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Les évêques de France prêts à un big bang de


l’Église

Par Jean-Marie Guénois
Publié le 15/06/2022 à 20:37,
Mis à jour hier à 15:57

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La première phase d’un synode mondial sur la gouvernance de l’Église s’achève. 252831598/Photoboyko -
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DÉCRYPTAGE - Mariage des prêtres, ordination des femmes, révision


de la liturgie… Les propositions de réforme, issues de réunions
synodales, sont aussi inédites que radicales.

Mariage des prêtres, femmes diacres ou prêtres, transparence dans les décisions
paroissiales, révision de la liturgie… Les propositions issues des diocèses de France
pour «le synode sur la synodalité», voulu par le pape, pourraient bouleverser l’ordre
établi dans le sacerdoce des prêtres. «Une réelle reconnaissance» envers eux est
pourtant soulignée. Elles ont été étudiées, mercredi à Lyon, par les évêques, puis
transmises à Rome, à la suite d’un vote sur le principe de les communiquer «en
l’état» au Vatican et «sans retouche», accompagnées d’une lettre, également votée
par les évêques, qui les met en perspective en soulignant certaines «aspirations» et
certains «manques».

Jamais l’Église de France n’avait assumé un texte aussi radicalement réformateur.


Compte tenu des réactions et de l’ambiguïté possible de cette démarche, l’épiscopat
a précisé le 16 juin au Figaro que cet envoi officiel et médiatisé au Vatican du
document synodal français «ne signifiait pas que les évêques adhèrent à chaque
point du document, loin de là, notamment sur les questions du sacerdoce».

Mgr Alexandre Joly, évêque de Troyes en charge de ce dossier précise aussi au


Figaro, le 16 juin: «nous n’avons pas choisi de réajuster théologiquement le contenu
du document issu des réunions synodales dans les diocèses, par souci d’écoute et de
transparence et pour que les gens ne disent pas qu’ils n’auraient pas été entendus.
Cela nous bouscule mais rien n’a été occulté par respect de la démarche synodale».

S’achève ainsi la première phase d’un synode mondial sur la gouvernance de


l’Église, convoqué en 2021 par le pape François. À Rome, d’ici à décembre 2022,
s’ouvrira une seconde phase qui va rassembler l’ensemble de ces propositions
nationales pour préparer la tenue effective de ce synode au Vatican, en octobre 2023.

Le document français s’intitule «Collecte des synthèses synodales». Ces dernières


ont été rédigées dans les cent diocèses de France depuis septembre dernier, puis
synthétisées et transmises à l’assemblée des évêques de France, qui s’est réunie à
huis clos à Lyon à ce sujet. Elles ont été présentées à la presse par Mgr Éric de
Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France (CEF), par
Mgr Alexandre Joly, évêque de Troyes ainsi que par une jeune mère de famille, Lucie
Lafleur.

Un diagnostic sévère
Les dix propositions posent un diagnostic sévère sur l’exercice actuel du sacerdoce
catholique: «autoritarisme, difficultés dans les relations avec les femmes, attitude
surplombante plus que fraternelle». Certains proposent même «que le célibat des
prêtres soit laissé au libre choix de ceux-ci, de sorte que l’ordination presbytérale et le
mariage soient compatibles».
Autre grief, la «criante disproportion entre le nombre de femmes engagées» et celles
«qui sont en situation de décider». Ce qui engendre «d’innombrables blessures», une
«attente criante», une «révolte». D’où «de nombreuses demandes pour que les
femmes puissent recevoir l’ordination diaconale» et qu’elles puissent être chargées
de «la prédication». Ce qui serait un «premier pas». Certains voudraient qu’elles
«puissent être ordonnées prêtres».

Le document appelle aussi à une «diversification des liturgies au profit des


célébrations de la parole», avec une «place centrale pour la méditation des
écritures». Selon ce texte, l’eucharistie est certes «essentielle», mais sa liturgie peut
être un «lieu de tension»: tant pour «l’irrecevabilité du langage» de l’Église - trop
complexe pour les fidèles -, que pour les «exclus des sacrements (personnes
homosexuelles, divorcés remariés)».

150.000 catholiques ont élaboré ces cahiers de doléances, soit 10 % des pratiquants,
mais «peu de jeunes et de jeunes adultes», reconnaît l’épiscopat, qui note aussi «la
difficulté pour beaucoup de prêtres à reconnaître l’intérêt de ce synode». Mgr Joly
admet: «toutes les sensibilités ne se sont pas exprimées et il nous manque une
génération, les 25-45 ans.»

À VOIR AUSSI - Eglise: ces femmes qui entourent le pape

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