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Avoir un article de l’EMC sur la photographie numérique est une évidence, tant notre discipline utilise le
numérique au quotidien. Radiovisiographie, cone beam, prise d’empreintes, implantologie, esthétique
sont autant d’indications de photographie numérique. Cet article est voulu pratique et utile, autant au
débutant qu’au praticien déjà photographe confirmé. Il débute par les principes de la photographie,
argentique ou numérique. Il se poursuit par le choix de l’appareil photo numérique en photographie
orofaciale. Puis les grands principes de la prise de vue orofaciale sont passés en revue. Des exemples
pratiques sont appliqués au portrait, à la macrophotographie, à la photographie endobuccale et enfin,
aux clichés de radiographie. Ensuite, la question de l’archivage est décrite avec notamment les grands
principes permettant d’archiver et de retrouver les clichés des milliers de patients que l’on soigne. L’aspect
médicolégal, notamment le droit à l’image et le respect du secret médical, fait l’objet du dernier chapitre.
Des références et autres lien ainsi qu’une autoévaluation visant à parfaire le sujet clôturent cet article.
© 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Téléchargé pour moncef alawi (alawimoncef@gmail.com) à University of Tunis El Manar Faculty of Medicine of Tunis à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier
sur juin 15, 2022. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2022. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
22-010-A-15 Pratique de la photographie orofaciale à l’ère du numérique
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Pratique de la photographie orofaciale à l’ère du numérique 22-010-A-15
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“ Point fort
Pour un objectif de bonne qualité que l’on trouve sur les
APN de type « reflex » (c’est-à-dire à objectif interchan-
geable et visée à travers l’objectif), l’ouverture la plus petite
peut être à 32 (on dit F/32) et l’ouverture la plus grande
peut être à 2,8 (on dit F/2,8). Entre ces deux extrêmes, les
ouvertures intermédiaires standards sont les suivantes :
de la plus grande à la plus petite ouverture :
b F/2,8–F/4–F/5,6–F/8–F/11–F/16–F/22–F/32.
Ces valeurs intermédiaires sont les mêmes pour tous
les appareils photo. Il faut savoir qu’entre deux unités
a d’ouverture, par exemple entre F/32 et F/22, la quantité
Figure 2. Photographie avec un appareil photo numérique (APN), trajet de lumière qui passe est deux fois plus grande. Ainsi, il
de la lumière : du sujet en passant par l’objectif (b) et son diaphragme (4), passe deux fois plus de lumière avec F/22 qu’avec F/32,
l’APN (a) et son obturateur (3) pour arriver sur le capteur (2) et être stockée deux fois plus avec F/16 qu’avec F/22, deux fois plus avec
dans la carte mémoire (1). F/11 qu’avec F/8...
Sur les APN de type compact, l’échelle des ouvertures est
souvent moindre, comprise habituellement entre 2 et 8.
L’objectif peut agir sur la luminance par l’intermédiaire d’un Le terme d’ouverture en anglais se traduit par aperture,
diaphragme qu’il ouvre ou ferme. L’objectif peut également agir donnant les sigles A ou Av sur les appareils photo.
sur la mise au point (qui vise à obtenir une image nette sur le
capteur), par l’intermédiaire de lentilles qui bougent les unes par
rapport aux autres.
Enfin, l’objectif peut également agir sur un troisième critère F/22) ; à l’inverse, pour une grande ouverture du diaphragme, le
qui est l’agrandissement de l’image mais ceci n’est possible que chiffre correspondant est petit (F/2 ou F/4 par exemple).
sur les objectifs à fonction zoom. Cette fonction zoom s’oppose
à celle des objectifs à focale fixe pour lesquels cette fonction Profondeur de champ
d’agrandissement n’est pas possible. En raison des lois de l’optique, la modification de l’ouverture
au niveau du diaphragme va engendrer des modifications de ce
qu’on appelle la « profondeur de champ ». Cette profondeur de
Diaphragme ; ouverture (A pour « aperture ») champ est également appelée « zone de netteté ». Comme pour
Là encore, le diaphragme de l’objectif, c’est un peu comme l’œil humain, trop près de l’appareil photo, on n’est pas dans
l’iris de l’œil humain. Si le diaphragme est très fermé, peu de la zone de netteté, les objets sont flous. Trop loin de l’appareil
lumière passe à travers l’objectif, c’est ce qu’on appelle une petite photo, on n’est pas dans la zone de netteté, les objets sont égale-
ouverture (Fig. 3A). Inversement, si le diaphragme est très ouvert, ment flous. Entre les deux, on est bien dans la zone de netteté ou
beaucoup de lumière passe à travers l’objectif ; c’est ce qu’on profondeur de champ et les objets sont nets.
appelle une grande ouverture (Fig. 3B). Entre ces deux ouvertures Cette zone de netteté ou profondeur de champ varie en fonction
extrêmes, il existe des ouvertures intermédiaires. de l’ouverture du diaphragme. Avec une grande ouverture (F/4 par
Comme le chiffre de l’ouverture est un rapport, pour une petite exemple), la profondeur de champ est faible (Fig. 4A). Avec une
ouverture du diaphragme le chiffre annoncé est élevé (F/32 ou petite ouverture (F/32 par exemple), la profondeur de champ est
1
1
A B
Figure 3.
A. Diaphragme fermé (1) (petite ouverture, ici F/16) ; noter les caractéristiques de l’objectif, ici un 18–55 mm de distance focale, avec une ouverture (ou un
diaphragme) variant entre F/3,5 et F/5,6 selon la focale ; enfin le diamètre de l’objectif est de 58 mm ce qui peut être utile pour choisir le flash annulaire que
l’on souhaiterait utiliser ou un filtre de protection.
B. Diaphragme ouvert (1) (grande ouverture, ici 3,5).
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22-010-A-15 Pratique de la photographie orofaciale à l’ère du numérique
A B
Figure 4.
A. Cliché pris avec une grande ouverture (F/2,8), ce qui donne une faible profondeur de champ (ou zone de netteté).
B. Cliché pris avec une petite ouverture (F/22), ce qui donne une grande profondeur de champ et est donc recommandé en photographie intrabuccale et
en macrophotographie.
grande (Fig. 4B) et peut même atteindre l’infini (pour les pay- Elle peut descendre pour certains appareils photo compacts à
sages). Cette notion de profondeur de champ est essentielle en 1 cm. La distance de mise au point des appareils photos de type
macrophotographie et donc en photographie intrabuccale car ici, reflex s’évalue par un rapport d’agrandissement entre la taille de
il convient d’avoir une profondeur de champ la plus grande pos- l’objet photographié et celle de l’image obtenue (1 : 1 si les deux
sible ce qui permet d’avoir une image nette des incisives jusqu’à ont la même dimension).
la luette.
Différents types d’objectifs
Objectif à focale fixe. En dehors de l’objectif « normal », dit
Mise au point de 50 mm de focale (pour un APN reflex ou son équivalent), on
Tout objectif comporte, en plus du diaphragme, un certain décrit trois types d’objectif :
nombre de lentilles optiques. Ces lentilles peuvent se déplacer • ceux qui grossissent moins que l’œil humain, donnant
les unes par rapport aux autres afin d’obtenir une image nette, l’impression d’être loin du sujet (ce sont les objectifs
c’est ce qu’on appelle la mise au point. La mise au point peut se « grands-angles » ; ils ont une focale inférieure à 50 mm pour
faire de façon manuelle en tournant la bague de mise au point. les APN reflex, ou leur équivalent, inférieure à 50 mm sur les
Sur les appareils récents, la mise au point se fait de façon automa- APN compact) ;
tique ; c’est ce qu’on appelle « l’autofocus ». Afin de vérifier que la • ceux qui grossissent plus que l’œil humain, donnant
mise au point est correcte, le photographe va regarder à travers l’impression d’être près du sujet (ce sont les téléobjectifs ; ils
le viseur (APN reflex) ou dans l’écran liquid cristal display (LCD) ont une focale supérieure à 50 mm, pour les appareils reflex ou
(APN compact) de son appareil photo. leur équivalent sur les APN compact) ;
La mise au point de l’objectif s’étend de l’infini jusqu’à une • ceux qui permettent de se rapprocher beaucoup du sujet,
certaine distance appelée « distance minimale de mise au point ». comme le ferait une loupe (ce sont les objectifs « macro »).
Cette distance varie selon le type d’objectif. Elle est de l’ordre de Zoom ou objectifs à focale variable. L’objectif de type
30 à 100 cm sur la majorité des objectifs. Si l’on souhaite faire de la zoom permet de combiner plusieurs grossissements (grand
photographie intrabuccale, il convient d’avoir un objectif ayant angle + normal + téléobjectif, par exemple).
une distance de mise au point la plus faible possible, objectif dit
« macro ».
“ Point fort
“ Point fort Zoom numérique, à éviter
Certains APN disposent d’une fonction zoom
« numérique » : oubliez-là. Elle ne sert qu’à faire vendre
Macrophotographie
l’appareil photo. Cette fonction dégrade les images. Il est
Une catégorie d’appareils photo dispose d’une distance de
préférable d’utiliser la fonction « recadrage » effectuée en
mise au point qui peut être inférieure à 30 cm ; ce sont les
« aval » sur l’ordinateur destiné à l’archivage des images
objectifs ayant une fonction « macro ». Ces objectifs sont
(par le logiciel XnView) ; cette fonction recadrage est
particulièrement utiles en pratique médicale (par exemple
d’autant plus performante que l’APN possède de pixels.
pour photographier un cliché radiographique [téléra-
D’où l’intérêt de partir avec un nombre de pixels suffisant.
diographie ou tomodensitométrie] ou photographier un
champ opératoire de petite taille [dent, muqueuse buccale
ou peau, par exemple]). Une distance minimale de mise
au point inférieure à 10 cm est une distance correcte pour Boîtier. Temps de pose ; exposition ; modes
un objectif macro mais certains APN descendent jusqu’à d’exposition ; surexposition, sous-exposition ; TTL
1 cm de mise au point.
Comme expliqué (cf. supra), l’image du sujet que l’on veut
En macrophotographie, il est habituellement nécessaire de
photographier a traversé l’objectif (Fig. 2). Mais cette image doit
débrayer la mise au point automatique, souvent inopé- encore subir quelques modifications avant d’aller jusqu’au sup-
rante. Il suffit, en effet, que le photographe et/ou le sujet port d’archivage de notre cabinet...
bougent, même légèrement, et l’appareil photo ne peut En effet, le diaphragme modifie la quantité de lumière pénétrant
se stabiliser puisque la distance de mise au point change dans l’appareil photo mais ce réglage du diamètre du diaphragme
sans arrêt. est parfois un peu limité, notamment parce qu’il agit sur la pro-
fondeur de champ ce que ne désire pas forcément le photographe.
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Pratique de la photographie orofaciale à l’ère du numérique 22-010-A-15
C’est pourquoi les appareils photos disposent d’un autre moyen Tableau 1.
d’augmenter ou de diminuer la quantité de lumière qui arrive sur Comparaison de la photographie argentique et de la photographie
le capteur : c’est l’obturateur. Ce dispositif n’est pas situé dans numérique.
l’objectif mais dans le boîtier (Fig. 2), c’est lui qui fait varier le Argentique Numérique
temps de pose (ou vitesse) de la photo, c’est-à-dire le temps pen-
dant lequel la lumière de l’image arrive sur le capteur (à la manière Prise de vue
d’une « guillotine »). Cet obturateur complète idéalement le dia- Matériel
phragme. Appareil Photo 24 × 36, APS, Appareil photo numérique
6 × 6, etc. (compact, bridgé, réflexe)
Temps de pose ou vitesse (S pour « speed » ou Tv pour « time Chambre photographique Scanner à documents, à
value ») diapositives
L’obturateur est un petit rideau qui s’ouvre et se ferme pendant Support
un temps déterminé, le plus souvent compris entre 1/1000e de Film négatif noir et blanc Carte mémoire : SD card,
seconde et 1 seconde. Film négatif couleur compact-flash, etc.
En photographie médicale, les valeurs utiles sont comprises Film pour diapositives (réversible)
entre 1/30e et 1/250e de seconde. En effet, une vitesse plus lente
Traitement de l’image
augmente le risque de photo floue car le photographe ou le sujet
peuvent bouger. Utiliser des vitesses rapides (1/500e ou 1/1000e ) Développement du film Choix de qualité (type de
n’a pas d’intérêt ici, les mouvements des sujets à photographier en compression) et de définition
(nombre de pixels) des clichés au
photographie médicale étant rarement très rapides, contrairement
niveau de l’APN
à la photographie sportive, par exemple.
Passage (acquisition) sur
Les photographies au flash utilisent le plus souvent des vitesses
l’ordinateur
comprises entre ces mêmes valeurs : s’il faut retenir une vitesse, Logiciel de traitement d’image
c’est le 1/60e de seconde. De toutes les façons, il est rare que les (XnView) : recadrage, suppression
flashes autorisent des vitesses allant au-delà du 1/125e de seconde des yeux rouges, renommer les
ou du 1/200e de seconde pour les appareils les plus performants. photos, etc.
Sortie image finale
Exposition
Tirage papier (chez le Impression (jet d’encre, laser, par
Pour avoir une bonne photo, il faut une bonne lumière. Il faut
photographe) le photographe)
donc une bonne combinaison du diaphragme et de l’obturateur,
Projection des diapositives Vue sur écran : ordinateur,
c’est-à-dire une bonne combinaison d’ouverture et de vitesse.
Stockage : dans un placard ou un télévision, vidéoprojecteur
Heureusement, le plus souvent, l’appareil photo fait ces calculs album photographique, etc. Stockage sur disque dur de
tout seul et l’on ne se rend compte de rien (c’est le mode « auto » l’ordinateur, sur CD ou DVD,
des appareils photo récents). envoi sur internet, etc.
Mode d’exposition ou mode PSAM.
APS : advanced photo system.
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22-010-A-15 Pratique de la photographie orofaciale à l’ère du numérique
Ces cellules sont chargées de capter la lumière, puis de la conver- Caractéristique d’un appareil photo
tir en signaux électriques qui seront eux-mêmes numérisés en
données binaires. Ainsi, chaque cellule ou photosite va produire numérique
un signal qui lui est spécifique et qui comprend ses propres carac- Capteur/Définition
tères de luminance et de chrominance.
Le nombre de photosites (ou leur équivalent numérique : le Le nombre de points qui composent l’image est ce qu’on appelle
pixel) est un argument de vente. Il est exprimé en millions de la définition d’une image. En pratique, en photographie orofa-
pixels (ou mégapixels) et plus le chiffre est élevé plus on aurait ciale, une définition de plus de 10 millions de pixels est largement
de chances d’avoir une bonne image, mais ce n’est pas une certi- suffisante. Un nombre de pixels trop élevé peut même devenir
tude. Car pour avoir une bonne image, il faut aussi que l’optique gênant car il génère des fichiers plus gros qui prendront plus de
soit de qualité et que cette optique soit en adéquation avec le place dans l’ordinateur. Ceci aboutit au fait que l’on stocke moins
capteur (Tableau 1). Il vaut mieux une bonne image nette avec d’images pour moins de patients sur le même disque dur...
peu de pixels qu’une mauvaise image floue avec beaucoup de Une question que le praticien doit se poser est de savoir ce qu’il
pixels. compte faire de ses clichés : les voir sur un écran, lui ou ses patients
En plus du nombre de pixels, un élément déterminant de la (c’est le cas le plus fréquent), les utiliser pour faire des présenta-
qualité est la taille du capteur, exprimée en pouces (pour mesu- tions scientifiques (type PowerPoint) ou les envoyer sur internet
rer sa diagonale), sachant que plus le capteur est grand, plus la à ses correspondants ou patients.
quantité de lumière reçue est grande et meilleures peuvent être les
images. Objectif
Sur les APN, il s’agit le plus souvent d’un zoom dont l’amplitude
Rapport largeur/hauteur de focale est exprimée par deux chiffres suivi de « mm », le pre-
Comme pour la télévision, les capteurs des APN peuvent avoir mier correspond au type « grand angle » et le deuxième au type
des rapports largeur/hauteur variables, habituellement 3/2 (reflex) « téléobjectif ». Le rapport entre les deux correspond au grossis-
ou 16/9 (compact) ou 4/3 (compact anciens modèles). Pour nous sement permis par le zoom (entre × 2 et × 10 selon les APN). En
praticiens, le bon rapport largeur/hauteur est celui de l’écran de photographie orofaciale, un grossissement × 3 est souvent suffi-
notre ordinateur ; 4/3 sur les anciens modèles et 16/9 (soit 1,77) sur sant. L’exemple est celui du zoom fourni avec les APN reflex de
les modèles plus récents, ce qui est également un rapport proche bas de gamme qui est un 18–55 mm (Fig. 3A), ce qui fait un rapport
de celui d’un APN reflex qui est 3/2 (soit 1,5). de grossissement de 55/18, soit 3,05 ; ce rapport d’agrandissement
représente un minimum en photographie orofaciale.
Un autre chiffre est présent, c’est celui correspondant à
Transformation numérique/analogique
l’ouverture (il peut être unique sur les objectifs à focale fixe ou
et stockage des données à ouverture constante [F/2,8 par exemple] ou peut varier sur les
Au niveau du capteur de l’APN, les photosites transforment objectifs de type zoom où l’ouverture sera différente selon la focale
l’image en un courant électrique. considérée ; dans la Figure 3A, l’ouverture va de 3,5 à 5,6 variant
Ensuite, ces courants électriques vont être transformés en un selon la focale utilisée) (cf. supra).
premier fichier numérique brut, illisible tel quel (fichier raw). Ce
fichier raw est ensuite converti en un vrai fichier image qui sera Taille de l’écran à cristaux liquides (LCD)
lisible par l’ordinateur ; cette conversion fichier raw-fichier image
Les APN possèdent un écran à cristaux liquides, vous permettant
est faite par un calculateur situé soit dans l’APN (capteurs CCD),
de prévisualiser et de cadrer la photo que vous allez prendre. Sa
soit dans le capteur lui-même (capteurs complementary metal-oxide
taille est exprimée en pouces de diagonale.
semiconductor [CMOS]). En photographie médicale, nous recom-
mandons de ne pas utiliser le format raw qui est chronophage et
« embolise » les disques durs. Il faut travailler avec un seul format, Alimentation
le format « jpg » ou « jpeg », à la condition de garder le plus grand Elle est le plus souvent assurée par une batterie fournie avec
nombre de pixels possible et d’utiliser une compression moyenne l’APN. Nous recommandons d’avoir au minimum deux batteries
(s’il y a trois possibilités de compression) ou faible (s’il y a deux pour éviter de se retrouver avec un APN déchargé le jour où le cas
possibilités de compression). En effet, l’ennemi c’est le nombre « historique » est dans votre cabinet. Il convient également que le
d’images à traiter, ce qui limite forcément la taille de chacune de chargeur de batteries soit indépendant de l’APN afin de pouvoir
nos images. prendre des clichés en même temps que l’on charge la deuxième
batterie.
Exportation des données : ordinateur,
photographie papier Types d’appareil photo numérique
En apportant la carte mémoire de son APN chez le photographe On distingue trois types d’APN :
pour en faire un tirage papier comme pour ses photos de vacances, • les reflex, intéressants en photographie médicale de par leurs
il est possible de faire de la photographie numérique sans recou- vastes possibilités ; ils sont lourds, coûteux, et difficiles à utiliser
rir à un ordinateur personnel. En revanche, en photographie pour le débutant. Ils se définissent par le fait que la visée se fait,
médicale, l’utilisation de l’ordinateur est indispensable pour sto- grâce à des prismes et miroirs, à travers l’objectif ;
cker, classer et retrouver les archives photographiques de nos • les compacts, qui sont les APN que l’on apporte avec soi en
patients. vacances. Ils ont un grand intérêt en photographie médicale de
par leur petite taille qui leur permet de les transporter dans la
poche, de par leur petit capteur qui, bien que moins performant
Choix de l’appareil photo que celui des reflex (en théorie), peut être utile en macro car il
procure une profondeur de champ plus grande. Nous les recom-
numérique mandons aux débutants et à ceux qui n’ont pas beaucoup de
temps à consacrer à leur APN ;
Les éléments déterminants en photographie orofaciale ont été • les bridgés, qui font le lien entre les deux précédents (d’où leur
vus. Le choix de l’APN doit se faire en fonction de ce qu’on sou- nom). Ils se rapprochent des compacts mais nous ne les recom-
haite photographier et du budget dont on dispose. L’utilisation mandons pas en photographie orofaciale car ils sont plus gros
de cet APN est détaillée : techniques de prises de vues orofaciales que les compacts et ne sont pas adaptés à la macrophotographie
(cadrage, mise au point, écarteurs, miroirs), gestion de la batterie, intrabuccale en raison de leur gros objectif qui fait ombre au
utilisation du flash, gestion de la carte mémoire de stockage des flash ; pour pallier cet inconvénient, un flash annulaire adapté
clichés. pourrait être rajouté mais ceci devient compliqué. À noter que
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Certains zooms sont également utilisables si leur rapport Notre choix s’est porté sur les APN compacts étanches qui ont
d’agrandissement et leur distance de mise au point sont compa- l’avantage de ne pas présenter de risque d’ombre portée due à un
tibles. objectif qui dépasse. De nombreuses marques fabriquent des APN
compacts étanches ; citons :
• Sony Cybershot DSC-TX30 ;
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Pratique de la photographie orofaciale à l’ère du numérique 22-010-A-15
Portraits
Avec les optiques grands-angulaires qui équipent générale-
ment les APN compacts, les distorsions de perspective sont
très fréquentes (problème lors des photographies de face des Figure 5. Cliché intrabuccal pris avec un flash inadapté à la photogra-
visages). phie intraorale. Création d’une ombre parasite (1).
C’est pourquoi il est recommandé de mettre le zoom en allant
vers le T (W ou T, pour wide et tele) sur une valeur de focale
suffisante (supérieure à 100 mm en équivalent reflex, c’est-à-dire
habituellement × 2 ou mieux × 3) et de se mettre à une distance
suffisante du sujet (au minimum 1 m).
“ Point fort
Pour les APN reflex, le problème se résout en utilisant les objec-
tifs recommandés (focale supérieure à 100 mm en plein format, Éclairage en macrophotographie
ou leur équivalent sur les APS-C). La mise au point automatique des APN ne peut se faire
que si l’éclairage du sujet à photographier est suffisant.
Cet éclairage peut provenir de l’éclairage ambiant, de
l’éclairage du fauteuil dentaire, d’un scialytique si l’on est
“ Point fort au bloc opératoire, ou d’une lampe d’assistance à la mise
au point présente sur certains APN haut de gamme.
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“ Point fort pour fermer les pupilles du sujet puis un deuxième éclair pour
faire la photographie, mais ce mode prend 1 à 3 secondes et
enlève donc de la spontanéité. Il est souvent activé par défaut
Prise de vue, mode portrait ou paysage ? mais n’est utile que pour les portraits de face ;
• le mode « flash forcé » : ici, on impose le flash, même lorsqu’il y a
L’œil est moins habitué aux compositions verticales car
suffisamment de lumière, ce qui supprime les ombres parasites
il doit balayer la photographie de haut en bas. De plus, et améliore souvent l’éclairage du sujet ; c’est le mode le plus
une impression d’optique fait croire qu’une photographie fréquemment utilisé en photographie médicale en condition
cadrée verticalement est plus grande qu’une photogra- de faible éclairage. C’est celui que nous recommandons dans
phie prise horizontalement (plus précisément que les deux la plupart des situations, sauf s’il y a dans la pièce un éclairage
extrémités sont plus éloignées sur la photographie verti- « lumière du jour » adapté.
cale). Du coup, l’œil humain accorde moins d’importance
aux éléments se situant tout en haut ou tout en bas de
l’image. Flash macro et flash annulaire
On appelle le cadrage vertical le format « portrait ». Si en photographie de surface, comme pour les photos de
peau ou de cheveux, le flash intégré de l’APN est suffisant, en
photographie médicale et surtout intraorale, le flash standard
ne fait souvent pas l’affaire. En effet, le décalage d’axe entre
par exemple, il est logique que le haut soit en haut, la droite à l’objectif et le flash, destiné à limiter les yeux rouges, va engen-
droite ; l’utilisation d’une règle graduée sur le même cliché que drer un autre problème lorsque l’objectif est situé en avant du
celui de la lésion permet non seulement d’avoir l’orientation du flash : la création d’une ombre parasite qui vient perturber l’image
cliché mais également le rapport d’agrandissement utilisé. Il existe (Fig. 5).
de nombreux « standards » de prise de vue ou de cadrage pour C’est pourquoi il existe un autre type de flash dont l’axe est
chaque spécialité médicale. Il est important de s’y conformer et similaire à celui de l’objectif, c’est le flash annulaire.
surtout de pouvoir obtenir une reproductibilité de ces clichés (cf. Afin de faire de la macrophotographie, nous avons vu qu’il
infra). fallait un flash spécifique mais aussi un objectif spécifique
comportant une distance minimale de mise au point très faible,
Netteté inférieure à 30 cm ou moins.
Nous avons également vu que la profondeur de champ étant
Une image floue n’est pas toujours le fait d’une mauvaise mise faible, il fallait utiliser des ouvertures petites (dénominateur élevé)
au point. qui, elles-mêmes, nécessitent suffisamment de lumière.
Il peut aussi s’agir d’une mauvaise combinaison entre la vitesse
de l’obturateur et les mouvements du sujet ou du photographe.
Quelles que soient les conditions, il est impératif de garder son
APN immobile, surtout lorsque la lumière ambiante est faible (ce
qui peut être corrigé en montant les « iso »). Dans ce cas, la durée
d’exposition est plus longue et le moindre mouvement du pho-
“ Point fort
tographe ou du sujet peut donner une image floue. Il ne faut pas
hésiter dans ces cas à utiliser un trépied ou à caler l’APN contre Prise de vue macro avec un APN reflex
son buste. En pratique, en photographie buccale ou en photographie
macro (par exemple au bloc opératoire), il faut un flash
Stabilisateur d’image annulaire, avec TTL, un réglage d’ouverture (A ou Av) petit
(minimum F/16 ou mieux F/22, voire F/32) et une vitesse
En photographie médicale, il a peu d’intérêt dans la plupart des
situations. Malgré cela, si l’APN dispose d’un stabilisateur d’image, autour de 1/60e de seconde.
celui-ci peut être laissé activé dans la majorité des situations. Ses
deux inconvénients sont une diminution de la durée de vie de la
batterie et un petit délai avant de prendre un cliché.
En photographie médicale, il est rare d’avoir besoin de plu-
sieurs flashs en même temps. En revanche, si le flash annulaire
Flash est utile en macrophotographie, un flash standard décalé par
rapport à l’axe de l’objectif est utile pour faire les portraits
Flash standard incorporé ou externe
comme ceux effectués en expertise médicale ou en chirurgie
Le flash est habituellement fourni avec l’APN et suffit dans la esthétique.
grande majorité des cas. Si l’on veut contrôler de façon encore plus précise l’éclairage
Si son axe est trop proche de celui de l’objectif, le phénomène du sujet, on peut monter un « studio photo ». Il s’agit en fait
des yeux rouges peut se produire ; heureusement, ce phénomène d’une pièce dont on aura adapté les caractéristiques au type
est limité en mettant beaucoup de lumière dans la pièce où l’on de photographie que l’on souhaite faire. On va pour cela choi-
travaille, ce qui ferme les pupilles du sujet. Certains flashs ont sir le fond devant lequel sont prises les photos. Un fond bleu
la fonction through the lens (TTL) ou mieux E-TTL, fonction qui clair est recommandé, même si certains préfèrent un fond noir
permet d’avoir une exposition parfaite en mesurant la lumière au qui a l’avantage de cacher les ombres dues au flash mais qui a
niveau du capteur, en arrière des lentilles de l’objectif. l’inconvénient de durcir les traits des patients. L’éclairage du sujet
En photographie médicale, il n’est pas nécessaire de disposer de peut se faire de façon directe avec une, deux, voire trois lampes
flashs très puissants (un NG de 14 suffit). dites « lumière du jour » (ou lampes flood) dont la température
Sur les APN compacts, il y a le plus souvent quatre modes incor- de couleur est proche des 5500 ◦ K mais cet éclairage direct est un
porés de déclenchement du flash : peu artificiel. Afin de rendre l’éclairage plus naturel, on utilise un
• le mode « auto » : le flash se déclenche quand il n’y a pas assez éclairage indirect avec ces mêmes lampes « lumière du jour » dont
de lumière ; la lumière est réfléchie sur une surface blanche ou métallisée. La
• le mode « sans flash » : le flash est supprimé même s’il n’y a pas combinaison d’éclairages direct et indirect permet de donner des
assez de lumière ; l’APN ralentit alors sa vitesse d’obturation. Ce aspects divers que l’on adapte au style de photographie que l’on
mode est bien adapté si l’on veut prendre le cliché d’une radio- veut faire, sachant que contrairement à la photographie au flash,
graphie apposée sur un négatoscope, dupliquer une diapositive on peut voir le résultat sans même avoir besoin de prendre la
ou encore prendre une photographie sur un livre ; photo.
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Pratique de la photographie orofaciale à l’ère du numérique 22-010-A-15
• Secure digital (SD) card : c’est la plus diffusée. Elle est plus petite
Format Négatoscope
Les cartes mémoires sont de divers formats, variables selon la Un négatoscope, dispositif destiné à lire les radiographies, est
marque et le modèle de l’APN, sachant qu’un modèle d’APN n’est présent dans presque tous les cabinets médicaux et dentaires. Il
compatible qu’avec un seul modèle de carte mémoire. Il faut rete- peut servir à numériser des clichés radiographiques (ou tout autre
nir les principales : support transparent comme les diapositives, par exemple).
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Prise de vue : exemples clichés macro. Par ailleurs, si ces clichés macro sont pris au flash,
il faut vérifier que le flash ou l’APN sont capables de limiter la
Quatre situations peuvent être retenues en photographie oro- lumière au strict nécessaire.
faciale : le cliché exobuccal, le portrait, le cliché endobuccal, les La meilleure façon de standardiser l’échelle de prise de vue est de
photographies de radiographies. recourir à des objectifs qui portent les graduations sur leur barillet
ou, sinon, de recourir à une standardisation de la prise de vue
(patient et praticien toujours au même endroit et objectif fixe, ou
Cliché exobuccal objectif zoom avec le même rapport d’agrandissement [× 2 ou × 3
par exemple]).
Ici, il suffit d’appuyer sur le déclencheur et le cliché est obtenu
facilement. N’importe quel appareil photo peut être utilisé à la
condition du respect d’un minimum de conditions. Portrait
En mode « auto », le flash se déclenche, si nécessaire.
Il faut réaliser différentes prises de vue.
En fait, la nécessité d’avoir des images rapprochées en cas de
Nous conseillons de reprendre les standards édictés par
petite lésion va imposer un APN qui puisse au moins faire des
l’European Association for Cranio-Maxillo-Facial Surgery
(EACMFS), association européenne des chirurgiens cranio-
maxillo-faciaux dans le cadre de l’orthodontie et de la chirurgie
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A B C
Figure 6. Standards photographiques de
l’EACMFS : les cinq vues endobuccales (A à
E). Le cercle représente le centre de la photo.
L’astérisque représente la zone de mise au
point (canine ou 1re prémolaire). Ces clichés
nécessitent l’utilisation de miroirs dédiés.
D E
A B
obtenue sur la prothèse à l’arrivée. Ce processus est complexe et revenir sur des détails et caractéristiques largement exposés, appa-
relève de praticiens et de laboratoires performants et habitués à raissent logiques :
travailler ensemble. • la bouche est une cavité complexe avec une anatomie topogra-
Les photos des modèles en plâtre sont réalisées en utilisant un phique aux surfaces réduites situées dans les trois dimensions
arrière-fond noir ou éclairé (tablette lumineuse de lecture ou néga- de l’espace. Les lésions peuvent être de très petite taille,
toscope disposé horizontalement) ; plus récemment, des modèles complexes, remaniées. Le recours à la macrophotographie est
numérisés sont utilisés. nécessaire ;
Les cheveux doivent être écartés de la face, au besoin en utilisant • s’agissant d’une cavité peu accessible à la lumière extérieure, le
un peigne, un bandeau, des élastiques ou des clips. De tels outils recours à un éclairage excellent et adapté est inévitable. Seul le
peuvent être nécessaires pour écarter des mèches de cheveux et flash électronique (de type lumière du jour) offre des caractéris-
exposer une zone du cuir chevelu. Sur les photographies de profil, tiques adaptées ;
de longs cheveux peuvent être simplement disposés sur l’épaule • la cavité buccale a un volume important, et la distance entre
opposée ou maintenus dans un bonnet. les lèvres et la paroi postérieure du pharynx est « énorme » à
Que ce soit pour le dentiste, l’orthodontiste, le paro-implanto- l’échelle de la macrophotographie. Le réglage adéquat de la pro-
logiste ou le spécialiste de la muqueuse buccale, la photographie fondeur de champ y est crucial. Il faut privilégier les petites
dentaire et intrabuccale obéit cependant à des impératifs qui, sans ouvertures de diaphragme (F/16 à F/32) (Fig. 4A, B) ;
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• que ce soit pour les reliefs ou couleurs dentaires ou pour ceux poser pas ailleurs que dans le sac photo auquel il est dédié. Il faut
de la muqueuse buccale et de ses lésions élémentaires, le rendu refermer toujours le couvercle de ce sac entre deux utilisations.
des détails doit être très fin. La sensibilité ISO ne doit pas aller L’APN est sensible aux vaporisateurs de désinfection de surface, au
au-delà des capacités du capteur (1600, voire 3200 pour les talc des gants qui peut s’infiltrer dans le boîtier ou dans les rouages
APN reflex récents). Les capteurs CCD à faible nombre de pixels de l’objectif. On n’utilise que les tissus optiques spécifiques pour
donnent des résultats médiocres. C’est le cas, par exemple, des le nettoyage de la lentille frontale de l’objectif que l’on protège
caméras intrabuccales, largement commercialisées depuis plu- évidemment par un filtre neutre.
sieurs années, parfois intégrées dans les logiciels dentaires et
d’usage très simple. Elles n’offrent qu’une définition limitée
(400 000 pixels) malgré leur coût élevé, et si elles peuvent être Vidéos faites avec les appareils photo
un bon outil de communication avec le patient, leur exploita- numériques : QuickTime, MPEG-4
tion pour la présentation ou l’impression n’est pas satisfaisante ;
• des structures musculomembraneuses mobiles (lèvres, joues) De plus en plus d’APN possèdent une fonction vidéo. La qua-
sont interposées en premier plan ; l’utilisation d’écarteurs spé- lité se rapproche de celle d’une vraie caméra dédiée. Toutefois, la
cifiques est nécessaire ; possibilité de faire des vidéos avec un APN peut rendre de bons
• certaines zones sont inaccessibles directement ou difficilement services, par exemple lors d’une consultation si l’on veut montrer
sans le recours à des miroirs dentaires. un mouvement particulier du patient : étude de la cinématique
mandibulaire, étude de la vision binoculaire, etc.
En raison de la taille des vidéos, ces séquences doivent être
Photographies de radiographies courtes. Plus la définition utilisée est élevée, plus les fichiers géné-
rés sont volumineux, dépassant rapidement le giga octet.
Les photographies de radiographies procèdent du même prin-
Les vidéos produites sont de différents formats, mp4 ou mov
cipe que pour les photographies extraorales, à la nuance près qu’il
le plus souvent, mpg (ou mpeg), plus rarement. Ces vidéos ne
convient ici d’enlever le flash afin d’éviter d’avoir un reflet sur le
sont pas toujours lues directement sur les ordinateurs de type
cliché.
PC, nécessitant l’installation d’un logiciel, heureusement souvent
Les radiographies étant situées dans un plan, il y a peu de
fourni avec l’APN ou accessible sur internet (VLC Media Player, par
déformation mais il convient de rester à plus de 50 cm de dis-
exemple).
tance tout de même (pour limiter les déformations liées à l’objectif
lui-même). Il faut, comme pour les portraits, que l’APN soit situé
au même niveau que la radiographie afin d’éviter les erreurs de
parallaxe. Enfin, on peut s’aider d’une ligne horizontale pour que Archivage et traitement
l’APN soit également horizontal en prenant le cliché. Le mode
« paysage » est le plus utilisé ici.
des photographies numériques
Les vieux documents d’imagerie sont sur support argentique ou
Il n’est pas possible d’envisager la photographie médicale
papier. Ils sont parfois accompagnés de leur CD-ROM. Les docu-
numérique sans prendre en compte l’aspect informatique. Ici,
ments argentiques nécessitent un négatoscope, les documents
l’APN seul ne suffit pas car une fois le cliché médical pris, il
papier peuvent être photographiés tels quels.
faut être capable de l’archiver, de le retrouver, de l’améliorer, etc.
Les images obtenues sont souvent très acceptables si on laisse
L’usage de l’ordinateur est donc impératif, même pour le praticien
l’appareil faire automatiquement tous les réglages (balance des
allergique à l’informatique.
blancs, exposition, ouverture).
Il n’est pas question ici de débattre des avantages et inconvé-
Les négatoscopes peuvent parfois poser problème car :
nients des différents ordinateurs, du fixe ou du portable. Retenons
• l’illumination n’est pas toujours homogène, le centre étant
seulement qu’il faut un disque dur assez volumineux et un pro-
mieux illuminé que les coins ;
cesseur assez rapide.
• il existe un scintillement à la fréquence de 50 Hz (lié à la
Il faut également retenir qu’une fois l’image stockée dans la
fréquence du secteur), imperceptible à l’œil, mais qui peut
carte mémoire de l’APN, il faut ensuite la faire passer dans un
interférer avec les réglages de l’APN si la vitesse de prise de
ordinateur pour la stocker, voire la traiter.
vue est trop rapide, supérieure au 1/50e de seconde (1/125e ,
1/250e , etc.). On peut remédier partiellement à ces inconvé-
nients en utilisant une vitesse d’obturation lente (1/30e ou plus Transfert de fichier
lent) ou en utilisant l’écran de l’ordinateur comme négatoscope
avec un logiciel libre comme Négato (www.masef.com/non- Les photos peuvent passer vers l’ordinateur par un câble sou-
medecins/negato.htm). L’écran devient blanc et surbrillant de vent fourni avec l’APN, par la carte mémoire qui a été enlevée de
façon homogène, ce qui suffit pour visionner et photographier l’APN et insérée dans l’ordinateur ou, enfin, par Wifi grâce à une
des radios simples. Cette fonction est également accessible par carte mémoire–émetteur Wifi qui permet que le transfert se fasse
les utilisateurs du logiciel PowerPoint en appuyant sur la touche instantanément dès que le cliché est pris. Cette dernière fonc-
B en mode diaporama. tion est particulièrement intéressante si le lieu de prise de vue et
Enfin, les images des radiographies peuvent être extraites des l’ordinateur de stockage sont situés à proximité l’un de l’autre.
CD. En affichant l’image sur l’ordinateur avec le logiciel fourni sur
le CD, il suffit de faire une capture d’écran par la fonction « Impr
écran » ou « Prt Scr » de l’ordinateur. L’image capturée est ensuite Renommer les fichiers
traitée par un logiciel type XnView dans lequel on va impor-
Le classement des fichiers va vite devenir un problème pour le
ter l’image capturée (par la fonction « édition/importer le presse
praticien qui gère de nombreux patients et doit gérer de nombreux
papiers »). Sinon, on peut procéder différemment pour récupérer
clichés, rapidement plus de 10 000.
les clichés par le logiciel fourni avec le CD qui permet de sau-
Afin de simplifier au maximum la tâche qui vise à renommer
vegarder les images par la fonction « enregistrer sous » ou « copie
les clichés mais également à les retrouver, il faut suivre quelques
image » souvent accessible par un clic droit de la souris.
règles simples :
• Règle 1 : il faut classer ses photos par années. Les photos de 2013
Recommandations d’hygiène et précautions sont classées dans le dossier « mes images prof 2013 », celles de
2014 dans le dossier « mes images prof 2014 », etc. ;
Même si le risque de contamination est considéré comme bas • Règle 2 : il faut classer les photos d’une année dans des dos-
dans les cabinets et pièces de consultation, les règles d’hygiène, siers thématiques, par exemple Plastique 2014, Tumeurs 2014,
en particulier en ce qui concerne le lavage des mains et le port de Trauma 2014, etc. ;
gants, doivent être scrupuleusement respectées. Il faut toujours • Règle 3 : les thèmes utilisés (plastique, tumeurs, traumatologie)
tenir l’APN dans les mains ou suspendu par une bretelle et ne le sont chaque année les mêmes ;
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• Règle 4 : chaque cliché doit comporter le nom et le prénom du • celle du droit à l’image, qui n’est pas spécifique aux patients,
patient mais également des mots-clés qui sont fonction de la mais s’applique à tout un chacun ;
pathologie du patient. Ces mots-clés sont pris dans une liste • celle du respect de la vie privée qui est également valable pour
préétablie et qui dépend de chaque praticien. Par exemple, tout le monde ;
on peut utiliser comme mots-clés (« pre » pour le préopéra- • celle du secret médical, qui est spécifique aux patients ;
toire, « post » pour le postopératoire, « fracture », « mandibule », • celle des droits d’auteurs, si l’on utilise des clichés pris dans des
« maxillaire », « kyste », « implant », « greffe », etc.). Il convient ouvrages ;
d’éviter les mots avec majuscules ou accents. • enfin, celle du 4 mars 2002, relative aux droits des malades et à
Ainsi, tout est prêt pour archiver et surtout retrouver les clichés l’accès à leur dossier.
d’un patient ou d’une pathologie.
En utilisant ces quatre règles, renommer les fichiers devient un Droit à l’image
jeu d’enfants. Si on a plusieurs clichés d’un même patient, on peut
La loi « informatique et libertés » vient compléter les garanties
renommer les clichés un par un ou, mieux, les renommer en une
apportées par le droit à l’image et le droit à la vie privée.
seule fois par la fonction « renommer par lots » du logiciel gratuit
Le droit à l’image permet à toute personne de s’opposer, quelle
et français XnView (www.xnview.com).
que soit la nature du support utilisé, à la reproduction et à la diffu-
sion, sans son autorisation expresse, de son image. L’autorisation
de la captation ou de la diffusion de l’image d’une personne
“ Point fort doit être expresse et suffisamment précise quant aux modalités de
l’utilisation de l’image (pour quelle finalité l’autorisation a-t-elle
été donnée ? Quelle sera la durée de l’utilisation de cette image ?).
Renommer les clichés par lot avec XnView La diffusion, à partir d’un site web, de l’image ou de la vidéo
d’une personne doit respecter ces principes.
Le non-respect de cette obligation est sanctionné par
l’article 226-1 du Code pénal qui prévoit un an d’emprisonnement
Les clichés de monsieur Dupond Pierre, qui sont des clichés et 45 000 Dd’amende. Pour autant, lorsque la capture de l’image
de fracture de la mandibule pris en 2014 et déjà placés dans d’une personne a été accomplie au vu et au su de l’intéressée sans
le dossier « Trauma 2014 », pourraient être intitulés : « dupond qu’elle s’y soit opposée alors qu’elle était en mesure de le faire, le
pierre fracture mandibule ». Il suffit de sélectionner les trois cli- consentement de celle-ci est présumé.
chés de ce patient puis de faire sous XnView un clic droit qui La loi « informatique et libertés » s’applique dans tous les cas
ouvre la fonction « renommer par lots ». de diffusion de l’image d’une personne (par l’intermédiaire d’un
On tape le nom dans la fenêtre idoine et pour terminer, on site web ouvert au public par exemple). Elle conduit le respon-
clique sur le bouton « renommer ». sable du traitement à informer les personnes dont les images sont
Ce même travail peut être effectué avec des logiciels payants utilisées de son identité, de la finalité du traitement (diffusion
comme Lightroom ou Photoshop Elements. de son image sur un intranet, sur internet, etc.), des personnes
destinataires des images et de l’existence d’un droit d’accès et de
rectification. Enfin, l’article 38 de la loi reconnaît à toute personne
Retrouver les fichiers physique le droit de s’opposer, pour des motifs légitimes, à ce que
Ici, c’est du velours puisque tout le travail a déjà été fait en des données à caractère personnel la concernant fassent l’objet
amont, une fois pour toutes. Nous conseillons d’utiliser un autre d’un traitement.
gratuiciel pour cela, Picasa. Pour en savoir plus, on peut se référer au site sur le droit à
Le principe est le même que lorsque vous faites une recherche l’image, où l’on trouve un résumé des textes écrits par la Commis-
sur internet avec Google. Vous mettez dans la fenêtre votre ou vos sion nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) sur le
mots-clés (ici dupond) et les images s’affichent instantanément en sujet : www.cnil.fr/documentation/fiches-pratiques/fiche/article/
dessous. lutilisation-de-limage-des-personnes/
Vous pouvez également faire une recherche en combinant
« fracture et mandibule », comme dans Google et vous trouvez Respect de la vie privée
plusieurs patients dont un seul en 2014, monsieur Dupond Pierre, Ce respect de la vie privée se rapproche de la loi précédente.
CQFD ! L’article 226-1 du Code pénal punit d’un an d’emprisonnement
et 45 000 Dd’amende le fait de porter atteinte à l’intimité de la
Traiter les fichiers vie privée d’autrui en fixant, enregistrant ou transmettant, sans
le consentement de celle-ci, l’image d’une personne se trouvant
Ici, de nombreux traitements peuvent être appliqués sur les dans un lieu privé. Pour autant, lorsque la capture de l’image
images. Nous ne les détaillons pas mais citons les principales d’une personne a été accomplie au vu et au su de l’intéressée sans
fonctions que nous utilisons : la correction des yeux rouges, le qu’elle s’y soit opposée alors qu’elle était en mesure de le faire, le
recadrage, la rotation, l’anonymisation des clichés comportant le consentement de celle-ci est présumé.
nom ou le visage du patient. Ces différentes fonctions sont très
simples avec XnView. Elles peuvent également être effectuées avec Secret médical
Picasa, Lightroom ou Photoshop Elements.
« Le médecin doit protéger contre toute indiscrétion les docu-
ments concernant les personnes qu’il a soignées ou examinées,
Aspects médicolégaux quels que soient le contenu et le support de ces documents ». Il
en va de même des informations médicales dont il peut être le
détenteur.
Pendant de nombreuses années, droit et médecine ont vécu Le médecin doit faire en sorte, lorsqu’il utilise son expé-
indépendamment l’un de l’autre. L’évolution des mentalités, rience ou ses documents à des fins de publication scientifique
l’évolution du droit mais aussi celle de la médecine ont rapproché ou d’enseignement, que l’identification des personnes ne soit pas
de manière irrémédiable ces deux disciplines. Le numérique n’y possible. À défaut, leur accord doit être obtenu, précise l’article 73
échappe pas, bien au contraire. du Code de déontologie médicale.
Dans le doute, il convient d’ « anonymiser » les clichés en met-
Loi tant des rectangles noirs sur les yeux du patient ou mieux en
« pixellisant » ses yeux afin que l’on ne puisse pas le reconnaître,
La photographie médicale et dentaire tombe sous le coup de lorsque l’on voit son visage. Ceci se fait facilement à l’aide de
plusieurs lois : XnView (filtres/effets/mosaïque) ou Photoshop Elements.
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Le dossier médical est couvert par le secret médical et le méde- Ce dossier médical partagé devrait être consultable sur le web par
cin est personnellement responsable de sa protection contre tous les praticiens concernés par le patient. Il est évident que ce
toute indiscrétion. Il doit en assurer la conservation en pre- dossier comporte des images numériques, que l’on peut consulter,
nant toutes les précautions utiles permettant d’en respecter la récupérer, commenter ou ajouter.
confidentialité. La loi du 13 août stipule que « Dans le respect des règles déon-
La CNIL édicte d’ailleurs un certain nombre de recomman- tologiques applicables et des dispositions du Code de la santé
dations pour en assurer la sécurité et la confidentialité. Elle publique, chaque professionnel de santé exerçant en ville ou en
préconise l’adoption de mesures de sécurité physique et logique établissement de santé, quel que soit son mode d’exercice, devra
qui doivent être adaptées en fonction de l’utilisation qui est faite reporter dans le DMP, à l’occasion de chaque acte ou consulta-
de l’ordinateur, de sa configuration, de sa connexion à internet tion, les éléments diagnostiques et thérapeutiques nécessaires à la
et recommande de chiffrer par cryptage les données figurant sur coordination des soins de la personne prise en charge ».
le disque dur et sur les supports de sauvegarde. Elle préconise
également l’accès à l’ordinateur, au système d’exploitation et aux
applications par des mots de passe individuels, propres à chaque Conséquences pratiques de ces lois
utilisateur. Le mot de passe choisi doit, si possible, être alphanu-
mérique (comprenant des lettres et des chiffres), d’une longueur Si l’on souhaite diffuser certaines images, il faut obtenir l’accord
de six caractères au moins, pas trop courant (éviter initiales, nom, du patient. Ceci est valable si on utilise des images de patients pour
prénom, etc.), changé périodiquement et conservé confidentiel- faire de l’enseignement ou pour les mettre sur des sites internet.
lement. C’est pourquoi il est recommandé, dans les services où l’on utilise
En cas d’absence, même temporaire, il faut penser à éteindre régulièrement des clichés de patient destinés à l’enseignement,
son ordinateur, ou à mettre en place un écran de veille protégé d’apposer dans la salle d’attente, dans le vestiaire ou dans la
par un mot de passe, et ne pas laisser sa carte de professionnel de salle d’examen une petite affiche sur laquelle il est par exemple
santé dans le lecteur. mentionné : « Compte tenu des missions d’enseignement et de
Après avoir été sur internet avec votre ordinateur, il faut recherche de l’établissement, les images médicales enregistrées
penser à vider son navigateur des cookies, des fichiers et de dans ce service sont susceptibles d’être utilisées, sauf opposition de
l’historique. Pour cela, aller sur « outils/options internet » et cli- votre part, dûment signalée aux responsables de ce service. Cette
quer sur les trois boîtes intitulées respectivement « supprimer les utilisation est destinée à des fins de recherche, d’enseignement,
cookies », « supprimer les fichiers » et « supprimer l’historique ». de formation ou de publications scientifiques ou pédagogiques ».
Des opérations similaires sont possibles sur tous les logiciels de En revanche, si la diffusion des images se fait dans l’intérêt du
navigation. patient, par exemple pour adresser des clichés à confrère, il n’y a
Il faut utiliser des antivirus régulièrement mis à jour et installer pas de problème.
un pare-feu (firewall) logiciel ou mieux un pare-feu physique, situé Il paraît prudent ne pas laisser tout le fichier « patient » sur
au niveau de votre boîtier de connexion à internet. l’ordinateur qui est raccordé sur internet. Ceci nécessite d’avoir
Des sauvegardes sur des supports amovibles (DVD ou CD-Rom, deux ordinateurs mais permet d’assurer une certaine sécurité,
disque dur externe) doivent être régulièrement effectuées et notamment au niveau viral.
conservées dans un lieu différent de votre cabinet ou mieux dans Une photographie numérique d’un patient réalisée au cabinet
un autre lieu que le cabinet (risque d’inondation, d’incendie, de appartient au moins en partie à ce patient. Ce qui veut dire qu’il
vol, etc.). est en droit de demander plusieurs années après la prise du cliché
Le contrat d’assistance et de maintenance doit comporter une une copie de cette photo. L’archivage devient donc primordial
clause de confidentialité. Le personnel doit être sensibilisé à ces car il conditionne la possibilité de retrouver les photographies
mesures de sécurité. recherchées ; les différentes méthodes pour nommer et classer les
Le partage du dossier médical instauré par la loi d’août 2004 photographies ont été abordées. Cet archivage doit se faire sur
remet en question bon nombre de ces recommandations. En effet, plusieurs types de supports, dont au moins un inaliénable (CD ou
tout praticien ou établissement hospitalier a accès à l’ensemble DVD), conservés dans des endroits différents.
des informations du dossier du patient où qu’elles se trouvent.
Certains médecins ont donc accès à des données inutiles au trai-
tement de la pathologie en cours. Le patient peut également être Déclaration d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts en
réticent à ce qu’un médecin autre que son médecin traitant soit relation avec cet article.
au fait de toutes les strates de sa vie médicale (par exemple qu’il a
été sujet à une dépression, ou encore que la patiente ait subi une
interruption volontaire de grossesse). Remerciements : au docteur S. Houllier pour ses clichés.
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C. Chossegros (cchossegros@ap-hm.fr).
Service de stomatologie et chirurgie maxillofaciale, Centre hospitalier universitaire de La Timone, boulevard Jean-Moulin, 13385 Marseille cedex 5, France.
L. Benslama.
69, rue de la Tour, 75016 Paris, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Chossegros C, Benslama L. Pratique de la photographie orofaciale à l’ère du numérique. EMC - Chirurgie
orale et maxillo-faciale 2015;10(3):1-17 [Article 22-010-A-15].
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