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Nadia
AIMADE
N° d’ordre du module
M32-B
Nature du module
COMPLEMENTAIRE
(Majeur / Complémentaire)
N.B : le support/cours a été revu et enrichi par l’adjonction d’une partie prenant en
charge l’APC (Approche par Compétences), approche adoptée dans le système éducatif
marocain, plus précisément dans l’enseignement/ apprentissage des langues étrangères,
notamment le français.
Théoriquement, l’approche communicative a été lancée vers les années 70, mais sa mise
en application sur le plan pratique - dans les cours de langues, au sein du système scolaire -
n’a eu réellement lieu que vers les années 80. En effet, les M.A.V étaient appliquées dans les
établissements avec des" faux semblants d’adaptation à l’approche communicative". Les
manuels de langues étaient certes désormais organisés en "fonctions" et en" notions"(E,
Bérard, 1991), mais le contenu restait structural et peu authentique. C’est seulement vers la
seconde moitié des années 80, que les premiers manuels officiels apparurent, prenant
réellement en compte les grands principes pédagogiques de l’A.C : authenticité, contexte,
interaction, centration sur l’apprenant, etc. Toutefois, les projets pédagogiques tombaient
parfois dans des incohérences subissant ainsi les critiques des spécialistes de l’enseignement.
Il est vrai que le contenu était plus authentique et les activités proposées plus interactives,
rejetant les exercices structuraux ennuyeux ; cependant, le vide suivant l’abandon des
traditionnelles méthodes structurales n’était pas comblé. Par ailleurs, les objectifs pour les
apprenants ont changé, en effet, être parfaitement bilingue est remis en question ; il ne s’agit
plus de maîtriser parfaitement la langue cible, mais avant tout d’être opérationnel avec un
bagage suffisant permettant de communiquer dans un pays étranger. La transmission et la
compréhension d’un message sensé dans un contexte de communication sont privilégiées au
détriment d’une maîtrise parfaite des structures grammaticales et du lexique. De plus, en
s’inspirant du constructivisme et de la notion linguistique d’interlangue, l’erreur est
considérée comme formative puisque l’apprenant l’utilise pour construire progressivement
son propre langage et faire évoluer son apprentissage. L’enseignant détectant les erreurs peut
les utiliser pour apporter un "feed-back" (E, Bérard, 1991) (commentaire) constructif. De
cette manière, on distingue une évaluation sommative donnant une simple valeur numérique
aux performances de l’apprenant (une note) sans pour autant servir à sa progression et une
évaluation formative qui non seulement situe l’élève dans une échelle de valeurs, mais lui
apporte également des éléments pour évoluer dans son apprentissage. En outre, le rôle même
de l’enseignant a considérablement évolué lors des premières applications pédagogiques de
l’approche communicative. Il n’est plus le "maître" qui détient le savoir mais le chef
d’orchestre, limitant ses prises de parole et encourageant une participation orale spontanée.
L’élève, quant à lui, change également de statut. Il se transforme en apprenant construisant
son propre apprentissage de manière autonome .En d’autres termes, le cours de français,
langue vivante, n’est plus centré sur l’enseignant mais sur l’apprenant. Ajoutons à cela
qu’avec l’A.C, l’oral est prédominant. Il occupe toute la place du cours de langue au
détriment de l’écrit et de la grammaire. En effet, à force de vouloir tout étudier en contexte en
évitant les règles explicites, la grammaire est devenue quasiment inexistante ou étudiée de
manière brève et superficielle. Et lorsque les enseignants se rendaient compte qu’un
minimum de théorie était nécessaire aux apprenants, ils se retrouvaient donnant des cours de
grammaire non contextualisés, relevant des méthodes béhavioristes. Pour remédier à cet état
de fait, une deuxième génération de l’A.C voit le jour dans les années 90 avec de nouveaux
textes officiels remédiant aux problèmes posés par l’absence de l’écrit et de la grammaire.
Ainsi, quatre compétences indispensables pour les cours de langue sont définies dans un ordre
précis, à savoir la compréhension orale, la compréhension écrite, la production orale et la
production écrite ; mettant l’accent sur le principe d’une progression cohérente dans un
parcours d’apprentissage qui va du simple au complexe, du général au particulier et du connu
vers l’inconnu. S’ajoute également une cinquième compétence dite méthodologique
favorisant la centration sur un apprenant autonome. Ce dernier est encouragé à acquérir des
stratégies d’interaction, d’autoévaluation et de réflexion sur son apprentissage. De cette
manière, la grammaire retrouve sa place en cours de langue, dans le cadre d’une phase de
réflexion en contexte et d’induction des règles syntaxiques.
Signalons finalement, que cette approche communicative a donc été prise en considération
par les concepteurs marocains des textes officiels des années 90(les R.P1994) mais ils ont par
la suite opté, vers les années 2000, pour l’approche par compétences. On se demande alors
pourquoi ? Pourquoi cette A.P.C et non pas une autre ?
Il s’est avéré lors de cette dernière décennie que l’enseignement/apprentissage préconisé
dans le système éducatif(notamment marocain) ne suffisait plus pour acquérir tout le savoir
dont l’apprenant a besoin pour vivre et travailler dans sa société en mutation constante. On a
cru que la solution consistait à augmenter le volume des matières et des programmes scolaires.
Or, nous constatons qu’un grand nombre d’élèves trouvent des difficultés à appliquer ce qu’ils
ont appris et ne réussissent ni sur le plan scolaire ni professionnel même dans le cadre d’un
enseignement/apprentissage préconisant l’A.C et abandonnant les méthodes béhavioristes.
Donc, pour préparer les apprenants à une société de plus en plus complexe, à un marché de
travail de plus en plus exigeant caractérisé par la concurrence internationale, et pour assurer
que chaque jeune apprenant acquière les compétences essentielles dont il a besoin et puisse
continuer à apprendre tout au long de la vie ; l’adoption d’une nouvelle approche
d’enseignement/apprentissage s’avère indispensable.
*L’évaluation doit être plus positive et non plus uniquement fondée sur l’appréciation à partir
des erreurs. D’une part, elle doit servir à déterminer les points forts des élèves, d’autre part,
elle doit permettre d’identifier les obstacles à l’apprentissage afin d’y remédier par des
mesures pédagogiques adéquates.
*L’évaluation doit se faire en deux parties .Dans la partie formative, l’élève est observé dans
sa façon d’apprendre, dans sa progression, conseillé et guidé en vue d’atteindre les objectifs
qui lui sont fixés. Dans la partie sommative, celui-ci est évalué pour vérifier s’il possède les
compétences nécessaires pour accéder à l’étape suivante.
Finalement, l’A.P.C donne une nouvelle force aux savoirs en les liant à des pratiques
sociales, à des situations complexes, à des problèmes et à des projets. Ainsi, même si elle
n’arrive pas à contrecarrer toutes les causes de l’échec scolaire, elle peut au moins prétendre
donner du sens à l’apprentissage. Nous pouvons alors situer l’A.P.C, d’une part, comme une
tentative de moderniser le curriculum en vigueur, de l’infléchir, de prendre en compte, outre
les savoirs, la capacité de les transférer et de les mobiliser ; et d’autre part, la volonté de faire
évoluer les finalités de l’enseignement/apprentissage pour mieux les adapter à la réalité
contemporaine, dans le champ du travail, de la citoyenneté ou de la vie quotidienne.
Le courant de l’approche par compétences est issu du taylorisme (courant industriel) qui
est une méthode de travail tirant son nom de son investigateur, l’ingénieur américain Frédéric
Winslow Taylor. Ce courant est apparu vers 1880, préconisant l’organisation scientifique du
travail mise en œuvre par des scientifiques, tout en cherchant à définir à priori la meilleure
façon de produire, en vue d’un rendement maximum. De plus, il s’est imposé d’abord dans le
monde de l’économie, puis dans le monde de l'éducation aux Etats-Unis, en premier lieu, en
Australie, en Europe et en d’autres pays, en deuxième lieu.
Par ailleurs, le mot « compétence » reste difficile à définir de façon satisfaisante. En effet,
tantôt il désigne un point d’arrivée marqué par un niveau de haute performance, tantôt un
processus dont le déroulement est ponctué par des bilans d’évaluation. Certes, la
« compétence » est définie comme une capacité d’action ; cependant, elle présuppose des
connaissances, un savoir-faire, certains comportements et capacités intellectuelles globales
constituant ses propres fondements. Ainsi, dans le monde industriel, les compétences
(MDROUI, 2006) font allusion à « un ensemble relativement stable et structuré de pratiques
maîtrisées, de conduites professionnelles et de connaissances, que des personnes ont acquises
par la formation et l’expérience et qu’elles peuvent actualiser, sans apprentissages nouveaux,
dans des conduites professionnelles valorisées par leur entreprise ». Elles sont donc reliées à
la performance requise pour occuper efficacement tel ou tel emploi qui est défini en termes de
critères appelés « standard de performance » . Cette dernière expression fait allusion à des
comportements attendus de la part des chefs d’entreprise.
En outre, le sens donné au mot « compétence(s) » varie selon qu’il est employé par les
tenants de telle ou telle école de pensée. C’est ainsi que les béhavioristes y recourent pour
désigner des comportements observables et mesurables qui adviennent d’un apprentissage
donné ; les constructivistes, quant à eux, l’utilisent pour illustrer des capacités qui proviennent
d’une interaction entre individus engagés dans une démarche commune
Selon Perrenoud (2006) , l’approche par compétences établit des liens entre la culture
scolaire et les pratiques sociales. La similitude de ce discours avec celui des pédagogies
constructivistes semble flagrante. Mais, cette ressemblance au niveau du langage cache en
réalité un retournement complet des moyens et des buts. La différence radicale entre les
pédagogies constructivistes et l’A.P.C réside dans le fait que dans cette dernière, le savoir
n’est qu’un outil, un accessoire, dont on peut occasionnellement avoir l’usage dans la
réalisation d’une tâche alors que dans les premières, le savoir constitue le but même de
l’apprentissage. Dans cette optique, Tilman (2005) explique que « le savoir n’est pas au
service de la compétence (…). Ce sont les compétences c’est-à dire l’usage et la manipulation
du savoir qui sont au service de l’appropriation de celui-ci » .
Ajoutons à cela qu’en pédagogie constructiviste, l’élève est mis au travail sur une tâche,
seul, en groupe ou en interaction avec le professeur qui lui fera découvrir à travers le
problème à résoudre, la nécessité de concepts nouveaux, l’amener à formuler des définitions
ou des propriétés, le conduire à déconstruire ses idées préconçues. La résolution d’une tâche
ou d’une situation- problème est ici un moyen, un cadre dans lequel vont se construire des
savoirs. Dans l’A.P.C, on fait exactement le contraire : la résolution de la tâche est l’objectif
final et le critère de réussite. Le savoir n’intervient que comme accessoire. Peu importe qu’on
le comprenne ou qu’on sache juste l’utiliser, peu importe qu’on n’en maîtrise que les aspects
utiles dans le contexte de la tâche prescrite, l’important est que la tâche soit menée à bien.
De plus, entre les deux approches, le rapport à l’erreur se trouve entièrement renversé.
En effet, dans la pédagogie constructiviste, le plus important n’est pas que l’élève parvienne
au bout de la tâche mais qu’il ait mis à profit son travail (et ses erreurs éventuelles) pour
progresser dans la découverte et la maîtrise des connaissances. Dans l’A.P.C, le progrès dans
la maîtrise des savoirs n’est pas un objectif en soi, seul compte le résultat final tandis que
l’erreur est proscrite.
Par ailleurs, la pédagogie constructiviste et l’A.P.C ont un rapport tout à fait différent à
l’activité des élèves en classe. Pour les constructivistes, l’activité de l’élève sur des
« situations problèmes » est l’une des manières de donner du sens et de faire participer l’élève
à la construction de savoirs. De plus, ils n’affirment pas que tous les savoirs pourraient être
reconstruits par ou avec l’élève et n’exclut absolument pas la transmission directe de savoirs
ainsi que la méthode « frontale » lorsqu’elle s’avère nécessaire. Au contraire, dans l’A.P.C, il
n’y a pas à construire ni à transmettre des savoirs ; mais à développer des compétences,
impossibles à transmettre et à enseigner. Tout ce qui est possible de faire, c’est s’exercer à la
résolution de tâches et appeler le résultat « compétence ». Aussi, l’activité de l’élève sur des
problèmes devient-elle le passage obligé de toute séquence de travail en classe. Le rôle
essentiel de l’enseignant est alors d’essayer de créer des situations-problèmes à la fois
mobilisatrices et orientées vers des apprentissages spécifiques. Ce qui caractérise en outre
l’A.P.C, c’est que les objectifs d’enseignement n’y sont plus de l’ordre de contenus à
transférer, mais plutôt d’une capacité d’action à atteindre par l’apprenant. Une compétence ne
se réduit ni à des savoirs, ni à des savoirs- faire ou à des comportements. Ceux-ci ne sont,
selon G, Boutin(2004, p.25-41) ,que des « ressources » que l’élève ne doit d’ailleurs pas
forcément « posséder » mais qu’il doit être capable de « mobiliser » en vue de la réalisation
d’une tâche particulière. Une compétence, selon les promoteurs de cette approche, est une
réponse originale et efficace face à une ou des situations, nécessitant la mobilisation et
l’intégration d’un ensemble de savoirs, de savoir-faire et de savoir-être.
La pédagogie par objectifs (P.P.O) et l’A.P.C sont deux approches distinctes ayant des
fondements épistémologiques opposés et des implications qui ne s’allient pas.
Quant à l’approche par compétences, elle situe la personne en référence à une classe de
situations. Les ressources dans les programmes d’étude ne sont pas évoquées que pour être
appliquées au traitement de la classe de situations définies dans le profil de sortie de la
formation. Dans cette perspective, l’organisation se fait sur la base d’une identification de ce
qu’une personne doit faire pour devenir compétente dans ces situations. L’A.P.C ne nie pas
les objectifs mais les définit en fonction de la situation à traiter et non des contenus
disciplinaires visant à développer des comportements.
En définitive, ces deux approches ne se rencontrent pas, étant donné qu’elles portent sur
des objectifs différents : la P.P.O prescrit des comportements que l’apprenant doit reproduire
alors que l’A.P.C ne formulent que des hypothèses à propos de traitements compétents que
peut réaliser une personne en situations. Adopter l’A.P.C, c’est donc nécessairement chercher
une nouvelle approche curriculaire qui permet d’introduire un ensemble de situations dans les
classes. Ainsi, l’A.P.C présente plusieurs avantages qui se résument ainsi :
Par ailleurs, l’exercice concret de l’activité enseignante étant beaucoup plus complexe
que cette nomenclature de comportements ; il est clair que la formation devrait tenir compte
de cette complexité, surtout pour des métiers à interaction humaine qui impliquent
l’intégration d’ensembles de connaissances, d’habiletés et d’attitudes. En effet, cette réduction
de la complexité de l’enseignement à des descriptions de comportements spécifiques, fondée
sur un ensemble de jugements et d’évaluation arbitraires et subjectives, rend impossible
l’identification objective et l’évaluation rigoureuse des « compétences » dans les métiers ou
professions qui impliquent des relations humaines. Ce réductionnisme écarterait la part
mentale de la pratique enseignante et omettrait des éléments non directement observables
comme les processus cognitifs, les mécanismes de résolution des problèmes, les attitudes, les
bases de connaissances, les intentions et les valeurs. Ce serait donc une erreur de réduire à un
caractère optionnel des éléments aussi importants que la connaissance et la compréhension ou
le jugement. En d’autres termes, on reproche à l’approche par compétences de réduire les
compétences à des procédures techniques, à des fonctions, à des tâches, alors qu’il faudrait
plutôt mettre l’accent sur les différentes ressources à mobiliser dans l’exercice des fonctions
et dans l’accomplissement des tâches reliées à l’enseignement, comme entre autres, les
savoirs d’expérience, les processus de réflexion dans l’action et les qualités personnelles.
Toutefois, l’approche par compétences n’a pas que des faiblesses mais aussi des points
forts qui se manifestent à travers l’approche par compétences de la deuxième et de la
troisième génération. En effet, pour Hodkinson et Harvard (1994), la compétence est
essentiellement l’ensemble des connaissances et des capacités cognitives sous jacentes à la
performance qui est, de son côté, l’ensemble des comportements manifestes produits par cette
compétence. Ainsi, selon eux, une approche par compétences béhavioriste centrée sur la
mesure des résultats est à rejeter au détriment d’ une A.P.C centrée sur l’apprentissage des
processus cognitifs-comme la pratique réflexive, l’explication des théories personnelles et la
référence à des théories académiques connues-selon laquelle, la compétence est définie
comme une réalité qui ne peut être observée, mais qui peut (et doit) être inférée à partir de
l’observation et la performance.
De plus, et en réponse à l’accusation concernant le réductionnisme béhavioriste, l’A.P.C
a tenté d’intégrer les éléments positifs de l’insistance sur la formation pratique et les progrès
dus à cette insistance. En effet, l’A.P.C a connu une évolution et en est arrivée à un modèle
dans lequel les habiletés pratiques sont intimement liées aux connaissances nécessaires à
l’accomplissement efficace du travail en contexte réel. De même, il y a eu passage d’une
insistance sur les comportements à une approche qui intègre mieux les éléments comme « la
représentation et la conceptualisation, le jugement et l’imagination, la décision en situation
de risque et d’incertitude, les opérations symboliques » (Vergniaud, 1995, p.8) d’où
l’appellation d’approche par compétences de 3ème génération ou approche intégratrice.
En définitive, cette nouvelle approche évite de séparer les éléments cognitifs des
éléments comportementaux de toute action humaine. Et pour sortir du « réductionnisme » qui
consistait à n’enseigner que des théories et des connaissances, établir un lien entre la théorie
et la pratique reste indispensable. De plus, cette approche insiste à la fois sur l’apprentissage
par l’expérience et sur la pratique réflexive. Ce qu’elle intègre de la première génération, c’est
son approche de formation « pratique » et de la deuxième génération, son insistance sur la
nécessité de prendre en compte le fait que toute pratique professionnelle mobilise le jugement,
les valeurs, les connaissances, la rationalité, la confrontation aux théories existantes et le
recours aux résultats de la recherche scientifique.