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UNIVERSITÉ DE MAROUA

ECOLE NATIONALE SUPERIEURE DES MINES ET


DES INDUSTRIES PETROLIERES

ÉLÉMENT DE COURS

OBLIGATIONS REGLEMENTAIRES DE L’ENTREPRISE

Enseignant
NGAYA DAIROU Fidèle,
Docteur Ph/D.
Université de Maroua

Année académique : 2022/2023

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CHAPITRE PRELIMINAIRE : L’ENTREPRISE

I-L’APPRÉHENSION LE L’ENTREPRISE : UNE NOTION


ÉCONOMIQUE

L’entreprise est une réalité du monde économique. Une réalité qui se présente sous les
formes les plus diverses : entreprise artisanale, commerce de détail, PME, grande entreprise
industrielle, entreprise publique, groupe international de sociétés, mais aussi entreprise
agricole, profession libérale, coopérative ou association. L’entreprise se caractérise par une
activité économique de production ou de prestation de services et par une organisation de
moyens matériels et humains.

De ce qui précède, il ressort que l'entreprise comporte nécessairement deux éléments :


un ensemble organisé de moyens de production et une activité économique.

 Premier élément

L'entreprise requiert un ensemble organisé de moyens de production. Ce sont tout


d'abord des moyens humains.

* L'entreprise rassemble une collectivité de personnes qui œuvrent à l'exploitation :


salariés, dirigeants, représentants non-salariés.

* Ensuite des moyens matériels, immeubles, machines, moyens de transport, mais aussi
immatériels, c'est-à-dire des biens incorporels, comme des créances, un fonds de commerce ou
des droits de propriété industrielle.

* Enfin des capitaux. Ces capitaux sont soit des fonds propres, apportés par le chef
d'entreprise ou par les actionnaires de la société qui gère l'entreprise, soit des concours
financiers apportés par des établissements bancaires ou des intermédiaires financiers.

Nb : Il faut d'ailleurs remarquer qu'il n'est nullement nécessaire que l'entreprise réunisse
tous les moyens que l'on vient de citer. Il existe des entreprises sans salariés et dont le personnel
consiste dans le seul chef d'entreprise. Il existe aussi des entreprises qui fonctionnent avec des
moyens matériels extrêmement réduits. À l'inverse, les grandes entreprises industrielles
rassemblent des moyens considérables et un nombreux personnel. Les situations sont donc très
variables.

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L'entreprise est une organisation hiérarchique. L'entreprise comporte une direction
qui décide de ses orientations, qui répartit les tâches entre des unités opérationnelles et qui
coordonne l'ensemble. Toute entreprise constitue un pôle de décision autonome. Généralement,
le pouvoir de direction appartient aux propriétaires des moyens de production. Cela apparaît
très clairement dans le cas de l'entreprise individuelle, appartenant à une personne physique. La
même personne physique est à la fois propriétaire des moyens de production et chef de
l'entreprise. Mais cela est vrai, également, dans le cas d'une entreprise appartenant à une
personne morale, par exemple une société. Les associés apportent les capitaux nécessaires à
l'acquisition des moyens de production et, en assemblée générale, ils nomment les dirigeants.

 Deuxième élément

Le deuxième élément est l'exercice d'une activité. L'entreprise doit, pour exister, se
livrer à des opérations de production, de distribution ou de prestation de services. Cette activité
doit présenter elle-même trois caractères.

Elle doit être autonome, c'est-à-dire exercée par l'entreprise pour son propre compte et
pour son profit. L'entreprise est un centre de profit. Ce profit n'est d'ailleurs pas obligatoirement
pécuniaire (c'est-à-dire exprimé en somme d'argent), ce peut être un avantage économique
quelconque. Le profit n'est pas nécessairement réinvesti dans l'entreprise, il peut être
redistribué, par exemple entre les associés qui participent à l'entreprise. Elle est habituelle,
c'est-à-dire qu'elle se traduit par une répétition d'actes de production ou de prestation de services
répondant à un programme.

Enfin, troisième caractère, l'activité d'entreprise est économique. Elle consiste en


opérations de production, de distribution ou de prestation de services constituant une offre sur
un marché.

II- LES DIFFÉRENTS TYPES D’ENTREPRISE

Ici, il convient d’étudier la structure de l’entreprise. À ce titre certaines ont opté pour
une forme sociétaire alors que d’autres revêtent la simple forme d’entreprise individuelle.
Ainsi, il faut distinguer l’entreprise commerciale individuelle et celle l’entreprise
commerciale dite « société » ou « société commerciale ».

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A- L’entreprise commerciale individuelle ou l’entreprise
individuelle
L'entreprise est dite individuelle (commerciale), lorsqu'elle est exploitée par une
personne physique ayant la qualité de commerçant. Ici, une seule personne peut apporter un
capital pour ouvrir son entreprise. Ainsi, l’individu qui veut créer sa propre entreprise sans
s’associer avec quelqu’un a une possibilité de créer une entreprise commerciale individuelle.
Pour que l’on soit en présence d’une entreprise individuelle commerciale, il faut qu’il y ait une
personne à sa tête dans le cadre d’une activité de commerce. Cette personne doit avoir la qualité
de commerçant devra avoir un local à sa disposition, va acheter des machines, avoir des
stocks et réaliser des agencements. Cette organisation matérielle n’est pas obligatoire car
dans certains cas très réduite.

STATUT DU COMMERÇANT

 Interrogation.
- Qui peut être commerçant ?
- Comment devient-on commerçant ? ou Comment acquérir la qualité de
commerçant ?

Aux termes de l’art. 2 de l’AUDCG : « Est commerçant celui qui fait


de l’accomplissement d’acte de commerce par nature sa profession ». Il ressort de cet article
que la qualité de commerçant se détermine à travers la réunion de certaines conditions.

1- Les conditions tenant à la personne

Ces conditions découlent du principe de la liberté d’entreprendre, du commerce et


de l’industrie. En effet, selon ce principe, toute personne ne peut devenir commerçant à
condition d’être majeur, le mineur même émancipé ne peut pas devenir commerçant et
il faut que cette personne ne fasse pas l’objet d’une interdiction. Pour le surplus, les
conditions tenant à la personne s’expriment soit par des interdictions ou des restrictions.

Il s’agit donc :

- Des Incompatibilités (interdiction faite à certaines personnes d’exercer l’activité


commerciale en raison de leurs fonctions ou de leurs professions). Elles sont
énumérées à l’art. 9 de l’AUDCG en ces termes : « L'exercice d'une activité
commerciale est incompatible avec l'exercice des fonctions ou professions
suivantes : fonctionnaires et personnels des collectivités publiques et des
entreprises à participation publique ; officiers ministériels et auxiliaires de
justice : avocat, huissier, commissaire-priseur, agent de change, notaire, greffier,

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administrateur et liquidateur judiciaire ; expert-comptable agréé et comptable agréé,
commissaire aux comptes et aux apports, conseil juridique, courtier maritime
; plus généralement, toute profession dont l'exercice fait l'objet d'une
réglementation interdisant le cumul de cette activité avec l'exercice d'une profession
commerciale ».
- Des Déchéances (sanction ayant pour but d’interdire à une personne l’exercice
d’une activité commerciale). Plusieurs hypothèses de déchéances ont été
envisagées à l’art. 10 de l’AUDCG : « Nul ne peut exercer une activité
commerciale, directement ou par personne interposée, s'il a fait l'objet : d'une
interdiction générale, définitive ou temporaire, prononcée par une juridiction de l'un des
États parties, que cette interdiction ait été prononcée comme peine principale ou
comme peine complémentaire ; d'une interdiction prononcée par une juridiction
professionnelle ; dans ce cas, l'interdiction ne s'applique qu'à l'activité commerciale
considérée ; d'une interdiction par l’effet d’une condamnation définitive à une peine
privative de liberté pour un crime de droit commun, ou à une peine d'au moins
trois mois d'emprisonnement non assortie de sursis pour un délit contre les biens, ou
une infraction en matière économique ou financière ».
- Des Interdictions (ce sont des prohibitions faites par rapport à l’exercice de certaines
activités). Elles sont relatives à l’ordre public, la moralité publique, la santé publique
etc.… Ainsi, la vente d’un certain produit pharmaceutique est interdite.
- Des Autorisations administratives : L’exercice de certaines activités
commerciales est conditionné par l’obtention d’une autorisation, d’un agrément ou d’une
licence d’exploitation. Ces permis d’exploitation sont généralement délivrés par les
représentants du pouvoir exécutif ou les représentants des CTD (maire, délégué du
gouvernement). Exemple : l’exploitation des débits de boissons est subordonnée à la
délivrance d’une licence d’exploitation par le gouverneur ou le préfet. Exemple : le Décret
N° 90 /1467 du 09 nov. 1990 subordonne l’ouverture d’un établissement du tourisme
(l’établissement d’hébergement, de restauration) a une licence d’exploitation délivrée par le
ministre en charge de tourisme.
Certaines restrictions visent à protéger certaines personnes.
L’exercice d’une activité commerciale par certaines personnes pose quelques
problèmes particuliers. Ce particularisme peut être dû aux facultés mentales de l’intéressé, à
son âge, à son statut matrimonial ou à sa nationalité.

- Les majeurs incapables


En fonction du degré d’altération, les facultés mentales d’un majeur peut être soumis à
un régime de tutelle ou à un régime de curatelle. Les incapables majeurs en tutelle sont ceux
dont les facultés mentales sont altérées à un point qu’ils ont besoin d’être représentés
de manière continue pour les actes de la vie civile. Ainsi, un tel incapable ne peut
exercer l’activité commerciale que si l’incapacité s’est déclarée alors qu’il était déjà
commerçant. Dans ce cas, son fonds de commerce est soit vendu, soit cédé à un tiers, soit mis
en location-gérance. Les incapables majeurs en curatelle sont ceux qui ont simplement besoin
d’être assistés pour les actes de la vie civile. Ils restent à la tête de leurs affaires et le
rôle du curateur consistant simplement à les orienter.
- Les mineurs incapables

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Aux termes de l’art. 7 de l’AUDCG, il ressort que : « Le mineur, sauf s'il est émancipé,
ne peut avoir la qualité de commerçant, ni effectuer des actes de commerce». Ainsi, la
seule condition requise est l’émancipation. NB: Au Cameroun, le mineur est émancipé
de plein droit par le mariage. S’il est non marié, il peut l’être par son père ou à défaut par sa
mère à 16 ans révolu. S’il est sans père et mère, il peut l’être par le conseil de famille, mais à
l’âge de 18 ans révolu.
- La femme mariée/conjoint du commerçant
Est-ce que la femme mariée a la capacité juridique de faire le commerce ? L’art. 7 al. 2
de l’AUDCG dispose que « Le conjoint du commerçant n’a la qualité de commerçant que s’il
accomplit les actes visés aux articles 3 et 4 ci-dessus, à titre de profession et séparément de ceux
de l’autre conjoint ».
- Les étrangers
Au Cameroun, conformément à la loi du 10 août 1990 sur l’activité commerciale, les
étrangers peuvent exercés l’activité commerciale qu’à condition d’être en règle avec les
conditions de séjour. Ceux-ci doivent obtenir au préalable, un agrément du Ministre en charge
du commerce (l’autorité administrative), sauf s’ils sont ressortissants des pays ayant conclu
avec le Cameroun une convention d’assimilation.
2- Les conditions tenant à l’activité

Deux conditions à relever :

 Accomplissement d’actes de commerce par nature (achat des biens meubles


ou immeubles en vue de leur revente & les opérations de banque, de bourse,
de change, de courtage, d’assurance et de transit ; les contrats entre
commerçants pour les besoins de leur commerce ; l’exploitation industrielle des
mines, carrières et de tout gisement de ressources naturelles ; les opérations de
location de meubles ; les opérations de manufacture, de transport et de
télécommunication ; les opérations des intermédiaires de commerce, telles
que la commission, le courtage, l'agence, ainsi que les opérations
d’intermédiaire pour l’achat, la souscription, la vente ou la location
d’immeubles, de fonds de commerce, d’actions ou de parts de société
commerciale ou immobilière ; les actes effectués par les sociétés
commerciales).

 Accomplissement à titre de profession. Le professionnel est celui qui entend


obtenir une activité déterminée des ressources lui permettant d’assurer sa
subsistance peu importe qu’en réalité il n’obtient que peu de profit ou n’en
obtient pas du tout, ce qui compte c’est l’intention de spéculer sur son activité.
C’est dire que l’activité est exercée dans un but lucratif et celui de permettre à
son auteur de subvenir à ses besoins. Elle peut être menée à titre principal ou
secondaire.

 Accomplissement à titre personnelle ou de manière indépendante. L’acte


doit être accompli à titre personnel c’est-à-dire celui qui les pose doit agir en
son nom propre et pour son compte.

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B- L’entreprise dite sociale, ou sous forme de société ou
encore société commerciale

Le mot « société » a deux sens :

 D’une part, la société est définie comme un contrat par lequel deux ou plusieurs
personnes conviennent de mettre des biens ou leur industrie en commun en vue de se
partager le bénéfice ou de profiter de l’économie qui pourra en résulter. Les entreprises
industrielles et commerciales exigent souvent des capitaux qui ne peuvent pas être fournis
par une seule personne. Les commerçant s’associent alors pour les réunir ou bien recherche
des bailleurs de fonds disposés à courir les risques d’exploitation.
 D’autre part, la société désigne la personne juridique née de ce contrat. Il s’agit
d’une personne morale distincte des personnes qui l’ont constituée, à laquelle est affectée
la « chose » mise en commun et qui est investie de la capacité juridique d’agir au nom et
dans l’intérêt de la collectivité.

 Les différentes formes de société commerciale

1- La distinction entre les sociétés privées des sociétés publiques.

Les sociétés privées sont celles qui ont pour propriétaire une ou plusieurs personnes.

Les sociétés publiques ou entreprises publiques sont des unités économiques dotées
d’une autonomie juridique et financière, exerçant une activité industrielle et commerciale, dont
le capital social est détenu entièrement ou majoritairement par une personne morale de droit
publique (Etat, CTD). Elles sont pour le compte de l’Etat :

- Pour assurer un service public indispensable à la population dont les besoins


primordiaux doivent être assurés d’une façon continue et désintéressée. Ex :
exploitation des sources énergétiques, mines, gaz, électricité…
- Pour créer un service public monopolisé dont il entend tirer des recettes. Ex :
allumettes, sucres, sel…

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- Pour contrôler les branches d’activités présentant un grand intérêt économique. Ex :
Banque, compagnies d’assurance…

A côté de ces deux distinctions, on peut avoir un troisième à savoir les sociétés
d’économie mixtes encore appelées entreprises nationales sont des sociétés dans lesquelles
l’Etat n’est que partiellement actionnaire en restant toutefois majoritaire. Selon la loi portant
statut général des entreprises de 2017, la société d’économie mixte est une personne morale
de droit privé, doté de l’autonomie financière et d’un capital-actions détenu majoritairement
par l’Etat, une ou plusieurs entreprises ou une ou plusieurs collectivités territoriales
décentralisées.

2- Les différentes formes de sociétés commerciales (sociétés privées)

On distingue :

- La SOCIÉTÉ À RESPONSABILITÉ LIMITÉE (SARL): Définie par l’art. 309


al. 1 de l’AU comme une « société dans laquelle les associés ne sont responsables
des dettes sociales qu’à concurrence de leurs apports et dont les droits sont
représentés par les parts sociales. La SARL peut être constituée par une personne
physique ou morale ou entre deux ou plusieurs personnes physiques ou morales
(article 309 de l’AU). Elle peut être unipersonnelle ou pluripersonnelle. La SARL
doit avoir un capital d’au moins un million de francs CFA. Le capital est divisé en
part égales dont la valeur nominale peut être inférieure à 5000 F CFA.
- La SOCIETE ANONYME (S. A) La société anonyme est définie par l’art. 385
de l’AUS comme « une société dans laquelle les actionnaires ne sont
responsables des dettes sociales qu’à concurrence de leurs apports et dont les
droits sont représentés par des actions ». La SA doit avoir un capital minimum
de 10 millions de FCFA. Ce capital est divisé en actions dont la valeur nominale ne
saurait être inférieure à 10000.

Nb : Toutes ces deux sociétés sont commerciales par leur forme, les associés peuvent
être des personnes physiques ou morales.

- LA SOCIETE PAR ACTION SIMPLIFIEE(S.A.S) OU SOCIETE PAR


ACTION SIMPLIFIEE A ACTIONNAIRE UNIQUE (S.A.S.U.). C’est une
société instituée par un ou plusieurs associés et dont les statuts prévoient librement

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l’organisation et le fonctionnement de la société sous réserve d’un certain nombre
de règles.
- La SOCIETE EN NOM COLLECTIF (SNC) : Définie par l’AUS en son art. 270
comme une société dans laquelle « tous les associés sont commerçants et répondent
indéfiniment et solidairement des dettes sociales ». Elle est la plus ancienne et la
plus commerciale des sociétés commerciales. En effet, elle est non seulement
commerciale par la forme mais de plus, la qualité de commerçant est exigée pour
tous ses membres.
- La SOCIETE EN COMMANDITE SIMPLE : l’art 293 AUS la définit comme
celle dans laquelle coexistent un ou plusieurs associés indéfiniment et
solidairement responsables des dettes sociales dénommés « associés
commandités » avec un ou plusieurs associés responsables des dettes sociales
dans la limite de leurs apports dénommés « associés commanditaires » ou «
associés en commandite », et dont le capital est divisé en parts sociales.

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