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Comme convenu, ce rapport d’étape prend la forme d’une ébauche du catalogue des sites ecclé-
siastiques que nous avons pu répertorier en Northumbrie. Pour une meilleure appréhension, nous
proposons également une brève introduction contextuelle. Celle-ci n’apparaîtra pas dans la version
finale du catalogue car nous espérons en faire une partie entière, bien plus développée, tant le
contexte politique apparait important pour comprendre la rédaction de certains textes ou la fonda-
tion et les relations des établissements ecclésiastiques northumbriens étudiés.
Dans un premier temps, il est important de rappeler que la Northumbrie n’est pas une entité poli-
tique unie tout au long de la période. Effectivement, si la Northumbrie apparaît bel et bien comme
un royaume unique chez Bède le Vénérable pour une grande partie du VII e siècle et pour le VIIIe
siècle, la Northumbrie est d’abord l’assemblage de deux royaumes antérieurs : la Bernicie et la Dei-
ra qui ont chacun une dynastie différente à leur tête. À partir des premiers raids vikings 1 touchant
les établissements du nord du royaume, comme celui qui ébranle une première fois Lindisfarne en
793, la Northumbrie recouvre une certaine instabilité politique. David Rollason n’accepte effective-
ment plus l’usage du terme « royaume » pour la Northumbrie à partir de 866/7 et parle dès lors
« d’États successeurs »2. La Northumbrie apparait alors fragmentée, au coeur des rivalités politiques
entre l’Ecosse au nord, le royaume de Wessex au sud, et le nouveau royaume viking d’York.
Les sources narratives, bien que chrétiennes, donnent une place certaine au Jorvik, évoquant par
exemple, la recherche de soutien auprès des établissements ecclésiastiques importants de la part de
rois récemment convertis. C’est par exemple le cas, dans la Vie de Saint Cuthbert du Xe siècle qui
montre le successeur supposé de Halfdan, premier roi viking d’York, se faisant couronner par la
communauté de saint Cuthbert. Si l’historiographie traditionnelle tend à insister sur le caractère né-
faste de cette présence viking et de l’influence scot et sur leur entrave à l’unification du royaume
d’Angleterre, William Aird a montré que les Scandinaves (principalement des Danois pour le X e
siècle) ont surtout cherché à s’inscrire dans les structures de gouvernement pré-existentes et dans un
1 Nous prenons ici le terme « viking » comme défini par Pierre Bauduin dans Les Barbares, dirigé par Bruno
Dumézil. Cette définition rappelle les contours flous de l’utilisation de ce terme qui est plutôt une accepta-
tion historiographique qu’une réalité historique précise. Pierre Bauduin rappelle en effet que « le terme ren-
voie à une personne ou, employé au féminin, à une activité impliquant un déplacement, souvent en bateau,
par exemple pour une expédition de pillage ou de commerce ». Il note cependant que le terme a aujourd’hui
« un sens générique pour se rapporter aux Scandinaves de cette période ». Les sources contemporaines lui
préfèrent « Normands », « Danois », « pirates », ou « païens ».
2 D. ROLLASON, Northumbria, 500-1100, Creation and Destruction of a Kingdom, Cambridge, 2003
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modèle royal traditionnel tout en cherchant des appuis locaux et en respectant, sans doute par prag-
matisme, les cadres chrétiens établis. Il apparaît par exemple, que l’archevêque d’York voit son
pouvoir spirituel dédoublé d’un pouvoir temporel au cours de la période. 3 Plus généralement, il est
important de relativiser l’influence délétère qu’auraient pu avoir les Scots et les Scandinaves sur la
vie culturelle et religieuse de l’ancien royaume de Northumbrie, celle-ci étant dépeinte très diffé-
remment selon l’origine des récits étudiés : les sources d’origine northumbrienne étant plus nuan-
cées que celles provenant du Wessex, par exemple. Il est néanmoins notable que le soutien scandi-
nave ou anglais soit systématiquement préféré à l’influence scot4.
Pour longtemps, les territoires northumbriens restent, malgré ces influences multiples, auto-
nomes, puisque seuls le Yorkshire et la Cumbrie apparaissent comme soumis au geld west-saxon.
Cette particularité northumbrienne s’exprime encore sous le règne d’Édouard le Confesseur (1042 -
1066) par une révolte contre le pouvoir de l’earl Tostig, de la famille Godwinson, proche du roi, qui
voit notamment la communauté de saint Cuthbert exhumer les reliques du roi Oswiu de Deira, mar-
tyr proprement northumbrien du VIIe siècle.
Il apparait en somme que les principaux éléments de compréhension de la vie culturelle nor-
thumbrienne s’entrelacent avec des enjeux politiques multiples et qui se caractérisent par le jeu
d’influences qu’entretiennent les Scots, les Vikings d’York et les West-Saxons. Les communautés
religieuses, comme celles des minsters5, du début de la période jouent, par ailleurs un rôle particu-
lièrement important dans ces relations.
3 W. AIRD, « Northumbria », A companion to the early middle ages Britain, c. 500 - c. 1100, Londres, 2012
4 Ibid.
5 Ce terme est à attribuer à John Blair qui défend son usage à défaut de « monastère » pour permettre d’intro-
duire la particularité des communautés de ces établissements. Elles n’étaient sans doute pas uniquement
composées de moines ou de moniales et pouvaient même parfois accueillir une certaine part de laïques. Voir
J. BLAIR, The Church in Anglo-Saxon Society, Oxford, 2004
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Catalogue des établissements ecclésiastiques de Northumbrie
Nous avons ici tenté d’établir un catalogue de l’ensemble des établissements ecclésiastiques de
Northumbrie qui, d’une manière ou d’une autre ont subsisté pendant la période de dissolution pro-
gressive du royaume entre les IXe et XIe siècles. Il s’agit effectivement ici de tenter de voir quelle
variété de sites existe à cette période et si des sites connus de « l’âge d’or » northumbrien, connu
entre les VIIe et VIIIe siècles, ont maintenu une certaine activité pendant des siècles que l’historio-
graphie traditionnelle qualifie comme étant particulièrement instables pour la région. Les sources
narratives étant assez rares pour les Xe et XIe siècles, il nous a fallu nous appuyer sur de nombreuses
et riches études archéologiques6. Nous avons également cherché à nous appuyer sur les états des
lieux faits par le Domesday Book pour 1066, cependant, l’absence de mention d’une église ou d’un
autre établissement ecclésiastique sur un domaine ne signifie pas systématiquement son inexistence.
Pour une lecture plus aisée, les notices seront classées par ordre alphabétique et les indications
géographiques seront données selon les divisions administratives britanniques contemporaines.
6 Concernant les sources narratives, il faut cependant mentionner les incontournables récits de Bède, tant
dans son Histoire Ecclésiastique que dans sa Vie de saint Cuthbert, qui nous donne une base solide pour étu-
dier les établissements les plus importants de Northumbrie au début du VIII e siècle, il est également néces-
saire d’évoquer le Libellus de Exordio de Syméon de Durham pour tenter de retrouver la trace de certains
établissements du diocèse de Durham au XI e siècle, notamment. Il nous apparaît d’autre part important de
mentionner la somme produite par E.A. FISHER en 1962, The Greater Anglo-Saxon Churches, An Architectu-
ral-Historical Study, qui, sans être exhaustive nous a permis une première approche importante et enrichis-
sante. Concernant le cas particulier de Durham et des autres établissements liées à la communauté de saint
Cuthbert, W. AIRD propose une chronologie très intéressante des acquisitions et des fondations liées à ce
culte au premier chapitre de St Cuthbert and The Normans, Woodbridge, 1998. Concernant les éditions de
sources utilisées, il faut mentionner particulièrement l’édition bilingue de L’Histoire Ecclésiastique du
peuple anglais proposée dans la Collection des Sources Chrétiennes. Nous avons également utilisé la pre -
mière traduction en français de la Vie de Saint Wilfrid, réalisée par Michel BELLIART dans son mémoire de
deuxième année et prochainement publiée.
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maine d’Adlingfleet.
7 L’abbaye de Peterborough est située à proximité de l’actuelle Londres et semble avoir eu un lien très fort
avec la royauté west-saxonne qui multiplie les donations au profit de la fondation tout au long des IX e, Xe et
XIe siècles.
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tionnent la réunion d’un synode rassemble sur les terres d’Aycliffe 8 en 788 au moment de la
mort du roi de Northumbrie Elfwald. Cependant, ces deux références sont assez tardives, les
écrits de Richard de Hexham datant d’entre 1155 et 11579.
8 « sinodus fuit in loco qui dicitur Acleh », Richard de Hexham, « Brevis Annotatio », The Priory of Hex-
ham, its Chroniclers, Endowments and Annals, J. RAINE (éd.), Durham, 1864, vol.1, p. 38.
9 L. GOUGAUD, « Acle », Dictionnaire d’Histoire et de Géographie ecclésiastique, Vol. 1, Col. 343, 1912.
10 B. BROWN, The Arts in Early England, II, Anglo-Saxon Architecture, Londres, 1925, p. .
11 W. E. WIGHTMAN , « The Significance of 'Waste' in the Yorkshire Domesday », Northern History, 10,
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porche de l’église Saint-Grégoire encore élévation est constitué du toit de l’église primitive. Ha-
rold Taylor date ce toit du IXe siècle tandis que l’église actuelle aurait été construite en 1086.
L’existence de cette église primitive semble être confirmée par la mention de la présence d’une
« aecclesia » en 1066 dans le Domesday Book.
12 HE, V, 6-4 : « […] seputltus est in porticu sancti Petri in monasterio suo, quod dicitur « in Silua Dero-
rum » anno ab incarnatione dominica DCCXXI »,
13 Cette charte a été étudiée, notamment par C.R. HART dans The Early Charters of Northern England and
the North Midlands, Leicester, 1975, p. 118 qui a montré que celle-ci était sans doute fausse car écrite en
Vieil Anglais et non en Latin comme l’aurait exigé la période de rédaction et aurait plutôt été fabriquée au
XIVe siècle. Elle note cependant qu’il est possible que le texte ait permis de faire perdurer des traditions au -
thentiques, notamment une donation de terre au monastère de Beverley. Il est également intéressant de noter
que, comme l’affirme cette charte, la collégiale de Beverley disposait d’un privilège consistant en un droit de
prélèvement de 4 mesures de blé sur chaque charrue de l’East Riding.
14 Cette charte est assez bien connue et a notamment été étudiée par Florence Elizabeth HARMER dans An-
glo-saxon writs, Manchester, 1952.
15 D’après E.A. FISCHER, le Aella mentionné comme roi de Northumbrie, aurait pu être un usurpateur non
issu d’une famille royale et qui aurait lutté contre les Danois pendant la prise d’York.
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Les propositions de Syméon de Durham semblent être confirmées par l’archéologie du bâti qui
permet d’identifier au moins deux phases de construction et d’activité sur le site de Billigham.
La première phase est attestée par des fragments de croix gravés utilisés dans le mur sud de la
tour. Ces fragments sont donc antérieurs à la tour construite au milieu du XI e siècle et pourrait
donc être rattachés à un premier établissement détruit par un raid à la suite duquel l’église aurait
été reconstruite grâce à des ré-emplois.
16 G.W.D. BRIGGS, « The Church of St Andrew, Bolam », Archaeologia Aeliana, série 5, 10, 1982, pp. 125-
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d’un « presbiter ».
17 Selon le Hull Domesday Project, un outlier correspond à un domaine dépendant d’un manoir et de son
propriétaire tout en étant physiquement détaché de ces derniers. Il est également précisé que ces outlier
peuvent correspondre à des domaines s’étalant sur plusieurs vills c’est-à-dire la plus petite unité administra-
tive dans les enquêtes du Domesday. Si, dans le sud de l’Angleterre, ces vills sont surtout calquées sur les pa-
roisses, dans le nord, où la paroissialisation est moins aboutie, elles correspondent au tracé des villages.
18 LDE, xxii, p. 88, « et Ecgbertus in locum eius electus et consecratus, Eanbaldo archiepiscopo, et
Eanberto et Badulfo aliis quoque episcopis in locum qui dicitur Biguell tertias Idus Iunii ad eius
ordinationem conuenientibus »
19 B. BROWN, The Arts in Early England, II, Anglo-Saxon Architecture, Londres, 1925
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28. Bywell, Saint-Peter - Northumberland - Église
Edward Gilbert, s’intéressant aux deux églises de Bywell, a montré que Saint-Peter correspond
mieux à la description faite par Syméon20. De fait, l’église Saint-Peter semble avoir connu deux
phases d’activité, la première achevée entre 793 et 794 suite à une destruction causée par un raid
danois, tandis que la seconde aurait commencé autour de 1040.
24 Cette charte n’est connue que dans des copies plus récentes mais C.R. HART ne remet pas son authenticité
en doute et propose même d’y voir un tableau assez informé de ce qu’ont pu être les possessions de Monk-
wearmouth avant les établissements vikings de la fin du IX e. C.R. HART, Early Charters, p. 118.
25 Bède, HE, IV, 17-2, « […] monasterium Aebbae abbatissae, quae erat amita regis Ecgfridi, positum in
loco quem Coludi Urbem nominant ».
26 Étienne de Ripon, Vie de saint Wilfrid, 37, « […] monastère que l’on appelle Colodaesburg, où présidait
la très sainte abbesse nommée Aebbe, soeur très sage du roi Oswiu »
27 Bède, HE, IV, 23-1, « His temporibus,monasterium uirginium, quod Coludi Urbem cognominant, cuius et
supra meminimus, per culpam incuriae flammis absumtum est ».
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d’un chancel et d’une nef uniquement.
28 La mention latine précise est « dim. aeccla. » et a été traduite par « half a church ». Il est cependant diffi-
cile de comprendre ce que peut-être une demie église. Il s’agit peut-être d’une église qui n’est plus en activité
suite à des destructions ou l’absence de prêtre.
29 Le site de Durham est particulièrement bien connu et nous conseillons la lecture de l’ouvrage de William
Aird, St Cuthbert and the Normans, pour permettre d’approfondir l’étude.
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lières de l'établissement30, qui ne s’ancre pas dans la réforme bénédictine qui touche pourtant le
sud de l’Angleterre dès la fin du IX e siècle. Siméon de Durham rattache le choix du site de Du-
rham à des raisons de défenses naturelles, et William Aird abonde en ce sens en liant la fonda-
tion à des motivations plus généralement politiques. L’Historia de Sancto Cuthberto du XIe
siècle précise par ailleurs que des terres avaient été données par des nobles dans la région et que
la communauté profite de dons fonciers tout au long de la période de rivalité entre les factions
de Bamburgh et de York.
30 Durham, cathedral library, ms. A. IV. 19. Le travail de K. L. Jolly sur ce manuscrit a donné lieu à un très
riche ouvrage qui tente d’étudier l’ensemble de la vie quotidienne de la communauté à la fin du X e siècle.
K. L. Jolly, The Community of St. Cuthbert in the Late Tenth century. The Chester-le-Street Additions to Du-
rham cathedral library A.IV.18., Columbus, 2012.
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49. Hackness - Yorkshire, North Ring - Minster double puis église
La première référence connue de Hackness se trouve dans L’Histoire ecclésiastique du peuple
anglais dans laquelle l’établissement mixte de Hackness est évoqué au livre IV. La mention rat-
tache cet établissement à sainte Hilda, fondatrice de Whitby, en lui attribuant également la créa-
tion d’une communauté double à cet emplacement : « cette nuit-là, le Seigneur tout-puissant
daigna annoncer sa mort, par une claire vision, dans un monastère situé assez loin de là, qu’elle
avait construit cette même année et qui s’appelait Hackness »31. L’archéologie permet d’autre
part d’établir que l’église qui est encore en élévation à Hackness a été construite au XI e siècle.
Plusieurs études archéologiques, ont par ailleurs mis en lumière l’intérêt de la croix gravée et
datée de la fin du VIIIe siècle au début du IXe siècle présente dans l’église en s’arrêtant particu-
lièrement sur les cinq inscriptions qui y figurent 32. Deux d’entre elles sont malheureusement illi-
sibles car rédigées dans un alphabet inconnu, peut-être runique d’origine saxonne. Les trois
autres, en latin, mentionnent néanmoins la première abbesse du site mentionnée par Bède, Oe-
dilburg, indiquant une possible continuité de l’occupation du site sur l’ensemble de la période 33.
La première des trois inscriptions mentionne les communitates dans lesquels Oedilburg est célé-
brée, l’on pourrait, dès lors imaginer l’existence d’un réseau de monastères à la tête duquel se
trouverait Hackness. Pour finir, Hackness apparaît dans le Domesday Book comme étant un do-
maine disposant de trois « aecclesiae » et d’un « presbiter ».
31 Bède, HE, IV, 21, « Qua uidelicet nocte Dominus omnipotens obitum ipsius in alio longuis posito monas-
terio, quod ipsa eodem anno construxerat, et appellatur Hacanos, manifesta uisione reuelare dignatus est ».
32 R. SERMON, « The Hackness Cross Cryptic Inscriptions », Yorkshire Archeological Journal, 68, 1996, pp.
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33 Les inscriptions latines sont ainsi lisibles : (OEDI)LBURGA SEMPER TENENT MEMORES COM-
MU(NITATES) TUAE TE MATER AMANTISSIMA, ie. Oedilburg, tes communautés te tiennent toujours
en leur mémoire, très aimante mère ; TREL(…)OSA ABBATISSA OEDILBURGA ORATE PR(O NOBIS),
ie. Trel. Osa Abbesse Oedilburg prie pour nous ; OEDILBURGA BEATA A(D S)EMPER T(E
REC)OLA(NT), ie. Sainte Oedilburg puisse-t-il toujours se souvenir de toi.
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54. Hexham - Northumberland - Monastère et église
La fondation de la « maison pour le Seigneur » à Hexham est attribuée à Wilfrid et remonte, se-
lon la Vie de Saint Wilfrid d’Étienne de Ripon, à une période légèrement antérieure à 673. Ef-
fectivement, les terres sur lesquelles est fondé l’établissement ont été données à Wilfrid par la
reine de Northumbrie Aethelthryth, or, celle-ci entre au monastère d’Ely au cours de l’année
673 : « À Hagustaldesae, la région y ayant été adaptée et transformée par la sainte reine Aethel-
thryth « dédiée à Dieu », il fonda une maison pour le Seigneur, construite en l’honneur du bien-
heureux apôtre André »34. Cette fondation est confirmée par Bède qui évoque, pour le début du
VIIIe siècles, les pèlerinages que la communauté d’Hexham réalise régulièrement à l’emplace-
ment où le roi Oswald aurait édifié avant sa dernière bataille : « c’est en ce lieu aussi que les
frères de l’église d’Hexham, qui est tout proche, avaient pris l’habitude depuis longtemps de se
réunir chaque année la veille du jour où fut tué le roi Oswald […] »35. Wilfrid aurait par la suite
fondé une deuxième église dédiée à sainte Marie entre 705 et 709. Hexham est également établi
comme évêché du vivant d’Hexham puisqu’Étienne de Ripon note que c’est le successeur de
Wilfrid à la tête de l’évêché, Acca, qui termine la décoration des deux bâtiments. David Rolla-
son, suppose d’ailleurs que c’est sur ce site que reposent les reliques d’Acca tout au long de la
période36. Le site disparait ensuite des sources pour l’ensemble des IX e, Xe et XIe siècles, ne ré-
apparaissant que chez Richard d’Hexham, qui évoque la destruction des bâtiments et le pillage
de la région lors d’un raid possiblement mené par Halfdan Ragnarsson et la réhabilitation du site
qui devient le lieu de fondation d’un prieuré augustin à partir de 1070.
38 Ces indications sont apportées par la découverte d’une peinture sur plâtre pouvant être rattachée à cette
période et d’une statue en forme de tête d’oiseau qui correspond aux tendances esthétiques des VII e et VIIIe
siècles et qui aurait ensuite été réutilisée dans une tombe du cimetière de Saint-Peter. Le carbone 14, lui, da-
tant les éléments de cette première phase à plus ou moins 80 ans avant ou après 940. L’article de T.W.
POTTER et R.D. ANDREWS, « Excavation and Survey at St Patrick’s Chapel and St Peter’s Church, Heysham,
Lancashire, 1977-8 », The Antiquaries Journal, 74, Londres, 1994, pp. 55-134, en fait l’état des lieux le plus
complet à ce jour.
39 Sur la consécration des cimetières à partir du IX e siècle, voir C. TREFFORT, L’église carolingienne et la
mort, Lyon, 1996, pp. 119-163. L’on peut s’interroger sur la potentielle expansion de la pratique de consé-
cration des cimetières dans l’Angleterre anglo-saxonne, suivant un exemple continental.
40 T.W. POTTER et R.D. ANDREWS, « Excavation and Survey at St Patrick’s Chapel and St Peter’s Church,
Heysham, Lancashire, 1977-8 », The Antiquaries Journal, 74, Londres, 1994, pp. 55-134
41 Encore une fois nous conseillons la lecture de l’article de T.W. POTTER et de R.D. ANDREWS. Pour résu-
mer très brièvement leurs observations, l’on peut noter la présence de pierres dressées et de la disposition en
alternance des pierres d’angles, le style des montants de fenêtres relativement larges bien qu’élancés peut
également être rattaché à l’architecture typique anglo-saxonne.
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59. Hornsea - Yorkshire, East Riding - Église
Le Domesday Book mentionne la présence d’une « aecclesia » et d’un « presbiter » sur le do-
maine de Hornsea.
42 Il faut cependant noter que D. C. SMITH rappelle dans sa thèse de doctorat en archéologie, Vandalism and
Social Duty : The Victorian Rebuilding of the « Street Parish » Churches, Ryedale, North Yorkshire, York,
2014, que R. MORRIS dans Churches in the landscape, Phoenix, 1989, a tenté de rapproché l’établissement
ecclésiastique de Hovingham à un établissement monastique mentionné au VIII e siècle dans la correspon-
dance du pape Paul Ie et du roi de Northumbrie Eadbhert, le site ayant été en activité depuis le règne d’Os -
wald (634-642).
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blir une chronologie de la vie du site. De fait, l’archéologie nous en après guère car seul l’un des
murs du chancel de l’église Saint-Paul a été découvert, il apparaitrait néanmoins que l’établisse-
ment a été attaqué et pillé à plusieurs reprises jusque vers 870, date à laquelle il aurait été dé-
truit. Symeon de Durham laisse cependant supposer que Jarrow est encore en activité au X e
siècle puisqu’il mentionne le vol des reliques de Bède qui reposait à Jarrow par un noble nor-
thumbrien qui a largement participé à l’enrichissement de Durham43. Le Libellus de exordio
mentionne également le passage de l’évêque de Durham en 1069 lors de la translation des re-
liques de saint Cuthbert. David Rollason suggère même dans l’introduction au texte du Libellus
de Exordio que Symeon aurait pu avoir été un moine à Jarrow ou Wearmouth à la fin du XI e
puisqu’il a lui-même assisté à la translation des reliques 44. Il propose également de voir dans la
destruction des bâtiments de Jarrow une potentielle conséquence des mouvements de répression
des révoltes northumbriennes opérés par l’autorité de Guillaume le Conquérant entre 1069 et
107045.
46 W. R. SHEPPERD, « Kirby Underdale Church », Journal of the British Archeological Association, 29,
1923, pp. 89-95. Il est également fait mention d’une probable donation de l’église de Kirby Underdale à l’ab-
baye Sainte-Marie d’York mais nous n’avons pas retrouvé la source dont est issue cette hypothèse.
47 Cette charte est copiée dans le manuscrit BL., Add. MS. 38816, f.21r, le manuscrit n’est pas numérisé dans
son ensemble mais la copie de la charte est lisible en ligne. Nous n’avons cependant trouvé aucune étude pré-
cise permettant de confirmer l’authenticité de ce texte, les chartes anglo-normandes sont cependant moins
souvent suspectées de falsifications que les chartes anglo-saxonnes.
48 Site internet de l’Institut de Recherche Historique britannique, British History Online. Web. 27 december
2021. http://www.british-history.ac.uk/vch/yorks/north/vol1/pp517-523.
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thon, il n’est cependant pas précisé si elle est occupée par un prêtre.
49 B. BROWN, The Arts in Early England, II, Anglo-Saxon Architecture, Londres, 1925
50 Bède, HE, III, 23-1, « […] Quem cum Oidiluald, filius Osualdi regis, qui in Derorum partibus regnum
habebat, uirum sanctum et sapientem probumque moribus uideret, postulauit possessionem terrae aliquam a
se quad construendum monasterium accipere, in quo ipse rex et frequentius ad deprecandum Dominum ube-
rumque audiendum aduenire et defunctus sepeliri deberet ».
51 Bède, HE, III, 23-3, « […] tempore autem procedente, in eodem monasterio ecclesia est in honorem bea-
tae Dei genetricis de lapide facta, et in illa corpus ipsius ad dexteram altaris reconditum »,
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80. Ledsham - Yorkshire, East Riding - Église
Ernest Arthur Fischer rattache les fondations de la tour occidentale de l’église, l’arc du chancel
et certaines parties de la nef à une construction anglo-saxonne. Harold Taylor a de plus proposé
d’identifié le porche de la tour comme un reste de toits des anciens bâtiments 52.
55 B. BROWN, The Arts in Early England, II, Anglo-Saxon Architecture, Londres, 1925
56 Ibid.
57 Voir la notice « Jarrow » pour un développement plus large sur la fondation des deux établissements et de
leur fonctionnement entre la fin du VIIe siècle et le début du VIIIe.
58 R. CRAMP, Wearmouth and Jarrow monastic sites, Swindon, 2005, vol. 1.
59 Cette charte a déjà été évoquée dans la notice « Chester-le-street ».
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période anglo-saxonne ou du tout début de la période anglo-normande. Une charte du registre
du prieuré de Wetheral mentionne par ailleurs que le premier seigneur normand du Cumberland
a fait transféré son église domaniale d’Appleby à un site monacal à Morland 60.
60 Et Ecclesia de Morlund cum suis pertinentijs in usus proprios Monachorum domus de Wederhale quae
est cella dictae Ecclesiae Sancta Mariae Eboraci ad eorundem sustentationem Decedentibus vero vel
cedentibus personis vel Rectoribus
61 HSC, 9, p. 48-9, « qui transportauit quondam ecclesiam olim factam a beato Aidano tempore Osuualdi
regis de Lindisfarnensi insula ad Northam, ibique eam reedificauit et illuc corpus sancti Cuthberti et Ceol-
wulfi regis transtulit ».
62 Voir notice 47, « Wakefield ».
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ter » qu’il partage avec le domaine de Welham. Ernest Arnold Fischer
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106.Sancton - Yorkshire, East Riding - Église
D’après le Domesday Book, le domaine de Sancton dispose d’un « presbiter » et d’une « aec-
clesia ».
64 « caluniat Rad pagenel VI bou. tre In Stanegrif. de tra Ulf hoes qui iurauer dicunt ee S. Petri eboracen -
fis »
65 Dans le Domesday Book, l’appellation « burgenses » (traduite par « bourgeois ») est assez rare et désigne
spécifiquement les habitants des villes. Il est donc possible que Tanshelf ait été un bourg d’importance.
66 « Coterus » (cottager en anglais moderne) n’apparait que dans cette notice sur l’ensemble du Yorkshire et
fait s’interroger sur la nature des dépendants présents sur ce domaine.
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123.Wakefield - Yorkshire, West Riding - Églises
Dans le Domesday Book, le domaine de Wakefield dispose de « III presbiteri » et « II aeccle-
siae ». Il apparait également comme un domaine relativement peuplé et prospère puisqu’il dis-
pose de nombreux carucates soumis aux redevances et qu’il semble à la tête d’une juridiction
dont dépendent plusieurs autres domaines.
67 Il observe effectivement que les ouvertures inférieures ont une forme qui s’affine vers le haut, caractéris -
tique des premiers bâtiments chrétiens influencés par les fondations irlandaises. E. A. FISCHER, The Greater
Anglo-Saxon Churches, p. 106.
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dale.
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134.Womersley - Yorkshire, West Riding - Église
Selon le Domesday Book, un « presbiter » et une « aecclesia » se trouvent sur le domaine de
Womersley.
71 R. A. HALL, « Eoforwic (York) du VIIe au milieu du IXe siècle », Quentovic, Environnement, Archéolo-
gie, Histoire, 2010, p. 367-380.
72 Cette citation, évoquée dans K. HARRISON, « The pre-Conquest churches of York with an Appendix on
Eight-century Northumbrian Annals », YAJ, 40, 1960, p. 232-249, est cependant à prendre avec un certain re-
cul puisque l’auteur lui-même admet qu’elle est issue d’un compte-rendu latin de la Chronique anglo-
saxonne qu’il n’a pas consulté directement, puisque perdu et est issu d’une édition de 1597. Il explique éga -
lement que même si cet texte est authentique, la question des sources de l’auteur, Aethelweard, est difficile à
résoudre, puisque la version de la Chronique anglo-saxonne sur laquelle il se base s’arrête supposément en
892.
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liée au décès du earl de Northumbrie Siward qui est inhumé dans l’église, qu’il aurait fait
consacré lui-même en l’honneur de saint Olaf. La Vie du roi Edward commandée par Edith de
Wessex à la mort de son époux, Édouard le Confesseur, et rédigée en 1067 tend à confirmer
l’inhumation de Siward dans l’église. Il est intéressant de noter que Siward aurait certainement
été un earl dont le pouvoir était très lié à celui du roi Knut (1016 - 1035), il apparait même par-
mi les témoins de plusieurs chartes attribuées au roi.
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