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Chapitre 8

Toxicologie de l’alcool
éthylique

Toxicologie
Faculté de pharmacie de monastir - DCEP 1
2013 - 2014
PLAN
➢ Introduction
ÉTHANOL
 ➢ Étiologiesde l’intoxication
➢ Métabolisme
➢ Toxicité
Amira Dorra ➢ Symptomatologie
Laboratoire de Toxicologie ➢ Toxicologie analytique
CAMUR- Tunis ➢ Traitement et prise en charge

INTRODUCTION ETIOLOGIES (1)


➢ Intoxication la plus répandue dans le monde :
aiguë ⇒ ivresse, chronique ⇒ éthylisme ➢ Exposition professionnelle :
- intoxication chronique avec large absorption
" par voies pulmonaire, cutanée
➢ Origine de l’éthanol : - usages : solvant, réactif de laboratoire, dans
*fermentation des glucides ⇒ vin, bière, cidre,… l’industrie pharmaceutique, les teintures, les
*boissons obtenues après enrichissement par parfums,….
distillation / eau-de-vie, liqueur,…, de titre plus "
élevé ➢ Tentatives
" de suicide : alcool/psychotropes,
➢ Troubles
alcool/gaz toxiques / CO
et accidents imputés à l’alcool ⇒ fléau
social : France = 23000 décès/an, USA = 1400 "
décès ➢ Intoxication accidentelle (domestiques) chez le
" nourrisson : voie transcutanée (frictions)
➢ Alcoolisme = Toxicomanie
MÉTABOLISME (1)
ETIOLOGIES (2) ➢ Absorption essentiellement digestive,
passive : 20 % au niveau gastrique
➢ Consommation excessive de boissons 80 % au niveau duodénal
alcoolisées : ➢ Dépend : type de boisson (titre), rapidité
- durée (chronicité) d’ingestion, vacuité digestive, individu
- qualité (titre en alcool) (alcoolique, gastrectomisé,…)
➢ Distribution : diffusion dans le sang circulant
➢ Consommation moyenne dans le monde:
puis dans les liquides intra et extracellulaires
8 litres d’alcool pur/personne/an et tous les organes notamment cerveau,
➢ Premier pays consommateur d’alcool : poumon, foie ⇒ résorption totale en 2 – 6h.
Le Vd = 0,7 l/kg
France ➢ Franchit la barrière placentaire, diffuse dans
Buveurs excessifs >10% le LCR et le lait

MÉTABOLISME (2) MÉTABOLISME (3)


➢ Élimination :
- Forme inchangée (2 à 10%) ➢ Voie de l’ADH : principale voie d’oxydation, la
*air expiré (2 à 3%) : Q/2l air alvéolaire = Q/1ml de 1ère qui entre en action (NAD, Zn)
sang "
*urines : à partir de 1 g/l, faible malgré une ➢ Voie de la catalase : mineure, entre en action à
augmentation de la diurèse 1 g/l
*Lait maternel, sueur, salive, larmes "
- Catabolisme : ➢ Voie du MEOS : mineure quand A >1 g/l, devient
* Oxydation hépatique (80% de l’éthanol absorbé) importante en cas d’alcoolisme chronique car
* Oxydation mineure au niveau d’autres tissus inductible, nécessite de l’oxygène et NADPH
"
* Capacité d’oxydation fonction de la quantité ➢ Voie radicalaire :
alcool en excès ⇒ tissus ⇒ effets directs
EtOH + OH• → acétaldéhyde + H2O
MÉTABOLISME (4) MÉTABOLISME (5)
➢ Nombreuses voies d’oxydation se
Éthanol
↓ ADH, catalase, MEOS, OH. développant au cours de l’alcoolisme
augmentant la tolérance métabolique
Acétaldéhyde
↓ ALDH "
Acétate ➢ Métabolites toxiques :
↓ Thiokinases (Tissus périphériques)
- Acétaldéhyde = très oxydant, électrophile,
Acétyl-coA
↓ oxyde les protéines : nécrose
Cycle de Krebs les acides nucléiques : risque cancérigène

CO2 + H2O + E

TOXICITÉ (1) TOXICITÉ (2)


➢ La toxicité de l’éthanol est due :
❑ Toxique lui-même : atteinte des structures nerveuses ❑ Conséquences métaboliques de l’oxydation de
" l’éthanol :
pouvoir anesthésique membranaire - Hyperproduction de NADH, H+
dépresseur centrale
atteinte de la conscience, coma ADH Ald DH
Éthanol Acétaldéhyde Acétate
❑ Acétaldéhyde (effet antabuse) :
❖ réactions d’intolérance (vasodilatation, hypotension, céphalées, "
NAD+ NADH H+ NAD+ NADH H+
vomissements..) "
❖ altérations mitochondriales, lésions hépatocytaires LDH
Lactate Pyruvate
TOXICITÉ (3) TOXICITÉ (4)
➢ L’augmentation de NADH H+/ NAD+ induit :
➢ Le NADH H+ formé doit être réoxydé pour - une augmentation de Lactate/Pyruvate dans le sang
participer de nouveau à l’oxydation de et les hépatocytes
l’alcool - hyperlactacidémie : perturbation de l’élimination
urinaire de l’acide urique → goutte
➢ La réoxydation ne se fait que dans la
et stimule la biosynthèse hépatique de collagène
mitochondrie (chaîne respiratoire)
- une augmentation de la concentration de α
➢ Le NADH H+ ne franchit pas la membrane glycérophosphate favorisant la synthèse des
mitochondriale intervention d’une triglycérides
navette malate - aspartate - diminution du catabolisme des acides gras
- diminution de la néoglucogenèse → hypoglycémie

SYMPTOMATOLOGIE (1) INTOXICATION AIGUË


1- Phase d’excitation ou de facilitation (1 g/l) :
➢ Effets cliniques dûs à : éthanol, métabolites euphorie, loquacité, déshinibition, incoordination
(acétaldéhyde), conséquences métaboliques motrice, retard des réflexes.
" "
➢ Intoxication aiguë : 2- Phase dépressive, phase d’ivresse caractérisée (1 à 2 g/l) :
réactions de plus en plus lentes, incoordination plus marquée ⇒
- Corrélation signes cliniques / alcoolémie risque d’accidents,
- Variabilité inter-individuelle vasodilatation périphérique avec risque d’ischémie cérébrale en
- 3 phases : Phase d’excitation, phase dépressive, cas de refroidissement
phase de paralysie ➢ Formes particulières : furieuse, délirante, hallucinatoire

" "
3- Phase de paralysie ou phase comateuse (3 g/l) :
➢ Intoxication chronique : ➢ paralysie entraînant le coma, mais surtout l’inhibition des centres
- Atteinte de plusieurs organes cardiaques et respiratoires
- Dépendance + tolérance
INTOXICATION AIGUË INTOXICATION CHRONIQUE (1)
➢ SNC : tremblements,
➢ SNP : paralysies, crampes, polynévrite
➢ Biologie : acidose métabolique,
➢ Foie : stéatose, cirrhose, hépatite
hyperlactacidémie, hypertriglycéridémie,
hypoglycémie, hyperuricémie alcoolique
➢ Tube digestif : cancer œsophagien
➢ Complications : insuffisance
➢ Pancréas : pancréatite aiguë
respiratoire, CCV, hypothermie, atteintes
➢ Appareil cardiovasculaire : HTA,
viscérales / pancréatite et hépatite
aiguës, hémorragies méningée et cardiomyopathie
➢ Œil : névrite optique
digestive.
➢ Muscle squelettique : rhabdomyolyse

Alcool au volant INTOXICATION CHRONIQUE (2)

Effets sur le conducteur dès 0,5 g/l ➢ Complications du sevrage ⇒ Delirium tremens
➢ Signes cliniques
• Rétrécissement du champ visuel
❖ Confusion mentale, désorientation temporospatiale
• Sensibilité à l’éblouissement augmentée ❖ Tremblements des extrémités, agitation insomnie.
• Altération de l’appréciation des distances ❖ Signes généraux : hyperthermie, sueurs,
• Diminution des réflexes tachycardie, HTA, diarrhée.
• Effet euphorisant ⇒ surestimation des capacités "
Traitement
• Risque d’accident x 2 : 1ère cause de mortalité au
➢ Urgence médicale,
Canada, 30 à 40 % des accidents de la circulation en France
➢ Réhydratation et sédation de l’agitation
• Législation tunisienne ≥ 0,5 g/l
"
TOXICOLOGIE ANALYTIQUE (1) TOXICOLOGIE ANALYTIQUE (2)
Méthodes de dosage :
➢ Prélèvement : air ambiant, air expiré, sang, - Méthodes chimiques :
urine, salive, sueur, liquide ou contenu ➢ Méthode de Cordebard : méthode officielle,
gastrique séparation de l’alcool par distillation en présence
" d’acide picrique à chaud, oxydation par le
1) Dosage sanguin : bichromate (mélange nitrochromique), excès de
bichromate dosé par iodométrie par retour
- Intérêt : clinique, professionnel, médico
➢ Méthode sulfochromique : variante de la
légal (conduite en état d’ivresse, mort toxique) précédente, méthode de Nicloux par retour, excès
- Conditions de prélèvement : ponction de bichromate dosé par manganimétrie
veineuse, désinfectant sans substance oxydante ➢ Méthode de Widmark : extraction par
ou réductrice (alcool, éther) ⇒ Dakin, microdiffusion en cellule de Conway avec
chauffage au BM, dosage après oxydation
anticoagulant = NaF, nitrochromique ou sulfochromique, excès dosé par
expertise médico-légale : 2 tubes scellés iodométrie ou manganimétrie par retour

TOXICOLOGIE ANALYTIQUE (3) TOXICOLOGIE ANALYTIQUE (4)


- Méthodes enzymatiques (déprotéïnisation par - Méthode physique = CPG/FID ou électrochimie :
HClO4): plusieurs variantes
➢ Méthode à l’ADH : ADH, milieu tamponné, NAD+, ➢ injection directe du sang dans un étalon interne /
semi-carbazide (pour une réaction complète) ⇒ isopropanol, ou après séparation de la phase
augmentation de l’absorbance due à NADH,H+ vapeur à l’équilibre = technique d’espace de tête
proportionnelle à la quantité d’éthanol, mesurée à ➢ Méthode très sensible, spécifique, matériel lourd
340 nm. Méthode rapide, spécifique, non officielle.
➢ Autres variantes des méthodes enzymatiques = 2) Dosage dans les autres milieux biologiques :
- méthodes colorimétriques : alcool oxydase ⇒ ➢ Urine,Sueur (intérêt épidémiologiques),Salive
H2O2 formé + chromogène (phénol + 4-amino- (Corrélation avec la quantité d’alcool dans le sang),
antipyrine, ou 4-aminophénazone + acide Lavage gastrique (contrôler le lavage),Contenu
chromotropique) ⇒ composé coloré. gastrique (diagnostic de mort toxique)
- FPIA : ADH/ NADH,H+ + INT (violet de
Iodonitrotétrazolium = composé fluorophore) ⇒
NAD+ + INT-Formazan
TOXICOLOGIE ANALYTIQUE (5) TOXICOLOGIE ANALYTIQUE (6)
3) Dosage dans l’air : 4) Autres dosages :
➢ air ambiant après barbotage de l’air dans - glycémie, ionogramme, gaz du sang, acide
l’eau, air expiré lactique, enzymes (transaminases, CK, LDH,
➢ Méthode chimique : bichromate imbibé de amylase)
solution acide sur un support, réduction du - Marqueurs biologiques de l’alcoolisme :
réactif révélée par virage du jaune au vert GGT,VGM, ALAT/ASAT,
(alcootest) CDT = carbohydrate deficient transferrine
➢ Méthode physique = IR : éthylométrie basée
▪ CDT : Glycoprotéine hépatique,
sur l’absorption dans l’IR de l’éthanol
spécificité > 90%
➢ Valeurs atmosphériques : VME = 1000 ppm,
VLE = 5000 ppm sensibilité > VGM, GGT

Intoxication aiguë
➢ Lavage gastrique
➢ Intubation, ventilation, réchauffement
➢ Réhydratation + électrolytes
Traitement 
 ➢ Bicarbonate à 14% (acidose)
&
 ➢ Sérum glucosé 10% (hypoglycémie)
prise en charge ➢ Remplissage vasculaire (hypotension)
➢ Vitamines
➢ Epuration extra-rénale (alcoolémie > 6 g/
l)
Intoxication chronique
Cure de désintoxication + assistance morale et
sociale
- Traitement médicamenteux : pas systématique
➢ BDZ, méprobamate, tiapride (NL), carbamazépine :
Durée brève (2 à 3 semaines), diminution
progressive de la posologie
➢ Vit B1, B6 et B12
➢ Disulfirame ⇒ effet antabuse = réaction
d’intolérance : nausées, vomissements,
tachycardie, hypothermie, vasodilatation au niveau
de la face

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