Vous êtes sur la page 1sur 7

CAS N 9

La société de transport A, filiale d’une collectivité locale, est une société anonyme ne faisant
pas appel public à l’épargne. Son capital de 10 000 000 Dinars, composé des actions de 100
dinars de nominal, est totalement appelé et libéré à l’exception d’un actionnaire minoritaire
privé qui n’a pas donné suite à l’appel du dernier quart de sa participation de 5% souscrite
depuis la création.

En votre qualité du Commissaire aux comptes de la société A et dans le cadre de votre


mission vous avez relevé les opérations suivantes:

1/ Après réception par fax d’une offre commerciale, la société « A » a conclu un contrat
annuel pour l’approvisionnement en pièces de rechange avec la société anonyme « B »,
actionnaire à 5% de son capital et membre de son Conseil de surveillance. Le contrat porte
sur la somme de un million de dinars.

2/ Lors de sa réunion du mois d’avril 2007, le Directoire de la société anonyme A, a nommé


parmi ses membres, un Président, tout en fixant sa rémunération mensuelle et la liste des
avantages dont il pourra bénéficier. La feuille de présence de la réunion du Directoire a été
signée par uniquement 50% de son effectif, soit les seuls trois membres présents, dont le
nouveau Président et le représentant de la collectivité locale.

3/ L’assemblée générale extraordinaire de la société A, dans sa réunion du 20 juin 2007, a


décidé d’augmenter le capital social de 20% par émission des nouvelles actions à un prix
d’émission de 150% du nominal et qui sont à attribuer aux détenteurs des anciennes parts
de fondateur créées depuis la création de la société en 1990. L’opération a été totalement
achevée le 30 juillet 2007.

4/ Lors d’une assemblée générale extraordinaire du 30 août 2007, les actionnaires de la


société A, ont décidé dans une première résolution, la scission de 20% des actions ordinaires
composant le capital actuel (après augmentation) en certificats d’investissement et
certificats de droits de vote. Dans une deuxième résolution, les actionnaires ont décidé
d’augmenter le capital social de 20% par émission au nominal de nouveaux certificats
d’investissement et autant de certificats de droit de vote en rémunération de l’apport d’un
terrain par la société B.

5/ Pour le financement de son extension, la société B, fournisseur principal de la société A en


pièces de rechange, a doublé son capital par une augmentation en numéraire et a obtenu
auprès d’une banque de la place, un crédit à moyen terme avalisé par la société A. La société
A, a participé pour la première fois au capital de la société B en souscrivant à 60% de cette
augmentation.
6/ Lors d’une assemblée générale extraordinaire du 30 septembre 2007, les actionnaires de
la société A, ont décidé d’augmenter le capital social en numéraire à raison de 50% de son
montant actuel par émission de nouveaux titres à libérer des trois quarts à la souscription. La
société B entend libérer partiellement sa nouvelle souscription par compensation de sa
créance échue et exigible qu’elle détient sur la société A.
Il est à préciser qu’à l’expiration du délai légal réservé aux anciens actionnaires pour
l’exercice de leur droit préférentiel de souscription, le Président du Directoire a accepté la
souscription par une nouvelle société C, dont vous êtes son conseiller, des titres disponibles
qui représentent 22% de l’augmentation du capital et qui n’ont pas été souscrits à titre
irréductible par la collectivité locale.

Travail demandé:

1/ Analyser les situations précédentes en relevant les irrégularités constatées et en


rappelant toutes les conditions nécessaires pour qu’elles soient régulières.
2/ Préciser les principales informations à indiquer par le commissaire aux comptes dans les
différents rapports dont il est tenu de remettre à la société A.

3/ Déterminer le nombre de titres nouveaux à émettre pour la réalisation de l’augmentation


du capital du 30 septembre 2007, ainsi que le mode de leur répartition entre les différents
ayant droit.
ELEMENTS DE REPONSE
1/ La société A est une filiale d’une collectivité locale et par conséquent plus que 50% de son
capital est détenu par un participant public. La société A est une entreprise publique.

Pour le contrat d’approvisionnement conclu avec la société A :


- Etant une entreprise publique, le choix de ce fournisseur doit être soumis à la
procédure prévue par la réglementation relative à la passation des marchés par les
entreprises publiques, avec notamment la réunion d’une commission de marché
dont le contrôleur d’Etat est membre. La décision de cette commission et compte
tenu de la valeur du marché, est à soumettre à l’approbation définitive du directoire.
- En outre, le contrat a été conclu avec la société B membre du conseil de surveillance
de la société A. Si la convention porte sur des opérations courantes conclues à des
conditions normales, elle reste une convention libre non soumise aux dispositions
relatives aux conventions réglementées (le fait que la convention porte sur un
approvisionnement annuel peut être retenue comme élément non courant). Dans le
cas contraire, la convention nécessite l’autorisation préalable du conseil de
surveillance et puis et après lecture du rapport spécial du commissaire aux comptes,
son approbation par l’assemblée générale ordinaire. La société B, membre du Conseil
de surveillance de la société A, doit être exclu du quorum et de la majorité de ce
conseil. Ainsi, le quorum doit être la présence effective d’au moins 50% des
membres restant du conseil. La majorité doit être la majorité simple des membres
présents ou représentés après exclusion de la société B. Pour l’assemblée générale
ordinaire, les actions détenues par la société B sont (en principe malgré l’absence
d’une disposition explicite du CSC) à exclure du quorum qui est, à la première
convocation) du 1/3 des actionnaires présents ou représentés, et la résolution doit
être adoptée à la majorité des actionnaires présents ou représentés après exclusion
des actions détenues par la société B et celles qu’elle représente.

De même, les actions détenues par l’actionnaire défaillant sont à exclure du quorum
et du vote de l’assemblée.
- Le contrôleur d’Etat doit être convoqué à toutes les assemblées.
- Les éléments des rapports :
- Si la convention conclue avec la société B est considérée comme réglementée et en
cas de non autorisation préalable, indication de cette irrégularité au niveau du
rapport général du commissaire aux comptes et au niveau du rapport au conseil de
surveillance que le commissaire aux comptes est tenu de remettre annuellement en
vertu des dispositions du décret 87-529 régissant l’audit légal des entreprises
publiques.
- Le rapport à remettre au Directoire doit concerner le système de contrôle interne
ainsi qu’une évaluation des procédures de passation des marchés et d’élaboration
des budgets.
- La société A doit établir un contrat quinquennal à examiner par son directoire puis à
présenter à la tutelle pour approbation. Le contrôleur d’Etat doit être convoqué à
cette réunion.
- La société A doit établir un budget d’investissement et un budget d’exploitation à
examiner par son directoire puis à présenter à la tutelle pour approbation. Le
contrôleur d’Etat doit être convoqué à cette réunion.

- Indication au rapport spécial, des principales informations se rapportant à la


convention conclue avec la société B, si elle a été retenue comme une convention
réglementée.
- Indication au rapport au conseil de la non soumission de la convention à la procédure
prévue pour la passation des marchés publics dont notamment la non réalisation
d’un appel d’offre, la non réunion de la commission des marchés dont le contrôleur
d’Etat doit être obligatoirement convoqué et, compte tenu du montant du marché,
son approbation par le directoire avec la convocation obligatoire du contrôleur
d’Etat.
- Possibilité d’indication de cette irrégularité au niveau du rapport général et ce
compte tenu de son caractère significatif.

Situation 2:

- La nomination du Président du directoire par le directoire lui-même, est une situation


non réglementaire. Cette nomination revient au conseil de surveillance.
- La fixation des conditions de rémunération et des avantages du Président du
directoire revient au conseil de surveillance avec le respect des dispositions
réglementaires régissant la rémunération des dirigeants des entreprises publiques.
- Selon la feuille de présence, le directoire est composé de six membres, or le nombre
maximum prévu par le code des sociétés commerciales est au maximum cinq
membres.
- La collectivité est membre du directoire or selon les dispositions du code des sociétés
commerciales, les membres du directoire doivent être des personnes physiques.
- Les conditions de quorum et de majorité du directoire sont à fixer au niveau des
statuts.

Situation 3

L’assemblée générale extraordinaire, dans sa réunion du 20 juin 2007, a décidé d’augmenter


son capital social de 20% par émission des nouvelles actions à un prix d’émission de 150% du
nominal et à attribuer aux détenteurs des anciennes parts de fondateur créées depuis la
création de la société en 1990.

Cette augmentation nécessite pour sa régularité (art 314CSC):

- la mise à la disposition des actionnaires d’un rapport établi par un expert spécialisé
déterminant notamment le taux de conversion en action des parts de fondateur.
- La mise à la disposition des actionnaires du rapport spécial du commissaire aux
comptes attestant la régularité et la sincérité de cette opération de conversion,
- L’affectation d’une partie des réserves légales ou statutaires équivalent à
l’augmentation du capital.
- Le dépôt au registre de commerce du PV de l’AGE dans le mois qui suit la réunion

Les actions détenues par l’actionnaire défaillant sont à exclure du quorum et du vote de
l’assemblée.

Situation 4

Lors d’une assemblée générale extraordinaire du 30 août 2007, les actionnaires de la société
A, ont décidé dans une première résolution, la scission de 20% des actions ordinaires
composant le capital actuel en certificats d’investissement et certificats de droits de vote.

La décision de scission pour qu’elle soit régulière doit être prise par l’AGE au vu du rapport
du directoire et du rapport spécial du commissaire aux comptes.

La scission porte sur 20% du capital soit 20% de 120% soit sur 24% du capital. Cette
proportion reste inférieure au maximum du tiers prévu par l’article 376 du CSC.

Dans une deuxième résolution, les actionnaires ont décidé d’augmenter le capital social de
20% par émission au nominal de nouveaux certificats d’investissement et autant de
certificats de droit de vote en rémunération de l’apport d’un terrain par la société B.

L’augmentation porte sur l’émission au nominal de 100 000 X 1,2 X 20% SOIT 24000
nouveaux certificats d’investissement et autant de certificat de droit de vote.

Après augmentation, le nombre de certificat d’investissement devient de


120000*0,20+24000 soit 48000 / à un capital de 144000, ce qui représente le 1/3 du capital
social. Cette situation reste conforme à l’article 376 du CSC, qui prévoit que les CI ne
peuvent représenter plus du tiers du capital social (soit > au 1/3).

S’agissant d’une augmentation du capital par apport en nature, elle nécessite pour sa
régularité la nomination à la demande du directoire et par le juge, d’un commissaire aux
apports. Ce dernier doit mettre à la disposition de l’AGE son rapport quinze jours au moins
avant la réunion. L’apport sera fait par la société B déjà actionnaire. Par conséquent le
quorum et la majorité doivent être déterminés après exclusion de l’actionnaire B des actions
qu’il détient et de celles qu’il représente.

De même, les actions détenues par l’actionnaire défaillant sont à exclure du quorum et du
vote de l’assemblée.

Le quorum pour une AGE, à la première réunion est d’au moins 50% des actions présentes
ou représentées ayant droit aux votes. La majorité est d’au moins de 2/3 des actionnaires
présents ou représentés ayant droit aux votes.
Situation 5

La société A, a participé à l’augmentation du capital de la société B, membre de son conseil


de surveillance, et a avalisé le crédit à moyen terme qu’elle a contracté auprès d’une banque
de la place.

La participation au capital d’une société membre du conseil de surveillance est une


opération non courante et par conséquent elle est qualifiée de convention réglementée, et
soumises à la procédure de l’article 200 du CSC, avec exclusion de B du quorum et du vote.
De même, les actions détenues par l’actionnaire défaillant sont à exclure du quorum et du
vote de l’assemblée.

De même, l’aval donné par la société B à un membre de son conseil de surveillance personne
morale ne constitue pas une opération interdite mais plutôt une convention réglementée.
Cette opération est à soumettre également à la procédure de l’article 200 du code des
sociétés commerciales, avec exclusion de B du quorum et du vote. De même, les actions
détenues par l’actionnaire défaillant sont à exclure du quorum et du vote de l’assemblée.

Par ailleurs, après cette participation, la société A détient 30% du capital de la société B et la
société B détient 5%+20% soit 25%. Cette participation réciproque est irrégulière et selon
l’article 466 du CSC, et à défaut d’un accord entre les deux sociétés, celle qui détient la
participation la plus faible doit aliéner sa participation. Selon ce même article, la société B
est privée de son droit de vote jusqu’à régularisation de la situation.

Situation 6

6/ Lors d’une assemblée générale extraordinaire du 30 novembre 2007, les actionnaires de


la société A, ont décidé d’augmenter le capital social en numéraire à raison de 50% de son
montant actuel par émission de nouveaux titres à libérer des trois quarts à la souscription. La
société B entend libérer partiellement sa nouvelle souscription par compensation de sa
créance échue et exigible qu’elle détient sur la société A.
Il est à préciser qu’à l’expiration du délai légal réservé aux anciens actionnaires pour
l’exercice de leur droit préférentiel de souscription, le Président du Directoire a accepté la
souscription par une nouvelle société C, dont vous êtes son conseiller, des titres disponibles
qui représentent 22% de l’augmentation du capital.

Le capital actuel est composé de 100000+20000+24000= 144000 titres dont 48000 CI soit
pour le 1/3 du capital.

La société va émettre 72000 titres nouveaux. A la décision de l’AGE, les actions détenues par
la société B sont à exclure du quorum et du vote en raison de la participation réciproque
existante entre A et B. De même, les actions détenues par l’actionnaire défaillant sont à
exclure du quorum et du vote de l’assemblée.

La parité d’échange est de 2 TA POUR 1 TN

La société doit émettre 72000/144000* 48000 CI soit 24000 CI et 48000 actions ordinaires
nouvelles.

2 AO pour 1 action ordinaire nouvelle


2CI pour 1 CI nouveau
2 CDV pour A CDV nouveau.

La société B entend libérer partiellement sa souscription par compensation de sa créance.


Cette possibilité n’est pas régulière étant donné que l’article 316 du CSC, prévoit qu’à
l’exception des actions libérées en espèces, les actions en numéraire doivent être
intégralement libérées lors de la souscription.

Les actions détenues par l’actionnaire défaillant perdent le droit d’exercice du DPS et par
conséquent la souscription faite par ce dernier est irrégulière.

Le Président du directoire a permis à une nouvelle société de souscrire les titres rendus
disponibles après exercice du DPS par les anciens actionnaires. Cette situation, pour qu’elle
soit réglementaire, doit être prévue et explicitement indiquée par l’AGE ayant décidé
l’augmentation du capital. La souscription par la société C de 22% de l’augmentation du
capital rend la société C détentrice de 11% du capital total. Le commissaire aux comptes de
la société A est également le conseiller de la société C et par conséquent, et compte tenu de
la participation de cette dernière au capital de A, supérieure à 10%, le commissaire aux
comptes est dans une situation d’incompatibilité à l’égard de l’article 262 du CSC. Il doit par
conséquent, soit démissionner auprès de la société C soit auprès de la société A.

Vous aimerez peut-être aussi