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Module 2, EP 2
Histoire de l’art médiéval : Les arts de l’image en occident du VIIe au XIIe siècle
Ces deux formes artistiques peuvent également être désignées sous un seul terme : les
arts barbares ce qui sous-entend qu’il ne s’agit pas d’œuvres d’art produites par les
Romains mais par ceux que les Romains appelaient des barbares car ne faisant pas partie
de l’Empire (ici principalement les Celtes, les Angles et les Francs).
L’art insulaire : Irlande et Angleterre
Peuple Angle
Les œuvres étudiées seront majoritairement des manuscrits produits dans les monastères
irlandais, anglais et continentaux.
Ces œuvres sont créées dans un contexte de christianisation : l’Irlande, ile peuplée par les
Celtes, est évangélisée par saint Patrick entre les IVe et Ve siècles.
Cette conversion du peuple celte à la religion chrétienne s’appuie sur le monachisme c’est-
à-dire sur la création de monastères (par exemple le monastère d’Iona par saint Colomba au VIe
siècle). Dés le VIIe siècle, un réseau de monastères occupe toute l’Irlande et constitue le cadre
de la chrétienté irlandaise.
Les artistes à cette période sont majoritairement des moines. Seuls les hommes d’église ont
accès à la culture écrite, la religion chrétienne étant une religion du livre.
Le christianisme est une religion
liée aux livres (Bible, évangiles,
livres liturgiques) et ces livres,
copiés à la main, dit
manuscrits, vont recevoir un
décor particulier que nous allons
étudier.
Livre de Kells,
« Xpi b generatio »
Les moines irlandais vont emporter avec eux des manuscrits mais également leur pratique
de la copie et de l’enluminure qu’ils vont développer dans les monastères qu’ils vont
fonder. Il s’ensuit donc la création de manuscrits enluminés suivant les mêmes motifs
que ceux crées en Irlande. Ces manuscrits vont donc être étudiés et classés comme
appartenant à l’art insulaire.
Evangiles de Lindisfarne,
« INITIUM »
f. 95 fin VIIe-déb. VIIIe siècles,
Northumbrie, Londres, British Library,
Cotton ms Nero D. IV.
(343x248 mm)
Arts insulaire et mérovingien : la Gaule mérovingienne
Les deux termes désignent une zone géographique, la Gaule, et une dynastie, les Mérovingiens.
La Gaule, qui fait partie de l’Empire romain, va être envahie à partir de l’extrême fin du IVe
siècle par des peuples germaniques dit barbares.
Parmi ceux-ci sont les Francs, composés d’une
agrégation de différents peuples, qui sont
installés depuis le milieu du IVe siècle sur la
rive gauche du Rhin dans une région
correspondant à la Belgique et une partie des
Pays-Bas actuels.
Il parvient ainsi à gagner le soutien des élites gallo-romaines et à fonder une dynastie
durable : les Mérovingiens.
Le territoire tenu par la dynastie
mérovingienne s’étend sur la Gaule,
et une partie de l'Allemagne jusqu’au
milieu du VIIIe siècle. Elle constitue
une puissance importante face à
Byzance où se maintient alors le
pouvoir impérial.
Corbie
Laon
Soissons
Chelles
Fleury
Tours
Luxeuil
La dynastie mérovingienne va maintenir une continuité de la création artistique durant trois
siècles après s’être convertie à la religion chrétienne aux alentours de 500.
La production peinte qui se maintient dans le cadre religieux et se développe aussi comme
décor dans les palais ne nous est parvenue que sous la forme des manuscrits enluminés.
La production des manuscrits enluminées est réservée au milieu monastique, pour des
fonctions religieuses. Plusieurs monastères sont connus comme ayant joué un rôle de centres
de créations et de relais de la création : Corbie, Laon, Chelles, Soissons, Fleury et Tours.
Ces monastères sont des fondations soutenues par le pouvoir royal.
Il faut noter la présence de moines irlandais sur les territoires mérovingiens. En effet, l'Irlande
entièrement christianisée, envoie des moines pour exercer leur activité missionnaire à
l'étranger. Ils fondent des monastères dans une grande partie de l'Europe et donc en Gaule
mérovingienne à l'instar de l’irlandais saint Colomban à qui l'on doit la fondation de Luxeuil
en Gaule. Cela a pour effet l’apport et la circulation de manuscrits irlandais dans les ateliers
gaulois.
Il faut également noter la présence également de modèles méditerranéens dans tous ces
monastères en raison du lien permanent des communautés chrétiennes avec Rome qui est le
siège de la chrétienté en Occident.
Expression graphique proche des
manuscrits irlandais avec une
pratique de la plume pour cerner les
formes.
• Ce terme de Renaissance constituera notre fil rouge pour comprendre et expliciter les
apports artistiques majeurs de l’art carolingien (peinture murale, mosaïque, enluminure,
orfèvrerie).
• Cette renovatio imperii connaît son apogée avec le couronnement de Charlemagne, roi
des Francs et des Lombards, comme empereur d’Occident par le pape Léon III à
Rome le jour de Noël en l’an 800.
• La peinture murale et la mosaïque, de tradition antique, vont être largement favorisée
pour le décor des églises et des résidences impériales.
• Les textes témoignent de la production de vitraux peints (peinture sur verre), seuls
des traces archéologiques en sont conservées.
Évangiles du Couronnement,
Portrait de Saint Marc, fin du VIIIe siècle,
Vienne, Weltliche Schatzkammer
• Les manuscrits vont être très richement
ornés tant du point de vue des
matériaux utilisés (or, pourpre) que du
nombre des images et de leurs
programmes iconographiques.
Evangéliaire de Godescalc,
La Fontaine de Vie, École du
Palais de Charlemagne, 781-784
Paris, BnF, Nouv. Acq. Lat. 1203
Évangiles de Metz, plat de reliure supérieur
• Les artistes formés au contact des œuvres Reliure d'ivoire et d'orfèvrerie, vers 860-870
insulaires et mérovingiennes conservées dans
le royaume Franc vont également utiliser des
techniques comme celles de l’orfèvrerie ou de
la sculpture d’ivoire pour orner ces œuvres.
Livre de Kells,
Evangiles de Lindisfarne, « Xpi b generatio »
Table des canons, f. 11 Evangile de saint
fin VIIe-déb. VIIIe siècles Matthieu (vers 800)
Londres, British Library, Dublin, Trinity College,
Cotton ms Nero D. IV ms 58, f. 34
Ravenne,
Mausolée de Galla
Placidia, Christ
Bon Pasteur, 425-
430
Ravenne, Saint
Apollinaire-le-
Neuf, Le Christ
bénissant,
1ère moitié du
VIe siècle
Art roman (Xe-XIIe siècle)
• Le terme « art roman » contrairement à ce que l’on a vu jusqu'à présent ne renvoie ni a une
dynastie ni à un espace géographique. Ce terme est crée en en 1818 par l’archéologue
Charles de Gerville pour désigner un type architectural qu’il qualifie ainsi comme une forme
dégénérée de l’art romain. En effet, il emprunte le terme de roman aux linguistes qui
appellent langues romanes les langues de la période médiévale dérivant de la langue romaine,
le latin, donc du latin abâtardi et déformé. Le qualificatif est donc à l’origine péjoratif. Il ne
l’est plus aujourd’hui.
• La période romane s’étend pour les arts de l’image du Xe siècle jusqu’à la fin du XIIe siècle.
Pour ses débuts, elle correspond à l’élection d’Hughes Capet (rex francorum) comme roi des
Francs en 987, à la place du dernier Carolingien. Arrive au pouvoir une dynastie dont le
dernier roi sera Louis XVI.
• A partir de l’an mil, le royaume des Francs connaît avec la puissance montante de l’église un
renouveau de l’architecture religieuse très importante. Ces édifices sont accompagnés
d’ornements nombreux, dont ceux utilisant ou dérivant de l’art de la peinture que nous allons
étudier.
• La commande artistique se limite toujours dans ce domaine au cadre religieux. Les
manuscrits par exemple sont toujours produits dans les monastères, dans les scriptoria (singulier
: scriptorium) On observe le début de la commande artistique princière qui reste cependant très
localisée. L’exemple majeur est celui des comtes de Champagne qui favorisent la création
littéraire et la copie et l’enluminure de ces œuvres.
• L’étude des arts de l’image de la période romane s’appuie à nouveau sur le Les différentes
œuvres seront reliées à leur contexte historique et géographique. Nous pourrons alors
réfléchir sur la question de la naissance de différents foyers de production.
• Ces œuvres seront étudiées afin d’en comprendre les différents langages stylistiques et leurs
développements iconographiques et nous les comparerons aux autres supports
artistiques : peinture murale et vitrail).
• Il s’agira donc, en s’appuyant sur la méthode de lecture des images que vous maîtriserez à
ce stade du semestre, de les décrire et de les analyser, d’en déterminer les particularités
(apports et références à d’autres œuvres déjà étudiées) et de commencer à s’interroger sur la
question des modèles et de la notion d’atelier ou de foyer.
• 3 exemples majeurs seront étudiés :
Bible, Rouen, BM, ms 8, Scriptorium de Jumièges, vers 1075