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MORPHOSYNTAXE 2

Pr. Ouafaa Marsil

LES PROPOSITIONS COMPLÉTIVES (3)


I. Les propositions complétives réduites

Les complétives peuvent se présenter sous une forme réduite caractérisée principalement par la non réalisation
du morphème d’enchâssement et du sujet de la complétive.

Les complétives réduites sont le résultat de deux règles transformationnelles, à savoir la transformation
infinitive et la transformation d’objet (FO), appelée également « transformation d’effacement de être (EE).

A) La transformation infinitive

 Contrairement à la complétive en QU, qui est une structure conjuguée, la complétive infinitive ne présente
ni marqueur d’enchâssement, ni sujet (lexical ou pronominal) et son verbe est à l’infinitif.

 On considère que la complétive infinitive est dérivée de la complétive en QU, par l’application de la
transformation infinitive.

 La transformation infinitive s’applique, généralement, lorsque le sujet de la subordonnée complétive est


référentiellement identique à l’un des constituants de la proposition principale.
1) Le sujet de la subordonnée complétive est identique au sujet de la principale

Cette transformation infinitive peut être obligatoire ou facultative selon la classe sémantique du verbe support.
Ainsi, nous relevons les cas suivants :

i) La transformation infinitive est obligatoire lorsque le verbe de la principale est un verbe de sentiment ou de
volonté :
P 70. Elle veut partir.
P 71. * Elle veut qu’elle parte.

ii) La transformation infinitive est facultative si bien que la complétive en QU et la complétive infinitive sont
toutes deux grammaticales, dans les cas où :

 le verbe est un verbe du type « penser, croire… »


P 72. Je crois que je voyagerai demain.
P 73. Je crois voyager demain.
 le verbe est un verbe de perception

P 74. Je vois que je plonge dans la mer.


P 75. Je me vois plonger dans la mer.

Cependant, il est à remarquer que les complétives dont le support est un verbe de perception ne sont pas
équivalentes sur le plan sémantique à la phrase qui a subi une transformation infinitive.
Dans la complétive en QU dans (), le support traduit une perception indirecte (proche du constat), alors que dans
la complétive infinitive en (), le support est un véritable verbe de perception dans la mesure où le procès de la
complétive infinitive et l’acte de perception sont réalisés simultanément.

Remarque 1 :
Dans le cas où le verbe support est un verbe de perception, la transformation infinitive est possible même si le
sujet de la principale et de la subordonnée ne sont pas coréférentiels si bien que le sujet de la complétive devient
objet de la principale.
P 76. Je sens [que les douleurs reprennent].
SN1 de la complétive

P 77. Je sens les douleurs reprendre.


2) Le sujet de la subordonnée complétive est identique au SN2 de la principale

Cette transformation infinitive est facultative car la complétive en QU est également possible.

P 78. Pierre condamne Jean [à ce qu’il parte.]

P 79. Pierre condamne Jean à partir.

3) Le sujet de la subordonnée complétive est identique au SP de la principale

Dans ce cas, la transformation infinitive est obligatoire. Les verbes supports utilisés sont des verbes qui expriment
un ordre ou une promesse, comme « ordonner, conseiller, permettre, recommander… »

P 80. Elle conseille à Pierre de partir.


P 81. Elle conseille à Pierre qu’il partir.

Remarque 2 :
. C’est le cas des infinitifs qui apparaissent après :Certains infinitifs ne sont pas issus de la réduction d’une
complétive
i) Un verbe qui indique le commencement d’un procès

P 82. Il commence à s’habituer à la situation.

ii) Un verbe qui indique le mouvement comme « aller, courir, monter, descendre…

P 83. Il court chercher ses affaires.

iii) Un verbe qui apparait après un verbe modal

P 84. Il doit aller chercher ses affaires.


P 85. Il peut chercher ses affaires.

Remarque  3 :
L’infinitif de la complétive réduite peut être précédé du morphème « de » lorsque le sujet de la subordonnée
complétive et celui de la principale sont identiques.

 On le retrouve obligatoirement avec des verbes du type « redouter, accepter, admettre… »

P 86. Je crains de partir.


P 87. *Je crains partir.
 On retrouve obligatoirement « de » lorsque la complétive infinitive est séquence de l’impersonnel.

P 88. Il lui est impossible de travailler si dur.


P 89. *Il lui est impossible travailler si dur.

 On retrouve obligatoirement « de » lorsque le sujet de la complétive infinitive et le SP de la matrice sont


coréférentiels. C’est le cas avec les verbes supports qui expriment un ordre ou une permission, comme
« ordonner, conseiller, permettre, recommander… »

P 90. Il ordonne à Pierre de se taire.


P 91. *Il ordonne à Pierre se taire.

 On retrouve facultativement « de » avec des verbes du type « souhaiter, nier, détester… »

P 92. Je souhaite de réussir.


P 93. Je souhaite réussir.
Remarque 4 :

L’infinitif n’exprime pas en lui-même une voix. Cependant, la complétive réduite peut avoir la valeur dune voix
active ou d’une voix passive selon la structure profonde de la subordonnée.
P 94. J’entends jouer le pianiste. (actif)

P 95. J’entends jouer une sonate de Mozart. (passif inachevé)


P 96. J’entends jouer une sonate de Mozart par le pianiste. (passif achevé)

La structure (94) provient de (94’) après la réduction de la complétive, où la subordonnée complétive est à la voix
active.

P 94’. J’entends [que le pianiste joue].

Quant aux phrases (95) et (96), elles dérivent respectivement de (95’) et (96’), dans lesquelles les subordonnées
complétives sont à la voix passive.

P 95’. J’entends [qu’une sonate de Mozart est jouée.]


P 96’. J’entends [qu’une sonate de Mozart est jouée par le pianiste.]

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