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Chapitre 5. L’inconscient.
La partie 2 est celle dont nous nous occupons. L’argument 1 sera réalisé à partir
de la première topique freudienne (texte 1) ; l’argument 2, à partir de la
seconde topique freudienne (texte 2).
Partie 1 du document.
« Nous avons tout avantage à dire que chaque processus fait d’abord partie du système
psychique de l'inconscient et peut, dans certaines circonstances, passer dans le système du
conscient. La représentation la plus simple de ce système est pour nous la plus commode :
c’est la représentation spatiale. Nous assimilons donc le système de l'inconscient à une grande
antichambre, dans laquelle les tendances psychiques se pressent, tels des êtres vivants.
À cette antichambre est attenante une autre pièce, plus étroite, une sorte de salon, dans
lequel séjourne la conscience. Mais à l'entrée de l'antichambre, dans le salon veille un gardien
qui inspecte chaque tendance psychique, lui impose la censure et l'empêche d'entrer au salon
si elle lui déplaît. Que le gardien renvoie une tendance donnée dès le seuil ou qu'il lui fasse
repasser le seuil après qu'elle a pénétré dans le salon, la différence n'est pas bien grande et le
résultat est à peu près le même. Tout dépend du degré de sa vigilance et de sa perspicacité.
Cette image a pour nous cet avantage qu'elle nous permet de développer notre
nomenclature. Les tendances qui se trouvent dans l'antichambre réservée à l'inconscient
échappent au regard du conscient qui séjourne dans la pièce voisine. Elles sont donc tout
d'abord inconscientes. Lorsque, après avoir pénétré jusqu'au seuil, elles sont renvoyées par le
gardien, c'est qu'elles sont incapables de devenir conscientes : nous disons alors qu'elles sont
refoulées. Mais les tendances auxquelles le gardien a permis de franchir le seuil ne sont pas
devenues pour cela nécessairement conscientes ; elles peuvent le devenir si elles réussissent à
attirer sur elles le regard de la conscience. Nous appellerons donc cette deuxième pièce
système de la préconscience (le préconscient). Le fait pour un processus de devenir conscient
garde ainsi son sens purement descriptif. L'essence du refoulement consiste en ce qu'une
tendance donnée est empêchée par le gardien de pénétrer de l'inconscient dans le
préconscient. Et c'est ce gardien qui nous apparaît sous la forme d'une résistance, lorsque nous
essayons, par le traitement analytique, de mettre fin au refoulement ».
Qu’entend-on par « processus » ? Un processus, c’est une opération ; tout ce qui aboutit
à produire quelque chose ; ici, les choses qui sont produites, ce sont les contenus de la
conscience (une représentation, un désir, un projet, un affect) ;
Les processus dont parle ici Freud : ce sont donc les processus psychiques qui mènent au
conscient et qui ont leur source dans l’inconscient.
Corrélativement : cela signifie que toutes les données de ma conscience sont le produit
de processus ou d’opérations qui sont soustraits à mon regard.
- PB => Pourtant l’inconscient a été défini comme étranger au regard du conscient. De quelle
manière alors le passage est-il possible De quelle manière se produit-il ?
Il se produit, dit Freud, en « certaines circonstances ». Ce sont ces circonstances et ce passage que la
première topique freudienne se propose de représenter.
Une « topique » : c’est une représentation spatiale, du grec Topos. La topologie : c’est le discours qui
classe les lieux, les champs, les domaines ; ici de l’inconscient.
Paragraphe 2.
La nature de ces « processus » : Ils doivent être décrits comme des « tendances » et des tendances
« vivantes ».
Comment est défini l’inconscient ? Comme une antichambre remplie d’êtres vivants.
Retour à ces « tendances » vivantes : elles sont présentes dans une sorte d’antichambre qui est en
fait l’image de l’inconscient.
L’inconscient est donc tout entier défini comme un lieu de « passage » : une antichambre : c’est le
lieu dans lequel « patientent » ceux qui souhaitent « obtenir une audience » du maître de maison,
ceux qui souhaitent s’entretenir avec lui.
Les pulsions inconscientes sont donc ici représentées comme des êtres qui demandent une
audience : c’est leur essence : elles souhaitent interpeller le conscient et l’inconscient est ainsi une
grande antichambre.
Elles sont par ailleurs vivantes = elles se « pressent », se bousculent, afin d’être entendues ; elles
tendent vers leur satisfaction, elles tendent vers leur réalisation ;
Mais pour ce faire, elles doivent être entendues par le conscient : qui seule dispose du corps et des
fonctions motrices. Elles doivent être entendues par le conscient, pour être réalisées.
Remarque. Je vous rappelle que leur réalisation peut consister à poursuivre des buts qui sont aux
antipodes de leur source, de leur origine.
Donc, elles patientent, car elles ne sont pas immédiatement reçues. Elles attendent de pouvoir être
reçues. Cette attente figure la latence des représentations inconscientes qui peuvent se
réveiller lorsqu’elles sont activées par un événement extérieur ;
Ou qui peuvent enfin entrer lorsqu’elles ont étés soumises à un travail d’élaboration qui les rendent
recevables.
Le préconscient peut être figuré comme « une pièce attenante »,
plus étroite.
Freud parle ensuite d’« une autre pièce attenante, plus étroite ».
Etroite s’oppose ici à la quantité et à la masse des pulsions qui se pressent : elles ne
peuvent passer toutes en même temps ;
Cette idée figure le conflit. Seules certaines pourront passer. Pourquoi « conflit » ? On
parle de conflit pulsionnel : lorsque des pulsions, contradictoires, se pressent aux portes
du conscient :
Ce gardien peut refouler dès le seuil ou bien laisser pénétrer dans cette « salle attenante » les dites
pulsions ;
Cette salle : c’est le préconscient : le monde des contenus latents, prêts à être activés. Les pulsions,
ici ou plutôt leurs représentants : peuvent subir deux destins : ou bien passer le seuil du préconscient
ou bien être refoulées immédiatement ; elles peuvent dans les deux cas être réprimées, mais le
passage dans le salon laisse préfigurer une première étape victorieuse pour la dite pulsion et peut
être sa prédominance future.
Que les pulsions passent : cela dépend de la « vigilance » du gardien mais aussi de sa
« perspicacité » : le gardien, en gros, doit reconnaître les imposteurs, ceux qui se sont déguisés pour
pouvoir passer. Cela : c’est faire appel à sa perspicacité.
Suivant tout cela, on peut proposer l’argument et les idées suivantes, pour notre deuxième partie
dont je vous rappelle ici le titre.
Partie 2. Oui, l’idée d’inconscient constitue un obstacle à toute forme de liberté ; on peut
même aller plus loin et dire que s’il existe quelque chose comme un inconscient psychique, en
chacun de nous, alors nous ne sommes pas libres.
Argument 1 – Les contenus de ma conscience, mes représentations, mes affects, mes opinions, mes
projets sont le produit souvent « déformé » de processus inconscients.
Cela signifie qu’il s’exerce en moi des influences qui ne m’apparaissent pas comme telles.
- non seulement tout ce qui me caractérise passe par le filtre d’un ensemble de tendances qui
précède la conception que j’en ai ;
- par ailleurs, elles ne m’apparaissent jamais que « déformées », de sorte que mon existence
entière peut être conçue comme la poursuite de buts qui me sont dissimulés à moi-même.
Idée 2. Mes tendances sont « vivantes » ; ça « travaille » en moi. Les tendances ne sont
pas choses fixes, mais elles « travaillent » ; elles se transforment, elles se déplacent, en vue
de pouvoir être reçues par la conscience.
D’où ce résultat : elles seront d’autant plus prêtes à être conscientes qu’elles seront
transformées.
On peut donc dire que ce à quoi j’ai accès, en mon intériorité, c’est un contenu très
« transformé ».
Les influences qui s’exercent sur moi me sont obscures et cela me rend étranger à moi-
même.
Notions qu’il est possible d’aborder avec ce texte : La liberté, le bonheur, le réel, le désir.
« Un adage nous déconseille de servir deux maîtres à la fois. Pour le pauvre Moi la
chose est bien pire, il a à servir trois maîtres sévères et s'efforce de mettre de l'harmonie dans
leurs exigences. Celles-ci sont toujours contradictoires et il paraît souvent impossible de les
concilier ; rien d'étonnant dès lors à ce que souvent le Moi échoue dans sa mission.
Les trois despotes sont le monde extérieur, le Surmoi et le Ça. Quand on observe les
efforts que tente le Moi pour se montrer équitable envers les trois à la fois, ou plutôt pour leur
obéir, on ne regrette plus d'avoir personnifié le Moi, de lui avoir donné une existence propre.
Il se sent comprimé de trois côtés, menacé de trois périls différents auxquels il réagit, en cas
de détresse, par la production d'angoisse. Tirant son origine des expériences de la perception,
il est destiné à représenter les exigences du monde extérieur, mais il tient cependant à rester le
fidèle serviteur du Ça, à demeurer avec lui sur le pied d'une bonne entente, à être considéré
par lui comme un objet et à s'attirer sa libido.
Freud commence par invoquer un adage populaire, une sorte de proverbe : il est déconseillé de
servir deux maîtres à la fois. Pourquoi ?
Servir deux « maîtres », c’est servir deux seigneurs, deux individus « puissants », deux individus dont
l’essence est donc de dominer ou d’exercer leurs dominations, deux individus qui peuvent donc
s’opposer dans leur aspiration à la domination.
Cela peut être généralisé aux principes : il est mauvais de servir deux maîtres à la fois : d’être
serviteur de la république et de la religion, par exemple. Car arrivera un moment, peut-être, où il
faudra choisir.
Quelle est son existence ? C’est celle d’un serviteur et d’un serviteur qui ne peut pas faire autrement
que de servir plusieurs maîtres à la fois, ici, trois. Il ne peut pas faire autrement car il est lui -même à
la croisée, à la bifurcation de ces trois voies que constituent ces trois maîtres. Et le problème, c’est
que leurs exigences sont toujours contradictoires et pas seulement à certaines occasions. De sorte
que l’existence du Moi, est « souvent » celle de l’échec ; il est serviteur et serviteur qui est voué à
l’échec et donc à connaître le malheur.
Paragraphe 2.
Quels sont ces trois maîtres ? Ces trois maîtres sont des « despotes », leurs exigences sont
impérieuses : il s’agit du « Surmoi », du « ça », du monde extérieur (réalité »). Ce sont trois
« principes » : un « principe » : c’est quelque chose qui est premier, qui est à l’origine de …
Ici : ces trois principes sont à l’origine de mes représentations conscientes ; l’origine ;
Quelque chose d’intéressant à ce sujet : principe, vient de princeps : le prince, le « premier ». Ici, ces
trois entités constituent l’origine de mes représentations et de mes affects conscients ; mais ils sont
aussi les « despotes », les « princes » du « moi ».
Quels sont-ils ?
- Le Monde extérieur : ce que Freud appelle « le principe de réalité » ; l’idée c’est que la réalité
se constitue comme un « obstacle » à la réalisation directe de mes tendances, de mes
pulsions ; pourquoi ? Parce qu’il s’ensuivrait de leur réalisation directe, des conséquences
souvent néfastes ;
Le monde extérieur : c’est tout ce qui constitue, donc, un premier obstacle à mes tendances ;
il faut que j’agisse sur le monde extérieur en vue de les réaliser, souvent.
Si seule la réalité s’opposait à la réalisation de mes tendances, j’aurais néanmoins une
chance d’être heureux : cela ne signifie pas que cela serait « facile » : mais avec un peu
d’ambition, de volonté et d’habileté => cela serait possible.
Mais le problème : c’est que j’ai d’autres maîtres, dont :
Ici, il peut déjà y avoir un premier conflit : ce que la réalité me permet (quelque chose peut
être facile à réaliser), la morale ne me le permet peut être pas (cela est interdit).
A contrario, la morale m’adresse peut être des ordres qui sont irréalisables (principe de
réalité). Conflit.
Dans le premier cas, je serai malheureux à cause de la morale (surmoi). Dans l’autre, je me
sentirai coupable car « pas à la hauteur ».
- Mais cela n’est pas tout : il existe un troisième maître, c’est le « ça ». Comment comprendre
« ça » ? Le « ça » c’est l’inconscient. Pourquoi l’appeler « ça » ? Il faut penser au « ça » qu’on
emploie quand on dit « ça travaille » en moi, « ça agit », « ça me détermine ». C’est donc
l’ensemble des pulsions, des représentations, des processus, qui existent dans l’inconscient
et qui « agissent » en moi, me détermine. Ici : il peut donc y avoir toute une constellation de
conflits.
Ces principes « agissent » ; quels sont les verbes qu’on peut leur attribuer ?
On dira que :
1. La réalité résiste.
2. La morale commande, interdit, condamne.
3. Le ça ou mes pulsions me poussent à.
Jamais, dit Freud, la morale, la réalité et mes pulsions ne concordent : on ne peut pas imaginer une
occasion qui se définisse comme celle-ci :
Tout ceci justifie qu’on parle d’un « moi » : le « moi » humain : c’est ce qui essaie de se « montrer
équitable envers les trois », ou plutôt, « qui essaie de leur obéir ». Le moi c’est donc ce qui fait effort
pour satisfaire trois exigences contradictoires et qui est donc voué à l’échec.
Troisième paragraphe.
Le moi : c’est ce qui s’est formé au fil de mes vécus ; c’est la solidification de mes
expériences, de mes vécus, de mes histoires personnelles, de mes souvenirs, donc, également.
Le moi : c’est ce qui est né d’un contact permanent avec le monde.
Le moi a donc une affinité particulière avec la réalité : qui le soumet déjà à un certain travail.
La réalité exige de moi certaines choses, afin que je subsiste, que je survive.
La réalité exige de moi une certaine soumission : je ne fais pas tout ce qui me plaît ;
elle me demande de suspendre, souvent mes désirs, de ne pas les réaliser directement.
Mais il faut rester « sur le pied d’une bonne entente » avec le ça. Pourquoi ? Pour
être « considéré par lui comme un objet et s’attirer » sa bienveillance.