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LE DIAGNOSTIC FINANCIER

DE L’ENTREPRISE

DOCUMENT DE COURS

Licence 3 – Université Jean Monnet

Frédéric Perdreau

1
PLAN DU COURS

Introduction : les objectifs du diagnostic financier de l'entreprise page 3

Chapitre I - L'Analyse des performances de l'entreprise page 4

Chapitre II - L'analyse du risque de perte page 20

Chapitre III - L'analyse statique du risque de défaillance page 24

Chapitre IV - L'analyse dynamique du risque de défaillance page 43

ANNEXE I : Les systèmes du PCG

ANNEXE II : Diagnostic financier : les comparaisons inter-entreprises et le rôle des centrales


de bilans

ANNEXE III : Sites Internet donnant des informations sur les entreprises

BIBLIOGRAPHIE

Charreaux G, "Gestion financière", Litec.


Colasse B, "Gestion financière de l'entreprise", PUF.
Depallens G et Jobard JP, "Gestion financière de l'entreprise", Sirey.
La Bruslerie H de, "Analyse financière et risque de crédit", Dunod.
Langlois G et Mollet M, "Gestion financière", Foucher.
Manchon E, "Analyse bancaire de lentreprise", Economica-ITB.
Solnik B, , "Gestion financière", Dunod.
Vernimmen P, "Finance d'entreprise", Dalloz.

2
Introduction : les objectifs du diagnostic financier de l'entreprise

Préalablement à la description des techniques et des outils utilisés en matière de diagnostic


financier, il est nécessaire d'en définir les objectifs.

Les objectifs poursuivis par le diagnostic financier dépendent des préoccupations de ceux qui
entreprennent le diagnostic.

Il est classique de distinguer le diagnostic interne du diagnostic externe.

* Le diagnostic interne

Il est réalisé par les dirigeants et responsables de la gestion de l'entreprise. Le diagnostic vise
principalement à porter un jugement sur les performances et la vulnérabilité de l'entreprise
(évaluation du risque de faillite1). Les dirigeants ont à leur disposition les informations
contenues dans la comptabilité générale comme dans la comptabilité de gestion. Le
diagnostic interne débouche généralement sur des actions correctrices (en vue d'améliorer les
performances et de diminuer la vulnérabilité)

* Le diagnostic externe

Il est réalisé par les partenaires de l'entreprise qui peuvent être classés en actionnaires
(minoritaires) et créanciers (notamment les banquiers).

L'actionnaire est directement concerné par la "santé financière" de l'entreprise et, plus
particulièrement, par son aptitude à distribuer des dividendes. Il s'agit pour lui de décider s'il
doit acheter, vendre ou garder ses titres.

Le banquier pratique le diagnostic financier au moment où il est interpellé par l'entreprise


pour l'octroi d'un prêt. La capacité de remboursement de l'entreprise est au centre de ses
préoccupations. Il doit donc évaluer le risque de non remboursement. En définitive, le
banquier doit évaluer le risque de défaillance. En effet, en cas de faillite de l'entreprise, le
banquier ne récupère généralement pas l'intégralité des sommes prêtées.

Les partenaires de l'entreprise doivent se contenter le plus souvent, pour réaliser le diagnostic
financier de l'entreprise, de l'information comptable et financière légale.

1
ou risque de défaillance ou risque de cessation de paiements.

3
Chapitre I - L'analyse des performances de l'entreprise

Le jugement sur le niveau de performance atteint par l’entreprise est fondé dans un premier
temps sur l’analyse des soldes apparaissant dans les documents de synthèse, en particulier le
compte de résultat et le tableau des soldes intermédiaires de gestion. Il peut également
s’appuyer sur des indicateurs spécifiquement construits dans le cadre du diagnostic.

Cependant, la formulation d'un jugement sur les performances de l'entreprise ne peut pas se
faire uniquement à partir des valeurs instantanées d'indicateurs. Elle nécessite une
comparaison avec des valeurs de référence qui peuvent être :
- des données de la même entreprise issues de périodes antérieures (comparaison
chronologique ou comparaison dans le temps);
- des données d'autres entreprises du même secteur (comparaison spatiale ou comparaison
inter-entreprises);
- des données prévisionnelles de la même entreprise (analyse des écarts prévisions -
réalisations).

I) Les soldes apparaissant dans les documents de synthèse

1) Les différents niveaux de résultat

Le compte de résultat distingue trois catégories de charges et de produits : les charges et les
produits d'exploitation, les charges et les produits financiers et les charges et les produits
exceptionnels. On peut ainsi déterminer différents niveaux de résultat :

résultat d'exploitation = produits d'exploitation - charges d'exploitation


résultat financier = produits financiers - charges financières
résultat exceptionnel = produits exceptionnels - charges exceptionnelles

résultat net = résultat d'exploitation + résultat financier + résultat exceptionnel - participation


des salariés - Impôt sur les bénéfices

11) Le résultat net

Le résultat net synthétise la performance globale de l'entreprise sur une période. Il représente
la variation de richesse de l'entreprise et donc de ses propriétaires (les propriétaires du
capital).

Du point de vue de ses propriétaires, c’est l’indicateur par excellence de la performance de


l’entreprise. Cependant, très souvent, le résultat net n'est pas un indicateur pertinent de la
performance de l'entreprise. Il ne reflète pas la capacité d'une entreprise à dégager des profits
car il est influencé par des facteurs à caractère exceptionnel.

12) Le résultat exceptionnel

Comme son qualificatif l'indique, ce résultat est le fruit d'opérations peu fréquentes ou
éloignées de l'objet principal de l'entreprise. Il inclut les amendes, les pénalités, les
subventions d'investissement, les plus ou moins value de cessions d'immobilisations, etc.

4
Pour apprécier la capacité bénéficiaire de l'entreprise, il est nécessaire d'éliminer l'influence
des opérations exceptionnelles sur le résultat2. En effet, ce n'est pas un signe encourageant
pour l'avenir d'une entreprise si, par exemple, elle réussit finalement à afficher un bénéfice
grâce à une plus-value réalisée sur la vente de son siège social.

Exemple :
N-1 N
résultat avant IS 500 1 000
résultat exceptionnel 0 2 0001
1
plus-value de cession

La situation de l'entreprise s'est-elle améliorée en N? La performance de l'entreprise est-elle


meilleure en N qu'en N-1 ?
Il est clair que la situation s'est dégradée.
Si on élimine l'influence du résultat exceptionnel, on obtient :
N-1 N
résultat avant IS - résultat exceptionnel
= 500 - 1 000
résultat courant avant impôt

13) Le résultat financier

Le résultat financier exprime (en valeur absolue) la rentabilité des opérations financières (de
prise de participation, de placement, d’emprunt…) de l’entreprise.

Cependant, la notion de résultat financier est dénuée de signification, car les produits et les
frais financiers ne peuvent être traités de façon symétrique. Ils se rapportent à deux opérations
économiques non liées, l’investissement en actifs financiers et le financement de l’ensemble
des actifs.

Le résultat financier est généralement négatif. Il dépend essentiellement du mode de


financement de l'entreprise, c'est-à-dire de la répartition du financement entre capitaux
propres et dettes financières (emprunts).

14) Le résultat d'exploitation

Le résultat d’exploitation mesure le résultat généré par les opérations d’exploitation. Il


exprime donc la performance de l'entreprise dans ses activités industrielles ou commerciales
habituelles. Il permet les comparaisons inter-entreprises car il est indépendant du mode de
financement.

2) Les soldes intermédiaires de gestion

Le PCG a prévu, dans le cadre du système développé, d’affiner l’analyse de la formation du


résultat en proposant le calcul de soldes intermédiaires3.

21) Le tableau des soldes intermédiaires de gestion

2
Cf. le Résultat Courant Avant Impôt (RCAI) dans le tableau des soldes intermédiaires de gestion.
3
Cf. Annexe I (les systèmes du PCG).

5
Soldes intermédiaires de gestion N
Ventes de marchandises
- Coût d'achat des marchandises vendues
= Marge commerciale
Production vendue
+ Production stockée
+ Production immobilisée
= Production de l’exercice
Marge commerciale
+ Production de l’exercice
- Consommations de l’exercice en provenance de tiers
= Valeur ajoutée
Valeur ajoutée
+ Subvention d’exploitation
- Impôts, taxes et versements assimilés
- Charges de personnel
= Excédent brut d’exploitation
Excédent brut d’exploitation
+ Reprises sur charges et transferts de charges
+ Autres produits
- Dotations aux amortissements et aux provisions
- Autres charges
= Résultat d’exploitation
Résultat d’exploitation
 Quotes-parts de résultat sur opérations faites en commun
+ Produits financiers
- Charges financières
= Résultat courant avant impôts
Produits exceptionnels
- Charges exceptionnelles
= Résultat exceptionnel
Résultat courant avant impôts
+ Résultat exceptionnel
- Participation des salariés
- Impôt sur les bénéfices
= Résultat de l’exercice
Produits des cessions d’éléments d’actif
- Valeur comptable des éléments cédés
= Plus-values et moins-values sur cessions
d’éléments d’actif

22) Interprétations et commentaires

- La marge commerciale

Elle est calculée pour les entreprises ayant une activité de négoce (achat en vue de la revente
en l’état). La marge commerciale correspond à l’excédent dégagé par les ventes de
marchandises par rapport à leur coût.

6
Marge commerciale = Ventes de marchandises - Coût d'achat des marchandises vendues

Coût d'achat des marchandises vendues = achats de marchandises (y compris frais accessoires
d’achat) + variation des stocks de marchandises (stock initial - stock final)

- La production de l’exercice

Elle est calculée pour les entreprises ayant une activité de production (de transformation).

La production de l’exercice est un indicateur d’activité de l’entreprise.

Elle représente l’ensemble de la production de l’entreprise que celle-ci ait été vendue, stockée
ou effectuée pour l’entreprise (production de biens et/ou de services).

En principe, sauf dans quelques secteurs d’activité, la production stockée et la production


immobilisée ne représentent qu’une partie très faible de la production totale ; l’augmentation
relative de la production stockée traduit en général des difficultés de vente.

Par ailleurs, le niveau d’un certain nombre de charges est plus ou moins lié à celui de la
production ; aussi est-il intéressant d’un point de vue analytique d’expliciter la structure des
charges par référence à la production et de suivre les modifications de cette structure au cours
du temps.

- La valeur ajoutée

La valeur ajoutée s’évalue par différence entre la production globale4 et la consommation de


biens et services fournis par des tiers en vue de réaliser cette production. Elle mesure le
supplément de valeur apporté par l’entreprise, dans l’exercice de ses activités professionnelles
courantes, aux biens et services en provenance de tiers.

Valeur ajoutée = marge commerciale + production - consommations de l’exercice en


provenance de tiers

Consommations de l’exercice en provenance de tiers = achats de matières premières et autres


approvisionnements + variation des stocks d’approvisionnements + autres achats et charges
externes

- L’excédent brut d’exploitation5 (EBE) et le résultat d’exploitation6

L'EBE et le résultat d'exploitation expriment la même notion, celle de rentabilité


d’exploitation, autrement dit l’aptitude de l’entreprise à générer un revenu grâce à ses
opérations d’exploitation.

C'est bien le résultat d'exploitation qui, au sens strict et eu égard aux limites de son estimation
comptable, mesure le revenu réalisé par l'entreprise grâce à ses opérations d'exploitation. La

4
Production globale = marge commerciale + production de l’exercice
5
Le terme anglo-saxon EBITDA (Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation and Amortization) correspond à
l’EBE.
6
Le résultat d’exploitation correspond à l’EBIT (Earnings Before Interest and Taxes) aux Etats-Unis.

7
connaissance de celui-ci exige en effet que l'on tienne compte de toutes les charges
d'exploitation, y compris évidemment les charges d'amortissement7.

Toutefois, pour suivre l'évolution de la rentabilité d’exploitation d’une entreprise ou pour


comparer la rentabilité d’exploitation de deux entreprises, il est préférable de se référer à
l'EBE qui ne dépend pas de pratiques comptables d'amortissement qui peuvent changer dans
le temps et être différentes d'une entreprise à l'autre.

- Le résultat courant avant impôt (RCAI)

Le résultat courant avant impôt représente le résultat normal avant impôt. Le fait de l'évaluer
avant prise en compte des éléments exceptionnels permet notamment de supprimer l'incidence
des cessions d'actifs (plus ou moins value sur les cessions d'immobilisations).

7
Le mode de calcul des dotations aux amortissements entraîne des biais dans la mesure du résultat d’exploitation
préconisée par le PCG. En période d’investissement, et si l’entreprise a recours de façon importante à
l’amortissement dégressif, le résultat d’exploitation apparaît sous-évalué. En toute rigueur, la dotation aux
amortissements devrait correspondre à la perte de valeur réelle des immobilisations.

8
II) Les indicateurs de performance construits dans le cadre d’un diagnostic

1) Etude de l’activité : évolution du chiffre d’affaires (hors taxe)

CA HT = ventes de marchandises + production vendue

CAHT  CAHT
Taux de croissance = N N -1
CAHT
N -1

L’appréciation de l’évolution du chiffre d’affaires doit tenir compte (dans la mesure des
informations disponibles) du taux d’inflation sur les produits que l’entreprise vend car
l’inflation peut créer une illusion de croissance et masquer une stagnation ou une régression
des quantités vendues.

Il convient de tenir compte également du taux de croissance du secteur et de celui de


l’économie nationale. Même s’il est élevé dans l’absolu, le taux de croissance de l’entreprise
peut être inférieur à celui de son secteur ; ce qui entraîne une diminution de sa part de marché
et augmente sa vulnérabilité.

2) Etude des marges

21) Taux de marge commerciale

Marge commerciale
Ventes de marchandises

Le taux de marge commerciale mesure la marge commerciale réalisée pour 1 € de ventes de


marchandises8.

Dans les entreprises commerciales, le taux de marge commerciale est un indicateur de


performance fondamental. Une variation dans le temps du taux de marge commerciale
s'explique par une variation des prix9.

22) Taux de valeur ajoutée

VA
Taux de VA =
niveau d' activité

Selon la nature de l'activité, on doit retenir comme niveau d'activité, la production (activités
de production), le chiffre d'affaires hors taxe (activités de négoce), ou la production élargie
(activités mixtes) égale à production + ventes de marchandises.

Dans le cas d’une activité de production, le taux de VA mesure la VA obtenue par l’entreprise
pour 1 € de production.

8
Par exemple, un taux de marge commerciale de 20% signifie que les marchandises vendues 100 € ont coûté 80
€ à l’achat.
9
variations des prix de vente > variations des prix d'achat  augmentation du taux de marge commerciale.

9
Les variations dans le temps de ce ratio peuvent être dues :
- à une modification des conditions d'exploitation (appel à la sous-traitance, utilisation
d'équipements plus performants permettant de réaliser des économies sur les consommations
intermédiaires, ...);
- à des variations des prix de vente des produits vendus et/ou des prix d'achat des
consommations intermédiaires.

23) Taux d'EBE (ou taux de marge brute d'exploitation)

EBE
taux d'EBE =
niveau d' activité

24) Taux de marge économique (ou taux de marge nette d'exploitation ou taux de marge
opérationnelle)

résultat d' exploitation


taux de marge économique =
niveau d' activité

3) Etude de la productivité

Valeur ajoutée
Productivité apparente de la main - d' oeuvre 
Effectif

Valeur ajoutée
Productivité apparente du capital (de l' équipement) 
Immobilisations brutes d' exploitation

Ces deux ratios sont à utiliser avec prudence10.

4) Etude de la rentabilité

La définition même de la rentabilité comme aptitude de l'entreprise considérée comme un


investissement à produire un revenu suggère de rapporter le revenu ou le résultat pris en
considération à l'investissement correspondant (revenu / investissement).

41) la rentabilité financière (ou rentabilité des capitaux propres) : la rentabilité du point de vue
des actionnaires

La rentabilité financière mesure la rentabilité obtenue par les actionnaires de l’entreprise.

Comptablement, le revenu que tirent de l'entreprise ses actionnaires est mesuré par son
résultat net. Néanmoins pour éliminer l'incidence éventuelle du résultat exceptionnel, on lui
substitue en général le résultat courant après impôt.

10
Par exemple, lorsqu’une entreprise réalise des investissements importants, il est logique que la productivité
apparente de la main-d’œuvre augmente.

10
Toujours comptablement, l'investissement des actionnaires dans l'entreprise est mesuré au
bilan par les capitaux propres.

Résultat courant (après impôt) résultat net


Rentabilité financière = ou
Capitaux propres capitaux propres

résultat courant après impôt = RCAI - impôt théorique = RCAI * (1 - taux d’impôt)

42) la rentabilité économique : la rentabilité du point de vue de l’ensemble des apporteurs de


capitaux (actionnaires et prêteurs/créanciers financiers)

La rentabilité économique mesure à la fois la rentabilité des investissements réalisés par


l’entreprise et la rentabilité de l’ensemble des capitaux investis dans l’entreprise.

Pour comprendre la logique de la rentabilité économique, on peut partir de la présentation


suivante du bilan :

Actif Economique Capitaux Investis

Actif immobilisé Capitaux propres

retour sur
capitaux
investis
BFRE Dettes financières
(emprunts)
Disponibilités + VMP

intérêts
résultat économique
=
bénéfices
résultat d’exploitation
+
produits financiers impôts

L’actif économique correspond aux investissements réalisés par l’entreprise. Ces


investissements sont financés par des capitaux propres et par des dettes financières (capitaux
investis dans l’entreprise par les « propriétaires » (actionnaires) et par les prêteurs).

D’un point de vue comptable, les investissements industriels et commerciaux et les


investissements financiers se traduisent par l’acquisition d’immobilisations11. Cependant, si
l’entreprise doit financer ses investissements en immobilisations, elle doit également financer
son cycle d’exploitation12.

Le cycle d'exploitation correspond à l'ensemble des opérations d'exploitation de l'entreprise.


On le désigne aussi sous le nom de cycle Achat - Production - Vente. Il débute par les

11
Achats de titres (de participation, de placement,…) dans le cas d’investissements financiers.
12
Le concept de besoin de financement lié au cycle d’exploitation ou besoin en fonds de roulement
d’exploitation (BFRE) sera étudié plus en détail dans le chapitre III.

11
livraisons des fournisseurs et se termine par les règlements des clients (entreprise
industrielle):

Achats de biens
Ventes
et de services
stockage stockage des
des biens production produits-finis
Flux réels
Temps

Flux règlements
monétaires des frais de
production
crédit-fournisseurs crédit-clients
(salaires, etc.)
naissance règlements naissance règlements
d’une dette aux fournisseurs d’une créance des clients

décalage des flux entre les


décaissements et les encaissements

Le cycle d'exploitation d'une entreprise industrielle

Le cycle d'exploitation génère un besoin de financement. Le besoin de financement lié aux


opérations d'exploitation est mesuré au bilan (approximativement) par le montant des stocks
et des créances, déduction faite du montant des dettes fournisseurs13. Ce besoin de
financement lié au cycle d'exploitation est appelé besoin en fonds de roulement d’exploitation
(BFRE). Ce besoin en fonds de roulement d’exploitation, parce qu'il résulte d'opérations
certes brèves mais toujours renouvelées, est un besoin permanent. Dans la mesure où ce
BFRE doit être financé en permanence, il représente un véritable investissement.

Les investissements industriels et commerciaux dégagent un résultat global qui correspond


comptablement au résultat d’exploitation. Les investissements financiers génèrent quant à eux
des produits financiers. Le résultat économique (résultat d’exploitation + produits financiers)
mesure donc le résultat dégagé globalement par les actifs de l’entreprise. Ce résultat
économique généré par les investissements va permettre la rémunération des capitaux investis
dans l’entreprise. Il sera réparti entre les prêteurs, l’impôt et le solde qui revient aux
actionnaires.

Résultat économique
rentabilité économique (avant impôt) 
Actif économique

Résultat économique

Capitaux propres  Dettes financières

13
Ce sont les (principaux) postes du bilan qui résultent du cycle d’exploitation. Une entreprise doit financer ses
stocks et les crédits qu’elle accorde à ses clients. Cependant, le crédit fournisseur qui accompagne fréquemment
les opérations d’achat couvre en partie le besoin de financement lié aux opérations d’exploitation.

12
RCAI  charges d' intérêts

Capitaux propres  Dettes financières

capitaux propres + dettes financières = capitaux investis dans l'entreprise (par les propriétaires
et par les prêteurs)
RCAI = résultat revenant aux apporteurs de capitaux propres (avant impôt)
intérêts = rémunération des prêteurs
RCAI + intérêts = résultat revenant aux apporteurs de capitaux (prêteurs et propriétaires) =
rémunération des capitaux investis

rémunération des
capitaux investis
rentabilité économique = = rentabilité des capitaux investis dans l’entreprise
capitaux investis
dans l' entreprise

Ce ratio de rentabilité est généralement décomposé de la manière suivante14 :

résultat économique CA HT

CA HT capitaux investis

résultat économique
: taux de marge économique
CA HT
Ce ratio mesure le résultat économique obtenu pour 1 € de CA HT.

CAHT
: ratio de rotation des capitaux investis (ou ratio de rotation de l' actif investi)
Capitaux investis
Ce ratio exprime le montant de CA atteint pour 1 € de capitaux investis (ou le montant de CA
atteint pour 1 € d'actif investi).

La rentabilité économique dépend donc du taux de marge économique et du ratio de rotation


de l'actif. Deux entreprises peuvent avoir la même rentabilité mais avec un taux de marge et
un taux de rotation de l'actif très différents. Ainsi, une même rentabilité économique peut être
générée par deux politiques commerciales opposées :
- politique de qualité à forte marge mais faible rotation de l’actif ;
- politique de prix bas avec une faible marge mais un chiffre d’affaires plus important.

On peut également comparer la situation de la grande distribution avec celle du commerce de


détail :

taux de marge économique taux de rotation de l'actif


Grande distribution faible fort
Commerce de détail fort faible

14
Dans le cas d’une activité de production, on utilisera la décomposition suivante :
résultat économique Production

Production capitaux investis

13
Pour conclure, il apparaît évident que si une entreprise se finançait uniquement par capitaux
propres (pas de recours à l’emprunt) sa rentabilité financière serait égale à sa rentabilité
économique :

RCAI  (1 - taux d' impôt)


rentabilité économique (après impôt)  = rentabilité financière
Capitaux propres

Economiquement, les bénéfices de l’entreprise sont générés par la rentabilité des


investissements ou rentabilité économique. Toutefois, cette rentabilité économique va être
modifiée au niveau des propriétaires par la politique d’endettement adoptée.

43) L'effet de levier dû à l'endettement

L'expression "effet de levier" désigne l'influence de l'endettement sur la rentabilité des


capitaux propres.

Quiconque est susceptible d'investir dans une affaire rapportant 15% comprend aisément qu'il
peut s'enrichir en finançant cette affaire en empruntant autant qu'il le peut au taux de 8%. En
d'autres termes, il peut s'enrichir, en faisant jouer l'effet de levier, avec le risque, comme on le
verra, que cela comporte.

Soient :
k : la rentabilité économique avant impôt de l'entreprise mesurée par le rapport suivant :
résultat d'exploitation avant impôt15 / (capitaux propres + dettes financières);
P : le montant des capitaux propres;
D : le montant des dettes financières;
t : le taux moyen de rémunération des dettes financières;
T : le taux d'imposition des bénéfices

Le résultat net revenant aux propriétaires s'obtient selon le schéma de compte de résultat
suivant :
Résultat d'exploitation k (P+D)
- intérêts tD
= résultat courant k (P+D) - t D
- impôt sur les bénéfices k (P+D) - t D T
= résultat net revenant aux actionnaires k (P+D) - t D (1-T)

Le taux r de rentabilité des capitaux propres est égal à :

r
k (P  D) - t D (1 - T)
P

On peut encore écrire :

 D
r  k  (k - t)  (1 - T)
 P

15
Si on néglige les produits financiers.

14
D
r  k (1 - T)  (k - t) (1 - T)
P

ou encore :

D
r  k'  (k' - t' ) Equation de l’effet de levier
P
avec :
k' : taux de rentabilité économique après impôt (k' = k (1 - T))
t' : coût moyen des dettes financières après impôt (t' = t (1 - T))

La rentabilité financière dépend donc de la rentabilité économique (rentabilité des


investissements), du coût de l’endettement et du levier financier ou ratio d’endettement (D/P).
En l’absence d’endettement, la rentabilité financière serait égale à la rentabilité économique.

Trois situations sont possibles :

- Première situation : k > t  r > k (1 - T) (ou k' > t'  r > k')
La rentabilité économique k est supérieure au taux moyen t de rémunération des dettes. La
rentabilité financière r est alors supérieure à la rentabilité économique après impôt k(1-T) et
l'est d'autant plus que D/P est élevé. L'endettement accroît la rentabilité financière. L'effet de
levier joue en faveur des propriétaires; le partage du résultat d'exploitation se fait aux dépens
des prêteurs.

- Deuxième situation : k = t  r = k (1 - T)
La rentabilité économique k est égale au taux moyen t de rémunération des dettes. La
rentabilité financière est rigoureusement égale à la rentabilité économique après impôt k(1-T).

- Troisième situation : k < t  r < k (1 - T)


La rentabilité économique k est inférieure au taux moyen t de rémunération des dettes. La
rentabilité financière est inférieure à la rentabilité économique après impôt et l'est d'autant
plus que D/P est élevé. L'endettement diminue la rentabilité financière de l'entreprise. L'effet
de levier joue au détriment des propriétaires; le partage du résultat d'exploitation se fait au
profit des prêteurs.

Ainsi, l'endettement, s'il peut enrichir les propriétaires, peut aussi les appauvrir. C'est un
facteur de risque qui accroît la dispersion potentielle de leur revenu (cf. le chapitre suivant
pour une analyse détaillée du risque financier dû à l'endettement).

15
III) Capacité d’autofinancement (CAF) et autofinancement

1) Définitions

La CAF représente le surplus monétaire (le flux de trésorerie) potentiel sécrété globalement
par l’entreprise au cours de la période16 (hors opérations en capital17) et indique la capacité de
l'entreprise à financer par elle-même de nouveaux investissements.

CAF = produits encaissés ou encaissables (sauf produits des cessions d’actif) - charges
décaissées ou décaissables

La CAF représente un surplus monétaire car elle ne retient que les produits encaissés ou
encaissables et les charges décaissées ou décaissables.

* charges qui ne se traduisent pas par des sorties de liquidités (charges calculées ou charges
non décaissables) :
- les dotations aux amortissements et aux provisions
- la valeur comptable des éléments d'actifs cédés

* Produits qui ne se traduisent pas par des entrées de liquidités (ou produits non encaissables):
- les reprises sur provisions
- la quote-part des subventions d'investissement virée au résultat de l'exercice

Le surplus monétaire n’est que potentiel en raison des décalages de paiement : toutes les
ventes enregistrées dans l’exercice n’ont pas encore été encaissées à la clôture de l’exercice
(existence de créances) et, inversement il reste des charges comptabilisées qui seront réglées
au cours de l’exercice suivant (existence de dettes).

La CAF peut être calculée de deux manières différentes :

- le PCG préconise le calcul suivant (méthode soustractive) :

16
Il convient de bien comprendre la distinction entre un résultat en comptabilité et un flux de trésorerie. Un
résultat est un appauvrissement ou un enrichissement de nature patrimoniale et il se mesure par la différence
entre des produits et des charges. Un flux de trésorerie est un solde de flux monétaires et il se mesure par la
différence entre des entrées monétaires (recettes) liées aux produits et des sorties monétaires (dépenses) liées aux
charges.
17
Hors plus ou moins-value de cession.

16
CAF = EBE + transferts de charges (d’exploitation)
+ autres produits (d’exploitation)
- autres charges (d’exploitation)
 quotes-parts de résultat sur opérations faites en commun
+ produits financiers18
- charges financières19
+ produits exceptionnels20
- charges exceptionnelles21
- participation des salariés et impôt sur les bénéfices

- autre manière de calculer la CAF (méthode additive) :

CAF =
Résultat net
+ dotations aux amortissements et aux provisions (d'exploitation - financières -
exceptionnelles)
- reprises sur amortissements et provisions (d'exploitation - financières - exceptionnelles)
+ valeur comptable des éléments d'actif cédés
- produits des cessions d'éléments d'actif
- quote-part des subventions d'investissement virée au compte de résultat de l'exercice

Dans la pratique, on se borne souvent à une estimation grossière de la CAF :


CAF = résultat net + dotations aux amortissements et aux provisions

Ainsi, la CAF mesure le flux de ressources internes dont l’entreprise, lorsque ses produits
encaissables sont encaissés et ses charges décaissables décaissées, peut disposer pour
financer son développement. Toutefois, une partie de sa capacité étant utilisée pour effectuer
des distributions de dividendes, son autofinancement effectif est mesuré par la différence
entre la capacité et ces distributions :

autofinancement = CAF - distribution de dividendes

On mesure la contribution de l'entreprise au financement de ses investissements à l'aide du


ratio suivant :

Autofinancement
Investissements (de l' exercice)

Investissements (de l'exercice) = acquisitions d'immobilisations22 (de l'exercice)

18
Sauf reprises sur provisions.
19
Sauf dotations aux amortissements et aux provisions financiers.
20
Sauf produits des cessions d'immobilisations; quote-part des subventions d'investissement virée au résultat de
l'exercice; reprises sur provisions exceptionnelles.
21
Sauf valeur comptable des immobilisations cédées; dotations aux amortissements et aux provisions
exceptionnels.
22
Si on veux être précis : investissements = acquisitions d'immobilisations + augmentation du besoin en fonds de
roulement d'exploitation

17
Comme celle de tout ratio, l'interprétation de celui-ci doit être prudente; son amélioration dans
le temps n'est pas nécessairement le signe d'une évolution favorable : elle peut signifier en
particulier que l'entreprise investit de moins en moins.

2) Rôle de l’autofinancement

L’approche additive (cf. supra) donne une indication de l’utilisation de l’autofinancement


dans l’entreprise au travers de son affectation comptable. Ainsi, l’autofinancement qui est
généré par l’entreprise a en principe une triple vocation :
- assurer le maintien du potentiel productif de l’entreprise via les dotations aux
amortissements23 (autofinancement de maintien ou de renouvellement) ;
- financer la croissance de l’entreprise par le résultat de l’exercice mis en réserves
(autofinancement de croissance) ;
- faire face aux pertes et risques probables de l’entreprise par les dotations aux provisions24.

Cette analyse de l’autofinancement par son affectation comptable est en fait beaucoup trop
restrictive. En particulier, il ne faut pas introduire de distinction arbitraire entre financement
interne du renouvellement du capital économique et financement de la croissance.
L’autofinancement est le moteur interne du développement de l’entreprise. Il est à la fois :
- un financement interne disponible pour investir et développer l’entreprise dans le sens de
la stratégie qu’elle se donne ;
- la garantie du remboursement d’emprunts, et donc un élément puissant de la capacité de
remboursement de l’entreprise.

3) CAF et marge brute d’autofinancement (MBA)

La CAF mesurée par le PCG présente deux caractéristiques qu’il convient de souligner :

- d’une part, elle comprend l’intégralité des dotations aux provisions, y compris celles
susceptibles d’être utilisées à court terme (et qui ne peuvent donc servir au financement
des investissements25) ;

- d’autre part, elle ne comprend pas, bien qu’elles puissent être importantes, les plus ou
moins-values sur cessions d’immobilisations.
23
Pour bien comprendre ce raisonnement, il est nécessaire de rappeler le rôle financier des amortissements : le
renouvellement des immobilisations. En diminuant le bénéfice de l’exercice par « les dotations aux
amortissements » (charges calculées non décaissées), on maintient dans l’entreprise des capitaux qui auraient pu
être distribués. Ces capitaux ainsi conservés permettront de renouveler les immobilisations.
24
Il est ici nécessaire de rappeler le rôle financier des provisions. En diminuant le bénéfice de l’exercice par « les
dotations aux provisions », on maintient dans l’entreprise des capitaux qui auraient pu être distribués ; ces
capitaux ainsi conservés permettent :
- de compenser les dépréciations d’actif constatées ;
- de faire face, lors d’un exercice ultérieur, à la charge ou à la perte prévue.
25
C’est le cas notamment des provisions pour dépréciation des actifs circulants (stocks et comptes clients). Des
créances clients provisionnées sont celles dont on doute du paiement régulier à l’échéance. Au terme du délai de
crédit consenti au client, la provision constatera le manque à encaisser et sera comptablement reprise. La
dotation aux provisions n’est donc pas une charge non décaissable ; elle donne lieu à un décaissement décalé à
court terme sous forme d’un manque à encaisser par rapport aux ventes comptabilisées qui sont théoriquement
encaissables. Le raisonnement est identique pour les provisions sur stocks. Le calcul de la CAF est donc gonflé
du montant des provisions qui ne correspondent pas à des ressources monétaires durables. Toutefois, le jeu des
reprises assez rapides de ces provisions vient atténuer cette sur-estimation. Si les provisions d’exploitation ont un
caractère régulier et sont renouvelées pour un montant qui reste du même ordre de grandeur, le biais dans
l’estimation de la CAF du PCG est négligeable.

18
Aussi, certains auteurs préfèrent-ils estimer la capacité de l’entreprise à financer ses
investissements en recourant à la notion voisine, et d’ailleurs plus ancienne, de marge brute
d’autofinancement, laquelle ne prend en compte que les dotations aux provisions à caractère
de réserve et inclut les plus ou moins-values sur cessions d’immobilisations.

19
Chapitre II - L'analyse du risque de perte

L'analyse financière accorde une attention particulière aux fluctuations qui affectent, d'une
part, le résultat d'exploitation et, d'autre part, le résultat net (ou son substitut le résultat courant
après impôt). Les fluctuations qui affectent le résultat d'exploitation donnent naissance à ce
qu'il est convenu d'appeler le risque de perte d'exploitation (encore dénommé risque
économique, risque d'exploitation ou risque opérationnel). Les fluctuations du résultat net
donnent naissance quant à elles au risque de perte globale (encore dénommé risque de perte
nette). Celui-ci s'analyse comme le produit du risque économique et du risque dit financier dû
à l'endettement.

I) Le risque économique (ou risque d'exploitation)

Le risque d'exploitation s'exprime par la sensibilité du résultat d'exploitation aux variations du


chiffre d'affaires.

Si toutes les charges d'exploitation de l'entreprise étaient rigoureusement proportionnelles au


chiffre d'affaires, les fluctuations de son résultat d'exploitation seraient identiques aux
fluctuations de son chiffre d'affaires. Mais, l'existence de charges fixes crée un effet de levier
dit d'exploitation, les fluctuations du résultat d'exploitation sont supérieures aux fluctuations
du chiffre d'affaires.

Exemple :
Soit deux entreprises, A et B, censées fabriquer et commercialiser un seul et même produit et
le vendre au même prix. Ce qui distingue ces deux entreprises, c'est uniquement la structure
de leurs charges :
A supporte 3 000 de charges fixes et ses charges variables représentent 60% de son CA;
B supporte 5 000 de charges fixes et ses charges variables représentent 40% de son CA.
On peut calculer pour deux hypothèses de chiffre d'affaires (10 000 et 8 000) leur résultat
d'exploitation.

Entreprise A Entreprise B
Hypothèse I Hypothèse II Hypothèse I Hypothèse II
Chiffre d'affaires 10 000 8 000 10 000 8 000
Charges variables 6 000 4 800 4 000 3 200
Marge sur coûts variables
4 000 3 200 6 000 4 800
Charges fixes d'exploitation 3 000 3 000 5 000 5 000
Résultat d'exploitation 1 000 200 1 000 - 200

Pour un chiffre d'affaires de 10 000, A et B réalisent très exactement le même résultat de


1000. En revanche, pour un chiffre d'affaires de 8 000, A et B réalisent respectivement un
bénéfice et une perte de 200. Manifestement, B est plus risquée que A en ce sens que son
résultat d'exploitation est plus sensible que celui de A à une variation de son chiffre d'affaires.
Cette plus grande sensibilité du résultat d'exploitation de l'entreprise B est due au fait que
l'entreprise B supporte des charges fixes plus importantes.

1) le rôle des coûts fixes d'exploitation : le modèle coût - volume - profit

20
Dans ce modèle, on suppose que les charges d'une entreprise peuvent être classées, pour une
période donnée et par référence à un indicateur d'activité convenablement choisi, en fixes et
en proportionnelles.
Indicateurs d'activité utilisés : le CA ou la production (en unité physiques ou monétaires)

Soient :
Q : le niveau d'activité exprimé en unités physiques de ventes
v : le coût variable unitaire
F : le montant des charges fixes (coût fixe global)
P : le prix de vente unitaire
CA : le chiffre d'affaires
R : le résultat d'exploitation

CA = P Q
Marge sur coûts variables = P Q - v Q = (P - v) Q = marge sur coût variable unitaire *
quantités
Marge sur coûts variables =  CA
avec :
 : taux de marge sur coûts variables ( = (P-v)/P)

Résultat d'exploitation = (P - v) Q - F =  CA - F

Il est possible de déterminer le seuil de rentabilité ou point mort. Le seuil de rentabilité est le
niveau d'activité pour lequel le résultat d'exploitation est nul.

Soient :
Q0 : le seuil de rentabilité (point mort) exprimé en unités physiques
CA0 : le seuil de rentabilité (point mort) exprimé en unités monétaires

Exprimé en unités physiques, le point mort vérifie la relation suivante :


R = (P - v) Q0 - F = 0

F
Q0 
P-v

Exprimé en unités monétaires, le point mort vérifie la relation suivante :


R =  CA0 - F = 0

F
CA 0 

Exemple : cf. exemple précédent.


Calcul du seuil de rentabilité :
pour A : CA0 = 3 000 / 0,4 = 7 500
pour B : CA0 = 5 000 / 0,6 = 8 333

2) Mesure du risque d'exploitation: l'élasticité du résultat d'exploitation par rapport au CA


(levier d'exploitation ou levier opérationnel)

21
R
e R
CA
CA

R =  CA - F
R =  CA

 CA CA  CA marge sur coûts variables


e   
 CA - F CA  CA - F résultat d' exploitation

ou encore :

CA CA
e 
F CA - CA 0
CA -

Exemple : cf. exemple précédent


Pour un niveau d'activité (CA) de 10 000, on obtient :
- pour A : e = 4 000 / 1 000 = 4 ou e = 10 000 / (10 000 - 7 500) = 4
hausse du CA de 1%  hausse du résultat d'exploitation de 4%
baisse du CA de 1%  baisse du résultat d'exploitation de 4%
- pour B : e = 6 000 / 1 000 = 6 ou e = 10 000 / (10 000 - 8 333) = 6
hausse du CA de 1%  hausse du résultat d'exploitation de 6%
baisse du CA de 1%  baisse du résultat d'exploitation de 6%

Il est clair que plus les charges fixes sont importantes et plus le risque d'exploitation est élevé.

On remarque également que plus le CA est proche du point mort et plus l'élasticité est élevée.
L'élasticité tend vers l'infini au voisinage du point mort.

II) Le risque de perte globale

Le risque de perte globale (ou risque de perte nette) est lié à la sensibilité du résultat net aux
variations de l'activité mesurée par le chiffre d'affaires.

Abstraction faite des produits et charges exceptionnels, le résultat net, au niveau duquel on
mesure le risque de perte globale, se calcule schématiquement comme suit :

Chiffre d'affaires (CA)


- charges d'exploitation
= résultat d'exploitation (R1)
- charges financières ()
= résultat courant (R2)
- impôt (R2 T)
= résultat net (R3)

22
On peut exprimer le risque de perte globale comme l'élasticité du résultat net au chiffre
d'affaires et décomposer celle-ci en un produit de trois autres élasticités :

R3 R3 R2 R1


e  R3  R3  R2  R1  e  e  e
3 2 1
CA R2 R1 CA
CA R2 R1 CA

- e1 est l'élasticité du résultat d'exploitation au chiffre d'affaires et mesure le risque


d'exploitation (ou risque économique)

marge sur coûts variables


e1 
résultat d' exploitation

- e2 est l'élasticité du résultat courant au résultat d'exploitation

R2 R1
R1 -  R1 résultat d' exploitation
e 2  R2   =
R1 R1 R1 -  résultat courant
R1 R1

e2 est égale au rapport entre le résultat d'exploitation et le résultat courant.

Plus l'entreprise est endettée et plus e2 est élevée.


e2 mesure le risque dit financier dû à l'endettement.
Toutes les entreprises supportent le risque économique. Cependant, les entreprises endettées
supportent un risque supplémentaire ou risque financier. Le recours à l'endettement accroît le
risque de perte. Le risque supporté par les propriétaires croît avec l'endettement de
l'entreprise.

- e3 est l'élasticité du résultat net au résultat courant :

R3 R2 (1 - T)
R2 (1 - T)
e 3  R3  1
R2 R2
R2 R2

En définitive, le risque de perte globale est bien le produit du risque d'exploitation et du risque
financier : e = e1 * e2

risque de perte = risque d'exploitation * risque financier

Marge sur coûts variables


e
Résultat courant

23
Chapitre III - L'analyse statique du risque de défaillance

Le risque de défaillance, dit encore de faillite, est un risque majeur car, à la différence du
risque de perte, il est sanctionné juridiquement. Une entreprise qui fait des pertes peut
continuer ses activités tant qu'elle est en mesure de payer ses dettes; mais le fait de cesser ses
paiements la fait entrer dans un processus juridique qui peut déboucher sur sa disparition.

Juridiquement, une loi du 25 janvier 1985 relative au redressement judiciaire définit la


cessation de paiements comme l'impossibilité dans laquelle se trouve l'entreprise "de faire
face à son passif exigible avec son actif disponible". Cet état déclenche une procédure de
règlement judiciaire qui signe la défaillance financière. L'entreprise doit, selon l'expression
consacrée, "déposer son bilan" au greffe du tribunal compétent. A la suite du jugement
prononçant le règlement judiciaire, selon la gravité de la situation, deux scénarios types sont
possibles : le redressement ou la liquidation (cf. cours de droit).

De nombreuses personnes et institutions sont concernées par la faillite d'une entreprise : les
propriétaires de l'entreprise, les prêteurs26, les salariés, etc.

L'analyste financier doit s'efforcer de détecter les signes susceptibles d'annoncer une cessation
de paiements. L'étude du compte de résultat peut déjà le mettre en alerte : la stagnation ou la
régression de son activité, la dégradation de son résultat d'exploitation ou l'alourdissement de
ses charges financières ne conduisent pas inévitablement l'entreprise à la cessation de
paiements mais n'en sont pas moins les indices de difficultés qui peuvent l'y mener.

Toutefois, c'est par un examen des ressources et des emplois de l'entreprise que l'analyste peut
juger de son équilibre financier et estimer plus précisément son risque de cessation de
paiements. Aussi, est-il classique de commencer l'analyse du risque de cessation de paiements
en faisant une "lecture" du bilan.

Il n'existe pas une, mais plusieurs lectures financières du bilan qui donnent chacune des
indications sur le risque de défaillance. Nous en retiendrons ici 2 principales : l'analyse en
termes de liquidité et d'exigibilité et l'analyse fonctionnelle. Le bilan comptable normalisé
n'est pas directement adapté à ces lectures et doit subir dans chaque cas un certain nombre de
retraitements préalables.

I) l'analyse du bilan en termes de liquidité et d'exigibilité (ou analyse patrimoniale)

Considéré d'un point de vue juridique, le bilan de fin d'exercice d'une entreprise se présente
comme un inventaire, côté passif, de ses obligations par rapport à ses propriétaires et à ses
créanciers et, côté actif, des droits de propriété et de créances qu'elle détient ; en d’autres
termes, comme un inventaire de son patrimoine.

Cette analyse permet notamment d'apprécier la liquidité de l'entreprise, c'est à dire la capacité
de l'entreprise à faire face à ses dettes à court terme à l'aide de ses actifs à court terme.
26
On constate en pratique que dans la quasi-totalité des cas, la liquidation ne permet pas de couvrir le passif. Par
conséquent, en cas de liquidation des biens, les prêteurs sont perdants. Les perdants systématiques sont les
créanciers chirographaires, banques et fournisseurs qui ne bénéficient d'aucunes garanties. Les prêteurs garantis,
selon les cas et selon la force de leurs garanties juridiques, souffriront peu ou moins. Il faut en effet ne pas
oublier que lors d'une liquidation, le prix de vente des immobilisations à usage très spécialisé est nettement
inférieur à la valeur comptable. Par ailleurs, il faut tenir compte du fait que la liquidation d'une société entraîne
des coûts importants (indemnités de licenciements, etc.).

24
1) L'établissement du bilan liquidité (ou bilan patrimonial)

Dans le bilan liquidité, les différents éléments du passif sont classés par ordre d'exigibilité
croissante et les différents éléments de l'actif sont classés par ordre de liquidité croissante. La
liquidité de l'actif peut être ainsi rapprochée de l'exigibilité du passif.

Bilan liquidité

Capitaux propres
Actifs longs (non exigibles)
(ou actifs à plus d'un an)

Dettes à long et moyen terme


(dettes à plus d’un an)

Actifs courts
(ou actifs à moins d'un an)
Dettes à court terme
(ou dettes à moins d'un an)

 Les actifs à plus d'un an comprennent :


- les actifs immobilisés (pour leur valeur nette);
- les créances à plus d'un an d'échéance restant à courir; ce sont généralement des prêts;
mais il peut s'agir parfois de créances clients dont l'échéance est particulièrement éloignée.
 Les actifs à moins d'un an comprennent :
- les stocks et les en-cours;
- les créances à moins d'un an d'échéance restant à courir;
- les disponibilités.
 Les dettes à long et moyen terme comprennent les dettes à plus d'un an d'échéance; ce sont
généralement des emprunts mais il peut s'agir parfois d'autres dettes dont l'échéance est
éloignée.
 Les dettes à court terme comprennent les dettes à moins d'un an d'échéance.

Le passage du bilan comptable au bilan liquidité nécessite donc :


- un reclassement des créances et des dettes en fonction de leur échéance restant à courir;
- des retraitements spécifiques pour certains postes.

a) le reclassement des créances et des dettes

Le PCG 82 prévoit des informations qui permettent à l'analyste de construire un bilan


liquidité. Ce sont d'abord des notes au bas du bilan indiquant les montants respectifs, à plus et
à moins d'un an, inclus dans les rubriques que concerne cette ventilation. C'est aussi l'Etat des
échéances des créances et des dettes à la clôture de l'exercice. Ce document doit figurer dans
l'annexe et la liasse fiscale.

b) les retraitements

25
Les retraitements ont trait à divers postes de l'actif et du passif.

Il est tout d'abord d'usage de faire disparaître de l'actif certains postes censés n'avoir aucune
valeur vénale et considérés comme des actifs fictifs. Parmi ces non-valeurs ou actifs fictifs :
les frais d'établissement, les frais de recherche et de développement27, les charges à répartir
sur plusieurs exercices, les primes de remboursement d'obligations, les écarts de conversion-
actif28... En contrepartie de leur élimination, il y a lieu d'amputer les capitaux propres pour un
montant équivalent. Les charges constatées d’avance constituent de véritables créances.
Cependant, le principe de prudence qui prévaut dans l’analyse patrimoniale peut conduire à
les analyser comme des non-valeurs.

Le capital souscrit-non appelé doit être soustrait des capitaux propres. Le capital souscrit-
appelé non versé doit être reclassé en fonction de son échéance.

Côté passif, plusieurs retraitements, lorsqu'ils sont possibles, doivent être effectués29 :
- le résultat net de l'exercice doit être réparti (les dotations aux réserves, le report à nouveau
font partie des capitaux propres, et les dividendes à distribuer, des dettes à moins d'un an);
- les dettes fiscales latentes pesant sur certains éléments des capitaux propres (telles les
subventions d'investissement, les provisions pour hausse de prix, les amortissements
dérogatoires) doivent être rattachées aux dettes à plus d'un an;
- les provisions pour risques et charges (ces provisions représentent des dettes probables)
doivent être ventilées entre les dettes à plus d'un an et les dettes à moins d'un an;
- les comptes courant d’associés, lorsqu’ils sont bloqués, sont assimilables aux capitaux
propres ;
- les écarts de conversion-passif qui représentent un gain de change (latent) peuvent être
également assimilés aux capitaux propres.

Il est par ailleurs nécessaire d'introduire dans le bilan liquidité les effets escomptés et non
échus30 (EENE). En cas d’escompte d’effets, les créances disparaissent de l’actif du bilan
comptable (d’un point de vue juridique, ces créances ne font plus partie du patrimoine de
l’entreprise) ; un compte banque est alors débité du montant net de l’escompte. Cependant,
l’escompte n’est en fait qu’une forme de crédit et l’entreprise conserve le risque de non-
paiement du débiteur (en cas d’impayé à l’échéance, la banque peut se retourner
immédiatement contre l’entreprise). Par conséquent, dans le bilan liquidité, les EENE
résultant du financement par escompte sont à reclasser en dettes financières à court terme. De
façon symétrique cette réintégration implique également leur reclassement à l’actif dans
l’encours client.

2) Les outils (ratios) de l’analyse liquidité

27
Il existe actuellement deux positions à propos du poste Frais de recherche et développement :
- pour certains, les frais de RD représentent des charges étalées, analogues aux frais d’établissement, et sont
donc classés parmi les non-valeurs de l’actif ; c’est la position la plus communément admise ;
- pour d’autres , les frais de RD représentent un investissement qui aboutira au dépôt d’un brevet (selon le
PCG, « projets nettement individualisés et ayant de sérieuses chances de rentabilité commerciale ») ; d’après
ce point de vue, ils ont une valeur patrimoniale et doivent être maintenus dans l’actif.
28
Si l’entreprise a constitué une provision pour risque (provision pour pertes de change), on élimine l’écart de
l’actif et la provision correspondante du passif.
29
L’objet des retraitements du passif est d’évaluer les engagements totaux de l’entreprise envers les tiers.
30
Le montant des EENE est indiqué dans l’annexe (Engagements hors bilan).

26
A partir du bilan liquidité, il est possible de calculer un certain nombre d’indicateurs (ratios)
du risque de défaillance.

a) Le fonds de roulement financier (ou FR patrimonial ou FR liquidité)

Le fonds de roulement financier permet d'apprécier la liquidité de l'entreprise. Il représente


l'excédent des actifs courts sur les dettes à court terme.

Fonds de roulement = actifs courts - dettes à court terme

La situation de l'entreprise est favorable si le fonds de roulement financier est positif. Dans ce
cas, les rentrées de fonds prévisibles à court terme semblent garantir globalement les
règlements prévisibles à court terme. En d'autres termes, si le FR est positif, l'entreprise n'aura
aucune difficulté à régler ses dettes dans les mois à venir. Le risque de faillite (ou risque de
cessation de paiements) est faible à court terme.

Une entreprise peut-elle se contenter d'un fonds de roulement égal à 0 ?


Non.
Le recouvrement futur des liquidités associées aux actifs circulants peut être compromis par
des incidents divers. Par exemple, le recouvrement des créances peut être retardé, minoré ou
empêché du fait de difficultés de trésorerie rencontrées par des débiteurs, voire de la faillite de
ces derniers.

b) les ratios de liquidité

En complément du fonds de roulement, pour évaluer la liquidité de l'entreprise, on calcul les


ratios suivants :

actifs à moins d' un an


- ratio de liquidité générale :
Dettes à moins d' un an

Ce ratio doit être supérieur à 1 (FR > 0)

actifs à moins d' un an - stocks ( créances  disponibilités)


- ratio de liquidité réduite :
Dettes à moins d' un an

Ce ratio exclut les stocks qui constituent le plus souvent l’élément de l’actif circulant dont la
valeur et la liquidité sont les plus incertaines (ce ratio doit être proche de 1).

c) les ratios d'endettement

Le risque de défaillance est à l'évidence fonction du niveau d'endettement. Une entreprise peu
endettée traversera plus facilement une période de crise économique, puisqu'elle n'a pas à
décaisser des frais financiers, ni les remboursements d'emprunts.

L'endettement peut être apprécié à l'aide de deux ratios :

- le ratio d'endettement global :

27
Dettes à long et moyen terme  dettes à court terme
capitaux propres

compare le montant global des dettes au montant des capitaux propres;

- le ratio d'endettement à terme :

Dettes à long et moyen terme


capitaux propres

compare le montant des dettes à long et moyen terme au montant des capitaux propres.

Ces deux ratios ont d'autant plus d'importance qu'ils servent assez souvent de support aux
normes bancaires d'endettement. Certaines banques considèrent que l'endettement global et
l'endettement à terme d'une entreprise ne devraient pas dépasser respectivement deux fois et
une fois le montant de ses capitaux propres. On observe cependant en pratique que ces normes
bancaires d'endettement sont assez souvent transgressées.

d) Le ratio de capacité de remboursement

Les ratios précédents ont un caractère très statique et leur calcul relève du pur constat. Ils ne
donnent pas d'indications sur la capacité de remboursement de l'entreprise. C'est pourtant
grâce à sa CAF que l'entreprise rembourse ses dettes.

Dettes à long et moyen terme


Le ratio mesure le nombre d'années de CAF nécessaire pour
CAF
que l'entreprise puisse rembourser ses dettes à long et moyen terme. On estime assez souvent
qu'il ne devrait pas être supérieur à trois ans (ou quatre ans selon les auteurs).

Ce ratio a, bien sûr, un intérêt beaucoup plus grand lorsqu’il peut être calculé en fonction
d’une capacité prévisionnelle d’autofinancement.

II) L'analyse fonctionnelle

Alors que l’analyse en termes de liquidité et d’exigibilité voit dans le bilan un état du
patrimoine de l’entreprise, l'analyse dite fonctionnelle, le considère comme un état, à un
moment donné, côté passif, des ressources (de financement) à sa disposition et, côté actif, des
différents emplois donnés à ces ressources. L'analyse fonctionnelle permet d'évaluer le risque
de faillite à partir de la politique de financement suivie.

1) Les emplois fonctionnels

L'entreprise doit financer principalement deux grandes catégories d'emplois : ceux liés à ses
opérations d'investissement et ceux liés à ses opérations d'exploitation.

Le besoin de financement lié aux opérations d'investissement est mesuré par le montant brut
des immobilisations.

28
Le cycle d'exploitation correspond à l'ensemble des opérations d'exploitation de l'entreprise
(On le désigne également sous le nom de cycle Achat - Production - Vente).

Achats de biens
Ventes
et de services
stockage stockage des
des biens production produits-finis
Flux réels
Temps

Flux règlements
monétaires des frais de
production
crédit-fournisseurs crédit-clients
(salaires, etc.)
naissance règlements naissance règlements
d’une dette aux fournisseurs d’une créance des clients

décalage des flux entre les


décaissements et les encaissements

Le cycle d'exploitation d'une entreprise industrielle

Le cycle d'exploitation génère un besoin de financement. Le besoin de financement lié aux


opérations d'exploitation est mesuré au bilan approximativement par le montant brut des
stocks et des créances, déduction faite du montant des dettes fournisseurs. Ce besoin de
financement lié au cycle d'exploitation est appelé besoin en fonds de roulement31. Ce besoin
en fonds de roulement (BFR), parce qu'il résulte d'opérations certes brèves mais toujours
renouvelées, est un besoin stable (ou permanent), tout comme celui induit par les opérations
d'investissement. Aussi considère-t-on qu'il doit être également financé par des ressources
stables.

Il convient cependant de remarquer que si le BFR peut être qualifié d'emploi stable, il n'est
pas véritablement constant. Si, par exemple, le niveau d'activité augmente alors le BFR
s'accroît. De même, par exemple, si le délai de crédit accordé aux clients augmente alors le
BFR s'accroît.

2) L'affectation des ressources stables

Les ressources stables sont des ressources qui, lorsque l'entreprise a pu en disposer, étaient à
long et moyen terme (c'est-à-dire > à 1 an) et, donc, susceptibles d'être affectées au
financement d'emplois stables. Elles comprennent :

- les capitaux propres ;

- les amortissements et les provisions ;

- les provisions pour risques et charges ;

- les emprunts et dettes auprès des établissements de crédit (à l'exclusion, nous verrons
pourquoi plus loin, des concours bancaires courants et des soldes créditeurs de banques).
31
Besoin en fonds de roulement d'exploitation pour être plus précis (cf. infra).

29
Le fonds de roulement fonctionnel32 désigne l'excédent des ressources stables sur les
immobilisations :

Fonds de roulement fonctionnel ou fonds de roulement net global (FRNG) = Ressources


stables - immobilisations (brutes)

Le fonds de roulement représente la part des capitaux stables qui n'est pas utilisée pour
financer les immobilisations et demeure disponible pour financer le cycle d'exploitation (c'est
à dire le BFR).

Les ressources stables doivent être suffisantes pour financer les emplois stables ou, ce qui
revient au même, le fonds de roulement doit être suffisant pour couvrir le BFR.

3) Présentation du bilan fonctionnel

Le bilan fonctionnel est établi en valeur brute et avant répartition du résultat. Il comporte 8
grandes masses.

32
fonds de roulement fonctionnel  fonds de roulement financier (cf. I)

30
Bilan fonctionnel
IMMOBILISATIONS RESSOURCES STABLES
(emplois stables)

Immobilisations incorporelles Ressources Propres :


+ Immobilisations corporelles Capitaux propres
+ Immobilisations financières + Provisions pour risques et charges
+ Charges à répartir sur plusieurs exercices + Amortissements et provisions pour
(en valeur brute) dépréciation
+ Dettes financières (sauf concours bancaires
courants et soldes créditeurs de banques)

ACTIFS D'EXPLOITATION

Stocks et en-cours
+ Avances et acomptes versés DETTES D'EXPLOITATION
+ Créances d’exploitation (créances clients +
comptes rattachés + EENE) Avances et acomptes reçus
+ Autres créances d'exploitation + Dettes fournisseurs et comptes rattachés
+ Charges constatées d’avance d’exploitation + Dettes fiscales et sociales (sauf IS)
(en valeur brute) + Autres dettes d'exploitation
+ Produits constatés d’avance d’exploitation

ACTIFS HORS EXPLOITATION


DETTES HORS EXPLOITATION
Créances hors exploitation (en valeur brute)
+Capital souscrit-appelé, non versé Dettes sur immobilisations
+ Charges constatées d’avance hors + Dettes fiscales (IS)
exploitation + Autres dettes hors exploitation
(en valeur brute) + Produits constatés d’avance hors
exploitation
ACTIFS DE TRESORERIE
PASSIFS DE TRESORERIE
Valeurs mobilières de placement
+ Disponibilités Concours bancaires courants et soldes
(en valeur brute) créditeurs de banques
+ EENE

Il faut donc procéder à des retraitements pour obtenir un bilan fonctionnel à partir d'un bilan
comptable.

a) les retraitements au sein du bilan

31
 Les amortissements et les provisions pour dépréciation doivent être transférés au passif33.
Par conséquent, dans le bilan fonctionnel, les actifs apparaissent pour leur valeur brute.
 Le capital souscrit non appelé doit être éliminé de l’actif et retranché des capitaux propres
au passif. Les capitaux propres ne représentent ainsi que les seuls capitaux appelés.
 Les concours bancaires courants et les soldes créditeurs de banques doivent être
retranchés des dettes financières34 et inclus dans les passifs de trésorerie (leur montant est
donné dans un renvoi en pied de bilan). En effet, les concours bancaires courants ne
constituent certainement pas une ressource stable.
 Les comptes courants d’associés doivent être classés soit parmi les dettes financières
stables (s’ils sont destinés à financer durablement l’entreprise, en particulier s’ils sont
bloqués) soit parmi les passifs de trésorerie.
 Les charges à répartir sur plusieurs exercices doivent être reclassées dans les emplois
stables (elles représentent des investissements).
 Les primes de remboursement des obligations doivent être éliminées de l’actif et
retranchées des dettes financières au passif (la ressource réelle pour l’entreprise est le
montant effectivement reçu de la part des obligataires).
 Les créances doivent être ventilées entre les créances d'exploitation et les créances hors
exploitation. De même, les dettes (non financières) doivent être ventilées entre les dettes
d'exploitation et les dettes hors exploitation35.
 Distinction créances d'exploitation / créances hors exploitation
Les créances d'exploitation sont les créances nées à l'occasion du cycle d'exploitation
(elles résultent du cycle d’exploitation).
Les créances hors exploitation sont des créances qui sont indépendantes du cycle
d’exploitation.
Les créances d'exploitation comprennent notamment les créances clients et les
fournisseurs débiteurs (avances et acomptes versés).
Les créances hors exploitation comprennent notamment les créances sur cessions
d'immobilisations et les créances sur les associés (capital appelé non versé).
 Distinction dettes d'exploitation / dettes hors exploitation
Les dettes d'exploitation sont les dettes nées à l'occasion du cycle d'exploitation.

33
Pour bien comprendre ce retraitement, il est nécessaire de rappeler le rôle financier des amortissements : le
renouvellement des immobilisations. En diminuant le bénéfice de l'exercice par les dotations aux amortissements
(charges calculées non décaissées), on maintient dans l'entreprise des capitaux qui auraient pu être distribués.
Ces capitaux ainsi conservés permettront de renouveler les immobilisations. En définitive, les amortissements et
les provisions représentent des capitaux épargnés pour financer le renouvellement des immobilisations ou de
possibles dépréciations. A ce titre, ils constituent des ressources de financement.
Au niveau des ressources propres il est possible de distinguer les ressources propres d’origine interne des
ressources propres d’origine externe. Le financement propre externe provient essentiellement d’apports en
capital (somme effectivement apportée par les actionnaires). Le financement propre interne correspond à
l’autofinancement cumulé :
Financement propre interne (autofinancement cumulé) = Réserves + amortissements + provisions sur actif
circulant + provisions pour risques et charges + report à nouveau + résultat net
En définitive, le transfert des amortissements et des provisions au passif parmi les ressources propres permet de
reconstituer, après regroupement avec les résultats mis en réserves, les fonds propres d’origine interne.
34
L'ensemble des dettes financières (emprunts obligataires, emprunts bancaires, ...) fait partie des ressources
stables y compris les dettes à moins d'un an d'échéance (sauf les concours bancaires courants et les soldes
créditeurs de banques). Ce qui compte c'est le fait que l'emprunt a été contracté à l'origine pour fournir une
ressource stable.
35
Il convient cependant de remarquer que le bilan du système développé, contrairement au bilan du système de
base, distingue les créances d'exploitation des créances hors exploitation (créances diverses) et les dettes
d'exploitation des dettes hors exploitation (dettes diverses). La réalisation du bilan fonctionnel est donc beaucoup
plus simple si l'on dispose d'un bilan présenté selon le système développé.

32
Les dettes hors exploitation sont des dettes qui sont sans relation avec le cycle
d’exploitation.
Les dettes d'exploitation comprennent notamment les dettes fournisseurs (sauf les
fournisseurs d'immobilisations), les clients créditeurs (avances et acomptes reçus), la
TVA à décaisser, les dettes envers le personnel et envers les organismes sociaux, les
dettes fiscales (sauf les dettes d'impôts sur les bénéfices).
Les dettes hors exploitation comprennent notamment les dettes envers les fournisseurs
d'immobilisations, les dettes envers les associés (dividendes à payer, etc.), les dettes
relatives aux impôts sur les bénéfices.
 Les écarts de conversion doivent être éliminés aussi bien à l’actif du bilan qu’au passif. En
contrepartie, les créances et les dettes concernées par ces écarts doivent être ramenées à
leur valeur d’origine.

b) les retraitements d'éléments hors bilan

Certains éléments ne figurant pas dans le bilan comptable doivent être intégrés dans le bilan
fonctionnel. Ce sont les effets escomptés non échus et les biens financés par crédit-bail36.

 Les EENE
En réalité, le montant des EENE correspond à un financement bancaire à court terme
effectivement obtenu par l'entreprise37. D'autre part, l'encours de crédit octroyé par l'entreprise
à sa clientèle inclut l'ensemble des créances non encore échues. Le montant des créances en
cours sur la clientèle et qui ont pesé sur les besoins de financement de l'entreprise englobe non
seulement celles qui sont inscrites au bilan mais également celles qui ont été remises à
l'escompte. En conséquence, les EENE doivent être réintégrés dans les créances
d'exploitation. En contrepartie, le même montant doit être ajouté aux passifs de trésorerie.
 Le crédit-bail
Le crédit-bail est une formule de location d'un bien avec différentes options en fin de bail
(acquisition, restitution au bailleur ou poursuite de la location), se substituant à une opération
d'acquisition en toute propriété financée grâce à un emprunt. L'entreprise locataire, parce
qu'elle n'est pas propriétaire du bien, ne peut le faire figurer à l'actif de son bilan comptable.
Néanmoins, elle utilise ce bien comme si elle en était propriétaire. Il apparaît donc logique,
d'un point de vue économique, de considérer les biens utilisés dans le cadre d'un contrat de
crédit-bail comme des investissements et de les réintégrer dans le bilan. Cette réintégration
peut se faire comme suit :
- la valeur d'acquisition (s'il avait été acheté) du bien est inscrite dans les emplois longs;
- les amortissements correspondants (qui auraient été constatés s'il avait été acheté) sont
inscrits dans les ressources stables;
- la valeur nette est inscrite en dettes financières.

4) Fonds de roulement, besoin en fonds de roulement et trésorerie nette

Fonds de roulement (FR) = ressources stables - immobilisations brutes

Le FR a pour fonction de financer le BFR d’exploitation (le FR doit couvrir le BFRE).

BFR d'exploitation (BFRE) = actifs d'exploitation - dettes d'exploitation


36
Le retraitement des opérations de crédit-bail se fait à partir des informations données dans l’annexe. Les biens
financés par crédit-bail doivent également être intégrés dans le bilan liquidité (cf. I).
37
L'escompte étant un substitut financier du découvert.

33
Le BFRE représente le besoin de financement engendré par les opérations d’exploitation. Les
entreprises industrielles ont généralement un Besoin en Fonds de Roulement d'exploitation
important. Les entreprises commerciales peuvent avoir, au contraire, un BFRE négatif. C'est
notamment le cas des entreprises de grande distribution qui ont souvent des ressources
d'exploitation importantes car la durée de crédit qui leur est accordée par les fournisseurs est
élevée alors que la plupart de leurs clients paient comptant.

BFR hors exploitation (BFRHE) = actifs hors exploitation - dettes hors exploitation

Les créances et les dettes hors exploitation constituent des emplois et des ressources
transitoires, exceptionnels ou instables. Ces créances et ces dettes sont regroupées dans une
rubrique résiduelle, le besoin en fonds de roulement hors exploitation (BFRHE). Le BFRHE
est donc un emploi net ou une ressource nette transitoire ou instable. En général, le BFRHE
est d'un montant peu élevé par rapport au BFRE. Le regroupement du BFRE et du BFRHE
constitue le besoin en fonds de roulement global (BFR global).

BFR global = BFRE + BFRHE

Dans la suite du cours, pour simplifier, on considérera que le BFRHE est négligeable.

A partir du bilan fonctionnel, il est possible de faire apparaître une autre notion : la trésorerie
nette (TN).

TN = FR - BFR

La trésorerie nette, compte tenu des identités comptables, peut également être mesurée de la
manière suivante :

TN = actifs de trésorerie - passifs de trésorerie

La trésorerie apparaît de façon résiduelle. Elle mesure le degré d'ajustement du FR au BFR.


Elle peut être positive ou négative38. Si, en dépit d'une trésorerie négative, l'entreprise a pu
éviter la défaillance, c'est tout simplement qu'elle a pu bénéficier de concours bancaires
courants (ce que l'on appelle encore justement des crédits de trésorerie) lui procurant les
disponibilités nécessaires pour honorer ses échéances.

Si la trésorerie nette est négative, des concours bancaires courants financent des emplois
stables. Cette structure financière est défavorable car l'entreprise est tributaire de crédits de
trésorerie dont le renouvellement n'est pas certain, le risque de faillite est important39.

Au total, six situations de trésorerie sont possibles :

38
Si le FR est supérieur au BFR, la trésorerie nette est positive. En revanche, si le FR est inférieur au BFR, la
trésorerie nette est négative.
39
En théorie, pour effectuer le diagnostic, il est nécessaire de neutraliser l’incidence du BFRHE qui constitue
souvent une ressource nette transitoire. Il faut alors évaluer une trésorerie théorique à partir de laquelle sera
établi le diagnostic : Trésorerie théorique = FR - BFRE.

34
 Situation n°1

BFR+
FR+
TN+

L’entreprise dispose d’un fonds de roulement positif supérieur à son besoin en fonds de
roulement : sa trésorerie est positive ; il s’agit là d’une situation a priori satisfaisante, sous
réserve cependant que la trésorerie soit correctement utilisée, c’est-à-dire placée dans les
conditions satisfaisantes de rémunération.

 Situation n°2

FR+
BFR+
TN-

L’entreprise dispose d’un fonds de roulement positif mais insuffisant pour couvrir son besoin
en fonds de roulement : sa trésorerie est négative. Cette situation est souvent celle
d’entreprises, éventuellement nouvelles, connaissant une forte croissance de leur activité et,
corrélativement, de leur besoin en fonds de roulement ; et qui n’ajustent qu’avec retard leur
fonds de roulement à ce besoin.

 Situation n°3

FR+
TN+
BFR-

L’entreprise dispose encore d’un fonds de roulement positif, mais a, de plus, un besoin en
fonds de roulement négatif (en d’autres termes, ses opérations d’exploitation lui procurent des
ressources) : sa trésorerie est positive ; cette situation est évidemment très favorable et, en
plaçant sa trésorerie, l’entreprise réalise des produits financiers qui améliorent sa rentabilité.
Certaines entreprises dans cette situation parviennent à couvrir des pertes d’exploitation grâce
à des produits financiers.

35
 Situation n°4

FR-
TN-
BFR+

L’entreprise a un fonds de roulement négatif, un besoin en fonds de roulement positif et,


donc, une trésorerie négative. Une telle situation est généralement le symptôme d’une
rentabilité insuffisante et de graves difficultés.

 Situation n°5

FR-
BFR-
TN+

L’entreprise a un fonds de roulement négatif, mais inférieur en valeur absolue à un besoin en


fonds de roulement négatif ; sa trésorerie est positive. Situation paradoxale qui est celle de
certaines sociétés exploitant des hypermarchés : leur formule d’exploitation leur permet en
effet de tirer de leurs opérations d’exploitation des ressources suffisamment stables pour leur
permettre de financer une partie de leurs immobilisations.

 Situation n°6

BFR-
FR-
TN-

L’entreprise a un fonds de roulement négatif et supérieur en valeur absolue à un besoin en


fonds de roulement négatif : sa trésorerie est négative. Cette situation est, comme la situation
n°4, le symptôme de difficultés.

5) Les causes d'une dégradation de la trésorerie

Il est nécessaire de déborder le cadre de l’analyse statique du risque de défaillance pour


pouvoir comprendre comment une entreprise peut se retrouver avec des difficultés de
trésorerie.

TN = FR - BFR  TN = FR - BFR

FR < BFR  TN < 0

Causes possibles d'une dégradation de la trésorerie nette :

36
- une réduction du FR;
- une augmentation du BFR;
- une conjonction de ces deux facteurs.

51) Les variables explicatives de l'évolution du BFR

Principales variables explicatives de l'évolution du BFR :


- le niveau d'activité;
- la gestion du cycle d'exploitation.

Il est clair que si la production et les ventes augmentent alors le BFR augmente. Toutes
choses égales par ailleurs, tant que la nature de l'activité de l'entreprise ne change pas, le BFR
reste sensiblement proportionnel au chiffre d'affaires.

Une modification dans le temps du ratio40 BFR / CAHT invite l'analyste à s'intéresser à la
gestion du cycle d'exploitation, c'est à dire aux délais caractéristiques de cette gestion : le
délai de stockage, le délai de crédit-clients et le délai de crédit-fournisseurs.

Un allongement du délai de stockage ou du délai de crédit accordé aux clients augmente le


BFR. A l'inverse, une réduction de ces délais, diminue le BFR. De la même façon,
l'augmentation du délai de crédit-fournisseurs le diminue; et une réduction de ce même délai
l'accroît. L'interprétation de l'évolution de ces délais renvoie à des considérations de nature
technique ou commerciale.

- le délai du crédit-clients (durée du crédit-clients)

Créances clients (+ EENE)


 360 = nombre de jours de CA TTC
Chiffre d' affaires annuel TTC

ou, si on veut être plus précis :

Créances moyennes
 360
Chiffre d' affaires annuel TTC

créances moyennes = 1/2 (créances début exercice + créances fin exercice)

Ce ratio mesure la durée moyenne du crédit accordé par l’entreprise à ses clients.

Si le délai du crédit-clients augmente dans le temps, la situation est défavorable. De même, la


situation est défavorable, si le délai observé dans une entreprise est supérieur au délai moyen
du secteur. Une situation défavorable peut s'expliquer par plusieurs raisons :
- l'entreprise n'est pas en position de force vis à vis de ses clients;
- les clients ont des difficultés de trésorerie;
- une mauvaise organisation dans le recouvrement et le suivi des paiements;
etc.

- le délai du crédit-fournisseurs

40 BFR  360
On peut également calculer le BFR en jours de CA HT :
CAHT

37
Dettes (moyennes) fournisseurs
 360 = nombre de jours d' achats TTC
Achats annuels TTC

Ce ratio mesure la durée moyenne du crédit accordé à l’entreprise par ses fournisseurs.

Si le ratio diminue dans le temps, la situation est défavorable. De même, si la durée observée
dans une entreprise donnée est inférieure à la durée moyenne du secteur, la situation est
défavorable.

Une situation défavorable peut s'expliquer par un faible pouvoir de négociation de l'entreprise
vis à vis de ses fournisseurs.

- les délais d’écoulement des stocks

Il s’agit de mesurer la durée moyenne de séjour des biens (marchandises, matières premières
et produits) dans l’entreprise.

Stocks de marchandises :

Stocks (moyens) de marchandises


 360
Coût annuel d' achat des marchandises vendues

coût d’achat des marchandises vendues = achats de marchandises HT + variation des stocks
de marchandises

Stocks de matières premières :

Stocks (moyens) de matières premières


 360
Coût annuel d' achat des matières consommées

Coût d’achat des matières consommées = achats de matières HT + variation des stocks
de matières

Stocks de produits finis41 :

Stocks (moyens) de produits finis


 360
Coût annuel de production des produits vendus

Si les délais dans une entreprise donnée sont supérieurs aux délais moyens des entreprises du
secteur, la situation est défavorable. Elle peut s’expliquer par :
- une mauvaise gestion des stocks (sur-stockage);
- des difficultés d’écoulement des marchandises ou des produits...

52) Analyse des évolutions du Fonds de Roulement42

41
En toute rigueur, l’évaluation du coût de production des produits vendus relève de la comptabilité analytique.
En l’absence d’une telle information, l’analyste financier peut l’évaluer approximativement à partir des données
de la comptabilité générale. Plus simplement, en pratique, on lui substitue souvent le CA HT (stocks de produits
finis * 360 / CA HT).

38
Le fonds de roulement se trouve alimenté en continu par la CAF, mesurée ex post
approximativement par les dotations aux amortissements et aux provisions augmentées du
résultat net. Les dotations aux amortissements et aux provisions donnent naissance au stock
d'amortissements et de provisions qui figurent au bilan. La partie non distribuée du résultat
net donne naissance aux réserves.

Par ailleurs, il est modifié ponctuellement par les opérations affectant les immobilisations
(investissements et désinvestissements), le capital (augmentations), les emprunts (nouvelles
émissions et remboursements).

Quelles sont les causes possibles d'une dégradation du fonds de roulement ?


- Peut-être l'entreprise a-t-elle lancé un programme d’investissement trop ambitieux eu égard
à sa capacité de financement?
- Peut-être a-t-elle été trop timorée quant aux recours à des ressources stables, compte tenu
des besoins de financement stables induits par son activité?
- Peut-être a-t-elle dégagé un autofinancement insuffisant (pertes importantes)?
etc.

53) Scénarios conduisant à une dégradation de la trésorerie

 La croissance trop rapide et non maîtrisée.

CA

BFR

TN < 0
FR

temps

L'entreprise voit son chiffre d'affaires augmenter très rapidement. Le BFR suit en parallèle
l'évolution du CA. En revanche, malgré une bonne rentabilité, le FR croît plus lentement. Il
s'ensuit des difficultés de trésorerie.

 La croissance non contrôlée

CA

BFR

42
Cf. le chapitre suivant pour une analyse plus détaillée.

TN < 0
39

FR
Dans ce cas, le développement de l'entreprise s'apparente à une "fuite en avant". Pour
accroître son chiffre d'affaires, l'entreprise augmente son crédit client et elle accorde des
réductions de prix qui viennent diminuer sa marge. En conséquence, le BFR augmente plus
que proportionnellement au CA et le FR ne s'accroît que faiblement en raison d'une rentabilité
devenue plus faible. Ici, la crise de trésorerie est extrêmement brutale.

 L'accumulation de pertes

CA

BFR
TN < 0

FR
temps

Les pertes accumulées sur plusieurs exercices conduisent à faire régulièrement décroître le
FR. La trésorerie se creuse tout aussi régulièrement.

 Le retard sur investissements : succès ou échec

- succès
CA

BFR

TN < 0

40

temps
FR

- échec
CA

BFR

TN < 0

FR

temps

L'entreprise connaît une structure financière équilibrée, mais a négligé de procéder aux
investissements nécessaires pour assurer son développement futur. Elle décide de rattraper
son retard et procède à des investissements massifs. Il s'ensuit une baisse mécanique et brutale
du FR. Si les investissements sont à l'origine d'un regain de croissance dans le futur, le BFR
va augmenter dans un second temps. L'entreprise, fragilisée par la contraction de son FR, est
alors exposée à une crise de liquidité. Une variante de ce scénario consiste à imaginer un
échec dans le choix des investissements (par exemple, lors d'un lancement d'un nouveau
produit). Des pertes viennent alors poursuivre la diminution du FR et creuser une trésorerie de
plus en plus négative.

 La réduction d’activité

CA

BFR
TN < 0

FR
41 temps
En cas de réduction d’activité, le CA baisse régulièrement, cependant le BFR diminue moins
que proportionnellement en raison de rigidités (stocks invendus). Le plus souvent, en cas de
réduction forte de l’activité, le point mort d’exploitation baisse moins rapidement que le CA.
D’où l’apparition de pertes grandissantes qui conduisent à une contraction du FR. Ce scénario
catastrophe aboutit logiquement à la défaillance.

6) Critique de l’analyse fonctionnelle

Il résulte de l’analyse fonctionnelle qu’une entreprise ne peut être viable avec une trésorerie
structurellement négative. Cependant, l’observation des structures financières des entreprises
françaises montre que nombre d’entre elles ont connu des trésoreries structurelles négatives
sur de longues périodes sans encourir pour autant un risque de faillite important. L’analyse
fonctionnelle appliquée strictement conduit le plus souvent à surévaluer le risque, car elle
suppose la précarité des CBC. Or, certains de ces concours sont renouvelés de façon quasi
automatique, en fonction notamment des prévisions d’activité, et le financement d’une bonne
partie du BFRE est souvent garanti.

En réalité, en pratique, les établissements financiers utilisent des seuils critiques fondés sur
l’importance des CBC ou sur le niveau de couverture du BFRE. Normes fréquemment
utilisées en pratique :
1. Les CBC doivent être inférieurs à deux mois (ou trois mois selon les établissements) de
chiffre d’affaires ou être inférieurs à la moitié du BFRE ;
2. Le Fonds de Roulement fonctionnel doit être supérieur à 50% du BFRE.

De telles normes restent cependant arbitraires. Le niveau du FR souhaitable dépend


notamment du risque de faillite que les prêteurs sont disposés à supporter.

42
Chapitre IV - L'analyse dynamique du risque de défaillance

On ne peut évidemment se contenter d’un constat de situation. On a vu que l’interprétation de


la situation de trésorerie de l’entreprise à un moment donné exigeait que l’on examine, par
confrontation de bilans successifs, les évolutions respectives du besoin en fonds de roulement
et du fonds de roulement. Il est possible de dynamiser davantage l’analyse et de l’approfondir
en faisant appel à des tableaux de financement ou de flux.

Au-delà de principes communs d’élaboration, il existe, du point de vue de leur présentation,


une grande variété de tableaux de financement et de flux. On peut cependant les classer en
deux grandes catégories : les tableaux de financement fonctionnels, parmi lesquels le tableau
proposé par le PCG 1982 ; les tableaux de flux de trésorerie d’inspiration anglo-saxonne,
parmi lesquels un tableau préconisé par l’ordre des experts-comptables (OEC).

I) Flux d'emplois et flux de ressources

Le bilan comptable peut être considéré comme l'état à un moment donné des stocks d'emplois
et des stocks de ressources dont dispose l'entreprise. La mise en évidence des flux d'emplois et
de ressources engendrés au cours de l'exercice peut donc s'appuyer sur la confrontation, ligne
par ligne, du bilan de fin d'exercice avec le bilan de début d'exercice.

Du bilan différentiel...

Cette confrontation se fait par différence : on élabore ce qu'il est convenu d'appeler un bilan
différentiel ou une balance des mutations de valeurs.

UN EXEMPLE DE BILAN DIFFERENTIEL


Bilan à la fin de Bilan à la fin de
l'exercice N-1 l'exercice N Bilan
(avant affectation) (avant affectation) différentiel
Actif
Immobilisations brutes 27 500 34 300 + 6 800
Amortissements 15 200 16 700 + 1 500
Immobilisations nettes 12 300 17 600 + 5 300
Stocks 9 600 8 500 - 1 100
Créances d'exploitation 5 400 7 200 + 1 800
Créances diverses 1 350 1 450 + 100
Disponibilités 940 560 - 380
Passif
Capital 10 000 12 000 + 2 000
Réserves 7 000 7 400 + 400
Résultat 1 000 1 700 + 700
Emprunts et dettes 7 550 5 150 - 2 400
Dettes fournisseurs 2 810 7 530 + 4 720
Dettes diverses 1 230 1 530 + 300
Informations complémentaires : la rubrique "emprunts et dettes" comprend des concours
bancaires courants d'un montant de 1 400 à la fin de l'exercice N-1 et de 2 150 à la fin de
l'exercice N; l'entreprise considérée a pour politique constante de distribuer 60% de son
bénéfice net sous la forme de dividendes.

43
... au tableau de financement

On procède ensuite à une classification des différences calculées en flux d'emplois et en flux
de ressources selon qu'elles sont censées correspondre à une sortie ou à une entrée de fonds,
immédiate ou différée; on obtient ainsi un tableau de financement.

L'INVENTAIRE DES FLUX D'EMPLOIS ET DES FLUX DE RESSOURCES D'UNE


PERIODE : LE TABLEAU DE FINANCEMENT
Flux d'emplois Montants Flux de ressources Montants
Dividendes distribués 600 Dotations aux amortissements 1 500
Investissement en immobilisations 6 800 Résultat net de l'exercice 1 700
Remboursements d'emprunt 2 400 Capacité d'autofinancement 3 200
Croissance des créances Augmentation du capital 2 000
d'exploitation 1 800
Croissance des créances diverses 100 Réduction des stocks 1 100
Croissance des dettes 4 720
fournisseurs
Croissance des dettes diverses 300
Total des flux de ressources 11 320
Réduction des disponibilités 380
Total des flux d'emplois 11 700 Total des flux de ressources 11 700

Cette analyse obéit à une logique générale très simple : l'augmentation d'un poste d'actif
correspond à un emploi, l'augmentation d'un poste de passif à une ressource; inversement, la
diminution d'un poste de passif correspond à un emploi et la diminution d'un poste d'actif à
une ressource.

Emplois Ressources
Augmentations d'actif Diminutions d'actif
Diminutions de passif Augmentations de passif

Toutefois, certaines variations peuvent exiger une analyse plus détaillée ou poser des
problèmes d'interprétation.
Ainsi, la variation des immobilisations brutes est la somme algébrique de flux d'acquisition
(investissements) et de flux de cessions (désinvestissements) :

Immobilisations Immobilisations Acquisitions Cessions


brutes de - brutes de = (au prix - (au prix
fin de période début de période d'acquisition) d'acquisition)

Un tableau de l'annexe permet de connaître le montant respectif des acquisitions et des


cessions de la période et d'éclater la variation des immobilisations en emplois (les
acquisitions) et en ressources (les cessions).

 La variation des amortissements, de la même façon, correspond aux dotations de la


période diminuées des amortissements relatifs aux immobilisations cédées.
Amortissements Amortissements Dotations Amortissements
de fin - en début = de la - des cessions
de période de période période

44
Là encore, un tableau de l'annexe indique le montant des dotations de la période et celui des
amortissements correspondant aux cessions. Les dotations aux amortissements ne mesurent
pas en elles-mêmes un flux financier; elles ne sont en effet qu'une estimation des
dépréciations subies par les immobilisations de l'entreprise au cours de l'exercice et cette
estimation n'a aucune conséquence sur les disponibilités de l'entreprise. Néanmoins, on les fait
généralement apparaître en ressources dans le tableau de financement comme élément du
calcul de la capacité d'autofinancement.
Ainsi, dans le tableau de financement, nous avons :
Dotations aux amortissements 1 500
+ bénéfice de l'exercice 1 700
= capacité d'autofinancement 3 200
La CAF mesure le flux de ressources internes43 dégagé par l'activité de l'entreprise.

 La variation du capital peut poser des problèmes d'interprétation dans la mesure où il


existe diverses modalités d'augmentation de capital. Ces diverses modalités n'ont pas toutes la
même signification financière. Une augmentation en numéraire donne, par définition,
naissance à un flux de ressources qui doit apparaître au tableau de financement. En revanche,
une augmentation par incorporation de réserves procède d'un simple virement comptable sans
signification financière; et, en principe, on ne fait pas apparaître le flux correspondant dans le
tableau de financement. Dans le tableau de la page 43, dans la mesure où les réserves n'ont
pas varié pendant l'exercice, on a supposé que l'augmentation de capital s'était faite en
numéraire.

 La variation des réserves correspond en général à la partie non distribuée du


bénéfice. Dans cette hypothèse, elle ne correspond pas à une ressource nouvelle puisque
l'entreprise a déjà la disposition de son bénéfice, lequel est produit par ses activités tout au
long de la période comptable. En conséquence, on ne la fait pas figurer dans le tableau des
emplois et des ressources, pas plus que la partie correspondante du bénéfice. En revanche, la
partie distribuée de ce dernier doit y figurer en emplois; dans notre exemple, compte tenu du
taux de distribution indiqué, elle s'élève à 600.

 La variation des emprunts, quant à elle, est le plus souvent la somme algébrique
d'emprunts nouveaux et de remboursements d'emprunts antérieurs. Lorsqu'il est possible de
connaître leurs montants respectifs, on fait apparaître les emprunts nouveaux en ressources et
les remboursements d'emprunts antérieurs en emplois. Dans le tableau de la page 43, nous
avons supposé que la variation négative des emprunts résultait exclusivement de
remboursements.

 La variation des disponibilités peut s'interpréter mécaniquement. Les disponibilités


figurent à l'actif du bilan : leur augmentation constitue donc un emploi pour l'entreprise et leur
diminution, une ressource. Mais on peut également considérer que leur variation est la
résultante de l'ensemble des flux financiers de la période et égale, par conséquent, la
différence, positive ou négative, entre le total des emplois et le total des ressources. Dans le
tableau de la page 44, il apparaît que l'entreprise a pu compenser l'insuffisance de ses
ressources (11 320) par rapport à ses emplois (11 700) en effectuant un prélèvement de 380
sur ses disponibilités de début de période.

43
L'entrée de fonds (potentielle) d'origine interne.

45
Le tableau de la page 44 n'est en définitive qu'une simple liste des flux d'emplois et des flux
de ressources de la période. En pratique, on utilise des tableaux plus structurés choisis en
fonction de l'orientation particulière que l'on souhaite donner à l'analyse de la dynamique
financière de l'entreprise. En fonction de leur structuration et de la conception financière de
l'entreprise qu'ils véhiculent, on peut distinguer deux grandes catégories de tableaux : les
tableaux fonctionnels et les tableaux de flux de trésorerie.

II) Les tableaux de financement fonctionnels

Ces tableaux sont les homologues des bilans dits fonctionnels et expriment la même logique
financière. Le tableau des emplois et des ressources (tableau de financement) du PCG, utilisé
par de nombreuses entreprises, appartient à cette catégorie de tableaux.

L’intérêt du tableau de financement du PCG réside dans le fait qu’il permet d’identifier les
causes précises de la variation du fonds de roulement et de la variation du besoin en fonds de
roulement. Le tableau de financement permet donc d’identifier (d’expliquer) les causes de la
variation de la trésorerie nette.

1) Structuration et interprétation

Ils reprennent en dynamique les mêmes notions et vérifient la même relation fondamentale.

Variation Variation Variation


du fonds = des ressources - des
de roulement stables immobilisations

Variation du Variation Variation Variation


besoin en fonds = des + des - des dettes envers
de roulement stocks créances les fournisseurs

Variation Variation Variation du


de la = du fonds de - besoin en fonds
trésorerie roulement de roulement

Ainsi, le tableau de la page 44 peut aussi être organisé à partir de cette relation fondamentale:

46
SCHEMA DE TABLEAU DE FINANCEMENT FONCTIONNEL
Flux de ressources stables
- Capacité d'autofinancement 3 200
- Augmentation de capital 2 000
Flux d'emplois stables
- Dividendes distribués - 600
- Investissements en immobilisations - 6 800
- Remboursement d'emprunts - 3 150
I - Variation du fonds de roulement fonctionnel - 5 350
- Croissance des créances d'exploitation 1 800
- Réduction des stocks - 1 100
- Croissance des dettes fournisseurs - 4 720
II - Variation du BFR d'exploitation - 4 020
- Croissance des créances diverses 100
- Croissance des dettes diverses - 300
III - Variation du BFR hors exploitation - 200
IV - Variation du BFR global (II+III) - 4 220
V - Variation de la trésorerie (I-IV) - 1 130
+ Variation des concours bancaires + (+ 750)
= Variation des disponibilités - 380

- la variation du fonds de roulement est la résultante des flux d'emplois et de ressources qui
affectent les ressources stables (capacité d'autofinancement, augmentations de capital,
nouveaux emprunts, remboursements d'emprunts...) et les immobilisations brutes
(investissements, désinvestissements, prises et cessions de participation...);

- la variation du besoin en fonds de roulement global est la résultante des flux d'emplois et de
ressources induits par les opérations courantes d'exploitation (variation du besoin en fonds de
roulement d'exploitation) et hors exploitation (variation du besoin en fonds de roulement hors
exploitation);

- la variation de la trésorerie, quant à elle, est la résultante de la variation du fonds de


roulement et de la variation du besoin en fonds de roulement; on peut aussi la calculer par
différence entre la variation des disponibilités et la variation des concours bancaires courants.

Il est à remarquer que la confection d'un tableau de financement fonctionnel suppose que les
concours bancaires courants qui participent à la détermination de la trésorerie nette soient
extraits des emprunts et des dettes auprès des établissements de crédits. Compte tenu des
informations données en bas du bilan ou dans l'annexe, cette extraction ne fait aucun
problème sur notre exemple.

A la fin de A la fin de Bilan


l'exercice N-1 l'exercice N différentiel
Emprunts et dettes 7 550 5 150 - 2 400
- concours bancaires 1 400 2 150 + 750
= emprunts et dettes 6 150 3 000 - 3 150
(hors concours bancaires)

L'interprétation d'un tableau de financement fonctionnel consiste à rechercher les causes de la


variation de trésorerie. Ainsi, dans notre exemple ci-dessus, la trésorerie diminue de 1 130;

47
cette diminution est la résultante d'une réduction du fonds de roulement et d'une réduction du
besoin en fonds de roulement. Manifestement, l'entreprise considérée n'a pas mobilisé
suffisamment de ressources stables pour financer les investissements qu'elle a réalisés; les
causes d'une telle situation peuvent être multiples : faiblesse dans l'absolu de la CAF,
mauvaise synchronisation entre emplois stables et ressources stables (pas de plan
d'investissement ni de financement), investissements réalisés pour saisir une opportunité...
Bien qu'elle ait réduit son besoin en fonds de roulement (et notamment son besoin en fonds de
roulement d'exploitation), elle a dû faire face à un besoin de trésorerie de 1 130, supérieur au
montant des disponibilités (940) dont elle disposait à la fin de l'exercice N-1. Ce qui l'a
conduit à solliciter des concours bancaires à hauteur de 750. En définitive, le maintien de son
équilibre financier se traduit par une ponction de 380 sur ses disponibilités de début de
période.

2) Le tableau des emplois et ressources (tableau de financement) du PCG

Dans son système documentaire développé, système dont les éléments sont d'usage facultatif,
le PCG propose un modèle de tableau des emplois et des ressources. Ce modèle peut être
présenté en tableau ou en liste, mais quel que soit son mode de présentation, son contenu reste
le même et vérifie la relation fondamentale :

Variation Variation Variation du


de la = du fonds de - besoin en fonds
trésorerie roulement de roulement

Toutefois, sa variable pivot n'est pas la variation de la trésorerie, mais la variation du fonds de
roulement :
Variation Variation Variation du
du fonds de = de la + besoin en fonds
roulement trésorerie de roulement

Il comprend deux parties.

Dans la première partie, intitulée "Calcul de la variation du fonds de roulement net global",
sont inventoriés les flux de ressources "durables" (stables) et d'emplois stables qui ont affecté
le fonds de roulement pendant l'exercice.

Les flux de ressources stables comprennent : la capacité d'autofinancement de l'exercice, les


cessions ou réductions d'éléments de l'actif immobilisé, les augmentations de capitaux
propres, l'augmentation des dettes financières. Les flux d'emplois stables, quant à eux,
comprennent : les distributions mises en paiement au cours de l'exercice (et relatives au
bénéfice de l'exercice précédent), les acquisitions d'éléments de l'actif immobilisé, les
réductions des capitaux propres, les remboursements de dettes financières.

Par différence entre le total de ces flux de ressources stables et le total de ces flux d'emplois,
on détermine la variation du fonds de roulement net global. Cette variation mesure une
ressource nette si elle est positive, et un emploi net si elle est négative.

48
TABLEAU DES EMPLOIS ET DES RESSOURCES DU PCG (1re partie)
Calcul de la variation du fonds de roulement net global Exercice Exercice
N-1 N
Ressources durables
Capacité d'autofinancement de l'exercice.....................................
Cessions ou réductions d'éléments de l'actif immobilisé :
Cessions d'immobilisations :
- incorporelles .........................................................................
- corporelles ............................................................................
Cessions ou réductions d'immobilisations financières ...........
Augmentation des capitaux propres :
Augmentation de capital ou apports ............................................
Augmentation des autres capitaux propres ..................................
Augmentation des dettes financièresa b........................................
Total des ressources (I) .....................................................................

Emplois stables
Distributions mises en paiement au cours de l'exercice ..............
Acquisitions d'éléments de l'actif immobilisé :
Immobilisations incorporelles ................................................
Immobilisations corporelles ...................................................
Immobilisations financières ...................................................
Charges à répartir sur plusieurs exercicesc ……………………..
Réductions des capitaux propres (réduction de capital, retraits)..
Remboursements de dettes financièresa ......................................
Total des emplois (II) .......................................................................
Variation du fonds de roulement net global :
Ressource nette (I-II) ................................................................... + +
ou
Emploi net (II-I) ........................................................................... - -
a. Sauf concours bancaires courants et soldes créditeurs de banques.
b. Hors primes de remboursement des obligations.
c. Montant brut transféré dans l’exercice.

49
TABLEAU DES EMPLOIS ET DES RESSOURCES DU PCG (2e partie)
Utilisation de la variation du fonds de roulement net global Exercice Exercice
N-1 N
Variations « Exploitation »
Variations des actifs d’exploitation :
Stocks et en-cours ..........................................................................
Avances et acomptes versés sur commandes ................................
Créances clients, comptes rattachés et autres créances
d’exploitation .................................................................................
Variations des dettes d’exploitation :
Avances et acomptes reçus sur commandes en cours ....................
Dettes fournisseurs, comptes rattachés et autres dettes
d’exploitation .................................................................................
A. Besoin de l’exercice en fonds de roulement
pour l’exploitation ..................................................................... - -
ou
Dégagement de fonds de roulement par l’exploitation
au cours de l’exercice ................................................................ + +

Variations « hors exploitation » :


Variations des autres débiteurs ...........................................................
Variations des autres créditeurs ..........................................................
B. Besoin de l’exercice en fonds de roulement
« hors exploitation » .................................................................. - -
ou
Dégagement de fonds de roulement « hors exploitation »
au cours de l’exercice ................................................................ + +

Variations « trésorerie » :
Variations des disponibilités ...............................................................
Variations des concours bancaires courants et des soldes
créditeurs de banques ..........................................................................
C. Variation nette de trésorerie ................................................. + ou - + ou -

Utilisation de la variation du fonds de roulement net global (A+B+C) :


Emploi net ........................................................................................... - -
ou
Ressource nette ................................................................................... + +

Dans la second partie, intitulée "Utilisation de la variation du fonds de roulement net global",
sont inventoriés les flux d'emplois et de ressources qui déterminent, d'une part, la variation du
besoin en fonds de roulement et, d'autre part, celle de la trésorerie; en faisant la sommation
des deux variations, on retrouve la variation du fonds de roulement calculée dans la première
partie. Dans cette seconde partie, les flux d'emplois (augmentations des stocks et des créances,
diminutions des dettes) affectant le besoin en fonds de roulement sont assortis du signe (-);
inversement, les flux de ressources (diminution des stocks et des créances, augmentation des
dettes) sont assortis d'un signe (+). Conséquence de cette convention : une augmentation du
besoin est affectée du signe (-) et une diminution (un "dégagement") est affectée du signe (+);
il s'ensuit que le signe de l'"utilisation de la variation du fonds de roulement net global"
(seconde partie) est l'opposé de celui de la variation (1re partie).

50
III) Les tableaux de flux de trésorerie

Les tableaux de flux visent à mettre en évidence la contribution des différentes catégories
d'activités de l'entreprise à la variation globale de sa trésorerie au cours de l'exercice. L’Ordre
des experts-comptables (OEC), dans un avis de 1997 à l’intention de ses membres, préconise
un tel tableau de préférence à un tableau de type fonctionnel.

1) Analyse des flux de trésorerie : ETE et ETG

11) L'excédent de trésorerie d'exploitation (ETE)

L'ETE représente le flux de trésorerie (le surplus monétaire) généré par les opérations
d'exploitation. Il mesure la capacité de l'entreprise à produire de la trésorerie par son activité
d'exploitation.

ETE = produits d'exploitation encaissés - charges d'exploitation décaissées

1ère méthode de calcul

ETE (de l'exercice N) =


Produits d'exploitation encaissables (de l'exercice N)
- Charges d'exploitation décaissables (de l'exercice N)
+ Créances d'exploitation du bilan d'ouverture (31/12/N-1)
- Dettes d'exploitation du bilan d'ouverture (31/12/N-1)
- Créances d'exploitation du bilan de clôture (31/12/N)
+ Dettes d'exploitation du bilan de clôture (31/12/N)

51
Dettes Créances
d'exploitation d'exploitation
au 31/12/N-1 ETE au 31/12/N-1
de
l'exercice N
charges d'exploitation

Charges

produits d'exploitation
produits
d'exploitation d'exploitation
décaissées encaissés
décaissables

encaissables
dettes créances
d'exploitation d'exploitation
au 31/12/N au 31/12/N

concerneront la trésorerie
de l'exercice N+1

2ème méthode de calcul

L'ETE peut être calculé à partir de l'EBE et de la variation du BFRE.

ETE (de l'exercice N) = EBE (de l'exercice N) -  BFRE

EBE (de l'exercice N) =


Produits d'exploitation encaissables (de l'exercice N)
- Charges d'exploitation décaissables (de l'exercice N)
+ Stocks au 31/12/N
- Stocks au 31/12/N-1

 BFRE =
Créances d'exploitation au 31/12/N
- Créances d'exploitation au 31/12/N-1
- Dettes d'exploitation au 31/12/N
+ Dettes d'exploitation au 31/12/N-1
+ Stocks au 31/12/N
- Stocks au 31/12/N-1

52
ETE = EBE -  BFRE =
Produits d'exploitation encaissables (de l'exercice N)
- Charges d'exploitation décaissables (de l'exercice N)
+ Créances d'exploitation au 31/12/N-1
- Créances d'exploitation au 31/12/N
- Dettes d'exploitation au 31/12/N-1
+ Dettes d'exploitation au 31/12/N

Exemple :

Extrait du compte de résultat (de l'exercice N) de l'entreprise X :

Achats de Matières premières 700 Production vendue 1 700


Variation des stocks de MP - 100 Production stockée 200
Charges de personnel 300
DAP 300
Total des charges d'exploitation 1 200 Total des produits d'exploitation 1 900
Résultat d'exploitation 700

Les informations suivantes sont extraites des bilans d'ouverture et de clôture :

Stock au 31/12/N-1 de matières premières 100


Stock au 31/12/N-1 de produits finis 300
Stock au 31/12/N de matières premières 200
Stock au 31/12/N de produits finis 500
Créances d'exploitation au 31/12/N-1 180
Créances d'exploitation au 31/12/N 280
Dettes d'exploitation au 31/12/N-1 100
Dettes d'exploitation au 31/12/N 140

Travail à faire : Calculer l’ETE de l’exercice N.

1ère méthode de calcul

Produits d'exploitation encaissables 1 700


- Charges d'exploitation décaissables - 1 000
+ Créances d'exploitation du bilan d'ouverture (31/12/N-1) + 180
- Dettes d'exploitation du bilan d'ouverture (31/12/N-1) - 100
- Créances d'exploitation du bilan de clôture (31/12/N) - 280
+ Dettes d'exploitation du bilan de clôture (31/12/N) + 140

ETE = 640

2ème méthode de calcul

ETE = EBE -  BFRE

Production de l'exercice = production vendue + production stockée


Production de l'exercice = 1 700 + 200 = 1 900

53
VA = production de l'exercice - consommations de l'exercice en provenance de tiers
VA = 1 900 - (700 - 100) = 1 300

EBE = VA - charges de personnel = 1 300 - 300 = 1 000

BFRE au 31/12/N-1 = 100 + 300 + 180 -100 = 480

BFRE au 31/12/N = 200 + 500 + 280 - 140 = 840

 BFRE = 840 - 480 = 360

ETE = EBE -  BFRE = 1 000 - 360 = 640

L'EBE représente le flux de trésorerie potentiel généré par l'exploitation au cours de la


période. En revanche, l'ETE représente le flux de trésorerie réellement encaissé au cours de la
période. Le décalage entre l’ETE, flux de trésorerie et l’EBE, flux de trésorerie potentiel est
dû à la variation du BFRE.

La société X (cf. Exemple supra) secrète un EBE de 1 000 qui cependant n’entraîne pas une
variation de la trésorerie d’un montant équivalent. Sous la forme d’un accroissement des
créances clients et des stocks, la variation du BFRE a absorbé des liquidités pour un montant
de 360. L’ETE égal à 1 000 - 360 = 640 représente le montant des liquidités obtenues grâce
aux opérations d’exploitation.

Les variations des différents postes du BFRE proviennent, d’une part, des écarts entre les
achats et autres frais et les décaissements qu’ils induisent et, d’autre part, entre les ventes et
autres produits et les encaissements correspondants. Par ailleurs, les variations de stocks
trouvent leur origine dans les décalages entre l’engagement des coûts et leur récupération lors
des ventes44.

La relation qui lie l’ETE à l’EBE est fondamentale pour comprendre la différence entre
résultat et trésorerie, si on interprète abusivement l’EBE comme le résultat issu du cycle
d’exploitation45. Un résultat positif n’entraîne pas nécessairement une variation équivalente de
la trésorerie ; alors que l’EBE de la société X est de 1 000, l’ETE n’est que de 640. Le solde a
été absorbé dans le financement du cycle d’exploitation. Ce résultat confirme que l’EBE ne
constitue qu’un flux de trésorerie potentiel.

Une entreprise fortement bénéficiaire peut connaître simultanément et paradoxalement des


difficultés de trésorerie, si la variation du BFRE a été supérieure à l’EBE. Cette situation se
rencontre en particulier dans les entreprises qui connaissent une croissance très forte de leur
activité, lorsque l’EBE ne suffit pas à financer l’augmentation induite du BFRE.

Exemple :

44
L’EBE ne se retrouve pas en trésorerie à cause des décalages de règlement, ce qui est évident, mais également
à cause des variations de stocks. Prenons l’exemple d’une production stockée positive (augmentation des stocks
de produits). Cette production stockée est prise en compte dans le calcul de l’EBE, il s’agit d’un flux de
trésorerie potentiel. En effet, les produits mis en stocks seront ultérieurement vendus et l’argent sera encaissé.
L’encaissement est donc reporté à l’exercice suivant. D’un autre côté, l’entreprise a engagé des coûts pour
fabriquer les produits qui ont été mis en stocks et ces coûts ne seront récupérés que lors des ventes.
45
Le véritable résultat provenant du cycle d’exploitation est bien évidemment le résultat d’exploitation.

54
Une entreprise réalise une marge sur coût variable de 30% du chiffre d’affaires. Les charges
fixes d’exploitation (hors amortissement) sont évaluées à 50. Le BFRE représente 50% du
chiffre d’affaires hors taxes. Le chiffre d’affaires actuel (exercice N) s’élève à 200.

Travail à faire : Déterminer l’ETE (de l’exercice N+1) dans les hypothèses suivantes :
- croissance du chiffre d’affaires de 10% ;
- croissance du chiffre d’affaires de 25% ;
- croissance du chiffre d’affaires de 50%.

Exercice N H1 : croissance H2 : croissance H3 : croissance


de 10 % de 25 % de 50 %
CA HT 200 220 250 300
MSCV 60 66 75 90
Charges fixes 50 50 50 50
EBE 10 16 25 40
BFRE 100 110 125 150
 BFRE 10 25 50
ETE 6 0 - 10

Au total, l'ETE est à la fois un indicateur de performance et un indicateur du risque de


défaillance. Un ETE positif est à l'évidence une assurance contre la cessation de paiements.

En pratique, l’analyste financier s’intéressera aussi et surtout à l’évolution dans le temps de


l’ETE.

12) L'excédent de trésorerie globale (ETG)

L'ETG est une extension de la notion d'ETE aux produits et charges financiers et
exceptionnels. Il résulte des produits encaissés et des charges décaissées au cours d'une
période, du fait des opérations d'exploitation, financières et exceptionnelles. Ces opérations
concernent l'ensemble des produits encaissés et des charges décaissées à l'exception des
produits des cessions d'éléments d'actif.

En définitive, l'ETG mesure la contribution à la trésorerie de l'entreprise de l'ensemble des


opérations génératrices du résultat. En d'autres termes, l'ETG mesure la capacité de
l'entreprise à générer de la trésorerie par son activité globale (et non par sa seule activité
d'exploitation).

ETG = produits d'exploitation, financiers et exceptionnels encaissés (sauf produits des


cessions d'éléments d'actif) - charges d'exploitation, financières et exceptionnelles décaissées

55
1ère méthode de calcul

ETG = ETE
+ Transferts de charges
+ Produits financiers encaissables
- Charges financières décaissables
+ Produits exceptionnels encaissables (sauf produits des cessions d'éléments d'actif)
- Charges exceptionnelles décaissables
- Impôt sur les bénéfices
- Participation des salariés
+ Créances hors exploitation au 31/12/N-1
- Créances hors exploitation au 31/12/N
- Dettes hors exploitation au 31/12/N-1
+ Dettes hors exploitation au 31/12/N

Les postes hors exploitation ne comprennent cependant pas les créances sur cessions
d'immobilisations, les dettes sur fournisseurs d'immobilisations, et le poste Actionnaire,
Capital souscrit non versé (l'OEC les classe dans les opérations d'investissement et de
financement. Cf. Tableau de flux de l’OEC).

2ème méthode de calcul

Il est aussi possible de calculer l'ETG à partir de la CAF :

ETG = CAF -  BFR ( BFR =  BFRE +  BFRHE)

La variation du BFR doit exclure les postes du BFR relatifs aux opérations d'investissement et
de financement : Dettes sur fournisseurs d'immobilisations, Créances sur cessions
d'immobilisations et Actionnaires, capital souscrit appelé non versé.

Au total, l'ETG est, comme l'ETE, à la fois un indicateur de performance et un indicateur du


risque de défaillance (cf. Tableaux de flux de l’OEC).

2) Structuration et interprétation d’un tableau de flux

Comme nous l’avons déjà indiqué, les tableaux de flux visent à mettre en évidence la
contribution des différentes catégories d'activités de l'entreprise à la variation globale de sa
trésorerie au cours de l'exercice. Il existe de nombreux modèles de tableaux de flux de
trésorerie. Ils diffèrent essentiellement quant à la façon dont les opérations de l’entreprise sont
classées en catégories. La classification la plus fréquente consiste à distinguer les trois
grandes catégories d’opérations suivantes : les opérations génératrices du résultat, les
opérations d’investissement et les opérations de financement. Il s’agit alors d’élaborer un
document qui mette en évidence la contribution de chacune de ces trois grandes catégories
d’opérations.

Les opérations génératrices du résultat induisent (voir 1)) une variation de trésorerie qui
correspond à la capacité d’autofinancement après déduction de la variation du besoin en fonds
de roulement global.

56
Les opérations d’investissement induisent quant à elles une variation de trésorerie égale à la
différence entre les dépenses impliquées par les investissements et les recettes liées aux
désinvestissements de la période.

Les opérations de financement sont celles qui influent sur le niveau des ressources externes de
l’entreprise : augmentations et, éventuellement, réductions de ce capital ; paiements de
dividendes effectués au cours de l’exercice ; émissions et remboursements d’emprunts... Le
solde de toutes ces opérations mesure leur impact global sur la trésorerie de l’entreprise.

En fonction de cette classification, le tableau des flux de trésorerie correspondant à


l’application que nous avons utilisée ci-dessus (page 46) pour illustrer les tableaux de
financement fonctionnels peut se présenter comme suit

Flux de trésorerie lié aux opérations génératrices du résultat 7 420


Capacité d’autofinancement 3 200
- Variation du BFR global - (- 4 220)
Flux de trésorerie lié aux opérations d’investissement - 6 800
Flux de trésorerie lié aux opérations de financement - 1 750
Augmentations de capital 2 000
- Dividendes distribués - 600
- remboursement d’emprunts - 3 150
Variation globale de trésorerie - 1 130
+ Variation des concours bancaires courants + (+ 750)
= Variation des disponibilités - 380

Ce tableau montre que, grâce à une bonne gestion de son besoin en fonds de roulement,
l’entreprise considérée a dégagé un excédent de trésorerie d’exploitation de 7 420, nettement
supérieur à sa capacité d’autofinancement (3 200) et suffisant pour financer ses
investissements de la période (6 800). Si elle a dû faire appel à des nouveaux concours
bancaires courants (+ 750) et puiser dans ses disponibilités de début de période (- 380), c’est
parce qu’il lui a fallu effectuer des remboursements d’emprunts d’un montant (3 150)
supérieur à celui (2 000) de l’augmentation de capital qu’elle a par ailleurs réalisée.

Bien évidemment, ce genre de tableau prend tout son intérêt s’il est pluriannuel : il permet
alors de suivre au cours du temps la structure de la variation globale de trésorerie.

3) Le tableau des flux de trésorerie de l’OEC

Sa structure est celle qui vient d’être présentée

57
Tableau de flux de l'OEC
Flux de trésorerie liés à l’activité
Résultat net
Elimination des charges et produits sans incidence sur la trésorerie ou non
liés à l'activité :
 Amortissements et provisions (dotations nettes des reprises)1
- Plus-values de cession
= Marge brute d’autofinancement
- Variation du besoin en fonds de roulement lié à l’activité2
= Flux de trésorerie généré par l’activité (A)
Flux de trésorerie liés aux opérations d’investissement
- Acquisitions d’immobilisations3
+ Cessions d’immobilisations4
= Flux net de trésorerie liés aux opérations d’investissement (B)
Flux de trésorerie liés aux opérations de financement
- Dividendes versés
+ Augmentations de capital en numéraire5
+ Emissions d’emprunts
- Remboursements d’emprunts
= Flux net de trésorerie liés aux opérations de financement (C)
Variation de la trésorerie (A + B + C)
Trésorerie à l'ouverture (D)
Trésorerie à la clôture (A + B + C + D)
1
A l’exclusion des provisions sur actif circulant.
2
A détailler par grandes rubriques (stocks, créances d’exploitation, dettes d’exploitation).
3
Dépenses d’acquisitions = Acquisitions -  fournisseurs d’immobilisations
4
Recettes sur cessions = Cessions -  créances sur cessions d’immobilisations
5
Apports reçus des associés = apports en capital et prime d’émission -  capital non appelé -  capital appelé
non versé.

L’avis de l’OEC (1997) recommande de déterminer les flux de trésorerie liés à l’activité à
partir du résultat net comptable (démarche ascendante) en le corrigeant des charges et des
produits calculés (à l’exception des provisions et reprises de provisions sur actif circulant) de
façon à reconstituer une « marge brute d’autofinancement » (MBA). On déduit alors de cette
dernière la variation du BFR liée à l’activité. Cette recommandation conduit à faire deux
remarques :
- la MBA n’est pas conforme à la mesure de la CAF préconisée par le PCG. Elle en diffère de
par les provisions (moins les reprises) sur l’actif circulant46 ;
- de façon à avoir une estimation exacte du flux de trésorerie, il faut calculer le BFR lié à
l’activité à partir des montants nets des actifs liés à l’activité. On remarquera que cette option
conduit à une sous-estimation du BFR.

L’élaboration de ce tableau n’est cependant pas aussi codifiée que celle du tableau de
financement du PCG 82 et laisse à ses préparateurs un certain nombre de choix ; à titre
d’exemples :
- les produits des investissements financiers peuvent être classés soit parmi les flux de
trésorerie liés aux activités génératrices du résultat, soit parmi ceux liés aux opérations
d’investissement ;

46
Cf. Chapitre I.

58
- de même, les intérêts sur emprunts peuvent être classés soit parmi les flux de trésorerie liés
aux activités génératrices du résultat, soit parmi ceux liés aux opérations d’investissement.
Son interprétation suppose donc une lecture attentive des informations annexées qui
l’accompagne et précisent les choix qui ont guidé son élaboration.

Le principal intérêt du tableau de l’OEC est de calculer le flux de trésorerie généré par
l’activité. Ce flux correspond à l’excédent de trésorerie global (l’ETG). La comparaison de ce
flux avec le flux d’investissement permet d’évaluer le risque de défaillance de l’entreprise. En
pratique, il est souhaitable d’effectuer cette comparaison sur plusieurs exercices (au moins
trois exercices). Si le flux généré par l’activité ne permet pas de couvrir le flux
d’investissement, l’entreprise est considérée comme vulnérable car elle est structurellement
dépendante d’un financement auprès des prêteurs extérieurs (l’entreprise est contrainte de
s’endetter de plus en plus). Sa pérennité n’est pas durablement assurée par un équilibre des
flux de trésorerie.

Ce type de tableau doit toujours s’interpréter avec prudence. Il est par exemple normal qu’en
période de croissance et d’investissements importants, le flux généré par l’activité soit
insuffisant. L’entreprise a logiquement recours à des financements externes pour financer ses
investissements. Si les investissements sont rentables, ils généreront des flux de trésorerie
importants dans les années à venir.

IV) Les fonctions score (la fonction score de la Banque de France)

1) Principe et méthode des fonctions score

L'objectif des méthodes de scores est de faciliter le diagnostic en permettant de distinguer les
entreprises saines et celles qui sont en difficulté et présentent un risque de défaillance.
L'intérêt de la démarche est bien évidemment d'anticiper une défaillance future en observant
les entreprises a priori.

La Banque de France a ainsi distingué dans un échantillon global :


- les entreprises normales,
- les entreprises dites défaillantes qui ont connu dans les trois années suivantes une procédure
judiciaire, une disparition ou un changement de personne morale.

La méthode des scores vise à distinguer au mieux les deux sous-populations d'entreprises
normales et d'entreprises défaillantes en utilisant une valeur synthétique sur une échelle, dite
score.

59
La figure précédente illustre la bonne ou mauvaise capacité d'un score de distinguer une sous-
population A d'entreprises défaillantes et une sous-population B d'entreprises saines. Une
zone de recoupement limitée signifie que l'on minimise le risque de confusion de prendre une
entreprise saine pour défaillante et inversement.

La méthode statistique qui permet de construire une échelle de score est l'analyse
multidimensionnelle discriminante appliquée aux ratios financiers des entreprises. Parmi une
batterie de dix-neuf ratios47, il s'est agi de sélectionner ceux qui sont les plus pertinents pour
distinguer les deux sous-populations. On s'aperçoit, en effet, qu'il existe une redondance
certaine et que le diagnostic peut privilégier certains ratios aux dépens d'autres. De plus, le
poids respectif de chaque ratio n'est pas le même et il faut déterminer les coefficients de
pondération qui permettent se séparer au mieux les deux sous-populations. L'analyse
discriminante permet d'obtenir une combinaison linéaire des ratios les plus pertinents dans le
reclassement des entreprises saines et défaillantes selon la valeur d'un score.

score = a0 + a1 R1 + a2 R2 + ... + an Rn
ai : coefficient de pondération de chaque ratio
Ri : ratio i introduit dans l'analyse
n : nombre de ratios pertinents dans le reclassement

2) La fonction score de la Banque de France48

La Banque de France utilise depuis 1983 une fonction de score Z pour analyser le risque de
défaillance des PME industrielles49. La fonction Z est fondée sur l'utilisation de huit ratios
discriminants sur une batterie totale de dix-neuf. Ces ratios sont calculés sur l'année en cours.
Il s'agit de :

Charges financières
R1 : part des frais financiers dans le résultat =  100
EBE

EBE = EBE (PCG) - participation des salariés + redevances de crédit-bail

Ressources stables
R2 : couverture des capitaux investis =  100
Capitaux investis

47
Dans le cas de la fonction score de la Banque de France.
48
De nombreuses institutions ont élaboré une fonction score : le CCF, L'AFDCC, etc.
49
Une autre fonction de score, appelée score B, est appliquée aux entreprises du secteur du bâtiment et du génie
civil.

60
Ressources stables = capitaux propres (y compris amortissements et provisions) + dettes
financières (sauf concours bancaires courants)
Capitaux investis = actif immobilisé brut + BFRE

CAF
R3 : capacité de remboursement =  100
Endettement global

Endettement global = dettes financières (y compris concours bancaires courants)

EBE
R4 : taux de marge brute d'exploitation =  100
Chiffre d' affaires HT

Dettes fournisseurs
R5 : délai crédit-fournisseurs =  360
Achats TTC

VA n - VA n -1
R6 : taux de croissance de la valeur ajoutée =  100
VA n -1

VA = VA (PCG) + personnel extérieur + redevances de crédit-bail + subventions


d'exploitation - impôts, taxes et versements assimilés

R7 : délai découvert-clients =
Créances clients - avances et acomptes reçus sur commandes
 360
Production

Production = production de l'exercice (PCG) + subventions d'exploitation


1 n Investissements physiques
R8 : taux d'investissements physiques =   100
3 Valeur ajoutée
i 1

Investissements physiques = acquisitions d'immobilisations corporelles + immobilisations


nouvelles prises en crédit-bail

Parmi ces huit ratios, le plus discriminant, considéré individuellement, est la part des frais
financiers dans le résultat (ratio R1). L'évaluation du score Z d'une entreprise s'effectue en
prenant la valeur de ces ratios et en les remplaçant dans la fonction score.

100.Z = - 1,255 R1 + 2,003 R2 - 0,824 R3 + 5,221 R4 - 0,689 R5 - 1,164 R6 + 0,706 R7


+ 1,408 R8 - 85,544

Le score Z obtenu est comparé à des bornes qui permettent de reclasser l'entreprise avec plus
ou moins de certitude :

 Z < - 0,25 : zone défavorable


L'entreprise est dans une situation risquée, sans qu'on puisse affirmer que cette entreprise sera
défaillante (probabilité de défaillance élevée).

61
 Z > 0,125 : zone favorable
L'entreprise est normale, sans que cela entraîne la certitude que l'entreprise ne sera jamais
défaillante (probabilité de défaillance faible).

 - 0,25 < Z < 0,125 : zone d'incertitude


Cette situation ne permet pas de porter d'appréciation.

Un score très faible ne signifie pas une certitude de défaillance, mais une augmentation très
significative de la probabilité de défaillance dans les trois prochaines années. Si, par exemple,
une entreprise a un score de - 2, sa probabilité de défaillance est de 30,4 %, ce qui est
nettement supérieur à la fréquence relevée a priori sur l'ensemble des entreprises, soit en
moyenne 4 %. Le tableau suivant indique les probabilités de défaillance observées sachant
que le score appartient à l'intervalle indiqué.

Intervalle de score Z probabilité d'être probabilité d'être probabilité d'être


défaillante50 vulnérable51 normale
moins de - 1,875 30,4 % 69,6 % 0%
de - 1,875 à - 0,875 16,7 % 56,6 % 26,7 %
de - 0,875 à - 0,25 7% 25,5 % 67,5 %
de - 0,25 à + 0,125 3,2 % 16,2 % 80,6 %
de + 0,125 à 0,625 1,8 % 14,8 % 83,4 %
de + 0,625 à + 1,25 1% 13,1 % 85,9 %
plus de + 1,25 0,5 % 19,3 % 80,2 %

50
Sur une période de 3 ans.
51
Probabilité que l'entreprise rencontre des difficultés temporaires.

62
ANNEXE I

Les systèmes du PCG

I) Les trois systèmes du PCG

 Le PCG invite les entreprises à présenter les comptes annuels par référence à l'un des trois
systèmes qu'il propose :

- le système de base (système B), comportant les dispositions minimales de la


comptabilité que doivent tenir les entreprises de moyenne et de grande dimension;
- le système abrégé (système A) concernant les entreprises, de dimension modeste, ne
justifiant pas nécessairement le recours au système de base;
- le système développé (système C) proposant des documents plus complets, mettant en
évidence l'analyse des données de base destinées à mieux éclairer la gestion.

 Mais chaque entreprise n'est pas "enfermée" dans l'application d'un système et peut
toujours utiliser des éléments du système plus élaboré (donc des éléments du système B,
voir du système C, si elle utilise le système A; des éléments du système C, si elle utilise le
système B).

 A chaque système correspondent :

- des modèles de "documents de synthèse52", évidemment plus élaborés pour le système


C que pour le système A;
- une liste des comptes, articulés dans un plan commun aux trois systèmes.

II) Le système développé

Plus complet que le système de base, le système C est destiné à améliorer l'analyse de la
gestion et l'information économique et financière. Toute entreprise peut y recourir soit en
totalité, soit partiellement, en complétant ainsi les analyses du système B, voire du système A.

Le système développé comporte, par rapport au système de base, une présentation plus
détaillée du bilan et du compte de résultat. En outre, le PCG prévoit, pour le système
développé, la publication, dans les documents annuels, des deux tableaux suivants :
- le tableau des soldes intermédiaires de gestion;
- le tableau de financement.
Ces deux tableaux sont d'un intérêt capital pour l'analyse financière.

52
Documents de synthèse : bilan, compte de résultat et annexe.

63
ANNEXE II

diagnostic financier : les comparaisons inter-entreprises et le rôle des centrales de bilans

Les comparaisons inter-entreprises peuvent être classées en comparaisons directes et en


comparaisons indirectes.

On peut évidemment comparer directement les comptes de deux entreprises, sous réserve de
respecter certaines conditions de comparaison. Dans la mesure où la nature de l'activité et la
taille d'une entreprise exercent une forte influence sur son fonctionnement économique et
financier, il est d'usage de ne comparer que des entreprises appartenant au même secteur et de
tailles similaires.

Par ailleurs, il est aujourd'hui possible d'effectuer des comparaisons indirectes grâce à
l'information statistique diffusée par les centrales de bilans. Une telle comparaison consiste à
confronter la situation d'une entreprise particulière à la situation statistique, exprimée à l'aide
d'une distribution de ratios, d'une entreprise abstraite représentative de l'ensemble des
entreprises du secteur. La centrale de bilans de la Banque de France joue un rôle
particulièrement important en la matière. Créée en 1968, elle traite des informations
comptables et extra-comptables qui lui sont volontairement communiquées par plus de
430000 entreprises adhérentes. Son originalité tient au fait qu'elle édite à l'intention de
chacune de ses adhérentes un dossier individuel53 où sont confrontées les caractéristiques de
l'adhérente avec celles de son secteur. Elle fournit ainsi un véritable service d'analyse
financière.

53
Cf. Deppalens et Jobard pour une présentation détaillée du contenu du dossier individuel de la centrale de
bilans de la Banque de France.

64
ANNEXE III

Sites Internet donnant des informations sur les entreprises

 Annuaire d’entreprise
Adresse : www.bottin.fr
Carnet d’adresses et adresses Internet d’entreprises ; la recherche peut s’effectuer sur
différents critères : raison sociale, SIRET, mais aussi chiffre d’affaires ou effectif…

 Company News
Adresse : www.companynews.org
Communiqués de presse et informations sur les entreprises, les secteurs d’activités, les
opérations de rapprochement.

 Dun § Bradstreet
Adresse : www.dnd.com/
Cette société très connue de production de données sur les entreprises offre ici en accès libre
un ensemble d’articles en texte intégral.

 Euridile
Adresse : www.euridile.inpi.fr
Ce site permet d’accéder aux informations juridiques et financières déposées auprès des
greffes des tribunaux de commerce.

 Infogreffe
Adresse : www.infogreffe.fr
Ce service, qui existe sur minitel, propose un serveur similaire sur internet, plus convivial et
plus performant.

 Informations financières et juridiques sur les sociétés


Adresse : www.societe.com/
Ce site propose gratuitement des informations sur les sociétés françaises à partir des
renseignements habituels : raison sociale, numéro SIREN, etc.

 Rapports annuels
Adresse : www.rapport-annu.com
Ce site propose la consultation des rapports annuels des sociétés cotées.

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