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DE L’ENTREPRISE
DOCUMENT DE COURS
Frédéric Perdreau
1
PLAN DU COURS
ANNEXE III : Sites Internet donnant des informations sur les entreprises
BIBLIOGRAPHIE
2
Introduction : les objectifs du diagnostic financier de l'entreprise
Les objectifs poursuivis par le diagnostic financier dépendent des préoccupations de ceux qui
entreprennent le diagnostic.
* Le diagnostic interne
Il est réalisé par les dirigeants et responsables de la gestion de l'entreprise. Le diagnostic vise
principalement à porter un jugement sur les performances et la vulnérabilité de l'entreprise
(évaluation du risque de faillite1). Les dirigeants ont à leur disposition les informations
contenues dans la comptabilité générale comme dans la comptabilité de gestion. Le
diagnostic interne débouche généralement sur des actions correctrices (en vue d'améliorer les
performances et de diminuer la vulnérabilité)
* Le diagnostic externe
Il est réalisé par les partenaires de l'entreprise qui peuvent être classés en actionnaires
(minoritaires) et créanciers (notamment les banquiers).
L'actionnaire est directement concerné par la "santé financière" de l'entreprise et, plus
particulièrement, par son aptitude à distribuer des dividendes. Il s'agit pour lui de décider s'il
doit acheter, vendre ou garder ses titres.
Les partenaires de l'entreprise doivent se contenter le plus souvent, pour réaliser le diagnostic
financier de l'entreprise, de l'information comptable et financière légale.
1
ou risque de défaillance ou risque de cessation de paiements.
3
Chapitre I - L'analyse des performances de l'entreprise
Le jugement sur le niveau de performance atteint par l’entreprise est fondé dans un premier
temps sur l’analyse des soldes apparaissant dans les documents de synthèse, en particulier le
compte de résultat et le tableau des soldes intermédiaires de gestion. Il peut également
s’appuyer sur des indicateurs spécifiquement construits dans le cadre du diagnostic.
Cependant, la formulation d'un jugement sur les performances de l'entreprise ne peut pas se
faire uniquement à partir des valeurs instantanées d'indicateurs. Elle nécessite une
comparaison avec des valeurs de référence qui peuvent être :
- des données de la même entreprise issues de périodes antérieures (comparaison
chronologique ou comparaison dans le temps);
- des données d'autres entreprises du même secteur (comparaison spatiale ou comparaison
inter-entreprises);
- des données prévisionnelles de la même entreprise (analyse des écarts prévisions -
réalisations).
Le compte de résultat distingue trois catégories de charges et de produits : les charges et les
produits d'exploitation, les charges et les produits financiers et les charges et les produits
exceptionnels. On peut ainsi déterminer différents niveaux de résultat :
Le résultat net synthétise la performance globale de l'entreprise sur une période. Il représente
la variation de richesse de l'entreprise et donc de ses propriétaires (les propriétaires du
capital).
Comme son qualificatif l'indique, ce résultat est le fruit d'opérations peu fréquentes ou
éloignées de l'objet principal de l'entreprise. Il inclut les amendes, les pénalités, les
subventions d'investissement, les plus ou moins value de cessions d'immobilisations, etc.
4
Pour apprécier la capacité bénéficiaire de l'entreprise, il est nécessaire d'éliminer l'influence
des opérations exceptionnelles sur le résultat2. En effet, ce n'est pas un signe encourageant
pour l'avenir d'une entreprise si, par exemple, elle réussit finalement à afficher un bénéfice
grâce à une plus-value réalisée sur la vente de son siège social.
Exemple :
N-1 N
résultat avant IS 500 1 000
résultat exceptionnel 0 2 0001
1
plus-value de cession
Le résultat financier exprime (en valeur absolue) la rentabilité des opérations financières (de
prise de participation, de placement, d’emprunt…) de l’entreprise.
Cependant, la notion de résultat financier est dénuée de signification, car les produits et les
frais financiers ne peuvent être traités de façon symétrique. Ils se rapportent à deux opérations
économiques non liées, l’investissement en actifs financiers et le financement de l’ensemble
des actifs.
2
Cf. le Résultat Courant Avant Impôt (RCAI) dans le tableau des soldes intermédiaires de gestion.
3
Cf. Annexe I (les systèmes du PCG).
5
Soldes intermédiaires de gestion N
Ventes de marchandises
- Coût d'achat des marchandises vendues
= Marge commerciale
Production vendue
+ Production stockée
+ Production immobilisée
= Production de l’exercice
Marge commerciale
+ Production de l’exercice
- Consommations de l’exercice en provenance de tiers
= Valeur ajoutée
Valeur ajoutée
+ Subvention d’exploitation
- Impôts, taxes et versements assimilés
- Charges de personnel
= Excédent brut d’exploitation
Excédent brut d’exploitation
+ Reprises sur charges et transferts de charges
+ Autres produits
- Dotations aux amortissements et aux provisions
- Autres charges
= Résultat d’exploitation
Résultat d’exploitation
Quotes-parts de résultat sur opérations faites en commun
+ Produits financiers
- Charges financières
= Résultat courant avant impôts
Produits exceptionnels
- Charges exceptionnelles
= Résultat exceptionnel
Résultat courant avant impôts
+ Résultat exceptionnel
- Participation des salariés
- Impôt sur les bénéfices
= Résultat de l’exercice
Produits des cessions d’éléments d’actif
- Valeur comptable des éléments cédés
= Plus-values et moins-values sur cessions
d’éléments d’actif
- La marge commerciale
Elle est calculée pour les entreprises ayant une activité de négoce (achat en vue de la revente
en l’état). La marge commerciale correspond à l’excédent dégagé par les ventes de
marchandises par rapport à leur coût.
6
Marge commerciale = Ventes de marchandises - Coût d'achat des marchandises vendues
Coût d'achat des marchandises vendues = achats de marchandises (y compris frais accessoires
d’achat) + variation des stocks de marchandises (stock initial - stock final)
- La production de l’exercice
Elle est calculée pour les entreprises ayant une activité de production (de transformation).
Elle représente l’ensemble de la production de l’entreprise que celle-ci ait été vendue, stockée
ou effectuée pour l’entreprise (production de biens et/ou de services).
Par ailleurs, le niveau d’un certain nombre de charges est plus ou moins lié à celui de la
production ; aussi est-il intéressant d’un point de vue analytique d’expliciter la structure des
charges par référence à la production et de suivre les modifications de cette structure au cours
du temps.
- La valeur ajoutée
C'est bien le résultat d'exploitation qui, au sens strict et eu égard aux limites de son estimation
comptable, mesure le revenu réalisé par l'entreprise grâce à ses opérations d'exploitation. La
4
Production globale = marge commerciale + production de l’exercice
5
Le terme anglo-saxon EBITDA (Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation and Amortization) correspond à
l’EBE.
6
Le résultat d’exploitation correspond à l’EBIT (Earnings Before Interest and Taxes) aux Etats-Unis.
7
connaissance de celui-ci exige en effet que l'on tienne compte de toutes les charges
d'exploitation, y compris évidemment les charges d'amortissement7.
Le résultat courant avant impôt représente le résultat normal avant impôt. Le fait de l'évaluer
avant prise en compte des éléments exceptionnels permet notamment de supprimer l'incidence
des cessions d'actifs (plus ou moins value sur les cessions d'immobilisations).
7
Le mode de calcul des dotations aux amortissements entraîne des biais dans la mesure du résultat d’exploitation
préconisée par le PCG. En période d’investissement, et si l’entreprise a recours de façon importante à
l’amortissement dégressif, le résultat d’exploitation apparaît sous-évalué. En toute rigueur, la dotation aux
amortissements devrait correspondre à la perte de valeur réelle des immobilisations.
8
II) Les indicateurs de performance construits dans le cadre d’un diagnostic
CAHT CAHT
Taux de croissance = N N -1
CAHT
N -1
L’appréciation de l’évolution du chiffre d’affaires doit tenir compte (dans la mesure des
informations disponibles) du taux d’inflation sur les produits que l’entreprise vend car
l’inflation peut créer une illusion de croissance et masquer une stagnation ou une régression
des quantités vendues.
Marge commerciale
Ventes de marchandises
VA
Taux de VA =
niveau d' activité
Selon la nature de l'activité, on doit retenir comme niveau d'activité, la production (activités
de production), le chiffre d'affaires hors taxe (activités de négoce), ou la production élargie
(activités mixtes) égale à production + ventes de marchandises.
Dans le cas d’une activité de production, le taux de VA mesure la VA obtenue par l’entreprise
pour 1 € de production.
8
Par exemple, un taux de marge commerciale de 20% signifie que les marchandises vendues 100 € ont coûté 80
€ à l’achat.
9
variations des prix de vente > variations des prix d'achat augmentation du taux de marge commerciale.
9
Les variations dans le temps de ce ratio peuvent être dues :
- à une modification des conditions d'exploitation (appel à la sous-traitance, utilisation
d'équipements plus performants permettant de réaliser des économies sur les consommations
intermédiaires, ...);
- à des variations des prix de vente des produits vendus et/ou des prix d'achat des
consommations intermédiaires.
EBE
taux d'EBE =
niveau d' activité
24) Taux de marge économique (ou taux de marge nette d'exploitation ou taux de marge
opérationnelle)
3) Etude de la productivité
Valeur ajoutée
Productivité apparente de la main - d' oeuvre
Effectif
Valeur ajoutée
Productivité apparente du capital (de l' équipement)
Immobilisations brutes d' exploitation
4) Etude de la rentabilité
41) la rentabilité financière (ou rentabilité des capitaux propres) : la rentabilité du point de vue
des actionnaires
Comptablement, le revenu que tirent de l'entreprise ses actionnaires est mesuré par son
résultat net. Néanmoins pour éliminer l'incidence éventuelle du résultat exceptionnel, on lui
substitue en général le résultat courant après impôt.
10
Par exemple, lorsqu’une entreprise réalise des investissements importants, il est logique que la productivité
apparente de la main-d’œuvre augmente.
10
Toujours comptablement, l'investissement des actionnaires dans l'entreprise est mesuré au
bilan par les capitaux propres.
résultat courant après impôt = RCAI - impôt théorique = RCAI * (1 - taux d’impôt)
retour sur
capitaux
investis
BFRE Dettes financières
(emprunts)
Disponibilités + VMP
intérêts
résultat économique
=
bénéfices
résultat d’exploitation
+
produits financiers impôts
11
Achats de titres (de participation, de placement,…) dans le cas d’investissements financiers.
12
Le concept de besoin de financement lié au cycle d’exploitation ou besoin en fonds de roulement
d’exploitation (BFRE) sera étudié plus en détail dans le chapitre III.
11
livraisons des fournisseurs et se termine par les règlements des clients (entreprise
industrielle):
Achats de biens
Ventes
et de services
stockage stockage des
des biens production produits-finis
Flux réels
Temps
Flux règlements
monétaires des frais de
production
crédit-fournisseurs crédit-clients
(salaires, etc.)
naissance règlements naissance règlements
d’une dette aux fournisseurs d’une créance des clients
Résultat économique
rentabilité économique (avant impôt)
Actif économique
Résultat économique
Capitaux propres Dettes financières
13
Ce sont les (principaux) postes du bilan qui résultent du cycle d’exploitation. Une entreprise doit financer ses
stocks et les crédits qu’elle accorde à ses clients. Cependant, le crédit fournisseur qui accompagne fréquemment
les opérations d’achat couvre en partie le besoin de financement lié aux opérations d’exploitation.
12
RCAI charges d' intérêts
Capitaux propres Dettes financières
capitaux propres + dettes financières = capitaux investis dans l'entreprise (par les propriétaires
et par les prêteurs)
RCAI = résultat revenant aux apporteurs de capitaux propres (avant impôt)
intérêts = rémunération des prêteurs
RCAI + intérêts = résultat revenant aux apporteurs de capitaux (prêteurs et propriétaires) =
rémunération des capitaux investis
rémunération des
capitaux investis
rentabilité économique = = rentabilité des capitaux investis dans l’entreprise
capitaux investis
dans l' entreprise
résultat économique CA HT
CA HT capitaux investis
résultat économique
: taux de marge économique
CA HT
Ce ratio mesure le résultat économique obtenu pour 1 € de CA HT.
CAHT
: ratio de rotation des capitaux investis (ou ratio de rotation de l' actif investi)
Capitaux investis
Ce ratio exprime le montant de CA atteint pour 1 € de capitaux investis (ou le montant de CA
atteint pour 1 € d'actif investi).
14
Dans le cas d’une activité de production, on utilisera la décomposition suivante :
résultat économique Production
Production capitaux investis
13
Pour conclure, il apparaît évident que si une entreprise se finançait uniquement par capitaux
propres (pas de recours à l’emprunt) sa rentabilité financière serait égale à sa rentabilité
économique :
Quiconque est susceptible d'investir dans une affaire rapportant 15% comprend aisément qu'il
peut s'enrichir en finançant cette affaire en empruntant autant qu'il le peut au taux de 8%. En
d'autres termes, il peut s'enrichir, en faisant jouer l'effet de levier, avec le risque, comme on le
verra, que cela comporte.
Soient :
k : la rentabilité économique avant impôt de l'entreprise mesurée par le rapport suivant :
résultat d'exploitation avant impôt15 / (capitaux propres + dettes financières);
P : le montant des capitaux propres;
D : le montant des dettes financières;
t : le taux moyen de rémunération des dettes financières;
T : le taux d'imposition des bénéfices
Le résultat net revenant aux propriétaires s'obtient selon le schéma de compte de résultat
suivant :
Résultat d'exploitation k (P+D)
- intérêts tD
= résultat courant k (P+D) - t D
- impôt sur les bénéfices k (P+D) - t D T
= résultat net revenant aux actionnaires k (P+D) - t D (1-T)
r
k (P D) - t D (1 - T)
P
D
r k (k - t) (1 - T)
P
15
Si on néglige les produits financiers.
14
D
r k (1 - T) (k - t) (1 - T)
P
ou encore :
D
r k' (k' - t' ) Equation de l’effet de levier
P
avec :
k' : taux de rentabilité économique après impôt (k' = k (1 - T))
t' : coût moyen des dettes financières après impôt (t' = t (1 - T))
- Première situation : k > t r > k (1 - T) (ou k' > t' r > k')
La rentabilité économique k est supérieure au taux moyen t de rémunération des dettes. La
rentabilité financière r est alors supérieure à la rentabilité économique après impôt k(1-T) et
l'est d'autant plus que D/P est élevé. L'endettement accroît la rentabilité financière. L'effet de
levier joue en faveur des propriétaires; le partage du résultat d'exploitation se fait aux dépens
des prêteurs.
- Deuxième situation : k = t r = k (1 - T)
La rentabilité économique k est égale au taux moyen t de rémunération des dettes. La
rentabilité financière est rigoureusement égale à la rentabilité économique après impôt k(1-T).
Ainsi, l'endettement, s'il peut enrichir les propriétaires, peut aussi les appauvrir. C'est un
facteur de risque qui accroît la dispersion potentielle de leur revenu (cf. le chapitre suivant
pour une analyse détaillée du risque financier dû à l'endettement).
15
III) Capacité d’autofinancement (CAF) et autofinancement
1) Définitions
La CAF représente le surplus monétaire (le flux de trésorerie) potentiel sécrété globalement
par l’entreprise au cours de la période16 (hors opérations en capital17) et indique la capacité de
l'entreprise à financer par elle-même de nouveaux investissements.
CAF = produits encaissés ou encaissables (sauf produits des cessions d’actif) - charges
décaissées ou décaissables
La CAF représente un surplus monétaire car elle ne retient que les produits encaissés ou
encaissables et les charges décaissées ou décaissables.
* charges qui ne se traduisent pas par des sorties de liquidités (charges calculées ou charges
non décaissables) :
- les dotations aux amortissements et aux provisions
- la valeur comptable des éléments d'actifs cédés
* Produits qui ne se traduisent pas par des entrées de liquidités (ou produits non encaissables):
- les reprises sur provisions
- la quote-part des subventions d'investissement virée au résultat de l'exercice
Le surplus monétaire n’est que potentiel en raison des décalages de paiement : toutes les
ventes enregistrées dans l’exercice n’ont pas encore été encaissées à la clôture de l’exercice
(existence de créances) et, inversement il reste des charges comptabilisées qui seront réglées
au cours de l’exercice suivant (existence de dettes).
16
Il convient de bien comprendre la distinction entre un résultat en comptabilité et un flux de trésorerie. Un
résultat est un appauvrissement ou un enrichissement de nature patrimoniale et il se mesure par la différence
entre des produits et des charges. Un flux de trésorerie est un solde de flux monétaires et il se mesure par la
différence entre des entrées monétaires (recettes) liées aux produits et des sorties monétaires (dépenses) liées aux
charges.
17
Hors plus ou moins-value de cession.
16
CAF = EBE + transferts de charges (d’exploitation)
+ autres produits (d’exploitation)
- autres charges (d’exploitation)
quotes-parts de résultat sur opérations faites en commun
+ produits financiers18
- charges financières19
+ produits exceptionnels20
- charges exceptionnelles21
- participation des salariés et impôt sur les bénéfices
CAF =
Résultat net
+ dotations aux amortissements et aux provisions (d'exploitation - financières -
exceptionnelles)
- reprises sur amortissements et provisions (d'exploitation - financières - exceptionnelles)
+ valeur comptable des éléments d'actif cédés
- produits des cessions d'éléments d'actif
- quote-part des subventions d'investissement virée au compte de résultat de l'exercice
Ainsi, la CAF mesure le flux de ressources internes dont l’entreprise, lorsque ses produits
encaissables sont encaissés et ses charges décaissables décaissées, peut disposer pour
financer son développement. Toutefois, une partie de sa capacité étant utilisée pour effectuer
des distributions de dividendes, son autofinancement effectif est mesuré par la différence
entre la capacité et ces distributions :
Autofinancement
Investissements (de l' exercice)
18
Sauf reprises sur provisions.
19
Sauf dotations aux amortissements et aux provisions financiers.
20
Sauf produits des cessions d'immobilisations; quote-part des subventions d'investissement virée au résultat de
l'exercice; reprises sur provisions exceptionnelles.
21
Sauf valeur comptable des immobilisations cédées; dotations aux amortissements et aux provisions
exceptionnels.
22
Si on veux être précis : investissements = acquisitions d'immobilisations + augmentation du besoin en fonds de
roulement d'exploitation
17
Comme celle de tout ratio, l'interprétation de celui-ci doit être prudente; son amélioration dans
le temps n'est pas nécessairement le signe d'une évolution favorable : elle peut signifier en
particulier que l'entreprise investit de moins en moins.
2) Rôle de l’autofinancement
Cette analyse de l’autofinancement par son affectation comptable est en fait beaucoup trop
restrictive. En particulier, il ne faut pas introduire de distinction arbitraire entre financement
interne du renouvellement du capital économique et financement de la croissance.
L’autofinancement est le moteur interne du développement de l’entreprise. Il est à la fois :
- un financement interne disponible pour investir et développer l’entreprise dans le sens de
la stratégie qu’elle se donne ;
- la garantie du remboursement d’emprunts, et donc un élément puissant de la capacité de
remboursement de l’entreprise.
La CAF mesurée par le PCG présente deux caractéristiques qu’il convient de souligner :
- d’une part, elle comprend l’intégralité des dotations aux provisions, y compris celles
susceptibles d’être utilisées à court terme (et qui ne peuvent donc servir au financement
des investissements25) ;
- d’autre part, elle ne comprend pas, bien qu’elles puissent être importantes, les plus ou
moins-values sur cessions d’immobilisations.
23
Pour bien comprendre ce raisonnement, il est nécessaire de rappeler le rôle financier des amortissements : le
renouvellement des immobilisations. En diminuant le bénéfice de l’exercice par « les dotations aux
amortissements » (charges calculées non décaissées), on maintient dans l’entreprise des capitaux qui auraient pu
être distribués. Ces capitaux ainsi conservés permettront de renouveler les immobilisations.
24
Il est ici nécessaire de rappeler le rôle financier des provisions. En diminuant le bénéfice de l’exercice par « les
dotations aux provisions », on maintient dans l’entreprise des capitaux qui auraient pu être distribués ; ces
capitaux ainsi conservés permettent :
- de compenser les dépréciations d’actif constatées ;
- de faire face, lors d’un exercice ultérieur, à la charge ou à la perte prévue.
25
C’est le cas notamment des provisions pour dépréciation des actifs circulants (stocks et comptes clients). Des
créances clients provisionnées sont celles dont on doute du paiement régulier à l’échéance. Au terme du délai de
crédit consenti au client, la provision constatera le manque à encaisser et sera comptablement reprise. La
dotation aux provisions n’est donc pas une charge non décaissable ; elle donne lieu à un décaissement décalé à
court terme sous forme d’un manque à encaisser par rapport aux ventes comptabilisées qui sont théoriquement
encaissables. Le raisonnement est identique pour les provisions sur stocks. Le calcul de la CAF est donc gonflé
du montant des provisions qui ne correspondent pas à des ressources monétaires durables. Toutefois, le jeu des
reprises assez rapides de ces provisions vient atténuer cette sur-estimation. Si les provisions d’exploitation ont un
caractère régulier et sont renouvelées pour un montant qui reste du même ordre de grandeur, le biais dans
l’estimation de la CAF du PCG est négligeable.
18
Aussi, certains auteurs préfèrent-ils estimer la capacité de l’entreprise à financer ses
investissements en recourant à la notion voisine, et d’ailleurs plus ancienne, de marge brute
d’autofinancement, laquelle ne prend en compte que les dotations aux provisions à caractère
de réserve et inclut les plus ou moins-values sur cessions d’immobilisations.
19
Chapitre II - L'analyse du risque de perte
L'analyse financière accorde une attention particulière aux fluctuations qui affectent, d'une
part, le résultat d'exploitation et, d'autre part, le résultat net (ou son substitut le résultat courant
après impôt). Les fluctuations qui affectent le résultat d'exploitation donnent naissance à ce
qu'il est convenu d'appeler le risque de perte d'exploitation (encore dénommé risque
économique, risque d'exploitation ou risque opérationnel). Les fluctuations du résultat net
donnent naissance quant à elles au risque de perte globale (encore dénommé risque de perte
nette). Celui-ci s'analyse comme le produit du risque économique et du risque dit financier dû
à l'endettement.
Exemple :
Soit deux entreprises, A et B, censées fabriquer et commercialiser un seul et même produit et
le vendre au même prix. Ce qui distingue ces deux entreprises, c'est uniquement la structure
de leurs charges :
A supporte 3 000 de charges fixes et ses charges variables représentent 60% de son CA;
B supporte 5 000 de charges fixes et ses charges variables représentent 40% de son CA.
On peut calculer pour deux hypothèses de chiffre d'affaires (10 000 et 8 000) leur résultat
d'exploitation.
Entreprise A Entreprise B
Hypothèse I Hypothèse II Hypothèse I Hypothèse II
Chiffre d'affaires 10 000 8 000 10 000 8 000
Charges variables 6 000 4 800 4 000 3 200
Marge sur coûts variables
4 000 3 200 6 000 4 800
Charges fixes d'exploitation 3 000 3 000 5 000 5 000
Résultat d'exploitation 1 000 200 1 000 - 200
20
Dans ce modèle, on suppose que les charges d'une entreprise peuvent être classées, pour une
période donnée et par référence à un indicateur d'activité convenablement choisi, en fixes et
en proportionnelles.
Indicateurs d'activité utilisés : le CA ou la production (en unité physiques ou monétaires)
Soient :
Q : le niveau d'activité exprimé en unités physiques de ventes
v : le coût variable unitaire
F : le montant des charges fixes (coût fixe global)
P : le prix de vente unitaire
CA : le chiffre d'affaires
R : le résultat d'exploitation
CA = P Q
Marge sur coûts variables = P Q - v Q = (P - v) Q = marge sur coût variable unitaire *
quantités
Marge sur coûts variables = CA
avec :
: taux de marge sur coûts variables ( = (P-v)/P)
Résultat d'exploitation = (P - v) Q - F = CA - F
Il est possible de déterminer le seuil de rentabilité ou point mort. Le seuil de rentabilité est le
niveau d'activité pour lequel le résultat d'exploitation est nul.
Soient :
Q0 : le seuil de rentabilité (point mort) exprimé en unités physiques
CA0 : le seuil de rentabilité (point mort) exprimé en unités monétaires
F
Q0
P-v
F
CA 0
21
R
e R
CA
CA
R = CA - F
R = CA
ou encore :
CA CA
e
F CA - CA 0
CA -
Il est clair que plus les charges fixes sont importantes et plus le risque d'exploitation est élevé.
On remarque également que plus le CA est proche du point mort et plus l'élasticité est élevée.
L'élasticité tend vers l'infini au voisinage du point mort.
Le risque de perte globale (ou risque de perte nette) est lié à la sensibilité du résultat net aux
variations de l'activité mesurée par le chiffre d'affaires.
Abstraction faite des produits et charges exceptionnels, le résultat net, au niveau duquel on
mesure le risque de perte globale, se calcule schématiquement comme suit :
22
On peut exprimer le risque de perte globale comme l'élasticité du résultat net au chiffre
d'affaires et décomposer celle-ci en un produit de trois autres élasticités :
R2 R1
R1 - R1 résultat d' exploitation
e 2 R2 =
R1 R1 R1 - résultat courant
R1 R1
R3 R2 (1 - T)
R2 (1 - T)
e 3 R3 1
R2 R2
R2 R2
En définitive, le risque de perte globale est bien le produit du risque d'exploitation et du risque
financier : e = e1 * e2
23
Chapitre III - L'analyse statique du risque de défaillance
Le risque de défaillance, dit encore de faillite, est un risque majeur car, à la différence du
risque de perte, il est sanctionné juridiquement. Une entreprise qui fait des pertes peut
continuer ses activités tant qu'elle est en mesure de payer ses dettes; mais le fait de cesser ses
paiements la fait entrer dans un processus juridique qui peut déboucher sur sa disparition.
De nombreuses personnes et institutions sont concernées par la faillite d'une entreprise : les
propriétaires de l'entreprise, les prêteurs26, les salariés, etc.
L'analyste financier doit s'efforcer de détecter les signes susceptibles d'annoncer une cessation
de paiements. L'étude du compte de résultat peut déjà le mettre en alerte : la stagnation ou la
régression de son activité, la dégradation de son résultat d'exploitation ou l'alourdissement de
ses charges financières ne conduisent pas inévitablement l'entreprise à la cessation de
paiements mais n'en sont pas moins les indices de difficultés qui peuvent l'y mener.
Toutefois, c'est par un examen des ressources et des emplois de l'entreprise que l'analyste peut
juger de son équilibre financier et estimer plus précisément son risque de cessation de
paiements. Aussi, est-il classique de commencer l'analyse du risque de cessation de paiements
en faisant une "lecture" du bilan.
Il n'existe pas une, mais plusieurs lectures financières du bilan qui donnent chacune des
indications sur le risque de défaillance. Nous en retiendrons ici 2 principales : l'analyse en
termes de liquidité et d'exigibilité et l'analyse fonctionnelle. Le bilan comptable normalisé
n'est pas directement adapté à ces lectures et doit subir dans chaque cas un certain nombre de
retraitements préalables.
Considéré d'un point de vue juridique, le bilan de fin d'exercice d'une entreprise se présente
comme un inventaire, côté passif, de ses obligations par rapport à ses propriétaires et à ses
créanciers et, côté actif, des droits de propriété et de créances qu'elle détient ; en d’autres
termes, comme un inventaire de son patrimoine.
Cette analyse permet notamment d'apprécier la liquidité de l'entreprise, c'est à dire la capacité
de l'entreprise à faire face à ses dettes à court terme à l'aide de ses actifs à court terme.
26
On constate en pratique que dans la quasi-totalité des cas, la liquidation ne permet pas de couvrir le passif. Par
conséquent, en cas de liquidation des biens, les prêteurs sont perdants. Les perdants systématiques sont les
créanciers chirographaires, banques et fournisseurs qui ne bénéficient d'aucunes garanties. Les prêteurs garantis,
selon les cas et selon la force de leurs garanties juridiques, souffriront peu ou moins. Il faut en effet ne pas
oublier que lors d'une liquidation, le prix de vente des immobilisations à usage très spécialisé est nettement
inférieur à la valeur comptable. Par ailleurs, il faut tenir compte du fait que la liquidation d'une société entraîne
des coûts importants (indemnités de licenciements, etc.).
24
1) L'établissement du bilan liquidité (ou bilan patrimonial)
Dans le bilan liquidité, les différents éléments du passif sont classés par ordre d'exigibilité
croissante et les différents éléments de l'actif sont classés par ordre de liquidité croissante. La
liquidité de l'actif peut être ainsi rapprochée de l'exigibilité du passif.
Bilan liquidité
Capitaux propres
Actifs longs (non exigibles)
(ou actifs à plus d'un an)
Actifs courts
(ou actifs à moins d'un an)
Dettes à court terme
(ou dettes à moins d'un an)
b) les retraitements
25
Les retraitements ont trait à divers postes de l'actif et du passif.
Il est tout d'abord d'usage de faire disparaître de l'actif certains postes censés n'avoir aucune
valeur vénale et considérés comme des actifs fictifs. Parmi ces non-valeurs ou actifs fictifs :
les frais d'établissement, les frais de recherche et de développement27, les charges à répartir
sur plusieurs exercices, les primes de remboursement d'obligations, les écarts de conversion-
actif28... En contrepartie de leur élimination, il y a lieu d'amputer les capitaux propres pour un
montant équivalent. Les charges constatées d’avance constituent de véritables créances.
Cependant, le principe de prudence qui prévaut dans l’analyse patrimoniale peut conduire à
les analyser comme des non-valeurs.
Le capital souscrit-non appelé doit être soustrait des capitaux propres. Le capital souscrit-
appelé non versé doit être reclassé en fonction de son échéance.
Côté passif, plusieurs retraitements, lorsqu'ils sont possibles, doivent être effectués29 :
- le résultat net de l'exercice doit être réparti (les dotations aux réserves, le report à nouveau
font partie des capitaux propres, et les dividendes à distribuer, des dettes à moins d'un an);
- les dettes fiscales latentes pesant sur certains éléments des capitaux propres (telles les
subventions d'investissement, les provisions pour hausse de prix, les amortissements
dérogatoires) doivent être rattachées aux dettes à plus d'un an;
- les provisions pour risques et charges (ces provisions représentent des dettes probables)
doivent être ventilées entre les dettes à plus d'un an et les dettes à moins d'un an;
- les comptes courant d’associés, lorsqu’ils sont bloqués, sont assimilables aux capitaux
propres ;
- les écarts de conversion-passif qui représentent un gain de change (latent) peuvent être
également assimilés aux capitaux propres.
Il est par ailleurs nécessaire d'introduire dans le bilan liquidité les effets escomptés et non
échus30 (EENE). En cas d’escompte d’effets, les créances disparaissent de l’actif du bilan
comptable (d’un point de vue juridique, ces créances ne font plus partie du patrimoine de
l’entreprise) ; un compte banque est alors débité du montant net de l’escompte. Cependant,
l’escompte n’est en fait qu’une forme de crédit et l’entreprise conserve le risque de non-
paiement du débiteur (en cas d’impayé à l’échéance, la banque peut se retourner
immédiatement contre l’entreprise). Par conséquent, dans le bilan liquidité, les EENE
résultant du financement par escompte sont à reclasser en dettes financières à court terme. De
façon symétrique cette réintégration implique également leur reclassement à l’actif dans
l’encours client.
27
Il existe actuellement deux positions à propos du poste Frais de recherche et développement :
- pour certains, les frais de RD représentent des charges étalées, analogues aux frais d’établissement, et sont
donc classés parmi les non-valeurs de l’actif ; c’est la position la plus communément admise ;
- pour d’autres , les frais de RD représentent un investissement qui aboutira au dépôt d’un brevet (selon le
PCG, « projets nettement individualisés et ayant de sérieuses chances de rentabilité commerciale ») ; d’après
ce point de vue, ils ont une valeur patrimoniale et doivent être maintenus dans l’actif.
28
Si l’entreprise a constitué une provision pour risque (provision pour pertes de change), on élimine l’écart de
l’actif et la provision correspondante du passif.
29
L’objet des retraitements du passif est d’évaluer les engagements totaux de l’entreprise envers les tiers.
30
Le montant des EENE est indiqué dans l’annexe (Engagements hors bilan).
26
A partir du bilan liquidité, il est possible de calculer un certain nombre d’indicateurs (ratios)
du risque de défaillance.
La situation de l'entreprise est favorable si le fonds de roulement financier est positif. Dans ce
cas, les rentrées de fonds prévisibles à court terme semblent garantir globalement les
règlements prévisibles à court terme. En d'autres termes, si le FR est positif, l'entreprise n'aura
aucune difficulté à régler ses dettes dans les mois à venir. Le risque de faillite (ou risque de
cessation de paiements) est faible à court terme.
Ce ratio exclut les stocks qui constituent le plus souvent l’élément de l’actif circulant dont la
valeur et la liquidité sont les plus incertaines (ce ratio doit être proche de 1).
Le risque de défaillance est à l'évidence fonction du niveau d'endettement. Une entreprise peu
endettée traversera plus facilement une période de crise économique, puisqu'elle n'a pas à
décaisser des frais financiers, ni les remboursements d'emprunts.
27
Dettes à long et moyen terme dettes à court terme
capitaux propres
compare le montant des dettes à long et moyen terme au montant des capitaux propres.
Ces deux ratios ont d'autant plus d'importance qu'ils servent assez souvent de support aux
normes bancaires d'endettement. Certaines banques considèrent que l'endettement global et
l'endettement à terme d'une entreprise ne devraient pas dépasser respectivement deux fois et
une fois le montant de ses capitaux propres. On observe cependant en pratique que ces normes
bancaires d'endettement sont assez souvent transgressées.
Les ratios précédents ont un caractère très statique et leur calcul relève du pur constat. Ils ne
donnent pas d'indications sur la capacité de remboursement de l'entreprise. C'est pourtant
grâce à sa CAF que l'entreprise rembourse ses dettes.
Ce ratio a, bien sûr, un intérêt beaucoup plus grand lorsqu’il peut être calculé en fonction
d’une capacité prévisionnelle d’autofinancement.
Alors que l’analyse en termes de liquidité et d’exigibilité voit dans le bilan un état du
patrimoine de l’entreprise, l'analyse dite fonctionnelle, le considère comme un état, à un
moment donné, côté passif, des ressources (de financement) à sa disposition et, côté actif, des
différents emplois donnés à ces ressources. L'analyse fonctionnelle permet d'évaluer le risque
de faillite à partir de la politique de financement suivie.
L'entreprise doit financer principalement deux grandes catégories d'emplois : ceux liés à ses
opérations d'investissement et ceux liés à ses opérations d'exploitation.
Le besoin de financement lié aux opérations d'investissement est mesuré par le montant brut
des immobilisations.
28
Le cycle d'exploitation correspond à l'ensemble des opérations d'exploitation de l'entreprise
(On le désigne également sous le nom de cycle Achat - Production - Vente).
Achats de biens
Ventes
et de services
stockage stockage des
des biens production produits-finis
Flux réels
Temps
Flux règlements
monétaires des frais de
production
crédit-fournisseurs crédit-clients
(salaires, etc.)
naissance règlements naissance règlements
d’une dette aux fournisseurs d’une créance des clients
Il convient cependant de remarquer que si le BFR peut être qualifié d'emploi stable, il n'est
pas véritablement constant. Si, par exemple, le niveau d'activité augmente alors le BFR
s'accroît. De même, par exemple, si le délai de crédit accordé aux clients augmente alors le
BFR s'accroît.
Les ressources stables sont des ressources qui, lorsque l'entreprise a pu en disposer, étaient à
long et moyen terme (c'est-à-dire > à 1 an) et, donc, susceptibles d'être affectées au
financement d'emplois stables. Elles comprennent :
- les emprunts et dettes auprès des établissements de crédit (à l'exclusion, nous verrons
pourquoi plus loin, des concours bancaires courants et des soldes créditeurs de banques).
31
Besoin en fonds de roulement d'exploitation pour être plus précis (cf. infra).
29
Le fonds de roulement fonctionnel32 désigne l'excédent des ressources stables sur les
immobilisations :
Le fonds de roulement représente la part des capitaux stables qui n'est pas utilisée pour
financer les immobilisations et demeure disponible pour financer le cycle d'exploitation (c'est
à dire le BFR).
Les ressources stables doivent être suffisantes pour financer les emplois stables ou, ce qui
revient au même, le fonds de roulement doit être suffisant pour couvrir le BFR.
Le bilan fonctionnel est établi en valeur brute et avant répartition du résultat. Il comporte 8
grandes masses.
32
fonds de roulement fonctionnel fonds de roulement financier (cf. I)
30
Bilan fonctionnel
IMMOBILISATIONS RESSOURCES STABLES
(emplois stables)
ACTIFS D'EXPLOITATION
Stocks et en-cours
+ Avances et acomptes versés DETTES D'EXPLOITATION
+ Créances d’exploitation (créances clients +
comptes rattachés + EENE) Avances et acomptes reçus
+ Autres créances d'exploitation + Dettes fournisseurs et comptes rattachés
+ Charges constatées d’avance d’exploitation + Dettes fiscales et sociales (sauf IS)
(en valeur brute) + Autres dettes d'exploitation
+ Produits constatés d’avance d’exploitation
Il faut donc procéder à des retraitements pour obtenir un bilan fonctionnel à partir d'un bilan
comptable.
31
Les amortissements et les provisions pour dépréciation doivent être transférés au passif33.
Par conséquent, dans le bilan fonctionnel, les actifs apparaissent pour leur valeur brute.
Le capital souscrit non appelé doit être éliminé de l’actif et retranché des capitaux propres
au passif. Les capitaux propres ne représentent ainsi que les seuls capitaux appelés.
Les concours bancaires courants et les soldes créditeurs de banques doivent être
retranchés des dettes financières34 et inclus dans les passifs de trésorerie (leur montant est
donné dans un renvoi en pied de bilan). En effet, les concours bancaires courants ne
constituent certainement pas une ressource stable.
Les comptes courants d’associés doivent être classés soit parmi les dettes financières
stables (s’ils sont destinés à financer durablement l’entreprise, en particulier s’ils sont
bloqués) soit parmi les passifs de trésorerie.
Les charges à répartir sur plusieurs exercices doivent être reclassées dans les emplois
stables (elles représentent des investissements).
Les primes de remboursement des obligations doivent être éliminées de l’actif et
retranchées des dettes financières au passif (la ressource réelle pour l’entreprise est le
montant effectivement reçu de la part des obligataires).
Les créances doivent être ventilées entre les créances d'exploitation et les créances hors
exploitation. De même, les dettes (non financières) doivent être ventilées entre les dettes
d'exploitation et les dettes hors exploitation35.
Distinction créances d'exploitation / créances hors exploitation
Les créances d'exploitation sont les créances nées à l'occasion du cycle d'exploitation
(elles résultent du cycle d’exploitation).
Les créances hors exploitation sont des créances qui sont indépendantes du cycle
d’exploitation.
Les créances d'exploitation comprennent notamment les créances clients et les
fournisseurs débiteurs (avances et acomptes versés).
Les créances hors exploitation comprennent notamment les créances sur cessions
d'immobilisations et les créances sur les associés (capital appelé non versé).
Distinction dettes d'exploitation / dettes hors exploitation
Les dettes d'exploitation sont les dettes nées à l'occasion du cycle d'exploitation.
33
Pour bien comprendre ce retraitement, il est nécessaire de rappeler le rôle financier des amortissements : le
renouvellement des immobilisations. En diminuant le bénéfice de l'exercice par les dotations aux amortissements
(charges calculées non décaissées), on maintient dans l'entreprise des capitaux qui auraient pu être distribués.
Ces capitaux ainsi conservés permettront de renouveler les immobilisations. En définitive, les amortissements et
les provisions représentent des capitaux épargnés pour financer le renouvellement des immobilisations ou de
possibles dépréciations. A ce titre, ils constituent des ressources de financement.
Au niveau des ressources propres il est possible de distinguer les ressources propres d’origine interne des
ressources propres d’origine externe. Le financement propre externe provient essentiellement d’apports en
capital (somme effectivement apportée par les actionnaires). Le financement propre interne correspond à
l’autofinancement cumulé :
Financement propre interne (autofinancement cumulé) = Réserves + amortissements + provisions sur actif
circulant + provisions pour risques et charges + report à nouveau + résultat net
En définitive, le transfert des amortissements et des provisions au passif parmi les ressources propres permet de
reconstituer, après regroupement avec les résultats mis en réserves, les fonds propres d’origine interne.
34
L'ensemble des dettes financières (emprunts obligataires, emprunts bancaires, ...) fait partie des ressources
stables y compris les dettes à moins d'un an d'échéance (sauf les concours bancaires courants et les soldes
créditeurs de banques). Ce qui compte c'est le fait que l'emprunt a été contracté à l'origine pour fournir une
ressource stable.
35
Il convient cependant de remarquer que le bilan du système développé, contrairement au bilan du système de
base, distingue les créances d'exploitation des créances hors exploitation (créances diverses) et les dettes
d'exploitation des dettes hors exploitation (dettes diverses). La réalisation du bilan fonctionnel est donc beaucoup
plus simple si l'on dispose d'un bilan présenté selon le système développé.
32
Les dettes hors exploitation sont des dettes qui sont sans relation avec le cycle
d’exploitation.
Les dettes d'exploitation comprennent notamment les dettes fournisseurs (sauf les
fournisseurs d'immobilisations), les clients créditeurs (avances et acomptes reçus), la
TVA à décaisser, les dettes envers le personnel et envers les organismes sociaux, les
dettes fiscales (sauf les dettes d'impôts sur les bénéfices).
Les dettes hors exploitation comprennent notamment les dettes envers les fournisseurs
d'immobilisations, les dettes envers les associés (dividendes à payer, etc.), les dettes
relatives aux impôts sur les bénéfices.
Les écarts de conversion doivent être éliminés aussi bien à l’actif du bilan qu’au passif. En
contrepartie, les créances et les dettes concernées par ces écarts doivent être ramenées à
leur valeur d’origine.
Certains éléments ne figurant pas dans le bilan comptable doivent être intégrés dans le bilan
fonctionnel. Ce sont les effets escomptés non échus et les biens financés par crédit-bail36.
Les EENE
En réalité, le montant des EENE correspond à un financement bancaire à court terme
effectivement obtenu par l'entreprise37. D'autre part, l'encours de crédit octroyé par l'entreprise
à sa clientèle inclut l'ensemble des créances non encore échues. Le montant des créances en
cours sur la clientèle et qui ont pesé sur les besoins de financement de l'entreprise englobe non
seulement celles qui sont inscrites au bilan mais également celles qui ont été remises à
l'escompte. En conséquence, les EENE doivent être réintégrés dans les créances
d'exploitation. En contrepartie, le même montant doit être ajouté aux passifs de trésorerie.
Le crédit-bail
Le crédit-bail est une formule de location d'un bien avec différentes options en fin de bail
(acquisition, restitution au bailleur ou poursuite de la location), se substituant à une opération
d'acquisition en toute propriété financée grâce à un emprunt. L'entreprise locataire, parce
qu'elle n'est pas propriétaire du bien, ne peut le faire figurer à l'actif de son bilan comptable.
Néanmoins, elle utilise ce bien comme si elle en était propriétaire. Il apparaît donc logique,
d'un point de vue économique, de considérer les biens utilisés dans le cadre d'un contrat de
crédit-bail comme des investissements et de les réintégrer dans le bilan. Cette réintégration
peut se faire comme suit :
- la valeur d'acquisition (s'il avait été acheté) du bien est inscrite dans les emplois longs;
- les amortissements correspondants (qui auraient été constatés s'il avait été acheté) sont
inscrits dans les ressources stables;
- la valeur nette est inscrite en dettes financières.
33
Le BFRE représente le besoin de financement engendré par les opérations d’exploitation. Les
entreprises industrielles ont généralement un Besoin en Fonds de Roulement d'exploitation
important. Les entreprises commerciales peuvent avoir, au contraire, un BFRE négatif. C'est
notamment le cas des entreprises de grande distribution qui ont souvent des ressources
d'exploitation importantes car la durée de crédit qui leur est accordée par les fournisseurs est
élevée alors que la plupart de leurs clients paient comptant.
BFR hors exploitation (BFRHE) = actifs hors exploitation - dettes hors exploitation
Les créances et les dettes hors exploitation constituent des emplois et des ressources
transitoires, exceptionnels ou instables. Ces créances et ces dettes sont regroupées dans une
rubrique résiduelle, le besoin en fonds de roulement hors exploitation (BFRHE). Le BFRHE
est donc un emploi net ou une ressource nette transitoire ou instable. En général, le BFRHE
est d'un montant peu élevé par rapport au BFRE. Le regroupement du BFRE et du BFRHE
constitue le besoin en fonds de roulement global (BFR global).
Dans la suite du cours, pour simplifier, on considérera que le BFRHE est négligeable.
A partir du bilan fonctionnel, il est possible de faire apparaître une autre notion : la trésorerie
nette (TN).
TN = FR - BFR
La trésorerie nette, compte tenu des identités comptables, peut également être mesurée de la
manière suivante :
Si la trésorerie nette est négative, des concours bancaires courants financent des emplois
stables. Cette structure financière est défavorable car l'entreprise est tributaire de crédits de
trésorerie dont le renouvellement n'est pas certain, le risque de faillite est important39.
38
Si le FR est supérieur au BFR, la trésorerie nette est positive. En revanche, si le FR est inférieur au BFR, la
trésorerie nette est négative.
39
En théorie, pour effectuer le diagnostic, il est nécessaire de neutraliser l’incidence du BFRHE qui constitue
souvent une ressource nette transitoire. Il faut alors évaluer une trésorerie théorique à partir de laquelle sera
établi le diagnostic : Trésorerie théorique = FR - BFRE.
34
Situation n°1
BFR+
FR+
TN+
L’entreprise dispose d’un fonds de roulement positif supérieur à son besoin en fonds de
roulement : sa trésorerie est positive ; il s’agit là d’une situation a priori satisfaisante, sous
réserve cependant que la trésorerie soit correctement utilisée, c’est-à-dire placée dans les
conditions satisfaisantes de rémunération.
Situation n°2
FR+
BFR+
TN-
L’entreprise dispose d’un fonds de roulement positif mais insuffisant pour couvrir son besoin
en fonds de roulement : sa trésorerie est négative. Cette situation est souvent celle
d’entreprises, éventuellement nouvelles, connaissant une forte croissance de leur activité et,
corrélativement, de leur besoin en fonds de roulement ; et qui n’ajustent qu’avec retard leur
fonds de roulement à ce besoin.
Situation n°3
FR+
TN+
BFR-
L’entreprise dispose encore d’un fonds de roulement positif, mais a, de plus, un besoin en
fonds de roulement négatif (en d’autres termes, ses opérations d’exploitation lui procurent des
ressources) : sa trésorerie est positive ; cette situation est évidemment très favorable et, en
plaçant sa trésorerie, l’entreprise réalise des produits financiers qui améliorent sa rentabilité.
Certaines entreprises dans cette situation parviennent à couvrir des pertes d’exploitation grâce
à des produits financiers.
35
Situation n°4
FR-
TN-
BFR+
Situation n°5
FR-
BFR-
TN+
Situation n°6
BFR-
FR-
TN-
36
- une réduction du FR;
- une augmentation du BFR;
- une conjonction de ces deux facteurs.
Il est clair que si la production et les ventes augmentent alors le BFR augmente. Toutes
choses égales par ailleurs, tant que la nature de l'activité de l'entreprise ne change pas, le BFR
reste sensiblement proportionnel au chiffre d'affaires.
Une modification dans le temps du ratio40 BFR / CAHT invite l'analyste à s'intéresser à la
gestion du cycle d'exploitation, c'est à dire aux délais caractéristiques de cette gestion : le
délai de stockage, le délai de crédit-clients et le délai de crédit-fournisseurs.
Créances moyennes
360
Chiffre d' affaires annuel TTC
Ce ratio mesure la durée moyenne du crédit accordé par l’entreprise à ses clients.
- le délai du crédit-fournisseurs
40 BFR 360
On peut également calculer le BFR en jours de CA HT :
CAHT
37
Dettes (moyennes) fournisseurs
360 = nombre de jours d' achats TTC
Achats annuels TTC
Ce ratio mesure la durée moyenne du crédit accordé à l’entreprise par ses fournisseurs.
Si le ratio diminue dans le temps, la situation est défavorable. De même, si la durée observée
dans une entreprise donnée est inférieure à la durée moyenne du secteur, la situation est
défavorable.
Une situation défavorable peut s'expliquer par un faible pouvoir de négociation de l'entreprise
vis à vis de ses fournisseurs.
Il s’agit de mesurer la durée moyenne de séjour des biens (marchandises, matières premières
et produits) dans l’entreprise.
Stocks de marchandises :
coût d’achat des marchandises vendues = achats de marchandises HT + variation des stocks
de marchandises
Coût d’achat des matières consommées = achats de matières HT + variation des stocks
de matières
Si les délais dans une entreprise donnée sont supérieurs aux délais moyens des entreprises du
secteur, la situation est défavorable. Elle peut s’expliquer par :
- une mauvaise gestion des stocks (sur-stockage);
- des difficultés d’écoulement des marchandises ou des produits...
41
En toute rigueur, l’évaluation du coût de production des produits vendus relève de la comptabilité analytique.
En l’absence d’une telle information, l’analyste financier peut l’évaluer approximativement à partir des données
de la comptabilité générale. Plus simplement, en pratique, on lui substitue souvent le CA HT (stocks de produits
finis * 360 / CA HT).
38
Le fonds de roulement se trouve alimenté en continu par la CAF, mesurée ex post
approximativement par les dotations aux amortissements et aux provisions augmentées du
résultat net. Les dotations aux amortissements et aux provisions donnent naissance au stock
d'amortissements et de provisions qui figurent au bilan. La partie non distribuée du résultat
net donne naissance aux réserves.
Par ailleurs, il est modifié ponctuellement par les opérations affectant les immobilisations
(investissements et désinvestissements), le capital (augmentations), les emprunts (nouvelles
émissions et remboursements).
CA
BFR
TN < 0
FR
temps
L'entreprise voit son chiffre d'affaires augmenter très rapidement. Le BFR suit en parallèle
l'évolution du CA. En revanche, malgré une bonne rentabilité, le FR croît plus lentement. Il
s'ensuit des difficultés de trésorerie.
CA
BFR
42
Cf. le chapitre suivant pour une analyse plus détaillée.
TN < 0
39
FR
Dans ce cas, le développement de l'entreprise s'apparente à une "fuite en avant". Pour
accroître son chiffre d'affaires, l'entreprise augmente son crédit client et elle accorde des
réductions de prix qui viennent diminuer sa marge. En conséquence, le BFR augmente plus
que proportionnellement au CA et le FR ne s'accroît que faiblement en raison d'une rentabilité
devenue plus faible. Ici, la crise de trésorerie est extrêmement brutale.
L'accumulation de pertes
CA
BFR
TN < 0
FR
temps
Les pertes accumulées sur plusieurs exercices conduisent à faire régulièrement décroître le
FR. La trésorerie se creuse tout aussi régulièrement.
- succès
CA
BFR
TN < 0
40
temps
FR
- échec
CA
BFR
TN < 0
FR
temps
L'entreprise connaît une structure financière équilibrée, mais a négligé de procéder aux
investissements nécessaires pour assurer son développement futur. Elle décide de rattraper
son retard et procède à des investissements massifs. Il s'ensuit une baisse mécanique et brutale
du FR. Si les investissements sont à l'origine d'un regain de croissance dans le futur, le BFR
va augmenter dans un second temps. L'entreprise, fragilisée par la contraction de son FR, est
alors exposée à une crise de liquidité. Une variante de ce scénario consiste à imaginer un
échec dans le choix des investissements (par exemple, lors d'un lancement d'un nouveau
produit). Des pertes viennent alors poursuivre la diminution du FR et creuser une trésorerie de
plus en plus négative.
La réduction d’activité
CA
BFR
TN < 0
FR
41 temps
En cas de réduction d’activité, le CA baisse régulièrement, cependant le BFR diminue moins
que proportionnellement en raison de rigidités (stocks invendus). Le plus souvent, en cas de
réduction forte de l’activité, le point mort d’exploitation baisse moins rapidement que le CA.
D’où l’apparition de pertes grandissantes qui conduisent à une contraction du FR. Ce scénario
catastrophe aboutit logiquement à la défaillance.
Il résulte de l’analyse fonctionnelle qu’une entreprise ne peut être viable avec une trésorerie
structurellement négative. Cependant, l’observation des structures financières des entreprises
françaises montre que nombre d’entre elles ont connu des trésoreries structurelles négatives
sur de longues périodes sans encourir pour autant un risque de faillite important. L’analyse
fonctionnelle appliquée strictement conduit le plus souvent à surévaluer le risque, car elle
suppose la précarité des CBC. Or, certains de ces concours sont renouvelés de façon quasi
automatique, en fonction notamment des prévisions d’activité, et le financement d’une bonne
partie du BFRE est souvent garanti.
En réalité, en pratique, les établissements financiers utilisent des seuils critiques fondés sur
l’importance des CBC ou sur le niveau de couverture du BFRE. Normes fréquemment
utilisées en pratique :
1. Les CBC doivent être inférieurs à deux mois (ou trois mois selon les établissements) de
chiffre d’affaires ou être inférieurs à la moitié du BFRE ;
2. Le Fonds de Roulement fonctionnel doit être supérieur à 50% du BFRE.
42
Chapitre IV - L'analyse dynamique du risque de défaillance
Le bilan comptable peut être considéré comme l'état à un moment donné des stocks d'emplois
et des stocks de ressources dont dispose l'entreprise. La mise en évidence des flux d'emplois et
de ressources engendrés au cours de l'exercice peut donc s'appuyer sur la confrontation, ligne
par ligne, du bilan de fin d'exercice avec le bilan de début d'exercice.
Du bilan différentiel...
Cette confrontation se fait par différence : on élabore ce qu'il est convenu d'appeler un bilan
différentiel ou une balance des mutations de valeurs.
43
... au tableau de financement
On procède ensuite à une classification des différences calculées en flux d'emplois et en flux
de ressources selon qu'elles sont censées correspondre à une sortie ou à une entrée de fonds,
immédiate ou différée; on obtient ainsi un tableau de financement.
Cette analyse obéit à une logique générale très simple : l'augmentation d'un poste d'actif
correspond à un emploi, l'augmentation d'un poste de passif à une ressource; inversement, la
diminution d'un poste de passif correspond à un emploi et la diminution d'un poste d'actif à
une ressource.
Emplois Ressources
Augmentations d'actif Diminutions d'actif
Diminutions de passif Augmentations de passif
Toutefois, certaines variations peuvent exiger une analyse plus détaillée ou poser des
problèmes d'interprétation.
Ainsi, la variation des immobilisations brutes est la somme algébrique de flux d'acquisition
(investissements) et de flux de cessions (désinvestissements) :
44
Là encore, un tableau de l'annexe indique le montant des dotations de la période et celui des
amortissements correspondant aux cessions. Les dotations aux amortissements ne mesurent
pas en elles-mêmes un flux financier; elles ne sont en effet qu'une estimation des
dépréciations subies par les immobilisations de l'entreprise au cours de l'exercice et cette
estimation n'a aucune conséquence sur les disponibilités de l'entreprise. Néanmoins, on les fait
généralement apparaître en ressources dans le tableau de financement comme élément du
calcul de la capacité d'autofinancement.
Ainsi, dans le tableau de financement, nous avons :
Dotations aux amortissements 1 500
+ bénéfice de l'exercice 1 700
= capacité d'autofinancement 3 200
La CAF mesure le flux de ressources internes43 dégagé par l'activité de l'entreprise.
La variation des emprunts, quant à elle, est le plus souvent la somme algébrique
d'emprunts nouveaux et de remboursements d'emprunts antérieurs. Lorsqu'il est possible de
connaître leurs montants respectifs, on fait apparaître les emprunts nouveaux en ressources et
les remboursements d'emprunts antérieurs en emplois. Dans le tableau de la page 43, nous
avons supposé que la variation négative des emprunts résultait exclusivement de
remboursements.
43
L'entrée de fonds (potentielle) d'origine interne.
45
Le tableau de la page 44 n'est en définitive qu'une simple liste des flux d'emplois et des flux
de ressources de la période. En pratique, on utilise des tableaux plus structurés choisis en
fonction de l'orientation particulière que l'on souhaite donner à l'analyse de la dynamique
financière de l'entreprise. En fonction de leur structuration et de la conception financière de
l'entreprise qu'ils véhiculent, on peut distinguer deux grandes catégories de tableaux : les
tableaux fonctionnels et les tableaux de flux de trésorerie.
Ces tableaux sont les homologues des bilans dits fonctionnels et expriment la même logique
financière. Le tableau des emplois et des ressources (tableau de financement) du PCG, utilisé
par de nombreuses entreprises, appartient à cette catégorie de tableaux.
L’intérêt du tableau de financement du PCG réside dans le fait qu’il permet d’identifier les
causes précises de la variation du fonds de roulement et de la variation du besoin en fonds de
roulement. Le tableau de financement permet donc d’identifier (d’expliquer) les causes de la
variation de la trésorerie nette.
1) Structuration et interprétation
Ils reprennent en dynamique les mêmes notions et vérifient la même relation fondamentale.
Ainsi, le tableau de la page 44 peut aussi être organisé à partir de cette relation fondamentale:
46
SCHEMA DE TABLEAU DE FINANCEMENT FONCTIONNEL
Flux de ressources stables
- Capacité d'autofinancement 3 200
- Augmentation de capital 2 000
Flux d'emplois stables
- Dividendes distribués - 600
- Investissements en immobilisations - 6 800
- Remboursement d'emprunts - 3 150
I - Variation du fonds de roulement fonctionnel - 5 350
- Croissance des créances d'exploitation 1 800
- Réduction des stocks - 1 100
- Croissance des dettes fournisseurs - 4 720
II - Variation du BFR d'exploitation - 4 020
- Croissance des créances diverses 100
- Croissance des dettes diverses - 300
III - Variation du BFR hors exploitation - 200
IV - Variation du BFR global (II+III) - 4 220
V - Variation de la trésorerie (I-IV) - 1 130
+ Variation des concours bancaires + (+ 750)
= Variation des disponibilités - 380
- la variation du fonds de roulement est la résultante des flux d'emplois et de ressources qui
affectent les ressources stables (capacité d'autofinancement, augmentations de capital,
nouveaux emprunts, remboursements d'emprunts...) et les immobilisations brutes
(investissements, désinvestissements, prises et cessions de participation...);
- la variation du besoin en fonds de roulement global est la résultante des flux d'emplois et de
ressources induits par les opérations courantes d'exploitation (variation du besoin en fonds de
roulement d'exploitation) et hors exploitation (variation du besoin en fonds de roulement hors
exploitation);
Il est à remarquer que la confection d'un tableau de financement fonctionnel suppose que les
concours bancaires courants qui participent à la détermination de la trésorerie nette soient
extraits des emprunts et des dettes auprès des établissements de crédits. Compte tenu des
informations données en bas du bilan ou dans l'annexe, cette extraction ne fait aucun
problème sur notre exemple.
47
cette diminution est la résultante d'une réduction du fonds de roulement et d'une réduction du
besoin en fonds de roulement. Manifestement, l'entreprise considérée n'a pas mobilisé
suffisamment de ressources stables pour financer les investissements qu'elle a réalisés; les
causes d'une telle situation peuvent être multiples : faiblesse dans l'absolu de la CAF,
mauvaise synchronisation entre emplois stables et ressources stables (pas de plan
d'investissement ni de financement), investissements réalisés pour saisir une opportunité...
Bien qu'elle ait réduit son besoin en fonds de roulement (et notamment son besoin en fonds de
roulement d'exploitation), elle a dû faire face à un besoin de trésorerie de 1 130, supérieur au
montant des disponibilités (940) dont elle disposait à la fin de l'exercice N-1. Ce qui l'a
conduit à solliciter des concours bancaires à hauteur de 750. En définitive, le maintien de son
équilibre financier se traduit par une ponction de 380 sur ses disponibilités de début de
période.
Dans son système documentaire développé, système dont les éléments sont d'usage facultatif,
le PCG propose un modèle de tableau des emplois et des ressources. Ce modèle peut être
présenté en tableau ou en liste, mais quel que soit son mode de présentation, son contenu reste
le même et vérifie la relation fondamentale :
Toutefois, sa variable pivot n'est pas la variation de la trésorerie, mais la variation du fonds de
roulement :
Variation Variation Variation du
du fonds de = de la + besoin en fonds
roulement trésorerie de roulement
Dans la première partie, intitulée "Calcul de la variation du fonds de roulement net global",
sont inventoriés les flux de ressources "durables" (stables) et d'emplois stables qui ont affecté
le fonds de roulement pendant l'exercice.
Par différence entre le total de ces flux de ressources stables et le total de ces flux d'emplois,
on détermine la variation du fonds de roulement net global. Cette variation mesure une
ressource nette si elle est positive, et un emploi net si elle est négative.
48
TABLEAU DES EMPLOIS ET DES RESSOURCES DU PCG (1re partie)
Calcul de la variation du fonds de roulement net global Exercice Exercice
N-1 N
Ressources durables
Capacité d'autofinancement de l'exercice.....................................
Cessions ou réductions d'éléments de l'actif immobilisé :
Cessions d'immobilisations :
- incorporelles .........................................................................
- corporelles ............................................................................
Cessions ou réductions d'immobilisations financières ...........
Augmentation des capitaux propres :
Augmentation de capital ou apports ............................................
Augmentation des autres capitaux propres ..................................
Augmentation des dettes financièresa b........................................
Total des ressources (I) .....................................................................
Emplois stables
Distributions mises en paiement au cours de l'exercice ..............
Acquisitions d'éléments de l'actif immobilisé :
Immobilisations incorporelles ................................................
Immobilisations corporelles ...................................................
Immobilisations financières ...................................................
Charges à répartir sur plusieurs exercicesc ……………………..
Réductions des capitaux propres (réduction de capital, retraits)..
Remboursements de dettes financièresa ......................................
Total des emplois (II) .......................................................................
Variation du fonds de roulement net global :
Ressource nette (I-II) ................................................................... + +
ou
Emploi net (II-I) ........................................................................... - -
a. Sauf concours bancaires courants et soldes créditeurs de banques.
b. Hors primes de remboursement des obligations.
c. Montant brut transféré dans l’exercice.
49
TABLEAU DES EMPLOIS ET DES RESSOURCES DU PCG (2e partie)
Utilisation de la variation du fonds de roulement net global Exercice Exercice
N-1 N
Variations « Exploitation »
Variations des actifs d’exploitation :
Stocks et en-cours ..........................................................................
Avances et acomptes versés sur commandes ................................
Créances clients, comptes rattachés et autres créances
d’exploitation .................................................................................
Variations des dettes d’exploitation :
Avances et acomptes reçus sur commandes en cours ....................
Dettes fournisseurs, comptes rattachés et autres dettes
d’exploitation .................................................................................
A. Besoin de l’exercice en fonds de roulement
pour l’exploitation ..................................................................... - -
ou
Dégagement de fonds de roulement par l’exploitation
au cours de l’exercice ................................................................ + +
Variations « trésorerie » :
Variations des disponibilités ...............................................................
Variations des concours bancaires courants et des soldes
créditeurs de banques ..........................................................................
C. Variation nette de trésorerie ................................................. + ou - + ou -
Dans la second partie, intitulée "Utilisation de la variation du fonds de roulement net global",
sont inventoriés les flux d'emplois et de ressources qui déterminent, d'une part, la variation du
besoin en fonds de roulement et, d'autre part, celle de la trésorerie; en faisant la sommation
des deux variations, on retrouve la variation du fonds de roulement calculée dans la première
partie. Dans cette seconde partie, les flux d'emplois (augmentations des stocks et des créances,
diminutions des dettes) affectant le besoin en fonds de roulement sont assortis du signe (-);
inversement, les flux de ressources (diminution des stocks et des créances, augmentation des
dettes) sont assortis d'un signe (+). Conséquence de cette convention : une augmentation du
besoin est affectée du signe (-) et une diminution (un "dégagement") est affectée du signe (+);
il s'ensuit que le signe de l'"utilisation de la variation du fonds de roulement net global"
(seconde partie) est l'opposé de celui de la variation (1re partie).
50
III) Les tableaux de flux de trésorerie
Les tableaux de flux visent à mettre en évidence la contribution des différentes catégories
d'activités de l'entreprise à la variation globale de sa trésorerie au cours de l'exercice. L’Ordre
des experts-comptables (OEC), dans un avis de 1997 à l’intention de ses membres, préconise
un tel tableau de préférence à un tableau de type fonctionnel.
L'ETE représente le flux de trésorerie (le surplus monétaire) généré par les opérations
d'exploitation. Il mesure la capacité de l'entreprise à produire de la trésorerie par son activité
d'exploitation.
51
Dettes Créances
d'exploitation d'exploitation
au 31/12/N-1 ETE au 31/12/N-1
de
l'exercice N
charges d'exploitation
Charges
produits d'exploitation
produits
d'exploitation d'exploitation
décaissées encaissés
décaissables
encaissables
dettes créances
d'exploitation d'exploitation
au 31/12/N au 31/12/N
concerneront la trésorerie
de l'exercice N+1
BFRE =
Créances d'exploitation au 31/12/N
- Créances d'exploitation au 31/12/N-1
- Dettes d'exploitation au 31/12/N
+ Dettes d'exploitation au 31/12/N-1
+ Stocks au 31/12/N
- Stocks au 31/12/N-1
52
ETE = EBE - BFRE =
Produits d'exploitation encaissables (de l'exercice N)
- Charges d'exploitation décaissables (de l'exercice N)
+ Créances d'exploitation au 31/12/N-1
- Créances d'exploitation au 31/12/N
- Dettes d'exploitation au 31/12/N-1
+ Dettes d'exploitation au 31/12/N
Exemple :
ETE = 640
53
VA = production de l'exercice - consommations de l'exercice en provenance de tiers
VA = 1 900 - (700 - 100) = 1 300
La société X (cf. Exemple supra) secrète un EBE de 1 000 qui cependant n’entraîne pas une
variation de la trésorerie d’un montant équivalent. Sous la forme d’un accroissement des
créances clients et des stocks, la variation du BFRE a absorbé des liquidités pour un montant
de 360. L’ETE égal à 1 000 - 360 = 640 représente le montant des liquidités obtenues grâce
aux opérations d’exploitation.
Les variations des différents postes du BFRE proviennent, d’une part, des écarts entre les
achats et autres frais et les décaissements qu’ils induisent et, d’autre part, entre les ventes et
autres produits et les encaissements correspondants. Par ailleurs, les variations de stocks
trouvent leur origine dans les décalages entre l’engagement des coûts et leur récupération lors
des ventes44.
La relation qui lie l’ETE à l’EBE est fondamentale pour comprendre la différence entre
résultat et trésorerie, si on interprète abusivement l’EBE comme le résultat issu du cycle
d’exploitation45. Un résultat positif n’entraîne pas nécessairement une variation équivalente de
la trésorerie ; alors que l’EBE de la société X est de 1 000, l’ETE n’est que de 640. Le solde a
été absorbé dans le financement du cycle d’exploitation. Ce résultat confirme que l’EBE ne
constitue qu’un flux de trésorerie potentiel.
Exemple :
44
L’EBE ne se retrouve pas en trésorerie à cause des décalages de règlement, ce qui est évident, mais également
à cause des variations de stocks. Prenons l’exemple d’une production stockée positive (augmentation des stocks
de produits). Cette production stockée est prise en compte dans le calcul de l’EBE, il s’agit d’un flux de
trésorerie potentiel. En effet, les produits mis en stocks seront ultérieurement vendus et l’argent sera encaissé.
L’encaissement est donc reporté à l’exercice suivant. D’un autre côté, l’entreprise a engagé des coûts pour
fabriquer les produits qui ont été mis en stocks et ces coûts ne seront récupérés que lors des ventes.
45
Le véritable résultat provenant du cycle d’exploitation est bien évidemment le résultat d’exploitation.
54
Une entreprise réalise une marge sur coût variable de 30% du chiffre d’affaires. Les charges
fixes d’exploitation (hors amortissement) sont évaluées à 50. Le BFRE représente 50% du
chiffre d’affaires hors taxes. Le chiffre d’affaires actuel (exercice N) s’élève à 200.
Travail à faire : Déterminer l’ETE (de l’exercice N+1) dans les hypothèses suivantes :
- croissance du chiffre d’affaires de 10% ;
- croissance du chiffre d’affaires de 25% ;
- croissance du chiffre d’affaires de 50%.
L'ETG est une extension de la notion d'ETE aux produits et charges financiers et
exceptionnels. Il résulte des produits encaissés et des charges décaissées au cours d'une
période, du fait des opérations d'exploitation, financières et exceptionnelles. Ces opérations
concernent l'ensemble des produits encaissés et des charges décaissées à l'exception des
produits des cessions d'éléments d'actif.
55
1ère méthode de calcul
ETG = ETE
+ Transferts de charges
+ Produits financiers encaissables
- Charges financières décaissables
+ Produits exceptionnels encaissables (sauf produits des cessions d'éléments d'actif)
- Charges exceptionnelles décaissables
- Impôt sur les bénéfices
- Participation des salariés
+ Créances hors exploitation au 31/12/N-1
- Créances hors exploitation au 31/12/N
- Dettes hors exploitation au 31/12/N-1
+ Dettes hors exploitation au 31/12/N
Les postes hors exploitation ne comprennent cependant pas les créances sur cessions
d'immobilisations, les dettes sur fournisseurs d'immobilisations, et le poste Actionnaire,
Capital souscrit non versé (l'OEC les classe dans les opérations d'investissement et de
financement. Cf. Tableau de flux de l’OEC).
La variation du BFR doit exclure les postes du BFR relatifs aux opérations d'investissement et
de financement : Dettes sur fournisseurs d'immobilisations, Créances sur cessions
d'immobilisations et Actionnaires, capital souscrit appelé non versé.
Comme nous l’avons déjà indiqué, les tableaux de flux visent à mettre en évidence la
contribution des différentes catégories d'activités de l'entreprise à la variation globale de sa
trésorerie au cours de l'exercice. Il existe de nombreux modèles de tableaux de flux de
trésorerie. Ils diffèrent essentiellement quant à la façon dont les opérations de l’entreprise sont
classées en catégories. La classification la plus fréquente consiste à distinguer les trois
grandes catégories d’opérations suivantes : les opérations génératrices du résultat, les
opérations d’investissement et les opérations de financement. Il s’agit alors d’élaborer un
document qui mette en évidence la contribution de chacune de ces trois grandes catégories
d’opérations.
Les opérations génératrices du résultat induisent (voir 1)) une variation de trésorerie qui
correspond à la capacité d’autofinancement après déduction de la variation du besoin en fonds
de roulement global.
56
Les opérations d’investissement induisent quant à elles une variation de trésorerie égale à la
différence entre les dépenses impliquées par les investissements et les recettes liées aux
désinvestissements de la période.
Les opérations de financement sont celles qui influent sur le niveau des ressources externes de
l’entreprise : augmentations et, éventuellement, réductions de ce capital ; paiements de
dividendes effectués au cours de l’exercice ; émissions et remboursements d’emprunts... Le
solde de toutes ces opérations mesure leur impact global sur la trésorerie de l’entreprise.
Ce tableau montre que, grâce à une bonne gestion de son besoin en fonds de roulement,
l’entreprise considérée a dégagé un excédent de trésorerie d’exploitation de 7 420, nettement
supérieur à sa capacité d’autofinancement (3 200) et suffisant pour financer ses
investissements de la période (6 800). Si elle a dû faire appel à des nouveaux concours
bancaires courants (+ 750) et puiser dans ses disponibilités de début de période (- 380), c’est
parce qu’il lui a fallu effectuer des remboursements d’emprunts d’un montant (3 150)
supérieur à celui (2 000) de l’augmentation de capital qu’elle a par ailleurs réalisée.
Bien évidemment, ce genre de tableau prend tout son intérêt s’il est pluriannuel : il permet
alors de suivre au cours du temps la structure de la variation globale de trésorerie.
57
Tableau de flux de l'OEC
Flux de trésorerie liés à l’activité
Résultat net
Elimination des charges et produits sans incidence sur la trésorerie ou non
liés à l'activité :
Amortissements et provisions (dotations nettes des reprises)1
- Plus-values de cession
= Marge brute d’autofinancement
- Variation du besoin en fonds de roulement lié à l’activité2
= Flux de trésorerie généré par l’activité (A)
Flux de trésorerie liés aux opérations d’investissement
- Acquisitions d’immobilisations3
+ Cessions d’immobilisations4
= Flux net de trésorerie liés aux opérations d’investissement (B)
Flux de trésorerie liés aux opérations de financement
- Dividendes versés
+ Augmentations de capital en numéraire5
+ Emissions d’emprunts
- Remboursements d’emprunts
= Flux net de trésorerie liés aux opérations de financement (C)
Variation de la trésorerie (A + B + C)
Trésorerie à l'ouverture (D)
Trésorerie à la clôture (A + B + C + D)
1
A l’exclusion des provisions sur actif circulant.
2
A détailler par grandes rubriques (stocks, créances d’exploitation, dettes d’exploitation).
3
Dépenses d’acquisitions = Acquisitions - fournisseurs d’immobilisations
4
Recettes sur cessions = Cessions - créances sur cessions d’immobilisations
5
Apports reçus des associés = apports en capital et prime d’émission - capital non appelé - capital appelé
non versé.
L’avis de l’OEC (1997) recommande de déterminer les flux de trésorerie liés à l’activité à
partir du résultat net comptable (démarche ascendante) en le corrigeant des charges et des
produits calculés (à l’exception des provisions et reprises de provisions sur actif circulant) de
façon à reconstituer une « marge brute d’autofinancement » (MBA). On déduit alors de cette
dernière la variation du BFR liée à l’activité. Cette recommandation conduit à faire deux
remarques :
- la MBA n’est pas conforme à la mesure de la CAF préconisée par le PCG. Elle en diffère de
par les provisions (moins les reprises) sur l’actif circulant46 ;
- de façon à avoir une estimation exacte du flux de trésorerie, il faut calculer le BFR lié à
l’activité à partir des montants nets des actifs liés à l’activité. On remarquera que cette option
conduit à une sous-estimation du BFR.
L’élaboration de ce tableau n’est cependant pas aussi codifiée que celle du tableau de
financement du PCG 82 et laisse à ses préparateurs un certain nombre de choix ; à titre
d’exemples :
- les produits des investissements financiers peuvent être classés soit parmi les flux de
trésorerie liés aux activités génératrices du résultat, soit parmi ceux liés aux opérations
d’investissement ;
46
Cf. Chapitre I.
58
- de même, les intérêts sur emprunts peuvent être classés soit parmi les flux de trésorerie liés
aux activités génératrices du résultat, soit parmi ceux liés aux opérations d’investissement.
Son interprétation suppose donc une lecture attentive des informations annexées qui
l’accompagne et précisent les choix qui ont guidé son élaboration.
Le principal intérêt du tableau de l’OEC est de calculer le flux de trésorerie généré par
l’activité. Ce flux correspond à l’excédent de trésorerie global (l’ETG). La comparaison de ce
flux avec le flux d’investissement permet d’évaluer le risque de défaillance de l’entreprise. En
pratique, il est souhaitable d’effectuer cette comparaison sur plusieurs exercices (au moins
trois exercices). Si le flux généré par l’activité ne permet pas de couvrir le flux
d’investissement, l’entreprise est considérée comme vulnérable car elle est structurellement
dépendante d’un financement auprès des prêteurs extérieurs (l’entreprise est contrainte de
s’endetter de plus en plus). Sa pérennité n’est pas durablement assurée par un équilibre des
flux de trésorerie.
Ce type de tableau doit toujours s’interpréter avec prudence. Il est par exemple normal qu’en
période de croissance et d’investissements importants, le flux généré par l’activité soit
insuffisant. L’entreprise a logiquement recours à des financements externes pour financer ses
investissements. Si les investissements sont rentables, ils généreront des flux de trésorerie
importants dans les années à venir.
L'objectif des méthodes de scores est de faciliter le diagnostic en permettant de distinguer les
entreprises saines et celles qui sont en difficulté et présentent un risque de défaillance.
L'intérêt de la démarche est bien évidemment d'anticiper une défaillance future en observant
les entreprises a priori.
La méthode des scores vise à distinguer au mieux les deux sous-populations d'entreprises
normales et d'entreprises défaillantes en utilisant une valeur synthétique sur une échelle, dite
score.
59
La figure précédente illustre la bonne ou mauvaise capacité d'un score de distinguer une sous-
population A d'entreprises défaillantes et une sous-population B d'entreprises saines. Une
zone de recoupement limitée signifie que l'on minimise le risque de confusion de prendre une
entreprise saine pour défaillante et inversement.
La méthode statistique qui permet de construire une échelle de score est l'analyse
multidimensionnelle discriminante appliquée aux ratios financiers des entreprises. Parmi une
batterie de dix-neuf ratios47, il s'est agi de sélectionner ceux qui sont les plus pertinents pour
distinguer les deux sous-populations. On s'aperçoit, en effet, qu'il existe une redondance
certaine et que le diagnostic peut privilégier certains ratios aux dépens d'autres. De plus, le
poids respectif de chaque ratio n'est pas le même et il faut déterminer les coefficients de
pondération qui permettent se séparer au mieux les deux sous-populations. L'analyse
discriminante permet d'obtenir une combinaison linéaire des ratios les plus pertinents dans le
reclassement des entreprises saines et défaillantes selon la valeur d'un score.
score = a0 + a1 R1 + a2 R2 + ... + an Rn
ai : coefficient de pondération de chaque ratio
Ri : ratio i introduit dans l'analyse
n : nombre de ratios pertinents dans le reclassement
La Banque de France utilise depuis 1983 une fonction de score Z pour analyser le risque de
défaillance des PME industrielles49. La fonction Z est fondée sur l'utilisation de huit ratios
discriminants sur une batterie totale de dix-neuf. Ces ratios sont calculés sur l'année en cours.
Il s'agit de :
Charges financières
R1 : part des frais financiers dans le résultat = 100
EBE
Ressources stables
R2 : couverture des capitaux investis = 100
Capitaux investis
47
Dans le cas de la fonction score de la Banque de France.
48
De nombreuses institutions ont élaboré une fonction score : le CCF, L'AFDCC, etc.
49
Une autre fonction de score, appelée score B, est appliquée aux entreprises du secteur du bâtiment et du génie
civil.
60
Ressources stables = capitaux propres (y compris amortissements et provisions) + dettes
financières (sauf concours bancaires courants)
Capitaux investis = actif immobilisé brut + BFRE
CAF
R3 : capacité de remboursement = 100
Endettement global
EBE
R4 : taux de marge brute d'exploitation = 100
Chiffre d' affaires HT
Dettes fournisseurs
R5 : délai crédit-fournisseurs = 360
Achats TTC
VA n - VA n -1
R6 : taux de croissance de la valeur ajoutée = 100
VA n -1
R7 : délai découvert-clients =
Créances clients - avances et acomptes reçus sur commandes
360
Production
Parmi ces huit ratios, le plus discriminant, considéré individuellement, est la part des frais
financiers dans le résultat (ratio R1). L'évaluation du score Z d'une entreprise s'effectue en
prenant la valeur de ces ratios et en les remplaçant dans la fonction score.
Le score Z obtenu est comparé à des bornes qui permettent de reclasser l'entreprise avec plus
ou moins de certitude :
61
Z > 0,125 : zone favorable
L'entreprise est normale, sans que cela entraîne la certitude que l'entreprise ne sera jamais
défaillante (probabilité de défaillance faible).
Un score très faible ne signifie pas une certitude de défaillance, mais une augmentation très
significative de la probabilité de défaillance dans les trois prochaines années. Si, par exemple,
une entreprise a un score de - 2, sa probabilité de défaillance est de 30,4 %, ce qui est
nettement supérieur à la fréquence relevée a priori sur l'ensemble des entreprises, soit en
moyenne 4 %. Le tableau suivant indique les probabilités de défaillance observées sachant
que le score appartient à l'intervalle indiqué.
50
Sur une période de 3 ans.
51
Probabilité que l'entreprise rencontre des difficultés temporaires.
62
ANNEXE I
Le PCG invite les entreprises à présenter les comptes annuels par référence à l'un des trois
systèmes qu'il propose :
Mais chaque entreprise n'est pas "enfermée" dans l'application d'un système et peut
toujours utiliser des éléments du système plus élaboré (donc des éléments du système B,
voir du système C, si elle utilise le système A; des éléments du système C, si elle utilise le
système B).
Plus complet que le système de base, le système C est destiné à améliorer l'analyse de la
gestion et l'information économique et financière. Toute entreprise peut y recourir soit en
totalité, soit partiellement, en complétant ainsi les analyses du système B, voire du système A.
Le système développé comporte, par rapport au système de base, une présentation plus
détaillée du bilan et du compte de résultat. En outre, le PCG prévoit, pour le système
développé, la publication, dans les documents annuels, des deux tableaux suivants :
- le tableau des soldes intermédiaires de gestion;
- le tableau de financement.
Ces deux tableaux sont d'un intérêt capital pour l'analyse financière.
52
Documents de synthèse : bilan, compte de résultat et annexe.
63
ANNEXE II
On peut évidemment comparer directement les comptes de deux entreprises, sous réserve de
respecter certaines conditions de comparaison. Dans la mesure où la nature de l'activité et la
taille d'une entreprise exercent une forte influence sur son fonctionnement économique et
financier, il est d'usage de ne comparer que des entreprises appartenant au même secteur et de
tailles similaires.
Par ailleurs, il est aujourd'hui possible d'effectuer des comparaisons indirectes grâce à
l'information statistique diffusée par les centrales de bilans. Une telle comparaison consiste à
confronter la situation d'une entreprise particulière à la situation statistique, exprimée à l'aide
d'une distribution de ratios, d'une entreprise abstraite représentative de l'ensemble des
entreprises du secteur. La centrale de bilans de la Banque de France joue un rôle
particulièrement important en la matière. Créée en 1968, elle traite des informations
comptables et extra-comptables qui lui sont volontairement communiquées par plus de
430000 entreprises adhérentes. Son originalité tient au fait qu'elle édite à l'intention de
chacune de ses adhérentes un dossier individuel53 où sont confrontées les caractéristiques de
l'adhérente avec celles de son secteur. Elle fournit ainsi un véritable service d'analyse
financière.
53
Cf. Deppalens et Jobard pour une présentation détaillée du contenu du dossier individuel de la centrale de
bilans de la Banque de France.
64
ANNEXE III
Annuaire d’entreprise
Adresse : www.bottin.fr
Carnet d’adresses et adresses Internet d’entreprises ; la recherche peut s’effectuer sur
différents critères : raison sociale, SIRET, mais aussi chiffre d’affaires ou effectif…
Company News
Adresse : www.companynews.org
Communiqués de presse et informations sur les entreprises, les secteurs d’activités, les
opérations de rapprochement.
Dun § Bradstreet
Adresse : www.dnd.com/
Cette société très connue de production de données sur les entreprises offre ici en accès libre
un ensemble d’articles en texte intégral.
Euridile
Adresse : www.euridile.inpi.fr
Ce site permet d’accéder aux informations juridiques et financières déposées auprès des
greffes des tribunaux de commerce.
Infogreffe
Adresse : www.infogreffe.fr
Ce service, qui existe sur minitel, propose un serveur similaire sur internet, plus convivial et
plus performant.
Rapports annuels
Adresse : www.rapport-annu.com
Ce site propose la consultation des rapports annuels des sociétés cotées.
65