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La stratégie de l'entreprise
Plan de la section
1 Dénitions et démarche stratégique 1
1.1 Origine de la stratégie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.2 Dénitions de la stratégie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.3 Les métiers de l'entreprise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.4 Décision stratégique et décision opérationnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.5 La segmentation stratégique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.6 Les niveaux de stratégie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.7 La démarche stratégique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.7.1 Le modèle de LACG . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.7.2 Stratégie délibérée et stratégie émergente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
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. La stratégie est une règle pour prendre les décisions, déterminée par l'étendue produit/marché, le
vecteur de croissance, l'avantage concurrentiel et la synergie (Anso, 1986).
. La stratégie est l'ensemble des desseins, des buts et des objectifs d'une organisation, ainsi que les
principales politiques et les plans pour atteindre ces buts, établis de façon à dénir ce qu'est le domaine
d'activité de l'entreprise ou ce qu'il devrait être et le type d'entreprise qu'elle est ou qu'elle devrait
être (Learned, Christensen, Andrews et Guth, 1965).
. L'art de construire des avantages concurrentiels durablement défendables (M. Porter).
M. Porter met l'accent sur la notion de l'avantage concurrentiel. Pour lui, une stratégie doit permettre
à l'entreprise de construire, garder et développer un avantage concurrentiel lui concédant de faire
face à la concurrence.
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permettant de regrouper et/ou de diviser les activités en ensembles homogènes. Dans un deuxième temps,
il est indispensable de vérier que les conditions de validité de la segmentation obtenue sont remplies.
Enn, il est important de garder à l'esprit le caractère profondément subjectif de la segmentation.
Critères de segmentation et matrice de segmentation
Dénir et identier une activité nécessite de recourir à des critères de segmentation. Leur choix condi-
tionne grandement le résultat obtenu. Or il n'existe pas véritablement de consensus sur les critères à
mobiliser, notamment du fait du caractère contingent du processus de segmentation. Nous abordons ci-
dessous les principaux modèles utilisés avant de proposer une méthode synthétique pour segmenter les
activités d'une entreprise ou un secteur d'activités.
Plusieurs possibilités visent à identier la nature d'une activité : La première consiste à dénir l'activité
par le biais des caractéristiques des produits fabriqués : le segment des machines-outils ou de l'automobile,
par exemple. La deuxième possibilité consiste à identier l'activité en ayant recours au métier ou à la
technologie mobilisée pour concevoir ou fabriquer les produits : L'industrie de l'acier, de l'aluminium, du
verre, par exemple. Enn, la troisième possibilité propose de décrire l'activité par le biais de ses marchés.
Dans le contexte précis de la segmentation, le terme de marché (ou de mission) renvoie à la fois aux
attentes et aux besoins que le client cherche à satisfaire (laver son linge ou se déplacer en ville par exemple)
et aux caractéristiques de la clientèle (particulier, entreprise, famille, célibataire, etc.). Si chacun de ces
critères, pris indépendamment, est insusant pour identier et dénir précisément la nature d'une activité,
il est en revanche possible de les combiner.
Le choix d'Anso (1965) se porte sur la caractérisation d'une activité par le croisement d'une compo-
sante métier et d'une composante marché (ou mission). En ce sens, un ensemble homogène à la fois en
termes de produit ou de service (type d'ore conçue, fabriquée et distribuée) et de marché (type de client)
dénit et spécie un segment stratégique.
Le modèle d'Abell et Hammond (1979) prolonge cette réexion en fondant la procédure de segmenta-
tion sur un triaxe, dans cette optique, la caractérisation d'un segment nécessite d'identier précisément le
groupe de clients achetant le produit ou le service, la fonction assurée par le produit ou le service pour
ces clients, enn la nature exacte de l'ore (produit ou service). Le modèle d'Anso (1965) fondé sur la
détermination du couple produit/marché peut être critiqué, notamment du fait de l'importance excessive
accordée aux savoir-faire commerciaux aux dépens des savoir-faire technologiques. Ce mode de segmenta-
tion s'apparenterait ainsi plus à de la segmentation marketing qu'à une véritable segmentation stratégique.
La proposition d'Abell et Hammond (1979) a le mérite d'élargir le champ de la segmentation en prenant
en considération la fonction assurée par l'ore. Cependant, les facteurs clés d'ordre technologique, notam-
ment ceux liés au métier, sont encore sous-estimés dans cette approche. C'est pourquoi, à l'issue de la
confrontation de ces deux modèles fondateurs, il est pertinent de proposer un modèle synthétique, à la fois
général et intégrateur, en se fondant sur deux catégories de critères à combiner, au cas par cas, selon les
situations :
◦ une catégorie liée à l'ore : relative à la nature du produit ou du service, au métier concerné ou à la
technologie mobilisée ;
◦ et une autre liée à la demande : relative à la nature de la clientèle, à la fonction assurée ou au type
d'attentes ou de besoins satisfaits.
Le croisement de critères relatifs à ces deux catégories de variables (ou matrice de segmentation) permet
ainsi de proposer une segmentation stratégique appliquée à un secteur d'activités ou aux activités d'une
entreprise.
En fonction des caractéristiques propres du secteur ou de l'entreprise, l'analyste choisira d'avoir recours
à une dimension particulière de la catégorie ore (type de technologie, par exemple) et à une dimension
particulière de la catégorie demande (fonction satisfaite par exemple). Le nombre de segments est de ce
fait déterminé par le produit du nombre de modalités relatives à l'axe ore et du nombre de modalités
relatives à l'axe demande . Cependant, il est possible que l'un des segments théorique issu du
croisement des axes n'ait pas d'existence concrète. Dans ce cas, il sera simplement supprimé de l'analyse.
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Intérêts de la segmentation
La segmentation stratégique est essentielle car elle facilite l'analyse et la prise de décision stratégique,
et ce pour au moins cinq raisons :
◦ Chaque DAS mis en évidence se trouve confronté à des concurrents spéciques, même si certains
concurrents peuvent se trouver sur tous les DAS. C'est ainsi que Danone retrouve Nestlé comme
concurrent sur chacun de ses DAS.
◦ Chaque DAS mis en évidence se trouve confronté à des évolutions technologiques spéciques.
◦ Chaque DAS mis en évidence se trouve confronté à des évolutions spéciques des modes de consom-
mation des clients concernés.
◦ Chaque DAS peut (et devrait) faire l'objet d'une stratégie spécique compte tenu des caractéristiques
précédentes.
◦ Enn, sur chaque DAS, l'entreprise doit chercher à maîtriser les facteurs clés de succès, c'est-à-dire les
éléments qu'il convient de maîtriser pour générer potentiellement un avantage concurrentiel durable
dans l'état actuel du marché concerné.
Les facteurs clés de succès (FCS)
Les facteurs clés de succès (FCS) sont les prérequis repérables dans chaque activité pour opérer de façon
compétitive. Ces FCS concernent des processus, des ressources ou des compétences qu'une entreprise doit
maîtriser si elle ne veut pas se trouver dans une situation concurrentielle désavantageuse. Il est par exemple
nécessaire de disposer d'un portefeuille de marques ou de licences de marques pour opérer sur les segments
du luxe, de maîtriser les processus internes de gestion de la qualité dans l'automobile, de gérer au plus juste
les temps de mission dans le conseil et d'enrichir les compétences des consultants, ou encore de développer
une puissance d'achat importante dans la grande distribution.
Un FCS renvoie ainsi aux éléments de l'ore qui ont une valeur pour le client ou aux éléments qui
procurent un avantage de coût au sein de la chaîne de valeur. Leur maîtrise est donc a priori un gage de
compétitivité minimale dans une activité donnée et le stratège doit rééchir régulièrement à la maîtrise
de ces éléments par son entreprise pour se maintenir dans son activité ou entrer dans une nouvelle. Il
pourra notamment se pencher sur les écarts qui existent entre les FCS qu'il a repérés dans son activité et
la position de son entreprise sur chacun de ces facteurs. Un écart négatif indique une source potentielle
de désavantage par rapport aux concurrents qu'il faudra tenter de combler. Un écart positif, une source
potentielle d'avantage concurrentiel à exploiter.
Les FCS d'un secteur sont issus, comme d'autres éléments de l'analyse stratégique, d'une réexion de
l'entreprise sur son environnement. Une des façons de les faire émerger est de rassembler des managers
expérimentés et de leur demander quels sont les quelques facteurs à maîtriser pour rester compétitif. Il est
important de restreindre le nombre de ces facteurs à 4 ou 5 ; au-delà, il est probable que des facteurs non
critiques soient évoqués.
Si le concept de FCS est séduisant, reste qu'il doit être utilisé avec précaution pour au moins trois
raisons.
◦ Tout d'abord, le concept de FCS est souvent assimilé avec celui d'avantage concurrentiel. Or, les
FCS sont liés avant tout à une activité et non à une organisation. Maîtriser les FCS de son secteur
assure donc au mieux la compétitivité mais ne fait pas émerger d'avantage concurrentiel sauf à être
maîtrisé à un niveau largement supérieur par une entreprise.
◦ Ensuite, lié au point précédent, les FCS indiquent les prérequis à maîtriser dans un secteur, après
examen des éléments clés partagés par la plupart des entreprises. Ce faisant, ils n'indiquent en rien les
façons pour une entreprise de se distinguer justement de ses concurrents mais plutôt les recettes du
succès admises par tous les concurrents. Ils poussent donc à une imitation des stratégies dominantes
et une approche adaptative de la stratégie plutôt qu'à une réexion innovante, en naturalisant
des éléments de l'activité. Dans un secteur comme la conception et la fabrication d'ordinateurs, Dell
a ainsi bâti initialement son succès en délaissant largement la R&D pour se focaliser sur la logistique
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et le CRM a contrario des recettes admises par ses concurrents, alors qu'une analyse en termes de
FCS aurait indiqué qu'il fallait investir largement dans la R&D
◦ Enn, dernière précaution, ces FCS sont toujours historiquement datés et évoluent dans le temps. La
réexion du stratège doit donc intégrer cette vision dynamique pour considérer les FCS en émergence
sous l'impulsion de concurrents innovants ou d'évolutions de l'environnement. Ainsi, la maîtrise de la
motorisation et des modes de propulsion à faible impact environnemental s'est-elle imposée comme
un FCS ces dernières années dans l'automobile.
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D'après H. Mintzberg et J.A. Waters, Of Strategies, Deliberate and Emergent , Strategic Management
Journal, 1985, p. 257-272.
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