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LE BUDGET DE TRÉSORERIE

L'établissement du budget de trésorerie, qui synthétise les effets de la


mise en œuvre de tous les autres budgets, est l'occasion de tester le réalisme
des différents programmes d'activité.

A. LE BUDGET DES ENCAISSEMENTS

Il présente en général les différents mois en colonne et les différentes


catégories de recettes en ligne. On prévoit également une colonne
supplémentaire pour traiter les créances à court terme liées en fin d'année au
décalage dans le temps entre certaines opérations (ventes) et leur
encaissement, du fait des délais de règlement, et qui figureront au bilan
prévisionnel.

Supposons par exemple que l'entreprise accorde un mois de crédit à ses


clients: il y aura un décalage d'un mois entre la vente et l'encaissement.

En janvier N+ 1, l'entreprise encaissera donc les créances clients


figurant au bilan à fin N. En février, elle encaissera les ventes de janvier, en
mars les ventes de février, etc.

Les ventes de décembre N+l seront donc décalées comme élément du


bilan prévisionnel à fin N+l, et encaissées en janvier N+ 2.

Éléments Janvier Février ... Décembre BILAN


N+1 N+1 N+1 PRÉVISIONN
EL

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à fin N+1
Encaissements liés à
l'exploitation:
VD (3)
- Ventes au comptant VJ (1) VF (2) VACD (7)
VACN (6)
- Ventes à crédit CCDN (4) VACJ(5) Poste
-… «Clients»
Autres encaissements:
- Cessions d'actifs
- Emprunts
- ...
Total des encaissements:

On distingue généralement les encaissements directement liés à


l'exploitation (ventes), qui font l'objet d'une prévision en fonction des budgets
commerciaux, et les autres encaissements, liés à des opérations financières
spécifiques (augmentations de capital, emprunts, cessions d'actif...).

Exemple de budget des encaissements pour N+ 1 :

avec:
(l) VJ : Ventes au comptant de janvier N+ l.
(2) VF : Ventes au comptant de février N+l.
(3) VD : Ventes au comptant de décembre N+ 1.
(4) CCDN : Créances clients correspondant aux ventes à crédit de décembre N.
(5) VACJ : Ventes à crédit de janvier N+ l.
(6) VACN : Ventes à crédit de novembre N+ 1.
(7) VACD : Ventes à crédit de décembre N+l, portées au bilan prévisionnel.
Remarque : Toutes ces ventes sont évidemment TTC (Toutes taxes comprises),
incluant la TVA.
B. LE BUDGET DE LA TVA À DÉCAISSER

Compte tenu des règles de déductibilité de la TV A, il vaut mieux, en


pratique, chiffrer dans un budget annexe la TVA à décaisser mensuellement,
ce poste étant ensuite repris dans le budget des décaissements.

Pour des raisons d’ordre pédagogiques, et la multitude des cas dans le


cadre des règles fiscales concernant la TVA (Voir cours de fiscalité chapitre
concernant la TVA) On va utiliser le principe suivant : (voir tableau : budget

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annexe TVA)

Structure du budget annexe de la TV A :

Eléments Janvier Février … Décembre Bilan


N+1 N+1 N+1 prévisionnel

TVA collectée + +
sur la vente du
mois
TVA déductible - -
sur achats facturés
dans le mois
TVA facturée sur - -
les services réglés
dans le mois
TVA sur les - -
immobilisations
achetées dans le
mois
TVA à décaisser (1) = =(2)
(1) En Janvier, on décaissera la TVA figurant au bilan à fin N.

(2)TVA au titre de décembre N+ 1 qui sera décaissée en janvier N+2.

On peut également ajouter une ligne « Report de crédit de TVA », dans


le cas où la TV A déductible est supérieure à la TVA collectée pour certaines
périodes.

C. LE BUDGET DES DÉCAISSEMENTS

Sa structure est identique à celle des budgets précédents, avec les mois
en colonne et les différents types de décaissement en ligne: décaissements
directement liés à l'exploitation (achats, frais de personnel, etc.), et autres
décaissements (paiements de dividendes, remboursements d'emprunt,
acquisitions d'immobilisations, placements financiers, etc.).

Il faut là encore prévoir une colonne supplémentaire pour repérer les


postes de dettes à court terme du bilan prévisionnel générés par les décalages

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dans le temps entre engagements et règlements (par exemple, les achats à
crédit génèrent un poste « fournisseurs»).

REMARQUES

- les dotations aux comptes d'amortissement ou de provisions .n'entraînent pas


de décaissement (source d'erreur très classique!) ;

- ne pas oublier la TVA à décaisser, ni le paiement des impôts (par exemple,


pour l'IS, acomptes provisionnels et liquidation du solde) ;

- les décaissements s'entendent TTC.

D. LE BUDGET GÉNÉRAL OU RÉCAPITULATIF

Le budget général de trésorerie permet de regrouper tous les encaissements et


tous les décaissements, pour voir comment va évoluer le solde de trésorerie en
fin de mois, ce qui permet d'avoir une simulation. On est généralement amené
à établir plusieurs budgets de trésorerie successifs, afin de tendre par
tâtonnement itératif vers un objectif de « trésorerie zéro». En effet, il faut
éviter les découverts importants, sources d'agios bancaires en cas de découvert,
voir même de défaillance, mais aussi les excédents, qui représentent un
manque à gagner, un coût d’opportunité.

À partir d'une première esquisse, on va donc étudier les possibilités de


« gommer» les excédents ou les déficits prévisionnels par des mesures
adéquates du type:
- placer des liquidités;
- recourir à l'escompte d'effets de commerce;
- différer certaines dépenses discrétionnaires;
- etc.
En pratique, on peut présenter ce budget récapitulatif de 2 manières
différentes, faisant apparaître ou non la variation mensuelle de trésorerie:

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Première méthode (on suppose une trésorerie initiale de 100)
Janvier Février … Décembre
Éléments N+1 N+1 N+1
Encaissements: 1000 1200
(-) Décaissements 800 900

(=) Variation de 200 300


trésorerie
Trésorerie finale 300 (1) 600 (2) (X)
(1) 300 = 200 + 100
(2) 600 = 300 + 300
(X) figurera au bilan prévisionnel.
La trésorerie finale est obtenue par cumul algébrique de la
trésorerie initiale et des variations mensuelles de trésorerie.

Deuxième méthode

Janvier Février … Décembre


Éléments N+1 N+1 N+1

Trésorerie initiale 100 300


(+) Encaissements: 1000 1200

= Disponibilités 1100 1500


(-) Décaissements 800 900

Trésorerie finale 300 600


La trésorerie finale du mois m est reportée en trésorerie initiale du mois
m+ 1.

E/ LES COMPTES PRÉVISIONNELS


1. LE COMPTE DE RÉSULTAT PRÉVISIONNEL
Chaque poste du compte de résultat prévisionnel suppose la
centralisation et la sommation des éléments correspondants éparpillés dans les
différents budgets établis au niveau des différents services ou des différentes
fonctions.
Par exemple, dans les budgets opérationnels (production,
commercialisation,...) comme dans les budgets des services généraux

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administratifs, se trouvent des charges de personnel prévisionnelles qu'il faut
sommer pour évaluer leur compte. Même chose pour les dotations aux
amortissements, les services extérieurs, etc. .
Le solde du compte de résultat prévisionnel permet de calculer le
résultat prévisionnel qui vient équilibrer le bilan prévisionnel.

2. LE BILAN PRÉVISIONNEL
Son établissement est facilité par le repérage d'un certain nombre
d'éléments en amont, au moment de l'établissement d'autres budgets (le poste «
clients» à l'occasion de l'établissement du budget des encaissements par
exemple).
Les postes de «haut de bilan» reflètent essentiellement les décisions
financières en matière d'investissement et de financement.
Par contre, les postes de « bas de bilan », en tant qu'éléments du besoin
en fonds de roulement, découlent des prévisions en matière de niveau d'activité
et des caractéristiques du cycle technicocommercial (décalages dans le temps
dus aux délais de règlement).
Cas pratique :
La Société de distribution alimentaire (SADA) exploite dans une ville
balnéaire du sud-ouest un supermarché dont l'activité est fortement
saisonnière. En effet, le chiffre d'affaires hors taxes moyen, qui est de 400000
DH pendant les mois d'hiver,. passe à 700000 DH pendant les mois d'été. On
vous demande de participer à l'élaboration du budget pour le premier semestre
de l'année N+1.
Pour ce premier semestre, les prévisions des ventes (HT) sont les suivantes:
Mois Prévisions (en DH)
Janvier 400 000
Février 400 000
Mars 450 000

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Avril 550 000
Mai 700 000
Juin 700 000
Les ventes de décembre N ont été de 400000 et les ventes de juillet N+1
devraient être de 700000. Le bilan de la SADA après répartition à fin
décembre N se présente ainsi (enDH) :
ACTIF
Immobilisations brutes .......................... 1200000
(-) Amortissements :................................240000)
Immobilisations nettes .............................960000
Stock de marchandises .............................200000
Clients………………………………… …48000
Trésorerie...................................................12000
TOTAL DE L'ACTIF : 1220000
PASSIF
Capital………..……. …………………….600000
Réserves……………….. …………….…. 220000
Impôt sur les sociétés à payer
(solde N après liquidation) ............................5000
TVA à payer ..................................................5000
Charges sociales à payer ...............................6000
Fournisseurs………………………………384000
TOTAL DU PASSIF: 12220000

Vous disposez, de plus, des renseignements suivants:


a. Le solde d'IS sera payé en avril N+1. Deux acomptes d'IS de 14000 seront
payés en mars et en juin N+ 1. Le taux de l'IS est de 50 %.
b. La durée moyenne de stockage des marchandises est de 15 jours. On
considère donc qu'il faut en début de mois un stock suffisant pour assurer les
ventes de la première quinzaine, supposées égales à la moitié des ventes
mensuelles.
c. Le taux de marge brute (différence entre le prix de vente et le prix d'achat
des marchandises) est de 20 % du prix de vente. Les fournisseurs sont payés à
30 jours (les achats du mois sont donc réglés le mois suivant).
d. Diverses charges variables, dont le montant HT représente 10 % des ventes
HT, sont réglées chaque mois, sans décalage par rapport à leur engagement.
e. Les amortissements mensuels s'élèvent à 10 000DH.
f. Les charges fixes décaissables s'élèvent mensuellement à 33000 DH. Cette
somme inclut les salaires et les charges sociales, ainsi que la TVA pour la

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partie assujettie. Les charges sociales sont décaissées le mois suivant.
g. Les ventes, les achats, les charges variables et 50 % des charges fixes
décaissables supportent une TVA de 20 % sur le montant HT.
La TVA à payer au titre d'un mois est décaissée le mois suivant. Les éventuels
crédits de TVA ne sont pas remboursés par l'Administration fiscale, mais
reportés comme étant déductibles le mois suivant.
h. Les ventes TTC sont encaissées au comptant à 90 %. Les 10 % restant sont
des ventes à crédit encaissées le mois suivant.
i. Il est prévu de réaliser courant juin N+ 1 un investissement de 60 000 DH
destiné à rationaliser les opérations internes de manutention et de stockage.
Cet investissement ne sera mis en service et exploité que début juillet N+1. Par
contre, il sera entièrement autofinancé et réglé en juin.
Il est prévu que cet investissement, amortissable linéairement en 5 ans, génère,
grâce à des économies sur les charges fixes, une augmentation du résultat net
d'impôts de 10 000 DH par an pendant 5 ans.
j. Le taux d'actualisation pertinent est 8 %.
Travail à faire
Chaque fois que cela sera possible, on présentera de préférence les calculs
dans des tableaux avec les mois en colonnes.
Établissez le budget semestriel mensualisé des achats HT.
Calculez le montant HT des charges fixes mensuelles (incluant salaires et
charges sociales).
Calculez les résultats prévisionnels mensuels.
Établissez le budget mensualisé de la TV A à payer.
Établissez le budget mensualisé des décaissements.
Établissez le budget mensualisé des encaissements.
Établissez le budget général de trésorerie, faisant apparaître la variation
mensuelle de trésorerie en fin de mois.
Établissez le bilan prévisionnel à fin juin N+ 1.

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