« Si je prends définitivement la carrière littéraire, j’y veux suivre ma
devise : Tout ou rien ! Je voudrais par conséquent ne marcher sur les traces de personne ; non que j’ambitionne le titre de chef d’école, – d’ordinaire un tel homme est toujours systématique, – mais je désirerais trouver quelque sentier inexploré et sortir de la foule des écrivassiers de notre temps. » Emile Zola Ainsi, Zola décide –t-il d’instaurer une nouvelle démarche qui lui permet d’être un grand écrivain qui sort du lot. Influencé par la portée scientifique qui a marqué son siècle, le romancier veut faire une œuvre d’homme de science. Il déclare que son œuvre « sera moins sociale que scientifique ; au lieu d’avoir des principes (la royauté, le catholicisme) j’aurai des lois (l’hérédité, l’innéité). Je ne veux point, comme Balzac, avoir des décisions sur les affaires des hommes, être philosophe, moraliste. Je me contenterai d’être savant. » Zola désire être un écrivain scientifique. A l’instar des savants, il présente une thèse qu’il défendra par un travail d’analyse et d’observations. Les travaux de docteur Claude Bernard en médecine expérimentale furent une révélation pour notre auteur. Pour montrer l’influence de l'hérédité, il emprunte des termes tels que : « Élection » (ressemblance exclusive avec l'un des deux parents), « Mélange soudure » (fusion des traits du père et de la mère dans le même produit) « innéité » (absence de traits héréditaires). Il va écrire les Rougon-Macquart ouvrage en plusieurs volumes, dans lequel il montrera le jeu des tempéraments, des vices et des vertus, modifié par l’hérédité et le milieu. Dans ses notes, Zola déclare « pour résumer mon œuvre en une phrase, je veux peindre, au début d’un siècle de vérité et de liberté, une famille qui s’élance vers les biens prochains et qui roule, détraquée par son élan lui- même, justement à cause des lueurs troubles du moment, des convulsions fatales de l'enfantement d’un monde. » Il prévient qu’il n’établira ou ne défendra de système politique ou religieux. Comme Flaubert et les Goncourt, il entend simplement montrer les actes humains, impersonnellement, en tenant compte cependant du fameux milieu et de l’hérédité, deux agents modificateurs dont peu de romanciers s’étaient préoccupés jusque-là. Le résultat qu’il désire que son histoire obtienne est le suivant : « Dire la vérité, démonter notre machine, en montrer les secrets ressorts par l'hérédité, faire voir le jeu des milieux. » Pendant vingt-cinq ans, il suivra la route qu’il s’est tracée, ne changeant sa méthode malgré les clameurs hostiles de ses contemporains. Presque tous ses romans seront d’un naturalisme brutal, « féroce » même. L’on voit à nu une société en modification avec ses aspects laids et pervers.