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UNIVERSITÉ ABDELMALEK ESSAADI

ÉCOLE NATIONALE DES SCIENCES


APPLIQUEES DE TANGER

Notes de cours de :
GEOTHERMIE
ENSA de Tanger

Pr. A. El Fadar

A. El Fadar Géothermie Page 1


Sommaire
Chapitre 1 : Introduction à la géothermie ........................................................................................ 3
1. Généralités ............................................................................................................................... 3
1.1. Définitions ...................................................................................................................... 3
1.2. Historique ....................................................................................................................... 3
1.3. Glossaire......................................................................................................................... 3
2. Structure interne de la Terre..................................................................................................... 3
3. Origine de la chaleur ................................................................................................................ 4
4. Gradient géothermal – flux de chaleur terrestre....................................................................... 4
5. Différentes formes d’énergie géothermique ............................................................................ 4
6. Avantages et inconvénients de l’énergie géothermique........................................................... 5
6.1. Avantages ....................................................................................................................... 5
6.2. Inconvénients ................................................................................................................. 6
Figures du chapitre 1 ........................................................................................................................ 7
Chapitre 2 : Exploitation des ressources géothermales .................................................................. 11
1. Exploration ............................................................................................................................. 11
2. Extraction ............................................................................................................................... 11
3. Utilisations des ressources géothermales ............................................................................... 12
3.1. Production d’énergie électrique ...................................................................................... 12
3.2. Usages thermiques .......................................................................................................... 13
3.3. Production de froid.......................................................................................................... 13
3.3.1. Systèmes frigorifiques à absorption ......................................................................... 14
3.3.2. Systèmes frigorifiques à adsorption ......................................................................... 15
3.4. Pompes à chaleur géothermales ...................................................................................... 16
Figures du chapitre 2 ...................................................................................................................... 17
REFERENCES................................................................................................................................... 25

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Chapitre 1 : Introduction à la géothermie

1. Généralités
1.1. Définitions
Du grec géo (Terre) et thermos (chaud), la géothermie désigne à la fois la branche de la science qui
étudie les phénomènes thermiques internes dans la croûte terrestre et les diverses techniques qui
visent à l'exploiter pour diverses applications (production de l'électricité, de la chaleur, du froid,
etc.).
Une autre définition de la géothermie a été précisée en 1993 lors du sommet mondial sur le solaire
organisé par l’UNESCO: « La géothermie est l’utilisation de la chaleur naturelle de la Terre, en tant
que source d’énergie locale, concurrentielle, durable et acceptable du point de vue écologique et
social, pour produire de l’électricité et pour des applications directes de la chaleur ».
1.2. Historique
La géothermie est une énergie ancienne : tout au long de l'histoire des civilisations (la pratique des
bains thermaux s'est multipliée, surtout avec les Romains) qui utilisaient les sources thermales pour
s’alimenter en eau chaude, et depuis un siècle, les exploitations industrielles se sont développées
pour la production d'électricité et le chauffage urbain :
- En 1904 : première production d’électricité géothermique à Larderello en Italie (éclairage de
cinq lampes de quelques dizaines de watts à l’aide d’une dynamo actionnée par un moteur
alternatif alimenté par de la vapeur géothermale).
- En 1913 : mise en service de la première centrale géothermique avec un premier groupe à turbine
fournissant une puissance électrique de 0,25 MW. En 1944, la puissance électrique installée sur
le site d’exploitation atteignait 127 MW).
- En 1930 : premier réseau de chaleur installé à Reykjavik en Islande.
1.3. Glossaire
Un aquifère (fig.1.1) est une formation géologique suffisamment poreuse et/ou fissurée, contenant
de façon temporaire ou permanente une nappe d’eau souterraine et constituée de roches perméables,
et capable de la restituer naturellement et/ou par exploitation (drainage, pompage,...).
Un geyser naturel (fig.1.2) une colonne d’eau chaude éjectée de la surface de la terre à grande
vitesse. Il est causé par des poches souterraines où s’accumule l’eau chaude, chauffée par le magma.
Suite à son élévation de température, cette eau est pressurisée (sous haute pression) et expulsée
violemment au travers de failles géologiques.
Un geyser artificiel est créé par un forage après repérage de nappes d’eau souterraines à haute
température.

2. Structure interne de la Terre


La Terre est constituée principalement de trois couches (fig.1.3):
- Le noyau d’un rayon de 3 470 kilomètres, composé principalement d’un alliage de fer et de
nickel, qui représente 16% du volume de la Terre mais 67% de sa masse, sa température pourrait
dépasser 4 000 °C en son centre avec des pressions de plusieurs millions de MPa ;
- Le manteau d’une épaisseur de 2 900 kilomètres constituée de roches magmatiques composé de
silicate de fer et de magnésium, le manteau représente plus de 80 % du volume de la Terre, sa
température varie de 1 000 à 3 000 °C ;

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- La croûte ou l'écorce terrestre, couche moins dense dont l'épaisseur varie de 30 à 70 kilomètres
sous les continents, et varie entre 5 et 20 kilomètres sous les océans.

3. Origine de la chaleur
On considère qu’il existe deux phénomènes principaux expliquant l’origine de la chaleur rencontrée
dans la croûte terrestre :
 L'activité radioactive : la chaleur émise par la fission des éléments radioactifs présents dans les
roches profondes (uranium, thorium, potassium, etc.) représente à peu près 90% de l'énergie
dissipée (source ADEME-BRGM*). Cette chaleur varie avec la composition chimique des roches,
mais aussi avec l'âge de formation des roches : les gradients géothermiques sont plus élevés dans
les plateformes jeunes.
Étant donné leur désintégration, le nombre d’éléments radioactifs est en constante diminution
depuis le début de la formation du globe (4,5 milliards d’années) produisant ainsi un dégagement
de chaleur en régulière décroissance. On estime que le flux total de chaleur a été divisé par deux
depuis l’origine, passant de 42.106 MW à 20.106 MW. Ce phénomène naturel très lent signifie
que globalement notre planète se refroidit progressivement.
 Dissipation de l’énergie primitive
Une partie de la chaleur de la Terre est une relique de sa formation. En effet, pour donner naissance
à la Terre, des poussières, des gaz, des roches flottant autour du soleil se sont assemblées durant la
phase d’accrétion, où une énergie considérable s’est accumulée dans la masse constituant la planète.
Ainsi, le noyau terrestre génère un flux de chaleur qui se propage lentement du centre de la Terre
vers sa surface. Ce phénomène (le refroidissement de son noyau) ne produit pourtant qu'une faible
partie de la chaleur souterraine.

4. Gradient géothermal – flux de chaleur terrestre


La chaleur, produite et accumulée dans les profondeurs de la Terre, se transmet donc vers la surface
avec des intensités très différentes qui dépendent notamment des conditions géologiques locales.
Le gradient géothermal G = dT/dz (K.m–1) mesure la variation de la température en fonction de la
profondeur (fig.1.4). On définit également la densité de flux d’énergie thermique résultant de ce
gradient comme étant la quantité de chaleur transmise par conduction puis dissipée par unité de
temps et de surface (W.m–2).
Dans les premiers kilomètres, la température de la croûte continentale augmente en moyenne de
3°C tous les 100 mètres, la densité de flux de chaleur étant de l’ordre de 60 mW/m2. Les profils de
température en fonction de la profondeur dans quelques sites remarquables sont illustrés sur la
figure 1.5.
En France, le gradient géothermal est en moyenne de 4°C tous les 100 m. Il varie de 10°C/100 m à
Soultz-sous-Forêts, dans le nord de l'Alsace à seulement 2°C/100 m au pied des Pyrénées.
Au Maroc, le sous sol de la région du Maroc nord oriental dispose de potentialités prometteuses en
énergie géothermique : un gradient géothermal supérieur à 35 °C par kilomètre et une densité de
flux de chaleur entre 80 et 100 mW/m2 (Y. Zarhloule, 2007) (figs.1.6 & 1.7).

5. Différentes formes d’énergie géothermique


L’exploitation de la ressource géothermique prend des formes diverses, avec des enjeux techniques
et économiques très différents. Ses différentes formes sont caractérisées par les valeurs de
température. On distingue généralement les formes d’énergie géothermique suivantes :

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- haute énergie (nappes de température supérieure à 150°C),
- moyenne énergie (90 < T < 150°C),
- basse énergie (30 < T < 90°C) et
- très basse énergie (T < 30°C).
Les deux premières catégories permettent de valoriser la ressource sous forme d’électricité, alors
que les deux dernières ne sont utilisées que pour le chauffage, la climatisation et certaines
applications industrielles (chauffage de serres agricoles, pisciculture, etc.).
L’exploitation de la géothermie très basse énergie concerne les couches peu profondes à T < 30°C
(couches chauffées par le soleil, environ 30 mètres) et nécessite généralement la mise en œuvre des
pompes à chaleur alimentées par l’énergie électrique et permettant le transfert de calories entre deux
sources : le sous-sol (ou dans les aquifères) et l’habitation.

6. Avantages et inconvénients de l’énergie géothermique


6.1. Avantages
 Écologique
Contrairement aux énergies fossiles, la géothermie est une énergie propre dont l’exploitation
produit peu de rejets. On estime que la quantité moyenne de CO2 émise dans l'atmosphère par les
centrales géothermo-électriques dans le monde est de 55 g/kWh (émission associée à l’utilisation
des pompes), alors qu'une centrale au gaz naturel en produit 10 fois plus.
 Renouvelable
L’énergie géothermique est considérée comme renouvelable car elle utilise des sources quasiment
inépuisables à l’échelle d’une vie humaine (vitesse d’exploitation < vitesse de renouvellement).
 Abondante
Contrairement aux réserves d’énergies fossiles les plus utilisées aujourd'hui, qui ne sont situées que
dans quelques sites particuliers, la géothermie est une énergie abondante (se trouvant sur tous les
continents). Elle offre un potentiel énergétique considérable : on estime qu’un km2 de roche, sur une
profondeur de 10 km, renferme en moyenne une quantité d'énergie équivalant à 15 millions de tep
(tonne équivalent pétrole, 1 tep = 11,62 MWh = 4,186.1010 J).
La seule limitation concerne la production de l’électricité où il faut être situé dans des zones
spécifiques d’un gradient géothermique anormal.
 Indépendante des conditions climatiques
La géothermie n'est pas tributaire des conditions climatiques. Elle est donc avantagée par rapport
aux quelques énergies renouvelables (éolienne, solaire et hydroélectrique).
 Rentable
La géothermie devient rentable au bout de 5 ans maximum.
Remarque
Les contraintes de l'énergie géothermique sont maîtrisées. En effet les problèmes inhérents à cette
énergie sont gérés de différentes manières :
- La corrosion, produite par les sels que contient l’eau qui remonte (degré de salinité peut atteindre
100 g/l), peut endommager l’intégrité physique des matériaux constitutifs des équipements. Elle
peut être évitée soit par (i) l’injection d'un produit qui formera une couche protectrice pour les
tuyaux ou bien par (ii) utilisation des tuyaux qui résistent mieux à la corrosion.
- Les bactéries, présentes dans les gisements sont détruites grâce à des produits bactéricides.

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6.2. Inconvénients
Toutefois, la géothermie présente certains inconvénients :
 Refroidissement des puits d’extraction
Pour éviter que l’eau utilisée revienne vers le puits d’extraction c-à-d. pour qu’il n’y ait pas de
refroidissement, il faut réinjecter l’eau de manière artificielle à une certaine distance du puits
d’extraction.
 Coût d’investissement élevé
Bien que l’énergie prélevée soit gratuite, le coût des systèmes géothermiques reste relativement
élevé. En plus, il faut compter les investissements liés aux sondages d'exploration et de
prospection (parfois ne sont pas remboursés).
 Odeur de soufre dégagée
Ceci correspond au cas où l’eau est utilisée directement sous forme de chaleur.

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Figures du chapitre 1

Figure 1.1– Aquifère.

Figure 1.2– : Geyser (Islande).

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Figure 1.3 – Structure interne de la Terre.

Figure 1.4 – Profils de température en fonction de la profondeur selon plusieurs valeurs du gradient
géothermal.

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Figure 1.5 – Profils de température en fonction de la profondeur dans quelques sites remarquables.

Gradient géothermique GG (°C/km)

GG <20

Figure 1.6 – Carte du gradient géothermique du Maroc (Y. Zarhloule et al. 2007).

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Figure 1.7 – Carte de densité de flux de chaleur en surface du Maroc (Y. Zarhloule et al 2007).

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Chapitre 2 : Exploitation des ressources géothermales

1. Exploration
Malgré que la géothermie est présente en tout point du globe, il est nécessaire, avant d’entamer le
processus d’exploitation géothermique, d’évaluer de manière précise les caractéristiques de la
ressource que l’on envisage exploiter : la température, le débit, la pression, etc. et par conséquent
d’identifier les zones les plus favorables. Lors de cette prospection, on fait appel généralement aux
disciplines suivantes :
– La géologie : permet de définir la nature des roches, la succession et l’âge des couches du sol
ainsi que leurs structures tectoniques.
– L’hydrogéologie : permet d’évaluer les écoulements (débit) de l’eau souterraine.
– La géophysique : les principales techniques dont dispose le géophysicien sont (i) la gravimétrie
(mesure de la pesanteur) permettant d’identifier les anomalies du sous-sol : roches à haute ou à
faible densité et (ii) la sismique qui repose sur l'émission d'ondes artificielles et l'étude de leur
propagation dans le sol); elle permet de localiser les limites des structures géologiques et les
failles.
– La géochimie permet d’identifier les éléments chimiques des roches, leur nature et leur origine.
– Enfin, des forages d’exploration de reconnaissance peuvent être effectués. Ils sont peu utilisés
car coûteux mais ils permettent de récolter des informations supplémentaires et plus précises sur
les couches traversées.

2. Extraction
Les principales techniques pour extraire la chaleur accumulée dans l’écorce terrestre (que ce soit
dans l’eau des aquifères ou directement dans les terrains) sont :
– Puits canadiens (fig.2.1): cette technique, basée sur une circulation de l’air à faible vitesse dans
des canalisations horizontales étanches enterrées, permet le renouvellement de l’air. Le puits
canadien utilise l’inertie du sol pour rafraichir l’air neuf l’été et le préchauffer l’hiver car en
hiver, la température souterraine (environ 15°C) est supérieure à celle de l’air, alors qu’en été, la
température ambiante dépasse celle du sol. Les performances des puits canadiens dépendent du
terrain (conductivité thermique, capacité calorifique), de la surface d’échange air-terre, de la
profondeur d’enfouissement des canalisations, de la vitesse de circulation de l’air et des
caractéristiques des parois des canalisations.
Ce système nécessite une forte isolation thermique des bâtiments pour conserver le gain de
température.
– Capteurs géothermiques horizontaux (fig.2.2) : ce sont des tubes en PEHD (Polyéthylène
Haute Densité) enterrés dans le sous-sol à faible profondeur (de 0,60 m à 1,20 m) dans lesquels
circule un fluide caloporteur qui peut être de l'eau additionnée d'antigel, de l’eau glycolée, ou du
fluide frigorigène lorsque le système est couplé avec une pompe à chaleur. La chaleur du sol
exploitée provient du rayonnement solaire et de la migration des eaux pluviales.
– Sondes géothermiques ou capteurs géothermiques verticaux (fig.2.3) : Ce dispositif est
constitué par un forage dans lequel est descendu un tube PEHD coaxial ou en U dans lequel
circule en circuit fermé un fluide caloporteur (le dispositif fonctionne comme un échangeur de
chaleur). La profondeur du forage est généralement comprise entre 50 et 100 m.
Les avantages par rapport aux capteurs géothermiques horizontaux sont : un besoin inférieur de
surface et de moindre problème avec les racines de plantations. Cependant ces sondes sont plus

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difficiles à poser : il faut recourir à un foreur agréé, faire éventuellement de nombreuses
démarches administratives et respecter la loi sur l’environnement, plus particulièrement la
protection du sol.
Les 2 procédés décrits ci-dessus n’utilisent pas les aquifères comme réceptacle de la chaleur.
– Forage : la technique du forage utilisée dépend de sa profondeur, de la nature des terrains (durs
ou meubles, cavités souterraines, etc.) et de la chaleur que l’on cherche à capter :
 si elle est contenue dans le sol, on forera de telle manière à former une sonde géothermique ;
 si elle est contenue dans l’aquifère, il faut incorporer au forage une pompe pour faire remonter
le fluide colporteur (fluide géothermal).
– Doublet géothermique : si l’eau de l’aquifère exploité n’est pas polluée (n’est pas chargée en
substances nocives pour l’environnement et le sol : peu chargée en sels minéraux en particulier),
il n’est pas nécessaire de la réinjecter et on peut la laisser en surface après lui avoir pris ses
calories. Sinon, il y a nécessité de réinjecter le fluide à l’aide d’une pompe dans sa nappe
d’origine. L’exploitation nécessite donc deux forages (deux puits), un forage de production et un
forage de réinjection; c’est la technique du doublet géothermique (fig.2.4). Pour que
l’exploitation soit productive, il faut éloigner les deux puits car l’eau réinjectée ne doit pas
refroidir la ressource et doit donc se réchauffer avant de pouvoir être à nouveau pompée. ce type
d’exploitation a une durée de vie d’environ 20 ans car au-delà l’eau est trop refroidie pour être
exploitable. Il existe différents types de configuration pour le doublet géothermique : soit on
utilise deux stations (pompage et réinjection) soit une seule plateforme en utilisant un ou deux
puits déviés pour éloigner les deux puits de pompage et de réinjection (fig.2.5).

3. Utilisations des ressources géothermales


La température de la ressource est l’élément déterminant pour les applications envisageables à partir
de la chaleur géothermale. On distingue, entre 20 et 200 °C, deux grandes catégories d’applications,
les applications thermiques jusqu’à environ 110-120 °C et la production d’électricité à partir de 120
°C (fig.2.6).
3.1. Production d’énergie électrique
La production d’électricité d’origine géothermale s’effectue principalement selon deux modes. On
distingue ainsi :
 les centrales géothermiques avec cycle à vapeur d’eau (centrales directes), où le fluide
géothermal est directement utilisé pour produire de l’électricité par détente de sa fraction vapeur
dans une turbine (après élimination des particules solides), ce mode d’exploitation de ressources
géothermales est réservé aux réservoirs dont la température est supérieure à 200 °C.
Il y a des cycles améliorés selon les conditions du fluide géothermal :
- Centrale géothermique simple flash
Cette technologie est utilisée lorsque le fluide géothermal est un mélange de liquide-vapeur à faible
titre inférieur à 0,5 que l'on ne peut pas donc directement turbiné. Elle consiste en une détente
partielle du mélange dans un séparateur pour en évaporer une partie qui est turbinée; la partie
liquide est réinjectée dans le réservoir via un puits d’injection (fig.2.7).
- Centrale géothermique double flash
Si la pression en sortie de puits est suffisante, le mélange est détendu dans deux séparateurs
successifs pour récupérer de la vapeur à deux niveaux de pression différents (fig.2.8). Le but est
d’améliorer l’efficacité énergétique de la centrale. Cette technologie implique un accroissement du
coût d’exploitation et une étude économique exhaustive s’avère donc indispensable avant sa mise
en œuvre.

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 les centrales géothermiques à fluide binaire, technique par laquelle le fluide géothermal cède une
partie de son énergie à un autre fluide (alcane, fluorocarbone, ammoniac, etc.) qui est ensuite
utilisé pour assurer la conversion thermo-électrique de l’énergie reçue. Suite à la détente, l’eau
est réinjectée dans la nappe afin d’éviter son tarissement (fig.2.9) Contrairement à la technologie
précédente, où la ressource géothermale se présentait en surface sous la forme d’un mélange
diphasique eau-vapeur, celle-ci est maintenue sous pression par le biais d’une pompe immergée
placée dans le puits, ce qui permet de la garder constamment en phase liquide.
De tels types d’exploitation existent dans de nombreux pays tels que l’Italie, France, Californie,
Indonésie, Philippines, Nouvelle-Zélande, Islande, Japon, etc..
Une autre technologie qui ne requiert pas l’existence de nappes souterraines d’eau chaude. Dans ce
cas, c’est la chaleur des roches souterraines, à une profondeur située entre 3 et 5 km, qui est
valorisée. De l’eau froide est injectée sous pression dans la roche. Cette eau circule alors dans les
fractures (failles) du sous-sol, où elle se réchauffe au contact des roches brûlantes et la vapeur qui
s'en dégage est pompée jusqu'à la surface pour alimenter un groupe turbo-alternateur et produire de
l’électricité. Cette technologie est appelée géothermie des roches chaudes fracturées (hot dry rock).
Plusieurs expérimentations de cette technique sont en cours dans le monde, notamment sur le site de
Soultz en Alsace.
3.2. Usages thermiques
Parmi les usages thermiques les plus répandus de la géothermie on cite :
 Chauffage des habitations ou chauffage urbain (fig 2.10)
Cette filière est généralement destinée à alimenter des réseaux de chaleur pour le chauffage des
bâtiments. Pour cette application, ce sont généralement des nappes phréatiques dont la température
est comprise entre 50 et 130 °C qui sont utilisées. De très nombreux gisements présentant ces
caractéristiques existent, néanmoins pour qu’ils soient valorisés, il est préférable qu’ils soient
proches d’agglomérations où des réseaux de chaleur peuvent être développés.
 Pisciculture
Une augmentation de la température de quelques degrés produit un accroissement du métabolisme
chez les poissons et les crustacés. Leur maintien dans une eau chaude toute l'année prolonge encore
leur possibilité de croissance.
Une installation de pisciculture comporte un puits unique ou un doublet. L'eau chaude est utilisée
directement, ou au travers d'un échangeur quand sa nature n'est pas compatible avec l'élevage.
 Agriculture – chauffage de serres
La croissance optimale des plantes est fonction de la température et varie selon le type de culture.
Dans le réseau de chaleur d'une serre, la chaleur requise est calculée en tenant compte évidemment
de l'ensoleillement dans la journée et de la chaleur fournie par effet de serre.
 Chauffage des piscines
 Usages industriels
Usages directs, on peut citer : le lavage de la laine, dessalement de l’eau de mer (évaporation de
solutions concentrées), préchauffage de fluides (eau, air), la mise hors gel de grandes surfaces
(aéroports, routes et ponts), etc.
3.3. Production de froid

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Pour produire du froid à partir de chaleur, on utilise des systèmes frigorifiques à sorption.
3.3.1. Systèmes frigorifiques à absorption
i) Généralités
Si l’on dispose d’une source chaude en plus de la source gratuite à température ambiante, il est
possible d’extraire de la chaleur d’une source froide sans apport de travail (machine frigorifique
tritherme) : les machines frigorifique à absorption.
Ces machines offrent l’avantage de ne pas comprendre de pièces en mouvement (à l’exception
d’une pompe).
Les machines frigorifuges à absorption liquide fonctionnent grâce à la faculté de certains liquides,
nommés absorbants ou solvants, d'absorber et de désorber une vapeur très volatile (se transformant
facilement en vapeur), appelée fluide frigorigène ou soluté. Le mélange absorbant et fluide
frigorigène se nomme mélange binaire. Dans ces machines, l'extraction des vapeurs de fluide
frigorigène du mélange binaire s'effectue dans le bouilleur moyennant un apport de chaleur ; qu'il
s'agisse de vapeur, gaz brûlés, énergie solaire, géothermie, rejets industriels thermiques, etc.
Deux couples sont principalement utilisés :
1. Eau+Bromure de Lithium (H2O/LiBr), l'eau étant le fluide frigorigène et LiBr est un sel stable et
non toxique.
2. Ammoniac+Eau (NH3/H2O), où NH3 étant le fluide frigorigène qui n’est pas un gaz à effet de
serre mais toxique.
Pour fonctionner, ces systèmes nécessitent une source de chaleur qui peut être une ressource
géothermale dont la température est supérieure à 100 °C. Deux sortes de cycles sont utilisés :
- pour les applications nécessitant du froid négatif, inférieures à 0 °C, on utilise le mélange binaire
NH3/H2O.
- pour les applications de réfrigération ou de climatisation, on utilise le mélange binaire H2O/LiBr.
ii) Principe de fonctionnement d’une machine à absorption
La machine frigorifique à absorption comprend un ensemble d'éléments communs avec celle à
compression de vapeur (fig 2.11) à savoir ; le condenseur, l'évaporateur et la vanne de détente. Par
contre, le compresseur mécanique de la machine frigorifique à compression de vapeur est remplacé
par un ensemble d'éléments qui joue le rôle de "compresseur thermique". Ces éléments sont le
bouilleur, l’échangeur thermique, l'absorbeur et la pompe de circulation (fig 2.12).
Les vapeurs résultant de la vaporisation du fluide frigorigène liquide au niveau de
l'évaporateur parviennent à l'absorbeur. La solution (a) provenant du bouilleur et arrivant à
l'absorbeur est dite pauvre (en fluide frigorigène) car elle contient un faible pourcentage de fluide
frigorigène ; elle est composée essentiellement du solvant (absorbant).
L'absorption des vapeurs de fluide frigorigène dégage une quantité de chaleur QA (réaction
exothermique). A l’aide d’une pompe de circulation, la solution riche (b) ayant augmenté son titre
en fluide frigorigène est pompée vers le bouilleur après avoir traversé un échangeur qui permet de
préchauffer la solution riche froide par la solution pauvre chaude et donc de refroidir cette dernière.
La solution riche en fluide frigorigène qui arrive au bouilleur y reçoit une certaine quantité de
chaleur ce qui permet de dégazer le fluide frigorigène (sa séparation du solvant) : le fluide
frigorigène s'évapore et son titre en liquide diminue. Le solvant, après passage dans l'échangeur de
chaleur, retourne à l'absorbeur où il va absorber les vapeurs de fluide frigorigène en provenance de
l'évaporateur.

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Les vapeurs de fluide frigorigène qui se sont séparées du solvant dans le bouilleur se condensent
dans le condenseur, le liquide formé étant ensuite détendu avant de pénétrer dans l'évaporateur où il
s'évapore en produisant l'effet utile (la chaleur nécessaire à cette vaporisation est puisée du milieu à
refroidir).
En fait, la machine frigorifique à absorption comprend, en plus des éléments de base schématisés ci-
dessus, d'autres éléments complémentaires : le sous-refroidisseur de liquide entre le condenseur et
l'évaporateur et le rectificateur entre le bouilleur et le condenseur, le rôle de ces éléments étant de
renvoyer au bouilleur le solvant qui aurait pu être entraîné avec le fluide frigorigène à la sortie du
bouilleur.
iii) Efficacité
Le bilan thermique, en régime permanent, de la machine frigorifique à absorption s’écrit :
Q B  Q0  QP   QC  Q A  Q D   0 1er principe
En négligeant la chaleur dissipée avec le milieu extérieur QD (éléments chauds sont bien isolés
thermiquement) ainsi que l’équivalent thermique du travail de la pompe QP, ce bilan devient :
QB  Q0  QC  QA  0
Si l'on suppose en plus que le cycle est réversible, on aura en plus :
QB Q0 QC Q A
    0 2ème principe
TB T0 TE TE
Ce qui donne :
QB Q0 QB  Q0 1 1   1 1
   Q0     QB   
TB T0 TE  T0 TE   TE TB 
L’effet frigorifique ou coefficient de performance frigorifique d’une machine frigorifique idéale est
le rapport de la production frigorifique à la puissance calorifique du bouilleur. Il s’écrit :
 1 1  TB  TE
  
Q0  TE TB  TT T T T0
   B E  B E.
QB  1 1  TE  T0 TB TE  T0
T T   
 
 0 E 
T0TE C eC

Le coefficient de performance frigorifique d'une machine tritherme apparait comme le produit du


rendement d'un moteur de Carnot fonctionnant entre la température de la source chaude TB et celle
du milieu ambiant TE et l’effet frigorifique d’un cycle de Carnot inversé (d'une machine
frigorifique) se déroulant entre les températures T0 (source froide) et TE. Il est de valeur supérieure,
inférieure ou égale à 1, selon les valeurs des températures T0, TB et TE.
Remarque
Q
 P  0 est appelé le coefficient de performance pratique.
QB
3.3.2. Systèmes frigorifiques à adsorption
Les systèmes frigorifiques à adsorption sont basés sur l’adsorption, le phénomène par lequel les
atomes ou les molécules d’une substance gazeuse (adsorbat) sont attirés et fixés à la surface d’un
solide (adsorbant). L’adsorption est réversible, exothermique et jouit d’une cinétique rapide. En
comparaison avec la machine frigorifique à compression de vapeur, les deux systèmes comportent
les mêmes éléments de base, sauf le compresseur de cette dernière est remplacé par un compresseur
thermique dans le système frigorifique à adsorption, appelé adsorbeur (fig 2.13): c’est l’élément où
se produisent les processus d’adsorption et de désorption entre le fluide frigorigène (adsorbat) et

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l’adsorbant (solide microporeux). Ces processus sont favorisés par le refroidissement et le
chauffage de l’adsorbeur, respectivement.
Les couples (adsorbant/adsorbat) communément utilisés dans ces systèmes sont : Silicagel/eau,
Zéolithe/eau, Charbon actif/ammoniac, Charbon actif/méthanol, Charbon actif/éthanol, etc.
3.4. Pompes à chaleur géothermales
Une pompe à chaleur géothermale est un système thermodynamique qui permet de prélever de la
chaleur à basse température (géothermie à basse énergie) pour la restituer à un autre milieu de
température plus élevée pour le chauffage de locaux, par exemple (fig 2.14 & fig 2.15). Une pompe
à chaleur peut fonctionner également dans l’autre sens et donc assurer la climatisation ou le
rafraîchissement des locaux : on parle alors de pompe à chaleur réversible qui permet de chauffer un
local en hiver et de le rafraîchir en été, il suffit d'inverser le circuit de fonctionnement (écoulement
du fluide). L’inversion du cycle est assurée par une vanne à 4 voies. Ceci permet d'intervertir les
rôles des condenseur et évaporateur.

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Figures du chapitre 2

Figure 2.1 – Puits canadien.

Figure 2.2 – Capteurs géothermiques horizontaux.

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Figure 2.3 – Schéma d’une installation avec sonde géothermique et PAC.

Figure 2.4 – Doublet géothermique.

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Figure 2.5 – Types de doublets géothermiques.

Figure 2.6 – Principales utilisations de la géothermie en fonction de la température (B. Lindal.


2010).

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CD : condenseur
MVE : mélange vapeur-eau
PE : pompe d’eau de refroidissement
PI : pompe d’injection
PP : pompe de production
RG : réservoir géothermique
SP : séparateur
SR : sous-sol rocheux
TB : turbine
TR : tour de refroidissement
Figure 2.7 – Schéma de centrale géothermique à simple flash pour la production de l’électricité.

CD : condenseur
MVE : mélange vapeur-eau
PE : pompe d’eau de refroidissement
PI : pompe d’injection
PP : pompe de production
RG : réservoir géothermique
SP : séparateur
SR : sous-sol rocheux
TB : turbine
TR : tour de refroidissement

Figure 2.8 – Schéma de centrale géothermique à double flash pour la production de l’électricité.

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Figure 2.9 – Schéma de centrale géothermique à fluide binaire pour la production de l’électricité.

Figure 2.10 – Chauffage des habitations (chauffage urbain).

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Figure 2.11 – Schéma d’une machine frigorifique à compression mécanique de vapeur.

Figure 2.12 – Schéma d’une machine frigorifique à absorption.


1. Échangeur de chaleur ; 2. Pompe à solution.

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Figure 2.13 – Schématisation d’une machine frigorifique à adsorption.

Figure 2.14 – Schématisation d’une pompe à chaleur.

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Figure 2.15 – Fonctionnement d'une PAC géothermique (source ADEME/BRGM).

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