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Les DRH sont-ils au cœur de la prescription


de coaching ?

Guy Metzger
Mémoire soutenu le 7 Novembre 2014 en vue
de l’obtention du titre « Coach Professionnel »
Ecrit sous la direction de Dr Sybille Persson dans
le cadre de la formation de Coach Professionnel
ICN Business School de Nancy, Ecole du Coaching
9 ème promotion, 2013 - 2014

 
J’atteste que ce travail est personnel, qu’il cite en référence les sources utilisées, et qu’il
ne comporte pas de plagiat.

Guy Metzger

© 2014_ Guy METZGER_ All rights reserved

 
 

 
 

« Chaque séance relève de changements apriori


« impossibles ». Impossibles pour l’entreprise, impossibles
pour la ligne hiérarchique, impossibles pour les
collaborateurs, impossibles pour l’individu. Rendre le
changement possible, allier les contraires, réconcilier le
professionnel et le personnel, rapprocher l’économique et
le social, autant de challenges d’entreprises où le coaching
apporte un nouveau souffle, bouscule les schémas
traditionnels.»

Xavier LACAZE

DRH, Coach

« Pour le DRH, il s’agit de se dire que les hommes ne sont


pas des ressources, mais ont des ressources et, du coup,
que sa mission est d’orchestrer les talents et de dégager les
pistes en travaillant sur les organisations. C’est un rôle qui
devrait se « dédouaner » des jeux de pouvoirs des
directions et de toutes les bonnes raisons qui fossilisent.»

Michel PERCHET,

Professeur

 
Remerciements

Je tiens à exprimer ma plus cordiale gratitude à tous ceux qui ont directement ou
indirectement contribué à la recherche et à l’écriture de ce mémoire.

Mes premiers remerciements vont à Sybille Persson, Directeur de l’ICN Ecole du


Coaching, qui a éclairé mon apprentissage du métier de la belle lumière de sa vision et
de l’incroyable dynamique de sa recherche, et à Laurent Goldstein, Responsable
Pédagogique et coach émérite, qui m’a accompagné et développé tout le long de ce
merveilleux parcours en étant à mes côtés sur le chemin. Tous deux m’ont soutenu par
leurs remarques constructives, leur inspiration, leurs encouragements pour la réalisation
de ce mémoire, et de manière constante et enthousiaste durant tout le cursus, dont j’ai
beaucoup apprécié l’approche pédagogique, l’ouverture, la diversité et la richesse.

Toute ma reconnaissance s’adresse également à l’ensemble des étudiants de la


promotion 9 pour les extraordinaires qualités professionnelles et personnelles que
chacun a su investir de soi dans cette formation, qui fut une magnifique et grande
expérience humaine que tout DRH préoccupé de prescription de coaching gagnerait à
avoir connu !

Bien entendu mes remerciements vont aussi à mes collègues, à mes pairs, et à mes
proches qui ont su contribuer à leur manière en se montrant très intéressés et
encourageants.

 
Résumé
 

Dans quelle mesure le DRH est-il au cœur de la prescription coaching ?

La première partie de cette étude souligne les étapes marquantes de l’évolution du


métier de DRH qu’il convient de connaître afin de cerner la pertinence de la
problématique posée, à savoir celle du positionnement du DRH quant à la prescription
coaching. L’émergence et plus précisément la pénétration croissante du coaching au sein
des entreprises ainsi que les modalités et proportions de recours au coaching via les DRH
seront ensuite nécessairement évoquées.
En seconde partie et à la suite de cet état des lieux nous proposons de mobiliser les
analyses et recherches de spécialistes particulièrement pointus, qui apportent des
éclairages novateurs, afin de détailler certaines des dimensions du coaching les plus
importantes par le questionnement qu’elles induisent, et auxquelles les DRH se trouvent
confrontés en tant que prescripteurs, sans nécessairement toujours en avoir une
conscience aigüe, tels l’aspect élitiste de la pratique coaching, la dimension de self ou
encore de gestion de soi, le rôle de régulation, la fonction de contrôle social.
Nous verrons dans un 3ème développement qu’outre les dimensions ci-dessus c’est en
mobilisant et en mettant en relief la notion de valeur ajoutée que le CG apporte, que
nous parvenons à nous orienter vers une approche de réponse à notre problématique et
à prendre de la hauteur quant aux ambigüités inhérentes à la pratique coaching et
controverses observées.

Mots-clé : prescription, élitisme, valeur ajoutée, régulation et contrôle social, gestion de

soi, prise de hauteur

 
Préambule méthodologique et lexique
 

ANDRH Association Nationale des DRH

AGRH Association francophone de Gestion des Ressources


Humaines (recherche)

Coaching Par défaut l’usage de ce terme vaut pour Coaching


Individuel

CODIR Comté de Direction

DRH : Directeur des Ressources Humaines. Désigne la personne,


homme ou femme, à la tête de la Direction des Ressources
Humaines. Il pilote la fonction Ressources Humaines. Enfin,
il est le représentant de cette fonction auprès de la
Direction de son organisation.

Fonction RH : désigne l’ensemble des professionnels dédiés aux activités


d’administration et de gestion des ressources humaines de
l’organisation

Fonction RH élargie : comprend l’ensemble des professionnels RH (« fonction


RH») et du management.

GPEC Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences

NTIC Nouvelles Technologies de l’Information et de la


Communication

La RH, ou « les RH » : désigne l’ensemble des collaborateurs et collaboratrices de


l’organisation. On parle parfois de « capital humain » de
l’organisation.

RRH : Responsable des Ressources Humaines. Il reporte au DRH et


ils peuvent être plusieurs dans ce cas au sein d’une équipe,
en charge de divisions, ou de sites spécifiques, ou encore
d’une catégorie de population ou de produits

Les termes de prescripteur, coach, coaché s’appliquent aux processus de coachings


individuels et lorsqu’il est évoqué un processus de coaching d’équipe cela est spécifié.
 
Sommaire

Introduction 2

1 Les DRH à la rencontre du coaching 5

1.1 Les grandes évolutions du métier de DRH 5

1.1.1 Trois grandes périodes 5

1.1.2 Le contexte actuel 7

1.2 L’entrée du coaching dans l’entreprise 8

1.3 Comment et dans quelles proportions les DRH

ont-ils recours au coaching ? 12

2 En tant que prescripteurs les, DRH sont confrontés

à des fondamentaux du coaching 15

2.1 Prescrire, de quoi s’agit-il ? 15

2.2 Le coaching est-t-il prescrit de manière élitiste par les DRH ? 19

2.3 Les prescripteurs le coaching, la gestion de soi,

et le pouvoir dans l’entreprise 22

2.4 Les DRH, prescripteurs de coaching vus

à travers le prisme de la cybernétique ? 25

2.5 Le coaching comme outil de régulation interne

et de contrôle social mobilisant les DRH prescripteurs 27

3 La valeur ajoutée du coaching pour le DRH le place-t-elle

au cœur de la prescription de coaching ? 29

3.1 Le prescripteur est-il un acteur du changement ? 29

3.2 Le coaching a-t-il une fonction palliative ? 31

3.3 Niveau de maturité des entreprises et prise de hauteur

des prescripteurs quant au coaching 32

3.4 Des prescripteurs abusés ? 36

3.5 Et s’ « il était une fois le coaching ? » 37

Conclusion – Perspectives 39

Bibliographie 42

Table des illustrations 46

Annexes 47
Introduction

Grâce à la recherche de sens qui a guidé notre carrière de DRH nous avons

souhaité élargir nos compétences avec celle de Coach Professionnel, et notre

goût pour le questionnement nous a mené en droite ligne à la problématique

développée dans ce mémoire : « Dans quelle mesure le DRH est-il au cœur de la

prescription de coaching ? ».

Pour avoir été confronté maintes fois dans notre quotidien à l’achat de coaching,

cette thématique nous semble importante et a souvent éveillé en nous les

questions suivantes, notamment :

. quelle est la clarté et la sincérité de la demande telle qu’exposée, d’une part

par l’organisation à son DRH, et ensuite par celui-ci au coach

. a-t-on pris en compte la volonté du coaché et son consentement ?

. le coaching envisagé est-il à visée « thérapeutique » en vue de corriger ou

adapter un salarié en déviance, ou à l’opposé à vision plus humaniste avec une

notion de bien-être dans le poste et d ‘épanouissement ?

Le coaching n’est pas qu’un instrument de la DRH car comme concept et

procédé le coaching peut à son tour instrumentaliser le DRH en faisant de lui

l’instrument d’une logique de pouvoir : ainsi une part de son pouvoir et de son

indépendance de DRH peut lui échapper également, sans qu’il en ait une

pleine conscience et en étant un « maillon faible ». Gardons en mémoire que la

profession de coach est relativement peu régulée et que l‘expertise du

prescripteur sur le sujet peut contribuer à la vigilance indispensable pour pallier

les dérives potentielles. Faute de ce « passage obligé par le DRH » nous verrions

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poindre le risque d’un appauvrissement du métier et de diminution de sa

contribution stratégique à l’entreprise. En outre, avec une visée de protection à

la fois des salariés et des entreprises, la responsabilisation du DRH en matière

de prescription de coaching nous semble importante, et peut-être faudrait-il

encourager la labellisation des RH comme prescripteurs/acheteurs uniques

habilités.

Alors pourquoi ne pas questionner la pertinence d’une fusion des rôles de DRH

et de coach ? Elle se pratique volontiers dans de grandes (et moins grandes)

entreprises comme la SNCF par exemple, au sein de laquelle œuvre Xavier

Lacaze, porteur deux « deux casquettes » en tant que DRH et coach, que nous

citerons ultérieurement.

Cette option présente hélas plusieurs inconvénients, parmi lesquels la confusion

des genres aux yeux des salariés ou l’échec prévisible des accompagnements

lorsque l’entreprise est très petite. En revanche lorsque le DRH est suffisamment

libéré de l’opérationnel, membre du CODIR, et pratique l’executive coaching, le

pronostic de succès pourrait être potentiellement plus favorable, grâce à une

bonne imprégnation et connaissance du coaching, des risques

d’instrumentalisation et de la pratique, des pièges potentiels sous-jacents à son

recours et qui sont à déjouer, et du sens parfois caché de son recours. Ainsi

pourvu, nous imaginons volontiers qu’un DRH éclairé saura, en fonction de sa

propre maturité, s’appuyer sur ce corpus d’informations en vue d’un partage

collaboratif avec le dirigeant ou ses collègues directeurs, dans la perspective

d’impulser changements et nouveautés stratégiques qui pourront s’avérer fort

pertinents.

Ces réflexions confirment que notre problématique côtoie d’autres nombreux

questionnements collatéraux. Aussi allons-nous adopter, après avoir décrit dans

une première partie, en quoi les évolutions historiques du métier du DRH ont

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fait de ce dernier celui qui sera le prescripteur de coaching, une posture

réductrice qui va nous donner un cadre pour la suite du mémoire.

Dans une seconde partie, nous allons mobiliser des analyses et aspects, qui

compte tenu de notre double formation initiale de psychosociologue et de DRH,

font le plus résonnance. Ainsi allons-nous interroger successivement des notions

telles les visées élitistes du coaching notamment à ses « débuts », puis les

aspects de gestion de soi, de rôle de régulation, puis la fonction de contrôle

social. Ces notions sont importantes pour les prescripteurs de coaching qui en

ont une relative maîtrise.

Nous allons dans une troisième partie prolonger notre réflexion en nous situant

sur un volet complémentaire, celui de la valeur ajoutée que le coaching apporte,

et qui peut mener les DRH sur la voie d’un positionnement central en matière de

prescription de coaching.

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1 Les DRH à la rencontre du coaching ?

1.1 Les grandes évolutions du métier de DRH


Le survol de l'évolution du métier de DRH trouve toute sa pertinence par

rapport à notre problématique car sans cette connaissance chronologique :

- nous pourrions être dans une tentation de cartographie à vouloir dresser

une typologie de DRH qui distinguerait ceux au cœur et ceux en marge

de la prescription ;

- il ne serait pas possible pour ainsi dire de « géolocaliser » l'acte de

prescription de coaching et ses corollaires parmi les nombreuses

responsabilités des DRH.

1.1.1 Trois grandes périodes

La dénomination « Fonction personnel » a précédé jusque dans les années 90,

celle de « Fonction Ressources Humaines » changement qui a ensuite vu

l'apparition d'une dimension et appellation plus stratégique de «Direction des

Ressources Humaines ». (Peretti, 2005) Cette évolution en a naturellement

modifié le contenu et cela sur trois périodes :

- De 1850 à1950, les services du personnel sont progressivement créés dans le

but de gérer le personnel. L’industrialisation a nécessité la sélection des

personnes les plus qualifiées à des tâches standardisées et le contrôle accru de

leur travail par la hiérarchie. Aux Etats-Unis, ce mouvement se réfère à l'Ecole

des Relations Sociales animée par Elton Mayo et Abraham H. Maslow. Les

premières orientations juridiques entrainent la création de syndicats dans

l'entreprise qui vont s’intéresser en particulier aux conditions de travail. En

conséquence, la législation du travail se développe et des spécialistes en

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relations sociales deviennent nécessaires. En parallèle, une dimension

psychosociale se développe car l’attention est également portée à la place de

l'individu dans l’entreprise et aux effets du travail sur la satisfaction des salariés.

On se préoccupe de motivation, d'appartenance au groupe, de philosophie de

gestion et de style de supervision. La gestion du personnel s'inscrit dans

l'organisation hiérarchisée et administrative.

- De 1960 à 1990, on assiste à l'essor de la fonction RH et à l’apparition de la

gestion systémique. Une vision globale des organisations et des personnes

remplace peu à peu cette juxtaposition d'activités RH. Les salariés sont

considérés comme des ressources nécessaires à la production. Durant les « 30

Glorieuses », les entreprises recrutent massivement. Toutefois, le personnel est

peu qualifié. Les services RH grandissent en raison de la complexité croissante

des problématiques industrielles et sociales ainsi que sous le poids de nouveaux

sujets (automatisation, avantages sociaux, description de postes, compétences,

etc.). Ces services sont le plus souvent autonomes, notamment en introduisant

dans les années 60, les plans de formation. Les années de crise économique qui

suivent vont remettre à plat les pratiques antérieures et tous ces services sont

regroupés sous une Direction des Ressources Humaines. GPEC, politique de

rémunération, cercle de qualité et management participatif apparaîtront. Ainsi la

DRH va progressivement confier la GRH aux managers de terrain.

- De 1990 à 2005, il s’ensuit une évolution vers une gestion stratégique des RH.

Principalement grâce à la gestion des compétences, les DRH se positionnent

comme de véritables partenaires des dirigeants. Ils participent à la réflexion

stratégique sur l'avenir de l'entreprise et hissent leur fonction vers le haut. Dès

2000, La fidélisation, le recrutement de profil rares et la gestion des départs

nécessiteront un professionnalisme accru du DRH. Son niveau de contribution

stratégique, de plus en plus élevé, en fera un membre du comité de direction,

principalement dans les grands groupes. Globalement, les exigences

« technocratiques » découlant de l'informatisation et de l'automatisation

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apporteront une vision nouvelle des compétences. L'internationalisation des

entreprises et la réduction du temps de travail nécessiteront la création de

nouveaux outils supposant plus d'autonomie et de prise de responsabilité.

Sur un plan social, les salariés développent de nouvelles attentes. Les décisions

sont souvent combattues par les syndicats. Dans une société vieillissante, les

DRH se doivent de mettre l’accent sur le développement de l'autonomie, sur

l'auto-évaluation et sur la décentralisation de la GRH. Parallèlement, il s'est

développé une nouvelle orientation centralisée de la fonction RH vers la

stratégie de l'entreprise. Cela suppose la participation du DRH au comité de

direction afin d’appréhender les décisions prises pour mieux adapter la politique

RH.

1.1.2 Le contexte actuel

Aujourd'hui, les politiques RH répondent à des défis critiques compte tenu des

enjeux qui affectent les entreprises. Selon Leroux, Mauroy et all. (2005) les axes

ci-après en matière de politique RH et sociale deviennent majeurs :

- L'individualisation : les dispositifs tels que : l'évaluation des potentiels et des

performances, les plans de carrière et de formation, les bilans de compétence et

la gestion individualisée du temps de travail, nécessitent une formation et une

implication de plus en plus forte de la hiérarchie.

- L'anticipation : en l'absence de visibilité, il s'avère indispensable de gérer

l’emploi, les rémunérations, les compétences et la formation car une gestion à

court terme introduirait un niveau de risque trop élevé.

- La flexibilité et l'adaptation : face aux sollicitations externes et internes et face

aux évolutions environnementales, des outils spécifiques suivants sont devenus

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indispensables : l'aménagement du temps de travail, les types de contrats de

travail, la mobilité, la polyvalence, la sous-traitance, la flexibilité salariale, la

décentralisation de la GRH vers les sujets opérationnels.

- La mobilisation, l'engagement : l'implication des salariés est soutenue par les

managers dont on attend qu'ils aient la capacité de motiver leur équipe.

- La fonction partagée : il s'agit de l'éclatement de la fonction et de la dilution

dans l'organisation générale de concepts et process dont la DRH est le

promoteur.

Pertinence et rapidité de l'adaptation sont permises par ce partage qui suppose

à la fois la mise à disposition d'outils (systèmes d'information RH et NTIC)

pertinents et un important effort de sensibilisation et de formation de la

hiérarchie. Ainsi à travers ces axes, les tâches en matière de ressources humaines

sont réparties différemment. La responsabilisation sociale des hiérarchiques s'en

trouve enrichie et les DRH deviennent des « business partners » pour tous les

cadres managers.

1.2 L’entrée du coaching dans l’entreprise


 

Higy-Lang (2000) décrit l'entreprise comme un dragon des temps modernes : « à

la fois monstrueuse et complexe et la maîtriser est un défi permanent ». Ses

aspects multiformes et sa complexité légitiment l'entrée du coaching dans

l'entreprise : « l'entreprise est un monde extraordinaire, une machine à faire de

l'argent mais aussi machine à nourrir et protéger ses membres (comme dans la

ruche), membres qui y passent le tiers de leur existence. Sur le plan humain c'est

une famille, une tribu, une culture, une société, parfois une religion. Les

dirigeants les mieux formés sont confrontés à des situations surprenantes,

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inattendues. C’est le monde de l'imprévisible et du contrôle permanent ou tout

et n'importe quoi peut survenir. Il y a également le côté obscur, l'ombre de

l'entreprise : malaise relationnel, stress, somatisations, jeux irrationnels perdants,

harcèlements, psychopathologies professionnelles, conflits larvés et guerres

ouvertes. La présence d'un coach « psychothérapeute » n'est pas de trop dans

ce climat de tension d'agressivité, parfois de haine. »

Avec cette remarque nous touchons la notion de psychologisation des relations

entre individus au sein de l'entreprise. C'est-à-dire la propension croissante des

organisations à intégrer non seulement les dimensions de qualification, de

compétence et de productivité des salariés, mais aussi les apports relationnels et

psychologiques des employés (et managériaux ?) en situation et environnement

de travail, via ce que nous pourrions nommer « l’injection » de coaching dans

l'entreprise (à l'image d'une seringue dans un vaisseau sanguin).

Cloet (2007) expose que le marché du coaching se structure et gagne en

maturité en s’institutionnalisant, via sa pénétration dans les grandes écoles et les

universités. Cela débouche sur une confrontation entre les productions

communicationnelles des praticiens eux-mêmes (marketing) et la littérature

académique souvent pionnière.

Du côté des promoteurs, nous avons vu plus haut les raisons justifiant le retour

au coaching développées par Higy-Lang (2000) comme un promoteur parmi de

nombreux autres, qui évoquent globalement et volontairement la nécessité de

soutien exprimée par les individus pour s'adapter aux évolutions

environnementales et organisationnelles, afin de développer de nouvelles

compétences ou encore endosser de nouvelles responsabilités. On trouvera des

formulations aussi diversifiées, telles : apprendre la gestion de la complexité,

l'aide à la prise de recul, garder le cap face aux aléas, appréhender les situations

à forts enjeux, se montrer proactif que aussi : gérer les changements internes

propres à l'entreprise.

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Ces promoteurs justifient aussi le retour au coaching pour ce qu'il apporte au

management, au sens « gestion des hommes ». Autant l'on parlera (Devillard,

2001) du coaching précieux pour optimiser l'emploi des ressources humaines,

« ressources longtemps sous exploitées, autant on mentionnera l'essoufflement

des formations au management pour expliquer son développement » (Delivré,

2002). Dans leur marketing les opérateurs mettent aussi en avant une des

dimensions parfois lointaines pour les managers, à savoir la dimension

psychologique, dans leur lien avec soit la gestion individuelle des hommes, soit

avec la gestion des groupes, à la personne, aux conflits, à la nécessité de

connaissance et de développement de soi. « Au-delà, est souvent évoquée la

dimension de recours au coaching pour diminuer ou prévenir les souffrances au

travail.(Higy-Lang, 2000) ».

Ainsi ce marketing des praticiens laisse-t-il entrevoir une palette de vertus

multifonctionnelles permettant de comprendre la pénétration de la pratique

Coaching dans l'entreprise. Dans la sphère des chercheurs, la littérature s'avère

plus objective voire critique. Les experts (Vernazobres, 2006a) cités par Cloet

(2007, p.41) soulignent que le coaching est souvent prescrit afin que les

collaborateurs répondent plus positivement aux attentes organisationnelles et

que l'on se situe dans une logique de compétence principalement focalisée en

direction des hauts potentiels, des cadres supérieurs, des dirigeants, sous forme

individualisée. Des notions telles le leadership, l'intelligence émotionnelle, le

charisme des leaders, poussent même certains chercheurs (Cloet, 2006) à

assimiler le coaching à une mode ce qui est pour le moins surprenant et

représente une étape transitoire de la réflexion de ce chercheur qui consolide

son raisonnement en testant ses idées issues de la revue de la littérature selon

des hypothèses portant sur les dimensions en matière de motif de recours au

coaching suivantes :

- aider à l'adaptation, à l'évolution,

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- aider à la prise de décision et conduire le changement,

- problématiques de gestion des hommes,

- problématiques individuelles et relationnelles,

- diminuer et prévenir les souffrances au travail,

- dispositif de gestion des carrières.

Ces hypothèses ont été l'objet d'un test qualitatif en triangulation des données

par confrontation d'entretien avec en proportion équivalente des coachés, des

coachs et des prescripteurs. Il ressort du croisement de l'analyse de contenu de

ces entretiens, avec les résultats de l'analyse documentaire, un modèle

représentatif qui permet à Cloet de se livrer à une analyse approfondie des

situations professionnelles et problématiques justifiant le recours au coaching.

De ces hypothèses toutes sont validées, hormis le recours pour prévenir son

bien-être au travail, qui ne sera pas confirmé. Cette thématique n'apparaît pas

comme un motif de recours (cependant les bénéfices-bienfaits sur ce volet

seront envisageables dès lors que le coaching est motivé par d'autres raisons).

La réflexion de Cloet se poursuit lorsqu'elle observe que « les types de

situations professionnelles pour lesquelles les entreprises recourent au coaching,

semblent témoigner de leur niveau de maturité à l'égard de ce mode

d'accompagnement ». Les niveaux d'analyse individuelle, relationnelle,

managériale, organisationnelle, sont les références nécessaires pour

comprendre les raisons qui auront suscité un recours au coaching. Cela donnera

une première compréhension du « puzzle » auquel est confronté le DRH

prescripteur.

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1.3 Comment et dans quelles proportions les DRH ont-ils recours au

coaching ?

Compte tenu de l'opulence de la littérature et du caractère très transversal de

notre problématique nous nous imposons de circonscrire celle-ci à un cadre

volontairement délimité car de nombreuses questions et interrogations

collatérales nous mèneraient vers une recherche bien ambitieuse. Une approche

empirique est à laisser de côté également pour la présente étude du fait que

l'exhaustivité et l'échantillonnage nécessaires ne sont pas réunis.

En revanche à ce stade de notre réflexion, intéressons-nous à ce qui se déroule

dans les faits dans les entreprises une fois la décision de consommer du

coaching actée par leur DRH. Sur quelle dimension le DRH agit-il lorsqu'il achète

du coaching ? Trécourt (2014), évoque la notion d'employabilité pour qualifier le

motif principal du recours au coaching en entreprise et il cite la sociologue

Guilhaume (2009), qui s’exprime sans détours, et selon qui le coaching s'inscrit

dans la confusion des séminaires outdoor, comme le saut à l'élastique prescrit à

l'équipe pour "rétablir la confiance", ou le trekking entre collègues pour créer

du lien. Le mot clé du coaching est l'employabilité. Lenhardt (2013) à sa façon

retient que l'évolution de la pratique coaching est directement corrélée à la

complexité croissante du monde du travail, les salariés ayant besoin de redéfinir

en permanence ce qu'ils veulent, ce qu'ils sont et où ils vont.

Cette notion de redéfinition permanente ainsi que la dimension d'instabilité

permanente qui lui est sous-jacente est reflétée à divers titres dans l'enquête

réalisée par le Syntec (2011) relative aux attentes en matière de coaching. Cette

enquête (Annexe 1) a été diffusée auprès de 57 entreprises consommatrices de

coaching dont 92 % ont souscrit à au moins deux jusqu'à plus de 10 coachings

et dans lesquels les répondants sont membres de la fonction RH à 80 4 %.

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Le lecteur ne s'étonnera pas de ce que l'enquête confirme l'expansion forte du

recours au coaching depuis maintenant 15 ans. L'étude souligne également une

image en très forte progression alors que la pratique est perçue dès 2008

comme levier de développement pour l'entreprise, bien davantage qu'une

solution simplement aidante face à des difficultés ponctuelles. Les DRH ayant

répondu à l'enquête sont unanimes à qualifier la pratique d'accompagnement

en croissance. En effet à l'origine fortement circonscrite au renforcement des

compétences managériales un glissement franc s'est opéré en faveur des

problématiques de développement professionnel et d'évolution des

comportements dans l'entreprise.

Les entreprises rencontrent leurs coachs à la suite de :

Source : Enquête SYNTEC, 2011

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En matière de sélectivité des coachés (les bénéficiaires privilégiés et prioritaires

ayant été des dirigeants principalement), on observe une proportion croissante

de coachés parmi le middle-management. Selon cette même enquête, le public

de DRH prescripteurs exprime une forte exigence de déontologie ainsi qu'un

sens du résultat qui n'est pas sans évoquer le Quality Management de plus en

plus présent en entreprise. En effet Queuniet (2009) constate que « la

prescription de coaching s'est banalisée dans les grandes entreprises. Les

responsables RH ont professionnalisé leurs pratiques pour garantir la qualité des

prestataires, et sécuriser ainsi la relation d'accompagnement. »

Les directions RH sont au premier rang pour ce qui concerne la mise en œuvre

de la démarche dans l'entreprise. Dans le cadre de la GPEC, ou encore en

application des politiques de promotion, et dans une moindre mesure à

l'initiative des bénéficiaires, mais en se référant aux revues de carrière ou aux

entretiens annuels, la commande de coaching est lancée et le dispositif

coaching se trouve ainsi imbriqué parmi les autres composantes de la palette

d'outils RH.

Bien que très préoccupé par la composante qualitative et par les résultats

visibles que le coaching rapportera aux salariés bénéficiaires, et par extension à

l'entreprise, le DRH aura aussi pour souhait, et contrainte, de procéder à un

achat (une prescription) efficient économiquement parlant car sur ce volet il aura

aussi des comptes à rendre. En la matière, on a vu se développer des outils

d'aide à la décision tel un référentiel de compétences pour coachs et de bonnes

pratiques. Cet outil promu par Goata (2014) a été développé au sein d'un

réseau de DRH regroupant entre autres : Aéroports de Paris, Caisse d'Epargne,

Assistance Publique - Hôpitaux de Paris, Air France, SNCF, Accord, Crédit

Agricole, et il permet à l'entreprise de bâtir, faire vivre et optimiser sa politique

de coaching par le biais de l'introduction d'un pilote. Celui-ci est alimenté par

des repères pratiques permettant d'analyser les demandes, de référencer les

coachs, d’animer les réunions tripartites, de bâtir les chartes de coaching et les

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trames de contrat.

Dans une entreprise de cette dimension, cet acteur clé, le DRH, anime le

processus ce qui est un pré requis et un facteur d'efficience du coaching. Il

développe la politique de coaching pour toute l'entreprise ou pour une

population spécifique. C'est en interaction avec les parties prenantes (les

bénéficiaires, les coachs et la hiérarchie) qu’il définit, actionne et veille à

l'amélioration continue de la pratique Coaching. Les composantes ci-dessous :

. suivi et soutien des avancées pendant le coaching,

. évaluation des résultats,

. mesure des retours sur investissement,

seront les prolongements attendus au-delà du pilotage pur du programme.

2 En tant que prescripteurs, les DRH sont confrontés à

des fondamentaux importants du coaching

2.1 Prescrire, de que quoi s’agit-il ?


L’étymologie nous renvoie à la médecine car usuellement celui qui prescrit est le

médecin. Il choisira la spécialité médicale appropriée, sa forme, sa

concentration, son mode d’administration ou un examen ou un soin, etc. le tout

dans une perspective de faire disparaître une maladie ou un symptôme.

Les processus concrets et opérationnels mis en œuvre une fois leur ordonnance

remplie sont en général éloignés d’eux. Cependant l’intérêt du médecin sera

grand pour le résultat et le mieux être du patient ce qui va par ailleurs, nourrir la

confiance que ce dernier investit dans son médecin.

Sur ces aspects, en suivant Chapuis-Gilbert (2013) nous pouvons considérer que

Les DRH sont-ils au cœur de la prescription de coaching ?


Guy Metzger - ICN Business School – Ecole du Coaching - 2013/14
15
 
les DRH ont un comportement analogue. Ainsi le DRH aidera le salarié à

formuler son mal être et s’emploiera à faire germer sa demande de coaching ou

alors, et c’est une autre hypothèse, il sera sollicité par le salarié pour une

demande déjà bien réfléchie par lui-même ou, et c’est encore une autre

hypothèse, la demande lui sera soumise par la hiérarchie du salarié qui aura

estimé le recours au coaching nécessaire.

Quelles que soient les modalités en amont de la prescription par le DRH, ce

dernier :

- œuvrera en faveur du questionnement positif à visée de

développement managérial

- sera présent et actif en matière d’initialisation et de suivi du processus

- pilotera un recueil en amont puis un partage d’informations en retour

relatif aux évolutions ou changements induits suite au coaching, tant au niveau

du coaché que des pairs et de ses subordonnés.

A titre d’exemple un contrat de prestation coaching tel qu’utilisé par EDF, qui

dispose d’une structure interne de coaching, figure en Annexe 2.

Classiquement le processus sera cadré (comme détaillé en Annexe 3) grâce à un

schéma de synthèse du processus tel qu’usuellement décliné par les opérateurs.

De notre pratique, nous pouvons citer à titre empirique les aspects suivants :

- dès lors que nous étions nous-mêmes en responsabilité totale de la

politique de l’entreprise en matière de coaching, afin de faciliter l’expression des

demandes, cette pratique était « banalisée » au point que le coaching était

présenté comme une formation au même titre que n’importe quelle autre, ce

qui avait l’avantage d’écarter la pudeur voire la charge émotionnelle souvent

associées à l’image du coaching, et qui agissent comme des freins,

Les DRH sont-ils au cœur de la prescription de coaching ?


Guy Metzger - ICN Business School – Ecole du Coaching - 2013/14
16
 
- en tant que DRH sur des périmètres de population à dimension

humaine (limités à 500 salariés) dans lesquels la proximité de terrain et la

connaissance des individus sont réelles et effectives, il nous a toujours été

possible de recevoir individuellement chaque salarié ayant émis une demande

de formation,

- lorsqu’étaient exprimées des demandes de formation sur une

thématique communicationnelle ou comportementale ou relative à la gestion de

soi, dans la mesure où nous pouvions recevoir individuellement les salariés ayant

exprimé un tel souhait, il nous était aisé d’investiguer et de nous assurer que la

demande formulée répondait réellement au besoin ou si au contraire, il s’agissait

consciemment ou non d’une demande cachée de coaching, qui eût été plus

approprié de faire ou de laisser germer. Nous annexons (Annexe 4) la

communication interne diffusée aux salariés de TEKELEC - au sein de laquelle

nous étions DRH EMEA pour un périmètre de 600 collaborateurs - en vue de

recueillir leurs besoins de formation pour l’année suivante.

- dans les cas où une demande de formation comportementale, dans le

cadre du plan de formation annuel de l’entreprise, évoluait vers une prescription

de coaching, celle-ci restait hors de ce plan d’une part pour des raisons de

confidentialité souvent demandée par le coaché et d’autre part car non éligible

aux financements dont bénéficient les actions dudit plan,

- avoir également été en charge comme DRH, de périmètres de

population plus vastes de l’ordre de 1000 salariés, nous a confronté à des

politiques de coaching très fortement structurées et calibrées par des outils de

NTIC et par le passage obligé via l’intranet de l’entreprise, qui ont eu pour effet

de standardiser fortement l’élaboration et la remontée de la demande à la

hiérarchie. Un tel processus, marqué administrativement, ne permet pas au DRH

de tenir son rôle de prescripteur, non pas parce qu’il serait privé de son pouvoir

décisionnaire, car il l’est au bout du compte, mais parce que du fait de l’ampleur

de la population qu’il gère il n’a pas la possibilité de connaître le demandeur et

Les DRH sont-ils au cœur de la prescription de coaching ?


Guy Metzger - ICN Business School – Ecole du Coaching - 2013/14
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de dialoguer avec lui, ce qui conduit à le cantonner au rôle d’ « approver »,

terme anglais sans équivalent en français mais que nous pourrions traduire par

« approuveur ». La Communication interne de lancement pour l’Europe de la

politique de coaching interne d’Oracle (Annexe 5) montre la complexité et la

standardisation d’une politique Coaching au sein d’un groupe de 200.000

salariés.

Avant de nous intéresser aux leviers agissant sur les prescripteurs et aux

représentations qui animent ces derniers, voyons à l’aide du graphique ci-

dessous qui prescrit au sein des entreprises.

Source : Enquête SYNTEC, 2011

Nous relèverons que la fonction RH représente 54 %. Le solde est partagé

équitablement entre les Managers et la Direction Générale, la part relative à la

Direction des Achats étant très faible.

Les DRH sont-ils au cœur de la prescription de coaching ?


Guy Metzger - ICN Business School – Ecole du Coaching - 2013/14
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2.2 Le coaching est-t-il prescrit de manière élitiste par les DRH ?
 

Selon beaucoup d'opérateurs du coaching comme Malarewicz (2007) ce sont

essentiellement les dirigeants placés au sommet de la hiérarchie de l'entreprise

qui sont visés par le coaching, voire le chef d'entreprise uniquement, ce qui est

confirmé par l'analyse de l'histoire de cette pratique. En effet ces bénéficiaires

ne peuvent, pas ou plus, trouver un interlocuteur dans l'entreprise, sans remettre

en question leur propre devenir et leur crédibilité. L'immédiateté du sentiment

de solitude consolide le besoin de coaching et s’avère souvent un gage

d'efficacité.

Bien que le coaching s’est banalisé dans beaucoup d'entreprises, on se doit de

souligner que dans celles où il est dédié aux plus hauts niveaux de la hiérarchie,

la prise de recul du dirigeant, grâce au coaching, s'avère souvent salutaire face à

la complexité de sa tâche. Cette dimension élitiste, comme historiquement

première qualification du coaching, mérite une attention soutenue, notamment

de la part d'un prescripteur de coaching qui demanderait à être éclairé. Qu’en

est-t’il de l'investissement, de l'implication du coach du fait des résultats atteints

lorsque l'on se situe dans une prestation d'excellence ?

Son coût généralisé, notion développée par Moles (1988) serait-il pour le

dirigeant une clé explicative de son efficacité pour lui ? Nous pensons la

question légitime, en référence à l’argument des psychanalystes selon lesquels

la dépense, non remboursée par les organismes sociaux, serait une des

conditions d’efficacité de la cure. Selon l’imaginaire social (Durand, 1993) que se

forge le dirigeant à son propre sujet et à propos de son environnement, où dans

Les DRH sont-ils au cœur de la prescription de coaching ?


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l'espace et la temporalité ledit dirigeant se situe-t-il lui-même ? Ce

questionnement s’avère, nous le pensons, très pertinent et intéressant mais

ne va-t-il pas mener le DRH prescripteur trop loin hors du champ sur lequel il se

situe ? Il est vrai que le coaching se décline aussi et de plus en plus pour le

middle-management.

Source :

Enquête SYNTEC, 2011

De manière plus pragmatique soulignons avec Cloet (2003) que « les attentes

organisationnelles à l’égard des salariés sont …. plus exigeantes. Les cadres

supérieurs et les dirigeants sont une ressource précieuse pour l’entreprise, a

fortiori en cette période de turbulences, aussi sont-ils touchés de plein fouet par

cette inflation des attentes. »

Cependant, face aux actionnaires, le pouvoir des dirigeants décline et avec,

Les DRH sont-ils au cœur de la prescription de coaching ?


Guy Metzger - ICN Business School – Ecole du Coaching - 2013/14
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l'estime et les privilèges dont ils ont longtemps bénéficié. Il est demandé de

plus en plus de comptes à ces élites, les sanctions tombent, la compétition

internationale entre pairs s'intensifie, tout comme les exigences en compétences

managériales. Nous pourrions parler de perte de repères. Le coaching peut

aider les dirigeants confrontés à l'évolution de leur identité professionnelle. Ce

point de vue est d’autant plus renforcé par Rappin (2005) que selon qu’ « il n'y a

qu'une élite qui puisse former une autre élite et la démocratisation actuelle du

coaching tue le coaching. » Que devons nous comprendre de cela ?

Il expose, en lien avec le fait que la disparition des élites serait un signe de

mauvaise santé psychique et spirituelle de l'être humain, que « le coaching

exacerbe cette tendance car il fait désormais partie intégrante de ce processus

d'horizontalisation des organisations double : on fait appel à lui quand un

manager arrive à un nouveau poste à responsabilité, ou dans un cadre moins

large lorsqu'il s'agit de restructurer l'ensemble de la firme. »

Rappin (2005) en appelle à une prise de conscience parmi les coachs « du rôle

symbolique des hauts dirigeants, de la nécessité de la mise en scène du pouvoir

et sur la mise en scène du pouvoir, sur la manipulation des symboles et la

création des rituels. » Il déplore « la carence des coachs à symboliser la

connaissance car ils apprennent à communiquer seulement, et encouragent un

élargissement du marché et par ailleurs propose des produits standardisés. »

Nous laisserons le lecteur sur une pensée de Rappin (2005) bien évocatrice : «

L'élite remplit incontestablement une fonction sacerdotale, puisqu'elle est

dépositaire d'une vision, d'un projet, d'une finalité, qui n'acquièrent leur sens

que de cette légitimité transcendantale. C'est donc le souffle divin que le coach

doit insuffler au coaché et pour cela il dispose d'une méthode en totale rupture

avec la panoplie du coach moderne : psychologie, art, poésie, aphorisme,

humour .... Le coaching s'il respecte la perspective qualitative et aristocratique

qui fonde sa nature doit rester initiatique …. La formation doit laisser place à

l'initiation, dont le mode d'expression est plus poétique ou magique que

Les DRH sont-ils au cœur de la prescription de coaching ?


Guy Metzger - ICN Business School – Ecole du Coaching - 2013/14
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discursif, car c’est bien par l’accès à la sphère de l’esprit que se produit le

véritable développement intégral de l’homme."

2.3 Les prescripteurs de coaching, la gestion de soi, et le pouvoir

dans l’entreprise
 

Cette question nous amène à nous intéresser à l'approche conduite par Pezet

(2005), qui associe la notion de « souci de soi » ou encore de « gestion du self »

à celle de l'exercice du pouvoir dans l'entreprise. Pour le manager, il s'agit

d'apprendre à gouverner, à se gouverner soi-même (arriver à une meilleure

maîtrise de soi-même) pour mieux gouverner le personnel c'est-à-dire pour

mieux utiliser le pouvoir de commander.

En termes de gestion de soi, il sera nécessaire de vivre la perception de soi,

celle-ci nécessitant un examen de soi lequel, dans notre champ, sera induit par

le coach, qui à travers son action interprétera en conscience ou non des

techniques décrites par Foucault (1982) en matière de pratique et gestion de soi

en référence au contrôle. Nous ne poursuivrons davantage nos commentaires

sur cette thématique car cela nous mènerait fort loin. En revanche, il nous faut

retenir que le coaching, vu de manière réductrice, se situe sur un axe bipolaire

entre pratique « thérapeutique » et politique disciplinaire. Dans son exposé à la

16 ème Conférence de l'Association de Gestion des Ressources Humaines

(2005) qui en particulier réunissait des chercheurs, Pezet détaille également une

collecte de données empiriques auprès de six entreprises sur leurs pratiques de

coaching par le biais de questionnaires diffusés mais aussi par des observations

plus ou moins participantes à des réunions entre coachs et responsables RH.

Les DRH sont-ils au cœur de la prescription de coaching ?


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Comme le montre le tableau ci-après,

 
Classement  des  cas  cités  comme  typiques  par  les  RRH  
 
Cas  où  le  comportement  est  lié  Cas   où   le   comportement   est   à   définir   par  
à  la  fonction     rapport  au  contexte    
Une fonction opérationnelle Chef Intégrer un comite de Direction Générale
de Projet Travailler avec des collaborateurs d’un niveau de
Directeur centre de recherche formation initiale plus élevé que le sien
Directeur commercial Diriger un service en cours de réorganisation
Prendre des fonctions sur un site socialement très
difficile
Mésentente avec son supérieur hiérarchique
Mettre en place une structure de coordination
internationale
Source : Entreprises de l’échantillon, E. Pezet, Le coaching : souci de soi et pouvoir, 16 ème conférence de
l’AGRH, 2005  

les cas cités comme typiques d'une situation de coaching (par les RRH) peuvent

regrouper d'une part les cas de comportements liées à la fonction, et d'autre

part les cas où le comportement est réclamé par un contexte. Dans les deux

types de cas de figures ce qui sera attendu du coaché sera une modification de

son comportement avec un degré parfaitement variable de précision car le

comportement dit « bon » ne sera pas identifié - et donc pas communiqué à

l’intéressé - dans tous les cas, et cet aspect est fort intéressant.

Par ailleurs, comme détaillé ci-dessous,

 
Exemples   de   comportements   justifiant   le   recours   au   coaching   donnés  
par  les  RRH  au  cours  des  entretiens    

s’emporter trop rapidement dans les relations avec les collègues de travail,
ne pas laisser parler ses collaborateurs,
ne pas leur laisser assez d’indépendance à ses collaborateurs,
ne pas se comporter comme les autres en réunion,
mésentente avec son supérieur hiérarchique
Source : Entreprises de l’échantillon, E. Pezet, Le coaching : souci de soi et pouvoir, 16 ème conférence de
l’AGRH, 2005  

Les DRH sont-ils au cœur de la prescription de coaching ?


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en examinant les cas typiques de recours ainsi que les exemples de

comportements ayant servi de justificatif au recours au coaching selon les

responsables RH, la "question" du coaching se pose le plus souvent dans des

situations où un manager se trouve dans une position exposée au regard et à

l'évaluation des autres managers.

Cette « observabilité » par les collègues ou la hiérarchie du coaché est

évocatrice du type d'attitude de pouvoir déployées par les prescripteurs.

Le suivi des actions effectué par les prescripteurs nécessite des rencontres

intermédiaires qui ont autant pour vertu de sécuriser, encourager et garantir

l'avancement du déroulement du processus, que de contenir le sentiment

d'excès de pouvoir qui risquerait d'obérer les résultats.

Pezet souligne que l'efficacité de ce suivi est d'autant plus meilleure que des

stages de formation sur le coaching ont accru la connaissance du coaching que

les prescripteurs pouvaient avoir initialement.

À cet effet, il est intéressant de voir ci-après, de quel type de formation ont pu

bénéficier les prescripteurs des six entreprises de l'échantillon mobilisé par

 
Ways  in  which  prescriptors  were  trained  in  coaching
 
 

F1 F2 F3 F4 F5 F6
Consultancy training
Introduction to Training course at
Personal experience Experience
coaching a coaching
of coaching in of Training
through a company
previous functions team building from a
professional MBTI* Supervision from
Reflection on with a coaching
course at a coaches within the
positioning of specialised company
school of framework of a
coaching with regard MBTI* coach
commerce university course
to recruitment
*Myers Briggs Typology Indicator
Sources : Sources: Companies in the sample , Pezet E., Managing oneself to manage the firm
Communication at the European Academy of Management 4th annual conference, Governance in managerial
life, Saint Andrews, 5-9 may 2004.  
 

Les DRH sont-ils au cœur de la prescription de coaching ?


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L’étude de Pezet, selon qui « c'est en amont en choisissant les conditions de

déroulement de processus par la sélection du coach et le choix des cas de

recours que les responsables des RH contrôlent le plus efficacement le

processus. Ils effectuent une sélection tenant compte de l'expérience des

coachs, de leur capacité à comprendre le contexte professionnel du coaché ou

encore des références culturelles du coach. L'expérience du coach est pour lui

une ressource dans l'exercice de son activité mais elle est aussi ce par quoi

l'entreprise exerce un contrôle sur lui comme responsable RH. »

Il est nécessaire qu’un espace spécifique se crée au sein de l'entreprise, que

(Pezet, 2005) décrira ainsi : « pour que le processus psychologique recherchés

par les coachs se déroule, un espace permettant au coaché de tirer les

enseignements de ce qu'il apprend sur lui-même doit se créer dans

l'entreprise ….. Et cet espace n'est pas uniquement psychologique, il n'est pas

non plus un espace privé. Il est constitué par des dispositifs qui structurent une

relation savoir-pouvoir entre le coach, le coaché, le manager du coaché et le

responsable RH : cet espace est un espace surveillé. Le coaching peut donc être

une pratique disciplinaire par ce que le coaché peut être observé par d'autres.

Le caractère éventuellement disciplinaire d'une pratique de coaching est lié au

degré de surveillance exercée sur l'action de coaching par le manager du

coaching et le responsable RH. D'une façon générale le rapport entre pouvoir et

coaching peut être étudié à partir de la physique des pouvoirs propres à une

entreprise. »

2.4 Les DRH, prescripteurs de coaching vus à travers le prisme de la

cybernétique ?

Les DRH sont-ils au cœur de la prescription de coaching ?


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A la lumière de la théorie de l'information et de l'analyse systémique des

organisations Rappin (2013) en s'inspirant de Wiener (1950) propose une analyse

audacieuse du coaching et de sa fonction en entreprise grâce à la cybernétique

dans la mesure où selon lui « le coaching est une forme d'accompagnement

visant à lutter contre l'entropie organisationnelle par l'introduction d'éléments

informationnels extérieurs spécifiques. » La notion d’entreprise décodée comme

un système est ainsi clairement soulignée.

En ce sens, il rejoint également Moles (1998) qui mobilise et affine sa notion

déjà citée de « coût généralisé ». Toujours dans cette voie, Rappin (2005)

désigne ontologiquement parlant, le coaching comme « l'agent de l'ordre

organisationnel, détectant l’origine du désordre collectif dans l’imperfection du

coaché et non pas dans le travail obscur et gnostique d’une force extérieure

(que pourrait être la concurrence, par exemple, le coaching a alors pour vocation

de contribuer au combat entre l’entropie et à la restauration de l’organisation

comme système stabilisé et fluidifié d’informations. »

En particulier dans cette approche le feed-back devient la notion centrale. Cela

suppose que dans le cadre du coaching, un but soit assigné aux comportements

et que ceux-ci s'inscrivent dans un projet ou dans une forme finalisée. Le feed-

back est employé pour signaler que le comportement d'un objet est contrôlé

par la marge d'erreur à laquelle on se situe à un moment donné, en référence à

un but relativement spécifique.

Par analogie avec le coaching, les questions suivantes prennent sens :

Qui fixe le but ?

Qui décide de la finalité ?

L'établissement du contrat de coaching répond à ces questions qui mettent en

jeu le prescripteur, le coach et le futur coaché. Leur rencontre liminaire cadre les

objectifs dévolus à l'accompagnement. Les « contours d'un espace de

surveillance et de pouvoir » sont aussi créés.

Les DRH sont-ils au cœur de la prescription de coaching ?


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2.5 Le coaching comme outil de régulation interne et de contrôle

social mobilisant les DRH prescripteurs


 

C'est en tant que véritable phénomène social au sens où l’entend Amado (2002)

que Vernazobres (2006b) interroge son développement avec un focus sur ses

impacts en terme de régulation sociale en entreprise. Pour ce faire, il a

investigué les pratiques des entreprises utilisatrices au-delà des informations

professionnelles émanant des opérateurs qui ont, avant tout, une visée

normative de leurs pratiques. Vernazobres (2006b) rappelle, en se référant à

l'approche systémique du coaching « largement revendiquée par la profession »

et défendue par Malarewicz (2003) que « c'est bien cette place relative de

l'acteur et du système dans l'organisation des rapports humains qui interroge le

coach et le coaché au cours de leurs séance de travail. »

Cette notion de contrôle social de l'organisation sur les individus renvoie à ce

que l'organisation ferait l'économie de son adaptation aux individus. Ainsi

l'entreprise ne se pose pas la question de l'organisation elle-même, mais grâce

au coaching, elle vise à obtenir un changement de comportement de l'individu.

Une inadaptation de l'individu à l'entreprise ou encore le stress ne sont, dès lors

plus considérés comme un dysfonctionnement de l'organisation. Cette lecture

peut par extrapolation amener à interroger le coaching comme pouvant

constituer un frein à l'évolution de l'organisation. Cette pensée peut nous

paraître vertigineuse.

La notion de médiation, entre d'un côté les intérêts organisationnels et les

intérêts individuels, apporte de manière subtile une dimension supplémentaire :

« le coaching ne se substitue pas forcément à un travail sur l'organisation mais

peut en être le complément. » (Roussillon 2002) Pour Brunel (2004) « ce principe

Les DRH sont-ils au cœur de la prescription de coaching ?


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de médiation entre l'individu et l'organisation doit s'entendre comme un

processus dialectique marqué par des influences réciproques. » Nous pourrions

évoquer une forme d'allers-retours continus entre ces deux pôles. Il est à ce

propos utile de rappeler la définition de la médiation donnée par Fritz (2004) « la

médiation est un processus de non confrontation semi-structuré et créatif dans

lequel un ou plusieurs individus impartiaux aident les parties en conflit, est lié à

plusieurs disciplines, et est disponible dans plusieurs types de cadre différents. »

A la nuance près que le terme « conflit » n'est pas absolument approprié à notre

cadre de réflexion sur le coaching , qui a priori ne réclament pas de résolution

de conflits, il semblerait plutôt que le besoin de concilier des intérêts ou des

points de vue éventuellement divergents soit plus approprié. Dès lors qu'un

coaching permet de dire quelque chose qui est indicible entre deux salariés

dans l'entreprise, nous nous situons bien dans un processus de médiation et au-

delà des bénéfices sur le volet du développement personnel pour le coaché et

en GRH pour l'entreprise. Cette approche de GRH «médiatrice», grâce au

coaching, a également été investiguée par Bayad &Persson (2005).

Ainsi le coaching « remplit à la fois des fonctions de contrôle social dans sa

version moderne, axée sur l'intégration de normes agissant sur les

comportements et des fonctions de médiation entre les individus et leur

environnement professionnel (travail, hiérarchie, organisation). Il a à voir avec un

processus d' "endorégulation" qui fait intervenir un tiers médiateur ..... Le

coaching s'inscrit dans ces mécanismes au niveau des entreprises et la prise en

compte de cet aspect de la réalité peut permettre aux coachs de mieux

appréhender la portée de leurs pratiques et de continuer à travailler à leur

structuration et à l'élaboration de règles déontologiques évitant une

instrumentalisation outrancière de leurs interventions. »

Les DRH sont-ils au cœur de la prescription de coaching ?


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28
 
3 La valeur ajoutée du coaching place-t-elle le DRH au

cœur de la prescription de coaching ?


 

3.1 Le prescripteur est-il un acteur du changement ?


 

Lacaze et Châteauvieux (2008) partent du postulat que les DRH ont un rôle

moteur dans l’identification des changements à conduire et dans la capacité à

décrire les évolutions sociales, sociétales ou encore dans la possibilité à concilier

l’économique et le social. Ces notions sont classiquement enseignées dans les

universités aux futurs DRH. Pour ces deux spécialistes, le coaching devient un

outil, un process central parmi les politiques de changement initiées ou

soutenues par les DRH. En ce sens, leur rôle de prescripteur est également

central. C’est ce que décrivent Lacaze et Châteauvieux avec finesse et

sensibilité dans leur ouvrage, permettant véritablement au lecteur de rentrer

dans l’intimité du coaching, à travers le récit de moments clés de séances que

chacun d’eux relatent, puis commentent, mettant en relief les points forts et

notions théoriques à l’œuvre.

Dans une parution collective, « Manager le changement » (2006) ces auteurs

proposent un voyage au pays du changement à travers des escales permettant

de mettre avant à chaque fois, des apports théoriques importants à leurs yeux,

issus des sciences essentiellement sociales. Ainsi leur voyage abordera

notamment des notions très importantes pour eux et pour lesquelles nous

sommes en phase, mais que nous n'approfondirons pas par souci de concision :

• les concepts de la systémique et leurs répercussions dans le monde

professionnel

Les DRH sont-ils au cœur de la prescription de coaching ?


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• le principe d’équifinalité

• le double principe bipolaire d'homéostasie et de développement

• l'écologie du changement

• la prise en compte de l'histoire des systèmes

• les frontières inhérentes aux systèmes

• la capacité de reproduction et d'auto-organisation des systèmes

• l'orientation solution comme démarche d'accompagnement

• les apports de l'anthropologie

• le lâcher prise en référence à l'échelle des interférences.

• La préférence. Décision de
coacher

Etablir le contrat de coaching Charte Etablir Contrat


Etablir
Interagir pour anticiper les bénéfices du
coaching le
le contrat
contrat
de
coaching
attendus
La référence et ce
que fait les conditions
DRH, dedimensions
à toutes ces réussiteévoquées
du coaching
- probablement
Coachs
référencés
Pour contractualiser
il y en autour d'objectifs
a-t-il d'autres partagés,
encore le pilote
- nous évoque la du processus
richesse voire coaching
l'épaisseurorganise
de sa la mise en
relation de 3 acteurs : le bénéficiaire du coaching, plusieurs coachs référencés (pour permettre au
bénéficiaire de choisir le coach adapté à sa demande) et la hiérarchie pour amplifier les effets du
pratique du coaching en tant que DRH. Elle nous interpelle quant à la notion de
coaching.
maturité
Le pilote s'appuie de l'entreprise
sur une et de prise
charte du coaching deformalise
qui hauteur du prescripteur,
les engagements en l'occurrence
réciproques de chacun :
Cadre et limite d'intervention du coach, cohérence demande officielle/individuelle, autonomie,
du DRH
confidentialité, le cas"d'intérêts
absence échéant, que nous verrons
croisés" plusd'un
(coaching loin.N+1/N-1)…
Implication du coaché sur les objectifs, la démarche, la disponibilité…
Soutien de la hiérarchie
Modalités de suivi par la DRH, confidentialité…
Le schéma ci-après nous détaille les nombreuses « interactions entre coach,
Cette étape se concrétise par un contrat tripartite signé par le coaché, le coach et le prescripteur :
pilote du coaching, DRH
coaché, et/ou hiérarchie
hiérarchique, ; ce contrat
et prescripteur spécifie
s’établissant led’un
lors contexte et les
coaching ». finalités du coaching,
les objectifs et les indicateurs de réussite, les modalités de réalisation (nombre et durée des
séances…), les modalités d'évaluation en fin de parcours…

RH, Prescripteur
"Pilote du coaching" Manager

Relation continue
de développement
du potentiel

Relation contractuelle
tripartite à durée limitée

Coaché
Coach Coach
Enjeux et Performances du Coaching 14

Source : Pezet E., in Enjeux et Performances du Coaching, 2004,

Présentation à European Academy of Management

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30
 
3.2 Le coaching a-t-il une fonction palliative ?
 

En effet Salman (2008) nous cite un cas où le coaching remplit une telle fonction

pour un cadre supérieur dont la carrière plafonnait et dont son coaching l'a aidé

à revoir ses ambitions et à accepter cette situation. On voit que ce dispositif

permet d'avoir une interprétation positive d'une situation et de gérer une

insatisfaction. Salman en ce sens, cite Goffman (1989) « Calmer le jobard ». Dans

le cas évoqué, on observe que « le coaching contribue à une pacification des

rapports sociaux au sein de l'organisation en désamorçant à l'avance les

éventuelles tensions qui auraient pu naître » - ici d'un déclassement.

De ce fait, le coaching peut-être également décrit comme un mode de gestion

des frustrations d'une main-d'œuvre hautement qualifiée et diplômée et de

« promesses de carrière » qui ont été faites sans être tenues comme l'expose

Dany (2001). Il est donc intéressant de souligner une sorte de « pirouette »

éblouissante (inquiétante ?) que l'entreprise parvient à opérer grâce à un

coaching de ce type. Elle s'autorise grâce à la psychologisation de la

problématique à renvoyer l’explication (ici : le plafonnement de carrière) à un

manque de « savoir être », à des défaillances de l'individu potentiellement

résolues par un expert de la relation humaine, et non pas à sa propre logique

organisationnelle. « La psychologisation du problème permet de maintenir

intacte cette dernière tout en sauvant les apparences de ce marché interne ». Au

bout du compte, les limites et les défaillances de l’organisation sont occultées

par toutes les parties intéressées et leur responsabilité se trouve subtilement

transférée au salarié, qui y consent.

Que cette « mécanique » puisse fonctionner et même survivre a de quoi

étonner. Or pour Courpasson (1994), il y a un « avantage collatéral pour le

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coaché qui est l'aspect : je peux sauver la face, grâce à mon retournement de

valeur. » « Injecter » de la satisfaction au salarié lorsque se produit ce type de

problématique est réellement dans l'intérêt de l'entreprise car là encore, son

action consiste à pousser toujours plus à l'excellence.

Cette dynamique particulière contribue fortement à renforcer le marché

professionnel du coaching tout comme l'ouverture des entreprises à la mise en

place du coaching interne, qui à elle seule, mériterait un long développement.

Toutefois, nous nous limiterons à en évoquer quelques points spécifiques

touchant le prescripteur.

3.3 Niveau de maturité des entreprises et prise de hauteur des

prescripteurs quant au coaching


 

Ces aspects sont importants à nos yeux. A titre illustratif, par rapport à cette

question, le lecteur pourra consulter l’Annexe 3, un document de synthèse

relatant les attentes de quatre DRH de Suisse Romande réunis en workshop,

organisé par la Société Romande du Coaching en 2007, centré sur leurs attentes

en matière de coaching. Nous relevons les items suivants, difficiles à exploiter et

commenter :

- une représentation des coachs qui distingue 4 types (bandit masqué,

apprenti sorcier, expert professionnel, maître)

- les attentes (sublimation, réparation, introspection)

- limites et risques :

o l’angle mort : se focaliser sur le salarié et ne pas voir le système

entreprise

o le loft management : s’intéresser impudiquement à tout d’une

personne, comme dans une émission de téléréalité

- avenir et attentes :

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o du support aux coachés face aux besoins énormes de disposer de

nouveaux repères

o davantage de transparence à l’égard des prescripteurs quant aux

méthodes

o que les coachs intègrent mieux à leurs pratiques les critiques

formulées par les DRH notamment car non représentatifs et non

significatifs statistiquement.

Pour avoir vérifié auprès de l’ANDRH, (la plus vaste et représentative Association

Nationale de DRH de France), celle-ci, n’a pas été sollicitée par les fédérations

de coachs présentes en France qui ainsi n’ont pas réuni de corpus de données

exploitables, permettant d’avoir un focus sur ce que les prescripteurs savent et

comprennent du coaching, de manière synthétique et première, mais aussi de

manière épistémologique.

Le recours au coaching est parfois une mode - Fatien (2009), citant Thévenet,

(2003) - On rencontre des contextes où on lui porte un intérêt mimétique et non

stratégique alors qu’il permet d’avoir des retombées en interne de diverses

natures, notamment d’insuffler de nouvelles dynamiques, de nouvelles manières

de communiquer et de questionner des fonctionnements souvent

symptomatiques mais ignorés, cas dans lesquels, outre la dimension mimétique,

nous sommes face à un déni. Dès lors, le coaching devient un outil « prothèse »

de nature à masquer ou pallier les faiblesses d’une organisation, empêchant

ainsi de les traiter. En faisant intervenir un coach, les acteurs lui sous-traitent

leurs propres difficultés internes en les externalisant, abandonnant ainsi une

partie de leur rôle. De cela nous devons retenir que le coaching est en tension

et que les DRH prescripteurs se doivent d’en être particulièrement conscients.

La responsabilité des départements RH dans la prescription est centrale. Persson

(2009) nous rappelle qu’ « En effet, ces prescripteurs parce qu’ils sont financeurs

se révèlent être les acteurs clés. Demander alors à ces acteurs clés d’être

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davantage conscients des enjeux, des limites, des questions posées, n’obèrera

nullement la mission gestionnaire qui reste la quête de la performance. Mais

cela permettra de mieux envisager la place de l’instrumentation dans la

démarche, avec une intelligence compréhensive des situations et de les traiter

avec lucidité et discernement évitant tant l’écueil du cynisme que celui de

l’angélisme. »

Les notions vues ci-dessus méritent d’êtres modulées selon que l’entreprise,

dans sa pratique coaching, est organisée avec un département de coaching

interne, ou ait recours exclusivement à des coachs externes.

Historiquement, le recours à l’externe semble plus noble (Persson, 2005), car « il

correspond à l’origine au coaching individualisé du dirigeant ». La France reste

plutôt en préférence de ce modèle du coaching « externe » alors que dans les

pays anglo-saxons, la solution en interne est tout à fait présente et valorisée.

Souvent une association des deux, et dans ce cas, la visée de développement

personnelle sera dévolue au coaching externe, alors que le développement de

la performance sera soutenu par le coaching interne.

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Source : Ruh C. Synthèse enquêtes ICF et SF Coach (2014)

Le distingo entre ces deux types de fonctionnement nous intéresse ici, en ce

que le niveau de maturité des entreprises et des acteurs, en matière de

coaching, ainsi que l’aptitude à la prise de hauteur quant aux problématiques et

aux enjeux, sera à notre sens, impacté, hypothétiquement.

Nous sommes en tout cas, dans une croyance de considérer que les

prescripteurs et décisionnaires dans une entreprise « équipée en interne » seront

plus éclairés en matière de culture coaching et donc davantage responsables,

en comparaison à des entreprises recourant exclusivement au coaching externe.

Nous sommes conscient de ce qu’une telle hypothèse mériterait d’être mise à

l’épreuve.  

Les DRH sont-ils au cœur de la prescription de coaching ?


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3.4 Des prescripteurs abusés ?
 

Parmi d’autres abus et dérapages possibles en matière de coaching dans les

entreprises décrits par Fourès (2004), elle nous rend attentif aux abus que l’on

peut rencontrer, notamment du côté des prescripteurs. Elle souligne celui de

« maquiller » un coaching en formation. Cela peut se produire non pas dans un

objectif de discréditer la démarche parce que comme DRH prescripteur on ne

serait pas en confiance quant à ses effets ou résultats. Cela peut également se

produire hors de toute manœuvre « comptable » dans le but de faire financer la

prestation, à des fins d’économie budgétaire, par un organisme paritaire

collecteur agréé (OPCA) habituellement sollicité pour une formation quelle

qu’elle soit. Comme déjà évoqué et parce que cela est davantage confortable

pour toutes les parties en jeu (prescripteur, coaché et coach), on « n’attire pas le

regard sur soi » et la formation interne étant chose bien connue et assimilée à

tout niveau, qu’un DRH présente un coaching comme une formation, facilite les

choses. Nous confirmons avoir déjà procédé de la sorte sur le plan du discours

tenu à propos du coaching. Cela nous semble acceptable sauf si le coaché

devait s’y opposer.

En revanche, un tel « maquillage » ne serait pas réellement à recommander sur

la durée, à un DRH prescripteur et ce pour divers motifs :

- s’il est dit que c’est une formation mais que ce n’en est pas une sur le

plan administratif et comptable, les représentants du personnel le

détecteront avec à la clé une incidence probable sur la crédibilité du

DRH

- si tout en étant présenté comme une formation, il est mis en place une

convention de formation, le DRH se situera dans une position délicate,

d’abuser de la confiance de l’organisme financeur

- le décodage du message d’absence de recours au coaching dans

l’organisation peut prendre des voies difficilement maîtrisables (« Ils ne

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veulent pas investir d’argent là dedans. Ils ne veulent pas reconnaître que

parmi les managers certains ne sont pas à la hauteur de la promotion

reçue ou font des « dégâts » en gestion d’équipe, etc.).


Le coaching piloté comme un processus clé
Abus et dérivesdepuis l’émergence des besoins, jusqu’à la valorisation des bénéfices
peuvent être évités lorsque le processus se déroule comme
Le coaching est un levier de la politique Ressources Humaines pour accélérer le développement des compétences et des

schématisé ci-après.
potentiels des individus (managers, leaders de projet…), des équipes (comité de direction, équipes de vente…) ou de
communautés professionnelles ("hauts potentiels", ingénieurs de 40 ans…). Il est aussi utilisé pour accompagner un
changement majeur qui impacte toute l'entreprise (fusion, nouveaux métiers, changement de culture managériale…).
Le processus coaching est piloté par un acteur clé, rattaché à la DRH ou à la Direction Générale : DGRH, Corporate,
Institut du Management, Change Management… Il est relayé en local par les acteurs du réseau RH et/ou la ligne de
management.
Animer le coaching comme un processus, est un facteur clé de performance du coaching : qualifier les demandes en
Le coaching piloté comme un processus clé
amont, articuler ces demandes avec les autre leviers RH (formation, revue de personnel…), se focaliser sur des objectifs
tangibles, associer le management dans la valorisation des bénéfices, orchestrer l'amélioration en continu (animer les
retours d’expérience avec les coaches, le management)…
Le processus coaching s'organise autour de 6 étapes clés :

Capitalisation des expériences


Intégration progressive du coaching
Demande
suscitée ou
Qualifier
Qualifier
Décision
de aux processus RH
spontanée la
la demande
demande coacher et à la politique de management

Charte Etablir Contrat Accompagner Evaluer


du Etablir de Accompagner Point Evaluer les
les Résultats Amplifier
Amplifier Bénéfices
coaching le
le contrat
contrat coaching le
le coaché
coaché
de bilan changements
changements
mesurés les
les bénéfices
bénéfices
démultipliés

Offre Référencer
Référencer Coachs
de Retours d'expériences
coaching les
les coaches
coaches
référencés
Amélioration continue
du processus de coaching
Enjeux et Performances du Coaching 7

Source : Pezet E., in Enjeux et Performances du Coaching, 2004,

Présentation à European Academy of Management

3.5 Et s’ « il était une fois le coaching ? »

De ce qui précède, en particulier dans cette dernière partie consacrée à la

centralité du prescripteur compte tenu de la plus value que le coaching apporte,

notre réflexion est à présent nourrie d’une grande diversité d’éclairages, de

points de vue et de questionnements, et même, complétée de nos références

empiriques propres, tout comme celles d’un DRH-coach comme Lacaze (2008)

ou d’un coach interne comme Richet (2005). En ce sens, nous sommes enclin, en

clin d’œil, à rejoindre Persson S. (2013, « Il était une fois le coaching ») pour qui

« la prise en compte de l’hétérogénéité des discours du coaching légitime

d’autant plus la recherche scientifique quant à la mesure de son efficacité (St-

Onge, Gins, 2011), quant à la mise en évidence de son rôle de régulation sociale

dans les organisations (Vernazobres, 2008), quant aux facteurs de choix des

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coachs (Cloet, 2007), ou encore quant aux marges de manœuvres qui se jouent

dans l’espace ouvert par le coaching (Fatien, 2008). Sans certitudes, mais avec

discernement, il s’agit de développer un coaching circonstanciel, en fonction de

la situation et des acteurs en intégrant ce que chacun raconte sans pour autant

s’y arrêter. »

Une autre analyse (Persson, 2011) évoquant les traverses du coaching est, elle

aussi, de nature particulièrement éclairante pour tout DRH curieux et soucieux

de parfaire sa connaissance des mécanismes de gestion de l’entreprise et de

mieux identifier des phénomènes internes peu ou pas visibles mais néanmoins

impactants à plus d’un titre. Y est évoquée la notion d’effet de levier d’un

potentiel à investir que le coaching peut apporter à l’entreprise : « Le coaching,

dans sa divergence au regard du tutorat et du mentorat, intervient sur un

registre moins éducatif ou pédagogique (donc moins normatif). C’est au service

de l’interaction homme-projet-terrain que se positionne alors le coach aux

allures du stratège chinois traditionnel pour qui la disposition des choses est

plus importante que la disposition de l’esprit. »

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Conclusion – Perspectives

A travers notre voyage au gré des divers éclairages vus nous sommes en mesure

de considérer que le DRH est au cœur de la prescription de coaching de

manière générale.

Par exception il est probable que cela ne soit pas le cas systématiquement. Ces

situations peuvent se rencontrer avec des pratiques où le DRH délègue

fortement ou laisse une totale autonomie de prescription aux managers

concernés, pourvu que la dépense soit prévue à leur budget. Pour le manager

qui est le hiérarchique le plus proche de ses équipes la pertinence de son

autonomie peut être réelle, il nous semble cependant que le DRH a pour rôle de

reprendre la main en définitive sur la prescription. Il a en effet à être le garant du

bien fondé du recours au coaching, du choix du prestataire et du bon

déroulement du processus, et bien entendu il lui appartient de détecter toute

éventuelle dérive.

Nous devons néanmoins recommander la vigilance quant à de potentiels cas

extrêmes où les prescripteurs pourraient être tentés de recourir au coaching en

l’instrumentalisant afin de faire murir ou germer un situation « sous-jacente » et

ainsi la mettre en pleine lumière, afin que cette situation elle-même devienne

par ricochet le véritable sujet principal nécessitant une action : le coaché ne doit

pas être l’outil ou le jouet de cela.

Les DRH, bien qu’au cœur de la prescription de coaching, sont souvent aidés

par d’autres prescripteurs comme les managers et les dirigeants, ou en situation

de partage de responsabilité avec ces derniers. Ils sont de mieux en mieux

« équipés » pour comprendre et décider. Des progrès sont visibles sur cette

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thématique, en attestent les rapprochements entre organisations de praticiens

des RH et les organisations de chercheurs, spécialisés, nombreux et pointus

comme nous l’avons vu.

En outre l’apparition de modules spécialisés dans les formations universitaires au

management des ressources humaines sont un signe positif dans

l’impressionnant développement que connaît la pratique du coaching,

particulièrement dans les pays de culture francophone. Notre constat serait plus

nuancé concernant les pays anglo-saxons où l’on observe des tendances en

matière de gestion d’entreprises parfois moins à l’écoute des productions

intellectuelles et de la recherche en Sciences de Gestion. Cependant nous

restons optimistes en gardant à l’esprit que bien des processus s’autorégulent

en entreprise avec le temps, avec à la clé une question que nous pourrions

introduire pour une prolongement à notre réflexion au-delà du présent

mémoire : que se passe-t-il lorsque le DRH n’est pas au cœur de la prescription

coaching ?

Il est important que les prescripteurs soient impliqués, informés et formés pour

ramener à un niveau le plus faible possible le risque d’être dirigés dans leurs

analyses préalables et prises de décisions, par des représentations qui seraient

en décalage avec la réalité des situations, contextes, enjeux et jeux pouvant être

à l’œuvre.

Le niveau de maturité et de prise de hauteur par rapport au coaching et à sa

prescription en particulier est a priori plus élevé dans les entreprises ayant

développé une politique et une organisation du coaching en interne. Richez

(2006) et Richet (2005) ont grandement contribué à la réflexion sur le sujet.

Néanmoins cela ne lève pas tout doute quant à l’aptitude des organisations à

mener une réflexion analytique poussée à propos de leurs valeurs et choix,

notamment stratégiques, en matière de gestion des ressources et relations

humaines. Cependant dès lors que des budgets importants sont alloués, le

retour sur investissement est un indicateur suivi de très près, ce qui peut

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expliquer que certaines organisations, comme nous l’évoquions en introduction,

désirent que leurs DRH soient aussi coachs internes.

Notre problématique pourrait nous guider à ce stade vers une seconde question

plus vaste, soulevée par Persson dès 2005, et qui pourtant nous semble d’une

actualité toujours aussi brulante : « La GRH devrait-elle occuper le rôle de

gardienne du temple organisationnel ou verrait-elle son succès dans sa

dissolution ? Serait-elle appelée à se diffuser dans les autres fonctions de

l’entreprise ? Le coaching pourrait-il y participer ? «

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Table des illustrations

P. 13 Motifs des rencontres entreprises / coachs (Syntec)

P. 18 Qui sont les prescripteurs de coaching ? (Syntec)

P. 20 Les bénéficiaires du coaching (Syntec)

P. 23 Classement des cas cités comme typiques par les RRH

(Rappin)

P. 23 Exemples de cas de comportements justifiant le recours au

coaching (Rappin)

P. 24 Ways in which prescriptors were trained in coaching (Rappin)

P. 27 Interactions entre coach, coaché, hiérarchique, et prescripteur

s’établissant lors d’un coaching s’établissant lors d’un coaching

(Pezet)

P. 35 La demande sur le marché du coaching (Ruh)

P. 37 Le coaching piloté comme un processus clé (Pezet)

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Annexes

Annexe 1 Etude SYNTEC sur les attentes des entreprises des Cadres

en matière de Coaching 2011

Annexe 2 Contrat d’Objectifs de Coaching Tripartite, EDF

Annexe 3 Protocole de coaching prescrit

Annexe 4 Recensement interne des besoins de formation, TEKELEC

Annexe 5 Communication interne pour le lancement européen de la

politique de coaching groupe, ORACLE

Annexe 6 « Les DRH parlent du coaching » workshop de la Société

Romande de Coaching, 2007

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