Étude sur le cadre légal de la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) en République

Démocratique du Congo (RDC)

La Responsabilité Sociale des Entreprises est un concept très complexe qui

n’a pas une définition propre car elle a été définie de plusieurs manières par plusieurs
acteurs, nous pouvons en donner quelques-unes :

 Selon la Commission européenne dans son Le Livre vert, la RSE est definie comme «
l'intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et
environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec leurs
parties prenantes » car elles sont de plus en plus conscientes qu'un comportement
responsable se traduit par une réussite commerciale durable.
 Le Business for Social Responsibility (BSR) définit la RSE comme des pratiques
d’affaires qui « renforcent la responsabilisation et respectent les valeurs sur le plan
de l’éthique dans l’intérêt de tous les intervenants ».
 Selon The World Business Council for Sustainable Development (WBCSD), la RSE est
« l’engagement continu des entreprises à agir correctement sur le plan de l’éthique
et de contribuer au développement économique, tout en améliorant la qualité de vie
de ses employés et de leurs familles, de la collectivité locale et de l’ensemble de la
société ».

La responsabilité sociale des entreprises est une forme de prise en charge par
l'entreprise des préoccupations sociales, sociétaires et environnementales. On peut la
traduire en termes simples de Développement durable appliqué aux entreprises. Elle paraît
aujourd'hui comme un nouvel instrument dans le cahier des charges de toute entreprise qui
a négocié et signé son contrat en bonne et due forme. Mais, curieusement, en République
Démocratique du Congo (RDC), rares sont les entreprises qui assurent leurs responsabilités
sociales, conformément aux engagements pris dans leurs cahiers des charges car lorsqu'on
exige, la plupart des entreprises en RDC considèrent ce devoir comme une tracasserie et ont
toujours des astuces pour passer outre.

La responsabilité sociale des entreprises est un devoir, une obligation et non

des simples actions sociales à caractère humanitaire pour une consommation de l'extérieur.
Les entreprises ont l'obligation de s'acquitter de ce devoir de manière que la lutte contre la
pauvreté devienne un objectif par l'amélioration des conditions de vie de son personnel
ainsi que des populations des zones dans lesquelles elles opèrent à tous les niveaux
(financier, social, économique, environnemental, etc.)

Cela aboutit au choix des huit responsabilités qui apparaissent importantes

sinon indispensables : les droits de l'homme, les droits du travail, la lutte contre la
corruption, la publication des informations, le développement durable, la protection de
l'environnement, le droit à la santé et le paiement des taxes.
 A l’échelle internationale, la responsabilité Sociale des Entreprises demeure
avant tout un concept de soft Law (le droit mou ou souple qui est un ensemble de règles
dont la « juridicité » est discutée. Ce sont des règles de droit non obligatoires, ce qui est a
priori contraire à l’essence du droit) qui ne peut a priori engager directement la
responsabilité juridique de l’entreprise, personne morale puisqu’elle repose sur une
approche volontaire. La doctrine observe cependant que la force contraignant de la RSE en
tant que concept parapluie peut apparaitre en termes de hard Law (le droit dur, fait
référence aux instruments et lois juridiquement contraignants réels. Contrairement au droit
mou, le droit dur confère aux États et aux acteurs internationaux des responsabilités et des
droits contraignants réels), dès lors que la RSE fait référence à une obligation résultant du
droit des traités, de la loi, voire se voit confirmée par le juge comme une obligation
unilatérale qui lie son auteur l’entreprise en l’occurrence.

La Responsabilité Sociale de l’Entreprise (RSE) se présente comme un concept

non juridique parce que qu’elle repose originellement sur l’éthique des affaires, vision
américaine, libérale et religieuse de la seconde moitié du 20 ème siècle. Elle se traduit par des
démarches volontaires des entreprises, « au-delà de la loi », souvent assimilées à des
actions philanthropiques. Cependant, la RSE prend une tournure plus politique du fait que
l’entreprise s’affirme comme un producteur de normes en concurrence avec les États.
Aiguillonnée par l’ISO qui publie, en 2010, la première norme internationale relative à la
responsabilité sociétale des organisations (RSO), l’Union européenne propose alors une
nouvelle stratégie de RSE entendue comme « la responsabilité des entreprises vis-à-vis des
effets qu’elles exercent sur la société », pour inciter les entreprises à intégrer des
préoccupations sociales, environnementales, éthiques, de droits de l’homme et de
consommateurs, dans un processus de création de valeurs et, surtout, pour encadrer les
normes de RSE par des politiques publiques. Et réitérant la Déclaration de Rio de 1992, les
Nations Unies appellent, le 25 septembre 2015, non seulement les États mais également
toute forme d’entreprise, à tisser des partenaires afin de contribuer aux 17 objectifs du
développement durable (ODD) : la RSE est désormais arrimée au développement durable

La question de la responsabilité sociale et sociétale (RSE) des entreprises se

pose avec acuité en République Démocratique du Congo (RDC). Depuis que le concept et ses
diverses déclinaisons sont en discussions au sein de la plateforme de dialogue sur
l’Investissement durable au Katanga (IDAK), la RSE a pris de l’ampleur au niveau de la
chambre des mines et l’ensemble de la Fédération des Entreprises du Congo. La FEC dispose
désormais en son sein une commission spécialisée en charge de la promotion du concept
RSE auprès des entreprises affiliées.

Une manifestation de cette évolution du concept RSE en RDC est la

publication du guide sur la RSE pour le secteur minier au grand Katanga en 2016. Les
consignes dans le guide servent à aider les entreprises minières à mettre en œuvre la RSE au
sein de l’entreprise en adoptant une approche volontaire à la RSE.
 Cette approche ne minimise pas la loi par contre, mais elle est
complémentaire. Etant donné que tout fait engage la responsabilité de son auteur, c’est à
bon droit que la société réponde à sa responsabilité surtout sociétale même en dehors de
toute règle de droit ; une responsabilité basée sur l’éthique ou la morale.

Ceci dit, le principe de responsabilité est aussi un vieux principe juridique qui
impose aussi des obligations vis à vis de l’autre. Puisque le secteur minier joue un rôle
important dans le développement économique de la RDC, les entreprises minières ont une
responsabilité envers la population Congolaise. À ce titre, le gouvernement a promulgué des
codes, règlements, lois et décrets comme instruments de développement et de lutte contre
la pauvreté.

En vue de faire notre etude sur le cadre legal de RSE en RDC, nous sommes
partie de la norme ISO 26000 sur la responsabilité sociale des organisations en ayant
recours aux textes de lois congolais suivants :

 la constitution de la R D Congo 2006 ;

 le code du travail : Loi n° 0015/2002 du 16 octobre 2002 ;
 le code civil des obligations : Décret du 30 juillet 1888 ;
 le code pénal : Décret du 30 janvier 1940 ;
 le code minier : Loi n° 007/2002 du 11juillet 2002 ;
 le Code forestier : Loin° 2002/11 du 29 aout 2002 ;
 les lois, les ordonnances, les décrets, les arrêtés, les édits et les circulaires associés.

Dans ce présent tableau, nous énumérons quelques lois et décrets qui

encadrent la RSE en RDC :

Domaines Thématiques Textes légaux Références

d’actions suivant suivant la RSE en RDC
la norme
ISO 26000
Droit des CONSTITUTION Art 9
populations CODE CIVIL L 2
autochtones LOI FONCIÈRE N 73 Art 387, 388,389
/021
du 20 juillet 1973
Droits civils Art 279, 280, 281
CODE MINIER
et politiques
Droit des
populations CONSTITUTION Art 50
civiles
Droit des CONSTITUTION Art 40
personnes
LOI 87-010 Portant CODE DE LA FAMILLE
du 1 août 1987
Droit du travail CONSTITUTION Art 36
CODE DU TRAVAIL Art 2
 Développement CONSTITUTION Art 37
de l’emploi local CODE TRAVAIL Art 10, 205
CONSTITUTION Art 36
CODE DU TRAVAIL Art 157
Emploi et Règlement
relations d’entreprise
employeurs / ARRÊTÉ MINISTÉRIEL Règlement d’entreprise. (Ministère
employés 70/0016 du Travail et de la
du 11 août 1970 Prévoyance sociale)
Contrat de travail CONSTITUTION Art 36
CODE DU TRAVAIL Art 7 pt.c
Soutien à CONSTITUTION Art 37
l’insertion CODE DU TRAVAIL Art 10
professionnelle
Usage de la main CONSTITUTION Art 36
d’œuvre locale CODE DU TRAVAIL Art 209
Rémunération CONSTITUTION Art 36
décente CODE DU TRAVAIL Art 86, 95, 96, 97
ORDONNANCE 67- Réglementation des salaires
442bis minima interprofessionnels et
Du 1er octobre 1967 des allocations familiales minima.
(M.C., no 20, 15 octobre
1967, p. 811)
ARRÊTÉ MINISTÉRIEL Livre de paie et décompte écrit de
17/67 la rémunération payée.
du 3 octobre 1967 (M.C., no 20, 15 octobre 1967)
ARRÊTÉ MINISTÉRIEL Examen annuel du niveau des prix
16/67 et des salaires. (M.C., no
du 3 octobre 1967 20, 15 octobre 1967)
ORDONNANCE 80-284 Portant réduction des zones
du 29 novembre 1980 salariales et uniformisation
des allocations familiales minima.
(J.O.Z., no 24, 15
décembre 1980, p. 21)

Remédier Respect de la CONSTITUTION Art 16, 60, 61

aux atteintes personne, dignité CODE PÉNAL Art 43 à 66, 74 à 78, 167 à 170, 172
aux droits humains à 177
LOI N 13/011 Droit de l’homme
du 21 mars 2013

Toutefois, nous sommes conscient de n’avoir ni repris dans nos tableaux

toutes les lois congolaises, ni les arrêtés ministériels afférentes aux thématiques RSE
conformément à la norme ISO 26000
 Notre analyse du cadre légal de la RSE en RDC démontre que la loi Congolaise
est déjà pourvue de beaucoup de thématiques liées à la RSE. Ce constat est encourageant
parce qu’un des principes de base de la RSE est le respect de la loi.