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« Notre système de sanction ne peut être réputé rationnel, pour le seul motif qu’il est
le produit d’une sédimentation historique », écrivait Jean-Marc Sauvé, souhaitant
que l’on puisse procéder à des redéploiements ponctuels entre répression adminis-
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trative et répression pénale1.
Mais notre propos est, heureusement, limité au droit administratif. Il s’agira donc de
nous interroger sur l’existence, les caractéristiques et les perspectives, d’un droit
administratif répressif de l’environnement, puisqu’il nous faut raisonner ici en termes
de frontières et donc nous démarquer du droit pénal classique. Quand bien même
cet exercice de démarcation apparaîtrait-il quelque peu artificiel. Les auteurs sou-
lignent en effet volontiers que « droit pénal et droit administratif participent tous les
deux d’un droit coercitif »3, ou que « le droit de la répression transcende les fron-
1 J.-M. Sauvé, « Les sanctions administratives en droit public français. État des lieux, pro-
blèmes et perspectives ». AJDA oct. 2001, n° spécial, p. 16.
2 Ord. n° 2012-34 du 11 janvier 2012 ; C. Courtaigne-Deslandes, « De l’utilité d’une
ordonnance simplifiant, réformant et harmonisant les sanctions pénales du code de l’en-
vironnement », BDEI 35/2011 ; C. Cans, « La réforme, tant attendue, du droit répressif de
l’environnement », Dr. adm. janv. 2013, p. 13.
3 P. Delvolvé, « Droit pénal et droit administratif », Archives de philosophie du droit, Tome 53,
2010, p. 147.
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A. VAN LANG - DROIT RÉPRESSIF DE L’ENVIRONNEMENT : PERSPECTIVES EN DROIT ADMINISTRATIF
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sées du fait que le régime de la police administrative est destiné, non pas à sanction-
ner des agissements concrets, mais à prévenir des troubles potentiels. Les frontières
apparaissent encore plus poreuses si l’on considère que la sanction peut aussi pré-
senter un volet curatif. Il se confirme ainsi que les clivages – ici entre répression,
prévention et réparation – ne sont pas aussi tranchés qu’on pourrait le souhaiter.
C’est en ayant pleinement conscience de ces difficultés que nous allons nous livrer à
une étude du droit administratif répressif de l’environnement, entité qui s’avère pour
l’instant indéterminée. Cet examen clinique suppose de cerner ce corpus (physio-
logie), pour en déterminer les maux (pathologie) et rechercher comment y remédier
(thérapeutique).
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A. VAN LANG - DROIT RÉPRESSIF DE L’ENVIRONNEMENT : PERSPECTIVES EN DROIT ADMINISTRATIF
Un premier constat s’impose : nous sommes en présence d’un être bifide. Le droit
administratif répressif de l’environnement se partage en effet en deux branches : les
sanctions administratives énoncées au code de l’environnement et les contraven-
tions de grande voirie, inscrites dans le code général de la propriété des personnes
publiques, qui illustrent le contentieux répressif de la justice administrative.
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Le modèle d’origine est celui du droit des installations classées issu de la loi du
19 juillet 1976. L’ancien article L. 514-1 C. env. – abrogé par l’ordonnance du 11 jan-
vier 2012 à compter du 1er juillet 2013 – prévoyait qu’en cas d’inobservation des
conditions imposées à l’exploitant, constatée par un inspecteur des installations
classées, le préfet met en demeure l’exploitant de s’y conformer dans un délai déter-
miné. Si l’exploitant n’obtempère pas à cette injonction, le préfet pouvait choisir de
recourir à diverses sanctions : 1°) obliger l’exploitant à consigner entre les mains
d’un comptable public une somme répondant du montant des travaux à réaliser, qui
sera restituée à l’exploitant au fur et à mesure de l’exécution des mesures prescrites ;
2°) faire procéder d’office, aux frais de l’exploitant, à l’exécution des mesures pres-
crites ; 3°) suspendre par arrêté le fonctionnement de l’installation, jusqu’à exécution
des conditions imposées et prendre les dispositions provisoires nécessaires. Cet
arsenal répressif a été repris dans de nombreux domaines, parfois avec quelques
variantes : en droit de l’eau par la loi du 3 janvier 1992 complétée par la loi du
30 décembre 2006 (art. L. 216-1 C. env.), en matière de lutte contre le bruit par la
loi du 31 décembre 1992 (art. L. 571-17 C. env.), pour la protection de la qualité de
l’air par la loi du 30 décembre 1996 (art. L. 226-8 C. env.), la police des organismes
génétiquement modifiés avec la loi du 25 juillet 2008 (art. L. 235-5 et s. C. env.), celle
des déchets par l’ordonnance du 17 décembre 2010 (art. L. 541-3 C. env.), le droit
des matières et déchets radioactifs depuis la loi du 28 juin 2006 (art. L. 542-2-2 C.
env.). Il s’applique aussi aux documents, programmes et opérations susceptibles
d’affecter un site Natura 2000, réalisés sans l’évaluation préalable des incidences
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en demeure l’auteur de l’infraction de régulariser sa situation, puis de prononcer une
sanction si la mise en demeure reste infructueuse. La rédaction des textes peut susci-
ter un doute quant à l’étendue de la compétence liée de l’administration. Ils prévoient
invariablement que l’autorité administrative compétente « met en demeure », et que
lorsque l’intéressé n’a pas obtempéré à cette injonction, elle « peut » recourir à l’une
ou l’autre des sanctions précitées. Faut-il déduire de l’emploi du verbe « pouvoir »
que l’obligation juridique ne porte que sur l’édiction de la mise en demeure, l’autorité
administrative ayant ensuite la faculté de renoncer aux poursuites administratives face
à un contrevenant récalcitrant ? Cette solution ne nous paraît guère convaincante au
regard de la logique globalement comminatoire du dispositif.
Le choix s’exerce selon nous à l’égard de la sanction la plus adaptée, sachant que
la mise en demeure ne constitue pas en elle-même une sanction, comme cela a été
précisé dans le cadre du contentieux des installations classées. Il en résulte pour
le juge administratif que « l’option ouverte en matière de sanctions n’affecte pas la
compétence liée du préfet pour édicter la mise en demeure »10. Il considère en outre
que « la mise en demeure (…) a pour objet, en tenant compte des intérêts qui s’at-
tachent à la fois à la protection de l’environnement et à la continuité de l’exploitation,
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tions pécuniaires pénale et administrative n’excède pas le montant maximum de la
plus sévère. Il est à noter que ces règles s’appliquent également aux contraventions
de grande voirie.
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A. VAN LANG - DROIT RÉPRESSIF DE L’ENVIRONNEMENT : PERSPECTIVES EN DROIT ADMINISTRATIF
l’amende encourue, en vue de la répression des manquements aux textes qui ont
pour objet (…) la protection de l’intégrité ou de l’utilisation de ce domaine public (…).
Elles sont constatées, poursuivies ou réprimées par voie administrative ».
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Ce régime de la domanialité publique ne manque pas d’intérêts au regard de la
préservation de l’environnement. Primo, le principe de l’opportunité des poursuites
qui joue en matière pénale ne s’y applique pas. L’administration est en effet tenue
d’exercer les poursuites lorsqu’elle constate une contravention de grande voirie,
comme l’a affirmé un arrêt du Conseil d’État du 23 février 197921. Concrètement,
le préfet du département sur le territoire duquel l’infraction de grande voirie a été
commise, qui est le titulaire de l’action de voirie dans la plupart des hypothèses, doit
dresser acte de la notification du procès-verbal d’infraction et le transmettre au tri-
bunal administratif qui se trouve dès lors saisi. Il en résulte, là encore, un phénomène
d’automaticité de la réponse répressive.
17 La protection du patrimoine culturel n’est pas envisagée ici, mais il ne fait pas de doutes
que nombre de dépendances du domaine public maritime ou fluvial artificiel en font partie.
18 TA Bastia, 10 juillet 1992, Féraud, et 4 mai 1995, Féraud : à propos de la célèbre paillote
abritant le restaurant « Chez Francis ».
19 CE 29 mai 1984, Mme Galli, AJDA 1985 p. 47.
20 CE 23 décembre 1941, Sté Mazout-Transport, Rec. p. 246.
21 CE Sect. 23 février 1979, Min. Équipement c/Assoc. des Amis des chemins de ronde,
Rec. p. 75, concl. Baquet, D. 1979, jurisp., p. 405 note Lombard : « Les autorités chargées
de la police et de la conservation du domaine public maritime sont tenues, par application
des principes régissant la domanialité publique, de veiller à l’utilisation normale des rivages
de la mer et d’exercer à cet effet les pouvoirs qu’elles tiennent de la législation en vigueur, y
compris celui de saisir le juge des contraventions de grande voirie ».
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Le régime des contraventions de grande voirie a été étendu par la loi du 14 avril
2006 relative aux parcs naturels, parcs naturels marins et parcs naturels régionaux,
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à certains espaces naturels protégés qui bénéficient ainsi de sa protection. Sont
concernées les dépendances domaniales relevant du Conservatoire de l’espace
littoral et des rivages lacustres (art. L. 322-10-4 C. env.), celles incluses dans le
périmètre d’un parc national (art. L. 331-19-1 C. env.), d’une réserve naturelle (art.
L. 332-22-1 C. env.) ou d’un parc naturel marin (art. L. 334-7 C. env.). Ces disposi-
tions traduisent la reconnaissance du potentiel environnemental de la contravention
de grande voirie. Elles entraînent aussi, ce qui peut s’avérer utile, une diversification
des autorités administratives susceptibles de poursuivre les infractions.
22 CE 6 mars 2002, Triboulet et Brosset, Rec. p. 76 : le juge peut ordonner la démolition
de constructions un siècle après leur édification irrégulière sur le domaine public maritime.
23 CE 2 novembre 1956, Min. des travaux publics c/Cne de Poizat, Rec. p. 413 ; CE
23 décembre 2010, Ministre d’État, ministre de l’Écologie, du développement et de l’aména-
gement durables c/Cne de Fréjus, Rec. 528, AJDA 2011 p. 730 : l’article L. 2132-3 ne per-
met toutefois pas au juge administratif d’ordonner la démolition d’un ouvrage public implanté
irrégulièrement, car seul le préfet a compétence pour prendre une telle décision après avoir
vérifié, au regard de la balance des intérêts en présence, si la destruction de l’ouvrage ne
porte pas une atteinte excessive à l’intérêt général.
24 CE 10 mars 1976, Min. de l’Équipement c/Robert, Rec. p. 152.
25 CE 17 novembre 1944, Bouquet, Rec. p. 298.
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A. VAN LANG - DROIT RÉPRESSIF DE L’ENVIRONNEMENT : PERSPECTIVES EN DROIT ADMINISTRATIF
II. P
ATHOLOGIE DU DROIT ADMINISTRATIF RÉPRESSIF
DE L’ENVIRONNEMENT
A) L
ES AFFECTIONS CHRONIQUES
DES SANCTIONS ADMINISTRATIVES
La mise en œuvre des sanctions administratives édictées par le code de l’environne-
ment pêche à plusieurs niveaux.
Il est généralement admis, tout d’abord, que les possibilités matérielles de procéder
aux contrôles permettant de déceler les manquements aux normes environnementales
sont insuffisantes. Le prononcé d’une sanction nécessite qu’un agent assermenté
adresse à l’autorité administrative compétente un rapport de contrôle établissant les
faits. Or les effectifs d’inspecteurs – tels que les inspecteurs des installations classées,
devenus des inspecteurs de l’environnement depuis l’ordonnance du 11 janvier 2012
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– sont loin de couvrir les besoins. Selon les chiffres publiés sur le site de l’inspec-
tion des installations classées, on comptait, au 31 décembre 2012, 1 250 équivalents
temps plein, soit 1 555 inspecteurs, d’où le ratio d’un inspecteur pour 320 installations.
Dans ces conditions, seulement 6 % des établissements classés ont pu faire l’objet
d’une inspection – soit 24 000 visites d’inspection. Pour la même raison, les inspec-
tions ne peuvent être que brèves et superficielles, y compris pour les sites « Séveso »
présentant des risques d’accidents majeurs. Ce constat est d’autant plus décevant
qu’il n’est pas récent et que sa dénonciation n’emporte pas d’amélioration visible26.
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A. VAN LANG - DROIT RÉPRESSIF DE L’ENVIRONNEMENT : PERSPECTIVES EN DROIT ADMINISTRATIF
De même, le prononcé de sanctions effectives laisse à désirer. Ainsi, les 2 660 arrê-
tés de mise en demeure édictés en 2012 dans le domaine des installations classées
n’aboutissent qu’à 295 sanctions administratives. Une hypothèse optimiste peut être
avancée, celle de la régularisation après mise en demeure, qui conduit à l’abandon
de la procédure. Toutefois, il ne faut pas exclure une explication plus réaliste, selon
laquelle « le niveau des tolérances administratives dans ce domaine est particuliè-
rement important »29. Concernant la police de l’eau, la réponse administrative aux
non-conformités établies est encore plus faible, puisque seul 1 % des contrôles se
solde par une sanction30. En outre, l’éventail des sanctions offert par les textes n’est
pas utilisé dans toute sa diversité. Certaines sanctions ne sont jamais employées,
soit parce qu’elles sont susceptibles d’avoir des conséquences trop lourdes sur le
plan économique et social, ce qui est le cas de la suspension d’activité, soit parce
que leur mise en œuvre est trop complexe pour l’administration, nous pensons ici à
l’exécution d’office des travaux31. Quant à la consignation d’une somme d’argent,
c’est une mesure qui n’est pas punitive mais coercitive…
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incitatif de la sanction administrative, qui « devient un moyen de forcer le dialogue,
voire de rétablir le rapport de forces en faveur de l’intérêt général ». De façon géné-
rale, les logiques de régularisation, ou encore de tolérance administrative, semblent
prévaloir au sein de l’inspection des installations classées et des préfectures33. Ce
constat induit inévitablement une suspicion à l’égard de l’impartialité de l’autorité
administrative investie du pouvoir de sanction, à savoir le plus souvent le préfet.
Pourvu de multiples casquettes, celui-ci doit arbitrer entre des intérêts divergents.
La prise en compte des enjeux politiques, économiques et sociaux locaux, l’emporte
bien souvent face aux considérations environnementales.
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A. VAN LANG - DROIT RÉPRESSIF DE L’ENVIRONNEMENT : PERSPECTIVES EN DROIT ADMINISTRATIF
B) L
ES CONTRAVENTIONS DE GRANDE VOIRIE :
SYMPTÔMES D’UN MALAISE
La constitution des contraventions de grande voirie révèle également un certain
nombre de vices.
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protégés vont échapper à la protection souhaitée par le législateur36.
34 Cf. sur ces questions : J.-H. Robert, « L’alternative entre les sanctions pénales et les
sanctions administratives », AJDA 2001 n° sp. p. 90 ; J.-M. Sauvé, art. préc.
35 S. Caudal-Sizaret, « Actualité des contraventions de grande voirie en matière de protec-
tion de l’environnement », in Mél. J. Morand-Deviller, Montchrestien, 2007 p. 735.
36 Les parcs naturels marins couvrent toutefois des espaces relevant en partie du domaine
public maritime.
37 CE 6 février 1981, Comité de défense des sites de la Forêt-Fouesnant, Rec. p. 746, JCP
1981, II, 19698, note J.-F. Davignon.
38 CE Sect. 23 février 1979, Min. Équipement c/Assoc. des amis des chemins de ronde, préc.
39 Les préfets des autres départements bretons avaient également refusé d’engager les
poursuites.
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même administration dans l’application des sanctions administratives. Quels sont
les remèdes à notre disposition pour contrer ces maux ?
A) L
A CURE DE JOUVENCE DES SANCTIONS
ADMINISTRATIVES
L’ordonnance du 11 janvier 201243 s’efforce d’amender le système, en intervenant
sur les volets administratif et pénal de la répression des atteintes à l’environnement.
Elle vise globalement à simplifier les procédures et à les rendre plus efficaces. Elle
procède ainsi à une harmonisation des contrôles administratifs, confiés désormais
à un corps unique d’inspecteurs de l’environnement, habilités à rechercher et à
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établi pour la police des installations classées (ancien article L. 514-1 C. env.). Le
prononcé de ces sanctions est toujours indépendant de l’exercice des poursuites
pénales, et soumis au respect du principe des droits de la défense et du principe
du contradictoire. Il nécessite toujours une mise en demeure préalable à l’adresse
du contrevenant. À côté de ces constantes, l’ordonnance innove en ramenant les
hypothèses d’irrégularité à deux cas de figure : le fonctionnement d’installations et
la réalisation d’activités et travaux sans titre (art. L. 171-7 C. env.) et les activités non
respectueuses des prescriptions (art. L. 171-8 C. env.). En outre, à l’arsenal clas-
sique des sanctions (consignation d’une somme d’argent, exécution d’office des
travaux, suspension de l’activité), l’ordonnance de 2012 ajoute la faculté d’ordonner
le paiement d’une amende d’un montant maximum de 15 000 euros44, et de recou-
rir à une astreinte journalière, au plus égale à 1 500 euros. Cette dernière n’étant pas
prononcée à titre de sanction pécuniaire, mais comme une mesure de coercition
destinée à contraindre l’exploitant à déférer à la mise en demeure.
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A. VAN LANG - DROIT RÉPRESSIF DE L’ENVIRONNEMENT : PERSPECTIVES EN DROIT ADMINISTRATIF
B) L’EXPÉRIMENTATION
DE MÉTHODES THÉRAPEUTIQUES NOUVELLES
Pour conférer toute son effectivité au système répressif, il paraît urgent de renforcer
l’impartialité de l’administration sanctionnatrice. Dans cette perspective, nous pro-
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posons la création d’une nouvelle autorité administrative indépendante, intervenant
dans le domaine environnemental. Le recours à une telle institution se justifie par la
nécessité de placer l’autorité décisionnaire à l’abri des pressions et conflits d’inté-
rêts. Traditionnellement, les autorités administratives indépendantes sont créées par
le législateur dans des secteurs d’activité sensibles, à forts enjeux économiques,
éthiques ou sociaux. Certaines d’entre elles sont dotées de pouvoirs de sanction.
Au vu de l’existant, il n’est donc pas incohérent de préconiser la mise en place d’une
Haute autorité de l’environnement, chargée de la répression des atteintes à l’envi-
ronnement de façon globale. Elle disposerait du pouvoir de sanction, et pourrait être
saisie par toute personne ou s’autosaisir. Cette proposition n’a rien de révolution-
naire et ne fait que reprendre des idées qui sont dans l’air du temps47. Le rapport
du groupe de travail présidé par Y. Jégouzo48 propose également la création d’une
Haute autorité environnementale, comme condition de la « mise en œuvre optimale
du principe de réparation du préjudice écologique »49. Cette institution viendrait
combler un vide existant dans le dispositif actuel de protection et de gestion de l’en-
vironnement en matière d’évaluation, de régulation et de contrôle non juridictionnel.
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serait de nature à rendre plus effective la répression, mais aussi probablement le
caractère dissuasif de la sanction.
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