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Espaces industriels, villes, métropolisation : quelques éléments

Comment la puissance industrielle russe organise-t-elle le territoire ? Quels sont les atouts et les faiblesses des villes ?

I) Une géographie industrielle et urbaine héritée de l’URSS et remodelée depuis 2000

On est passé depuis 1991 d’une économie étatisée et centralisée à un système supposé capitaliste, voire néolibéral
(désengagement de l’Etat de vastes secteurs économiques et sociaux) où l’Etat joue un rôle encore important dans
certains secteurs (hydrocarbures, armement). 28% de la population active serait employée dans l’industrie – mais ce
nombre comprend l’extraction minière, dont relève la plupart des grands groupes « industriels » russes : hydrocarbures,
nickel, potasse, etc. auxquels s’ajoute la métallurgie (sidérurgie : acier + alumnium) (voir tableau des entreprises).

Héritage soviétique : industrialisation de la période stalinienne avec des usines géantes (combinats) dans l’industrie
lourde : sidérurgie, aluminium (près des barrages géants en Sibérie) mais aussi nucléaire et armement (hérité du
tsarisme aussi : Ijevsk dans l’Oural et Toula). L’agro-alimentaire et le secteur automobile sont, eux, dominés par les
constructeurs étrangers (Renault-Nissan a racheté AvtoVaz = Lada en 2017 ; ex-usine Fiat fondée en 1966 à Toliatti sur la
Volga), sauf les camions et camionnettes (GAZ qui fabrique les « Gazelle » - minibus utilisés comme marchroutki = taxis
collectifs privés, dans de nombreuses villes – mais disparus à Moscou) + KAMAZ les camions, notamment militaires.

La localisation des usines dépend des ressources naturelles (énergie, minerais, etc.) et/ou des axes de transport et des
enjeux géostratégiques (héritage de l’évacuation des usines de 1941-42) : parfois loin des frontières (Oural, Sibérie) ou
en rapport avec le rapprochement économique et politique avec la Chine depuis 2001 (création de l’Organisation de
coopération de Shanghai, Russie+Chine+Kazakhstan+…+Inde & Pakistan en 2017). La partie européenne est la plus
développée, sauf pour aluminium (Sibérie), potasse (Oural), et une partie de sidérurgie (Oural), nucléaire, aéronautique
& pétrochimie (Oural et Sibérie) ainsi que du papier-cellulose (besoin de beaucoup d’eau : près des barrages ou lacs).

II) Une puissance industrielle dans certains secteurs jugés stratégiques par l’Etat, des fortunes privées de rang mondial

Fleurons dans l’industrie lourde et l’industrie des biens d’équipement militaire principalement : l’aluminium (Rusal 1er
groupe mondial), l’engrais de potasse (Ouralkali 2ème groupe mondial, région de Perm), le nucléaire (Rosatom, qui s’est
vu confier l’administration de la Route maritime du Nord avec ses brise-glace atomiques en 2018 et a fait la centrale
flottante « Lomonossov » de Pevek, en Tchoukotka) et l’aéronautique militaire + l’aérospatiale (voir carte) et :

- les autres usines du complexe militaro-industriel = vaste ensemble d’entreprises détenues par l’Etat qui fournit
l’armée russe, beaucoup sont dans l’Oural (ex pour les chars : Uralvagonzavod à Nijni Taguil et Uraltransmash à
Ekaterinbourg), Kalachnikov à Ijevsk, chasseurs Mig à Nijni-Novgorod, Soukhoï à Komsomolsk-sur-Amour en ext-orient
Dans les années 2010 la Russie est redevenue le deuxième pays exportateur d’armements dans le monde (après les
États-Unis). Elle a actuellement le quatrième budget militaire en valeur absolue (10 fois moins élevé que les EU et 5 fois
moins que la Chine - qui est la nouvelle puissance militaire en forte progression aujourd’hui : navale, notamment).

- la sidérurgie : à Tcherepovets (oblast de Vologda au Nord) / à Lipetsk (au sud de la Russie européenne) + à
Magnitogorsk et Tcheliabinsk et dans d’autres villes de l’Oural (+ cuivre à Ekaterinbourg)
- le nucléaire : la Russie a 9 réacteurs nucléaires en construction (2 ème après la Chine : 25) et plusieurs sites du complexe
atomique militaire où se fait le « retraitement » des déchets nucléaires : Oziersk (Kyshtym) près de Tcheliabinsk (lieu
d’une catastrophe nucléaire en 1957), Seversk (Tomsk-7) en Sibérie, Angarsk, sur le Baïkal
- l’automobile : succès du « cluster » de Kalouga depuis les années 2000 où se sont installées des usines automobiles de
PSA, Mitsubishi, Volkswagen, Total lubrifiants + région de Spb + Vladivostok + Oural (UAZ, Kamaz) + Toliatti sur la Volga
- la construction de matériel roulant ferroviaire : région de Moscou + Ekaterinbourg (avec Siemens : le Desiro)

III) Les villes en Russie : une armature urbaine déséquilibrée (comme en France), une métropolisation incomplète

Taux d’urbanisation : 75% (définition ville 3000 hab) / France 80% / moy UE : 75%. Il y aurait encore 800 « monovilles »
héritées de la période soviétique ; soit ¼ de la pop urbaine… = villes moyennes très nombreuses en Russie.
Les villes scientifiques forment un lobby qui a fonctionné un peu dans les années 1990 et 2000, mais désormais seules
Skolkovo à Moscou et Innopolis à Kazan s’en sortent réellement… et Novossibirsk « Silicon Valley dans la taïga ».
Seule Moscou peut prétendre au statut de métropole de rang mondial (mais pas dans le domaine financier). C’est une
capitale qui concentre les richesses (25% du PIB pour 10% de la pop) et une « ville entrepreneuriale » où les citoyen.ne.s
sont peu associé.e.s à la gestion de l’espace urbain (malgré quelques programmes locaux). Les autres capitales régionales
ont quelques atouts : tourisme (SPb), industrie et nouvelles technologies (SPb, Ekaterinbourg, Novossibirsk, Kazan,
Tcheliabinsk), énergie (Kazan, Tioumen), agroalimentaire (Ekaterinbourg, Voronej, Tomsk) automobile (Kalouga).

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