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Vladimir Poutine «a mal calculé», a ainsi accusé


Joe Biden, «il a rencontré un mur de force qu’il
Joe Biden vante l’alliance des démocraties
n’avait jamais imaginé». «Le fait qu’un dictateur
face au « dictateur » Poutine russe ait envahi un pays étranger a un coût sur toute
PAR PATRICIA NEVES
ARTICLE PUBLIÉ LE MERCREDI 2 MARS 2022 la planète», a-t-il lancé.
Se tourner vers «les alliés»
Le plus intéressant dans ce portrait du «tyran» relève
néanmoins de ce que Joe Biden a dit en creux de sa
propre stratégie en Europe. Une stratégie qui consiste
paradoxalement en une forme de «retrait», explique
Benjamin Haddad, de l’Atlantic Council, un think tank
américain. Contrairement à ce qu’on a pu entendre
La vice-présidente Kamala Harris et la présidente de la Chambre des représentants
Nancy Pelosi applaudissent Joe Biden le 2 mars 2022. © Photo Saul Loeb/pool/AFP
en France au sujet de la supposée position « va-t-
Mardi, devant le Congrès, lors de son premier discours en-guerre» des Américains, accusés d’«hystériser»
sur l’état de l’Union, Joe Biden a tenté de donner l’opinion, Joe Biden «ne voulait pas de cette guerre».
des gages à ses alliés. Bien qu’il ait réitéré son refus Il comptait en effet sur une relation «stable» et
d’envoyer ses troupes au sol en Ukraine, il s’est engagé «prévisible» avec la Russie pour pouvoir se concentrer
à protéger «chaque centimètre carré» du territoire de sur son «concurrent le plus sérieux»: la Chine,
l’Otan. poursuit Haddad. Tout au plus a-t-il envisagé lors
New York (États-Unis).– Ce n’est pas le discours de son arrivée à la Maison Blanche, un léger
qu’il avait prévu de prononcer. Au départ, il devait durcissement des relations avec Vladimir Poutine du
être question essentiellement d’économie: de jobs fait de l’«ingérence» de ce dernier dans les élections
créés (presque 500000 en janvier), d’infrastructures et américaines, des «cyberattaques» russes ou encore
d’investissements (mille milliards de dollars d’ores et des violations répétées des droits humains, ceux de
déjà approuvés par le Congrès), de croissance (+5,7% l’opposant Alexeï Navalny en premier lieu.
en un an en 2021, la plus forte augmentation du PIB
américain depuis des décennies).
Il devait être également question de la pandémie,
ou plutôt de la possibilité d’un retour à la vie
normale avec une levée très attendue des restrictions,
et notamment de l’obligation si décriée du port du
masque. Et puis, «il y a six jours», la Russie a
La vice-présidente Kamala Harris et la présidente de la Chambre des Représentants
envahi l’Ukraine et tout a changé. Nancy Pelosi applaudissent Joe Biden le 2 mars 2022. © Photo Saul Loeb/pool/AFP

Le premier discours de l’état de l’Union prononcé par Alors, face à cette guerre dont il ne voulait pas, Biden
Joe Biden, ce mardi 1ermars, s’est ouvert, une fois n’est s’en est de nouveau remis aux «alliés» européens.
pas coutume, sur la politique étrangère. Pendant un «Alliés»: le terme est d’ailleurs revenu une dizaine
peu plus de dix minutes, le président américain a parlé de fois dans la bouche de Joe Biden ce mardi. Il
— sous les applaudissements — de l’Ukraine, des fait écho à la volonté de «réparation» des alliances.
Ukrainien·nes, de la «pureté», de leur «courage», et Biden ramènerait la «diplomatie» au centre de sa
plus largement de «la bataille de la démocratie contre politique étrangère, a-t-il promis lors de son arrivée
l’autocratie». au pouvoir, en particulier dans le cadre de l’Alliance
transatlantique. Pour cela, il s’est entouré de quelques
fidèles, des «atlantistes» comme Antony Blinken, le

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secrétaire d’État américain, aux antipodes de Donald sondages. Seuls 43% des Américain·es approuvent
Trump et de son slogan «America First», l’Amérique son action selon une estimation Reuters/Ipsos menée
d’abord. le 22 février. En cause notamment, une inflation
Mardi, devant le Congrès, Biden a donc tenté de record (+7% en un an)En dépit de la polarisation
donner des gages à ses alliés. Bien qu’il ait réitéré de la vie politique américaine, Biden a toutefois
son refus d’envoyer ses troupes au sol en Ukraine, récolté quelques soutiens ces derniers jours. Sur sa
il s’est engagé à protéger «chaque centimètre carré» gestion de la crise en Ukraine, le leader républicain
du territoire de l’Otan. Il a aussi annoncé plus d’un au Sénat, Mitch McConnell, a par exemple salué «la
milliard de dollars d’aide financière à destination des bonne direction» prise par Biden sur la question du
Ukrainiens. Il a par ailleurs décidé, comme ses alliés, durcissement des sanctions. À gauche aussi, parmi
la fermeture de l’espace aérien américain aux avions l’aile la plus progressiste, on a récemment entendu une
russes. Comme eux, il souhaite s’en prendre aux poignée d’encouragements. Ceux du sénateur Bernie
«oligarques». Le ministère de la justice américain doit Sanders entre autres.
à ce propos monter une task force dédiée à la poursuite Ce mardi, dans une assemblée aux couleurs bleues
de leurs crimes. et jaunes, celles de l’Ukraine, où les masques ont
quasiment disparu, où on s’est embrassé et serré la
L’invasion de l’Ukraine lui permettra, peut-être, de
main, Biden a aussi cherché à rassurer chez lui, à
se relancer avant les élections de mi-mandat prévues
réconforter les Américain·es. Il a compati avec leur
en novembre prochain. En difficulté ces dernières
peine, lui, «Joe de Scranton», le fils d’une famille
semaines outre-Atlantique, incapable de faire voter
modeste d’une petite ville modeste de Pennsylvanie.
des mesures fédérales protégeant le droit de vote ou le
À peu près au même moment, la Russie a annoncé la
plan de dépenses sociales Build Back Better («mieux
prise de Kherson, la première grande ville ukrainienne
reconstruire»), Biden apparaît au plus bas dans les
à être capturée par le Kremlin.

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