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 22-010-A-15

Pratique de la photographie orofaciale


à l’ère du numérique
C. Chossegros, L. Benslama

Avoir un article de l’EMC sur la photographie numérique est une évidence, tant notre discipline utilise le
numérique au quotidien. Radiovisiographie, cone beam, prise d’empreintes, implantologie, esthétique
sont autant d’indications de photographie numérique. Cet article est voulu pratique et utile, autant au
débutant qu’au praticien déjà photographe confirmé. Il débute par les principes de la photographie,
argentique ou numérique. Il se poursuit par le choix de l’appareil photo numérique en photographie
orofaciale. Puis les grands principes de la prise de vue orofaciale sont passés en revue. Des exemples
pratiques sont appliqués au portrait, à la macrophotographie, à la photographie endobuccale et enfin,
aux clichés de radiographie. Ensuite, la question de l’archivage est décrite avec notamment les grands
principes permettant d’archiver et de retrouver les clichés des milliers de patients que l’on soigne. L’aspect
médicolégal, notamment le droit à l’image et le respect du secret médical, fait l’objet du dernier chapitre.
Des références et autres lien ainsi qu’une autoévaluation visant à parfaire le sujet clôturent cet article.
© 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Photographie ; Digitale ; Oral ; Facial ; Numérique

Plan ■ Aspects médicolégaux 15


Loi 15
■ Introduction 1 Conséquences pratiques de ces lois 16
■ Grands principes pour le clinicien 2
Qu’est-ce qu’une photographie ? 2
Qu’estce qui différencie la photographie numérique
de la photographie argentique ? Principes de la photographie
numérique 5  Introduction
■ Choix de l’appareil photo numérique 6
Caractéristique d’un appareil photo numérique 6 La photographie numérique est un outil incontournable des
Types d’appareil photo numérique 6 métiers de santé.
Appareils photo numériques recommandés 7 Aujourd’hui, le texte, le son, l’image fixe, l’image animée

peuvent tous se résumer à des données binaires.
Prise de vue : grands principes 9
L’immense avantage des données numériques est lié à leur
Standardisation des clichés 9
plasticité : capacité de transmission immatérielle, par une ligne
Portraits 9
téléphonique ou par les ondes hertziennes, possibilité de gra-
Macrophotographie 9
vure sur des supports tels le CD ou le DVD, enregistrement
Cadrage et composition, netteté, stabilisateur d’image 9
sur des clés USB, souvent plus petites qu’une boîte d’allumettes
Flash 10
et dupliquées à l’infini sans altération. Toutes ces données
Cartes mémoires. Capacité, formats, vitesse de transfert 11
peuvent être traitées puis stockées dans vos ordinateurs ou
Accessoires 11
sur le cloud (nuage) avec des possibilités quasi illimitées.
■ Prise de vue : exemples 12 Le « portable », puis la tablette et désormais le smartphone
Cliché exobuccal 12 remplacent progressivement les machines de bureau. Si vous
Portrait 12 n’adoptez pas le numérique, il s’imposera à vous, au risque de
Cliché endobuccal 12 vous trouver déjà dépassés. D’ailleurs, il finira par être obliga-
Photographies de radiographies 14 toire pour certaines professions, dont probablement les nôtres.
Recommandations d’hygiène et précautions 14 À ce titre, l’enquête IMAGO 2014 publiée dans l’Information den-
Vidéos faites avec les appareils photo numériques : QuickTime, taire montre qu’un tiers des praticiens est équipé de tous les
MPEG-4 14 nouveaux outils (smartphones, tablettes et ordinateurs), qu’au
■ Archivage et traitement des photographies numériques 14 moins un chirurgien sur quatre est inscrit à un réseau social
Transfert de fichier 14 et que seuls 7 % des praticiens n’utilisent pas personnellement
Renommer les fichiers 14 d’ordinateurs.
Retrouver les fichiers 15 La souplesse du système, sa reproductibilité, les moyens de clas-
Traiter les fichiers 15 sements informatiques, la possibilité d’envoyer instantanément

EMC - Chirurgie orale et maxillo-faciale 1


Volume 10 > n◦ 3 > août 2015
http://dx.doi.org/10.1016/S2352-3999(15)72453-2

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22-010-A-15  Pratique de la photographie orofaciale à l’ère du numérique

une image à un correspondant font de la photographie numé-


rique l’outil d’aujourd’hui et de demain pour l’exercice de tous
les métiers de santé.
La maîtrise de l’outil vient facilement si on s’en sert quoti-
“ Point fort
diennement. Avec le numérique, les résultats peuvent être jugés
Température de couleur
immédiatement et l’on a le droit de se tromper autant qu’on le
souhaite, sans conséquences. Selon l’intensité de l’éclairage utilisé, les valeurs de cou-
leurs, ou température de couleur (Tc), varient selon
certains schémas. Par exemple, si l’intensité de l’éclairage
est similaire à celle de la lumière du jour, sa température
 Grands principes pour le clinicien de couleur, mesurée en ◦ K (ou degré kelvin), est donnée à
5500 ◦ K ; c’est celle correspondant à l’éclairage donné par
Qu’est-ce qu’une photographie ? un flash. Avec un éclairage de moindre intensité (bougie,
Pour garder des images, il faut les stocker. C’est ce que signifie par exemple), on va tendre vers le rouge (température dite
« graphie » dans le mot photographie. Diapositive, pellicule photo à 2000 ◦ K) tandis qu’avec une forte intensité on va tendre
et support papier en argentique et désormais carte mémoire, DVD, vers le bleu (température > à 6000 ◦ K).
disque dur de nos ordinateurs ou même stockage sur le cloud
depuis l’arrivée du numérique, prennent ce rôle (Fig. 1).

La valeur moyenne de température de couleur s’appelle


Lumière, luminance, chrominance, température « lumière du jour » ; c’est celle qu’il faut avoir en photographie
de couleur orofaciale ; elle s’obtient avec un flash ou un éclairage adapté
Les principes de la photographie sont similaires à ceux d’un (ampoules de type lumière du jour).
organe bien connu, l’œil. Ce dernier comporte en effet deux types Lorsque l’éclairage est insuffisant (ampoule classique, lumière
de cellules, les bâtonnets et les cônes. Si les bâtonnets sont sen- d’une bougie, etc.), les photos prises avec ce réglage « lumière
sibles à la variation d’intensité de la lumière, les cônes sont quant du jour » vont avoir une teinte orangée. Si l’on souhaite corri-
à eux sensibles aux couleurs. Pour la photographie numérique, ger ce phénomène, il faut alors modifier le réglage de la balance
c’est pareil : lumière et couleurs : des blancs avant de prendre le cliché en utilisant un réglage pré-
• lumière. Dans la vie, comme dans les photographies, la lumière établi correspondant aux ampoules électriques classiques, réglage
varie d’intensité, de la pénombre d’une nuit étoilée au plein de type « tungstène ». Il y a d’autres réglages préétablis (fluores-
soleil de midi, c’est ce qu’on appelle la « luminance ». Cette cent, etc.). Sinon, le réglage peut être également personnalisé
luminance est, en fait, similaire au réglage de luminosité de aux conditions d’éclairage du patient à photographier en prenant
notre poste de télévision ; préalablement en photo une surface étalon.
• couleurs. En dehors des variations d’intensité, la lumière peut
changer de couleur. Ces différentes couleurs sont chacune liées
à une certaine longueur d’onde de la lumière. Cette longueur
d’onde est comprise entre celle des infrarouges qui brûlent la
peau et celle des ultraviolets qui font bronzer, c’est-à-dire entre
“ Point fort
400 et 700 nanomètres. Il y a entre ces deux extrêmes une infi-
nité de couleurs. L’association de trois couleurs, rouge, bleu, Balance des blancs
vert, permet de créer cette infinité de couleurs selon la propor- Sur certains APN, la température de couleur peut être
tion de chacune de ces trois couleurs. modifiée, c’est ce qu’on appelle la « balance des blancs » ;
Cette diversité des couleurs obtenue par mélange des trois cou- elle est le plus souvent réglée automatiquement en fonc-
leurs fondamentales s’appelle la « chrominance », chrominance tion des conditions d’éclairage (AWB pour auto white
qui est similaire au « réglage de la couleur » de notre poste de balance), mais parfois, il peut arriver que l’on soit obligé
télévision.
de la modifier légèrement, notamment quand on pho-
La combinaison de la luminance et de la chrominance dépend
de l’éclairage de la scène. Des schémas existent comme, par
tographie un sujet mal éclairé. Si les clichés sont pris
exemple, celui de l’éclairage d’une bougie (sombre et rougeâtre) avec le format raw, la balance des blancs peut être cor-
ou le plein soleil (lumineux et tirant sur le bleu). Une échelle éva- rigée en aval. Sur les APN qui n’ont pas de réglage
lue l’éclairage de la scène, c’est ce qu’on appelle la température de de température de couleur, ce réglage peut être fait
couleur. en aval, dans un logiciel comme XnView (fonction
« Image/Ajuster/luminosité... » en enlevant du rouge et
en rajoutant du bleu).
Support
argentique

Au final, et comme il vaut mieux prévenir que guérir, nous


Image conseillons de toujours travailler avec un éclairage « lumière du
jour » (flash ou éclairage continu), l’APN restant réglé sur « AWB »
ou sur « lumière du jour » ; on gagne ainsi un temps précieux
puisqu’il n’y aura plus à retoucher les images de ce point de vue.

Objectif ; diaphragme et profondeur de champ ;


Sujet mise au point ; différents types d’objectif (focale
Image fixe, zoom)
L’image du sujet à photographier doit arriver jusqu’à la carte
Support mémoire (Fig. 1).
numérique En allant du sujet jusqu’à la carte mémoire, cette image va tra-
verser deux éléments déterminants de l’appareil photo numérique
Figure 1. Principe de la photographie, du sujet au support.
(APN), l’objectif (Fig. 2) puis le capteur numérique.

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1 2 3 4
“ Point fort
Pour un objectif de bonne qualité que l’on trouve sur les
APN de type « reflex » (c’est-à-dire à objectif interchan-
geable et visée à travers l’objectif), l’ouverture la plus petite
peut être à 32 (on dit F/32) et l’ouverture la plus grande
peut être à 2,8 (on dit F/2,8). Entre ces deux extrêmes, les
ouvertures intermédiaires standards sont les suivantes :
de la plus grande à la plus petite ouverture :
b F/2,8–F/4–F/5,6–F/8–F/11–F/16–F/22–F/32.
Ces valeurs intermédiaires sont les mêmes pour tous
les appareils photo. Il faut savoir qu’entre deux unités
a d’ouverture, par exemple entre F/32 et F/22, la quantité
Figure 2. Photographie avec un appareil photo numérique (APN), trajet de lumière qui passe est deux fois plus grande. Ainsi, il
de la lumière : du sujet en passant par l’objectif (b) et son diaphragme (4), passe deux fois plus de lumière avec F/22 qu’avec F/32,
l’APN (a) et son obturateur (3) pour arriver sur le capteur (2) et être stockée deux fois plus avec F/16 qu’avec F/22, deux fois plus avec
dans la carte mémoire (1). F/11 qu’avec F/8...
Sur les APN de type compact, l’échelle des ouvertures est
souvent moindre, comprise habituellement entre 2 et 8.
L’objectif peut agir sur la luminance par l’intermédiaire d’un Le terme d’ouverture en anglais se traduit par aperture,
diaphragme qu’il ouvre ou ferme. L’objectif peut également agir donnant les sigles A ou Av sur les appareils photo.
sur la mise au point (qui vise à obtenir une image nette sur le
capteur), par l’intermédiaire de lentilles qui bougent les unes par
rapport aux autres.
Enfin, l’objectif peut également agir sur un troisième critère F/22) ; à l’inverse, pour une grande ouverture du diaphragme, le
qui est l’agrandissement de l’image mais ceci n’est possible que chiffre correspondant est petit (F/2 ou F/4 par exemple).
sur les objectifs à fonction zoom. Cette fonction zoom s’oppose
à celle des objectifs à focale fixe pour lesquels cette fonction Profondeur de champ
d’agrandissement n’est pas possible. En raison des lois de l’optique, la modification de l’ouverture
au niveau du diaphragme va engendrer des modifications de ce
qu’on appelle la « profondeur de champ ». Cette profondeur de
Diaphragme ; ouverture (A pour « aperture ») champ est également appelée « zone de netteté ». Comme pour
Là encore, le diaphragme de l’objectif, c’est un peu comme l’œil humain, trop près de l’appareil photo, on n’est pas dans
l’iris de l’œil humain. Si le diaphragme est très fermé, peu de la zone de netteté, les objets sont flous. Trop loin de l’appareil
lumière passe à travers l’objectif, c’est ce qu’on appelle une petite photo, on n’est pas dans la zone de netteté, les objets sont égale-
ouverture (Fig. 3A). Inversement, si le diaphragme est très ouvert, ment flous. Entre les deux, on est bien dans la zone de netteté ou
beaucoup de lumière passe à travers l’objectif ; c’est ce qu’on profondeur de champ et les objets sont nets.
appelle une grande ouverture (Fig. 3B). Entre ces deux ouvertures Cette zone de netteté ou profondeur de champ varie en fonction
extrêmes, il existe des ouvertures intermédiaires. de l’ouverture du diaphragme. Avec une grande ouverture (F/4 par
Comme le chiffre de l’ouverture est un rapport, pour une petite exemple), la profondeur de champ est faible (Fig. 4A). Avec une
ouverture du diaphragme le chiffre annoncé est élevé (F/32 ou petite ouverture (F/32 par exemple), la profondeur de champ est

1
1

A B
Figure 3.
A. Diaphragme fermé (1) (petite ouverture, ici F/16) ; noter les caractéristiques de l’objectif, ici un 18–55 mm de distance focale, avec une ouverture (ou un
diaphragme) variant entre F/3,5 et F/5,6 selon la focale ; enfin le diamètre de l’objectif est de 58 mm ce qui peut être utile pour choisir le flash annulaire que
l’on souhaiterait utiliser ou un filtre de protection.
B. Diaphragme ouvert (1) (grande ouverture, ici 3,5).

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A B
Figure 4.
A. Cliché pris avec une grande ouverture (F/2,8), ce qui donne une faible profondeur de champ (ou zone de netteté).
B. Cliché pris avec une petite ouverture (F/22), ce qui donne une grande profondeur de champ et est donc recommandé en photographie intrabuccale et
en macrophotographie.

grande (Fig. 4B) et peut même atteindre l’infini (pour les pay- Elle peut descendre pour certains appareils photo compacts à
sages). Cette notion de profondeur de champ est essentielle en 1 cm. La distance de mise au point des appareils photos de type
macrophotographie et donc en photographie intrabuccale car ici, reflex s’évalue par un rapport d’agrandissement entre la taille de
il convient d’avoir une profondeur de champ la plus grande pos- l’objet photographié et celle de l’image obtenue (1 : 1 si les deux
sible ce qui permet d’avoir une image nette des incisives jusqu’à ont la même dimension).
la luette.
Différents types d’objectifs
Objectif à focale fixe. En dehors de l’objectif « normal », dit
Mise au point de 50 mm de focale (pour un APN reflex ou son équivalent), on
Tout objectif comporte, en plus du diaphragme, un certain décrit trois types d’objectif :
nombre de lentilles optiques. Ces lentilles peuvent se déplacer • ceux qui grossissent moins que l’œil humain, donnant
les unes par rapport aux autres afin d’obtenir une image nette, l’impression d’être loin du sujet (ce sont les objectifs
c’est ce qu’on appelle la mise au point. La mise au point peut se « grands-angles » ; ils ont une focale inférieure à 50 mm pour
faire de façon manuelle en tournant la bague de mise au point. les APN reflex, ou leur équivalent, inférieure à 50 mm sur les
Sur les appareils récents, la mise au point se fait de façon automa- APN compact) ;
tique ; c’est ce qu’on appelle « l’autofocus ». Afin de vérifier que la • ceux qui grossissent plus que l’œil humain, donnant
mise au point est correcte, le photographe va regarder à travers l’impression d’être près du sujet (ce sont les téléobjectifs ; ils
le viseur (APN reflex) ou dans l’écran liquid cristal display (LCD) ont une focale supérieure à 50 mm, pour les appareils reflex ou
(APN compact) de son appareil photo. leur équivalent sur les APN compact) ;
La mise au point de l’objectif s’étend de l’infini jusqu’à une • ceux qui permettent de se rapprocher beaucoup du sujet,
certaine distance appelée « distance minimale de mise au point ». comme le ferait une loupe (ce sont les objectifs « macro »).
Cette distance varie selon le type d’objectif. Elle est de l’ordre de Zoom ou objectifs à focale variable. L’objectif de type
30 à 100 cm sur la majorité des objectifs. Si l’on souhaite faire de la zoom permet de combiner plusieurs grossissements (grand
photographie intrabuccale, il convient d’avoir un objectif ayant angle + normal + téléobjectif, par exemple).
une distance de mise au point la plus faible possible, objectif dit
« macro ».

“ Point fort
“ Point fort Zoom numérique, à éviter
Certains APN disposent d’une fonction zoom
« numérique » : oubliez-là. Elle ne sert qu’à faire vendre
Macrophotographie
l’appareil photo. Cette fonction dégrade les images. Il est
Une catégorie d’appareils photo dispose d’une distance de
préférable d’utiliser la fonction « recadrage » effectuée en
mise au point qui peut être inférieure à 30 cm ; ce sont les
« aval » sur l’ordinateur destiné à l’archivage des images
objectifs ayant une fonction « macro ». Ces objectifs sont
(par le logiciel XnView) ; cette fonction recadrage est
particulièrement utiles en pratique médicale (par exemple
d’autant plus performante que l’APN possède de pixels.
pour photographier un cliché radiographique [téléra-
D’où l’intérêt de partir avec un nombre de pixels suffisant.
diographie ou tomodensitométrie] ou photographier un
champ opératoire de petite taille [dent, muqueuse buccale
ou peau, par exemple]). Une distance minimale de mise
au point inférieure à 10 cm est une distance correcte pour Boîtier. Temps de pose ; exposition ; modes
un objectif macro mais certains APN descendent jusqu’à d’exposition ; surexposition, sous-exposition ; TTL
1 cm de mise au point.
Comme expliqué (cf. supra), l’image du sujet que l’on veut
En macrophotographie, il est habituellement nécessaire de
photographier a traversé l’objectif (Fig. 2). Mais cette image doit
débrayer la mise au point automatique, souvent inopé- encore subir quelques modifications avant d’aller jusqu’au sup-
rante. Il suffit, en effet, que le photographe et/ou le sujet port d’archivage de notre cabinet...
bougent, même légèrement, et l’appareil photo ne peut En effet, le diaphragme modifie la quantité de lumière pénétrant
se stabiliser puisque la distance de mise au point change dans l’appareil photo mais ce réglage du diamètre du diaphragme
sans arrêt. est parfois un peu limité, notamment parce qu’il agit sur la pro-
fondeur de champ ce que ne désire pas forcément le photographe.

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C’est pourquoi les appareils photos disposent d’un autre moyen Tableau 1.
d’augmenter ou de diminuer la quantité de lumière qui arrive sur Comparaison de la photographie argentique et de la photographie
le capteur : c’est l’obturateur. Ce dispositif n’est pas situé dans numérique.
l’objectif mais dans le boîtier (Fig. 2), c’est lui qui fait varier le Argentique Numérique
temps de pose (ou vitesse) de la photo, c’est-à-dire le temps pen-
dant lequel la lumière de l’image arrive sur le capteur (à la manière Prise de vue
d’une « guillotine »). Cet obturateur complète idéalement le dia- Matériel
phragme. Appareil Photo 24 × 36, APS, Appareil photo numérique
6 × 6, etc. (compact, bridgé, réflexe)
Temps de pose ou vitesse (S pour « speed » ou Tv pour « time Chambre photographique Scanner à documents, à
value ») diapositives
L’obturateur est un petit rideau qui s’ouvre et se ferme pendant Support
un temps déterminé, le plus souvent compris entre 1/1000e de Film négatif noir et blanc Carte mémoire : SD card,
seconde et 1 seconde. Film négatif couleur compact-flash, etc.
En photographie médicale, les valeurs utiles sont comprises Film pour diapositives (réversible)
entre 1/30e et 1/250e de seconde. En effet, une vitesse plus lente
Traitement de l’image
augmente le risque de photo floue car le photographe ou le sujet
peuvent bouger. Utiliser des vitesses rapides (1/500e ou 1/1000e ) Développement du film Choix de qualité (type de
n’a pas d’intérêt ici, les mouvements des sujets à photographier en compression) et de définition
(nombre de pixels) des clichés au
photographie médicale étant rarement très rapides, contrairement
niveau de l’APN
à la photographie sportive, par exemple.
Passage (acquisition) sur
Les photographies au flash utilisent le plus souvent des vitesses
l’ordinateur
comprises entre ces mêmes valeurs : s’il faut retenir une vitesse, Logiciel de traitement d’image
c’est le 1/60e de seconde. De toutes les façons, il est rare que les (XnView) : recadrage, suppression
flashes autorisent des vitesses allant au-delà du 1/125e de seconde des yeux rouges, renommer les
ou du 1/200e de seconde pour les appareils les plus performants. photos, etc.
Sortie image finale
Exposition
Tirage papier (chez le Impression (jet d’encre, laser, par
Pour avoir une bonne photo, il faut une bonne lumière. Il faut
photographe) le photographe)
donc une bonne combinaison du diaphragme et de l’obturateur,
Projection des diapositives Vue sur écran : ordinateur,
c’est-à-dire une bonne combinaison d’ouverture et de vitesse.
Stockage : dans un placard ou un télévision, vidéoprojecteur
Heureusement, le plus souvent, l’appareil photo fait ces calculs album photographique, etc. Stockage sur disque dur de
tout seul et l’on ne se rend compte de rien (c’est le mode « auto » l’ordinateur, sur CD ou DVD,
des appareils photo récents). envoi sur internet, etc.
Mode d’exposition ou mode PSAM.
APS : advanced photo system.

“ Point fort Surexposition, sous-exposition. En photographie orofaciale,


ce réglage qui va le plus souvent de –2 à +2 doit rester sur « 0 », ce
qui est le réglage par défaut.

Photographie médicale, quels modes ? Sensibilité ISO


En photographie médicale, nous recommandons les Lorsque l’on manque de lumière, l’APN présente une fonction
modes « auto » et « P » pour les photos simples (photos particulièrement intéressante qui consiste à accroître la sensibi-
de la peau, de document papier, etc.) et A pour les photos lité du capteur, comme pouvaient le faire les photographes qui
plus complexes (photographie opératoire, photographie utilisaient en argentique des pellicules plus sensibles.
buccale), où la profondeur de champ doit être grande, Par défaut, cette sensibilité est de 100 ISO (ASA en argentique).
ce qui va nécessiter de fermer le diaphragme, c’est-à-dire Si la lumière est insuffisante, on peut modifier ce réglage, par
d’avoir un chiffre d’ouverture le plus élevé possible (sans exemple à 200 ISO, ce qui signifie que l’APN travaille comme s’il y
avait deux fois plus de lumière en amplifiant l’intensité du signal
toutefois dépasser les F/16, voire au maximum F/22). Le
reçu par le capteur. Cette amplification a une limite et en pho-
M est à réserver aux experts qui utilisent alors un APN de
tographie intrabuccale on recommande de travailler autour de
type reflex. 400 ISO, voire 800 ISO (on peut même aller au-delà sur des APN
récents et performants qui font d’excellents clichés à 1600 ISO,
voire plus). Si on dépasse ces valeurs, on aura une image « bruitée »,
moins précise et comportant des tâches colorées.
Il s’agit des diverses possibilités de combinaison d’ouverture de Cette fonction d’augmentation de la sensibilité est donc utile
diaphragme et de vitesse d’obturation qu’offre votre APN : car elle autorise des prises de vues avec une vitesse et une ouver-
• mode « auto » ou mode « Ai », parfois symbolisé par un simple ture suffisantes qui limitent le risque de flou et autorisent une
carré vert (plus rarement rouge) ; l’APN se charge automatique- profondeur de champ (zone de netteté) plus importante en macro.
ment de toutes les mesures ;
• P pour programme ; l’APN utilise diverses combinaisons prédé-
terminées d’ouverture et de vitesse ;
Qu’est-ce qui différencie la photographie
• A ou Av pour ouverture (aperture) ; l’APN donne la priorité à numérique de la photographie argentique ?
l’ouverture ; Principes de la photographie numérique
• S (speed) ou Tv (time value), pour vitesse ; l’APN donne la priorité
à la vitesse ; En photographie numérique, le capteur a remplacé la pellicule
• M pour manuel ; l’APN ne fait rien et c’est à vous de choisir et (Tableau 1).
de fixer l’ouverture et la vitesse.
Un autre réglage peut être présent sur certains APN, c’est celui
Capteur numérique ou capteur « charge-coupled
du choix de la zone élective de mesure de l’exposition dans le device » (CCD)
champ de la photo. En photographie orofaciale, nous recomman- Ce capteur est une plaque de silicium ressemblant à un damier
dons le réglage par défaut : il prend en compte l’éclairage de toute dont les cases sont des cellules photosensibles (dites « photosites »
l’image (réglage avec mesure matricielle). ou « photoéléments »).

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Ces cellules sont chargées de capter la lumière, puis de la conver- Caractéristique d’un appareil photo
tir en signaux électriques qui seront eux-mêmes numérisés en
données binaires. Ainsi, chaque cellule ou photosite va produire numérique
un signal qui lui est spécifique et qui comprend ses propres carac- Capteur/Définition
tères de luminance et de chrominance.
Le nombre de photosites (ou leur équivalent numérique : le Le nombre de points qui composent l’image est ce qu’on appelle
pixel) est un argument de vente. Il est exprimé en millions de la définition d’une image. En pratique, en photographie orofa-
pixels (ou mégapixels) et plus le chiffre est élevé plus on aurait ciale, une définition de plus de 10 millions de pixels est largement
de chances d’avoir une bonne image, mais ce n’est pas une certi- suffisante. Un nombre de pixels trop élevé peut même devenir
tude. Car pour avoir une bonne image, il faut aussi que l’optique gênant car il génère des fichiers plus gros qui prendront plus de
soit de qualité et que cette optique soit en adéquation avec le place dans l’ordinateur. Ceci aboutit au fait que l’on stocke moins
capteur (Tableau 1). Il vaut mieux une bonne image nette avec d’images pour moins de patients sur le même disque dur...
peu de pixels qu’une mauvaise image floue avec beaucoup de Une question que le praticien doit se poser est de savoir ce qu’il
pixels. compte faire de ses clichés : les voir sur un écran, lui ou ses patients
En plus du nombre de pixels, un élément déterminant de la (c’est le cas le plus fréquent), les utiliser pour faire des présenta-
qualité est la taille du capteur, exprimée en pouces (pour mesu- tions scientifiques (type PowerPoint) ou les envoyer sur internet
rer sa diagonale), sachant que plus le capteur est grand, plus la à ses correspondants ou patients.
quantité de lumière reçue est grande et meilleures peuvent être les
images. Objectif
Sur les APN, il s’agit le plus souvent d’un zoom dont l’amplitude
Rapport largeur/hauteur de focale est exprimée par deux chiffres suivi de « mm », le pre-
Comme pour la télévision, les capteurs des APN peuvent avoir mier correspond au type « grand angle » et le deuxième au type
des rapports largeur/hauteur variables, habituellement 3/2 (reflex) « téléobjectif ». Le rapport entre les deux correspond au grossis-
ou 16/9 (compact) ou 4/3 (compact anciens modèles). Pour nous sement permis par le zoom (entre × 2 et × 10 selon les APN). En
praticiens, le bon rapport largeur/hauteur est celui de l’écran de photographie orofaciale, un grossissement × 3 est souvent suffi-
notre ordinateur ; 4/3 sur les anciens modèles et 16/9 (soit 1,77) sur sant. L’exemple est celui du zoom fourni avec les APN reflex de
les modèles plus récents, ce qui est également un rapport proche bas de gamme qui est un 18–55 mm (Fig. 3A), ce qui fait un rapport
de celui d’un APN reflex qui est 3/2 (soit 1,5). de grossissement de 55/18, soit 3,05 ; ce rapport d’agrandissement
représente un minimum en photographie orofaciale.
Un autre chiffre est présent, c’est celui correspondant à
Transformation numérique/analogique
l’ouverture (il peut être unique sur les objectifs à focale fixe ou
et stockage des données à ouverture constante [F/2,8 par exemple] ou peut varier sur les
Au niveau du capteur de l’APN, les photosites transforment objectifs de type zoom où l’ouverture sera différente selon la focale
l’image en un courant électrique. considérée ; dans la Figure 3A, l’ouverture va de 3,5 à 5,6 variant
Ensuite, ces courants électriques vont être transformés en un selon la focale utilisée) (cf. supra).
premier fichier numérique brut, illisible tel quel (fichier raw). Ce
fichier raw est ensuite converti en un vrai fichier image qui sera Taille de l’écran à cristaux liquides (LCD)
lisible par l’ordinateur ; cette conversion fichier raw-fichier image
Les APN possèdent un écran à cristaux liquides, vous permettant
est faite par un calculateur situé soit dans l’APN (capteurs CCD),
de prévisualiser et de cadrer la photo que vous allez prendre. Sa
soit dans le capteur lui-même (capteurs complementary metal-oxide
taille est exprimée en pouces de diagonale.
semiconductor [CMOS]). En photographie médicale, nous recom-
mandons de ne pas utiliser le format raw qui est chronophage et
« embolise » les disques durs. Il faut travailler avec un seul format, Alimentation
le format « jpg » ou « jpeg », à la condition de garder le plus grand Elle est le plus souvent assurée par une batterie fournie avec
nombre de pixels possible et d’utiliser une compression moyenne l’APN. Nous recommandons d’avoir au minimum deux batteries
(s’il y a trois possibilités de compression) ou faible (s’il y a deux pour éviter de se retrouver avec un APN déchargé le jour où le cas
possibilités de compression). En effet, l’ennemi c’est le nombre « historique » est dans votre cabinet. Il convient également que le
d’images à traiter, ce qui limite forcément la taille de chacune de chargeur de batteries soit indépendant de l’APN afin de pouvoir
nos images. prendre des clichés en même temps que l’on charge la deuxième
batterie.
Exportation des données : ordinateur,
photographie papier Types d’appareil photo numérique
En apportant la carte mémoire de son APN chez le photographe On distingue trois types d’APN :
pour en faire un tirage papier comme pour ses photos de vacances, • les reflex, intéressants en photographie médicale de par leurs
il est possible de faire de la photographie numérique sans recou- vastes possibilités ; ils sont lourds, coûteux, et difficiles à utiliser
rir à un ordinateur personnel. En revanche, en photographie pour le débutant. Ils se définissent par le fait que la visée se fait,
médicale, l’utilisation de l’ordinateur est indispensable pour sto- grâce à des prismes et miroirs, à travers l’objectif ;
cker, classer et retrouver les archives photographiques de nos • les compacts, qui sont les APN que l’on apporte avec soi en
patients. vacances. Ils ont un grand intérêt en photographie médicale de
par leur petite taille qui leur permet de les transporter dans la
poche, de par leur petit capteur qui, bien que moins performant
 Choix de l’appareil photo que celui des reflex (en théorie), peut être utile en macro car il
procure une profondeur de champ plus grande. Nous les recom-
numérique mandons aux débutants et à ceux qui n’ont pas beaucoup de
temps à consacrer à leur APN ;
Les éléments déterminants en photographie orofaciale ont été • les bridgés, qui font le lien entre les deux précédents (d’où leur
vus. Le choix de l’APN doit se faire en fonction de ce qu’on sou- nom). Ils se rapprochent des compacts mais nous ne les recom-
haite photographier et du budget dont on dispose. L’utilisation mandons pas en photographie orofaciale car ils sont plus gros
de cet APN est détaillée : techniques de prises de vues orofaciales que les compacts et ne sont pas adaptés à la macrophotographie
(cadrage, mise au point, écarteurs, miroirs), gestion de la batterie, intrabuccale en raison de leur gros objectif qui fait ombre au
utilisation du flash, gestion de la carte mémoire de stockage des flash ; pour pallier cet inconvénient, un flash annulaire adapté
clichés. pourrait être rajouté mais ceci devient compliqué. À noter que

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Pratique de la photographie orofaciale à l’ère du numérique  22-010-A-15

si le praticien a déjà un bridgé, cela reste malgré tout possible


mais le prix du flash peut alors dépasser celui de l’APN. On rap-
proche des bridgés les APN hybrides qui ne sont pas des reflex
mais permettent de changer d’objectifs.
“ Point fort
APN reflex
• Ils combinent les avantages du numérique et ceux de la
Appareils photo numériques recommandés
visée reflex. La plupart d’entre eux, en outre, restent com-
Appareils photo numériques reflex recommandés patibles avec toute une gamme d’objectifs, de flashes et
d’accessoires déjà conçus pour leurs prédécesseurs argen-
tiques. Leur vocation d’outil pour amateurs avertis et
professionnels fait qu’ils sont pratiquement dépourvus de
“ Point fort toutes les fonctions ludiques qui foisonnent sur les appa-
reils grand public (il n’y a le plus souvent pas de possibilité
d’enregistrement vidéo, par exemple, même si ce dernier
Reflex numérique
critère est en train d’évoluer). Avec un reflex, on peut
Un reflex est un appareil évolutif dont la visée s’effectue
contrôler tous les paramètres de prise de vue. L’accent
directement par l’objectif grâce à un jeu de miroir. C’est
est délibérément mis sur les fonctions et les performances
le type d’appareil le plus répandu chez les photographes
proprement photographiques. La sensibilité du capteur
professionnels. Tous les réglages et tous les types de photos
peut dépasser les 12 800 Iso pour certains modèles, utile
sont possibles puisque les objectifs sont interchangeables.
en lumière faible. Leur coût est plus élevé.
On trouve plusieurs sortes d’optiques selon les utilisations • Dans un APN reflex, la mise au point est plus précise,
que l’on veut en faire : téléobjectifs, grand-angle, objectifs
nettement supérieure à la visée des écrans LCD des APN
macro, etc.
compacts. Dans les reflex, l’écran ne sert qu’au contrôle
• Utilisation
des images a posteriori, une fois celles-ci enregistrées, sauf
◦ Utilisateurs avertis, professionnels
à utiliser un relevage du miroir, ce qui est possible sur les
◦ Aucune limite d’utilisation
modèles les plus récents (fonction liveview). Certains reflex
• Avantages
ont un écran LCD orientable qui autorise des prises de vue
◦ Qualité d’image (selon l’objectif)
sous des angles complexes qui peuvent être utiles au bloc
◦ Réactivité
opératoire.
◦ Évolutif • Les mêmes critères de qualité photographique peuvent
◦ Visée parfaite
être appliqués au reflex en sachant que la gamme des
• Inconvénients
objectifs interchangeables introduit un facteur important
◦ Encombrant (boîtier + objectifs + accessoires + flash,
de variabilité. Dans la très grande majorité des cas, ils
etc.)
offrent des qualités inégalées par les autres types d’APN.
◦ Prix
◦ Complexité d’utilisation

Autre contrainte de l’objectif, en dehors de l’absence de défor-


mation, est celle de la mise au point : il faut que la distance de mise
Boîtier au point minimale permette la prise de clichés intrabuccaux.
Tous les APN de type reflex conviennent à la condition qu’ils
puissent recevoir un objectif macro et un flash macro. Il faut rete-
nir qu’il y a plusieurs catégories de boîtiers en fonction de la
taille de leur capteur, les pleins formats (24 × 36 mm) et ceux avec
des capteurs plus petits (15 × 22,5 mm, dits « APS-C », ou même
“ Point fort
13 × 17 mm, dits « 4/3 »).
Sont cités titre d’exemples et pour une utilisation médicale les Caractéristiques des objectifs macro utiles en pho-
boîtiers avec des optiques adaptées (100 mm ou équivalent) : tographie orofaciale
• capteurs pleins formats : Canon EOS 5D ou 6D, 1Ds, Nikon Si l’on souhaite faire de la photographie intraorale, il faut
D600 ou mieux D800. L’objectif recommandé avec un capteur un APN macro. S’il s’agit d’un APN compact, la distance
plein format (dit full frame) est au minimum un 100 mm qui de mise au point doit être inférieure à 5 cm. S’il s’agit d’un
évite d’être trop près en macrophotographie et n’engendre pas
APN reflex, il faut que le rapport d’agrandissement permis
de déformations du visage pour les portraits ;
par l’objectif soit le plus grand possible. Un rapport à 1 :
• capteurs plus petits (APS-C) : Canon séries EOS100 ou mieux
EOS70 D. Nikon D300, 3200, 5300, 7100. L’objectif recom- 1 est le mieux puisque cela signifie que l’on peut avoir
mandé est ici un 60 mm (environ), ce qui répond aux mêmes en plein écran l’image d’un objet mesurant 24 × 36 mm.
critères qu’un 100 mm en plein format. Un agrandissement moindre de 1 : 2 ou 1 : 3 est toutefois
souvent suffisant.
Objectif
Pour les photographies du visage, l’objectif doit permettre
d’avoir un grossissement suffisant sans déformation. Il faut pour
cela que le praticien se mette à une distance suffisante du sujet (au Les objectifs recommandés sont les suivants :
moins 1 m et si possible plus) car lorsqu’on est à moins de 1 m, le • Canon : EF 100 mm macro (capteur plein format), EOS EF-S
visage se déforme avec un « gros nez » et de « petites oreilles ». En 60 mm (capteur APS-C). Le critère de choix peut également être
s’éloignant du sujet, le visage n’est plus déformé mais il va deve- la distance à laquelle le praticien souhaite travailler (le nombre
nir plus petit au sein de l’image. Pour limiter ce problème, il faut de mm de la distance focale doit être plus grand si l’on souhaite
utiliser un téléobjectif, c’est-à-dire un objectif de focale supérieure travailler en milieu stérile, soit au minimum 100 mm) ;
à 100 mm pour un capteur plein format (et au moins 60 mm pour • Nikon : micro-Nikkor AF 105 mm (capteur plein format) ou AF-S
les capteurs plus petits). Ce téléobjectif va permettre d’avoir un 60 mm (capteur APS-C) ;
visage non déformé qui remplit le cliché. • autres marques, voir le site www.photozone.de.

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22-010-A-15  Pratique de la photographie orofaciale à l’ère du numérique

Certains zooms sont également utilisables si leur rapport Notre choix s’est porté sur les APN compacts étanches qui ont
d’agrandissement et leur distance de mise au point sont compa- l’avantage de ne pas présenter de risque d’ombre portée due à un
tibles. objectif qui dépasse. De nombreuses marques fabriquent des APN
compacts étanches ; citons :
• Sony Cybershot DSC-TX30 ;

“ Point fort • Pentax Optio WG-3 ;


• autres : Panasonic, Fuji, Olympus, Nikon. Vu la vitesse avec
laquelle les références et les modèles évoluent, ceux sus-cités
peuvent changer mais si la référence change, le principe de
Objectif zoom
l’APN étanche reste le même.
Le zoom est un élément essentiel du photographe qui veut
faire des clichés orofaciaux. Sur un APN compact, l’objectif
doit posséder une bonne ouverture (le chiffre doit être le
plus faible possible, le mieux étant plus petit que F/2,8) et
un zoom optique x 3. “ Point fort
Avantages et inconvénients de l’APN compact
Les résultats peuvent être corrects, même si le rapport Un compact numérique est un appareil tout en un, de
d’agrandissement est moins performant que celui des objectifs faible taille et de faible poids.
macro spécifiques recommandés ci-dessus. Les zooms présentent Les modes automatiques sont le cœur de ces appareils mais
également un risque car le rapport d’agrandissement étant on voit de plus en plus de compacts intégrant des réglages
variable, les clichés risquent de ne pas être complètement repro- manuels poussés.
ductibles... • Utilisation
Flash externe ◦ Utilisation familiale
Avec un APN reflex, le choix du flash ou même des éclairages, ◦ Utilisation quotidienne (dans la poche ou le sac)
en cas de travail en studio, dépend de la spécificité de l’exercice ◦ Débutants (jusqu’à avertis pour certains modèles)
du praticien et de son souhait, ou non, de faire de la photographie • Avantages
endobuccale. ◦ Peu d’encombrement, donc facilement transpor-
tables
◦ Grande profondeur de champ
“ Point fort ◦ Zooms lumineux
◦ Préréglages et modes automatiques pratiques pour
les débutants
Choix du flash en photographie orofaciale ◦ Prix attractifs
L’APN idéal n’existe pas. Le flash idéal n’existe pas non • Inconvénients
plus. Le praticien doit choisir entre un flash décalé s’il veut ◦ Présente trop rarement un mode de mise au point
faire des portraits sans « phénomène des yeux rouges » « manuel »
et un flash non décalé s’il veut faire des photographies ◦ Le viseur optique n’est pas assez précis pour vérifier la
intrabuccales sans ombre portée parasite (due à la lèvre mise au point et ne renvoie pas l’image exacte de ce
supérieure ou à l’objectif de l’APN). Comme il est plus que l’on photographie (il y a souvent des décalages)
facile d’enlever les yeux rouges que de corriger le pro-
blème de l’ombre portée, notre choix pour le débutant va
aux APN compacts avec objectif non rétractable et pour le
professionnel aux APN reflex avec flash annulaire.
Appareils photo numériques bridgés
recommandés
En photographie de portrait, il convient que le flash soit déporté Les bridgés sont destinés à l’amateur averti qui souhaite faire
par rapport à l’objectif afin d’éviter le phénomène des yeux rouges. de la photographie animalière sans trop se charger. Nous ne les
Un flash de type cobra permettant une inclinaison à 45◦ est un bon recommandons pas en photographie orofaciale car ils combinent
choix. Le studio permet d’avoir un éclairage plus naturel avec un les inconvénients des compacts (objectif non interchangeable,
fond adapté et d’avoir des clichés reproductibles si la prise de vue flash inadapté) et ceux des reflex (encombrement supérieur à un
est standardisée. APN compact).
Inversement, en cas de photographie endobuccale, il convient On peut adjoindre certains éléments (compléments optiques,
d’avoir impérativement un flash de type annulaire qui évite les flash, etc.) afin d’étendre les performances de l’appareil mais ils
ombres portées. Ce flash peut être de la même marque que le boî- sont difficiles à trouver, notamment les flashs annulaires. Ces der-
tier (Canon MR-14 et MT-24 et Nikon DRF-14 notamment) ou être niers nécessitent par ailleurs une bague adaptatrice pour passer
de type générique (Sigma, Nissin, Metz, etc.). du diamètre de l’objectif au diamètre du flash annulaire. Malgré
La puissance d’un flash s’exprime en nombre guide (NG) ; un cela, on peut les trouver sur des sites avec les mots-clés « macro
chiffre de 14 suffit dans la majorité des cas de photographie orofa- ring flash light ».
ciale, ce qui est le cas de tous les flashs annulaires de marque (mais Citons malgré tout :
pas des éclairages annulaires de type light-emitting diode [LED]). • Panasonic Lumix FZ48 ;
• Canon, Nikon ou autre marques qui fabriquent également des
Appareils photo numériques compacts bridgés de qualité.
On peut rapprocher des bridgés les appareils hybrides qui ont
recommandés un capteur proche d’un reflex (format APS-C et 4/3) mais une
Comme pour les APN reflex, les APN compacts peuvent tous visée par l’écran et des objectifs interchangeables (Sony série Nex,
être utilisés pour la photographie orofaciale. Olympus Pen, Panasonic, etc.). Le problème sera le même que
Le choix dépend du type de clichés que souhaite faire le prati- celui des bridgés, de trouver un flash annulaire compatible et des
cien. S’il s’agit de photographie extraorale, on utilise la fonction bagues adaptatrices, ce qui nécessite de longues recherches sur
zoom avec un rapport d’agrandissement au minimum de × 3. internet.

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 Prise de vue : grands principes


Standardisation des clichés
Si l’on souhaite comparer dans le temps deux clichés d’un même
patient, il convient d’utiliser à chaque fois le même agrandisse-
ment. Celui-ci est obtenu en lisant l’écran de l’APN compact (× 2
ou × 3 habituellement), ou en lisant sur l’objectif de l’APN reflex le
rapport d’agrandissement qui est écrit sur l’objectif (s’il est macro),
soit plus simplement en se plaçant à la même distance du sujet
(marques au sol) pour les portraits. On peut également décider de
lire sur l’objectif la distance déterminée qui doit rester la même
et le praticien se déplace jusqu’à ce que l’image soit nette dans 1
le viseur. Il faut choisir un référentiel et le respecter pour tous les
clichés du même type.

Portraits
Avec les optiques grands-angulaires qui équipent générale-
ment les APN compacts, les distorsions de perspective sont
très fréquentes (problème lors des photographies de face des Figure 5. Cliché intrabuccal pris avec un flash inadapté à la photogra-
visages). phie intraorale. Création d’une ombre parasite (1).
C’est pourquoi il est recommandé de mettre le zoom en allant
vers le T (W ou T, pour wide et tele) sur une valeur de focale
suffisante (supérieure à 100 mm en équivalent reflex, c’est-à-dire
habituellement × 2 ou mieux × 3) et de se mettre à une distance
suffisante du sujet (au minimum 1 m).
“ Point fort
Pour les APN reflex, le problème se résout en utilisant les objec-
tifs recommandés (focale supérieure à 100 mm en plein format, Éclairage en macrophotographie
ou leur équivalent sur les APS-C). La mise au point automatique des APN ne peut se faire
que si l’éclairage du sujet à photographier est suffisant.
Cet éclairage peut provenir de l’éclairage ambiant, de
l’éclairage du fauteuil dentaire, d’un scialytique si l’on est
“ Point fort au bloc opératoire, ou d’une lampe d’assistance à la mise
au point présente sur certains APN haut de gamme.

À quelle hauteur photographier ?


En photographie médicale, il est très important de placer
l’APN à la même hauteur que l’objet à photographier (« à Elles restent allumées pendant toute la durée de la prise de vue,
hauteur d’œil ») et de veiller au parallélisme de l’appareil ce qui est très utile pour la mise au point, qu’elle soit manuelle ou
par rapport au plan photographié. en autofocus. Ces systèmes sont facilement fixés à l’objectif par
simple vissage, parfois avec des bagues d’adaptation lorsque le
diamètre de l’objectif et celui du flash ne concordent pas. Comme
pour l’APN, il est indispensable d’avoir un jeu de piles ou d’accus
d’avance. Quoi qu’il en soit, des essais sont souvent nécessaires, ce
Macrophotographie que la photographie numérique autorise en permettant le contrôle
instantané de la photo. On peut les trouver sur des sites internet
La macrophotographie se trouve confrontée à deux pro-
avec les mots-clés led ring light ou led ring flash ; ils nécessitent sou-
blèmes : l’un est la faible profondeur de champ disponible
vent une bague adaptatrice car leur diamètre n’est pas forcément
lorsque la mise au point est faite de manière aussi proche,
celui de votre objectif.
l’autre est l’éclairage nécessaire pour « déboucher » les ombres
indésirables.
La profondeur de champ ou zone de netteté de l’image est direc-
tement influencée par l’ouverture de diaphragme sélectionnée (cf.
Cadrage et composition, netteté,
supra). Elle ne dépasse pas quelques millimètres en macrophoto- stabilisateur d’image
graphie très rapprochée (Fig. 4A) et nécessite d’utiliser, lorsque cela
est réglable, une ouverture avec un chiffre le plus élevé possible Cadrage et composition
(F/16 ou F/22 au minimum) (Fig. 4B). En outre, il est nécessaire Cadrage horizontal ou vertical ? C’est la première décision à
de placer l’appareil parallèlement à l’objet à photographier, pour prendre lorsque l’on cadre un sujet.
éviter les flous. D’une façon générale, et chaque fois que cela est possible, nous
Le deuxième point délicat des prises de vues en macrophoto- recommandons de laisser le reflex en position horizontale, don-
graphie est la qualité de l’éclairage. nant des images en mode « paysage ». En effet, c’est ainsi que nous
Celui-ci doit pouvoir s’adapter afin de ne pas être trop fort regardons les clichés sur les ordinateurs. Ceci évite des manipula-
(reflet sur les dents, par exemple), ni trop faible (ouverture tions supplémentaires de rotation des images qui font perdre un
laissant passer peu de lumière), mais également être exempt temps précieux.
d’ombres parasites (Fig. 5), ce qui impose d’avoir un flash situé Pour les photographies médicales, le cadrage horizontal peut
dans le même plan (APN compact) ou en avant de l’objectif parfois souffrir des exceptions comme lorsque l’on doit photo-
(mais pas en arrière). L’inconvénient du flash est qu’il a ten- graphier un patient en entier en position debout ; dans ce cas, il
dance à écraser les reliefs, ce qui peut nécessiter de le désactiver faut évidemment prendre le cliché en mode « portrait », mais cette
si l’on veut avoir des reliefs, essentiellement en photographie situation se rencontre rarement en photographie orofaciale.
extraorale. Lorsque les repères anatomiques ne sont plus visibles, la règle est
Les diodes lumineuses peuvent supplanter les flashs annulaires de permettre à celui qui regarde la photographie de s’y retrouver. Si
en macro. vous prenez la photographie d’une lésion cutanée ou muqueuse,

EMC - Chirurgie orale et maxillo-faciale 9

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22-010-A-15  Pratique de la photographie orofaciale à l’ère du numérique

• le mode « antiyeux rouges » : ici, le flash envoie un premier éclair

“ Point fort pour fermer les pupilles du sujet puis un deuxième éclair pour
faire la photographie, mais ce mode prend 1 à 3 secondes et
enlève donc de la spontanéité. Il est souvent activé par défaut
Prise de vue, mode portrait ou paysage ? mais n’est utile que pour les portraits de face ;
• le mode « flash forcé » : ici, on impose le flash, même lorsqu’il y a
L’œil est moins habitué aux compositions verticales car
suffisamment de lumière, ce qui supprime les ombres parasites
il doit balayer la photographie de haut en bas. De plus, et améliore souvent l’éclairage du sujet ; c’est le mode le plus
une impression d’optique fait croire qu’une photographie fréquemment utilisé en photographie médicale en condition
cadrée verticalement est plus grande qu’une photogra- de faible éclairage. C’est celui que nous recommandons dans
phie prise horizontalement (plus précisément que les deux la plupart des situations, sauf s’il y a dans la pièce un éclairage
extrémités sont plus éloignées sur la photographie verti- « lumière du jour » adapté.
cale). Du coup, l’œil humain accorde moins d’importance
aux éléments se situant tout en haut ou tout en bas de
l’image. Flash macro et flash annulaire
On appelle le cadrage vertical le format « portrait ». Si en photographie de surface, comme pour les photos de
peau ou de cheveux, le flash intégré de l’APN est suffisant, en
photographie médicale et surtout intraorale, le flash standard
ne fait souvent pas l’affaire. En effet, le décalage d’axe entre
par exemple, il est logique que le haut soit en haut, la droite à l’objectif et le flash, destiné à limiter les yeux rouges, va engen-
droite ; l’utilisation d’une règle graduée sur le même cliché que drer un autre problème lorsque l’objectif est situé en avant du
celui de la lésion permet non seulement d’avoir l’orientation du flash : la création d’une ombre parasite qui vient perturber l’image
cliché mais également le rapport d’agrandissement utilisé. Il existe (Fig. 5).
de nombreux « standards » de prise de vue ou de cadrage pour C’est pourquoi il existe un autre type de flash dont l’axe est
chaque spécialité médicale. Il est important de s’y conformer et similaire à celui de l’objectif, c’est le flash annulaire.
surtout de pouvoir obtenir une reproductibilité de ces clichés (cf. Afin de faire de la macrophotographie, nous avons vu qu’il
infra). fallait un flash spécifique mais aussi un objectif spécifique
comportant une distance minimale de mise au point très faible,
Netteté inférieure à 30 cm ou moins.
Nous avons également vu que la profondeur de champ étant
Une image floue n’est pas toujours le fait d’une mauvaise mise faible, il fallait utiliser des ouvertures petites (dénominateur élevé)
au point. qui, elles-mêmes, nécessitent suffisamment de lumière.
Il peut aussi s’agir d’une mauvaise combinaison entre la vitesse
de l’obturateur et les mouvements du sujet ou du photographe.
Quelles que soient les conditions, il est impératif de garder son
APN immobile, surtout lorsque la lumière ambiante est faible (ce
qui peut être corrigé en montant les « iso »). Dans ce cas, la durée
d’exposition est plus longue et le moindre mouvement du pho-
“ Point fort
tographe ou du sujet peut donner une image floue. Il ne faut pas
hésiter dans ces cas à utiliser un trépied ou à caler l’APN contre Prise de vue macro avec un APN reflex
son buste. En pratique, en photographie buccale ou en photographie
macro (par exemple au bloc opératoire), il faut un flash
Stabilisateur d’image annulaire, avec TTL, un réglage d’ouverture (A ou Av) petit
(minimum F/16 ou mieux F/22, voire F/32) et une vitesse
En photographie médicale, il a peu d’intérêt dans la plupart des
situations. Malgré cela, si l’APN dispose d’un stabilisateur d’image, autour de 1/60e de seconde.
celui-ci peut être laissé activé dans la majorité des situations. Ses
deux inconvénients sont une diminution de la durée de vie de la
batterie et un petit délai avant de prendre un cliché.
En photographie médicale, il est rare d’avoir besoin de plu-
sieurs flashs en même temps. En revanche, si le flash annulaire
Flash est utile en macrophotographie, un flash standard décalé par
rapport à l’axe de l’objectif est utile pour faire les portraits
Flash standard incorporé ou externe
comme ceux effectués en expertise médicale ou en chirurgie
Le flash est habituellement fourni avec l’APN et suffit dans la esthétique.
grande majorité des cas. Si l’on veut contrôler de façon encore plus précise l’éclairage
Si son axe est trop proche de celui de l’objectif, le phénomène du sujet, on peut monter un « studio photo ». Il s’agit en fait
des yeux rouges peut se produire ; heureusement, ce phénomène d’une pièce dont on aura adapté les caractéristiques au type
est limité en mettant beaucoup de lumière dans la pièce où l’on de photographie que l’on souhaite faire. On va pour cela choi-
travaille, ce qui ferme les pupilles du sujet. Certains flashs ont sir le fond devant lequel sont prises les photos. Un fond bleu
la fonction through the lens (TTL) ou mieux E-TTL, fonction qui clair est recommandé, même si certains préfèrent un fond noir
permet d’avoir une exposition parfaite en mesurant la lumière au qui a l’avantage de cacher les ombres dues au flash mais qui a
niveau du capteur, en arrière des lentilles de l’objectif. l’inconvénient de durcir les traits des patients. L’éclairage du sujet
En photographie médicale, il n’est pas nécessaire de disposer de peut se faire de façon directe avec une, deux, voire trois lampes
flashs très puissants (un NG de 14 suffit). dites « lumière du jour » (ou lampes flood) dont la température
Sur les APN compacts, il y a le plus souvent quatre modes incor- de couleur est proche des 5500 ◦ K mais cet éclairage direct est un
porés de déclenchement du flash : peu artificiel. Afin de rendre l’éclairage plus naturel, on utilise un
• le mode « auto » : le flash se déclenche quand il n’y a pas assez éclairage indirect avec ces mêmes lampes « lumière du jour » dont
de lumière ; la lumière est réfléchie sur une surface blanche ou métallisée. La
• le mode « sans flash » : le flash est supprimé même s’il n’y a pas combinaison d’éclairages direct et indirect permet de donner des
assez de lumière ; l’APN ralentit alors sa vitesse d’obturation. Ce aspects divers que l’on adapte au style de photographie que l’on
mode est bien adapté si l’on veut prendre le cliché d’une radio- veut faire, sachant que contrairement à la photographie au flash,
graphie apposée sur un négatoscope, dupliquer une diapositive on peut voir le résultat sans même avoir besoin de prendre la
ou encore prendre une photographie sur un livre ; photo.

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• Secure digital (SD) card : c’est la plus diffusée. Elle est plus petite

“ Point fort que la Compact-Flash qu’elle tend à remplacer. Il existe une


version de taille réduite, la mini-SD ;
• Compact-Flash. On ne les trouve plus que sur les APN reflex
Studio photographique haut de gamme. Elle est volumineuse, c’est pourquoi elle est
moins utilisée en dehors des APN reflex. Nous ne citons pas les
Le studio photo donne d’excellentes photos, parfaitement
autres formats qui sont plus rares.
reproductibles mais il a l’inconvénient de nécessiter que Le passage des cartes mémoires aux détecteurs à rayons X des
le patient se déplace jusque-là, ce qui n’est pas toujours aéroports n’altérerait pas les informations contenues dessus.
possible pour des questions de temps, ou parce que le
patient est alité ou au bloc opératoire... Vitesse de transfert
Le studio photo est intéressant pour les photos qui doivent
Selon les modèles de carte, la vitesse de transfert des don-
être calibrées, ou reproductibles pour un même patient :
nées (lecture ou écriture des données) peut varier. Cette vitesse
en chirurgie esthétique, en médecine légale. Pour avoir des se mesure en mégabits/s (entre 20 et 80) ou en vitesse absolue
photographies parfaitement reproductibles, il faut noter (X133 ou X400). En photographie médicale, cette vitesse de trans-
la distance qui sépare le sujet de l’appareil photo et éga- fert a peu d’intérêt, contrairement à la photographie sportive.
lement la focale de l’objectif utilisée, cette distance doit Les grandes vitesses de transfert sont malgré tout utiles si l’on
rester la même à chaque fois. Ainsi, tous les patients sont fait de la vidéo haute définition (HD) ou pour accélérer les trans-
pris dans les mêmes conditions, parfaitement reproduc- ferts de nombreuses images (marques conseillées : SanDisk, Lexar,
tibles. L’idéal est que le patient soit positionné toujours au Transcend, etc.).
même endroit, s’il est debout il y a des marques sur le sol,
s’il est assis le siège est fixe. Il doit en être de même pour
l’appareil photo qui sera toujours au même endroit et à
la même hauteur : l’emploi d’un pied est donc quasi obli-
“ Point fort
gatoire. Il doit en être de même pour l’éclairage qui est
standardisé et dont la température de couleur doit être de Que faire si j’ai effacé par mégarde les données de
type « lumière du jour » (daylight). ma carte mémoire et que je veux les récupérer ?
En premier, il suffit d’aller dans l’explorateur de Windows
ou sur le bureau pour cliquer sur « Corbeille » où l’on fait
un clic droit sur les données que l’on veut restaurer. Si cela
n’est plus possible, car la corbeille a été vidée, il faut utiliser
Cartes mémoires. Capacité, formats, vitesse un logiciel de récupération de données comme Rescuepro,
de transfert logiciel qui vous permet de retrouver des données effacées,
même corbeille vidée. Ce logiciel est souvent fourni avec
Capacités
les cartes mémoires de cette marque SanDisk.
Comme le faisait la pellicule photo argentique, les cartes
mémoires servent désormais à archiver les photographies.
Comme les anciennes disquettes des ordinateurs, ces cartes
mémoires ont parfois besoin d’être formatées. En pratique, elles
sont souvent livrées déjà formatées mais en cas de doute, on peut Accessoires
refaire un formatage avec l’APN dans lequel elles vont être utili-
Filtres
sées. Ce formatage suffit une fois pour toutes.
Les cartes mémoires ont une capacité qui est de plus en plus Un filtre optiquement neutre peut être utile et est recommandé
grande et une capacité de stockage de 8 à 32 Go est recomman- pour protéger les lentilles de l’objectif d’un reflex contre les chocs
dée. Ces cartes sont désormais bon marché et permettent de et les rayures. Son coût étant modeste, il peut être facilement
stocker des milliers d’image. Ainsi, la capacité de stockage d’une changé s’il est détérioré, et l’objectif est ainsi toujours préservé.
carte 32 Go est de plus 5000 images (format jpg en 20 millions
de pixels) ce qui est largement suffisant. De toute façon, il n’est Écarte-lèvres et miroirs dentaires
pas raisonnable de laisser des milliers de clichés seulement sur la
Divers instruments en métal ou en plastique, autoclavables, per-
carte mémoire. C’est pourquoi il convient quotidiennement de
mettent la rétraction des tissus et organes (lèvres, joues, langue)
copier les images des nouveaux patients sur l’ordinateur. Le fait
pour une prise de vue optimale. Les écarteurs en plastique existent
d’avoir une carte mémoire de grande capacité permet de garder
en différentes tailles et sont peu onéreux.
une copie des images, tant que celles-ci n’ont pas été dupliquées
Les miroirs permettent des prises de vue indirectes de zones
de l’ordinateur vers un troisième support. Vu leur prix, il est pré-
difficiles à cadrer directement (faces internes des maxillaires, faces
férable d’avoir plusieurs cartes si l’une se retrouve pleine ou hors
linguales, vestibulaires ou occlusales des dents, etc.).
service.
Il en existe de plusieurs sortes, adaptés aux enfants ou aux
Le fait d’utiliser le format jpg permet d’avoir des images qui
adultes, à deux ou à une seule face, avec ou sans manche, symé-
ne prennent pas trop de place. Ces images peuvent également
triques ou asymétriques. L’intérêt de ces accessoires est évident,
être comprimées et nous recommandons que cette compression
même s’il n’est pas nécessaire de posséder toute la gamme. Le pro-
soit effectuée par l’APN lors de la prise des clichés (ce qui permet
blème de la buée qui se forme sur leur surface est facile à résoudre
de ne plus avoir à y revenir et fait là encore gagner du temps).
en les portant à la température adéquate par passage sous l’eau
Nous recommandons une compression légère ou moyenne, sans
chaude (mais pas trop) ou en recourant à un jet d’air comprimé.
toucher au nombre de pixels (qui doit donc être au maximum des
D’autres accessoires en acier anodisé noir servent de contras-
capacités du capteur de l’APN).
teurs, c’est-à-dire de fond noir ou de type miroir pour mieux
ressortir certaines teintes.

Format Négatoscope
Les cartes mémoires sont de divers formats, variables selon la Un négatoscope, dispositif destiné à lire les radiographies, est
marque et le modèle de l’APN, sachant qu’un modèle d’APN n’est présent dans presque tous les cabinets médicaux et dentaires. Il
compatible qu’avec un seul modèle de carte mémoire. Il faut rete- peut servir à numériser des clichés radiographiques (ou tout autre
nir les principales : support transparent comme les diapositives, par exemple).

EMC - Chirurgie orale et maxillo-faciale 11

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22-010-A-15  Pratique de la photographie orofaciale à l’ère du numérique

 Prise de vue : exemples clichés macro. Par ailleurs, si ces clichés macro sont pris au flash,
il faut vérifier que le flash ou l’APN sont capables de limiter la
Quatre situations peuvent être retenues en photographie oro- lumière au strict nécessaire.
faciale : le cliché exobuccal, le portrait, le cliché endobuccal, les La meilleure façon de standardiser l’échelle de prise de vue est de
photographies de radiographies. recourir à des objectifs qui portent les graduations sur leur barillet
ou, sinon, de recourir à une standardisation de la prise de vue
(patient et praticien toujours au même endroit et objectif fixe, ou
Cliché exobuccal objectif zoom avec le même rapport d’agrandissement [× 2 ou × 3
par exemple]).
Ici, il suffit d’appuyer sur le déclencheur et le cliché est obtenu
facilement. N’importe quel appareil photo peut être utilisé à la
condition du respect d’un minimum de conditions. Portrait
En mode « auto », le flash se déclenche, si nécessaire.
Il faut réaliser différentes prises de vue.
En fait, la nécessité d’avoir des images rapprochées en cas de
Nous conseillons de reprendre les standards édictés par
petite lésion va imposer un APN qui puisse au moins faire des
l’European Association for Cranio-Maxillo-Facial Surgery
(EACMFS), association européenne des chirurgiens cranio-
maxillo-faciaux dans le cadre de l’orthodontie et de la chirurgie

“ Point fort orthognathiques. Ces standards peuvent être également utilisés


en chirurgie esthétique et réparatrice.
Le minimum est le visage de face et profil, bouche fermée et au
sourire.
Conseils pour réaliser une bonne photographie L’objectif doit être à la même hauteur que les yeux. L’APN doit
• Ne pas bouger. Tenir l’appareil avec les deux mains, sans être à plus de 1 m de distance.
se crisper, les bras appuyés sur le corps, les pieds légère- De même, si quelqu’un doit aider à écarter des paupières ou des
ment écartés. Prendre garde à ne pas faire bouger l’APN lèvres pour permettre une prise de vue rapprochée, demandez-lui
au moment d’enfoncer le déclencheur de porter des gants d’examen.
• Éviter les erreurs de parallaxe : plan de l’objectif parallèle La perception de profondeur que la perspective donne à une
à l’objet à photographier, hauteur de l’objectif similaire à photographie clinique est importante. La notion de diminution
de taille de l’image avec la distance est classique, mais la pers-
celle de l’objet à photographier
• Avoir une bonne luminosité. Flash et éclairage adaptés pective affecte l’apparence des sujets en fonction de la distance
de prise de vue : une photographie prise de trop près montre des
à la situation distorsions mais une photographie prise de trop loin est « plate ».
• Avoir une image nette. Mise au point correcte. Profon- La standardisation doit non seulement concerner la taille de
deur de champ correcte l’image, mais également la distance à laquelle la photographie est
• Permettre une bonne reproductibilité des clichés (si prise. Idéalement, un objectif de 100 mm de focale (équivalent
nécessaire). Conditions de prises de vue standardisées plein format) offre les meilleures possibilités d’absence de distor-
• Éviter les gags. Ne pas couvrir le flash avec son doigt sions dans la grande majorité des situations cliniques. Cependant,
(risque de brûlure et cliché sous-exposé). Ne pas mettre le une focale plus courte, 50–60 mm (équivalent plein format)
doigt sur l’objectif peut être nécessaire dans un espace confiné (bloc opératoire par
• Si l’écran LCD est difficile à voir en raison d’une forte exemple).
luminosité, le couvrir avec la main ou un objet quelconque
• Ne pas cacher le microphone ou le système d’assistance Cliché endobuccal
de mise au point (si l’APN en dispose)
Là encore les différentes possibilités ont été données dans les
articles de l’EACMFS (Fig. 6).
Le minimum en orthodontie ou en orthognathie est de réaliser
des clichés de l’occlusion dentaire de face, de profil droit (avec
écarteurs), de profil gauche (avec écarteurs), de l’arcade supérieure
“ Point fort (avec miroirs) et de l’arcade inférieure (avec miroirs).
Ces clichés nécessitent l’utilisation d’écarteurs et de miroirs
dédiés (Fig. 7A, B).
Conseils pour obtenir des clichés reproductibles– En traumatologie et en pathologie de la muqueuse buccale, il
Standardisation des prises de vue importe, outre les gros plans, de réaliser des vues permettant de
• Utiliser toujours le même APN, les mêmes réglages de situer la ou les lésions dans une zone topographique anatomique.
vitesse et d’ouverture La prise de teinte, étape de la réalisation des prothèses céramo-
• Essayer d’avoir des conditions d’éclairage identiques à métalliques, est l’une des plus délicates en raison de la subjectivité
de l’analyse des données esthétiques d’une dent et de la difficulté
chaque prise de vue (flash électronique ou lumière du jour,
de communication verbale avec le laboratoire de prothèse, le plus
même artificielle) souvent distant du cabinet dentaire. En effet, outre la teinte, il
• Placer le patient dans des positions reproductibles est difficile de rendre compte sans photographies de la répartition
• Garder une distance APN–patient constante (marques particulière des masses colorées, de la texture, de la translucidité
au sol) ou adopter toujours le même rapport ou opalescence. Pour la couleur proprement dite, une photogra-
d’agrandissement (sur l’objectif) phie doit être prise avec un échantillon du teintier le plus proche
• Utiliser une grande focale, reproductible (100 mm, possible de la teinte naturelle. On veille, lors de la prise de vue, à ce
macro). Éviter les grands-angles et leurs distorsions si l’on qu’il soit disposé le plus près possible de la dent de référence, dans
s’approche trop du sujet le même plan pour qu’il puisse bénéficier du même éclairage. Des
• Régler la température de couleur de la même façon, photos du sourire, de la position labiale et des séances d’essayage
esthétique sont également fournies au prothésiste. Dans certains
dans les mêmes conditions d’éclairage (éclairage « lumière
cabinets, le recours au traitement informatique de la couleur est
du jour ») réalisé grâce au logiciel Photoshop et à ses courbes de niveaux.
• Régler la balance des blancs sur le mode automatique Un étalonnage préalable de toute la chaîne numérique, de la prise
• Utiliser toujours le même fond, bleu clair, de préférence de vue jusqu’à la prothèse finale, doit être effectué pour éviter
les écarts possibles entre la couleur de la dent au départ et celle

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Pratique de la photographie orofaciale à l’ère du numérique  22-010-A-15

A B C
Figure 6. Standards photographiques de
l’EACMFS : les cinq vues endobuccales (A à
E). Le cercle représente le centre de la photo.
L’astérisque représente la zone de mise au
point (canine ou 1re prémolaire). Ces clichés
nécessitent l’utilisation de miroirs dédiés.

D E

Figure 7. Prises de vues des arcades dentaires


avec miroir.
A. Arcade dentaire supérieure.
B. Arcade dentaire inférieure. La mise au point
est effectuée sur le miroir lui-même (réchauffé ou
passé au jet d’air pour éviter la buée).

A B

obtenue sur la prothèse à l’arrivée. Ce processus est complexe et revenir sur des détails et caractéristiques largement exposés, appa-
relève de praticiens et de laboratoires performants et habitués à raissent logiques :
travailler ensemble. • la bouche est une cavité complexe avec une anatomie topogra-
Les photos des modèles en plâtre sont réalisées en utilisant un phique aux surfaces réduites situées dans les trois dimensions
arrière-fond noir ou éclairé (tablette lumineuse de lecture ou néga- de l’espace. Les lésions peuvent être de très petite taille,
toscope disposé horizontalement) ; plus récemment, des modèles complexes, remaniées. Le recours à la macrophotographie est
numérisés sont utilisés. nécessaire ;
Les cheveux doivent être écartés de la face, au besoin en utilisant • s’agissant d’une cavité peu accessible à la lumière extérieure, le
un peigne, un bandeau, des élastiques ou des clips. De tels outils recours à un éclairage excellent et adapté est inévitable. Seul le
peuvent être nécessaires pour écarter des mèches de cheveux et flash électronique (de type lumière du jour) offre des caractéris-
exposer une zone du cuir chevelu. Sur les photographies de profil, tiques adaptées ;
de longs cheveux peuvent être simplement disposés sur l’épaule • la cavité buccale a un volume important, et la distance entre
opposée ou maintenus dans un bonnet. les lèvres et la paroi postérieure du pharynx est « énorme » à
Que ce soit pour le dentiste, l’orthodontiste, le paro-implanto- l’échelle de la macrophotographie. Le réglage adéquat de la pro-
logiste ou le spécialiste de la muqueuse buccale, la photographie fondeur de champ y est crucial. Il faut privilégier les petites
dentaire et intrabuccale obéit cependant à des impératifs qui, sans ouvertures de diaphragme (F/16 à F/32) (Fig. 4A, B) ;

EMC - Chirurgie orale et maxillo-faciale 13

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• que ce soit pour les reliefs ou couleurs dentaires ou pour ceux poser pas ailleurs que dans le sac photo auquel il est dédié. Il faut
de la muqueuse buccale et de ses lésions élémentaires, le rendu refermer toujours le couvercle de ce sac entre deux utilisations.
des détails doit être très fin. La sensibilité ISO ne doit pas aller L’APN est sensible aux vaporisateurs de désinfection de surface, au
au-delà des capacités du capteur (1600, voire 3200 pour les talc des gants qui peut s’infiltrer dans le boîtier ou dans les rouages
APN reflex récents). Les capteurs CCD à faible nombre de pixels de l’objectif. On n’utilise que les tissus optiques spécifiques pour
donnent des résultats médiocres. C’est le cas, par exemple, des le nettoyage de la lentille frontale de l’objectif que l’on protège
caméras intrabuccales, largement commercialisées depuis plu- évidemment par un filtre neutre.
sieurs années, parfois intégrées dans les logiciels dentaires et
d’usage très simple. Elles n’offrent qu’une définition limitée
(400 000 pixels) malgré leur coût élevé, et si elles peuvent être Vidéos faites avec les appareils photo
un bon outil de communication avec le patient, leur exploita- numériques : QuickTime, MPEG-4
tion pour la présentation ou l’impression n’est pas satisfaisante ;
• des structures musculomembraneuses mobiles (lèvres, joues) De plus en plus d’APN possèdent une fonction vidéo. La qua-
sont interposées en premier plan ; l’utilisation d’écarteurs spé- lité se rapproche de celle d’une vraie caméra dédiée. Toutefois, la
cifiques est nécessaire ; possibilité de faire des vidéos avec un APN peut rendre de bons
• certaines zones sont inaccessibles directement ou difficilement services, par exemple lors d’une consultation si l’on veut montrer
sans le recours à des miroirs dentaires. un mouvement particulier du patient : étude de la cinématique
mandibulaire, étude de la vision binoculaire, etc.
En raison de la taille des vidéos, ces séquences doivent être
Photographies de radiographies courtes. Plus la définition utilisée est élevée, plus les fichiers géné-
rés sont volumineux, dépassant rapidement le giga octet.
Les photographies de radiographies procèdent du même prin-
Les vidéos produites sont de différents formats, mp4 ou mov
cipe que pour les photographies extraorales, à la nuance près qu’il
le plus souvent, mpg (ou mpeg), plus rarement. Ces vidéos ne
convient ici d’enlever le flash afin d’éviter d’avoir un reflet sur le
sont pas toujours lues directement sur les ordinateurs de type
cliché.
PC, nécessitant l’installation d’un logiciel, heureusement souvent
Les radiographies étant situées dans un plan, il y a peu de
fourni avec l’APN ou accessible sur internet (VLC Media Player, par
déformation mais il convient de rester à plus de 50 cm de dis-
exemple).
tance tout de même (pour limiter les déformations liées à l’objectif
lui-même). Il faut, comme pour les portraits, que l’APN soit situé
au même niveau que la radiographie afin d’éviter les erreurs de
parallaxe. Enfin, on peut s’aider d’une ligne horizontale pour que  Archivage et traitement
l’APN soit également horizontal en prenant le cliché. Le mode
« paysage » est le plus utilisé ici.
des photographies numériques
Les vieux documents d’imagerie sont sur support argentique ou
Il n’est pas possible d’envisager la photographie médicale
papier. Ils sont parfois accompagnés de leur CD-ROM. Les docu-
numérique sans prendre en compte l’aspect informatique. Ici,
ments argentiques nécessitent un négatoscope, les documents
l’APN seul ne suffit pas car une fois le cliché médical pris, il
papier peuvent être photographiés tels quels.
faut être capable de l’archiver, de le retrouver, de l’améliorer, etc.
Les images obtenues sont souvent très acceptables si on laisse
L’usage de l’ordinateur est donc impératif, même pour le praticien
l’appareil faire automatiquement tous les réglages (balance des
allergique à l’informatique.
blancs, exposition, ouverture).
Il n’est pas question ici de débattre des avantages et inconvé-
Les négatoscopes peuvent parfois poser problème car :
nients des différents ordinateurs, du fixe ou du portable. Retenons
• l’illumination n’est pas toujours homogène, le centre étant
seulement qu’il faut un disque dur assez volumineux et un pro-
mieux illuminé que les coins ;
cesseur assez rapide.
• il existe un scintillement à la fréquence de 50 Hz (lié à la
Il faut également retenir qu’une fois l’image stockée dans la
fréquence du secteur), imperceptible à l’œil, mais qui peut
carte mémoire de l’APN, il faut ensuite la faire passer dans un
interférer avec les réglages de l’APN si la vitesse de prise de
ordinateur pour la stocker, voire la traiter.
vue est trop rapide, supérieure au 1/50e de seconde (1/125e ,
1/250e , etc.). On peut remédier partiellement à ces inconvé-
nients en utilisant une vitesse d’obturation lente (1/30e ou plus Transfert de fichier
lent) ou en utilisant l’écran de l’ordinateur comme négatoscope
avec un logiciel libre comme Négato (www.masef.com/non- Les photos peuvent passer vers l’ordinateur par un câble sou-
medecins/negato.htm). L’écran devient blanc et surbrillant de vent fourni avec l’APN, par la carte mémoire qui a été enlevée de
façon homogène, ce qui suffit pour visionner et photographier l’APN et insérée dans l’ordinateur ou, enfin, par Wifi grâce à une
des radios simples. Cette fonction est également accessible par carte mémoire–émetteur Wifi qui permet que le transfert se fasse
les utilisateurs du logiciel PowerPoint en appuyant sur la touche instantanément dès que le cliché est pris. Cette dernière fonc-
B en mode diaporama. tion est particulièrement intéressante si le lieu de prise de vue et
Enfin, les images des radiographies peuvent être extraites des l’ordinateur de stockage sont situés à proximité l’un de l’autre.
CD. En affichant l’image sur l’ordinateur avec le logiciel fourni sur
le CD, il suffit de faire une capture d’écran par la fonction « Impr
écran » ou « Prt Scr » de l’ordinateur. L’image capturée est ensuite Renommer les fichiers
traitée par un logiciel type XnView dans lequel on va impor-
Le classement des fichiers va vite devenir un problème pour le
ter l’image capturée (par la fonction « édition/importer le presse
praticien qui gère de nombreux patients et doit gérer de nombreux
papiers »). Sinon, on peut procéder différemment pour récupérer
clichés, rapidement plus de 10 000.
les clichés par le logiciel fourni avec le CD qui permet de sau-
Afin de simplifier au maximum la tâche qui vise à renommer
vegarder les images par la fonction « enregistrer sous » ou « copie
les clichés mais également à les retrouver, il faut suivre quelques
image » souvent accessible par un clic droit de la souris.
règles simples :
• Règle 1 : il faut classer ses photos par années. Les photos de 2013
Recommandations d’hygiène et précautions sont classées dans le dossier « mes images prof 2013 », celles de
2014 dans le dossier « mes images prof 2014 », etc. ;
Même si le risque de contamination est considéré comme bas • Règle 2 : il faut classer les photos d’une année dans des dos-
dans les cabinets et pièces de consultation, les règles d’hygiène, siers thématiques, par exemple Plastique 2014, Tumeurs 2014,
en particulier en ce qui concerne le lavage des mains et le port de Trauma 2014, etc. ;
gants, doivent être scrupuleusement respectées. Il faut toujours • Règle 3 : les thèmes utilisés (plastique, tumeurs, traumatologie)
tenir l’APN dans les mains ou suspendu par une bretelle et ne le sont chaque année les mêmes ;

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• Règle 4 : chaque cliché doit comporter le nom et le prénom du • celle du droit à l’image, qui n’est pas spécifique aux patients,
patient mais également des mots-clés qui sont fonction de la mais s’applique à tout un chacun ;
pathologie du patient. Ces mots-clés sont pris dans une liste • celle du respect de la vie privée qui est également valable pour
préétablie et qui dépend de chaque praticien. Par exemple, tout le monde ;
on peut utiliser comme mots-clés (« pre » pour le préopéra- • celle du secret médical, qui est spécifique aux patients ;
toire, « post » pour le postopératoire, « fracture », « mandibule », • celle des droits d’auteurs, si l’on utilise des clichés pris dans des
« maxillaire », « kyste », « implant », « greffe », etc.). Il convient ouvrages ;
d’éviter les mots avec majuscules ou accents. • enfin, celle du 4 mars 2002, relative aux droits des malades et à
Ainsi, tout est prêt pour archiver et surtout retrouver les clichés l’accès à leur dossier.
d’un patient ou d’une pathologie.
En utilisant ces quatre règles, renommer les fichiers devient un Droit à l’image
jeu d’enfants. Si on a plusieurs clichés d’un même patient, on peut
La loi « informatique et libertés » vient compléter les garanties
renommer les clichés un par un ou, mieux, les renommer en une
apportées par le droit à l’image et le droit à la vie privée.
seule fois par la fonction « renommer par lots » du logiciel gratuit
Le droit à l’image permet à toute personne de s’opposer, quelle
et français XnView (www.xnview.com).
que soit la nature du support utilisé, à la reproduction et à la diffu-
sion, sans son autorisation expresse, de son image. L’autorisation
de la captation ou de la diffusion de l’image d’une personne
“ Point fort doit être expresse et suffisamment précise quant aux modalités de
l’utilisation de l’image (pour quelle finalité l’autorisation a-t-elle
été donnée ? Quelle sera la durée de l’utilisation de cette image ?).
Renommer les clichés par lot avec XnView La diffusion, à partir d’un site web, de l’image ou de la vidéo
d’une personne doit respecter ces principes.
Le non-respect de cette obligation est sanctionné par
l’article 226-1 du Code pénal qui prévoit un an d’emprisonnement
Les clichés de monsieur Dupond Pierre, qui sont des clichés et 45 000 Dd’amende. Pour autant, lorsque la capture de l’image
de fracture de la mandibule pris en 2014 et déjà placés dans d’une personne a été accomplie au vu et au su de l’intéressée sans
le dossier « Trauma 2014 », pourraient être intitulés : « dupond qu’elle s’y soit opposée alors qu’elle était en mesure de le faire, le
pierre fracture mandibule ». Il suffit de sélectionner les trois cli- consentement de celle-ci est présumé.
chés de ce patient puis de faire sous XnView un clic droit qui La loi « informatique et libertés » s’applique dans tous les cas
ouvre la fonction « renommer par lots ». de diffusion de l’image d’une personne (par l’intermédiaire d’un
On tape le nom dans la fenêtre idoine et pour terminer, on site web ouvert au public par exemple). Elle conduit le respon-
clique sur le bouton « renommer ». sable du traitement à informer les personnes dont les images sont
Ce même travail peut être effectué avec des logiciels payants utilisées de son identité, de la finalité du traitement (diffusion
comme Lightroom ou Photoshop Elements. de son image sur un intranet, sur internet, etc.), des personnes
destinataires des images et de l’existence d’un droit d’accès et de
rectification. Enfin, l’article 38 de la loi reconnaît à toute personne
Retrouver les fichiers physique le droit de s’opposer, pour des motifs légitimes, à ce que
Ici, c’est du velours puisque tout le travail a déjà été fait en des données à caractère personnel la concernant fassent l’objet
amont, une fois pour toutes. Nous conseillons d’utiliser un autre d’un traitement.
gratuiciel pour cela, Picasa. Pour en savoir plus, on peut se référer au site sur le droit à
Le principe est le même que lorsque vous faites une recherche l’image, où l’on trouve un résumé des textes écrits par la Commis-
sur internet avec Google. Vous mettez dans la fenêtre votre ou vos sion nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) sur le
mots-clés (ici dupond) et les images s’affichent instantanément en sujet : www.cnil.fr/documentation/fiches-pratiques/fiche/article/
dessous. lutilisation-de-limage-des-personnes/
Vous pouvez également faire une recherche en combinant
« fracture et mandibule », comme dans Google et vous trouvez Respect de la vie privée
plusieurs patients dont un seul en 2014, monsieur Dupond Pierre, Ce respect de la vie privée se rapproche de la loi précédente.
CQFD ! L’article 226-1 du Code pénal punit d’un an d’emprisonnement
et 45 000 Dd’amende le fait de porter atteinte à l’intimité de la
Traiter les fichiers vie privée d’autrui en fixant, enregistrant ou transmettant, sans
le consentement de celle-ci, l’image d’une personne se trouvant
Ici, de nombreux traitements peuvent être appliqués sur les dans un lieu privé. Pour autant, lorsque la capture de l’image
images. Nous ne les détaillons pas mais citons les principales d’une personne a été accomplie au vu et au su de l’intéressée sans
fonctions que nous utilisons : la correction des yeux rouges, le qu’elle s’y soit opposée alors qu’elle était en mesure de le faire, le
recadrage, la rotation, l’anonymisation des clichés comportant le consentement de celle-ci est présumé.
nom ou le visage du patient. Ces différentes fonctions sont très
simples avec XnView. Elles peuvent également être effectuées avec Secret médical
Picasa, Lightroom ou Photoshop Elements.
« Le médecin doit protéger contre toute indiscrétion les docu-
ments concernant les personnes qu’il a soignées ou examinées,
 Aspects médicolégaux quels que soient le contenu et le support de ces documents ». Il
en va de même des informations médicales dont il peut être le
détenteur.
Pendant de nombreuses années, droit et médecine ont vécu Le médecin doit faire en sorte, lorsqu’il utilise son expé-
indépendamment l’un de l’autre. L’évolution des mentalités, rience ou ses documents à des fins de publication scientifique
l’évolution du droit mais aussi celle de la médecine ont rapproché ou d’enseignement, que l’identification des personnes ne soit pas
de manière irrémédiable ces deux disciplines. Le numérique n’y possible. À défaut, leur accord doit être obtenu, précise l’article 73
échappe pas, bien au contraire. du Code de déontologie médicale.
Dans le doute, il convient d’ « anonymiser » les clichés en met-
Loi tant des rectangles noirs sur les yeux du patient ou mieux en
« pixellisant » ses yeux afin que l’on ne puisse pas le reconnaître,
La photographie médicale et dentaire tombe sous le coup de lorsque l’on voit son visage. Ceci se fait facilement à l’aide de
plusieurs lois : XnView (filtres/effets/mosaïque) ou Photoshop Elements.

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Téléchargé pour moncef alawi (alawimoncef@gmail.com) à University of Tunis El Manar Faculty of Medicine of Tunis à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier
sur juin 15, 2022. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2022. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
22-010-A-15  Pratique de la photographie orofaciale à l’ère du numérique

Le dossier médical est couvert par le secret médical et le méde- Ce dossier médical partagé devrait être consultable sur le web par
cin est personnellement responsable de sa protection contre tous les praticiens concernés par le patient. Il est évident que ce
toute indiscrétion. Il doit en assurer la conservation en pre- dossier comporte des images numériques, que l’on peut consulter,
nant toutes les précautions utiles permettant d’en respecter la récupérer, commenter ou ajouter.
confidentialité. La loi du 13 août stipule que « Dans le respect des règles déon-
La CNIL édicte d’ailleurs un certain nombre de recomman- tologiques applicables et des dispositions du Code de la santé
dations pour en assurer la sécurité et la confidentialité. Elle publique, chaque professionnel de santé exerçant en ville ou en
préconise l’adoption de mesures de sécurité physique et logique établissement de santé, quel que soit son mode d’exercice, devra
qui doivent être adaptées en fonction de l’utilisation qui est faite reporter dans le DMP, à l’occasion de chaque acte ou consulta-
de l’ordinateur, de sa configuration, de sa connexion à internet tion, les éléments diagnostiques et thérapeutiques nécessaires à la
et recommande de chiffrer par cryptage les données figurant sur coordination des soins de la personne prise en charge ».
le disque dur et sur les supports de sauvegarde. Elle préconise
également l’accès à l’ordinateur, au système d’exploitation et aux
applications par des mots de passe individuels, propres à chaque Conséquences pratiques de ces lois
utilisateur. Le mot de passe choisi doit, si possible, être alphanu-
mérique (comprenant des lettres et des chiffres), d’une longueur Si l’on souhaite diffuser certaines images, il faut obtenir l’accord
de six caractères au moins, pas trop courant (éviter initiales, nom, du patient. Ceci est valable si on utilise des images de patients pour
prénom, etc.), changé périodiquement et conservé confidentiel- faire de l’enseignement ou pour les mettre sur des sites internet.
lement. C’est pourquoi il est recommandé, dans les services où l’on utilise
En cas d’absence, même temporaire, il faut penser à éteindre régulièrement des clichés de patient destinés à l’enseignement,
son ordinateur, ou à mettre en place un écran de veille protégé d’apposer dans la salle d’attente, dans le vestiaire ou dans la
par un mot de passe, et ne pas laisser sa carte de professionnel de salle d’examen une petite affiche sur laquelle il est par exemple
santé dans le lecteur. mentionné : « Compte tenu des missions d’enseignement et de
Après avoir été sur internet avec votre ordinateur, il faut recherche de l’établissement, les images médicales enregistrées
penser à vider son navigateur des cookies, des fichiers et de dans ce service sont susceptibles d’être utilisées, sauf opposition de
l’historique. Pour cela, aller sur « outils/options internet » et cli- votre part, dûment signalée aux responsables de ce service. Cette
quer sur les trois boîtes intitulées respectivement « supprimer les utilisation est destinée à des fins de recherche, d’enseignement,
cookies », « supprimer les fichiers » et « supprimer l’historique ». de formation ou de publications scientifiques ou pédagogiques ».
Des opérations similaires sont possibles sur tous les logiciels de En revanche, si la diffusion des images se fait dans l’intérêt du
navigation. patient, par exemple pour adresser des clichés à confrère, il n’y a
Il faut utiliser des antivirus régulièrement mis à jour et installer pas de problème.
un pare-feu (firewall) logiciel ou mieux un pare-feu physique, situé Il paraît prudent ne pas laisser tout le fichier « patient » sur
au niveau de votre boîtier de connexion à internet. l’ordinateur qui est raccordé sur internet. Ceci nécessite d’avoir
Des sauvegardes sur des supports amovibles (DVD ou CD-Rom, deux ordinateurs mais permet d’assurer une certaine sécurité,
disque dur externe) doivent être régulièrement effectuées et notamment au niveau viral.
conservées dans un lieu différent de votre cabinet ou mieux dans Une photographie numérique d’un patient réalisée au cabinet
un autre lieu que le cabinet (risque d’inondation, d’incendie, de appartient au moins en partie à ce patient. Ce qui veut dire qu’il
vol, etc.). est en droit de demander plusieurs années après la prise du cliché
Le contrat d’assistance et de maintenance doit comporter une une copie de cette photo. L’archivage devient donc primordial
clause de confidentialité. Le personnel doit être sensibilisé à ces car il conditionne la possibilité de retrouver les photographies
mesures de sécurité. recherchées ; les différentes méthodes pour nommer et classer les
Le partage du dossier médical instauré par la loi d’août 2004 photographies ont été abordées. Cet archivage doit se faire sur
remet en question bon nombre de ces recommandations. En effet, plusieurs types de supports, dont au moins un inaliénable (CD ou
tout praticien ou établissement hospitalier a accès à l’ensemble DVD), conservés dans des endroits différents.
des informations du dossier du patient où qu’elles se trouvent.
Certains médecins ont donc accès à des données inutiles au trai-
tement de la pathologie en cours. Le patient peut également être Déclaration d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts en
réticent à ce qu’un médecin autre que son médecin traitant soit relation avec cet article.
au fait de toutes les strates de sa vie médicale (par exemple qu’il a
été sujet à une dépression, ou encore que la patiente ait subi une
interruption volontaire de grossesse). Remerciements : au docteur S. Houllier pour ses clichés.

Loi du 4 mars 2002


Cette loi est relative aux droits des malades et à la qualité du Pour en savoir plus
système de santé. Elle a posé le principe de l’accès direct du patient
Damour-Terrasson C. Le numérique s’envole et l’id remporte toujours la
à l’ensemble des informations de santé le concernant et le décret première place. Inf Dent 2014;96(n◦ 1).
du 29 avril 2002 a organisé cet accès. La loi du 4 mars 2002 pose Adair King J. Photo numérique pour les nuls. Paris: Editions First Interactive;
donc la question de savoir si les photographies du patient sont 2006.
destinées à des fins d’enseignement ou font partie du dossier. Mais, Ahmad I. Digital and conventional dental photography. A practical clinical
pour le patient, la confusion est facile entre ces deux destinations, manual. Chicago: Quintessence; 2004.
surtout s’il n’a pas été informé au moment de la prise des clichés. Benslama L, Chossegros C. Photographie numérique médicale et dentaire.
Dans la majorité des cas, le patient peut donc estimer que les Paris: Masson; 2008.
clichés que l’on a pris de lui font partie de son dossier. Il peut alors Bouillot R. Cours de photographie numérique. Principes, acquisition et
demander à y avoir accès, notamment si ces clichés peuvent avoir stockage. Paris: Dunod; 2003.
des conséquences médicolégales pour lui ou pour son praticien... Chossegros C, Guyot L, Mantout B, Cheynet F, Olivi P, Blanc JL. Photogra-
Le délai imparti pour donner au patient une copie des clichés est phie numérique médicale et dentaire. Choisir un appareil photo bon
de 8 jours suivant la demande. marché et pratique. Rev Stomatol Chir Maxillofac 2010;111:79–83.
Ettorre G, Weber M, Schaaf H, Lowry JC, Mommaerts MY, Howaldt
Avenir HP. Standards for digital photography in cranio-maxillo-facial sur-
gery - Part I: Basic views and guidelines. J Craniomaxillofac Surg
À l’échelon européen, de nouvelles lois sont en train de se pro- 2006;34:65–73.
filer avec le portail européen sur la santé publique, et à l’échelon Evans D (traduit par R. Bouillot). Portrait et photographie numérique. Paris:
national avec la loi du 13 août 2004 sur le dossier médical informa- Dunod; 2004.
tisé, officiellement dénommé « dossier médical partagé » ou DMP. Künne C. Pratique Photoshop. Retouche de portraits. Paris: Eyrolles; 2006.

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Prout D. Photoshop 4. Le tout en poche. Paris: Simon and Schuster MacMil- www.rueducommerce.com.
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Schaaf H, Streckbein P, Ettorre G, Lowry JC, Mommaerts MY, Howaldt www.edmclaren.com.
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Trouve-Szaibrum C. Photo numérique. Paris: Micro Application; 2004. http://picasa.google.com/.
www.lesnumeriques.com (tous les tests comparatifs des APN avec les images www.01net.com/telecharger/windows/Multimedia/lecteurs video dvd/
prises par les APN pour se faire sa propre opinion). fiches/23823.html.www.zamzar.com.www.dentalphotographyinpractice.
www.amazon.fr. com/glossary.htm.

C. Chossegros (cchossegros@ap-hm.fr).
Service de stomatologie et chirurgie maxillofaciale, Centre hospitalier universitaire de La Timone, boulevard Jean-Moulin, 13385 Marseille cedex 5, France.
L. Benslama.
69, rue de la Tour, 75016 Paris, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Chossegros C, Benslama L. Pratique de la photographie orofaciale à l’ère du numérique. EMC - Chirurgie
orale et maxillo-faciale 2015;10(3):1-17 [Article 22-010-A-15].

Disponibles sur www.em-consulte.com


Arbres Iconographies Vidéos/ Documents Information Informations Auto- Au
décisionnels supplémentaires Animations légaux au patient supplémentaires évaluations quotidien

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