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Histoire Médiéval Yamina El Hadj Ali

Prix et monnaies à l’époque de Charlemagne

Le Capitularia regum Francorum Tome 1 est un fascicule qui comprend les textes originaux
des capitulaires établis par le Roi Francs, écrit par l’historien et homme politique Allemand Alfred
Boretius datant de 1881. Il est né en 1838, puis mort en 1900.
Des capitulaires renversèrent l’idée que le royaume des Francs faisait face à une grave série de crise
alimentaire qui survient entre la fin du VIIIe siècle et le début du IXe siècle. Cette crise touche
l’ensemble de la population, victime de l’inventaire du domaine royal d’Annappes ( Asnapio ) au
Nord sur les rendements frumentaires. Les sociétés au Moyen-Âge ont dû faire face à de gros
problèmes d'approvisionnement récurrent, en allant à la fois de la pénuries de certaines denrées
alimentaires, style faible spéculation céréalière, où la propagation de la famine à une échelle
occidentale, notamment la grande famine de l’Irlande vers 1845 à 1849.
La France donne l’image d’une économie rurale fermée, qui s'explique par de graves déficiences
techniques, difficulté à nourrir l’ensemble de la population. Des rumeurs de cannibalisme
s’installent, une famine tellement ancrée chez les hommes, qu’elle finit par les pousser à faire des
choses immondes, ces derniers viendraient même à manger les membres de leurs familles.
L’époque carolingienne est à l’origine d’une première croissance économique, dont la famine est
considérée comme acteur majeur dans l’accident de cette croissance, déséquilibre entre une
population en pleine croissance rapide et une économie rigide, présente dans les grands domaines.
Une famine qui a permis aux agriculteurs de mieux produire, selon l’historien médiéviste français
Pierre Bonnassie, les hommes avaient perfectionné des techniques et des pratiques agricoles en
améliorant leurs outillages et dans leurs façons culturelles. Mais des progrès peu spectaculaires sur
le long terme mais qui restent décisifs dans l’avenir de l’économie occidentale.
Des mesures sont mises en place par les princes carolingiens pour lutter contre la crise alimentaire,
mise en place de trois capitulaire promulguées par Charlemagne, roi des Francs, entre fin VIIIe
siècle et le début du IXe siècle : le Capitulare episcoporum en 779, le capitulaire de Francfort en
juin 794 et le capitulaire des missi ( Nimègue ) en mars 806, publiées dans le Capitularia regum
Francorum, afin de mettre en place des mesures pour lutter face aux problèmes
d'approvisionnement.
Dès lors, nous verrons quels sont les résultats des capitulaires établis par le Roi des Francs pour
combattre les grands problèmes d'approvisionnement à l’intérieur du peuple.
I / En premier lieu, nous allons voir les répercussions engendrées par la famine dans le royaume des
Francs au moment du capitulaire de Francfort, puis, II/ nous détaillerons les mesures prises face aux
difficultés perpétuelles présentées dans le capitulaire de Nimègue.

I / Les répercussions engendrées par la famine dans le royaume des Francs au moment du
capitulaire de Francfort :

Dans le royaume des Francs, les années 792 et 793 sont synonyme d’une importante famine
ancrée dans la société, et qui s’étend géographiquement, si on s’appuie sur les annales de Franques,
un ouvrage historique rédigé dans le cadre de la monarchie carolingienne, ainsi que des rumeurs de
cannibalisme viendrait appuyer ce propos.
Dans le chapitre 4, on comprend qu’un capitulaire sera publié par le Roi Charlemagne suite à la
crise alimentaire qui survient dans tout le royaume, nommée le “capitulaire de Francfort” datant de
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juin 794. L’assemblée carolingienne “ le saint synode” décide lors d’une assemblée mixte composée
de puissants laïcs et ecclésiastique d’approuver le concile de Francfort.
Un capitulaire qui évoque les décisions prises concernant la monnaie et le prix des denrées
alimentaires : il établit que personne, ni un laïque ni un ecclésiastique, ne peut vendre les céréales
pour un prix plus important que celui qui a été établi pour un « muid public »”, c’est-à-dire “pour un
muid d’avoine, un dernier ; pour un muid d’orge, deux derniers ; pour un muid de seigle, trois
derniers ; pour un muid de froment, quatre derniers”. Cela était aussi le cas pour les céréales vendus
sous forme de pain : “un denier douze pains de froment, pesant chacun deux livres ; en seigle,
quinze d’un même poids pour un dernier ; en orge, vingt ayant le même poids ; en avoine, vingt-
cinq ayant le même poids”.
Le concile de Francfort signifie la défense de l’importance de la monnaie, du juste prix des
denrées de première nécessité, de l’attaque contre l’hérésie à partir d’une décision synodale, et
l’importance de la miséricorde face à la piété “dans la mesure où le don de Dieu le permettra”,
montrent que le roi Francs souhaite gouverner le royaume selon le principe de la justice. Des
préceptes chrétiens se cachent derrière ce capitulaire afin de lutter contre ce qui est considéré
comme injuste dans la religion chrétienne, mais aussi l’importance des céréales, du pain et du poids
de la monnaie dans la justice chrétienne.
En cas de vente, les céréales publiques issus des domaines royaux, les prix serait afficher à la moitié
du prix défini plus haut concernant l’avoine : “ 2 muids pour un dernier ; 1 muid d’orge pour un
dernier ; 1 muid de froment pour trois derniers”, ce dernier serait un quart moins élevés que
d’habitude, le coût de production serait pris en compte selon certaines hypothèse d’historiens dans
les domaines royaux.
Ainsi, le capitulaire de Francfort avantagerait ceux qui avaient reçu un bénéfice royal à ne pas
mourir de faim, ici le capitulaire fait référence directement “ aux colons” qui dépendent de ce
bénéfice, et une fois que ces derniers étaient rassasiés, le reste de nourriture pouvait être vendu,
c’est-à-dire les valeurs du “muid public”.
La famine qu’a connu la France de 792 à 794, les céréales et le pain ont été victimes des prix
exorbitants dont chaque commerce autonome serait immédiatement considéré comme injuste et
illégal.

Nous avons ainsi montré que le capitulaire de Francfort est mis en place pour combattre la
crise alimentaire que le royaume Franc est en train de subir. Un concile qui défend l’importance de
la monnaie, mais également le principe de justice pour tous qu’un bon chrétien doit adopter afin de
lutter contre ce qui est considéré comme injuste. Il convient donc, dans un second temps, d’étudier
les mesures adoptées contre l’extrême pauvreté du peuple par le royaume au moment de la
publication du capitulaire de Nimègue en mars 806

II/ Les mesures prises face aux difficultés perpétuelles présentées dans le capitulaire de
Nimègue :

Le capitulaire de Nimègue est publié également dans un contexte de crise alimentaire en


mars 806. Un concile qui s’adresse directement aux missi, des représentants de l’empereur dans
chacune des circonscriptions de l’empire. À partir du chapitre 9, ce capitulaire encourage l’aide aux
pauvres et cherche à combattre la mendicité afin de “lui permettre pas d’aller mendier ailleurs”.
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Ainsi le roi des Francs ordonne à ses fidèles qu’ils nourrissent les pauvres “sur les revenus de son
bénéfice”. Mais une chose que le Roi ne tolère en aucun cas, ceux qui n'assurent pas pour s’en sortir
et demande de ne rien donner à ceux “qui ne travaillent pas de leurs mains, que personne ne se
risque à leur donner quoi que ce soit”.

Des mesures sont prises par l’assemblée carolingienne face aux crise alimentaires : l'utilisation du
lien de fidélité dans la mobilisation des ressources nécessaires à l’assistance à ceux qui sont dans le
besoin. Mais aussi, ceux qui bénéficient des avantages du Roi sont tenus d’aider et de soulager les
nécessiteux face aux effets des crises alimentaires, incluant aussi leurs dépendants et leurs familles.
Mais l’objet de ces bénéfices ordonne aussi en contrepartie la fidélité et le partage des
responsabilités vis-à-vis des victimes de la famine.

Le capitulaire de Nimègue définit dans le chapitre 11, l’usure comme la situation dans laquelle “on
réclame plus qu’on a donné”. Ensuite, la cupidité (cupiditas) est définie de deux manières “ en
bonne ou en mauvaise part” : en premier lieu, elle apparaît de manière positive, c’est-à-dire “Je
désire disparaître pour être avec le Christ” et “mon âme a désiré être dans la maison du Maître”.
Mais aussi de manière négative “il veut obtenir injustement quoi que ce soit au-delà de la norme”. A
partir du chapitre 14, l’avarice se présente comme acte d’obtenir et de rechercher “le bien d’autrui”
et “à ne donner à personne son dû” ; et selon l’apôtre, elle serait aussi la racine de tous les maux.
Dans le chapitre 15, on parle de ceux qui pratiquent le “profit indu” en latin (turpe lucrum), ils sont
ceux qui souhaite obtenir “ par diverses tromperies” quoi que ce soit, ainsi commettant de
mauvaises actions.
Cependant, le turpe lucrum est opposé au « profit », qu’on définit comme un gain juste “qui ne
réclame pas plus que ce qu’il doit rapporter”.
Il y aurait donc un profit tolérable qui ne brave pas le principe de la justice. Le capitulaire donne
l’exemple que "quiconque achète des céréales ou du vin” au temps de la récolte ou de la vendange
“serait par cupidité en achetant “un muid de deux derniers”, jusqu’à qui puisse le vendre “à quatre
derniers, six derniers ou plus”. Dans le chapitre 18, les céréales ne peuvent pas être vendues à une
valeur supérieur “d’un muid d’avoine pour deux derniers, un muid d’orge contre trois derniers, un
muid d’épeautre contre trois derniers, un muid de seigle contre quatre derniers, un muid de froment
contre six derniers”, causées par une famine sévère installées dans de nombreux endroits.
Comme dans le capitulaire de Francfort, la France s’inquiète également de la quantité de céréales
contenue dans chaque muid.

Pour conclure, les résultats du capitulaire de Nimègue mentionnent une grande augmentation
des prix du céréales issus des domaines royaux vis-à-vis des prix établis en 794 au moment du
capitulaire de Francfort. On remarque une inflation et des faibles mesures adoptées dans les
précédents capitulaires. Le capitulaire de Nimègue montre une grande volonté face aux crises
alimentaires, car elle définit un juste poids pour les céréales et combat la spéculation. Des
capitulaires qui ont pour notion “ la justice” dans les échanges marchands, et font face aux
problèmes de l’usure, la cupidité et l’avarice. La solution pour y faire face est le respect immédiat
des règles du bon commerce c’est-à-dire le “juste prix” sur les denrées alimentaires.
Les carolingiens face aux crise alimentaires se doivent de se comporter en bon chrétiens, c’est-à-
dire l’appel à la messe, le jeûne, l'aumône, et l’obligation de venir en aide aux miséreux afin de
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vaincre les difficultés et rétablir l’équilibre de la société. Mais aussi, la volonté d’améliorer les
interventions sur les échanges marchands, influencée par la vision chrétienne sur la famine et ses
conséquences, les capitulaires carolingiens mis en place par le roi Francs sont le fruit d’une
expérience administrative et sociale.

Bibliographie :

Cândido da Silva,M., « L’économie morale carolingienne ( fin VIIIe-début IXe siècle ) »,


Médiévale, 66 (Printemps 2014), p. 159 à 178.
DOI : https://journals.openedition.org/medievales/7274

Cândido Da Silva,M., « Les disettes et les prix des denrées alimentaires à l’époque carolingienne »,
Melanges de l'Ecole Francaise de Rome. Moyen Age, 131-1 (2019).
DOI : https://journals.openedition.org/mefrm/5163

Sitographie :

LeMonde, Charlemagne, Francfort et le « dernier unique »,


https://www.lemonde.fr/idees/article/2010/10/04/charlemagne-francfort-et-le-denier-
unique_1419785_3232.html, consulté le 25 octobre 2022.

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