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Licence 1 (année 2021-2022)

Module 2, EP 2
Histoire de l’art médiéval : Les arts de l’image en occident du VIIe au XIIe siècle

Pascale Charron et Estelle Chargé


 Le Cours Magistral est divisé en trois grandes parties correspondant à trois périodes
chronologiques et à des territoires géographiques parfois distincts :
 art insulaire et mérovingien (VIIe-IXe siècles)
 art carolingien (VIIIe-Xe siècles)
 art roman (XIe-XIIe siècles)

 Connaissances et compétences à acquérir au cours de cette première séance de


travail :
 1) bien connaître les cadres chronologiques et savoir replacer chaque période artistique
entre le VIIe et le XIIe siècle.
 2) bien noter les termes essentiels et leur définition (et en connaître l’orthographe).

Ces deux points seront retravaillés en TD.


Arts insulaire et mérovingien

Deux zones géographiques pour une même période chronologique


1. L’Irlande et l’Angleterre
2. La Gaule mérovingienne (le royaume des Francs).

• Les dénominations des ces arts sont différentes :


- Art insulaire fait référence à une situation géographique
- Art mérovingien à une dynastie royale : les mérovingiens.

 Ces deux formes artistiques peuvent également être désignées sous un seul terme : les
arts barbares ce qui sous-entend qu’il ne s’agit pas d’œuvres d’art produites par les
Romains mais par ceux que les Romains appelaient des barbares car ne faisant pas partie
de l’Empire (ici principalement les Celtes, les Angles et les Francs).
L’art insulaire : Irlande et Angleterre

Désigne la production artistique qui se développe en Irlande et dans le nord de l’Angleterre


(Northumbrie) entre le VIe et le IXe siècle.

Peuple Angle
 Les œuvres étudiées seront majoritairement des manuscrits produits dans les monastères
irlandais, anglais et continentaux.

 Ces œuvres sont créées dans un contexte de christianisation : l’Irlande, ile peuplée par les
Celtes, est évangélisée par saint Patrick entre les IVe et Ve siècles.

 Cette conversion du peuple celte à la religion chrétienne s’appuie sur le monachisme c’est-
à-dire sur la création de monastères (par exemple le monastère d’Iona par saint Colomba au VIe
siècle). Dés le VIIe siècle, un réseau de monastères occupe toute l’Irlande et constitue le cadre
de la chrétienté irlandaise.

 Le regroupement des premières communautés chrétiennes dans ces lieux de vies


communautaires va entrainer la construction d’églises et de bâtiments monastiques et la
production de manuscrits et objets destinés au culte.

 Les artistes à cette période sont majoritairement des moines. Seuls les hommes d’église ont
accès à la culture écrite, la religion chrétienne étant une religion du livre.
Le christianisme est une religion
liée aux livres (Bible, évangiles,
livres liturgiques) et ces livres,
copiés à la main, dit
manuscrits, vont recevoir un
décor particulier que nous allons
étudier.

Livre de Kells,
« Xpi b generatio »

Evangile de saint Matthieu (vers 800)


Dublin, Trinity College, ms 58,
f. 34,
330 x 250 mm
 Les pages enluminées sont
composées de motifs complexes
dont il faut apprendre le lexique afin
de pouvoir les décrire, les
comprendre puis les analyser.

 La composition des pages est


également complexe et répond à la
fonction et la réception des
manuscrits.

 Le langage stylistique des


enlumineurs (les moines) est donc
très particulier et ne peux pas être
compris en dehors de son contexte
de production et de sa réception
par les hommes d’église auxquels ils
sont destinées exclusivement.

Symbole de l’évangéliste saint Matthieu,


Évangiles dits d’Echternach, f. 18v,
VIIIe siècle (335x255mm)
Paris, BnF, ms Lat. 9389.
 Les communautés monastiques irlandaises vont envoyer des moines dans le nord de
l’Angleterre peuplé par les Angles pour des missions de conversion à la religion
chrétienne. Cette région correspond à la Northumbrie actuelle.

 Les moines irlandais vont emporter avec eux des manuscrits mais également leur pratique
de la copie et de l’enluminure qu’ils vont développer dans les monastères qu’ils vont
fonder. Il s’ensuit donc la création de manuscrits enluminés suivant les mêmes motifs
que ceux crées en Irlande. Ces manuscrits vont donc être étudiés et classés comme
appartenant à l’art insulaire.
Evangiles de Lindisfarne,
« INITIUM »
f. 95 fin VIIe-déb. VIIIe siècles,
Northumbrie, Londres, British Library,
Cotton ms Nero D. IV.
(343x248 mm)
Arts insulaire et mérovingien : la Gaule mérovingienne
 Les deux termes désignent une zone géographique, la Gaule, et une dynastie, les Mérovingiens.

 La Gaule, qui fait partie de l’Empire romain, va être envahie à partir de l’extrême fin du IVe
siècle par des peuples germaniques dit barbares.
 Parmi ceux-ci sont les Francs, composés d’une
agrégation de différents peuples, qui sont
installés depuis le milieu du IVe siècle sur la
rive gauche du Rhin dans une région
correspondant à la Belgique et une partie des
Pays-Bas actuels.

 Ils sont intégrés à l’armée romaine et donc


fortement acculturés : cela signifie qu’ils
parlent latin, vivent selon des coutumes
romaines, et sont en lien avec la religion
chrétienne qui est la religion officielle de
l’Empire depuis la fin du IVe siècle.

 Parmi les Francs qui sont entrés au service de


l’Empire se trouvent les Francs saliens. Leur
ancêtre, source de légitimité de leur pouvoir
royal, est d’origine légendaire et plus encore
quasi-divin selon les rites germaniques Il se
nomme Mérovée. C’est à partir de ce nom que
les historiens nommeront leur dynastie : les
Mérovingiens.
 Les fonctions militaires des Francs leur
confèrent un pouvoir important en ces temps
troublés. Clovis (germ. Hlodowecus, qui donne
par la suite les prénoms Ludovic ou Ludwig en
Allemagne et Louis en France) devient leur roi
probablement en 481. Pour s’imposer face
aux évêques, et à la population gallo-romaine
en partie christianisée il se convertit à la
religion chrétienne et reçoit le baptême en
496, 505 ou 507 à Reims, avec 3 000 de ses
guerriers.

 Les Francs (Mérovingiens) sont alors


solidement établis dans les territoires qui
allaient devenir la Neustrie à la période où la
Gaule romaine est traversée, envahie et
démantelées par les peuples germaniques
(Vandales qui s’installent en Espagne puis en
Afrique du nord ; Les Wisigoths qui s’installent
dans le sud de l’Espagne ; les Burgondes qui Les historiens parlent d’une véritable dynamique
s’installent en Bourgogne et en Suisse actuelle…). d’intégration de la part de ce peuple et surtout
de ses souverains.
 Après une suite de victoires sur ses rivaux barbares, Clovis s’impose comme l’un des premiers
rois germains d’Occident à avoir adopté la religion chrétienne dominante, celle de Rome,
contrairement aux Wisigoths ou aux Lombards ariens et aux Alamans païens.

 Il parvient ainsi à gagner le soutien des élites gallo-romaines et à fonder une dynastie
durable : les Mérovingiens.
 Le territoire tenu par la dynastie
mérovingienne s’étend sur la Gaule,
et une partie de l'Allemagne jusqu’au
milieu du VIIIe siècle. Elle constitue
une puissance importante face à
Byzance où se maintient alors le
pouvoir impérial.

 Leurs souverains les plus connus


sont Clovis (481-511) et Dagobert
Ier (628-639). Il faut noter qu’à cette
époque, comme sous la dynastie
suivante, il n’est pas question de
France, mais bien d’un royaume des
Francs (Regnum Francorum) : les
rois germains, en effet, ne règnent
pas sur un territoire, mais sur des
sujets.
Les dates à retenir

496, 505 ou 507 : baptême de Clovis à Reims par saint Remi


La Gaule
mérovingienne et les
grands centres
artistiques

Corbie
Laon

Soissons
Chelles

Fleury
Tours

Luxeuil
 La dynastie mérovingienne va maintenir une continuité de la création artistique durant trois
siècles après s’être convertie à la religion chrétienne aux alentours de 500.

 La production peinte qui se maintient dans le cadre religieux et se développe aussi comme
décor dans les palais ne nous est parvenue que sous la forme des manuscrits enluminés.

 La production des manuscrits enluminées est réservée au milieu monastique, pour des
fonctions religieuses. Plusieurs monastères sont connus comme ayant joué un rôle de centres
de créations et de relais de la création : Corbie, Laon, Chelles, Soissons, Fleury et Tours.
Ces monastères sont des fondations soutenues par le pouvoir royal.

 Il faut noter la présence de moines irlandais sur les territoires mérovingiens. En effet, l'Irlande
entièrement christianisée, envoie des moines pour exercer leur activité missionnaire à
l'étranger. Ils fondent des monastères dans une grande partie de l'Europe et donc en Gaule
mérovingienne à l'instar de l’irlandais saint Colomban à qui l'on doit la fondation de Luxeuil
en Gaule. Cela a pour effet l’apport et la circulation de manuscrits irlandais dans les ateliers
gaulois.

 Il faut également noter la présence également de modèles méditerranéens dans tous ces
monastères en raison du lien permanent des communautés chrétiennes avec Rome qui est le
siège de la chrétienté en Occident.
 Expression graphique proche des
manuscrits irlandais avec une
pratique de la plume pour cerner les
formes.

 Cependant on ne note pas la même


rigueur d’abstraction que dans les
manuscrits irlandais, l’inspiration est
avant tout puisée dans le monde
animalier et végétal.

Sacramentaire gélasien, Chelles,


vers 750, Rome, Bibliothèque
apostolique Vaticane, Cod. Reg.
Lat. 316
• Le répertoire des thèmes et des motifs est
plus marqué par le monde méditerranéen.

• La figuration humaine est ainsi très


importante dans ces manuscrits, par exemple
les portraits de l’auteur assis ou debout.

Portrait de saint Jérôme,


Lettres de saint Jérôme,
Corbie vers 700 (209 x 152
mm)
Saint-Pétersbourg, ms Lat Q
v I 13
Fibule en forme d’aigle,
Nuremberg, Germanisches
Nationalmuseum, VIe siècle

 L’inspiration des artistes est également en lien


avec les arts précieux qui conservent les Saint Ambroise, Hexaemeron, Paris, BnF, ms
formes et les techniques traditionnelles des lat 12135,
arts dits « barbares » lettres zoomorphes (oiseaux et poissons)
Art carolingien (VIIIe-Xe siècle)

Le terme de carolingien renvoie à une


dynastie de rois francs (les Carolingiens)
qui ont régné en Occident de 751 à 987.

Le terme carolingien est dérivé de Carolus.


Il a pour source deux noms de
souverains : Charles Martel (690-741)
qui a été l’un des chefs de
l’administration sous la période
mérovingienne et qui est l’un des aïeuls
des Carolingiens et de son petit-fils
Charlemagne (Carolus magnus) (742?-
814), qui est l’un des rois les plus
importants de cette dynastie franque.
Les souverains majeurs de cette lignée sont Pépin le Bref (fondateur de la dynastie) ,
Charlemagne qui obtient le titre d’Empereur d’Occident à partir de 800 et Charles le
Chauve, petit-fils de Charlemagne.
• Une attention particulière sera portée aux contextes politique et religieux dans lesquels
se développe la production artistique durant le règne des Carolingiens.

• La période carolingienne est qualifiée en histoire de l’art de Renaissance carolingienne.


Elle correspond au mouvement politique et culturel de Renovatio imperii : Renaissance
ou rénovation de l’empire qui trouve son apogée au cours du règne de Charlemagne.

• Ce terme de Renaissance constituera notre fil rouge pour comprendre et expliciter les
apports artistiques majeurs de l’art carolingien (peinture murale, mosaïque, enluminure,
orfèvrerie).

• La culture savante à toujours été maintenue depuis la fin de l’Empire romain


d’Occident. L’héritage de la culture latine a été préservée au sein de l’Eglise chrétienne
(pratique du latin, conservation des textes littéraires, philosophiques et scientifiques
antiques). L’essor de la culture latine s’amplifiant à la période carolingienne et s’élargit à
tout le territoire des Francs.
• Les raisons de cette préservation et de la renaissance de la culture antique sous les
Carolingiens sont en grande partie politique. Il s’agit pour les souverains, de
confession chrétienne, de faire renaître sur le territoire Franc les usages politique et
culturels de l’empire romain. Ils se présentent comme les défenseurs de la foi
chrétienne (évangélisation des territoires conquis) et de la culture romaine
(également chrétienne).

• Cette renovatio imperii connaît son apogée avec le couronnement de Charlemagne, roi
des Francs et des Lombards, comme empereur d’Occident par le pape Léon III à
Rome le jour de Noël en l’an 800.
• La peinture murale et la mosaïque, de tradition antique, vont être largement favorisée
pour le décor des églises et des résidences impériales.

• Les textes témoignent de la production de vitraux peints (peinture sur verre), seuls
des traces archéologiques en sont conservées.

Auxerre, Saint-Germain, Crypte. Lapidation de saint


Etienne, (mi IXe siècle), peinture murale. Germigny-des-Prés, chapelle de la villa de Théodulf (vers
800). Mosaïque de l’abside : L’Arche d’alliance
• Cette période est qualifiée de
Renaissance car vont être encouragées
et développées sur ordre royal puis
impérial la réforme de l’écriture et de
la langue latine, la fondation de
grands monastères, la création de
scriptoria (ateliers de copie des
manuscrits) dans ces monastères pour
la copie des textes chrétiens mais aussi
littéraires, philosophiques et
scientifiques antiques.

Évangiles du Couronnement,
Portrait de Saint Marc, fin du VIIIe siècle,
Vienne, Weltliche Schatzkammer
• Les manuscrits vont être très richement
ornés tant du point de vue des
matériaux utilisés (or, pourpre) que du
nombre des images et de leurs
programmes iconographiques.

Evangéliaire de Godescalc,
La Fontaine de Vie, École du
Palais de Charlemagne, 781-784
Paris, BnF, Nouv. Acq. Lat. 1203
Évangiles de Metz, plat de reliure supérieur
• Les artistes formés au contact des œuvres Reliure d'ivoire et d'orfèvrerie, vers 860-870
insulaires et mérovingiennes conservées dans
le royaume Franc vont également utiliser des
techniques comme celles de l’orfèvrerie ou de
la sculpture d’ivoire pour orner ces œuvres.

• Certains plats de reliure vont associer


l’orfèvrerie et l’ivoire sculpté.
Évangéliaire de Lindau, plat de reliure supérieur, vers 800
• Cette partie du cours permettra de s’intéresser à ces différents apports formels et
stylistiques et aux différents foyers artistiques que sont les grands monastères de
l’Empire carolingien. Des comparaisons et des rapprochements seront donc fait avec
des œuvres romaines et byzantines, insulaire et mérovingienne..

Livre de Kells,
Evangiles de Lindisfarne, « Xpi b generatio »
Table des canons, f. 11 Evangile de saint
fin VIIe-déb. VIIIe siècles Matthieu (vers 800)
Londres, British Library, Dublin, Trinity College,
Cotton ms Nero D. IV ms 58, f. 34

Ravenne,
Mausolée de Galla
Placidia, Christ
Bon Pasteur, 425-
430

Ravenne, Saint
Apollinaire-le-
Neuf, Le Christ
bénissant,
1ère moitié du
VIe siècle
Art roman (Xe-XIIe siècle)
• Le terme « art roman » contrairement à ce que l’on a vu jusqu'à présent ne renvoie ni a une
dynastie ni à un espace géographique. Ce terme est crée en en 1818 par l’archéologue
Charles de Gerville pour désigner un type architectural qu’il qualifie ainsi comme une forme
dégénérée de l’art romain. En effet, il emprunte le terme de roman aux linguistes qui
appellent langues romanes les langues de la période médiévale dérivant de la langue romaine,
le latin, donc du latin abâtardi et déformé. Le qualificatif est donc à l’origine péjoratif. Il ne
l’est plus aujourd’hui.
• La période romane s’étend pour les arts de l’image du Xe siècle jusqu’à la fin du XIIe siècle.
Pour ses débuts, elle correspond à l’élection d’Hughes Capet (rex francorum) comme roi des
Francs en 987, à la place du dernier Carolingien. Arrive au pouvoir une dynastie dont le
dernier roi sera Louis XVI.
• A partir de l’an mil, le royaume des Francs connaît avec la puissance montante de l’église un
renouveau de l’architecture religieuse très importante. Ces édifices sont accompagnés
d’ornements nombreux, dont ceux utilisant ou dérivant de l’art de la peinture que nous allons
étudier.
• La commande artistique se limite toujours dans ce domaine au cadre religieux. Les
manuscrits par exemple sont toujours produits dans les monastères, dans les scriptoria (singulier
: scriptorium) On observe le début de la commande artistique princière qui reste cependant très
localisée. L’exemple majeur est celui des comtes de Champagne qui favorisent la création
littéraire et la copie et l’enluminure de ces œuvres.

Bible dite des comtes de Champagne,


commandée par le comte Thibaut II
(1093-1151) et réalisée vers 1145 dans un
atelier de Chartes.
• Le décor monumental des édifices religieux est très abondant et mieux conservé que
ceux des périodes précédentes. Nous nous intéresserons donc à de grands cycles de
peintures murales.
• Ces œuvres qui présentent des programmes ou des compositions iconographiques riches
et parfois complexes nous permettrons d’aborder des questions de narration et
d’iconographie.

Berzé-la-Ville, chapelle du château des moines,


Saint-Savin-sur-Gartempe, abbatiale, fin du XIe siècle
1er tiers du XIIe siècle
 La peinture monumentale est également présente grâce aux vitraux ou
verrières. Ces panneaux de verre peint par les peintres-verriers et
assemblés par des baguettes de plomb forment de grands décors très
colorés qui ont également pour fonction de fermer les fenêtres et de
mettre les édifices hors eau.
 Certains grands vitraux de la période romane sont bien conservés et
permettent de comprendre l’importance de cet art de l’image dans l’église.
Leur dimension permet d’y développer des figurations monumentales
et de grands cycles iconographiques qui accompagnaient à l’origine le
décor peint de l’édifice.
• Les manuscrits restent cependant la source principale pour étudier la peinture comme pour
les périodes précédentes. La production de manuscrits enluminés va croître avec celle des
fondations religieuses. Les grands monastères vont continuer à produire la copie des textes
nécessaires aux communautés religieuses et certains vont développer des ateliers
d’enluminure très importants.

• L’étude des arts de l’image de la période romane s’appuie à nouveau sur le Les différentes
œuvres seront reliées à leur contexte historique et géographique. Nous pourrons alors
réfléchir sur la question de la naissance de différents foyers de production.
• Ces œuvres seront étudiées afin d’en comprendre les différents langages stylistiques et leurs
développements iconographiques et nous les comparerons aux autres supports
artistiques : peinture murale et vitrail).
• Il s’agira donc, en s’appuyant sur la méthode de lecture des images que vous maîtriserez à
ce stade du semestre, de les décrire et de les analyser, d’en déterminer les particularités
(apports et références à d’autres œuvres déjà étudiées) et de commencer à s’interroger sur la
question des modèles et de la notion d’atelier ou de foyer.
• 3 exemples majeurs seront étudiés :
Bible, Rouen, BM, ms 8, Scriptorium de Jumièges, vers 1075

La Normandie et le royaume anglo-normand


(cohésion territoriale et politique)
Territoire retrouvant une cohérence à partir de l’an mil avec
les ducs Richard Ier et Richard II. Etat fort et unifié qui
connaît une expansion territoriale exceptionnelle avec la
Évangiles de la Trinité, Canterbury,
conquête de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant en
premier quart du XIe siècle,
Cambridge, Trinity College, ms
1067 et la création d’un grand royaume anglo-normand.
B 10.4 Décoration des manuscrits frappant par leur grande
homogénéité stylistique.
Vie de saint Amand, abbaye de Saint-Amand, XI et XIIe siècles

Les ateliers du nord de la France (fragmentation des lieux de


production)
Le nord du royaume ne connaît pas à cette époque de pouvoir dominant mais
un ensemble de seigneuries. La multiplication de grandes abbayes provoque dès lors
un éclatement stylistique très différent de la Normandie. Styles très divers cependant
très fortement marqués par l’influence germanique (carolingienne et également anglo-
saxonne)
Les ateliers cisterciens (identité religieuse)

• L’ordre des cisterciens dont l'origine


remonte à la fondation de l'abbaye de
Cîteaux par Robert de Molesme en 1098
est une branche réformée de l’ordre
bénédictin. Cet ordre monastique joue
un rôle de premier plan dans l'histoire
religieuse du XIIᵉ siècle en particulier
sous l’abbatiat de saint Bernard.

• Les manuscrits produits par l’abbaye de


Cîteaux au XIIe siècle développent un
style particulier. Primauté de la ligne sur
la couleur. Pleines pages accompagnant
les initiales ornées, personnages
gesticulant et en mouvement. Grande
liberté pour les postures et goût pour la
caricature. Multiplication des détails
donnant du rythme à l’image.

Saint Grégoire, Moralia in Job, vers 1110-1115


(Maître de la Bible d’Etienne Harding)

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