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Notes de cours de :
GEOTHERMIE
ENSA de Tanger
Pr. A. El Fadar
1. Généralités
1.1. Définitions
Du grec géo (Terre) et thermos (chaud), la géothermie désigne à la fois la branche de la science qui
étudie les phénomènes thermiques internes dans la croûte terrestre et les diverses techniques qui
visent à l'exploiter pour diverses applications (production de l'électricité, de la chaleur, du froid,
etc.).
Une autre définition de la géothermie a été précisée en 1993 lors du sommet mondial sur le solaire
organisé par l’UNESCO: « La géothermie est l’utilisation de la chaleur naturelle de la Terre, en tant
que source d’énergie locale, concurrentielle, durable et acceptable du point de vue écologique et
social, pour produire de l’électricité et pour des applications directes de la chaleur ».
1.2. Historique
La géothermie est une énergie ancienne : tout au long de l'histoire des civilisations (la pratique des
bains thermaux s'est multipliée, surtout avec les Romains) qui utilisaient les sources thermales pour
s’alimenter en eau chaude, et depuis un siècle, les exploitations industrielles se sont développées
pour la production d'électricité et le chauffage urbain :
- En 1904 : première production d’électricité géothermique à Larderello en Italie (éclairage de
cinq lampes de quelques dizaines de watts à l’aide d’une dynamo actionnée par un moteur
alternatif alimenté par de la vapeur géothermale).
- En 1913 : mise en service de la première centrale géothermique avec un premier groupe à turbine
fournissant une puissance électrique de 0,25 MW. En 1944, la puissance électrique installée sur
le site d’exploitation atteignait 127 MW).
- En 1930 : premier réseau de chaleur installé à Reykjavik en Islande.
1.3. Glossaire
Un aquifère (fig.1.1) est une formation géologique suffisamment poreuse et/ou fissurée, contenant
de façon temporaire ou permanente une nappe d’eau souterraine et constituée de roches perméables,
et capable de la restituer naturellement et/ou par exploitation (drainage, pompage,...).
Un geyser naturel (fig.1.2) une colonne d’eau chaude éjectée de la surface de la terre à grande
vitesse. Il est causé par des poches souterraines où s’accumule l’eau chaude, chauffée par le magma.
Suite à son élévation de température, cette eau est pressurisée (sous haute pression) et expulsée
violemment au travers de failles géologiques.
Un geyser artificiel est créé par un forage après repérage de nappes d’eau souterraines à haute
température.
3. Origine de la chaleur
On considère qu’il existe deux phénomènes principaux expliquant l’origine de la chaleur rencontrée
dans la croûte terrestre :
L'activité radioactive : la chaleur émise par la fission des éléments radioactifs présents dans les
roches profondes (uranium, thorium, potassium, etc.) représente à peu près 90% de l'énergie
dissipée (source ADEME-BRGM*). Cette chaleur varie avec la composition chimique des roches,
mais aussi avec l'âge de formation des roches : les gradients géothermiques sont plus élevés dans
les plateformes jeunes.
Étant donné leur désintégration, le nombre d’éléments radioactifs est en constante diminution
depuis le début de la formation du globe (4,5 milliards d’années) produisant ainsi un dégagement
de chaleur en régulière décroissance. On estime que le flux total de chaleur a été divisé par deux
depuis l’origine, passant de 42.106 MW à 20.106 MW. Ce phénomène naturel très lent signifie
que globalement notre planète se refroidit progressivement.
Dissipation de l’énergie primitive
Une partie de la chaleur de la Terre est une relique de sa formation. En effet, pour donner naissance
à la Terre, des poussières, des gaz, des roches flottant autour du soleil se sont assemblées durant la
phase d’accrétion, où une énergie considérable s’est accumulée dans la masse constituant la planète.
Ainsi, le noyau terrestre génère un flux de chaleur qui se propage lentement du centre de la Terre
vers sa surface. Ce phénomène (le refroidissement de son noyau) ne produit pourtant qu'une faible
partie de la chaleur souterraine.
Figure 1.4 – Profils de température en fonction de la profondeur selon plusieurs valeurs du gradient
géothermal.
GG <20
Figure 1.6 – Carte du gradient géothermique du Maroc (Y. Zarhloule et al. 2007).
1. Exploration
Malgré que la géothermie est présente en tout point du globe, il est nécessaire, avant d’entamer le
processus d’exploitation géothermique, d’évaluer de manière précise les caractéristiques de la
ressource que l’on envisage exploiter : la température, le débit, la pression, etc. et par conséquent
d’identifier les zones les plus favorables. Lors de cette prospection, on fait appel généralement aux
disciplines suivantes :
– La géologie : permet de définir la nature des roches, la succession et l’âge des couches du sol
ainsi que leurs structures tectoniques.
– L’hydrogéologie : permet d’évaluer les écoulements (débit) de l’eau souterraine.
– La géophysique : les principales techniques dont dispose le géophysicien sont (i) la gravimétrie
(mesure de la pesanteur) permettant d’identifier les anomalies du sous-sol : roches à haute ou à
faible densité et (ii) la sismique qui repose sur l'émission d'ondes artificielles et l'étude de leur
propagation dans le sol); elle permet de localiser les limites des structures géologiques et les
failles.
– La géochimie permet d’identifier les éléments chimiques des roches, leur nature et leur origine.
– Enfin, des forages d’exploration de reconnaissance peuvent être effectués. Ils sont peu utilisés
car coûteux mais ils permettent de récolter des informations supplémentaires et plus précises sur
les couches traversées.
2. Extraction
Les principales techniques pour extraire la chaleur accumulée dans l’écorce terrestre (que ce soit
dans l’eau des aquifères ou directement dans les terrains) sont :
– Puits canadiens (fig.2.1): cette technique, basée sur une circulation de l’air à faible vitesse dans
des canalisations horizontales étanches enterrées, permet le renouvellement de l’air. Le puits
canadien utilise l’inertie du sol pour rafraichir l’air neuf l’été et le préchauffer l’hiver car en
hiver, la température souterraine (environ 15°C) est supérieure à celle de l’air, alors qu’en été, la
température ambiante dépasse celle du sol. Les performances des puits canadiens dépendent du
terrain (conductivité thermique, capacité calorifique), de la surface d’échange air-terre, de la
profondeur d’enfouissement des canalisations, de la vitesse de circulation de l’air et des
caractéristiques des parois des canalisations.
Ce système nécessite une forte isolation thermique des bâtiments pour conserver le gain de
température.
– Capteurs géothermiques horizontaux (fig.2.2) : ce sont des tubes en PEHD (Polyéthylène
Haute Densité) enterrés dans le sous-sol à faible profondeur (de 0,60 m à 1,20 m) dans lesquels
circule un fluide caloporteur qui peut être de l'eau additionnée d'antigel, de l’eau glycolée, ou du
fluide frigorigène lorsque le système est couplé avec une pompe à chaleur. La chaleur du sol
exploitée provient du rayonnement solaire et de la migration des eaux pluviales.
– Sondes géothermiques ou capteurs géothermiques verticaux (fig.2.3) : Ce dispositif est
constitué par un forage dans lequel est descendu un tube PEHD coaxial ou en U dans lequel
circule en circuit fermé un fluide caloporteur (le dispositif fonctionne comme un échangeur de
chaleur). La profondeur du forage est généralement comprise entre 50 et 100 m.
Les avantages par rapport aux capteurs géothermiques horizontaux sont : un besoin inférieur de
surface et de moindre problème avec les racines de plantations. Cependant ces sondes sont plus
CD : condenseur
MVE : mélange vapeur-eau
PE : pompe d’eau de refroidissement
PI : pompe d’injection
PP : pompe de production
RG : réservoir géothermique
SP : séparateur
SR : sous-sol rocheux
TB : turbine
TR : tour de refroidissement
Figure 2.8 – Schéma de centrale géothermique à double flash pour la production de l’électricité.