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WT/TPR/M/341

1er septembre 2016

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Organe d'examen des politiques commerciales


13 et 15 juillet 2016

EXAMEN DES POLITIQUES COMMERCIALES

TUNISIE

COMPTE RENDU DE LA RÉUNION

Présidente: Mme Irene Young (Hong Kong, Chine)

TABLE DES MATIÈRES

1 REMARQUES INTRODUCTIVES DE LA PRÉSIDENTE ....................................................... 2


2 DÉCLARATION LIMINAIRE DU REPRÉSENTANT DE LA TUNISIE .................................... 4
3 DÉCLARATION DU PRÉSENTATEUR ............................................................................... 9
4 DÉCLARATIONS DES MEMBRES .................................................................................. 12
5 RÉPONSES DU REPRÉSENTANT DE LA TUNISIE ET OBSERVATIONS
ADDITIONNELLES .......................................................................................................... 31
6 REMARQUES FINALES DE LA PRÉSIDENTE.................................................................. 37

Note: Les questions écrites communiquées à l'avance par les Membres de l'OMC, leurs questions
additionnelles et les réponses de la Tunisie figurent dans le document WT/TPR/M/341/Add.1 et
seront disponibles en ligne à l'adresse suivante:
http://www.wto.org/english/tratop_e/tpr_e/tp_rep_e.htm.
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1 REMARQUES INTRODUCTIVES DE LA PRÉSIDENTE

1.1. Le troisième examen de la politique commerciale de la Tunisie s'est tenu les 15 et


17 juin 2016. La Présidente, Mme Irene Young (Hong Kong, Chine), a souhaité la bienvenue à la
délégation de la Tunisie conduite par M. Mohsen Hassen, Ministre du commerce de la Tunisie, et au
présentateur, S.E. M. Boonyarit Kalazanamit (Thaïlande).

1.2. La Présidente a rappelé l'objet du mécanisme d'examen des politiques commerciales et les
principaux éléments des procédures qui seraient suivies au cours de la réunion. Le rapport de la
Tunisie figurait dans le document WT/TPR/G/341 et celui du Secrétariat de l'OMC dans le
document WT/TPR/S/341.

1.3. Les questions posées par les délégations ci-après avaient été communiquées par écrit avant
la date limite et avaient été transmises à la délégation de la Tunisie: Mexique; États-Unis; Oman;
Union européenne; et Chine. Les délégations ci-après avaient présenté des questions écrites après
la date limite: Canada; Thaïlande; Brésil; et Royaume d'Arabie saoudite. Leurs questions avaient
également été transmises à la délégation tunisienne.

1.4. La Présidente a pris note des circonstances très particulières auxquelles le pays avait dû faire
face ces dernières années, notamment la révolution de 2010-2011 et l'adoption d'une nouvelle
Constitution en 2014. Ces événements clés expliquaient largement pourquoi plus de dix années
s'étaient écoulées depuis le dernier examen de la politique commerciale de la Tunisie. Ils
permettaient aussi de replacer dans leur contexte la nouvelle vision du développement adoptée
par le pays et les nombreuses réformes stratégiques actuellement mises en œuvre, y compris
celles concernant les politiques économique et commerciale. Ainsi, avec ces éléments contextuels
à l'esprit, la Présidente s'est reportée aux observations formulées par les Membres lors de
l'examen de 2005 et aux questions qui pourraient les intéresser en 2016.

1.5. Lors du précédent examen, les Membres avaient félicité la Tunisie pour ses bons résultats
macroéconomiques et pour l'amélioration du niveau de vie de sa population. À l'époque, plusieurs
Membres avaient cherché à savoir quel rôle jouait la politique commerciale dans la stratégie de
développement de la Tunisie. De nombreux Membres avaient jugé nécessaire de mettre en œuvre
d'autres réformes pour libéraliser les régimes de taux de change et de commerce, et pour réduire
le dualisme entre les secteurs orientés vers le marché intérieur et les secteurs d'exportation, et
enfin pour diminuer l'intervention de l'État. À cette époque, les Membres avaient considéré que de
telles réformes aideraient à stimuler la croissance économique et à faire reculer le chômage.

1.6. Pendant la décennie qui a suivi, la Tunisie avait d'une manière générale réussi à conserver
une croissance économique réelle positive et à maintenir son équilibre macroéconomique, en dépit
des crises sociopolitiques. Ces bons résultats s'expliquaient en grande partie par le fait que
l'économie du pays était diversifiée et que le commerce jouait un rôle important. Cependant, la
baisse des exportations proportionnellement au PIB, conjuguée à la hausse parallèle des
importations, laissaient penser que de nouvelles réformes étaient nécessaires pour rétablir la
compétitivité des entreprises tunisiennes. À cet égard, la Présidente a noté que les grandes
réformes exposées succinctement dans le Plan quinquennal de la Tunisie (2016-2020) cherchaient
à promouvoir, entre autres choses, l'investissement, les partenariats public-privé et la
concurrence. La Présidente était certaine que les Membres voudraient peut-être en apprendre
davantage sur les stratégies de réforme et la forme concrète qu'elles prenaient.

1.7. S'agissant des instruments spécifiques de politique commerciale, les Membres avaient fait
remarquer lors de l'examen précédent que les droits de douane de la Tunisie faisaient partie des
plus élevés parmi les Membres de l'OMC. Depuis lors, des mesures déterminantes avaient été
prises par les autorités, de telle sorte que la moyenne des droits NPF avait été ramenée de 45%
en 2006 à 14% en 2016 et que les taux maximum avaient aussi été réduits de 150% à 36%.
C'était là un véritable tour de force. Cependant, outre les droits de douane, de nombreux autres
droits et impositions étaient toujours appliqués, y compris d'importantes taxes à la consommation
dont les exonérations étaient utilisées pour réguler les importations, de véhicules notamment. Les
Membres voudraient peut-être être informés sur ce que comptaient faire les autorités pour
simplifier les taxes aux frontières et les taxes intérieures et pour faire que les avantages fiscaux
soient moins répandus.
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1.8. Parallèlement, les nombreuses incitations en faveur de l'investissement, de la production et –


plus particulièrement – des exportations appliquées au moment du précédent examen étaient
toujours en vigueur. La Présidente a suggéré qu'il pourrait être utile que la Tunisie explique quels
moyens elle comptait mettre en œuvre pour les rationaliser.

1.9. Hormis cela, à en juger par les questions reçues à l'avance, les Membres apprécieraient
peut-être aussi des échanges plus approfondis sur le nouveau Code des investissements et sur la
réforme des entreprises commerciales d'État. Même s'ils reconnaissaient les efforts déployés par la
Tunisie pour protéger la propriété intellectuelle, rationaliser les procédures douanières et simplifier
les contrôles à l'importation, les Membres espéraient que des améliorations pourraient encore être
apportées dans ces domaines.

1.10. La présente réunion était pour les Membres une bonne occasion d'examiner plus en détail
les questions qui présentaient un intérêt pour eux et qui revêtaient une certaine importance pour
le système commercial multilatéral. La Présidente ne doutait pas qu'un échange fructueux aurait
lieu.
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2 DÉCLARATION LIMINAIRE DU REPRÉSENTANT DE LA TUNISIE (M. MOHSEN HASSEN)

2.1. Permettez-moi tout d'abord de remercier tout particulièrement S.E. Mme Irene Young,
Représentante permanente de Hong Kong, Chine, d'avoir bien voulu présider la réunion du
troisième examen de la politique commerciale de la Tunisie, ainsi que S.E.
M. Boonyarit Kalayanamit, Ambassadeur de la Thaïlande, de nous faire l'honneur de présenter les
politiques commerciales de la Tunisie.

2.2. Je voudrais également remercier les Membres des délégations pour leur participation à ce
processus et le Secrétariat de l'OMC pour son rapport sur nos politiques commerciales et
économiques, qui constitue avec celui du gouvernement tunisien une bonne base pour une
discussion enrichissante au cours de ces deux jours d'examen des politiques commerciales de la
Tunisie.

2.3. Nous nous réjouissons des opportunités que le mécanisme d'examen des politiques
commerciales offre en termes de renforcement de la transparence et d'amélioration de la
compréhension des politiques économiques et commerciales de la Tunisie.

2.4. Dans mon intervention, je commencerai par vous présenter le panorama rétrospectif du
contexte socioéconomique de la Tunisie. Je vous décrirai ensuite brièvement dans leurs grandes
lignes quelques-unes des réformes entreprises par le gouvernement pour consolider les succès
économiques tunisiens de la dernière décennie et s'appuyer sur ses réussites. J'exposerai par la
suite l'engagement sans faille de la politique commerciale de mon pays en faveur de la
libéralisation du commerce, pour finir avec les perspectives et objectifs de l'économie tunisienne.

2.5. Pour commencer, il convient de rappeler que depuis le déclenchement de la crise financière
mondiale de 2008-2009, la Tunisie, dont l'économie est fortement orientée vers l'extérieur, a été
confrontée à des défis majeurs liés au ralentissement persistant du commerce mondial, et à une
demande atone particulièrement dans les pays de la zone euro, principales destinations des
exportations tunisiennes. Les difficultés extérieures liées aux événements dits du printemps arabe
étaient ensuite d'ordre sécuritaire induisant des dépenses budgétaires supplémentaires pour
assurer la sureté de nos frontières.

2.6. Sur le plan interne, les changements inédits survenus à partir de l'année 2011, ainsi que les
attaques terroristes qui ont visé mon pays notamment à trois reprises en l'an 2015, ont marqué la
scène économique et ont accentué les défis induisant un fléchissement de l'activité économique. Le
tourisme et l'industrie du textile-habillement, secteurs clés pour l'économie tunisienne, se trouvent
particulièrement touchés.

2.7. Malgré les vents contraires, la Tunisie a continué d'honorer tous ses engagements envers ses
partenaires financiers et a aussi réussi à restaurer la confiance dans l'environnement des affaires,
désormais sain et transparent, et à rétablir un climat propice à l'investissement national et
étranger.

2.8. En effet, et comme indiqué dans le rapport du Secrétariat, en dépit du contexte difficile, la
Tunisie a fait preuve d'une résilience particulière réalisant ainsi une croissance positive.

2.9. Les fondamentaux économiques solides du pays, conjugués à des politiques budgétaire et
monétaire saines, ont permis une bonne maîtrise de l'inflation. D'une façon générale, l'économie
tunisienne a réussi à maintenir les équilibres fondamentaux.

2.10. En 2013, en réponse aux déséquilibres apparus suite à la forte hausse des dépenses
courantes, les efforts de rationalisation des dépenses de compensation notamment à travers la
réduction des subventions énergétiques et l'introduction de réformes fiscales depuis 2014 ont
permis d'améliorer la viabilité des finances publiques et de préserver les équilibres budgétaires.

2.11. La Tunisie a réussi la mobilisation des flux d'IED qui témoigne des potentialités et atouts
dont dispose le pays, et l'évolution des prix a été contenue au niveau de 4,9% à la fin de 2015. Au
niveau de la balance des paiements, le déficit commercial s'est contracté en 2015 grâce aux
performances des exportations surtout agricoles, ce qui a contribué à réduire le déficit des
paiements courants à 8,8% au terme de la même année. D'après la Banque mondiale, la pauvreté
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aurait reculé, ce qui traduit à la fois la capacité du système de protection sociale à préserver le
pouvoir d'achat des ménages et la maîtrise de l'inflation.

2.12. Il n'en demeure pas moins que les performances économiques de la période transitoire
2011-2015 étaient en-deçà du potentiel de l'économie tunisienne. Les défis de court terme
concernent particulièrement la situation du chômage, surtout des jeunes diplômés, ainsi que les
disparités régionales qui demeurent persistantes et requièrent des efforts considérables.

2.13. Permettez-moi maintenant de vous faire part, brièvement, des efforts déployés par la
Tunisie pour relever ces défis.

2.14. En effet, avec la signature du Pacte social en 2013, la Tunisie a réussi une expérience
unique de dialogue national et de compromis menée par un quartet de la société civile, ce qui lui a
valu le prix Nobel de la paix. Elle a mené, pacifiquement et avec succès, la transition politique
après la promulgation de la Constitution de la deuxième république et la mise en place des
institutions durables du pays.

2.15. Actuellement, la Tunisie s'est engagée dans sa transition économique et la reconfiguration


de son approche de développement conçue tout récemment par le gouvernement dans un plan
stratégique de développement pour la période 2016-2020. Ce plan aspire à transformer l'économie
tunisienne d'une économie à faible coûts à un hub ouvert et intégré dans la sphère mondiale.

2.16. Les objectifs du plan de développement visent à créer un tissu économique plus diversifié et
à forte capacité d'employabilité surtout de la main-d'œuvre qualifiée. La gouvernance et la lutte
contre la corruption, le développement humain et l'inclusion sociale, la concrétisation des
ambitions des régions et l'économie verte pour un développement durable sont également des
axes majeurs de développement.

2.17. Les efforts et ressources seront ainsi focalisés sur le renforcement et le développement des
infrastructures et de la logistique, la promotion de l'innovation, l'accroissement de la valeur
ajoutée pour les secteurs exportateurs et l'amélioration du rythme d'évolution de la productivité.

2.18. Les principaux projets structurant inscrits dans ce plan concernent la logistique, en
particulier les ports, les rails, les routes, les zones industrielles et autres. Pas moins de 50 grands
projets sont prévus dans le cadre de ce plan de développement et seront exécutés notamment
dans les différentes régions intérieures. Les investissements globaux atteindront 120 milliards de
dinars dont 45 milliards comme investissements publics, 57 milliards des investissements privés
locaux et 18 milliards des investissements directs étrangers.

2.19. La Tunisie compte sur ses propres moyens et sur l'appui de ses partenaires, bilatéraux et
multilatéraux, pour réaliser ses objectifs ambitieux. Les 29 et 30 novembre prochain verront la
tenue d'une conférence internationale à Tunis pour étayer les objectifs et les projets du pays, et
examiner les possibilités de contribuer à les réaliser.

2.20. D'ores et déjà, et en vue de réunir les conditions nécessaires permettant à l'économie
tunisienne d'accélérer ses performances au cours du nouveau plan quinquennal, la Tunisie a
entrepris un programme de vastes réformes structurelles et d'initiatives cohérentes pour la
consolidation de la stabilité macroéconomique, la mise à niveau de la qualité des services rendus
par l'administration et les institutions publiques, l'instauration d'une meilleure discipline budgétaire
et la poursuite de la réforme du secteur bancaire.

2.21. Les réformes visent en premier lieu les bases légales et organisationnelles de l'activité
économique à même d'améliorer le climat des affaires. Deux piliers essentiels de ces réformes
concernent la bonne gouvernance et l'efficacité des institutions en focalisant sur la bonne gestion
des ressources et la mobilisation des citoyens.

2.22. Avec son adhésion à "l'Open Government Partnership", le gouvernement a mis au point dès
décembre dernier le Portail du budget ouvert fournissant toutes les informations budgétaires. La
Tunisie fait partie des 40 pays qui utilisent la base de données sur les dépenses publiques de la
Banque mondiale pour assurer un accès plus aisé à des informations détaillées en la matière et
améliorer la transparence du budget et des dépenses.
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2.23. Les mesures budgétaires ont porté essentiellement sur la réforme du système fiscal via
l'amélioration du recouvrement des impôts et la conception de systèmes plus justes. Le taux
d'impôt sur les sociétés a été réduit et les services publics modernisés pour plus d'efficacité dans
le recouvrement.

2.24. De même, les réformes du système des subventions, notamment à l'énergie, ont été
engagées pour permettre l'allègement des finances publiques et un meilleur ciblage des dépenses
en faveur des plus pauvres.

2.25. Pour assurer le financement adéquat de l'économie nationale, une panoplie de mesures
ciblées ont été prises dont notamment la refonte de la Loi de la Banque centrale de Tunisie, et de
la Loi bancaire, ce qui a conduit à la convergence du cadre légal du système bancaire vers les
normes internationales. De même, le renforcement des assises financières et de la gouvernance
des banques, notamment publiques, et l'affermissement de la supervision bancaire basée sur les
risques, ont été menés afin de favoriser les meilleures conditions de stabilité financière et de
prévention des risques systémiques.

2.26. Dans le même ordre d'idées, et en vue de stimuler l'activité d'exportation, l'investissement
étranger et l'externalisation de l'entreprise tunisienne, la révision de la réglementation des
changes a été engagée dans le sens de plus de libéralisation et de flexibilité selon une approche
intégrée et séquentielle favorisant les mécanismes du marché.

2.27. Outre ces mesures, et afin de redynamiser la croissance et résorber le chômage surtout des
jeunes diplômés, et afin d'attirer les investissements, la réforme du code des investissements
prévoit la simplification des procédures, l'accès facile aux marchés en s'orientant vers la
suppression des autorisations pour la quasi-totalité des activités sans discrimination entre
tunisiens et étrangers, l'instauration d'un interlocuteur unique pour l'investissement et l'adoption
de garanties juridiques en matière de règlement des différends.

2.28. Une série d'autres réformes viennent également conforter l'investissement et la


compétitivité de l'économie nationale partant de la politique de la concurrence, qui a été renforcée
en 2015 par de nouvelles règles de transparence et de bon fonctionnement du marché, du rôle
plus important du conseil de la concurrence et son indépendance, comme prévus par la loi relative
à la réorganisation de la concurrence et des prix.

2.29. Il en est de même pour ce qui est de la modernisation du cadre réglementaire des marchés
publics qui a permis la dématérialisation des procédures, plus d'ouverture avec l'abolition de la
clause de sous-traitance nationale dans les cahiers des charges, l'amélioration de l'efficience et la
réduction des délais. Le rythme de réalisation de l'investissement public s'en trouve accéléré et la
part des montants des marchés publics attribuée à des entreprises étrangères a augmenté de 7%
en 2010 à 33% en 2014. C'est un très bon signe pour l'internationalisation de l'économie
tunisienne.

2.30. De même, la Loi sur le partenariat public-privé, promulguée au mois de novembre 2015,
promet une participation accrue du secteur privé dans les efforts d'amélioration des infrastructures
publiques du pays.

2.31. En sus de ces mesures structurelles, et dans l'objectif de maîtriser les prix et protéger le
pouvoir d'achat, le gouvernement a initié une série de mesures relevant de l'intensification du
travail sur le terrain, notamment au niveau des marchés de gros et de détail, de la recherche avec
la profession d'accords de modération des prix, du renforcement du contrôle, du gel des prix de
certains produits et de la poursuite du processus de résorption du commerce parallèle.

2.32. Je souhaiterais effectuer à présent le tour des grands axes de la politique commerciale
tunisienne.

2.33. La Tunisie est un Membre fondateur de l'OMC et est fermement attachée au système
commercial multilatéral et à sa primauté; elle accorde une grande importance à la mise en
conformité de ses politiques et procédures aux disciplines et engagements à l'OMC. Le système
commercial multilatéral incarné par cette organisation revêt un rôle particulier pour les petits pays
comme la Tunisie et établit des conditions plus équitables du commerce international. En effet, les
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intérêts des petits pays étant mieux desservis dans cette enceinte de maintien des règles de
fonctionnement plus avantageuses.

2.34. La Tunisie est préoccupée du fait que le Programme de Doha pour le développement n'ait
pas encore abouti. Toutefois, il est rassurant de constater que des avancées importantes ont été
réalisées lors de la neuvième et de la dixième Conférence ministérielle de l'OMC, tenues
respectivement à Bali et à Nairobi.

2.35. Le commerce international est au cœur de la politique économique et étrangère du pays. En


effet, la Tunisie étant un petit marché, les échanges commerciaux constituent le moteur de sa
prospérité. L'un des objectifs en matière de commerce international est de promouvoir et de
renforcer la compétitivité des entreprises nationales sur les marchés mondiaux et d'abolir les
obstacles au commerce. La politique commerciale très ouverte de la Tunisie s'est focalisée ces
dernières années sur les réformes intérieures unilatérales visant la libéralisation et la facilitation
des échanges et la poursuite du renforcement de l'intégration économique mondiale.

2.36. Il est important de souligner que, malgré la crise économique mondiale et les moments
difficiles pour l'économie tunisienne, la Tunisie a continué d'ouvrir son marché. Ses droits de
douane ont été substantiellement réduits et simplifiés. En 2016, ils ne sont plus que deux taux
pour les produits industriels. La moyenne théorique simple des droits de douane est de 14,1%. Si
l'on considère les préférences tarifaires, la moyenne pondérée des droits appliqués par la Tunisie
ne dépasse pas 5%. Plus de 85% des importations tunisiennes sont admises en franchise de
droits.

2.37. Par ailleurs, un processus participatif de simplification de la réglementation a été mis en


place au sein du Ministère des finances et du commerce afin de réduire les coûts de mise en
conformité et d'atténuer les effets disproportionnés de la réglementation. En sus, les procédures
d'importation ont été simplifiées davantage.

2.38. Le 1er mars 2016, le Ministère du commerce a de nouveau retiré de la liste des produits
soumis au contrôle technique à l'importation plus de 130 produits.

2.39. La Tunisie demeure très attentive au rôle que le commerce peut jouer dans le redressement
de l'économie nationale et comme moteur essentiel de la croissance et de la stabilité économique.
Ainsi, nous continuons d'œuvrer dans la mesure du possible en faveur de l'ouverture des marchés
et du renforcement du commerce mondial.

2.40. Pour pallier la prédominance des secteurs et destinations traditionnels des exportations
tunisiennes, la stratégie commerciale continue de focaliser sur les objectifs de diversification des
exportations aussi bien par produit que par marché. Elle vise l'orientation vers des créneaux
porteurs adaptés à la demande mondiale mouvante et de nouveaux marchés dynamiques
présentant des potentialités d'exportations importantes. L'investissement, y compris étranger, sera
orienté vers les secteurs de l'économie à haute valeur ajoutée et à contenu technologique élevé,
susceptibles de créer des emplois, notamment pour les diplômés de l'enseignement supérieur.

2.41. Par ailleurs, la Tunisie compte entretenir des liens de plus en plus étroits avec les économies
à croissance rapide de la région.

2.42. Le secteur des services est de plus en plus ouvert à la concurrence étrangère, et les
processus réglementaires sont transparents et évolutifs. Un programme de mise à niveau du
secteur permettra l'amélioration de ses performances notamment à l'export. Les avantages
comparatifs de la Tunisie dans plusieurs secteurs de services, notamment professionnels, font de
mon pays un exportateur net de services. La Tunisie est reconnue mondialement pour son
professionnalisme, son efficacité et son rapprochement des normes internationales dans de vastes
champs d'intervention de la médecine qui vont des soins dentaires, à la chirurgie esthétique et
réparatrice, et aux cures de thalassothérapie. Les atouts dans les domaines médical et du tourisme
médical consistent en la compétence du corps médical, de la qualité des prestations fournies et les
équipements performants outre l'adéquation entre l'infrastructure hôtelière et l'offre médicale.
Grâce à ses prestations médicinales très compétitives, en comparaison avec la plupart des pays
européens, des milliers de patients issus essentiellement de l'Europe, de la Libye, de l'Algérie ainsi
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que d'autres pays africains viennent profiter de la compétitivité et du rapport qualité-prix des
services de soins médicaux en Tunisie.

2.43. Avant de conclure, je vais partager avec vous les résultats primaires des réformes
entreprises et les perspectives de l'économie tunisienne.

2.44. En effet, l'amélioration récente de la sécurité et du climat social et la stabilisation des


tensions sécuritaires au niveau des frontières ont abouti à une croissance de l'activité économique
et le recul du phénomène de contrebande avec les pays limitrophes.

2.45. Le processus réformateur déclenché a pu asseoir la crédibilité de l'économie tunisienne et


ouvrir la voie à une relance de l'investissement et de la croissance, comme en témoigne
l'augmentation des intentions déclarées d'investissement de 26% au cours des six premiers mois
de cette année, ainsi que l'augmentation de l'importation des équipements, qui est un excellent
indicateur de la reprise de l'activité économique, nécessaires à la reprise des activités
d'investissement laissant entrevoir des perspectives très positives pour l'économie tunisienne.

2.46. Grâce à ces facteurs, la confiance dans l'économie s'est considérablement renforcée et sa
capacité de mobiliser des ressources extérieures reste importante et très élevée, ce qui traduit la
vision positive de la communauté financière internationale sur le potentiel à moyen terme de
l'économie tunisienne.

2.47. D'après les prévisions, le PIB réel devrait connaître une croissance annuelle de 4% en
moyenne entre 2016 et 2020, et le taux de chômage devrait baisser à 11% en 2020. Les
investissements d'infrastructure se poursuivront afin de renforcer l'avantage compétitif et le
potentiel de croissance de notre économie.

2.48. Pour l'année 2016, les prévisions tablent sur une amélioration de l'activité économique avec
un taux de croissance attendu de 2%. Cette performance se base sur le redressement progressif
des différents secteurs et la reprise de la demande européenne.

2.49. Pour conclure, je tiens à souligner que l'économie tunisienne est entrée actuellement en
phase de redressement et nous progressons actuellement à un rythme modéré, mais sûr, pour
reprendre le chemin d'une croissance économique durable.

2.50. Je tiens à préciser que mon équipe, que je tiens à saluer, a déployé un effort considérable
dans un laps de temps très court, coïncidant avec les festivités de l'Aïd en Tunisie, afin de
répondre à toutes les questions qui nous ont été adressées. La liste des réponses a été
communiquée ce matin au Secrétariat.

2.51. Nous considérons l'examen des politiques commerciales comme une opportunité de valeur
pour un échange de vues constructif. Je tiens à remercier tous les présents d'avoir patienter et je
reste, ainsi que mon équipe, à votre disposition pour toute question possible. Merci beaucoup.
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3 DÉCLARATION DU PRÉSENTATEUR

3.1. J'aimerais tout d'abord souhaiter la bienvenue à la délégation de la Tunisie, conduite par le
Ministre tunisien du commerce, S.E. M. Mohsen Hassen.

3.2. Je remercie M. le Ministre pour sa déclaration liminaire. J'adresse aussi mes remerciements
au gouvernement tunisien et au Secrétariat pour leurs rapports complets.

3.3. Avant d'aller plus loin, je dois reconnaître que je ne me suis jamais rendu en Tunisie. Lorsque
j'ai accepté cette mission, j'ai fait quelques recherches sur le pays sur Internet et j'ai trouvé
beaucoup de choses intéressantes. Si l'on fait des recherches en tapant "Tunisia tourism", on
tombe sur une page citant le New York Times et disant que "la Tunisie est connue pour ses plages
au sable doré, son ensoleillement et tout le luxe que vous pourriez souhaiter", ce qui me semble
très tentant. Quoi qu'il en soit, pour accomplir la tâche qui m'incombe aujourd'hui en qualité de
présentateur, je m'abstiendrai de me laisser séduire par toutes ces tentations et m'en tiendrai à un
examen objectif des rapports du gouvernement tunisien et du Secrétariat. Ceci étant dit,
j'aborderai plusieurs aspects des politiques appliquées par la Tunisie pendant la période
considérée, touchant par exemple à la performance économique globale du pays, aux régimes de
commerce et d'investissement et au rôle de la Tunisie dans le système commercial multilatéral.

Performance économique globale

3.4. La Tunisie, qui appartient à la tranche supérieure des pays à revenu intermédiaire, traverse
une prodigieuse transition socioéconomique. Son économie a fait preuve d'une franche résilience,
le pays ayant en effet enregistré en 2014 le PIB le plus élevé de son histoire avec 48,6 milliards de
dollars EU, malgré les perturbations engendrées par les troubles civils survenus après 2010.
L'aspect positif est que ces événements se sont soldés par l'adoption d'une nouvelle Constitution
et par l'élection démocratique d'un nouveau gouvernement.

3.5. La Tunisie a dû faire face à de nombreux et vastes problèmes qui ont conduit à la révolution
de 2011. Après la révolution, alors que les espoirs de la nation concernant l'avènement de la
démocratie étaient sur le point de s'éteindre, et que la violence semblait inéluctable, la Tunisie a
montré au monde comment une transition démocratique sereine pouvait être opérée en de telles
circonstances. Cela s'est fait grâce à la création du Quartet du dialogue national, une coalition de
groupements représentant la société civile. Le 5 octobre 2015 (l'année dernière), le Quartet du
dialogue national tunisien a reçu le prix Nobel de la paix en récompense de sa contribution décisive
à la construction d'une démocratie plurielle dans le pays. Cela a déjà été mentionné au tout début,
dans la déclaration de M. le Ministre, mais je tiens personnellement à souligner à nouveau ce fait,
car je vois qu'il fait la fierté de la Tunisie.

3.6. Cette transition démocratique sereine et bien négociée a contribué à jeter les bases saines
d'un cheminement, prometteur mais difficile, vers la prospérité. Entre le moment où a été effectué
le dernier examen (2005) et 2014, l'économie tunisienne a affiché d'excellents résultats,
enregistrant une croissance économique soutenue: la croissance annuelle moyenne du PIB a en
effet été de 3,4%. Cette croissance est entretenue par une économie diversifiée et orientée vers le
marché, conjuguée à des investissements dans le développement humain et l'infrastructure.

3.7. Néanmoins, le nouveau gouvernement établi en 2014 a été confronté à de nombreux défis,
comme le rétablissement de la confiance des entreprises et des investisseurs, la maîtrise du
budget et des déficits du compte courant, la consolidation du système financier du pays et la
résolution d'un chômage élevé.

3.8. Comme on s'y attendait, l'économie a ralenti pendant la période qui a suivi la révolution, la
croissance du PIB n'ayant atteint que 2,7% en 2014 contre 2,9% l'année précédente. En 2015, la
croissance du PIB réel ne devrait être que de 1% d'après les estimations du FMI et de la Banque
mondiale.

3.9. Ce ralentissement pourrait s'expliquer en partie par des facteurs comme le recul de la
production minière, imputable aux tensions sociales survenues dans le secteur du phosphate, dont
la Tunisie est le cinquième producteur mondial. Le secteur minier, transformation industrielle
comprise, représente environ 7,5% du PIB réel. Les autres facteurs à l'origine de ce
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ralentissement pourraient être la diminution de la production de pétrole et de gaz et le recul du


tourisme et des services de transport, et d'autres grands secteurs encore.

Régime de commerce et d'investissement

3.10. Compte tenu de la situation géographique stratégique de la Tunisie, le commerce a toujours


revêtu une grande importance pour le pays, le commerce de produits et de services représentant
environ 90% du PIB. Néanmoins, le déficit commercial de la Tunisie continue de se creuser car
depuis l'examen précédent, les importations ont progressivement augmenté tandis que les
exportations ont stagné depuis 2008.

3.11. Pendant la période à l'examen, les exportations de machines ont affiché une solide
croissance, quand la part du secteur de l'habillement dans les exportations est tombée de 30% à
16,5%. Les autres principaux secteurs d'exportation ont également reculé, à savoir ceux de l'huile
d'olive, du pétrole et des phosphates. L'Union européenne reste le principal marché d'exportation
de la Tunisie, absorbant 77% de ses exportations en 2014, et sa première source d'importation,
fournissant 58% de ses importations. La source d'importation qui affiche la croissance la plus
rapide est la Chine, dont la part dans les importations tunisiennes est passée de 2,9% en 2005 à
7,2% en 2014.

3.12. Depuis le précédent examen en 2005, la Tunisie a fait des efforts considérables pour faciliter
encore les échanges. Plusieurs mesures ont été adoptées, dont le traitement des documents
douaniers par voie électronique, l'acceptation des signatures électroniques et la mise en place d'un
système de paiement électronique des droits et des taxes. Le guichet unique électronique et le
projet de "liasse unique" ont par ailleurs été établis pour faciliter l'envoi et la réception
électroniques de la déclaration douanière, du titre de commerce extérieur et des documents du
contrôle technique à l'importation.

3.13. S'agissant des droits d'importation, entre 2005 et 2016, la moyenne simple des droits NPF
appliqués est tombée de 31% à 14,1%. Le taux de droit maximum a été radicalement réduit, de
150% en 2005 à seulement 36% en 2016. À l'heure actuelle, la Tunisie accorde l'entrée en
franchise de droits pour environ 47% de ses lignes tarifaires, contre 27% en 2015 et 15% en
2005.

3.14. S'agissant du climat de l'investissement et des conditions de l'activité des entreprises, les
efforts déployés par la Tunisie pour créer un environnement favorable aux entreprises ont porté
leurs fruits, et en 2016 la Tunisie est arrivée en 74ème position sur 189 pays selon le classement
Doing Business de la Banque mondiale. D'autres efforts ont été faits ou sont en cours pour
améliorer l'environnement des affaires et de l'investissement, par exemple la révision du Code des
incitations aux investissements, l'amélioration de l'accès aux financements pour les investisseurs,
et l'assouplissement des contrôles imposés par l'État et des procédures administratives, grâce à la
suppression ou à la simplification des formalités douanières et fiscales.

3.15. En outre, une nouvelle Loi relative à la concurrence et aux prix, adoptée en 2015, garantit
des conditions de concurrence loyale dans la mesure où elle sanctionne plus sévèrement les
pratiques anticoncurrentielles. Toutefois, certains biens et services demeurent exclus de la liberté
des prix; il s'agit de produits dits de "première nécessité" et subventionnés par l'État, ou de
services fournis par des monopoles d'État.

Contribution au système commercial multilatéral

3.16. La Tunisie contribue au système commercial multilatéral; elle a participé aux négociations
dans tous les domaines et a apporté une contribution aux résultats de Nairobi. En tant que
Membre de l'OMC, elle accorde le traitement NPF à tous ses partenaires commerciaux. Elle a
présenté 60 notifications à l'OMC depuis 2005, certaines étant toujours attendues dans les
domaines de l'agriculture, des restrictions quantitatives à l'importation, des programmes de
subvention et du commerce d'État.

3.17. La Tunisie n'a pris aucune mesure compensatoire ou antidumping ni aucune mesure de
sauvegarde. Depuis le dernier examen, elle a ouvert cinq enquêtes en matière de sauvegarde en
2006, en 2014 et pour la dernière fois en 2015, au sujet des importations de carreaux en
WT/TPR/M/341 • Tunisie

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céramique. Les deux enquêtes de 2006 ont été clôturées sans que des mesures de sauvegarde ne
soient adoptées et les autres sont en cours de règlement.

Remarques finales

3.18. Compte tenu des crises que traverse la Tunisie, les résultats qu'elle a réussi à obtenir sont
remarquables. Néanmoins, avec l'accroissement du déficit commercial et le recul de
l'investissement étranger direct, la Tunisie aurait grand besoin que les réformes économiques se
poursuivent. Pendant la décennie passée, le pays a entrepris de nombreux projets mais un grand
nombre d'entre eux ont démarré il y a seulement peu de temps. Les projets plus récents et ceux
qui sont en cours n'aboutiront que dans un certain temps.

3.19. Il convient toutefois de noter que parmi ceux qui pourraient rapidement avoir des
répercussions figurent l'amélioration des conditions de l'activité des entreprises, à laquelle la
Tunisie attache beaucoup d'importance et d'attention, en renforçant la transparence et la
prévisibilité et en simplifiant tous les régimes connexes.

3.20. Les autres mesures également susceptibles de favoriser l'environnement économique sont
l'amélioration des marchés publics et l'amélioration de la protection de la propriété intellectuelle.
Ces mesures contribueront à renforcer la confiance des investisseurs étrangers et à établir un
environnement commercial libéral, équitable et sûr. De plus, une réforme visant à rendre l'activité
commerciale plus accessible pour les investisseurs étrangers pourrait aider le pays à mieux utiliser
sa main-d'œuvre jeune et qualifiée, tout en éliminant les problèmes de chômage.

3.21. Je suis convaincu que le gouvernement tunisien va poursuivre sur la voie des réformes
économiques et socioculturelles. Je pense aussi que le pays est sur la bonne voie pour se redresser
et se développer durablement. Sur ces mots, je souhaite à la Tunisie un examen de sa politique
commerciale fructueux. Merci.
WT/TPR/M/341 • Tunisie

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4 DÉCLARATIONS DES MEMBRES

MEXIQUE

4.1. La délégation du Mexique note avec satisfaction le redressement opéré par l'économie
tunisienne après la révolution, tel que l'a décrit avec tant d'éloquence S.E. le Ministre du
commerce M. Mohsen Hassen (chef de la délégation), à qui nous souhaitons très chaleureusement
la bienvenue; nous saluons de la même façon la délégation venue de la capitale pour
l'accompagner, ainsi que le présentateur, l'Ambassadeur Boonyarit Kalayanamit (Thaïlande).

4.2. Le Mexique félicite la République de Tunisie pour sa nouvelle Constitution, pour les politiques
qu'elle a élaborées pour améliorer le droit à l'information et la transparence de l'État, et pour les
efforts qu'elle a déployés pour promouvoir les centres de formation du personnel des entreprises
qui investissent dans les technologies. Nous sommes aussi heureux de constater que le
gouvernement tunisien a réussi à rééquilibrer ses comptes macroéconomiques.

4.3. La Tunisie a une situation géographique qui favorise le commerce et 98% de la valeur totale
de ses échanges se font par voie maritime. C'est là un avantage déterminant pour faciliter la
réalisation des quatre objectifs de son projet de société et de développement de 2011.

4.4. Comme l'a mentionné la Présidente, la Tunisie a considérablement réduit le niveau de


protection depuis son dernier examen en 2005 en appliquant un droit moyen de 32,1% pour les
produits agricoles, contre 67% il y a un peu plus de dix ans, et un droit moyen de 9,6% pour les
produits non agricoles. Bien que cela représente une avancée non négligeable, une comparaison
étant très souvent faite avec les taux consolidés à l'OMC, de 120% en moyenne pour les produits
agricoles, ces droits restent néanmoins très élevés si le gouvernement tunisien veut atteindre son
objectif, à savoir faire de la Tunisie une puissance exportatrice.

4.5. Cette structure tarifaire, qui décourage les exportations, a obligé le gouvernement tunisien à
recourir, pour les entreprises entièrement tournées vers l'exportation, à un régime fiscal, douanier,
de change et d'incitations différent de celui applicable aux entreprises qui n'exportent qu'une
partie de leur production ou ne produisent que pour répondre à la demande intérieure.

4.6. S'agissant de la facilitation des échanges, ma délégation tient à féliciter le gouvernement


tunisien d'avoir notifié ses mesures relevant de la catégorie A en septembre 2014. Nous
souhaiterions à cet égard attirer l'attention sur les efforts considérables consentis par la Tunisie
pour appliquer les autres dispositions de l'Accord à l'échelle nationale.

4.7. S'agissant des services, le fait le plus marquant est la multiplication par 10 des centres
d'appel depuis le dernier examen, dont le chiffre d'affaires a atteint 250 millions d'euros et qui
emploient désormais 18 000 personnes. J'aimerais aussi souligner une fois encore les
investissements que le gouvernement tunisien réalise pour diversifier les exportations de services
touristiques et d'autres services à forte intensité de main-d'œuvre qualifiée.

4.8. Toutefois, nous notons que la Tunisie applique plusieurs incitations qui, du fait de leur
complexité et du coût de leur application, n'ont pas permis de créer autant d'emplois que prévu.
D'après le rapport du Secrétariat, on estime que 90% des avantages fiscaux accordés ont bénéficié
à seulement 10% des entreprises et que celles-ci n'ont créé que moins de 2% du nombre
d'emplois escompté. Il serait utile que le Ministre M. Hassen nous explique plus en détails le
fonctionnement de ces incitations.

4.9. La situation est encore plus préoccupante si l'on tient compte du fait que la Tunisie réserve
les activités commerciales, y compris les opérations d'import-export et la distribution de gros et de
détail, aux ressortissants tunisiens, alors que les étrangers sont tenus de constituer une société et
d'exporter au moins 30% de biens ou de services d'origine tunisienne. Ces dispositions pourraient
être contraires à l'Accord sur les mesures concernant les investissements et liées au commerce.

4.10. J'aimerais conclure en invitant vivement la Tunisie à poursuivre ses réformes économiques
et en la remerciant pour ses réponses aux questions posées par ma délégation, à la fois celles que
nous avons déjà envoyées et les questions complémentaires concernant la stratégie de commerce
extérieur que nous communiqueront aujourd'hui.
WT/TPR/M/341 • Tunisie

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4.11. Nous souhaitons à S.E. M. le Ministre et à la délégation tunisienne un examen fructueux.

ÉTATS-UNIS

4.12. Dire que la Tunisie, et d'ailleurs la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord dans son
ensemble, s'est métamorphosée depuis 2005 serait bien entendu un euphémisme. Les révolutions
et autres bouleversements qui ont balayé cette région au cours des dernières années sont après
tout, partis de la révolution tunisienne de 2011 dite "Révolution de jasmin". Les Tunisiens ont
gagné le respect et forcé l'admiration du monde entier en faisant preuve de persévérance dans un
contexte de crise politique et en parvenant malgré tout à élaborer leur nouvelle Constitution de
2014, largement plébiscitée.

4.13. Pourtant, comme l'indique le rapport du Secrétariat, le gouvernement tunisien a encore


d'importantes difficultés à résoudre concernant la politique de commerce et d'investissement. Il lui
reste un énorme travail de réforme et d'adoption de nouvelles lois dans un vaste ensemble de
domaines économiques et on peut donc comprendre qu'il faille établir un ordre de priorité. Nous
sommes cependant convaincus que le commerce et l'investissement joueront un rôle vital dans le
devenir de l'économie tunisienne et encourageons donc nos amis tunisiens à répondre au plus vite
aux besoins dans ces domaines.

4.14. Comme l'indique le rapport du Secrétariat, la Tunisie a su, malgré les bouleversements de
ces dernières années, conserver son statut d'économie émergente avancée, en grande partie
grâce au rôle de plaque tournante du commerce et de l'investissement qu'elle joue depuis
longtemps, en particulier vis-à-vis de l'Europe, et à sa main-d'œuvre bien formée. Cependant,
plusieurs freins à la croissance des exportations, notamment la trop grande complexité de la
réglementation, le manque de diversité des acteurs autorisés à participer au commerce et la
lourdeur des procédures douanières, ont empêché les entreprises tunisiennes de tirer davantage
parti du commerce extérieur.

4.15. De plus, le Secrétariat indique que la participation toujours importante des entreprises
publiques dans plusieurs secteurs d'activité économique a probablement freiné le développement
de la compétitivité des exportations tunisiennes, même si le pays est internationalement reconnu
en tant qu'exportateur de certains produits, par exemple l'huile d'olive et les dattes. La
participation de la Tunisie au système de l'OMC a aussi été modérée, dans la mesure où elle ne fait
toujours pas partie des Membres parties à l'Accord sur les marchés publics et à l'Accord sur les
technologies de l'information; nous nous félicitons toutefois qu'elle ait fait part de son intention
d'accepter l'Accord sur la facilitation des échanges et nous espérons qu'elle en notifiera la
ratification officielle dans les meilleurs délais.

4.16. Depuis 2005, les États-Unis travaillent en étroite collaboration avec le gouvernement et le
secteur privé tunisiens afin de renforcer les relations bilatérales de commerce et d'investissement,
en particulier dans le cadre de l'Accord-cadre relatif au commerce et à l'investissement conclu en
2002 entre les États-Unis et la Tunisie. À la suite de la révolution de 2010-2011, les États-Unis ont
rapidement cherché à redynamiser le processus de consultation dans le cadre de cet accord afin
d'identifier et de solutionner des questions importantes dans les domaines de l'accès aux marchés,
des services et de l'investissement, et de la protection des droits de propriété intellectuelle,
pouvant avoir des effets positifs sur les liens commerciaux entre nos deux pays.

4.17. Nous avons été heureux de constater que les producteurs tunisiens obtenaient des résultats
toujours plus concluants grâce à leur participation au schéma de préférences généralisées des
États-Unis et nous sommes soucieux de collaborer avec nos collègues tunisiens pour aider la
Tunisie à optimiser les avantages qu'elle peut tirer de ce schéma.

4.18. La Tunisie incarne l'espoir d'un changement positif dans la région du Moyen-Orient et de
l'Afrique du Nord, qui extraira la population du malaise économique et de la tourmente politique
pour la conduire à la prospérité pour tous les membres de la société. Si la Tunisie est en effet
porteuse de cet espoir, des réformes menées dans plusieurs domaines pourraient renforcer
l'intérêt des milieux d'affaires étrangers dans le marché tunisien. Nombre des questions que nous
posons aujourd'hui traduisent notre volonté de mieux informer les acteurs du secteur privé
américain des possibilités et des difficultés qui les attendent en Tunisie. Nous aurions par exemple
WT/TPR/M/341 • Tunisie

- 14 -

besoin de renseignements supplémentaires concernant différents aspects du régime


d'investissement de la Tunisie, que le gouvernement essaie de réformer depuis quelque temps.

4.19. Les problématiques douanières joueront un rôle pivot dans l'amélioration du fonctionnement
de l'infrastructure commerciale tunisienne, de même que l'approche adoptée par le pays en
matière de marchés publics. L'orientation future du secteur agricole sera déterminante pour le
développement global de l'économie tunisienne et le commerce revêtira une grande importance
pour ce développement. De plus, puisque les États-Unis ont toujours plaidé en faveur d'une forte
protection de la propriété intellectuelle, car elle est essentielle à la création d'une économie
propice à l'activité des entreprises et donc à la mobilisation des investissements étrangers
nécessaires, nous aimerions des éclaircissements concernant plusieurs politiques tunisiennes en la
matière.

4.20. Pour conclure, nous pensons que si le gouvernement et le secteur privé continuent de faire
preuve de la volonté politique qui a permis à la Tunisie d'arriver jusqu'ici, après tant d'événements
depuis la révolution, alors le pays sera promis à une intégration plus poussée dans le système
commercial mondial. Les États-Unis sont toujours disposés à collaborer avec la Tunisie pour
renforcer la coopération entre les deux pays, que ce soit dans le cadre de l'OMC ou sur le plan
bilatéral.

OMAN

4.21. Oman entretient des relations très étroites avec la Tunisie. Nous avons une longue histoire
commune et des liens fraternels et culturels; nous sommes également liés par de nombreux
programmes de coopération bilatéraux. Nos caractéristiques communes ont favorisé le
développement des possibilités et des échanges commerciaux entre les deux pays. Oman et la
Tunisie ont également des liens économiques et commerciaux très développés dans le cadre de la
Ligue arabe.

4.22. Depuis son dernier examen, la Tunisie a continué à conduire une politique volontariste
d'ouverture commerciale et d'intégration dans l'économie mondiale. En dépit de la crise
sociopolitique qui a frappé la Tunisie à la fin de 2010 et des bouleversements qui ont suivi,
notamment les multiples attentats et surtout ceux de 2015, le pays a conservé un taux de
croissance économique positif; cette croissance est en grande partie attribuable à la relative
diversification de l'économie, aux bons résultats commerciaux et au bon niveau de formation de sa
main-d'œuvre. D'ailleurs, la Tunisie fait partie des pays classés par le Programme des
Nations Unies pour le développement (PNUD) comme ayant un niveau de développement humain
élevé. En dépit de la crise sociopolitique, la Tunisie a enregistré une bonne performance budgétaire
qui a contribué à préserver sa stabilité macroéconomique. Et depuis le précédent examen, le pays
a réalisé des progrès notables selon les indicateurs du Programme Doing Business de la Banque
mondiale; il était classé 74ème sur 189 pays en 2016 en termes de facilité de faire des affaires.
Parmi les pays africains et arabes, l'économie tunisienne compte parmi les plus compétitives et
offre aux entreprises un cadre propice aux affaires. C'est là le résultat de sa résilience et de sa
diversité. Le Plan quinquennal 2016-2020 était en cours d'élaboration en avril 2016; selon les
autorités, il prévoit la promotion de l'investissement et de l'exportation à travers notamment
l'amélioration du climat des affaires, la libéralisation des activités économiques, la suppression de
certaines autorisations, la facilitation de l'accès au financement, une meilleure gouvernance et un
dispositif d'incitation à l'investissement plus efficace. La Tunisie est Membre originel de l'OMC et
accorde au moins le traitement NPF à tous ses partenaires commerciaux. En novembre 2014, le
Protocole d'amendement pour insertion, dans l'Annexe 1A de l'Accord sur l'OMC, du nouvel Accord
sur la facilitation des échanges a été adopté. En avril 2016, sa ratification par la Tunisie était en
cours. Depuis le précédent examen de sa politique commerciale en 2005, le pays a pris des
mesures pour faciliter le commerce et réduire ainsi le temps requis pour le dédouanement des
importations. De nouvelles mesures de facilitation des échanges ont été introduites dans le but de
dématérialiser le circuit de dédouanement, notamment avec le traitement des documents par voie
électronique.

4.23. La Tunisie est un Membre fidèle de l'OMC; elle demeure fortement attachée au système
commercial multilatéral ouvert et fondé sur des règles, et souligne le rôle fondamental de
l'Organisation à cet égard. Le pays pense que la tendance actuelle à la prolifération d'accords
mégarégionaux en matière de commerce et d'investissement, qui excluent la plupart des pays en
développement, est susceptible d'avoir des répercussions profondes sur ces pays. Leurs
WT/TPR/M/341 • Tunisie

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exportations se trouveront en concurrence avec celles d'autres pays bénéficiant de préférences


commerciales exclusives du fait de ces accords, ce qui réduira leur compétitivité.

4.24. La Tunisie est l'un des premiers exportateurs mondiaux d'huile d'olive et de spécialités
(dattes, harissa, oranges et fruits de mer par exemple) pour lesquelles elle est internationalement
reconnue.

4.25. La Tunisie n'a été impliquée directement, à titre de plaignant ou de défenseur, dans aucune
procédure de règlement de différends commerciaux à l'OMC.

4.26. Elle s'emploie à appliquer une politique de diversification de l'économie.

4.27. L'approche volontariste est caractéristique de la politique économique de la Tunisie, laquelle


est basée sur la diversification, les exportations et la technologie. Avec sa main-d'œuvre qualifiée
et l'attention qu'elle porte au développement des ressources humaines, la Tunisie a des possibilités
et des potentialités énormes dans de nombreux secteurs comme l'agriculture, les minéraux,
l'industrie manufacturière, les services et les technologies.

4.28. En dépit des nombreuses difficultés rencontrées par la Tunisie au cours des six dernières
années, le pays a fait preuve d'une grande résilience, grâce au dialogue national, qui a permis de
stabiliser l'environnement politique et de maintenir les grands équilibres macroéconomiques.

4.29. Nous aimerions féliciter le gouvernement et le peuple tunisiens pour l'unité dont ils ont fait
montre et pour leur capacité à maintenir la stabilité et la performance du pays pendant cette
période difficile.

4.30. La Tunisie participe activement aux négociations dans le cadre de l'OMC et joue un rôle
important dans les travaux du Groupe arabe et du Groupe africain.

4.31. Enfin, j'aimerais adresser nos remerciements à tous les membres de la délégation de la
Tunisie à Genève pour leur forte implication et leur rôle dans la défense des intérêts du Groupe
arabe à l'OMC.

UNION EUROPÉENNE

4.32. Voilà onze ans que le dernier examen de la politique commerciale de la Tunisie s'est tenu et
la situation du pays a bien changé depuis. L'Union européenne profite de cette réunion pour saluer
les courageux efforts menés par la Tunisie dans un contexte très difficile, que ce soit l'impact de la
crise financière, les risques géopolitiques liés au conflit en Libye ou les menaces terroristes que la
Tunisie mentionne dans son rapport comme ayant posé de grands défis à l'économie tunisienne.

4.33. J'en profite, au nom de l'UE, pour saluer le lancement de réformes d'ampleur dans un
contexte aussi difficile. Je voudrais par exemple citer le nouveau Code d'investissement et ses
décrets d'application dont l'UE attend beaucoup et dont la mise en œuvre effective pourrait
simplifier et consolider par secteurs les conditions d'opération des investisseurs étrangers. Le
Secrétariat de l'OMC a noté que la politique commerciale jusqu'ici n'avait pas été englobée dans
les vastes réformes menées depuis l'adoption d'une nouvelle constitution en 2014. L'UE espère
vivement que la délégation tunisienne aura l'occasion de nous en dire plus sur sa stratégie en
matière de commerce et d'investissements.

4.34. L'Union européenne est aux côtés de la Tunisie dans ses efforts. Le rapport du Secrétariat
souligne un certain nombre de mesures qui nous semblent absolument nécessaires et vont
d'ailleurs dans le sens des conclusions du deuxième examen de la politique commerciale de la
Tunisie tenu en 2005, à savoir l'importance de démanteler le dualisme entre les entreprises
tournées vers l'export et les entreprises dédiées au marché interne afin d'établir des conditions
semblables d'opération sur le marché pour toutes les entreprises et de continuer à faciliter les
procédures et accroître la transparence pour les opérateurs économiques.

4.35. S'agissant des relations commerciales bilatérales entre la Tunisie et l'UE, elles sont très
étroites: l'UE est le premier partenaire de la Tunisie à la fois pour ses importations et ses
WT/TPR/M/341 • Tunisie

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exportations. Entre 1998 et 2015, les exportations tunisiennes vers l'UE ont presque triplé. Trois
mille entreprises UE sont venues s'installer en Tunisie et y ont créé environ 300 000 emplois.

4.36. Nous avons commencé des discussions au sujet d'un approfondissement de nos échanges, à
travers le lancement, en octobre 2015, de négociations pour un accord de nouvelle génération,
l'ALECA (Accord de libre-échange complet et approfondi) qui ira bien au-delà du commerce des
marchandises. Ce devrait être un instrument d'intégration de nos économies destiné à donner à la
Tunisie un meilleur accès au marché européen.

4.37. En plus de deux aides macroéconomiques financières en appui aux fonds du FMI pour
renforcer les réserves monétaires du pays et de l'assistance au développement pour environ
1,2 milliard d'euros entre 2011 et 2015, l'UE est prête à soutenir les négociations et la mise en
œuvre de l'ALECA par un ensemble de mesures d'accompagnement destinées à soutenir le
processus de réformes en cours et à contribuer à la mise à niveau de certains secteurs clés tels
que l'agriculture, les services et à fournir un appui au secteur privé.

4.38. Étant donné qu'une longue période s'est écoulée depuis le dernier examen de politique
commerciale, il a été difficile de nous restreindre. L'UE espère que la Tunisie ne voit rien d'autre
dans nos nombreuses questions que la marque de notre intérêt majeur.

4.39. Nous avons posé des questions sur:

 les procédures douanières qui, nous semble-t-il, peuvent encore être améliorées et sur
la gestion du risque (à la fois à l'import et à l'export);

 sur certaines contraintes en matière de change qui peuvent présenter des obstacles pour
certains opérateurs notamment dans le domaine pharmaceutique;

 sur les intentions du gouvernement en matière d'achats publics;

 sur la mise en œuvre de la nouvelle loi sur la concurrence; et

 sur les règles en matière de partenariat public privé pour ne citer que quelques
exemples.

4.40. Nous aurions préféré que la Tunisie opte pour le nouveau délai afin d'avoir les réponses à
nos questions avant la réunion mais il est déjà remarquable que l'exercice ait lieu. D'autres pays
sont encore en liste d'attente et depuis bien plus longtemps. Nous souhaitons à la Tunisie
beaucoup de succès dans ces deux jours de discussion.

CHINE

4.41. Nous sommes heureux de constater que la croissance économique de la Tunisie est restée
positive pendant la période à l'examen, une performance attribuée en grande partie à l'évolution
très favorable de son commerce extérieur. Nous accueillons également avec satisfaction le fait que
de nombreuses mesures de réforme aient été adoptées pour lutter contre le dualisme caractérisant
l'économie tunisienne, comme le renforcement de la transparence et de la règle de droit, l'initiative
d'une réforme du Code d'investissement, l'adoption d'une nouvelle loi sur la concurrence et les prix
et la modernisation du cadre juridique du secteur bancaire. Nous nous félicitons du nouveau plan
de développement adopté par le pays pour établir une économie innovante, s'appuyant sur les
technologies de pointe, inclusive et durable, dans laquelle le commerce pourrait continuer de jouer
un rôle important.

4.42. En tant que nation commerçante, la Tunisie souscrit à une politique d'ouverture
commerciale mais sa politique commerciale n'a pas été révisée depuis assez longtemps et n'est
malheureusement pas encore incluse dans son ambitieuse réforme économique. Nous
encourageons la Tunisie à prendre de nouvelles mesures concrètes de réforme du commerce afin
de renforcer la compétitivité des entreprises tunisiennes, par exemple en diversifiant davantage
son commerce des marchandises et en développant son commerce des services.
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4.43. Sur le plan multilatéral, la Tunisie s'est conformée de façon satisfaisante à ses engagements
internationaux. Nous sommes heureux de constater que le gouvernement tunisien a choisi de
ramener la moyenne de ses droits appliqués de 45% en 2006 à 14% en 2016. Nous saluons les
progrès réalisés par le pays en vue de la ratification de l'Accord de l'OMC sur la facilitation des
échanges et espérons que ses procédures internes à cet effet seront achevées dans les meilleurs
délais. Nous saluons aussi les efforts faits par le gouvernement tunisien pour étudier la possibilité
de son accession à l'Accord sur les technologies de l'information. Nous nous félicitons de constater
que la Tunisie, qui est Membre originel de l'OMC, soit fermement attachée au système commercial
multilatéral équitable et fondé sur des règles. Nous nous réjouissons à l'avance de collaborer avec
la Tunisie et les autres Membres en vue d'une conclusion multilatérale positive du Cycle de Doha,
conformément à l'architecture et au mandat existants.

4.44. Les relations économiques bilatérales entre la Chine et la Tunisie ont continué de
s'approfondir et de s'élargir au cours de la décennie passée, en dépit de la crise sociopolitique
survenue à la fin de 2010. D'après les données statistiques de la Chine, les échanges bilatéraux se
sont chiffrés à 1,4 milliard de dollars EU en 2015, contre 340 millions de dollars EU en 2005. Les
investissements cumulés de la Chine en Tunisie totalisaient 146 millions de dollars EU à la fin de
l'année dernière, tandis que les investissements tunisiens en Chine atteignaient 48 millions de
dollars EU.

4.45. Nous avons posé des questions au sujet de la politique commerciale de la Tunisie
concernant des domaines comme l'investissement, la législation en matière d'hygiène et de santé,
l'accès aux services médicaux chinois et la protection de la propriété intellectuelle. Nous
remercions la délégation de la Tunisie pour ses réponses, que nous étudierons attentivement.

CANADA

4.46. Permettez-moi d'abord de féliciter la République tunisienne pour avoir réussi à consolider sa
démocratie suite à la révolution de 2011, malgré des défis importants en matière de sécurité et de
grandes difficultés socioéconomiques. En effet, même si l'économie de la République tunisienne a
continué de croître de 1% en 2015, les prévisions pour 2016 sont encore moroses1 et bien en-deçà
des capacités du pays. Cependant, malgré la situation, les investisseurs continuent d'exprimer leur
optimisme.

4.47. Depuis le dernier examen, la République tunisienne a continué de poursuivre des politiques
économiques libérales caractérisées par une plus grande ouverture de son environnement régional
et international, comme en témoigne encore récemment avec la présentation par la République
tunisienne d'un nouveau plan de développement quinquennal pour la période 2016-2020. Le
gouvernement tunisien s'engage dans des réformes visant à rétablir la croissance et améliorer
l'emploi.

4.48. Le Canada se félicite également de l'adoption au mois d'avril 2016 de la Loi sur
l'indépendance de la Banque centrale, ainsi que celles sur le partenariat public-privé et sur la
concurrence et les prix qui ont été adoptées en 2015. Nous croyons que ces lois permettront de
diversifier les sources de financement de l'État tout en améliorant la transparence et la
compétitivité nationale. Nous croyons également à la nécessité d'une réforme efficace du secteur
public.

4.49. La République tunisienne fait partie des pays prioritaires identifiés par le gouvernement du
Canada comme offrant le meilleur potentiel pour les intérêts commerciaux canadiens. D'ailleurs,
nous sommes fiers d'appuyer la croissance économique en République tunisienne en contribuant
au financement du Centre financier aux entrepreneurs (CFE). Le CFE est une organisation gérée
par Développement international Desjardins, qui offre des services financiers et de microcrédit à
des entrepreneurs tunisiens souhaitant créer et développer leurs petites entreprises.

4.50. La République tunisienne est en train de mettre en œuvre des mesures nécessaires afin
d'augmenter son attrait commercial, et ce particulièrement en promouvant l'investissement privé.
Dans cette optique, le Canada et la République tunisienne ont, il y a quelques années, entrepris
des négociations en vue de conclure un accord sur la promotion et la protection des

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Tunisia, Country Report by EIU, mai 2016.
WT/TPR/M/341 • Tunisie

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investissements étrangers (APIE). Le Canada est convaincu que les APIE sont bénéfiques et
permettent d'accroître l'investissement dans des secteurs où les États parties visent l'excellence.
Nous vous encourageons à poursuivre l'amélioration du climat des affaires dans votre pays en
adoptant notamment un nouveau code des investissements qui est attendu depuis fort longtemps.

4.51. Le Canada et la République tunisienne se félicitent également des discussions préliminaires


qu'il vient d'y avoir concernant un accord sur la sécurité sociale. La conclusion d'un tel accord
entre le Canada et la République tunisienne renforcera le commerce et les investissements entre
nos deux pays en réduisant les coûts d'exploitation pour les entreprises actives en République
tunisienne et au Canada.

4.52. Nous encourageons la République tunisienne à résister aux pressions protectionnistes et à


poursuivre ses efforts de libéralisation du commerce. Dans cette perspective, il serait judicieux que
la République tunisienne envisage de participer aux initiatives plurilatérales à l'OMC, en devenant
par exemple observateur à l'Accord sur les marchés publics. Nous lui recommandons également de
ratifier l'Accord sur la facilitation des échanges dès que possible. De plus, en 2015, la CNUCED
avait recommandé à la République tunisienne de signer l'Accord sur les technologies de
l'information. Nous invitons la République tunisienne à suivre cette recommandation.

4.53. Le Canada s'attend à ce que les échanges portant sur les politiques régissant l'économie de
la République tunisienne s'avèrent des plus fructueux. Finalement, le Canada souhaite à la
délégation tout le succès possible dans l'accomplissement de sa tâche et aimerait réitérer son
appréciation de l'opportunité qui lui est offerte de participer à cet examen.

BRÉSIL

4.54. Avant toute chose, nous tenons à féliciter la population tunisienne pour sa victoire
démocratique de 2011. Nous nous intéressons de près à l'évolution naturelle du processus engagé
et à l'établissement des jalons que représentent par exemple, en 2014, l'adoption de la nouvelle
Constitution et la tenue d'élections générales. Le Brésil pense que ce terreau fertile doit être
entretenu avec soin et que le régime démocratique devrait être favorisé par une croissance
économique durable. Dans cette optique, nous nous félicitons que le gouvernement tunisien
s'emploie à améliorer les conditions nationales de l'activité des entreprises et à attirer
l'investissement. Le système commercial multilatéral et ses règles ont un rôle à jouer à cet égard.
La Tunisie peut aussi améliorer ses performances commerciales en diversifiant ses partenaires
commerciaux ainsi que les produits et services qu'elle exporte. Ces idées ont déjà été exprimées
dans le rapport EPC de la Tunisie et le Brésil est disposé à contribuer à leur concrétisation.

4.55. Parmi les autres faits marquants soulignés par le rapport du Secrétariat figure
l'établissement d'un cadre institutionnel tunisien suivant des principes comme la cohérence, la
transparence et la règle de droit. Cela permet une certaine prévisibilité de la fiscalité, la révision
systématique de la réglementation et l'adoption de mesures de facilitation des échanges. Depuis
l'examen de 2005, la Tunisie a aussi réduit ses droits de douane et le Secrétariat indique que cela
traduit en partie sa volonté d'aligner les droits NPF sur les préférences accordées pour les produits
non agricoles au titre de l'Accord avec l'Union européenne. Le Brésil aimerait que cette réduction
tarifaire soit appliquée aussi pour les produits agricoles, de même qu'un éventuel accroissement
des contingents tarifaires, en particulier pour la viande bovine.

4.56. Le Brésil espère approfondir ses relations bilatérales avec la Tunisie. Les flux d'échanges
bilatéraux restent assez modestes: ils ont totalisé 360 milliards de dollars EU en 2015. Les
principaux produits exportés par le Brésil vers la Tunisie sont des produits traditionnels comme le
sucre et le soja. Les principaux produits importés sont des engrais (phosphates), certaines
machines électriques et quelques produits chimiques. Nous pensons que ces échanges pourraient
vraiment se développer et se diversifier. Il en va de même pour les investissements. Les
cimenteries brésiliennes ont déjà des liens avec les cimenteries tunisiennes et il nous faut aller de
l'avant. Depuis 2014, nos gouvernements examinent la possibilité d'un accord de coopération et de
facilitation des investissements qui, une fois conclu, offrira un cadre pour renforcer les liens
économiques entre nos deux pays.

4.57. Nous sommes aussi disposés à intensifier et à élargir notre coopération avec la Tunisie.
Nous sommes convaincus que renforcer la coopération entre les pays en développement est un
WT/TPR/M/341 • Tunisie

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moyen non négligeable de permettre le partage des technologies et des pratiques mises au point
dans des conditions sociales et économiques analogues.

4.58. Le Brésil suit toujours avec intérêt l'évolution de la politique commerciale de la Tunisie.
Nous avons communiqué des questions et attendons avec intérêt les réponses. Nous souhaitons à
la Tunisie un examen très fructueux de sa politique commerciale.

ROYAUME D'ARABIE SAOUDITE

4.59. En dépit des obstacles monumentaux érigés par la crise politique et sociale et les problèmes
de sécurité, l'économie tunisienne a résisté et est restée ouverte. Le gouvernement tunisien a
poursuivi sa stratégie de diversification de l'économie, de libéralisation du régime de commerce
extérieur, d'amélioration des résultats économiques et de renforcement des capacités de sa
main-d'œuvre qualifiée.

4.60. Le Royaume d'Arabie saoudite salue les efforts de la Tunisie pour maintenir la stabilité
macroéconomique et conserver un régime de commerce et d'investissement libéral et transparent.
Plusieurs raisons incitent à l'optimisme au sujet de la transformation économique positive du pays,
en particulier les grandes réformes structurelles de relance entreprises par le gouvernement dans
différents secteurs tels que le secteur public, la finance, la fiscalité et le régime de subventions, le
tarif douanier, les prix et la concurrence, les procédures douanières et les mesures de lutte contre
la fraude.

4.61. D'importants moyens ont été mis en œuvre ces trois dernières années pour créer un
environnement propice à l'investissement et pour stimuler la croissance et la création d'emplois.
Des efforts intenses ont été déployés pour simplifier la réglementation régissant l'enregistrement
des nouvelles entreprises et le renouvellement des licences, ainsi que pour réduire les obstacles
administratifs. L'ouverture du secteur des télécommunications a permis d'améliorer les services et
de réduire les prix. L'ambitieux projet "Tunisie numérique 2018", qui vise à garantir l'accès à
l'Internet à haut débit dans tout le pays, représente un investissement considérable dans les
infrastructures pour entreprises.

4.62. L'Arabie saoudite et la Tunisie sont d'importants partenaires commerciaux; en 2015, les
échanges commerciaux entre les deux pays ont dépassé 300 millions de dollars EU. L'Arabie
saoudite fait partie des plus gros investisseurs en Tunisie. Le Conseil des entreprises Arabie
saoudite-Tunisie a été créé en 2002 pour promouvoir la coopération dans les domaines du
commerce, de l'investissement, des transports, de l'infrastructure, de l'agriculture et du tourisme.

4.63. En 2015, l'Arabie saoudite et la Tunisie ont signé un Mémorandum d'accord ainsi que trois
accords: dans le domaine de la protection et de la défense civiles, en vue du financement de la
construction d'une centrale électrique en Tunisie et s'agissant de la réglementation du transport
routier de voyageurs et de marchandises.

4.64. La Tunisie a apporté la preuve de sa détermination à soutenir le système commercial


multilatéral et l'OMC, et de sa volonté de continuer à jouer un rôle actif dans la promotion du
libre-échange.

4.65. À cet égard, j'aimerais saluer l'implication de S.E. l'Ambassadeur Walid Doudech et de sa
délégation dans le cadre du Groupe arabe et des négociations et autres activités de l'OMC.

MALI

4.66. Le Mali et la Tunisie entretiennent d'excellentes relations politiques, économiques,


commerciales et culturelles. Les dramatiques circonstances sécuritaires qui ont secoué notre
région commune, le Sahel, ces dernières années continuent d'agiter la stabilité de nos deux pays
déjà durement éprouvés par l'environnement économique mondial très défavorable à la croissance
et au développement.

4.67. Cependant, malgré cet environnement hostile, il est heureux de relever que la Tunisie a
réussi à se maintenir dans le groupe de pays au revenu moyen supérieur, grâce à l'engagement
courageux de réformes majeures visant à asseoir une bonne gouvernance, améliorer
WT/TPR/M/341 • Tunisie

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l'environnement des affaires, mettre en œuvre une politique de financement de l'économie et


renforcer les équilibres budgétaires.

4.68. En matière de politique sectorielle, nous apprécions les orientations du gouvernement de la


Tunisie vers la modernisation de l'agriculture et de l'industrie, ainsi que la diversification de
l'économie par le numérique et l'exploitation des ressources minières, le tout dans le respect des
normes environnementales.

4.69. Sur cette base, la Tunisie a résolument opté pour une politique commerciale libérale
favorable à l'intégration à l'économie mondiale pour une croissance et un développement soutenus
particulièrement par le transfert technologique et l'existence d'un cadre législatif attractif de
l'investissement direct étranger (IDE).

4.70. Ma délégation note avec intérêt les résultats remarquables déjà produits par ce choix
politique de la Tunisie sur la période 2011-2014 dans ses échanges commerciaux avec l'extérieur,
dans la promotion des exportations en particulier et dans la facilitation du commerce en général.

4.71. Ma délégation saisit cette opportunité pour saluer les efforts d'ouverture remarquables de la
Tunisie vers le reste du monde, en particulier vers les pays africains dont le Mali et l'encourage à
poursuivre et multiplier ces réformes engagées et, en particulier, à faire aboutir les objectifs du
plan de réformes qu'elle s'est donnés.

4.72. Signataire de l'Accord de Marrakech d'avril 1994 instituant l'OMC, la Tunisie ne manque
aucune occasion de témoigner son attachement au système commercial multilatéral et
l'importance du rôle qui revient à l'OMC pour les pays en développement et les PMA.

4.73. Ma délégation partage la position exprimée par la Tunisie pour une mise en œuvre parfaite
des Décisions ministérielles de Bali et de Nairobi.

4.74. Le Mali réaffirme sa détermination à ne rien ménager pour renforcer et enrichir la


dynamique coopération qu'il entretient avec la Tunisie.

MAURICE

4.75. Maurice reconnaît les effets des facteurs internes et externes qui ont fait entrave à la
croissance de la Tunisie depuis le dernier examen en 2005. Cette situation découle d'un ensemble
de facteurs géopolitiques qui pèsent sur l'économie tunisienne.

4.76. Nous reconnaissons les efforts consentis par le gouvernement tunisien, conformément à la
note d'orientation de septembre 2015, dans le but d'établir un cadre en vue de la réforme politique
et de la mise en œuvre de programmes et de projets. Les objectifs ultimes étant d'améliorer
l'infrastructure, d'attirer des investissements, de moderniser les services collectifs, de renforcer les
partenariats public-privé et de gommer les inégalités intrarégionales.

4.77. Mettre en place une économie durable respectueuse de l'environnement, inclusive,


innovante et qui s'appuie sur les technologies de pointe nécessite des changements de paradigme,
et nous trouvons encourageante la détermination dont le gouvernement tunisien fait preuve à cet
égard.

4.78. Au niveau de l'Union arabe, nous partageons les valeurs communes d'une intégration
régionale efficace, de l'amélioration de la facilité de faire des affaires et du climat de
l'investissement, et du développement du commerce de marchandises et de services.

4.79. Maurice et la Tunisie ont engagé des négociations en vue d'un accord de libre-échange et se
sont déjà mises d'accord sur un texte-cadre. Restent à négocier les offres relatives à l'accès aux
marchés et les prescriptions en matière de règles d'origine, ce que les deux Parties se sont
engagées à faire dans un avenir proche.

4.80. Conformément aux accords que nos deux pays ont conclus avec l'UE et à l'Accord bilatéral
entre Maurice et la Tunisie, nous avons notamment pour ambition de créer des synergies entre ces
trois accords, de façon à faciliter autant que faire se peut la libre circulation des marchandises sur
WT/TPR/M/341 • Tunisie

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les trois marchés, grâce à des règles analogues, et de favoriser le cumul de l'origine. Nous avons
aussi l'intention d'envisager d'élargir la portée de l'ALE, afin qu'il porte aussi sur le commerce des
services et sur d'autres questions liées au commerce pour faciliter les échanges.

4.81. En 2008, nous avons conclu un accord sur la double imposition. Maurice attend également la
réponse des autorités tunisiennes concernant le projet d'accord sur la protection et la promotion
des investissements que nous avons présenté, et compte sur la relance de la coopération entre le
Conseil de l'investissement de Maurice et l'Agence tunisienne de promotion de l'investissement
étranger.

4.82. Le secteur maritime compte parmi les secteurs que Maurice et la Tunisie considèrent comme
étant d'une importance capitale pour obtenir un développement foudroyant. Nous avons l'intention
d'envisager la possibilité de créer des coentreprises dans les secteurs de la pêche et de la
transformation du poisson et l'établissement d'une plate-forme d'échange de produits de la mer,
d'échanger des données d'expérience concernant l'aquaculture marine et les techniques de pêche,
et d'étudier la possibilité d'importer du thon pour le transformer.

4.83. Maurice et la Tunisie ont également engagé, à l'échelle continentale, des négociations en
vue de la conclusion d'un ALE de libre-échange panafricain d'ici à 2017. L'Accord bilatéral
complètera utilement l'Accord continental et sera plus ambitieux du point de vue de son contenu et
de sa portée.

MADAGASCAR

4.84. La Tunisie a connu des difficultés liées au contexte national, régional et international, ce qui
a engendré des crises profondes avec des impacts majeurs sur sa croissance économique. Malgré
les défis auxquels la Tunisie a fait face, elle a pu définir une nouvelle vision pour le développement
axée sur l'emploi, l'accroissement de revenus, l'égalité des chances, la prospérité partagée, le
renforcement de la compétitivité, le développement régional et social et le développement durable.

4.85. Madagascar se réjouit des réformes entamées par la Tunisie, qui ont permis de stabiliser les
grands agrégats macroéconomiques, engendrant des effets positifs sur la croissance du pays.

4.86. Madagascar note avec satisfaction la tendance à la hausse du PIB par habitant de la Tunisie
à 3 250 euros en 2014 ainsi que de son niveau de développement humain élevé.

4.87. Ma délégation salue les réformes entreprises par la Tunisie dans ses pratiques économiques
et commerciales, en particulier celles relatives à la promotion des exportations, la diversification
des produits, la concurrence, l'investissement et le climat des affaires, la facilitation du commerce,
la politique tarifaire, l'agriculture, l'industrie et l'économie numérique.

4.88. Ma délégation se félicite de l'attachement de la Tunisie à la libéralisation des échanges


commerciaux et au renforcement du système commercial multilatéral.

4.89. Madagascar a un lien privilégié avec la Tunisie. C'est en qualité de pays ami et frère,
partageant l'usage de la langue française, faisant partie d'un même continent, que nous sommes
ici présents à cet examen.

4.90. De nombreux étudiants malgaches ont été formés en Tunisie et il y en a encore. Les deux
pays gagneraient à renforcer leur coopération bilatérale, à améliorer leurs échanges commerciaux
et à exploiter leurs opportunités d'investissement.

4.91. Ma délégation salue la ferme volonté d'engagement de la Tunisie à poursuivre les réformes
engagées pour le développement économique, social et durable du pays.

TERRITOIRE DOUANIER DISTINCT DE TAIWAN, PENGHU, KINMEN ET MATSU

4.92. Depuis le dernier examen de sa politique commerciale en 2005, la Tunisie a enregistré une
croissance économique positive pendant toute la décennie excepté en 2011, année où l'économie a
été durement frappée par une crise sociopolitique qui avait éclaté à la fin de 2010. En 2014, le PIB
par habitant de la Tunisie était de 3 250 euros, ce qui représente une augmentation de 5% par
WT/TPR/M/341 • Tunisie

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rapport à 2011. Aussi tenons-nous à féliciter le gouvernement tunisien d'avoir réussi à redresser
l'économie depuis la crise. Toutefois, nous notons que le taux de chômage de la Tunisie, d'environ
15%, est assez élevé. Cela suggère que le gouvernement tunisien doit poursuivre les réformes
structurelles engagées pour attirer l'investissement étranger, ce qui stimulera la croissance
économique et permettra de créer plus d'emplois.

4.93. D'après le programme Doing Business de la Banque mondiale, la Tunisie a fait des progrès
importants sur le plan des conditions d'activité des entreprises et était classée 74ème sur
189 économies en 2016. Cependant, en matière de compétitivité, elle arrivait en 92ème position sur
140 économies en 2016, d'après le Rapport sur la compétitivité mondiale, alors qu'elle était en
83ème position sur 148 économies en 2014. Le pays affiche des résultats particulièrement
médiocres en ce qui concerne l'efficacité, par exemple pour ce qui est de l'efficacité du marché des
marchandises, du marché du travail et du marché financier. Ainsi, nous encourageons la Tunisie à
engager de nouvelles réformes institutionnelles afin d'accroître l'efficacité de ses marchés et
d'améliorer sa compétitivité.

4.94. S'agissant des prohibitions et des restrictions quantitatives à l'importation, nous notons que
l'importation de certains produits peut être prohibée ou restreinte en vertu d'une loi de 1994 sur
l'exclusion du régime de libre importation. La liste des produits exclus de ce régime n'a pas changé
depuis 2001. Elle compte actuellement 800 lignes tarifaires au niveau de la position à 9 chiffres du
SH. Nous prions donc vivement la Tunisie de réviser cette longue liste de produits et de la
raccourcir.

4.95. Même si nous reconnaissons les efforts déployés par la Tunisie pour simplifier ses
procédures douanières, nous aimerions l'encourager à ratifier l'Accord sur la facilitation des
échanges aussi rapidement que possible. Les améliorations sur le plan de la facilitation des
échanges auront indéniablement d'importantes retombées positives pour les Membres, en
particulier pour les pays en développement Membres, notamment en termes de réduction des
coûts du commerce mais aussi d'amélioration du climat de l'investissement et de renforcement de
la compétitivité.

4.96. S'agissant du régime tarifaire de la Tunisie, depuis 2005, le gouvernement tunisien a


progressivement diminué ses droits d'importation, en partie pour lutter contre la contrebande et la
corruption. La moyenne simple globale des droits NPF appliqués est de 14,1% en 2016, ce qui
représente une diminution considérable par rapport aux 31% enregistrés en 2005. Nous saluons
les efforts faits par la Tunisie pour améliorer son régime tarifaire. Toutefois, le pays applique
toujours des droits relativement élevés pour les produits agricoles, de 32,1% en moyenne en
2016. Nous encourageons donc le gouvernement tunisien à envisager de réduire encore ces droits
applicables aux produits agricoles afin de favoriser le commerce.

4.97. Si le volume total des échanges commerciaux bilatéraux entre la Tunisie et le Territoire
douanier distinct de Taiwan, Penghu, Kinmen et Matsu était encore modeste en 2015, totalisant
64 millions de dollars EU, nous comptons sur le futur développement continu des relations
commerciales entre nos deux économies.

4.98. Pour conclure, nous encourageons vivement la Tunisie à poursuivre ses réformes
réglementaires et structurelles en vue de l'amélioration des conditions d'activité des entreprises et
du climat de l'investissement, et à libéraliser encore plus son marché afin de participer activement
aux chaînes de valeur mondiales.

INDE

4.99. L'Inde et la Tunisie entretiennent des relations bilatérales cordiales et amicales qui, ces
dernières années, se sont développées dans divers secteurs. Le Vice-Président de l'Inde a rendu
une visite officielle à la Tunisie le mois dernier, ce qui a permis d'établir des bases solides en vue
d'un renforcement futur des liens bilatéraux. Le Ministre tunisien des affaires étrangères avait
précédemment accompagné la délégation tunisienne en Inde pour assister au troisième sommet
du Forum Inde-Afrique, en octobre 2015. Les échanges bilatéraux ont augmenté de
95%: d'environ 183 millions de dollars EU en 2005-2006, ils sont passés à environ 358 millions de
dollars EU en 2015-2016. Les exportations indiennes vers la Tunisie sont passées d'environ
82 millions de dollars EU en 2005-2006 à environ 222 millions de dollars EU en 2015-2016.
WT/TPR/M/341 • Tunisie

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S'agissant des investissements, les entreprises indiennes ont investi en Tunisie dans des secteurs
tels que les engrais, le transport de l'électricité, l'automobile, etc. Une grande coentreprise, à
savoir Tunisia-India Fertilizer SA (TIFERT), qui avait investi environ 450 millions de dollars EU, est
entrée en activité en 2013. Pendant la période à l'examen, les deux gouvernements ont entrepris
des initiatives pour encourager les échanges commerciaux et les flux d'investissement dans des
secteurs comme l'énergie, les PME, les médicaments et les produits pharmaceutiques, les textiles
et les TIC. Dans le contexte de la coopération Sud-Sud, l'Inde a été un partenaire de
développement important de la Tunisie et a organisé des initiatives de renforcement des capacités
et d'assistance technique dans le cadre du Programme de coopération technique et économique de
l'Inde. Nous comptons nous appuyer sur ces initiatives et approfondir encore notre partenariat
avec la Tunisie.

4.100. En dépit des difficultés sociopolitiques, l'économie tunisienne a enregistré des taux de
croissance positifs durant la décennie, en grande partie grâce à la relative diversification de
l'économie et au bon niveau de formation de sa main-d'œuvre. Nous nous félicitons que la Tunisie
fasse partie des pays classés par le PNUD comme pays à niveau de développement humain élevé,
avec un faible taux d'extrême pauvreté (0,7% de la population) et de bons résultats sur le plan de
l'égalité hommes-femmes, les femmes représentant 31% des sièges à l'Assemblée des
représentants du peuple. La Tunisie a adopté une nouvelle constitution en 2014, ce qui a jeté les
bases de changements notables dans les cadres juridique, politique et institutionnel.

4.101. Même si l'économie tunisienne a continué d'afficher une croissance positive, elle a toujours
des défis à relever, sur le plan socioéconomique et dans le domaine de la politique commerciale,
notamment: i) maîtrise du taux de chômage élevé, de plus de 15%; ii) mobilisation de
l'investissement étranger; iii) forte présence de l'État dans différentes activités économiques où il
exerce un monopole ou un droit exclusif et restrictions aux investissements privés; iv) forte
augmentation du déficit commercial, qui a contribué à l'aggravation du déficit du compte courant
extérieur à 9% du PIB en 2015; et v) dépréciation de la monnaie, le dinar. Nous notons que le
gouvernement est déterminé à appliquer d'importantes réformes afin de parvenir à une croissance
stable, à mettre en œuvre une politique volontariste d'ouverture du régime de commerce et des
pratiques commerciales et à s'intégrer dans l'économie mondiale, à renforcer la compétitivité et à
stimuler l'emploi, et à améliorer l'environnement commercial pour les investisseurs. Nous notons
que la note d'orientation stratégique et le plan de développement pour la période 2016-2020
retracent les grandes lignes ainsi que les objectifs de développement pour la période à venir. Nous
encourageons la Tunisie à continuer de mettre en œuvre des réformes économiques visant à
établir un environnement prévisible et propice à l'activité et à la croissance économiques, ouvrant
ainsi la voie à une transition économique et sociale réussie et au développement durable.

4.102. Nous nous félicitons de l'attachement de la Tunisie au système commercial multilatéral et


saluons sa participation aux négociations du Cycle de Doha en tant que membre du Groupe
africain, du G-90 et du Groupe des auteurs du document TN/C/W/52.

SINGAPOUR

4.103. Singapour entretient des relations cordiales avec la Tunisie. Si le volume des échanges
bilatéraux est pour l'heure modeste, nous espérons que nos relations économiques bilatérales se
renforceront à mesure que la Tunisie s'intègrera davantage au système commercial mondial.

4.104. Nous notons que le nouveau modèle de développement de la Tunisie va dans le sens d'une
économie inclusive, innovante et qui s'appuie sur les technologies de pointe, propice à un
développement durable. Nous prenons aussi note des réformes majeures envisagées pour le pays
dans le plan quinquennal pour la période 2016-2020. Nous sommes convaincus que la Tunisie
progressera encore jusqu'à atteindre ses objectifs, à savoir le passage d'une économie à faible
coût à un hub économique, le développement humain et l'inclusion sociale, le développement
régional inclusif et global et l'adoption d'une économie verte pour un environnement durable.

4.105. Nous aimerions féliciter la Tunisie d'avoir notifié ses engagements relevant de la
catégorie A de l'Accord de l'OMC sur la facilitation des échanges. Nous apprenons à la lecture du
rapport du Secrétariat qu'elle a engagé son processus de ratification de cet accord et espérons
qu'elle notifiera bientôt son acceptation du Protocole d'amendement pour insertion de l'Accord de
WT/TPR/M/341 • Tunisie

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l'OMC sur la facilitation des échanges dans l'Annexe 1A de l'Accord sur l'OMC. Nous encourageons
aussi vivement le pays à accepter le Protocole portant amendement de l'Accord sur les ADPIC.

4.106. Nous rappelons qu'un certain nombre de notifications de la Tunisie sont encore attendues
et l'invitons à ne pas relâcher ses efforts s'agissant de ces notifications.

MAROC AU NOM DU GROUPE AFRICAIN

4.107. C'est pour le Groupe africain un immense plaisir de participer aujourd'hui au troisième
examen de la politique commerciale de la Tunisie qui, j'en suis convaincu, sera l'occasion de
permettre aux pays Membres de prendre connaissance des réformes économiques et commerciales
réalisées par ce pays ami et frère dans le système commercial multilatéral. Cet examen sera
également l'occasion de montrer la capacité de résilience de l'économie tunisienne qui a évolué au
cours des dernières années dans un environnement caractérisé par les effets d'une succession
d'événements internes et externes, proliférant les crises et les défis.

4.108. En dépit des bouleversements que la Tunisie a connus depuis fin 2010 et qui ont eu des
répercussions importantes sur la trajectoire de croissance et de développement de l'économie
tunisienne, ce pays frère a réussi à maintenir les grands équilibres macroéconomiques, continuant
à enregistrer des taux de croissance économique positifs, laquelle croissance a été soutenue en
grande partie par la diversification de l'économie et une performance commerciale.

4.109. Sur le plan économique, avec un PIB par habitant équivalent à 3 250 euros en 2014, la
Tunisie est demeurée dans le groupe des pays au revenu moyen supérieur, selon la classification
de la Banque mondiale. La Tunisie fait partie aussi des pays classés par le PNUD comme étant à un
niveau de développement humain élevé.

4.110. Sur le plan commercial, le commerce a été en grande partie à l'origine de la richesse de la
Tunisie dans tous les temps, car elle est une importante nation commerçante, tirant partie de sa
position centrale au sein de la région méditerranéenne pour échanger de nombreux produits, ses
marchés servant de plate-forme d'échange entre l'Afrique subsaharienne, l'Europe et les pays
d'Asie.

4.111. L'importance du commerce pour l'économie tunisienne est restée élevée, avec un rapport
des échanges de biens et services au PIB d'environ 90%. Toutefois, la baisse de la part des
exportations dans le PIB et la hausse concomitante des importations suggèrent que davantage de
réformes doivent être engagées afin de restaurer la compétitivité des entreprises tunisiennes.

4.112. Il sied de signaler à cet égard qu'un plan de réformes ambitieuses a déjà été mis en place,
et beaucoup de réglementations touchant la concurrence, l'investissement, les marchés publics et
la justice ont été réalisées et d'autres sont en cours.

4.113. La politique commerciale de la Tunisie, elle, reflète son attachement sédentaire à la


libéralisation des échanges et à une intégration accrue à l'économie mondiale, ce qui contribue
grandement à la croissance et au développement, au transfert technologique et à une plus grande
attraction des IED.

4.114. En cela, la Tunisie continue de promouvoir la facilitation du commerce qui est un des sujets
auxquels le pays accorde un intérêt particulier, vu essentiellement son rôle crucial dans
l'amélioration de la compétitivité des PME tunisiennes, et dans le renforcement de l'intégration
mondiale et régionale.

4.115. À cet égard, il convient de souligner les réformes engagées d'abord en matière de politique
tarifaire, ensuite en matière de simplification et de modernisation des procédures pour
accompagner les politiques d'ouverture.

4.116. Le pays continue également de mener des réformes sectorielles profondes au niveau de
l'agriculture, de l'industrie et de l'économie numérique qui est considérée comme une opportunité
majeure et vecteur de développement économique et social.
WT/TPR/M/341 • Tunisie

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4.117. Le Groupe africain se félicite également de la vision à laquelle souscrit la Tunisie en ce qui
concerne le libre-échange comme une condition nécessaire au renforcement de la compétitivité et
de la productivité sur le long terme.

4.118. Il est à rappeler que la Tunisie a conclu des accords de libre-échange avec l'Union
européenne, l'Association européenne de libre-échange, la Grande zone arabe de libre-échange, la
Turquie, l'Égypte, la Jordanie et le Maroc dans le cadre de l'Accord d'Agadir.

4.119. En effet, la Tunisie s'emploie activement à renforcer ses liens bilatéraux et régionaux avec
plusieurs pays et blocs économiques. La politique suivie consiste à consolider ses exportations à
destination des partenaires commerciaux traditionnels et à améliorer l'accès à de nouveaux
marchés caractérisés par une croissance dynamique.

4.120. La Tunisie a signé en avril 1994 à Marrakech les Accords instituant l'Organisation mondiale
du commerce, devenant ainsi Membre originel de cette organisation. Il est un pays défenseur du
système commercial multilatéral et figure parmi les pays africains qui ont notifié la liste de la
catégorie A de l'Accord sur la facilitation des échanges, lequel est en cours de ratification.

4.121. Ses intérêts, comme ceux du Groupe africain, sont prépondérants dans le cadre du PDD et
la mise en œuvre des résultats de Bali et de Nairobi, ainsi que la poursuite du programme de
libéralisation du commerce et la réforme des disciplines qui régissent le commerce mondial afin
d'avoir des règles plus justes et éliminer les distorsions existant sur les marchés mondiaux, dont
ceux des produits agricoles notamment.

4.122. Cette vision de la Tunisie est largement partagée par les pays membres du Groupe
africain.

4.123. Permettez-moi, enfin, de féliciter le gouvernement tunisien de la réussite de sa transition


politique, laquelle va devoir permettre au pays de créer un environnement propice à l'activité et à
la croissance économique et ouvrir la voie de la réussite à une transition économique et sociale et
à un sentier de développement durable.

BÉNIN

4.124. La délégation du Bénin voudrait saluer les efforts déployés par le gouvernement tunisien
pour mettre en œuvre des réformes qui ont eu des résultats substantiels au niveau de l'économie
tunisienne depuis le dernier examen de ses politiques commerciales en 2005. En effet, le
gouvernement a su maintenir, malgré le contexte socioéconomique difficile, les grands équilibres
macroéconomiques.

4.125. Ces résultats ont été obtenus en dépit de l'environnement économique caractérisé par les
effets d'une succession de chocs externes et internes auxquels la Tunisie a été résiliente.

4.126. Sur la période considérée pour le présent examen, l'économie tunisienne a été caractérisée
par deux phases, à savoir, la première marquée par une croissance à potentiel appréciable mais
non inclusive avec un taux de 5,2%, et la deuxième caractérisée par une nouvelle vision de
développement visant des piliers majeurs que sont:

 l'efficacité économique basée sur l'innovation et le partenariat;

 l'inclusion comme base de la justice sociale;

 le développement régional;

 l'économie verte et la valorisation du processus de développement.

4.127. Tout en saluant les réformes entreprises, la délégation du Bénin voudrait encourager la
Tunisie à les poursuivre, notamment dans le secteur bancaire public, la fiscalité et le nouveau
Code d'investissement, dans le système administratif, judiciaire et sécuritaire. La délégation du
Bénin se félicite de la mise en place du Conseil supérieur de lutte contre la corruption et du
recouvrement des avoirs et biens de l'État.
WT/TPR/M/341 • Tunisie

- 26 -

4.128. S'agissant de l'amélioration de l'environnement des affaires, le nouveau Code


d'investissement offre un cadre incitatif par l'accès libre aux marchés avec la suppression des
autorisations pour la quasi-totalité des activités à la fois pour les Tunisiens et les étrangers sans
aucune discrimination et la simplification des procédures.

4.129. La délégation du Bénin apprécie la signature de l'Acte final sur les appellations d'origine et
indications géographiques par la Tunisie.

4.130. La délégation du Bénin note que l'Union européenne demeure la première destination des
exportations tunisiennes et se réjouit de l'amélioration constatée dans les exportations de la
Tunisie vers l'Afrique, notamment l'Afrique subsaharienne. Les services représentent 40% du total
des revenus des exportations tertiaires au cours de la période 2010-2014, suivis du secteur des
transports, avec 26%. La Tunisie a entrepris également des actions visant à diversifier ses
exportations à travers le renforcement de ses liens bilatéraux et régionaux avec plusieurs pays et
blocs régionaux.

4.131. Dans le cadre de la facilitation du commerce, la Tunisie a baissé de manière autonome et


d'une façon drastique ses tarifs à l'importation au fil des années. La moyenne simple des droits de
douane a baissé de 27% en 2006 à 14,9% depuis 2011 et à 14,1% en 2016.

4.132. La délégation du Bénin félicite la Tunisie pour son engagement en faveur du Programme de
Doha pour le Développement et sa contribution aux travaux de négociations commerciales
multilatérales du Cycle de Doha, ainsi que son engagement pour explorer, de manière
constructive, les voies possibles pour déterminer et mettre en œuvre le programme de travail
post-Nairobi.

JAPON

4.133. Le rapport du Secrétariat montre que la Tunisie a enregistré ces dernières années une
solide croissance économique, en dépit de la crise sociopolitique qui a éclaté à la fin de 2010 et
des perturbations qui ont suivi. Malgré un ralentissement en 2015, du fait principalement de
l'effondrement du tourisme et du déficit commercial, le pays a déjà introduit des réformes
structurelles visant à moderniser son économie. Des réformes ont en effet été adoptées dans les
domaines de l'investissement, du système d'assurance, des transports, du tourisme, des TIC, etc.
Le Japon se félicite des efforts déployés sans relâche par le gouvernement tunisien et espère qu'ils
permettront à la Tunisie de construire une économie plus résiliente et plus diversifiée.

4.134. S'agissant des droits de douane, globalement, le niveau de protection a considérablement


diminué dans la plupart des secteurs depuis le dernier examen de la politique commerciale. La
moyenne des droits est tombée d'environ 45% en 2006 à 14% en 2016. Le Japon salue les efforts
de la Tunisie.

4.135. S'agissant de l'Accord sur la facilitation des échanges, la Tunisie a déjà notifié ses
engagements relevant de la catégorie A. Le Japon encourage la Tunisie à finaliser sa procédure
interne de ratification de cet accord.

4.136. J'aimerais maintenant aborder brièvement les politiques d'investissement.

4.137. Le Japon pense que le gouvernement tunisien entreprend actuellement des réformes visant
à attirer l'investissement étranger direct, avec notamment l'établissement du "Guichet unique
commercial" par le Ministère du commerce et le Centre de promotion des exportations (CEPEX),
une mesure louable. D'après les entreprises japonaises implantées en Tunisie, le Guichet unique
commercial a joué un rôle important dans la simplification des procédures administratives.

4.138. Même si le Japon salue les efforts déployés dans ce domaine, nous sommes préoccupés
par les procédures de délivrance des lettres de crédit nécessaires à l'importation de produits en
provenance du Japon. D'après les entreprises japonaises établies en Tunisie, la délivrance de ce
document est parfois retardée. Le Japon espère que le gouvernement tunisien se penchera avec
attention sur cette procédure.
WT/TPR/M/341 • Tunisie

- 27 -

4.139. Pour conclure, j'aimerais exprimer notre ferme volonté de poursuivre notre coopération
avec la Tunisie.

FÉDÉRATION DE RUSSIE

4.140. La Fédération de Russie est heureuse de pouvoir participer au troisième examen de la


politique commerciale de la Tunisie et de saluer la délégation de la capitale de ce pays à Genève.
Nous considérons le mécanisme d'examen des politiques commerciales de l'OMC comme un outil
essentiel pour assurer la transparence des régimes commerciaux nationaux, et nous espérons qu'il
va devenir le terrain d'un dialogue constructif entre les Membres de l'OMC et les autorités de la
Tunisie, et contribuera à la poursuite de la libéralisation du commerce avec cette dynamique
économie africaine.

4.141. La Russie suit avec intérêt l'évolution économique de la Tunisie dans des conditions
difficiles, liées à la fois aux changements sociopolitiques dans le pays, et à des facteurs externes
comme le rétablissement prolongé de l'économie mondiale. Nous prenons note avec satisfaction
des résultats évidents des mesures prises par les autorités de la République qui ont permis
d'assurer la stabilité macroéconomique, la dynamique positive de croissance du PIB au cours des
quatre dernières années, l'inflation contrôlée, le taux de chômage relativement faible et le niveau
de pauvreté assez bas. Le statut de la Tunisie est une économie à revenu intermédiaire selon le
classement de la Banque mondiale et est parmi les pays à haut niveau de développement humain
selon le Programme des Nations Unies pour le développement.

4.142. La Russie apprécie les tendances dans le régime commercial de la Tunisie, comme la
libéralisation considérable du tarif douanier au cours des dix dernières années, certaines initiatives
législatives, l'attitude générale des autorités face à la facilitation du commerce et à la lutte contre
la contrebande. Toutefois, il est évident que des efforts supplémentaires sont nécessaires pour
stimuler le développement économique et commercial de la Tunisie et pour résoudre les problèmes
comme la réforme complexe du droit commercial, le redressement de la balance commerciale, la
diversification de la nomenclature de l'exportation, l'amélioration du climat des investissements, la
simplification et l'amélioration de la transparence de la réglementation du commerce.

4.143. La Russie et la Tunisie sont liées par une longue histoire amicale et mutuellement
bénéfique de relations d'affaires dans différents domaines. Cette année marque le
60ème anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre nos deux pays. À cette
occasion, je voudrais souligner non seulement un haut potentiel de nos échanges commerciaux et
d'investissement, mais aussi l'intérêt croissant à sa pleine utilisation. Les volumes du commerce
bilatéral qui, selon nos estimations, ont atteint 400 millions de dollars EU en 2015, peuvent et
doivent être augmentés.

4.144. Le marché tunisien est important pour la Russie en termes d'exportation de métaux
ferreux, de céréales, de produits pétrochimiques, d'huiles végétales, de sel et de soufre. Nous
importons de la Tunisie des vêtements, des chaussures, des noix, des fruits, des légumes, du
poisson et des fruits de mer. Dans le cadre de la commission bilatérale intergouvernementale, les
parties discutent activement le renforcement de la coopération dans le domaine des industries de
haute technologie (automobile et aéronautique) et de l'accès réciproque à leurs marchés des
produits à haute valeur ajoutée.

4.145. L'importance de la Tunisie pour la Russie en tant que destination touristique mérite une
mention spéciale. Malheureusement, le défavorable contexte économique et les défis de sécurité
en Tunisie ont réduit l'intensité de la fréquentation du pays par les touristes russes, avec
50 000 personnes en 2015 contre 250 000 en 2014. Mais la Russie considère cette situation
comme temporaire et nous sommes persuadés que bientôt les stations balnéaires de la Tunisie
redeviendront un endroit populaire pour des vacances de qualité et à faible coût.

4.146. Au cours de cet examen la délégation russe n'a pas adressé de questions écrites à la
Tunisie. Le cas échéant, nous serons prêts à en discuter au niveau bilatéral.
WT/TPR/M/341 • Tunisie

- 28 -

ÉGYPTE

4.147. Nous aimerions tout d'abord nous associer à la déclaration faite par le Maroc au nom du
Groupe africain.

4.148. Nous rappelons que, depuis le dernier examen de la politique commerciale de la Tunisie,
l'économie du pays a été affectée par de nombreuses difficultés, au plan national comme au plan
international: d'abord la crise financière internationale de 2008, suivie de la crise de la dette de la
zone euro en 2010, de la hausse des prix des matières premières, et en particulier des cours
mondiaux du pétrole pendant la période 2010-2014, et enfin des risques géopolitiques associés au
conflit en Libye, sans oublier les attaques et la menace terroristes.

4.149. Néanmoins, la Tunisie a continué de poursuivre des politiques économiques libérales


caractérisées par une grande ouverture sur son environnement régional et international.

4.150. En dépit des difficultés économiques, politiques et sociales sans précédent qu'a connues la
Tunisie depuis la fin de 2010, le gouvernement a continué d'appliquer une politique commerciale
volontariste, reflétant son attachement sédentaire à la libéralisation des échanges et à une
intégration accrue à l'économie mondiale, pour favoriser l'ouverture de l'économie tunisienne via
l'amélioration des capacités d'exportation, le renforcement de la compétitivité des produits
exportés et la libéralisation progressive des échanges commerciaux et des opérations financières.

4.151. Pour faire face à ces difficultés, en septembre 2015, le gouvernement tunisien a établi le
cadre pour un plan quinquennal, à savoir la note d'orientation et le plan de développement pour la
période 2016-2020, visant l'amélioration du climat des affaires et le rétablissement d'un
environnement favorable à l'investissement, ce qui atteste sa détermination à appliquer une
réforme importante, à rétablir la croissance et à relancer l'emploi.

4.152. La note d'orientation et le plan de développement portent également sur des réformes
fondamentales ayant trait à la modernisation de l'administration et du système d'investissement,
de fiscalité et de financement, afin d'encourager le secteur privé à s'implanter sur le marché local
et international dans les secteurs prometteurs et à haute valeur ajoutée.

4.153. Nous reconnaissons aussi que la note d'orientation de la Tunisie a annoncé un ensemble de
réformes majeures visant la reprise du niveau normal de croissance et son accélération tout en
préservant les équilibres financiers intérieurs et extérieurs.

4.154. La note d'orientation prévoit aussi un nouveau cadre juridique pour la promotion de
l'investissement, avec pour objectif de porter le taux d'investissement global à 24% du PIB d'ici à
2020, ainsi que l'adoption, en 2015, d'une nouvelle loi sur la concurrence et les prix afin de mieux
consacrer l'économie du marché et de renforcer la compétitivité.

4.155. Un certain nombre de réformes ont aussi été adoptées dans le secteur financier,
concernant essentiellement le cadre réglementaire de la gouvernance bancaire, le renforcement de
la supervision et de la résilience du secteur bancaire, l'amélioration de l'inclusion financière et de
l'accès au financement des microentreprises, PME, entreprises innovantes à risque et
l'approfondissement du marché des capitaux.

4.156. L'Égypte félicite la Tunisie pour ce plan quinquennal complet et ambitieux que représentent
la note d'orientation et le plan de développement et lui souhaite plein succès pour la réalisation
des objectifs qu'elle fixe.

4.157. La Tunisie a toujours fait preuve d'un grand attachement au renforcement du système
commercial multilatéral, par sa contribution positive et sa forte implication dans les négociations
du Cycle de Doha, et son rôle actif au sein du Groupe africain comme au sein du Groupe arabe;
nous apprécions ses efforts et nous réjouissons à l'avance d'approfondir notre coopération afin de
faire avancer la négociation des questions encore en suspens du PDD pour aboutir à un résultat
satisfaisant.

4.158. L'Égypte et la Tunisie entretiennent depuis des décennies des relations commerciales
stables et leurs échanges totaux se sont maintenus à peu de choses près au même niveau ces
WT/TPR/M/341 • Tunisie

- 29 -

trois dernières années, à savoir environ 300 millions de dollars EU. Nos deux pays sont membres
de l'Accord d'Agadir et de la Zone panarabe de libre-échange.

4.159. Enfin, l'Égypte félicite vivement la Tunisie pour sa performance économique


impressionnante pendant la période à l'examen, compte tenu des difficultés sans précédent
auxquelles elle a dû faire face.

KENYA

4.160. Les relations diplomatiques et économiques entretenues depuis de nombreuses années par
le Kenya et la Tunisie ont toujours été cordiales.

4.161. Nous notons que la croissance économique de la Tunisie est restée positive, grâce à la
relative diversification de son économie, aux bons résultats commerciaux et au bon niveau de
formation de sa main-d'œuvre.

4.162. Nous prenons également note des difficultés auxquelles la République de Tunisie a été
confrontée du fait de la crise sociopolitique survenue dans le pays en 2010, et de la crise
économique mondiale. Nous la félicitons cependant pour la détermination dont elle a fait preuve et
pour les efforts qu'elle a consentis pour faire face à ces difficultés, notamment en adoptant une
nouvelle Constitution et en engageant des réformes dans des secteurs clés de l'économie.

4.163. Le Kenya salue aussi les efforts déployés par la Tunisie pour réformer et améliorer les
conditions de l'activité des entreprises. Nous nous félicitons des initiatives entreprises, notamment
l'adoption d'une nouvelle loi sur la concurrence et les prix, les réformes fiscales et la modernisation
des douanes, la réforme du secteur financier, la modernisation des marchés publics et des
entreprises d'État et du secteur des TIC.

4.164. Nous notons que la Tunisie est fermement attachée au système commercial multilatéral,
car elle tient à libéraliser et à faciliter son commerce extérieur. À cet égard, nous encourageons le
pays à poursuivre ses réformes et ses efforts de libéralisation.

4.165. Nous prenons aussi acte du fait que la Tunisie a engagé sa procédure de ratification de
l'Accord de l'OMC sur la facilitation des échanges. Ces initiatives et efforts permettront sans aucun
doute d'améliorer le bien-être des citoyens et d'établir les bases d'une économie ouverte et
compétitive.

4.166. Sur le plan bilatéral, la Tunisie et le Kenya entretiennent au fil des ans des relations
économiques et commerciales amicales et cordiales. Les deux pays ont des positions communes
dans de nombreuses instances internationales et ont conclu en 2001 un accord établissant une
commission conjointe de coopération. Cette commission n'est toutefois pas encore entrée en
fonctions. Les deux pays ont aussi engagé des négociations en vue d'un accord bilatéral sur les
services aériens.

4.167. D'après le Bureau national de la statistique du Kenya, en 2015, les exportations de


marchandises et de services du Kenya à destination de la Tunisie se sont chiffrées à
800 000 dollars EU et ses importations en provenance de ce pays à 3,8 millions de dollars EU, le
solde de la balance commerciale étant de 3 millions de dollars EU en faveur de la Tunisie.

4.168. Les produits exportés par le Kenya à destination de la Tunisie sont notamment les huiles
de pétrole et les préparations à base de minéraux bitumineux, les légumes crus, les appareils
électriques et les équipements et machines mécaniques, tandis qu'il importe des équipements
destinés à la distribution de l'électricité, des aliments pour animaux, des produits tréfilés et du
café.

4.169. Enfin, le Kenya salue encore une fois les efforts faits par la Tunisie pour engager des
réformes visant à renforcer la croissance et le développement économiques d'une manière
générale et à libéraliser le régime, et poursuivra sa collaboration avec le pays en vue de renforcer
et d'approfondir nos relations.
WT/TPR/M/341 • Tunisie

- 30 -

SÉNÉGAL

4.170. Comme vous le savez, le Mécanisme d'examen des politiques commerciales est la seule
instance de l'OMC grâce à laquelle tous les aspects des politiques commerciales sont examinés par
l'ensemble des Membres. Il permet une évaluation indépendante, objective, efficace et crédible du
commerce et de la situation économique des Membres.

4.171. À cet égard, je me félicite des progrès accomplis par la Tunisie et concernant les taux de
croissance économique positifs qu'elle a enregistrés après la crise sociopolitique qu'elle a traversée
en 2010 et les sanglants attentats qu'elle a connus en particulier ceux de 2015.

4.172. Mon pays note avec beaucoup de satisfaction les efforts importants faits par la Tunisie en
matière, d'une part, de réduction significative des droits de douane appliqués dont la moyenne a
été divisée par trois en dix ans (2006-2016) et, d'autre part, de simplification de sa structure
tarifaire. Cela témoigne de l'importance particulière accordée par la Tunisie à l'ouverture
commerciale.

4.173. Dans ce lot d'initiatives positives, il faut saluer aussi la réforme du Code d'incitations aux
investissements, conçu notamment pour attirer l'investissement direct étranger dans des activités
orientées vers le développement économique et surtout les exportations.

4.174. Dans cette optique, ma délégation encourage la Tunisie à poursuivre les réformes
nécessaires pour restaurer la compétitivité de ses entreprises ainsi que pour renforcer les secteurs
des transports et des communications, essentiels à la facilitation du commerce international et à
l'attraction de l'investissement étranger.

4.175. Pour conclure, le Sénégal souhaite plein succès à la Tunisie dans la mise en œuvre des
réformes majeures énoncées dans son rapport et invite l'OMC ainsi que les autres organisations
internationales à accompagner ce pays frère du Sénégal pour accentuer ses performances
économiques.

JORDANIE

4.176. La Jordanie est liée depuis longtemps à la Tunisie et entretient avec elle d'excellentes
relations économiques et commerciales, caractérisées par des échanges commerciaux et
d'investissements réguliers.

4.177. L'économie tunisienne s'appuie sur l'ouverture commerciale et sur des fondamentaux
macroéconomiques sains; elle a su faire preuve de résilience et maintenir sa stabilité, affichant
une croissance économique ininterrompue et des flux d'investissement constants malgré les
événements de ces dernières années et l'instabilité de la région. Pendant la période à l'examen,
des réformes économiques et réglementaires ont été engagées en vue de maintenir un
environnement propice à l'investissement et de renforcer le rôle moteur du secteur privé dans
l'économie, y compris en réduisant considérablement la moyenne des taux de droits et en
dématérialisant les transactions, pour simplifier les procédures de commerce et d'investissement.

4.178. La Jordanie félicite le gouvernement tunisien et les milieux d'affaires pour ces très bons
résultats et souhaite à la République de Tunisie, ce pays frère, une plus grande prospérité et un
examen fructueux de sa politique commerciale.
WT/TPR/M/341 • Tunisie

- 31 -

5 RÉPONSES DU REPRÉSENTANT DE LA TUNISIE ET OBSERVATIONS ADDITIONNELLES

PRÉSIDENTE

5.1. Avant d'ouvrir cette réunion, je tiens à exprimer mes plus profondes condoléances au peuple
français, suite à l'attaque qui a eu lieu à Nice hier. Je suis très sincèrement désolée pour toutes les
familles qui ont été touchées par cet événement. Des actes aussi monstrueux doivent être
condamnés et mes pensées vont à tous ceux qui souffrent aujourd'hui.

M. MOHSEN HASSEN (CHEF DE LA DÉLÉGATION)

5.2. Avant de commencer je voudrais présenter, au nom du gouvernement tunisien et au nom de


la délégation qui m'accompagne, mes sincères condoléances au gouvernement et au peuple
français, ainsi qu'à la délégation de l'Union européenne ici présente. Nous sommes vraiment très
touchés suite à ces actes barbares perpétrés dans la ville de Nice. Toutes nos pensées vont aux
familles des victimes et à tout le peuple français. La France, premier partenaire de la Tunisie, est
une nation fière et forte. Je n'ai aucun doute que ses valeurs de liberté, d'égalité, de fraternité
triompheront contre tout acte terroriste. Nous sommes tous des victimes du terrorisme. Mon pays
a également été touché par ces actes barbares et horribles en 2015. Le peuple et le gouvernement
tunisien sont fermement aux côtés de la France. Votre douleur est la nôtre, votre combat est le
nôtre.

5.3. La délégation tunisienne tient à remercier toutes les délégations pour leur participation et
soutien dans les travaux du troisième examen des politiques commerciales de la Tunisie.

5.4. Les suggestions et remarques formulées au cours de l'examen offrent une occasion
exceptionnelle pour appréhender la perception des Membres sur les politiques commerciales
tunisiennes. De retour à Tunis, nous poursuivrons l'étude de tous ces aspects en tenant en compte
les propositions des Membres afin de doter l'économie tunisienne d'un environnement encore plus
ouvert et compétitif.

5.5. La délégation tunisienne note avec satisfaction l'appréciation favorable formulée par la
grande majorité des Membres qui ont félicité le succès de la transition politique de la Tunisie et ont
salué les réformes économiques engagées et la résilience remarquable de son économie. Ces
appréciations ne peuvent qu'encourager la Tunisie à aller de l'avant dans ce processus de
réformes, d'ouverture et d'intégration dans l'économie mondiale.

5.6. Je reviendrai succinctement sur certains des principaux domaines de préoccupation


mentionnés par les Membres.

5.7. Parmi les éléments soulevés figure la question de la dualité entre le régime onshore et le
régime offshore sur le plan du change. Ce dernier permet en fait aux sociétés exportatrices
installées en Tunisie et dont le capital est détenu à plus de deux tiers par des non-résidents de
bénéficier, outre des avantages douaniers et fiscaux attribués aux entreprises résidentes, d'une
dispense des formalités de commerce extérieur et de l'obligation de rapatriement en Tunisie des
recettes d'exportations.

5.8. Indubitablement, ce système fonctionnait relativement bien au cours des trois dernières
décennies, apportant ses fruits en termes d'amélioration des performances à l'exportation.
Toutefois, cette dualité qui visait à attirer les investissements directs étrangers n'a pas réalisé les
aspirations de l'économie tunisienne en terme d'emploi, de développement régional et de
croissance inclusive, d'autant plus qu'elle est à l'origine de l'écart entre les exportations en terme
de marchandises et celles en terme de flux financiers.

5.9. Ainsi, afin de mettre toutes les entreprises établies en Tunisie sur un même niveau
d'avantages, les autorités tunisiennes ont envisagé de réduire progressivement ce dualisme et ce
en adoptant le principe universel de résidence, sans toutefois toucher aux droits des investisseurs
non-résidents qui jouissent de la liberté de transfert de leurs revenus et capitaux investis en
Tunisie.
WT/TPR/M/341 • Tunisie

- 32 -

5.10. En parallèle, les assouplissements envisagés dans le cadre de la révision de la


réglementation de change sont de nature à accroître d'une manière substantielle la liberté de
transferts au titre des transactions courantes et de certaines opérations du compte capital des
entreprises résidentes.

5.11. Sur le plan fiscal, les mesures de rapprochement entre les régimes offshore et on shore ont
porté essentiellement sur la réduction du taux de l'impôt sur les sociétés onshore à 25% au lieu de
30% et l'imposition des bénéfices des sociétés offshore, qui étaient auparavant totalement
exonérées, à 10%. À l'horizon de 2018, le taux d'imposition des sociétés onshore sera ramené à
20%. Il sera également procédé à l'élimination progressive du régime suspensif en matière de
TVA.

5.12. En réponse aux questions relatives à la protection agricole, il est à préciser que la Tunisie
qui a mis en œuvre ses engagements issus du Cycle d'Uruguay, poursuit la tendance baissière des
droits de douane sur les produits agricoles dont les importations connaissent une augmentation
soutenue. Les niveaux d'importations au titre des contingents tarifaires sont stables et prévisibles.

5.13. Dans le même ordre d'idées, mon pays soutient la réduction des droits consolidés dans la
perspective d'un résultat global et équilibré des négociations de Doha sur l'agriculture qui tiendra
compte du niveau d'ambition général dans les trois piliers des négociations, à savoir le soutien
interne, l'accès aux marchés et la concurrence à l'exportation.

5.14. Les Membres ont également formulé des commentaires sur la politique commerciale de la
Tunisie. À ce niveau, je voudrais signaler qu'en plus du programme d'actions prévu par le plan de
développement pour la période 2016-2020, le gouvernement tunisien, avec l'appui de la Banque
internationale de reconstruction et de développement (BIRD), a mis en place le troisième projet de
développement des exportations pour un montant de 36,3 millions d'euros.

5.15. Ce projet comprend trois composantes essentielles, à savoir:

 l'appui à l'amélioration du climat des affaires et la diffusion de la technologie et de


l'innovation;

 la prestation de services financiers et non financiers aux entreprises d'exportation; et

 l'appui des structures du Ministère du commerce dans la réalisation des études et des
stratégies de développement des exportations, ainsi que la facilitation du commerce et la
dématérialisation des procédures.

5.16. Le gouvernement a également organisé au mois d'avril 2016 un séminaire sur l'exportation
au cours duquel un programme d'actions visant l'amélioration des conditions du commerce
extérieur et l'organisation de plusieurs activités de promotion commerciale, a été arrêté.

5.17. Parmi les actions préconisées, le développement des politiques de promotion commerciale,
la modernisation des mécanismes de financement de l'exportation, la facilitation des procédures du
commerce extérieur, le renforcement de la contribution du commerce électronique dans le
développement des exportations et la modernisation du cadre juridique et institutionnel
conformément aux meilleures pratiques internationales.

5.18. Une révision de la loi sur le commerce extérieur est également engagée visant notamment
la facilitation du commerce et la réduction des barrières non tarifaires. Les axes de réforme de
cette loi s'articulent autour de la réduction de la liste des produits exclus de la liberté du commerce
extérieur, le transfert du dispositif du contrôle technique du cadre légal du commerce extérieur
aux textes régissant la protection du consommateur et la sécurité des produits, ainsi que
l'assouplissement des conditions d'importation et d'exportation par les opérateurs économiques.

5.19. Par ailleurs, et en matière de diversification de ses partenaires commerciaux, la Tunisie


participe activement aux négociations sur la zone de libre-échange continentale africaine, et elle a
engagé des démarches auprès des groupements économiques africains pour la conclusion d'un
accord de libre-échange et auprès du COMESA pour une adhésion à part entière. Elle est aussi en
négociation commerciale avec l'Île Maurice et la Mauritanie pour la conclusion d'accords similaires.
WT/TPR/M/341 • Tunisie

- 33 -

5.20. La Tunisie va entamer prochainement des négociations avec le MERCOSUR pour la


conclusion d'un accord de libre-échange et a introduit une demande auprès de l'Union eurasiatique
pour la négociation d'un accord commercial. Des discussions se poursuivent également avec
certains pays asiatiques pour la conclusion d'accords de libre-échange.

5.21. A été également soulevée la question du régime d'investissement et du nouveau Code


d'investissement tunisien. Ce texte reflète la volonté du gouvernement de fournir un cadre
transparent et incitatif pour promouvoir le commerce et l'investissement.

5.22. À ce titre, le nouveau Code d'investissement, actuellement en cours d'adoption par


l'Assemblée des représentants du peuple, vise le renforcement des investissements dans les
domaines prioritaires pour le pays, notamment les secteurs à forte valeur ajoutée et à contenu
technologique élevé, le développement régional et l'emploi. Il prévoit l'accès facile aux marchés,
l'instauration d'un interlocuteur unique pour l'investissement et l'adoption de garanties juridiques
en faveur des investisseurs.

5.23. À ce titre, la Tunisie ne ménage aucun effort pour garantir que les programmes de soutien
soient conçus et mis en œuvre dans le respect des dispositions de l'Accord sur les subventions et
les mesures compensatoires et que les notifications à l'OMC en la matière soient à jour. D'ailleurs,
une nouvelle notification en la matière a été récemment soumise à l'OMC.

5.24. Au même titre, la Tunisie vient d'adopter un nouveau cadre légal sur le partenariat
public-privé (PPP) considéré comme un instrument approprié pour favoriser l'investissement dans
les domaines de la logistique, le transport, l'énergie renouvelable, l'infrastructure et autres.

5.25. La réforme du climat des affaires visant l'amélioration du classement de la Tunisie qui a
connu un certain repli suite aux événements post-révolution touche actuellement tous les
domaines stratégiques tels que la modernisation du secteur financier, y compris la gouvernance
des banques publiques, la promotion, l'impulsion du marché financier et de la microfinance.
L'amélioration de l'environnement des affaires touche aussi la réduction de la pression fiscale sur
les sociétés, l'allégement des procédures des marchés publics et l'amélioration de l'employabilité
en termes de perfectionnement des ressources humaines.

5.26. Les stratégies du développement sectorielles et régionales seront basées sur le


positionnement dans les chaînes de valeur à l'échelle mondiale et des nouvelles activités à haute
valeur ajoutée, la promotion de la recherche et développement et de l'innovation, le
développement des filières économiques complémentaires intégrales et durables.

5.27. Une infrastructure industrielle et technologique plus dense sera mise en place pour répondre
aux besoins des investisseurs à travers notamment un programme important d'aménagement de
zones industrielles et la dynamisation des pôles technologiques.

5.28. Les Membres de l'OMC se sont également intéressés à la facilitation douanière.

5.29. Les progrès réalisés ces dernières années reflètent la priorité accordée par la Tunisie
également à cette question. En effet, la douane a adopté depuis 2004 une politique de contrôle
basée sur la gestion des risques de manière à éviter les chevauchements entre procédures
d'inspection et à accélérer les temps de dédouanement. Le délai moyen de séjour des
marchandises en douane est de 3,8 jours en 2015 et le délai moyen de dédouanement pour le
régime de mise à la consommation enregistré en 2015 est de 2,3 jours.

5.30. Pour renforcer la simplification des procédures douanières, le gouvernement s'est engagé
dans un plan de modernisation de la douane qui s'articule essentiellement autour des axes
suivants:

 Dissémination de la dématérialisation des procédures douanières et stimulation de


l'usage du paiement électronique.

 Promotion du système de l'Opérateur économique agréé.


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 Renforcement du système de gestion des risques par la mise en place du mécanisme du


traitement avant arrivée des marchandises et du contrôle à posteriori.

5.31. Pour ce qui est de la propriété intellectuelle, les modifications introduites au cadre légal
depuis le dernier examen ont touché la loi relative aux droits d'auteurs et aux droits voisins afin de
se conformer aux règles de l'OMC et à l'adhésion aux traités internationaux à l'instar du Traité de
Beijing sur les interprétations et exécutions audiovisuelles et des deux traités Internet. La Tunisie
envisage d'examiner l'opportunité d'adhérer aux autres traités internationaux permettant une
meilleure protection des droits de propriété intellectuelle.

5.32. Ces initiatives témoignent de la volonté de la Tunisie de moderniser et de renforcer son


régime de propriété intellectuelle afin de stimuler l'innovation, la création d'emplois et la
croissance économique.

5.33. La Tunisie a été encouragée à participer aux Accords plurilatéraux de l'OMC, et à ce juste
titre je voudrais signaler que la Tunisie a pris l'initiative d'engager une étude d'évaluation de son
adhésion à l'Accord sur les technologies de l'information. L'étude menée par la CNUCED a dégagé
des perspectives globalement positives et nous espérons poursuivre les travaux en vue de
l'adhésion à cet accord.

5.34. En ce qui concerne l'Accord sur la facilitation des échanges, le projet de loi relatif à la
ratification de l'Accord a été soumis pour approbation à l'Assemblée des représentants du peuple.

5.35. Plusieurs autres questions ont été posées et la Tunisie n'a pas manqué d'apporter les
précisions nécessaires par écrit. Hier même, la délégation tunisienne a reçu des questions
complémentaires du Mexique et du Royaume de l'Arabie saoudite auxquelles nous avons répondu
avec beaucoup de plaisir. Nous demeurons à la disposition des Membres pour apporter davantage
d'éclaircissements.

5.36. En guise de conclusion, je voudrais vous remercier, Madame la Présidente, pour l'efficacité
avec laquelle vous avez menée cet examen. Je réitère également mes remerciements à tous les
Membres pour leurs questions et leur soutien à la Tunisie, ainsi que M. l'Ambassadeur de la
Thaïlande pour ses points de vue très pertinents sur les politiques commerciales de la Tunisie. Mes
remerciements s'adressent également à l'équipe du Secrétariat de l'OMC pour son excellent travail
grâce auquel on a pu réaliser un examen constructif de la politique commerciale de la Tunisie.

PRÉSENTATEUR

5.37. Tout d'abord, j'aimerais m'associer à Mme la Présidente et à S.E. Mohsen Hassen, Ministre
du commerce de la Tunisie, pour exprimer mes condoléances à toutes les victimes de l'attaque
perpétrée hier soir dans le sud de la France. Je formule le vœu qu'aucun acte de violence de la
sorte n'ait plus lieu nulle part dans le monde. Puisse la paix être avec nous.

5.38. J'ai écouté attentivement toutes les interventions des représentants ayant pris la parole le
premier jour de la réunion, ainsi que les réponses apportées aujourd'hui par S.E. M. le Ministre du
commerce. Puisque c'est à mon tour de prendre la parole, j'aimerais faire quelques remarques
finales en qualité de présentateur.

5.39. Lors de l'examen du premier jour, les Membres ont souligné les énormes difficultés
auxquelles le gouvernement tunisien avait dû faire face pendant sa transition sociopolitique. Ils ont
néanmoins salué l'incroyable résilience de la Tunisie et fait l'éloge de ses excellents résultats, à la
fois économiques et politiques, et des efforts qu'elle avait faits dans le cadre de l'examen en cours.

5.40. Bien entendu, la réforme constitutionnelle de la Tunisie n'en est qu'à un stade préliminaire
et les initiatives entreprises mettront du temps à porter leurs fruits. Mais il est clair aussi que
d'importants changements sont en cours et que des bases solides sont actuellement établies. Les
Membres se félicitent du plan quinquennal adopté, qui prévoit nombre de programmes de réformes
possibles. Ils saluent aussi les efforts faits par la Tunisie dans le domaine du commerce et de
l'investissement, y compris la réduction progressive des droits de douane depuis le dernier
examen, les mesures adoptées pour faciliter encore les échanges, l'élaboration du nouveau Code
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d'investissement et l'adoption d'une nouvelle loi sur la concurrence et les prix, pour ne citer que
quelques exemples.

5.41. Les Membres insistent cependant pour que la Tunisie donne la priorité à la modernisation de
ses régimes de commerce et d'investissement afin de permettre au pays de se redresser
rapidement et de parvenir à un développement durable. Cela implique d'abaisser encore les droits
de douane, en particulier pour les produits agricoles, de simplifier davantage sa structure tarifaire,
d'améliorer la transparence et la simplicité des investissements et des procédures connexes, et de
s'atteler à la question de l'implication et du statut de monopole des entreprises commerciales
d'État. Le renforcement de la politique de protection de la propriété intellectuelle a également été
mentionné, y compris l'acceptation du Protocole portant amendement de l'Accord sur les ADPIC,
de même que plusieurs notifications en suspens.

5.42. Les Membres pensent en outre que la Tunisie gagnerait grandement à intensifier ses efforts
pour ratifier l'Accord sur la facilitation des échanges et à accéder à plusieurs accords plurilatéraux
comme l'Accord sur les marchés publics et l'Accord sur les technologies de l'information.

5.43. La Tunisie a effectivement répondu à beaucoup des points soulevés et des questions posées
par les intervenants. Mais plus encore que les explications données oralement, ce sont les mesures
qui seront prises à partir de maintenant par le gouvernement tunisien qui compteront vraiment. Et
nous verrons si ces mesures donnent les résultats espérés par toutes les personnes ici présentes.

5.44. Pour conclure, la Tunisie a fait d'après moi d'énormes progrès depuis l'examen précédent,
en dépit d'un contexte extrêmement difficile. Pour ce qui est du long chemin qui reste à parcourir,
comme l'ont recommandé les Membres, il y a des domaines dans lesquels la Tunisie peut engager
des réformes continues afin d'atteindre plus rapidement ses objectifs de politique générale et de
redresser plus vite l'économie. Je souhaite à la Tunisie une reprise et un développement rapides
de son économie et plein succès dans ses futurs efforts de réforme.

5.45. J'aimerais remercier une fois encore la Présidente pour les efforts qu'elle a consentis pour
mener à bien un nouvel examen de politique commerciale; j'adresse aussi mes remerciements au
Secrétariat pour son rapport complet et pertinent, qui a constitué une base de travail pour cet
examen. Enfin, j'adresse aussi mes sincères remerciements au Ministre du commerce, S.E.
M. Mohsen Hassen, et sa délégation, de même que l'Ambassadeur M. Doudech et son équipe de
Genève, pour le travail remarquable qu'ils ont accompli tout au long de cet examen de politique
commerciale. Merci.

UNION EUROPÉENNE

5.46. L'Union européenne remercie la délégation de la Tunisie pour tous les efforts fournis et les
réponses que nous trouvons très satisfaisantes. Nous n'avons pas de questions de suivi et nous
espérons que nos questions et commentaires étaient constructifs et utiles à la Tunisie dans la
préparation de sa nouvelle stratégie commerciale et l'élaboration des réformes.

CÔTE D'IVOIRE

5.47. La délégation de la Côte d'Ivoire voudrait avant tout propos présenter ses vives et sincères
condoléances au peuple français et à la délégation de l'Union européenne ici à Genève suite à
l'attentat d'hier soir à Nice.

5.48. Au plan bilatéral, il convient de rappeler que les relations multidimensionnelles


ivoiro-tunisiennes datent de 1965 et ses sillons ont été tracés par les pères fondateurs de
l'indépendance de ces pays, à savoir les Présidents Habib Bourguiba de la Tunisie et
Felix Houphouet Boigny de la Côte d'Ivoire.

5.49. Nonobstant l'ancienneté de ces relations entre les deux États, sous-tendu par plus de
15 accords et conventions, et dont les dirigeants cultivent la même identité de vues concernant
l'importance de la coopération Sud-Sud et intra-africaine, le niveau des échanges entre la
Côte d'Ivoire et la Tunisie est demeuré anormalement bas, se chiffrant autour de 25 milliards de
FCFA, soit environ 86 millions de dinars, au regard de leurs potentialités respectives.
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5.50. C'est donc pour booster cette coopération multisectorielle que le chef du gouvernement
tunisien, S.E. M. Habib Essid, s'est rendu à Abidjan du 25 au 27 avril 2016, à la tête d'une
importante délégation composée de ministres et d'hommes d'affaires à l'invitation de son
homologue ivoirien, le Premier Ministre Kablan Ducan, dans le cadre de la huitième session de la
Grande commission mixte ivoiro-tunisienne, en marge de laquelle s'est tenu un forum
économique.

5.51. Au plan national, la délégation de la Côte d'Ivoire salue les performances de l'économie
tunisienne. En effet, en dépit de la crise sociopolitique déclenchée à la fin de 2010, et des
bouleversements qui ont suivi, notamment les multiples attentats et la montée du terrorisme, la
Tunisie a continué à enregistrer des taux de croissance économique positifs, comme en témoigne
le rapport du Secrétariat de l'OMC.

5.52. La délégation de la Côte d'Ivoire se félicite des mesures hardies et volontaristes prises par le
gouvernement tunisien en vue d'engager des réformes majeures visant à asseoir les fondements
d'une bonne gouvernance, l'achèvement du cadre institutionnel, le renforcement du système
juridique du contentieux et l'indépendance de la magistrature. Toutes choses qui, couplées à la
réforme du Code d'incitations aux investissements et à la nouvelle loi de 2015 relative à la
concurrence et aux prix, contribueraient à renforcer l'attractivité de la destination Tunisie.

5.53. Au plan multilatéral, la délégation de la Côte d'Ivoire note avec satisfaction les nombreux
efforts entrepris par le gouvernement tunisien pour assouplir, non seulement les conditions d'accès
au marché tunisien, mais également et surtout, faciliter de façon générale le commerce des biens
à travers, d'une part, la réduction significative de ses droits de douane, dont la moyenne des taux
est tombée de près de 45% en 2006 à 14% en 2016, et d'autre part, sa position favorable à
l'insertion dans l'Annexe 1A de l'Accord sur l'OMC, du nouvel Accord sur la facilitation des
échanges, dont la ratification est en cours.

5.54. Au total, la délégation de la Côte d'Ivoire note que l'économie tunisienne est résiliente et
souhaite donc plein succès à la Tunisie pour l'examen de sa politique commerciale.
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6 REMARQUES FINALES DE LA PRÉSIDENTE

6.1. Ce troisième examen de la politique commerciale de la Tunisie nous a permis de mieux


comprendre le contexte exceptionnel dans lequel les politiques et les pratiques du pays en matière
de commerce et d'investissement ont évolué depuis le dernier examen en 2005. Cela a été
possible grâce aux documents instructifs établis pour la réunion, à la participation active de la
délégation tunisienne conduite par M. Mohsen Hassan, Ministre du commerce, et aux observations
constructives du présentateur, M. l'Ambassadeur Kalayanamit (Thaïlande), et des Membres qui ont
pris la parole.

6.2. De nombreux Membres ont félicité la Tunisie pour avoir maintenu une croissance économique
positive et une stabilité macroéconomique tout au long de la dernière décennie, ce qui a permis au
commerce de bien résister malgré un environnement difficile sur le plan politique et de la sécurité.
Ils ont accueilli avec satisfaction les nombreuses réformes stratégiques engagées par la Tunisie à
la suite de la révolution survenue à la fin de 2010, ainsi que l'adoption d'une nouvelle Constitution
en 2014. Il était compréhensible que le pays accorde la priorité aux réformes politiques et sociales,
mais les Membres encourageaient la Tunisie à libéraliser aussi davantage ses régimes de
commerce et d'investissement, dans le cadre de ses efforts visant à stimuler la croissance
économique. Ils espéraient que les réformes engagées pour rationaliser les pratiques
réglementaires, notamment dans le domaine de la fiscalité appliquée aux entreprises résidentes et
non résidentes, ainsi que les mesures de libéralisation des échanges adoptées récemment, par
exemple, pourraient aider à remédier au dualisme qui existe depuis longtemps dans l'économie
tunisienne.

6.3. Parmi les nouvelles initiatives de politique commerciale entreprises par la Tunisie, les
Membres ont été particulièrement intéressés par le Code d'investissement qui devait être introduit
cette année, notamment parce que certaines pratiques existantes, telles que les nombreuses
incitations fiscales octroyées aux entreprises d'exportation, n'avaient pas favorisé l'augmentation
des flux d'investissement. Les prescriptions en matière d'autorisation s'appliquant aux acquisitions
de sociétés tunisiennes par des étrangers et la Loi de 1961 réservant les activités commerciales
aux ressortissants tunisiens, n'aidaient pas non plus à attirer l'investissement étranger. Par
ailleurs, les Membres attendaient aussi avec intérêt la mise en œuvre de la nouvelle Loi sur la
concurrence, qui pourrait accroître la participation du secteur privé au commerce, dans la mesure
où la concurrence avait jusqu'à présent été limitée par une intervention importante de l'État et la
participation de nombreuses entités publiques au commerce dans un large éventail de secteurs,
parmi lesquels l'agriculture, l'extraction de phosphate, l'énergie, les services bancaires, l'assurance
et les services de transport.

6.4. En ce qui concerne les mesures commerciales spécifiques, les Membres ont félicité la Tunisie
pour avoir réduit considérablement son taux de droit NPF moyen, qui est tombé de 45% en 2006 à
14% cette année, et ils l'ont encouragée à réduire l'écart entre ses taux de droits consolidés et
appliqués afin d'améliorer la prévisibilité. Ils ont demandé des éclaircissements concernant la taxe
de 10% prélevée sur les importations à titre d'impôt sur le revenu. Ils ont aussi posé des
questions sur les nombreux régimes d'exonération et de suspension des droits d'importation et de
la TVA, et sur les avantages fiscaux utilisés pour gérer les importations, notamment les
importations de véhicules à moteur, notant que certaines des incitations étaient subordonnées à
l'absence de produits de remplacement nationaux. Dans le même temps, les Membres se sont
réjouis de la simplification prévue des contrôles techniques obligatoires visant les produits
importés, mais ils ont demandé des précisions sur les procédures de licences d'importation non
automatiques, l'application de mesures de surveillance avant l'importation et la raison d'être des
prohibitions, licences et contrôles visant les exportations.

6.5. Les Membres se sont aussi intéressés à la question de la propriété intellectuelle, abordant
notamment la possibilité de suspendre le dédouanement à l'importation pour les marchandises
portant atteinte aux droits de propriété intellectuelle; l'éventuelle création d'un registre national
des indications géographiques; et la stratégie déployée par le nouveau Conseil national de lutte
contre la contrefaçon et le piratage. Ils ont aussi demandé des éclaircissements concernant les
indications de provenance, les licences obligatoires pour les produits médicaux, ainsi que les
responsabilités et les activités de l'Organisme tunisien des droits d'auteur et des droits voisins.

6.6. Les Membres ont noté avec satisfaction que la Tunisie restait profondément attachée au
système commercial multilatéral. Plusieurs Membres voudraient que la Tunisie respecte pleinement
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les prescriptions de l'OMC en matière de notification et ratifie rapidement l'Accord sur la facilitation
des échanges de l'OMC. Certains Membres ont aussi demandé si la Tunisie prévoyait d'adhérer à
l'Accord sur les marchés publics et à l'Accord sur les technologies de l'information.

6.7. Alors que cette réunion s'achève, la Tunisie a déjà répondu à l'ensemble des 140 questions
écrites communiquées à l'avance par les Membres, ainsi qu'à toutes les questions additionnelles
communiquées ultérieurement. Cet examen a mis en lumière un grand nombre de domaines dans
lesquels des réformes pourraient considérablement stimuler le commerce de la Tunisie. J'espère
que les observations formulées par les Membres seront utiles pour aider la Tunisie à élaborer ses
politiques économiques et commerciales, et que le pays continuera de bénéficier de l'assistance
des Membres de l'OMC à cet égard.

6.8. J'invite mes collègues à se joindre à moi pour féliciter la Tunisie pour l'aboutissement de cet
examen.

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