’idée d’utiliser une PEP pour permettre d’augmenter le plus dédiée à l’augmentation de la ventilation qu’au désencom-
flux expiratoire par augmentation du débit sans risque d’accélérer brement, est développée plus loin.
la fermeture des voies aériennes (ce qui se passe lors de la toux
spontanée chez nombre de patients obstructifs) s’est imposée.
Dans tous les cas, la PEP est créée par une résistance à Ventilation mécanique à percussions
l’expiration, la plupart du temps sous forme d’une fuite calibrée à intrapulmonaires (IPV)
travers une valve expiratoire. Certains systèmes ne créent la PEP
que lorsque la pression expiratoire produite par le patient dépasse Un ventilateur portable appelé Percussionnaire® administre de
un certain seuil. petits volumes gazeux à haute fréquence (de 60 à 600 cycles/min)
Il semble que l’adjonction d’une PEP favorise le désencombre- et à basse pression (10 à 20 cmH2 O) par l’intermédiaire de
ment, d’une part, en améliorant la ventilation et, d’autre part, en toutes les interfaces, invasives ou non. Par ailleurs, il permet
limitant le surcroît de travail ventilatoire lié à l’hyperinflation, d’administrer un aérosol pendant la ventilation. L’IPV semblerait
dynamique qui obère la ventilation en cas d’inflammation et intéressante dans la prise en charge des pathologies restric-
d’infection des voies aériennes. Cela en a justifié la recomman- tives, en particulier d’origine neuromusculaire, mais manque
dation en 1994. encore beaucoup d’évaluations cliniques qui en recommande-
Les systèmes de PEP continue les plus utilisés comme adjuvants raient l’utilisation dans d’autres contextes [25] .
au désencombrement sont le Theshold-PEP® , le Thera-PEP® ou le
PEPmask® .
Certains systèmes portatifs (Flutter® , Acapella® ) délivrent une Insufflation/exsufflation mécanique [26, 27]
PEP dite oscillante par des mécanismes différents, quoique basés
sur un système de résistance-seuil, avec des résultats comparables. Un appareil de ventilation mécanique (Cough assistTM ) insuffle
Le Flutter® est composé : progressivement un volume d’air en pression positive puis une
• d’une pièce buccale et du corps de l’appareil en matériau dur ; inversion brusque de la pression entraîne une exsufflation. Cette
• d’un entonnoir circulaire en matériau dur ; exsufflation imite une toux efficace en aspirant les sécrétions
• d’une bille de haute densité en métal inoxydable ; avec l’air. Il est recommandé de pratiquer par série de cinq à six
• d’un capuchon amovible avec des perforations à sa partie supé- inspiration-expiration.
rieure. Des vibrations peuvent s’ajouter aux deux temps de la ventila-
Le Flutter® est lavable et stérilisable jusqu’à une température tion pour favoriser la mobilisation des sécrétions.
de 120 ◦ C mais ne doit pas être mis en contact prolongé avec des Cette technique est indiquée pour les patients ayant une toux
produits chlorés. inefficace liée à une pathologie neuromusculaire ou à un affai-
La bille est mise en mouvement par l’expiration et donne une blissement généralisé. En revanche, l’existence d’une pathologie
PEP dont l’intensité et la fréquence d’oscillation (de 10 à 25 Hz) obstructive grave ou un emphysème en contre-indique probable-
dépendent de l’inclinaison de l’appareil mais aussi du débit expi- ment l’indication car la dépression brusque risquerait d’entraîner
ratoire. un collapsus bronchique.

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26-500-A-10  Techniques kinésithérapiques en rééducation respiratoire

Toux dirigée Bien que cette technique ne soit pas inscrite au décret d’actes
de 1996, elle est fréquemment pratiquée par les kinésithérapeutes
La toux, expiration forcée explosive, est un acte réflexe qui dans les services hospitaliers. Toutefois, les risques sont impor-
représente un des éléments de défense mécanique de l’arbre tants et nécessitent la présence effective d’un médecin pouvant
trachéobronchique. La toux peut néanmoins être contrôlée par intervenir à tout moment. Ces risques sont :
la volonté. La toux prend naissance à partir de zones réflexes • l’hypoxie : de la cyanose à la bradycardie, voire l’arrêt cir-
tussigènes intrabronchiques, surtout au niveau des éperons de culatoire, plus ou moins brutal, par réflexe cardio-inhibiteur
division des bronches centrales. Les récepteurs les plus importants d’origine vagale chez les patients en hypoxie sévère, ce risque
sont représentés par des récepteurs d’irritation et des récepteurs doit être anticipé et prévenu par la pratique d’aspirations
d’étirement. courtes, de périodes de repos et une stimulation vers une
L’étude mécanique de la toux spontanée permet de mettre en respiration efficace. Une oxygénothérapie nasale préalable ou
évidence l’enchaînement des phénomènes suivants : simultanée est indiquée ;
• une inspiration rapide à 70 % de la capacité vitale environ ; • l’inhalation par régurgitation gastrique. En cas de vomissement,
• une fermeture de la glotte, d’une durée de 0,2 seconde environ ; il faut positionner le patient en position latérale de sécurité
• une contraction isométrique des muscles expirateurs qui (sans retirer la sonde d’aspiration) et aspirer au plus vite les
entraîne une augmentation des pressions abdominale, thora- voies aériennes. La prévention dicte de pratiquer les aspirations
cique et alvéolaire ; à distance des repas, ou si l’alimentation se fait par voie entérale,
• une bronchoconstriction ; la sonde gastrique est reliée à une poche placée en déclive pour
• enfin, l’ouverture explosive de la glotte avec expulsion d’un permettre la vidange de l’estomac ;
volume d’air de l’ordre de 45 % de la capacité vitale forcée, avec • l’infection par des germes pathogènes peut transporter des voix
un débit de l’ordre de 6 à 12 l/s et une vitesse de 120 m/s (le tiers aériennes supérieures vers la trachée et les bronches (bron-
de la vitesse du son). Cette vitesse est obtenue grâce une inva- chopneumopathies secondaires) par la sonde d’aspiration qui
gination de la membrane postérieure de la trachée réduisant force les protections glottique et laryngée. La prévention néces-
le diamètre à 40 % de la valeur initiale et à une compression site de pratiquer des aspirations buccopharyngées préalables,
dynamique des bronches. l’utilisation de gants à usage unique et d’une sonde stérile à
La toux volontaire est une secousse unique qui se différencie chaque aspiration ;
de la toux spontanée par une inspiration préalable plus impor- • le traumatisme, possible sur tout le trajet de la sonde. Des
tante (qui atteint la CPT). Les pressions intrathoraciques induites troubles sévères de l’hémostase contre-indiquent ce geste et
sont alors supérieures à celles observées lors de la toux spontanée, la prévention impose des manœuvres douces, l’utilisation de
cela par augmentation de la force musculaire, de la pression de sondes à bout mousse et correctement lubrifiées, une aspira-
rétraction élastique du parenchyme pulmonaire et du recul élas- tion mise en service uniquement lorsque la sonde est en place,
tique de la cage thoracique. Cette augmentation de pression n’a une remontée de la sonde sans mouvement de va-et-vient.
d’effet que sur le segment collabable de l’arbre bronchique car
elle entraîne une augmentation de la vitesse linéaire du flux par
l’écrasement des bronches. Toutefois, l’écrasement peut parfois Aérosolthérapie
entraîner l’interruption du débit expiratoire.
La toux volontaire en cascade correspond à des secousses de Un aérosol est un ensemble de particules liquides ou solides
toux répétées en parcourant la capacité vitale. Les pressions dispersées et transportées en suspension par un gaz.
chutent entre les secousses sans revenir à zéro et les valeurs de Selon le produit, l’aérosolthérapie a pour but :
pics de débit diminuent également. La progression du mucus • l’humidification ;
lors des secousses successives dépend de la fréquence de la répé- • la déposition de produit médicamenteux dans le tractus respira-
tition. Plus la fréquence est élevée, plus le volume expectoré toire car elle permet d’obtenir des concentrations efficaces tout
augmente. en évitant certaines complications systémiques d’un traitement
La toux provoquée est obtenue par une pression exercée sur par voie générale. Sont notamment nébulisés des bronchodi-
la trachée qui stimule les capteurs sensibles à l’étirement. Les latateurs ou des anti-inflammatoires qui peuvent faciliter le
pressions observées sont un peu supérieures à celles de la toux désencombrement, voire des antibiotiques ou de la désoxyri-
physiologique. Les débits sont peu élevés. Néanmoins, le compor- bonucléase dans le cas des mucoviscidoses.
tement mécanique est variable d’un sujet à l’autre. La taille des particules d’un aérosol est définie par :
La toux est efficace pour le désencombrement des voies • le diamètre aérodynamique moyen (DAM) : diamètre moyen
aériennes proximales mais semble relativement peu efficace et d’une sphère de densité 1 ayant la même vitesse qu’une parti-
rentable sur les petites voies aériennes, d’autant plus s’il existe cule moyenne de l’aérosol ;
une maladie obstructive chronique ou une inflammation aiguë. Il • le diamètre massique moyen (DMM) : diamètre moyen d’une
est probable que les pressions très élevées favorisent le collapsus particule d’aérosol calculé de façon qu’il y ait autant de parti-
des petites voies aériennes, surtout à bas volume pulmonaire. cules d’un diamètre inférieur et autant d’un diamètre supérieur.
Le dépôt total est d’autant plus important que les molécules
ont un DAM élevé (les particules trop petites ressortent aussi vite
Aspiration nasotrachéale qu’elles rentrent). Un générateur d’aérosol est d’autant plus per-
formant qu’il assure une homogénéité de la taille des particules
Cette technique consiste à évacuer par aspiration les sécrétions (maximum de particules ayant des diamètres proches des DAM et
trachéobronchiques grâce à une sonde d’aspiration descendue DMM).
dans la trachée, en l’absence d’une sonde d’intubation ou d’une Les mécanismes de déposition dépendent étroitement de la
canule de trachéotomie. taille des particules :
L’aspiration nasotrachéale doit être une technique d’exception • dépôt par impaction (ou inertie) : il concerne surtout les parti-
qui ne peut être pratiquée que lorsque le patient est dans cules d’un DAM supérieur à 2 ␮ ;
l’incapacité de drainer son encombrement bronchique, même • dépôt par sédimentation (ou par gravité) : pour des particules
aidé d’une kinésithérapie adaptée. Ainsi, on peut déterminer d’un DAM compris entre 0,5 et 3 ␮ ;
essentiellement deux grandes indications du maintien de la liberté • dépôt par diffusion : fixation au hasard de particules d’un DAM
et de la perméabilité des voies aériennes : inférieur à 0,5 ␮, sous l’influence du mouvement Brownien
• comme « soin palliatif » pour éviter l’étouffement progressif (molécules qui s’entrechoquent en l’absence de flux aérien).
lorsqu’une incapacité à évacuer les sécrétions existe ; La pénétration des particules dépend de leur taille :
• comme technique alternative lorsque la kinésithérapie est plus • un DAM supérieur à 2 ␮ favorise un dépôt dans le nasopharynx ;
délétère qu’efficace par la fatigue respiratoire qu’elle peut entraî- • un DAM compris entre 0,5 et 3 ␮ privilégie surtout l’arbre tra-
ner, notamment chez les insuffisants respiratoires chroniques chéobronchique ;
ou les personnes âgées. • en dessous de 0,5 ␮, le dépôt est essentiellement alvéolaire.

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Techniques kinésithérapiques en rééducation respiratoire  26-500-A-10

Le débit et le mode ventilatoires influencent la pénétration et du rachis, ils permettent une expansion localisée de la par-
la déposition, liées à la nature et à la vitesse du flux aérien dans tie postérieure d’un poumon. Le décubitus dorsal permet à
les voies aériennes : l’inverse l’expansion préférentielle des zones antérieures. Les posi-
• le diamètre important des gros troncs bronchiques et un débit tions assise ou debout sont plus favorables à l’expansion des
aérien rapide entraînent un écoulement turbulent et favorisent sommets.
le dépôt par impaction ; L’inclinaison du rachis provoque une ventilation asymétrique,
• un petit diamètre bronchique et un débit lent entraînent un favorisant l’expansion du poumon dans la convexité de la cour-
écoulement laminaire qui favorise le dépôt par sédimentation bure rachidienne et réduisant la compliance du poumon du
et une pénétration plus distale ; côté de la concavité. Cette inclinaison peut être favorisée par
• l’absence de débit aérien dans les bronchioles terminales et les l’utilisation de coussins, d’une table articulée ou d’un espalier, en
alvéoles favorise le dépôt par diffusion. accord avec la physiologie costale, c’est-à-dire en provoquant une
La quantité de produit inhalé et, par là même, déposé, dépend inclinaison au niveau dorsal. Le guidage et le contrôle manuels
du mode ventilatoire : sont importants pour obtenir une localisation efficace et éviter
• un grand volume courant et une fréquence respiratoire lente la mobilisation inutile de volumes trop importants. Ces exercices
favorisent une déposition plus importante et plus distale du étant difficiles à maîtriser, les techniques d’expansion localisée
produit ; peuvent, toutefois, justifier, en début d’apprentissage, de tolérer
• une pause télé-inspiratoire favorise le dépôt par sédimentation une augmentation importante du volume.
et par diffusion ;
• la modification volontaire du mode ventilatoire (ventilation
dirigée ou localisée) pourrait favoriser la déposition dans une Rééducation diaphragmatique
zone pulmonaire déterminée.
Enfin, l’obstruction bronchique diminue le dépôt distal et favo- Elle accompagne en général les techniques d’expansion locali-
rise l’hétérogénéité de la déposition. sée dans la rééducation de certains syndromes restrictifs. Il s’agit
En résumé, l’efficacité d’une aérosolthérapie à visée bronchique alors d’améliorer l’abaissement du diaphragme (position inspira-
est d’autant plus importante : toire maximale) et sa course (entre les positions inspiratoire et
• que les particules constituant l’aérosol sont homogènes ; expiratoire maximales).
• que leur taille est comprise entre 1 et 5 ␮ ; Les techniques utilisées combinent deux composantes : posi-
• que la respiration est lente, à faible débit, à grand volume cou- tion et travail inspiratoire.
rant avec une pause télé-inspiratoire. La position du patient permet, par le poids des viscères, de
varier la résistance opposée à l’abaissement du diaphragme :
en latérocubitus, la résistance est faible en controlatéral, favo-
risant l’abaissement, et élevée en homolatéral, favorisant la
 Améliorer la ventilation course.
pulmonaire Le travail inspiratoire recrute le diaphragme et peut être com-
plété par des apnées inspiratoires et des reniflements.
Ventilation dirigée La rééducation en force et en endurance du diaphragme est indi-
quée dans la rééducation de certains syndromes obstructifs, dans
abdominodiaphragmatique [28] le cadre global de l’entraînement des muscles inspirateurs.
La ventilation dirigée (VD) est une technique qui a pour objec-
tif l’amélioration de l’hématose chez les malades présentant une
hypoventilation alvéolaire [29] . Elle est donc particulièrement indi- Pressions manuelles thoraciques
quée chez les malades obstructifs mais peut aussi présenter un et/ou abdominales
intérêt chez les restrictifs. Ses effets sur la fonction diaphragma-
tique sont en revanche contestés [30] . Les pressions thoraciques permettent :
Il semblerait que les effets délétères de la VD soient à mettre en • un guidage, lors de l’apprentissage d’une ventilation
lien avec le niveau de distension pulmonaire [31, 32] . localisée ;
Afin de favoriser l’hématose, la ventilation dirigée combine trois • le blocage de certaines zones du thorax afin de favoriser la venti-
composantes : le volume courant est augmenté et décalé dans le lation des zones laissées libres, voire de permettre la contention
VRE tandis que la fréquence respiratoire diminue. Ce mode ven- d’un hémithorax opéré ou traumatisé.
tilatoire permet une meilleure ventilation alvéolaire. Elles sont circonscrites à une zone déterminée s’il s’agit de
Le critère d’évaluation de la ventilation dirigée est la mesure de guider une ventilation localisée ou bloquer un hémithorax. Le
la SpO2 (saturation pulsée en oxygène) par oxymétrie de pouls, qui guidage d’une ventilation localisée nécessite des applications
permet de rendre compte, de manière précise et en temps réel, de manuelles franches mais qui n’entravent pas le mouvement res-
la modification de l’hématose. piratoire.

Expansion thoracique localisée Spirométrie incitative dirigée [8, 33, 34]


Les techniques d’expansion thoracique localisée sont basées La spirométrie incitative est basée sur le principe du feed-
sur l’utilisation de positions permettant une expansion alvéolaire back : le patient visualise ses mouvements inspiratoires et/ou
privilégiée par les différences de répartition régionale de la venti- expiratoires, ce qui peut l’inciter à soutenir ses efforts. Ce sys-
lation sur une région pulmonaire. Il s’agit en fait d’augmenter la tème facilitateur peut donc optimiser la ventilation dirigée ou
compliance dans la zone à dilater tout en diminuant la compli- la ventilation localisée mais ne remplace pas le contrôle du
ance des autres territoires pulmonaires par l’intermédiaire de kinésithérapeute, notamment dans la précision de l’exercice.
contrainte au niveau thoracique. L’idéal est la combinaison des deux en « spirométrie incitative
Le latérocubitus constitue une position de choix dans la mesure dirigée ».
où il associe : La spirométrie incitative inspiratoire, à l’instar de la ventilation
• une expansion majeure du poumon supralatéral ; dirigée et à l’inverse de la ventilation en relaxation de pression
• un abaissement favorisé de l’hémicoupole diaphragmatique (technique passive procédant par insufflation), a pour but de
supralatérale ; favoriser l’expansion alvéolaire par augmentation du gradient de
• une déflation du poumon infralatérale essentiellement par le pression transpulmonaire.
contre-appui de la table. La spirométrie incitative expiratoire a pour but d’augmenter le
Le procubitus et surtout la quadrupédie favorisent l’expansion temps expiratoire et le volume expiré pour favoriser la ventilation
des territoires postérieurs. Associés à une inflexion latérale alvéolaire et aider au drainage bronchique.

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Les variables mécaniques qui servent de support incitatif sont Aide inspiratoire (AI) : mode privilégié
en général le débit et/ou le volume. lors de l’IRA
La plupart des appareils (type Voldyne® , DHD Coach® ) peuvent
être utilisés en inspiration ou en expiration grâce à des valves uni- L’AI ou pressure support ventilation procède par une augmenta-
directionnelles. De même, il est possible d’ajouter des résistances tion de la pression inspiratoire (pression positive) dans les voies
sur la plupart des circuits. aériennes qui favorise l’expansion thoracopulmonaire. Ce mode
La mesure préalable de la capacité vitale (CV) du patient permet ventilatoire qui utilise un générateur de débit à réglage de pres-
de déterminer un volume à mobiliser exprimé en pourcentage de sion se différencie de la ventilation en relaxation de pression par
la CV : l’obtention d’un plateau de pression ainsi que des possibilités de
• pour améliorer les volumes pulmonaires, cette valeur doit être cyclage inexistantes en relaxation de pression.
proche de 80 % ; Les effets bénéfiques de cette technique sont essentiellement
• pour un simple entraînement destiné à améliorer la fonction dus à la synchronisation de la ventilation mécanique et de la res-
ventilatoire, la valeur choisie est comprise entre 40 et 50 % de piration spontanée du patient, facteur de confort, d’adaptation
la CV. aisée et rapide. On observe surtout une diminution de la fréquence
Les mesures itératives de la CV permettent d’objectiver les pro- respiratoire et une augmentation du volume courant, liées princi-
grès et surtout de réajuster en permanence le niveau volumétrique palement à la diminution du travail total des muscles respiratoires
de travail. objectivée par l’électromyographie ainsi qu’une diminution de
Le niveau de volume auquel débute l’exercice conditionne la la consommation d’oxygène. L’aide inspiratoire soulage donc les
distribution de la ventilation : muscles respiratoires en assurant une part importante du tra-
• pour un volume mobilisé proche de 80 % de la CV et une parti- vail respiratoire. D’autre part, la diminution de la fréquence
cipation optimale du diaphragme, il est indispensable d’obtenir respiratoire permet la diminution de l’auto-PEP en permettant
une expiration préalable aussi complète que possible ; l’allongement du temps expiratoire.
• pour un volume mobilisé compris entre 40 et 50 % de la CV, Pour le kinésithérapeute, ce mode de ventilation permet de
la distribution de l’air inspiré varie avec le niveau de volume débuter rapidement une rééducation respiratoire, notamment
préinspiratoire. De ce fait, il est préférable de placer l’exercice chez les patients intubés et ventilés (ventilation dirigée ou désen-
autour de la CRF afin d’obtenir une ventilation alvéolaire combrement bronchique) dans des conditions mécaniques plus
homogène. favorables. En effet, plus que tout autre mode, l’aide inspiratoire
Le débit inspiratoire influence aussi la distribution de la ven- se prête parfaitement à la kinésithérapie respiratoire du fait du
tilation : des débits moyens (entre 0,5 et 1,5 l/s) assurent une synchronisme parfait entre la demande du patient et le débit déli-
homogénéisation et permettent une ventilation basale efficace, vré par le respirateur. Un débit d’insufflation initial (vitesse de
tronc vertical. montée en pression) élevé permet de diminuer le travail respira-
Une apnée téléinspiratoire tenue pendant trois à quatre toire, notamment chez les malades dont les résistances des voies
secondes permet aussi l’homogénéisation de la ventilation pul- aériennes sont importantes (travail respiratoire résistif en début
monaire et une diminution de l’asynchronisme alvéolaire. d’inspiration).
Une résistance inspiratoire modérée (5 cmH2 O) peut amé- La possibilité de disposer maintenant de l’aide inspiratoire sur
liorer la sensation du mouvement respiratoire. Plus élevée les ventilateurs d’entrée de gamme ou de domicile devrait, à
(> 10 cmH2 O), elle améliore la force et l’endurance des muscles terme, permettre de remplacer la ventilation en relaxation de pres-
respiratoires. Celle-ci ne doit en aucun cas entraîner de sion dans bon nombre d’indications en kinésithérapie respiratoire
fatigue. où l’objectif nécessite l’augmentation active du volume courant.
Le nombre d’essais demandés et la fréquence des séances sont
fonction du degré de fatigabilité du malade et de l’efficience de la
technique. Relaxation de pression
La position du patient peut faciliter une distribution préfé- L’utilisation d’un générateur de débit à réglage de pres-
rentielle de la ventilation et doit être précisée comme les autres sion assure un mode de ventilation mécanique permettant
variables. l’insufflation d’un volume gazeux dans les poumons jusqu’à
Longtemps, l’utilisation de spiromètres débimétriques ou volu- une pression maximale prédéterminée. Ce mode ventilatoire,
métriques a été discuté dans la littérature. Les données semblent fréquemment dénommé par son appellation anglo-saxonne inter-
montrer que la répartition de la ventilation est surtout fonction mittent positive pressure breathing, a comme terminologie française :
du débit inspiratoire utilisé lors de l’exercice [35] . respiration en pression positive intermittente ou ventilation en
Toutefois, dans la prévention des complications respiratoires relaxation de pression.
postopératoires, il est plus pertinent d’utiliser un spiromètre inci- Ce mode ventilatoire, qui procède par une augmentation de la
tatif volumétrique puisque l’objectif est d’augmenter le volume pression inspiratoire (pression positive) dans les voies aériennes,
courant pour éviter l’hypoventilation et l’atélectasie. favorise l’expansion thoracopulmonaire, non par augmentation
active de la pression transpulmonaire (physiologique) mais de
façon passive en augmentant davantage la pression alvéolaire
Ventilation non invasive (VNI) que la pression pleurale (non physiologique). L’importance de ces
variations de pression dépendent aussi de l’attitude du patient :
La VNI est définie par l’interface entre patient et respirateur
insufflation passive ou participation inspiratoire active lors de
car elle a pour particularité d’éviter intubation et trachéotomie.
l’insufflation.
Masque nasal ou facial, industriel ou moulé sur le visage du
L’expiration, passive, ramène l’ensemble thorax-poumon à sa
malade sont les plus fréquents mais l’embout buccal est parfois
position de repos : la CRF. La pression de fin d’expiration dans les
utilisé.
voies aériennes est théoriquement nulle.
L’assistance ventilatoire permet d’améliorer la ventilation
alvéolaire, d’augmenter la fraction inspirée d’oxygène tout en
diminuant le travail des muscles respiratoires.
Dans ce but, la VNI est, depuis fort longtemps, utilisée par
Stimulation électrique transcutanée (TENS)
les kinésithérapeutes, pour des patients dont les capacités ven- Une méta-analyse montre l’intérêt d’une électrothérapie antal-
tilatoires sont diminuées, soit dans le cadre d’une pathologie gique de basse fréquence dans le traitement de la douleur
chronique, soit en période aiguë (période postopératoire de chi- postopératoire en chirurgie thoracique [37] . Par ailleurs, la TENS
rurgie abdominale, par exemple). semble accélérer le rétablissement et limiter les complications.
Par ailleurs, la VNI facilite le drainage bronchique par Les électrodes (2 ou 4) sont placées de part et d’autre de la
l’augmentation du volume courant et diminue les effets délétères cicatrice de thoracotomie.
éventuels d’une séance de kinésithérapie, tant au niveau gazomé- Trois à quatre séances quotidiennes d’une durée de 30 minutes
trique que de la fatigue engendrée [36] . semblent indiquées.

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Réhabilitation précoce en chirurgie Principe de surcharge (ou de progressivité)


« Définie dans les années 1990 par l’équipe danoise du Pro- Pour entretenir le phénomène de surcompensation, le niveau
fesseur Henry Kehlet [3] , la réhabilitation rapide après chirurgie d’entraînement doit être augmenté régulièrement et quasi systé-
programmée, appelée dans la littérature anglo-saxonne fast track matiquement, en modifiant la durée ou l’intensité des séances de
surgery, est une approche de prise en charge globale du patient réentraînement.
en périopératoire visant au rétablissement rapide des capacités Principe d’alternance travail-repos
physiques et psychiques antérieures et donc à réduire significati-
Indispensable à la surcompensation, le repos doit tenir une
vement la mortalité et la morbidité. Elle a aussi pour conséquence
place clairement identifiée dans les programmes de réentraîne-
in fine de voir réduire les durées d’hospitalisation » [38] . Les kiné-
ment. De même, la progression ne peut en permanence être
sithérapeutes y participent non seulement par l’évaluation des
croissante et il est indispensable de prévoir parfois des entraîne-
facteurs de risque en préopératoire assortie d’une préparation
ments plus courts ou moins intenses.
adaptée si besoin mais encore par la mobilisation précoce des
patients dès la salle de réveil. Celle-ci aurait un rôle efficace Principe de périodicité
dans la prévention des complications respiratoires postopéra- C’est un corollaire logique des principes précédents puisqu’il
toires en stimulant naturellement la ventilation lors des exercices faut combiner les principes de surcharge et d’alternance travail-
précoces. repos pour permettre une progression optimale. Il s’agit alors de
décomposer un programme de réentraînement en trois niveaux
de cycles :
 Techniques utilisées • les microcycles correspondent à la programmation hebdoma-
daire des activités de réentraînement à l’exercice, à la succession
en réhabilitation respiratoire des séances et à leur nature ;
• les mésocycles correspondent à des périodes concentrées sur
pour améliorer l’aptitude plusieurs semaines telles que les « stages d’initiation » ;
physique et la qualité de vie, • les macrocycles correspondent à la planification sur plusieurs
mois des activités physiques incluant le stage d’initiation et
et réduire la dyspnée d’effort les périodes usuellement appelées « maintien des acquis » ou
« postréhabilitation », anticipant éventuellement les périodes
La réhabilitation respiratoire (RR) a pour objectif principal d’arrêt des activités physiques.
de maintenir dans la durée un niveau d’activité physique quo-
tidienne jugé nécessaire à la santé physique et psychique du
patient [39] . Ses composantes sont le réentraînement individualisé Modes d’entraînement
à l’exercice, l’éducation thérapeutique, la kinésithérapie respi- Entraînement continu
ratoire, le sevrage tabagique ainsi que des prises en charge C’est la méthode la plus classique d’entraînement, qui consiste,
psychologique, sociale et nutritionnelle s’il y a lieu. après une période de montée en puissance progressive, au main-
tien d’un niveau d’effort en plateau. Celui-ci s’achève par un arrêt
progressif.
Réentraînement à l’exercice des membres
inférieurs Entraînement fractionné
Basé sur les principes de l’interval training, il consiste en
Le réentraînement à l’exercice des membres inférieurs est une l’alternance de périodes courtes d’entraînement à un niveau de
composante majeure des programmes de réhabilitation respira- puissance élevé et de périodes plus longues d’effort de moindre
toire. Il vise à la fois le développement de la capacité aérobie des puissance, voire de repos.
muscles des membres inférieurs et l’apprentissage de la gestion de
la dyspnée en situation afin de favoriser la reprise d’activités phy- Types d’ergomètres
siques quotidiennes [40] . Il s’agit d’un entraînement individualisé De nombreux ergomètres peuvent être utilisés dans les
selon un protocole prédéfini, qui nécessite la surveillance conti- programmes de réentraînement à l’exercice. La bicyclette ergo-
nue de paramètres cliniques mais qui constitue aussi un temps métrique reste le dispositif le plus utilisé dans la pratique et
particulier d’éducation du patient à l’autogestion de la dyspnée le plus évalué par la littérature. Elle permet des entraînements
d’effort. ciblant les muscles extenseurs des membres inférieurs, à des
niveaux de résistance finement calibrables grâce aux technolo-
gies actuelles. La position assise écarte les problèmes d’équilibre
Principes d’entraînement et permet un appui des membres supérieurs sur le guidon
Les principes d’entraînement sont basés sur le phénomène de pour favoriser le recrutement des muscles scapulaires et inspi-
surcompensation qui permet l’augmentation des réserves éner- rateurs accessoires. Le tapis de marche constitue un travail en
gétiques puis les capacités musculaires lorsque les efforts réalisés charge qui sollicite plus fortement la fonction d’équilibration
sont suffisamment intenses et répétés [41] . que la marche normale et qui engendre une consommation
d’O2 souvent plus élevée qu’un entraînement sur cycloergo-
Principe d’individualisation mètre.
Pour être optimal, tout entraînement doit être basé sur les D’autres ergomètres peuvent être utilisés tels que les elliptiques,
caractéristiques propres du sujet entraîné et sur son aptitude phy- les rameurs qui associent un travail des membres supérieurs, ainsi
sique. Le niveau idéal d’entraînement reste néanmoins en débat que les steppers, les plates-formes vibrantes, etc.
et plusieurs protocoles sont utilisés en pratique courante. De
nombreuses équipes utilisent une fréquence cardiaque cible basée
sur le SV1 [42] , le seuil de dyspnée ou un pourcentage de la FC Techniques complémentaires
maximal. Plusieurs techniques complémentaires peuvent être associées
au réentraînement à l’exercice dans des situations où il présente
Principe de spécificité une difficulté notable pour le patient entraîné [40, 43] .
Chaque type d’entraînement développe des aptitudes mus-
culaires spécifiques. Ainsi, le réentraînement à l’exercice des Réentraînement sous VNI
membres inférieurs améliore l’aptitude aérobie des membres infé- Le réentraînement à l’exercice sous ventilation non invasive
rieurs, plus modérément la force. Selon le type d’ergomètre, est une technique de choix en postdécompensation. Il est à pri-
l’amélioration des performances touche des groupes musculaires vilégier chez des patients déjà bien adaptés à leur VNI. Il permet
spécifiques : par exemple, chaîne d’extension (quadriceps, ischio- de réduire notablement la dyspnée d’effort par la diminution de
jambiers, triceps sural). l’hyperinflation dynamique.

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Réentraînement sous oxygène


Le réentraînement à l’exercice sous oxygénothérapie est indis-
pensable chez les insuffisants respiratoires mais est aussi utilisé
par certaines équipes chez des patients normoxémiques au repos
mais qui désaturent à l’effort.

Entraînement des membres supérieurs


Dans les maladies respiratoires chroniques, l’altération
musculaire périphérique atteint peu les membres supérieurs.
Néanmoins, les malades obstructifs souffrent fréquemment du
retentissement ventilatoire à l’élévation des membres supé-
rieurs, particulièrement dyspnéisant. Des méthodes spécifiques
d’entraînement des muscles des membres supérieurs doivent
donc être proposées dans un programme de réhabilitation
respiratoire [40, 43] . Figure 2. Entraînement des muscles inspirateurs par valve à seuil.

Travail en chaîne fermée


Il constitue la première étape indispensable dans la progres- L’objectif principal de cette technique est d’augmenter la
sion, en particulier pour les patients obstructifs dyspnéiques à PImax, ce qui contribue à développer la VO2 mais agit aussi sur le
l’élévation des membres supérieurs. Le travail en chaîne fermée mécanisme de la dyspnée [45] (Fig. 2).
permet d’inverser l’action des muscles scapulaires qui, fixés par
l’appui des membres supérieurs, deviennent des élévateurs des Entraînement en hyperpnée isocapnique
côtes efficaces. Un dispositif spécifiquement créé (Spirotiger® ) combine un
exerciseur avec feedback visuel et sonore pour inciter à mobi-
Travail en chaîne semi-fermée liser un volume donné à un rythme choisi et un ballon de
Le petit matériel tel que bâtons, ballons, sangles élastiques mais rebreathing pour éviter l’hypocapnie liée à l’hyperventilation.
aussi certains ergomètres (cycloergomètres à bras, banc de muscu- Ce type d’entraînement a pour objectif principal de dévelop-
lation, etc.) permet de réaliser un travail des membres supérieurs per l’endurance des muscles inspirateurs et expirateurs, mais il
en élévation en chaîne semi-fermée, c’est-à-dire avec un appui non contribue aussi au développement de leur force (PImax et PEmax
fixé des membres supérieurs. Ces exercices sont progressivement [pression expiratoire maximale]).
introduits car ils sont plus dyspnéisants que le travail en chaîne
fermée. Renforcement des muscles périphériques
Travail en chaîne ouverte Le renforcement musculaire périphérique, notamment au
niveau des membres inférieurs, permet un travail spécifique
Les membres supérieurs sont alors sollicités dans des mou- de la force, complémentaire du réentraînement à l’exercice en
vements sans appui, en élévation, avec ou sans matériel. Ils endurance mais aussi plus analytique et donc préparatoire à un
permettent un travail centré sur les habiletés (jonglage, etc.) et entraînement plus global [40, 43] .
l’endurance des membres supérieurs en élévation.
Protocoles de renforcement musculaire actif
Entraînement des muscles ventilatoires De nombreuses méthodes de renforcement musculaire actif ont
été décrites avec des applications dans les différents domaines
Si de nombreuses modalités d’entraînement des muscles venti- de la kinésithérapie. Elles aboutissent aujourd’hui à proposer
latoires ont été développées, seuls deux types de dispositifs sont soit le renforcement en charge des membres inférieurs, soit
utilisés : les valves à seuil et l’hyperpnée isocapnique. des techniques d’isocinétisme. Il n’existe pas de réel consensus
Ils sont parfois distingués comme des modes d’entraînement sur les protocoles de renforcement musculaire en RR mais de
respectivement en force et en endurance. Cette distinction nombreuses équipes se sont appuyées sur les recommandations
reste cependant théorique car, en pratique, le travail cyclique nord-américaines (American College of Sport Medecine). Basées
des muscles ventilatoires rend illusoire un entraînement spé- sur l’évaluation de la 1-RM (répétition maximale unique), elles
cifique en force, d’autant que les protocoles d’entraînement proposent pour le renforcement musculaire des sujets ayant un
des valves à seuil intègrent une progression en intensité et déficit musculaire :
en durée. Les dispositifs à buse sont à éviter car ils ne per- • combiner les contractions concentriques, excentriques et iso-
mettent ni une calibration précise, ni un entraînement à charge métriques ;
constante (celle-ci restant dépendante du débit ventilatoire). • recruter les grands muscles avant les petits ;
L’entraînement des muscles inspirateurs est inscrit dans les prin- • recruter les muscles polyarticulaires avant les monoarticulaires ;
cipales recommandations sur la réhabilitation respiratoire des • réaliser des contractions à haute intensité avant des contrac-
BPCO [40, 43] . tions à basse intensité ;
• réaliser deux à trois séances par semaine. À chaque séance, réa-
Entraînement des muscles inspirateurs liser de 8 à 12 répétitions à 60 % de la 1-RM entrecoupées de 1
par valve à seuil à 2 minutes de repos.
Plusieurs dispositifs avec une valve à seuil existent et per-
mettent un entraînement des muscles inspirateurs à un niveau
Électrostimulation excitomotrice
d’entraînement fixe déterminé par la compression de la valve par Si l’électrostimulation excitomotrice est utilisée depuis la fin
un ressort, et donc indépendant du débit inspiratoire. Avec ces du XIXe siècle, son utilisation dans le traitement des dysfonctions
dispositifs, de nombreux protocoles d’entraînement ont été déve- musculaires périphériques liées aux maladies respiratoires chro-
loppés, en continu mais surtout en fractionné (interval training), niques est contemporaine du développement de la réhabilitation
plus adapté à l’entraînement des muscles inspirateurs. respiratoire.
Une posologie de 20 à 30 minutes par jour avec une charge de Outre l’amyotrophie habituellement observée dans les maladies
30 à 50 % de la PImax (pression inspiratoire maximale) pendant respiratoires chroniques, l’hypoxémie a des conséquences spéci-
une durée de six semaines à un an paraît pertinente [44] . fiques telles que la réduction de la conduction neuromusculaire,

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Techniques kinésithérapiques en rééducation respiratoire  26-500-A-10

Tableau 1.
Synthèse des techniques de kinésithérapie respiratoire rapportées aux objectifs de rééducation, avec leurs critères de choix et leurs critères d’efficience.
Critères de choix technologique Techniques mises en œuvre Critères d’efficacité et Critères d’évaluation du résultat du
d’efficience des techniques traitement
Encombrement
Rhéologie des sécrétions AFE ± posture préférentielle Modification des bruits Immédiat :
Obstruction (courbe Aérosolthérapie respiratoires (progression des Amélioration de l’auscultation
débit-volume) Bronchodilatateur – PEP sécrétions) (ronchis et crépitants)
Restriction CV (EFR) Augmentation du volume inspiré Expectoration Amélioration de la dyspnée
Localisation de l’encombrement par ventilation mécanique Absence de fatigue À long terme (si chronicité) :
Dyspnée (Borg, EVA) invasive ou non Non-aggravation de la dyspnée, – drainage bronchique autonome efficace
Gaz du sang Aspiration de l’obstruction ou d’éventuels – qualité de vie améliorée
Capacité de drainage bronchique désordres des gaz du sang
Autonome
Ventilation
Localisation des zones Ventilation localisée et ventilation Augmentation du Vt et de la CV Immédiat :
d’hypoventilation dirigée Amélioration de la ventilation – diminution de la dyspnée
Capacité d’augmentation Spirométrie incitative dans la zone hypoventilée – amélioration des EFR
spontanée du volume courant et Augmentation du volume inspiré Symétrie de la ventilation – amélioration des radiographies thoraciques
CV par ventilation mécanique – amélioration des gaz du sang
Dyspnée (Borg, EVA) invasive ou non À long terme :
Gaz du sang PEP – stabilité clinique et fonctionnelle
Causes de l’hypoventilation Gymnastique thoracique – adaptation de la VNI au long cours
(physiopathologie) Massage décontracturant
Hématose
Gaz du sang Oxygénothérapie Amélioration des gaz du sang Immédiat :
Oxymétrie de pouls Augmentation du volume inspiré Diminution des signes cliniques – diminution de la dyspnée
EFR (causes par ventilation mécanique d’hypoxémie et/ou d’hypercapnie – normalisation des gaz du sang ou retour à
physiopathologiques) : invasive ou non Augmentation de la ventilation l’état de stabilité si IRC
– capacités d’augmentation PEP ou pursed lips alvéolaire (diminution de la – absence de recours à l’intubation si
spontanée du Vt et de Ventilation dirigée fréquence et augmentation du Vt) situation aiguë
modification de la ventilation À long terme si IRC : stabilité clinique et
– obstruction fonctionnelle
Dyspnée
Seuil (FC ou dyspnée) Réentraînement à l’effort (marche Dyspnée (Borg, EVA) Immédiat :
Type d’exercice sur tapis roulant, cycloergomètre, Oxymétrie – amélioration de la qualité de vie
Résistance inspiratoire travail des membres supérieurs, Absence de signes d’IRA – amélioration de la tolérance à l’effort
Dyspnée (Borg, EVA) balnéothérapie) (tomodensitométrie 6 min, résultats de
Oxymétrie Renforcement des muscles l’EECR)
respiratoires (treshold, etc.) – augmentation des possibilités physiques
Respiration rythmée à l’effort fonctionnelles
À long terme : persistance des critères cités
ci-dessus
Éducation
Suivant nécessité Contrat d’éducation Engagement du patient dans un Immédiat :
thérapeutique : processus de formation : – autoprise en charge et modifications du
– drainage bronchique autonome – questionnaire d’évaluation des comportement
– autoaspiration connaissances – diminution de la consommation de soins
– éducation à la VNI – questionnaire d’autoévaluation – amélioration de la qualité de vie
– école du souffle – questionnaire d’observance du À long terme : persistance des critères cités
traitement ci-dessus

CV : capacité vitale ; EFR : exploration fonctionnelle respiratoire ; EVA : échelle visuelle analogique ; AFE : augmentation du flux expiratoire ; PEP : pression positive expira-
toire ; VNI : ventilation non invasive ; Vt : volume courant ; IRC : insuffisance respiratoire chronique ; FC : fréquence cardiaque ; IRA : insuffisance respiratoire aiguë ; EECR :
épreuve d’effort cardiorespiratoire.

la diminution du recrutement des fibres et la diminution de la Les électrodes de surface utilisées sont en général à patient
réponse musculaire aux stimuli (fibres III et IV, perte de la sagesse unique. Plusieurs montages sont possibles :
musculaire). • monopolaire : une électrode indifférente (de dispersion de
L’électrostimulation excitomotrice est réalisable chez grande taille) et une électrode excitatrice ;
les patients les plus désadaptés atteints d’amyotrophie • bipolaire : des électrodes excitatrices sur les points moteurs ;
sévère. • une combinaison des deux méthodes.
C’est une méthode d’entraînement segmentaire réalisable
en postdécompensation, voire au cours d’une exacerbation,
dans l’objectif de prévenir l’aggravation du dysfonctionnement Gymnastique spécifique en réhabilitation
musculaire périphérique. Les contractions étant électriquement respiratoire
induites et analytiques, elles sont compatibles avec la fatigabilité
générale. La gymnastique est un fondement historique de la kinési-
Les appareils d’électrostimulation doivent fournir des impul- thérapie. En réhabilitation respiratoire, elle est un complément
sions rectangulaires de durée brève (400 ␮s), ce qui combine intéressant aux méthodes plus classiques et protocolaires de
confort et efficacité, à moyenne nulle pour écarter tout risque de réentraînement. La méthode VITAGYM propose cinq thèmes
brûlure galvanique. Les fréquences de 20 à 40 Hz favorisent les complémentaires (renforcement musculaire, travail des membres
fibres de type I et celles de 40 à 60 Hz les fibres de type II. supérieurs, étirements, respiration et équilibre) dont l’animation

EMC - Kinésithérapie-Médecine physique-Réadaptation 11

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26-500-A-10  Techniques kinésithérapiques en rééducation respiratoire

est centrée sur la créativité des patients, leurs processus [17] Pryor JA, Webber BA. An evaluation of the forced expiration tech-
d’apprentissage ainsi que sur les rapports avec des gestes de la nique as an adjunct to postural drainage. Physiotherapy 1979;65:
vie quotidienne afin de constituer une éducation au mouve- 304–7.
ment. Compte tenu des spécificités des malades pulmonaires [18] Schoni MH. Autogenic drainage: a modern approach to physiotherapy
chroniques, cette gymnastique privilégie le travail assis ou debout in cystic fibrosis. J R Soc Med 1989;82(Suppl. 16):33–7.
car le transfert au sol a un coût énergétique élevé et la position [19] Warnock L, Gates A, van der Schans CP. Chest physiotherapy compa-
allongée défavorise le travail des muscles ventilatoires [46] . red to no chest physiotherapy forcystic fibrosis. Cochrane Database
Syst Rev 2013;(9):CD001401.
[20] Postiaux G, Lens E, Alsteens G. L’expiration lente totale glotte ouverte
Massothérapie en decubitus latéral (ELTGOL) : nouvelle manœuvre pour la toilette
bronchique objectivée par la vidéobronchographie. Ann Kinesither
Les techniques de massage décontracturant peuvent être uti- 1987;7–8:341–50.
lisées dans un programme de réhabilitation respiratoire. Elles [21] Reychler G, Coppens T. Mucoviscidose : les techniques instrumen-
contribuent à la détente musculaire au niveau des membres infé- tales de désencombrement des voies aériennes. Rev Mal Respir
rieurs très sollicités dans les programmes de réentraînement mais 2012;29:128–37.
aussi au niveau des membres supérieurs dont les muscles inspira- [22] Sutton PP, Parker RA, Webber BA. Assessment of the forced expi-
teurs accessoires sont en général contracturés. La massothérapie ration technique, postural drainage and directed coughing in chest
peut aussi participer pour les patients à une perception plus posi- physiotherapy. Eur J Respir Dis 1983;64:62–8.
tive de leur corps et à l’amélioration de l’estime de soi. [23] Mortensen J, Falk M, Groth S. The effects of postural drainage and posi-
tive expiratory pressure physiotherapy on tracheobronchial clearance
in cystic fibrosis. Chest 1991;100:1350–7.
 Conclusion [24] Webber BA, Hofmeyr JL, Morgan MD, Hodson ME. Effects of postural
drainage, incorporating the forced expiration technique on pulmonary
function in cystic fibrosis. Br J Dis Chest 1986;80:353–9.
Manuelles ou instrumentales, autonomes ou guidées, les tech-
[25] Riffard G, Toussaint M. Indications de la ventilation à percussions
niques de kinésithérapie respiratoire présentent des avantages
intrapulmonaires (VPI) : revue de la littérature. Rev Mal Respir
et des inconvénients qui doivent être pesés pour enrichir une 2012;29:178–90.
réflexion bénéfice/risque lors de leur choix. [26] Pillastrini P, Bordini S, Bazzocchi G. Study of the effectiveness of
Leur efficience dépend beaucoup du contexte aigu ou stable et le bronchial clearance in subjects with upper spinal cord injuries: exami-
choix n’en peut être éclairé que par une évaluation diagnostique nation of a rehabilitation programme involving mechanical insufflation
rigoureuse dont la structure et les critères sont décrits dans un and exsufflation. Spinal Cord 2006;44:614–6.
article précédent [47] (Tableau 1). [27] Sancho J, Servera E, Vergara P, Marín J. Mechanical insufflation-
exsufflation vs. tracheal suctioning via tracheostomy tubes for patients
with amyotrophic lateral sclerosis: a pilot study. Am J Phys Med Reha-
Déclaration d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts en bil 2003;82:750–3.
relation avec cet article. [28] Gouilly P, Conil P, Dubreuil C, Guénard H, Palomba B, Hayot M.
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12 EMC - Kinésithérapie-Médecine physique-Réadaptation

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Techniques kinésithérapiques en rééducation respiratoire  26-500-A-10

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Respiratory Society statement on pulmonary reha- Kinerea 2002;35:94–7.
bilitation. Am J Respir Crit Care Med 2006;173: [47] Antonello M. EMC Kinésithérapie-Médecine physique-Réadaptation
1390–413. 2012 [Article 26-008-A-07].

M. Antonello, Cadre supérieur, kinésithérapeute (marc.antonello@abc.aphp.fr).


G. Cottereau, Kinésithérapeute.
Service rééducation fonctionnelle et respiratoire, Hôpital Antoine-Béclère, 157, rue de la Porte-de-Trivaux, 92141 Clamart cedex, France.
B. Selleron, Cadre kinésithérapeute.
Maîtrise des sciences de l’éducation, 2, rue de la Madeleine, 45140 Saint-Jean-de-la-Ruelle, France.
D. Delplanque, Kinésithérapeute, certifié en kinésithérapie respiratoire.
117, rue Lamartine, 78500 Sartrouville, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Antonello M, Cottereau G, Selleron B, Delplanque D. Techniques kinésithérapiques en rééducation
respiratoire. EMC - Kinésithérapie-Médecine physique-Réadaptation 2016;12(1):1-13 [Article 26-500-A-10].

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Réentraînement à l'exercice sur ergomètres.
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Travail des membres supérieurs en chaîne semi-fermée.
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Exercice d'augmentation du flux expiratoire guidée : inspiration (A), expiration (B).
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Exercice d'expiration lente totale glotte ouverte.
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Ventilation dirigée en position assise avec surveillance par une oxymétrie de pouls.
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Expansion localisée en inclinaison rachidienne.
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Spirométrie incitative débitmétrique.
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Augmentation du flux respiratoire sous ventilation mécanique non invasive en aide inspiratoire (A, B).
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Exercices ventilatoires avec un relaxateur de pression.
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