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SUR UNE DES ORIGINES DE LA PHILOSOPHIE DE LEIBNIZ

Author(s): G. Rodier
Source: Revue de Métaphysique et de Morale, T. 10, No. 5 (Septembre 1902), pp. 552-564
Published by: Presses Universitaires de France
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Accessed: 22-02-2016 00:58 UTC

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SUR UNE DES ORIGINES

DE LA PHILOSOPHIE DE LEIBNIZ

Dans un articlerécemmentpublié par cette Revue', M. Brochará


faisait ressortirl'influencequ'ont dû exercer certainesidées de
Plotin,par l'intermédiairede ses disciples grecs, puis des Syriens
et des Arabes2,surla doctrinede Spinoza. Nous nous borneronsici
à signaler,car pour la dégagercomplètement il faudraitpresque un
volume, l'action du néoplatonisme sur le systèmede Leibniz. C'est,
cette fois, une filiation immédiate que nous avons à constater.
Leibniz,en effet,a lu Plotin; il s'y réfère,et sur un pointessentiel,
dans une lettreà Hansch3; il a lu aussi, au moins partiellement,
Proclus, dans la traductionde Guillaume de Meerbecke,qu'il men-
tionne a plusieursreprises : « le livre, dit-il,est sur la liberté,la
contingenceet le problèmedu mal4 ».
On a signalé, d'ailleurs, l'analogie frappantedes idées de Plotin
et de Leibnizsur la libertéet la détermination. Mais il serait étrange

1. Novembre 1901, p. 688 sqq.


2. V. O. Hamelin, sur une des origines du bpinozisme,Année philosopnique,
1900.
3. Epistola ad Hanschtumde philosophia platonica sive de enthusiasmoplato-
nico, Opp. Dutens, II, i, p. 223 : Porro quœvismens,ut rede Plotinus, quemdum
in se mundum intelligibilemcontinet,imo, mea sententia,et hune ipsum sensi-
bilemsibi reprœsentat.- Lettre à l'auteur de l'histoire des ouvrages des savants
(1698), Erd., p. 153 6 : « La considération de ce système fait voir aussi que
lorsqu'on entre dans le fond des choses, on remarque plus de raison _qu'on ne
croyait, dans la plupart des sectes des Philosophes. Le peu de réalité des
choses sensibles des sceptiques; la réduction de tout aux harmonies,.ou nom-
bres, idées et perceptions des Pythagoristeset Platoniciens; l'un, et même un
tout, de Parménide et de Plotin, sans aucun spinozisme; la connexion stoï-
cienne, compatible avec la spontanéité des autres, etc. » Lettre I à M. Remond
de Montmort,Erd., p. 702 a : « Mais Platon aussi, dès lors (étant enfant), avec
Plotin, me donnèrent quelque contentement,sans parler d'autres anciens que
je consultai ».
4. Lettre XX à M. de la Groze, Opp. Dutens, V, p. 581; Lettre XI à Fabricius,
ibid., p. 421.

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G. KODIER. - ORIGINES DE LA PHILOSOPHIE DE LEIBNIZ. 553

que Taccordde deux esprits aussi systématiquessur des points de


cetteimportancene fûtpas le résultatde principes métaphysiques
communs.De fait,la métaphysiquede Plotin paraît avoir eu sur
celle de Leibnizune profondeinfluence.
Prenons,dans la doctrinenéoplatonicienne, la partiecentraleà tous
égards,je veux dire la théoriede l'Intelligence1.11nous sera impos-
sible de l'exposer, sans rencontrerles formules,les comparaisons
ou les métaphoresde Leibniz, à tel point qu'on pourrait croire
certainesphrases, - et non les moins significatives, - du philo-
sophe allemand ou de ses interprètes,traduites des Ennéades.
Le monde intelligible,par cela même qu'il est distinct de TUn
primitif, doitcontenirune multiplicité(ou/iirXouç àXXàttoXacî)2. Mais
il ne fautpas concevoirles élémentsqui le constituent, sur le modèle
des choses étendues,dont les partiespeuventinfluerdu dehors les
unes sur les autres. L'univers intelligibleest hors du temps et de
l'espace, ou plutôt le temps est le symbole sensible de l'éternité
intelligible,l'espace, celui de l'inclusiondes intelligiblesles uns
dans les autres(V,ix, 10, déb.. : àv-riSs
/povouaicóv,68s totto;exe?vosptoç,
tò àXXoiv aXXw).Les intelligiblessont des substancessimples, sim-
ples, c'est-à-diresans parties, car il n'y a en eux, ni étendue,ni
figure,ni divisibilité3;ce sont, comme les monades, des concepts
conscientsou, pour nous servir des termes de Plotin,ce sont des
esprits.La grandeIntelligence(6 ;úy.7ra; vou;ou 6 {/.¿ya;
vou;)existeen
elle-même,et les intelligencesparticulièresexistentégalement en
elles-mêmes;elles sont impliquées dans l'Intelligenceuniverselle
comme celle-ci est impliquée dans les intelligencesparticulières
- SC. tojv voyjtjSiv-
(sxacTGv Se äutüjv vou; xoctov e<7Tixal tò çúu.7:av ttS; vou; xal
TTôcv
õv... xtX)4.Étant sans étendue,les intelligiblesne peuventdonc

1. On pourrait,du reste,établirbien d'autresrapprochements entre Plotin


el Leibniz.Quand ce dernieraffirme que dans la dernièreraisondes choses,
e « détaildes changements ->doit être« éminemment, commedans sa source,
et c'est ce que nous appelonsDieu », il ne faitque reproduireles idées, les
termeset la comparaisonde Plotin.C'est à Plotin,et même à Philon,que
remontela célèbre proposition,dont on a tant abusé depuis,sans en bien
comprendre le sens : l'effet
est éminemment dans sa cause.
2. Lnn., V, iv, 2, deb.; cf. V, m, 15: ou tocvtòv spsXXe xò è; ¿xîivo-j ¿xetvco
(SC. sívai). et o'jv {ir, xa-jróv, oùSs y* ßeXxtov,xc yàp av toD êvòç ßsX-r-.ov.
r, 37ríx£tvà
óXü>;; */£tpovàpdc. toSto Ss ¿<7T'.vevStsarspov t: o'jv èvSséarepov tov évo; r, to {/.r,£'v;
TtoXXàapa. VI, ix, o et ssep.
3. VI, iv, 5; VI, ix, 6 et sœp.
4. V, iv? 1 ? cf. VI, il, 20, mil. : xa' sïvai xal xa6' autov xòv jjivav voCv xal ivArt-
tou<; a*j èv aútoiç ovxaç, xal è{j-U£pi£"/£a"Oat
av roù; év iiÁpv.:w ó'Xo),xa' tov oXov toi;
¿v (x¿p£t,áxáaro'j; Sa xal sep' èauxtov xa' èv àXXo) xa' è» ia*jxo0 ¿xstvov xal èv

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554 REVUE DE MÉTAPHYSIQUEET DE MORALE.

êtrechangés ou altérésdans leur intérieurpar quelque autre créa-


ture,puisqu'onn'y sauraitrientransposer,ni concevoiren eux aucun
mouvement,commecela se peut dans les choses où il y a des chan-
gementsentreles parties(II, xi, 1 : ziqyàpav v¡<7uyta
voïïxal ti'çxîvyjsiç
xaì Tucocpopà
àv sïtj,etc.). Les Idées n'ontpointde fenêtre.Cependant,
si elles étaient sans qualité, elles seraient indiscernables,puis-
qu'aussi bien elles ne diffèrent point en quantité*, et ne seraient
pas même des êtres. Mais ces qualités ne peuvent consister que
dans leurs états internesou dans leur pensée (VI, ix, 8: ouS'àcpé<jT7|xe
TOtvuv àXXiqXcovtotuw, ixspoTTjTt 8è xal Stacpopa. 6'tav ouv vj árepÓT/jç a-)) 7rap9j,

àXX^Xõtç xa «/.i;
£T£pa Si donc les esprits intelligiblesces-
7rápe(>Ttv).
saientde penser,ils cesseraient,en mêmetemps,toutà fait d'être.
Or la pensée implique le changementet le mouvementlogiques
(V, m, 10 : 7:po6x''v£tv Ittiti). Le changementest donc
sïçti,xposp/ecôat
en
perpétuel eux, et il fautmême qu'il y ait en eux un détail de ce
qui change qui fasse,pour ainsi dire, la spécificationet la variété
des substancessimples2.
(7cotx!Aov)
Mais comment faut-il concevoir le tout formé par les idées-
esprits?Quel est le genre d'unité qui relie les divers élémentsdu
mondeintelligible?Le plus souvent,Plotin ne répond à ces ques-
tions que par des images ou par des métaphores.Il conseille,pour
se représenterle monde intelligible,d'imaginerune sphère trans-
parente, qui contiendraittous les êtres de l'univers, puis d'en
abstrairel'étendue,d'en faire un toutindivisiblemais qui conserve
la multiplicité,où il y ait une multituded'affections et de rapports,
quoiqu'il n'y en ait pointde parties,dont chaque élément implique
et révèle immédiatementtous les autres3. Ailleurs,il le dépeint
comme une pyramide dont toutes les parties seraient animées et

exeévoi;. VI, vi, l-> : |v oï xm voi xaQóaov vouç tï>çjxèv {lipYj o't voï 7cávTs; xaôéxacrTov.
VI, vu, 17; V, ix. 8, déb. et sœp. V. Zeller, P. ri. G., Ill, 23, pp. 529, n. 1 et
512, n. 4.
1. VI, vu, 0 : xxì Ta; 7ro>Xà; vorrei; O'jy. ¿"/P^t7T^S aàxòcç etvai áX).à xai Ça>àç 8ta-

<pópou5xaì vogasi; tóo-aÚTwç -cà; Ss otaçopá; um; ctoxsivorepac xai èvapY£<rxxepa;
xxì tò ÈYYÚ«; oï toìv TTpwTwv
Tiptóxa; 6svT£pa; -/.alTpíxaç.
2. VI, vii, 13 : st yàp jj.r,oâ[AÍavïyei eHaXXayYjVpLr,5stic è^sYstpst auro eíç to Ç^v
éTìpÓTYi?,o-jÔ' av svîpysia cl'r, osi Ss uávTa Çyjvxaì TiavTa^oOsv xa' oOfisvy.r'
^v. èiclicávia o'jv*/.ivsr<T6sci
Set o ú<rtvapa e'/si luìuav ÌT£poio0a8at et 8è y/ijxaTa
iriv xal à si uocxiÀov,x aôóaov [jly]uoixiXov £crTYixev,et S' edTYjxev ou voet
et Sk toOto, ove' sVtìv. èYrtv ouv vórjcrt; xaì yj Ttao-a oùcia vòr^tç Ttaa-a, Çorrv
7C£ptXa[ioC(ra uã^av xaì jxst' aXXo, áei aXXo, xai SiatpoOvTt áei tò aXXo
à v a cpa í v e T a i .
3. V, vili, 9 ; II, ix, 17.

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G. RODIER. - ORIGIINESDE LA PHILOSOPHIE DE LEIBMZ. oü5

lumineuses, uniespar leursommet et illuminéespar l'Intelligence


universelle il
4; parle de l'amitié qui règne entre les éléments
du mondeintelligible, et qui consisteà ne fairequ'un,sansaucune
séparation 2; il le compareencoreà une cité,où un sage législa-
teurauraitréglé la condition de tous les citoyensen ayantégard
à chacun3;à un ciel,où le soleil seraiten mêmetempstous les
astres,et chacund'eux le soleilet tous les autres4;à un même
paysage,où l'œildécouvre sans cessedes pointsde vuenouveaux 5.
Plotin donne déjà de sa une
pensée expression plusadéquatequand
il parlede la vie universelle, de l'harmonieparfaitedu monde
intelligible, de ses partiesdontchacuneest totale6.Commeles
monadesde Leibniz,les Idées sontdes miroirs vivantsperpétuels
de l'univers intelligible, des miroirs actifs indivisibles,des pointsde
vuedu tout,des simplicités fécondes, des mondesen raccourci, des
partiestotales.
Avecla comparaison du mondeintelligible à la science,nousfai-
un
sons pas de plus vers une solution rationnelle du problème.
Platonavaitdéjàtrèsnettement aperçul'unitéde la science7.Plotin,
dontles idéesse sontconstituées sur ce pointen opposition avec
la doctrine aristotélicienne desgenresséparés,etqui, sousl'influence
du stoïcisme, conçoitbien plus rigoureusement le déterminisme de
la nature, trouve, dansla solidarité desdiverses partiesde la connais-
sancescientifique, la meilleure illustration del'unitédu mondeintel-
ligible.Il y a fréquemment recours8;maisc'estdansle derniercha-
pitrede la quatrième Ennèade qu'il le présente avecle plusde déve-
loppements : la science est toutentière dans chacune de ses parties,

'. VI, vu, 15, fin: (Vj*/à;xà; xaOapà; Traías eî; xò a-jio Tjvopajxoúa-a: ov/.
svSssî;,a/.Aaluávta xà aOxûv s*/o¿sa;,/al voSv xòv Tiávxakiz*av.patç«-¿Tat;tfip'j-
{ISVOV, ü>; yÍY*¡'£'- VOSpà) xaxaXá[X7:í<TOa'. TOV XO7TOV.
2. VI, vii. 14, tin.
3. IV, iv. 39.
4. Y, vin, 4, déb.
o. L'Intelligence parcourt raXavr/M;îtàiav 7c).ávr,v,l'ensemble du domaine de
gs sttì ih tcsSsovxoOxq t'va %ai otsÇioi.
la vérité: tto'./.caov
6. Ill, II, 1, vers la fin : r, xoO voO y.ai xoO ovxo; ?-js&; xó<t;xo; £ïtîv o a/.r,t»ivo«
o-jGs saaittt,; ov»ôstoî'ç
y.al TcpioTo;,ov oiaTTà; àç* ia-Jtou oCSs á<7Í)£vr¡;to') (j.spi<T(j.rì)
uÁoifjí 7ÎVÔJJ.ÎV0; ótTc í7.á<TTou(J/r,
áTTOTiraTÒívTO^to*j ò/ou. à )./.*r, Traía ^a>r, av/toO
/.ai uâ; voOç sv lv' Çw^a xal vooO-yaóiaoj xal xò jxépoç waps/srai oAov xal
715CV a'JTÔJ SÍAOV.
7. Soph., 2o" C : jj/!a (jlsvst:'. 7rouvtal ¿/.sívr,(SC. r, s7riT:r,|xr,).xo os Èt:s xo> 7:yvó-
{x;vov pispo; aOxf,; sxactov àçopiiOsv ¿TrwvjjxíaviV/c». xivà ia*-»xr,;lo:av. Po/., 258 E :
u'.5c; èTTtTxr^-r,?
tt,; oXr,ç.
S. III, ix. 2 déb.; V, ix, 8, déb.; IV, m, 2; VI, ii, 20: VI, ix, 5 et sœp.
Rev. M¿ta. T. X. - 1902. 38

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et elle les engendresans cesserd'êtretout entièreen elle-même.Le


savant considère actuellementtel fragmentde la science dont il a
besoin, mais les autres y sont impliqués et la science totale s'y
trouvevirtuellement1. Il ne fautdonc pas croirequ'une portiondu
savoirpuisse s'isoler du tout; une telle connaissance n'aurait plus
rien de scientifique; ce serait commesi un enfanténonçaitdes pro-
positions empruntéesà la science. Dans telle partie, le savant
retrouvepar voie de conséquencetoutesles autres; ainsi, d'un théo-
rème donné, le géomètrepeut, par Vanalyse,remonterà tous ceux
qu'il impliqueet descendrela série de ceux qui le supposent2.Ceci
nouspermetd'entrevoir la vraienaturedu mondeintelligible.Chaque
partiey est un miroirdu tout,parce que « sa notionimpliquetoutes
les choses avec lesquelles elle est en relation3». De même,dans un
organismesensible,si les yeux, par exemple,et les pieds sont tels,
c'est parce que la cause de la générationde chaque partie se trouve
dans ses rapportsavec les autresparties. Pourquoi les pieds ont-ils
une certainelongueur?C'est qu'un autre organe est tel : le visage,
par exemple,étanttel, les pieds eux-mêmesdoiventêtretels4.Dans
l'universsensible,qui imitele mondeintelligible, toutce qui se passe
dans unepartieest ressentipar le tout;toutconspire(tuuttvo-.x jxt*)8,
les actions et les passions réciproquesdes choses fontde l'ensemble
un systèmeunique, tellementqu'on pourraitlire dans chacune ce
qui se fait partout,et mêmece qui s'est fait ou se fera6.A plus
1. L. l., ver9 le mil. : r, xàxsî Ivepysta jiev fiipo; xo 7rpo"/Eipi<7Ô£vo?j /peía xai
xovxo Tcpoxexaxxai,zizeioli {isvtoi xai xà aXXa S'jvápiEi Xav&ávovxa, xal ë<ra uávTa sv
:w (¿¿pet.
2. Ibid., vers la fin : sprjjxov os xwv aÀXwvOewpr^aTtov ov est vojaiÇsiv et os jayj,
'¿7XOLI O'JXSXl TS/VIXQV O'jSÈ ETCl<TT7¡(1.0VlXÓV, aXX' ¿><T7T£p àv XO4 El IZOtXz /¿"/Ol. il G'JV

yoSv o swsj-r,ji,wvsirá-fê;Ta a>.).a


ïyv. 6wvájjisixai Ta Travia. Ì7C'.<TTr,Ta;
¿ttkxxyijaovixóv,
otov áxo>.ou6ía* xai ó YSoptéTpr^oï èv ir, àvaXvaet or4).oî,o>ç tò Ev t'fti Ta upò a*jToO
xai xà sçeÇfjç'ôs à ï' a-Jto-jY£vva"at-
Tcávta, oí Vôv Yj àvaX-JO-i;,
3. V. Couturat, Sur la métaphysique de Leibniz, Rev. de Met. et de Mor.,
t. X, p. 9 sqq.
4. M, vin, 14, vers le mil. : Sia ti o^Ôocajaò; xai oía, ti tcoos; toí;o£ toio:Ò£, v.at
Tr,vaiTtav <rjva7rov£vv(b<Tav exavrov [Jiépo;ixáa-TO*jeívai xa' Stá/.)r,yaTa yipr, £*vaf.;
oià ti TiòSe; eî; }Jif,xo; ; óV. xai t4¿£ toi6vo£ xai ó'ti Tcpódwuov totóvSc xal tzóoe;
to'.ojOc, xai 5aü)C r, irpò; aXXy,Xa7iávTwv <rv(j!,ça)víaàX)r,AOi;a'ixía.
5. Il, m, 7, vers le mil. : svvripôrjcrôaiòr, osi áXXr,Xot;xà uávxa, xai {/.r,{jlo'vcvsv
¿vi tu>vxa6' £xa<JxatoO e') £Ìpo(xévo'j«rjjxTrvoia(xia, àXXà ttoaù jj.5cXagvxai npotspov
sv. T(|i icavx{......o'U{j.^á).).st os aXXoàXXw-où yàp àTnrjXXaxTat toO oao'j* xai or, xai ttoiîï
xai 7ia(T*/îi"J7t'aXXtov...xxX.
H. II, ih, 7 : £<rxw Toivjv uxsitep Ypa(jLjj-axa èv ovpavoi ypacpó{A^v3t
àei TwO'.oCvxa {Jiévxoi spyov xai a)Xo* £7raxoXov8£5xa) Sèxwfisyjuap' avxàv T^tj-a'T'-a
xai o*jv uipr, tx£vixsiva, {xlpri gè xai rjjjisïç' aXXa o-jv àXAoi;. {j.î<rxà 5k Trávxa
9r,(j.s:a>v xai <7o:pó? xiç ó piaôíov '% aXXo'j aXXo xi; .o'Jv r, -^vxa;:;
r, {i í a .

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forteraison,dans le mondeintelligible,toutesles essences sont-elles


accommodéesà chacuneet chacuneà toutesles autres,de sorteque
chacunea desrapportsqui expriment toutesles autresi ; c'estle moyen
d'obtenirle plus de variété qu'il est possible avec le plus grand
ordre (rafo)qui se puisse 2. C'est ainsi que le mondeintelligibleest
beau. Pour une intuitionsuffisamment puissante,il apparaît tout
entiercommeun conceptunique dontchaque élémentimplique tous
les autres et est, à son tour, impliqué"par tous et par chacun.
Tout y est transparent;il n'y a rien en lui d'obscur,ni d'opaque;
touty est clair pour tout, toutentieret dans sa profondeur, comme
la lumière pour la lumière; chaque partie, en effet,comprend
toutes les autres en elle-mêmeet les aperçoittoutesdans chaque
autre,de sorteque touty est partout,que toutest tout,que chaque
chose est tout,et qu'il y brilleune splendeuriniinie3.
Il résultede là qu'il n'y a pas de dénominationspurementextrin-
sèques; toute relationextérieured'une idée se traduiten elle par
quelque mode interne4.C'est pourquoi l'essence de chaque intelli-
gible est sa raison d'être: si l'on analyse chacun d'eux, on y trouve
sa raison d'être,ou plutôtil estidentiqueà sa raisond'être5;la cause
de chaque chose est, dans le mondeintelligible,la chose même6.Et
commetoutce qui se passe dans le monde sensible a son analogue
dans l'intelligible,ou peut dire que « la notion individuelle de
chaque personneenferme,une foispour toutes,ce qui lui arriveraà

1. VI, vil, 2 : xal {Jlyjv iutnzzpèv tg>G£tòì ttocvtcèx 7ro).Xo>vo-JveaTrjxOTt erjvs:ps.?a'.


upó; aXXvjXaTa iráv-rx o'jtw ypr¡tîoXù fjiaXXovèx£i xá t£ návia Tcpòçto oXov¿'xaax a
xai £xa<XTOV rcpò; avTÓ.
2. Ill, ii, 13 : TSxjjiatpsTÔai6s osi ToiaÚTYjvTivà eívat tt(v xáÇiv ási twv oXmvèx
tôv ¿pa>(i£vb)vèv to iravTt,coç.ele ãwav "/topeixal ö tí (juxpÓTaxov otov xai èv toí;
TV/o'jffiCwot; vj tüoixsXy) 6av(xaTO'jpyía xa' tò [is^pi toív cp-jTàiv èv xaprcoi; xa'i
6Ti ç'jXXoic paS ivòv xai iro ixiXov VI, vu, 10 : ü sxttoaXcov,Set etvata*j sv, r,
oOx ofdv Te gx ttoXXwv(lèv etvac, io)v a*JT(i)voï TcávTwvif)av/Tapxeçr,v av ëv xal
tò ó'XovxaXóv, áôiaçópoy tou xotvoO ovxo;. Ibid., 13, déb. : srrt yap ovTe voCç àicXoCv,
o'jt£ i] i' aííTOU'^vvr(, áXXà TioixíXaTtávTa o<tw àuXâ.
3. V, viu, 4 : Siafav^ yàp uávTa xal TXOTetvbvoC)8è ávxsxvirovo*38sv,à/.Xà 7:âr
Tcávxtçavepò; slç tò ei<Jü)xal uávTa- çàiç yàp çwtc. xaí yàp £*/et ita; Travia õv aC-roi
xal OLvópà èv aXXw irávTa, óxtte 7ravTa-/oj irávTa xal :r5cvz5cv xa' sxasxov 7:àv xai
arceipo; y) aiyXy).
4. V. Couturat, art. cit.. p. 10.
5. VI, vu, 2 : £t xal a%jTÒtò £Ï8o<;sxajxov upòç aÚTÒ ávairrjacoi;, eOpr^si; èv avTfo
tò Sia t(. /6/rf.,un peu plus haut : èxei 8è lv evi rcoVra,óììte Ta-jTÒvtò ^pày^a xal
tò 8ià tí toO TTpaypiaTo;.V, vin, 14, vers le mil. : exaaxov twv xaT' àXr,Ò£iavò'vxcov....
(TÙvauTûv t^ oOcrcak'^siv xal xf,; 'j7io(TTá(j£íDçtyjv a'tTtav. Ibid., un peu plus bas :
¿iore ëv xal tò avTÒ tò eivai xal tò aíxiov.
6. VI, vi, 2, déb. : ¿urre Ta-JTÒvtò 7ipâv(jLa xal tò oià tí toj upáyfjiaTo:. Cf. VI,
vu, 14 et sxp. et Couturat,
ari. cit.,p. 13.

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558 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

jamais1», que dansla « Paulinité» et dans la « Pétrinité» sont


renfermées les raisonsintelligibles de tout ce qui se manifestera
sensiblement chez Pierreet chezPaul, mêmede la formede leur
nez2.
Si, dansle mondesensible,il n'y a riend'inculte,de stérile,de
mort3, pointde chaos,ni de confusion qu'enapparence4;si, dirait
volontiersPlotin,chaque portionde la matièrepeutêtreconçue
commeunjardinpleinde planteset commeunétangpleinde pois-
sons,et si les membres du corpsvivantsontpleinsd'autresvivants,
et
plantes animaux, c'est que le sensiblesympathise en cela avec
et représente,
l'intelligible dansl'espace,l'organisation desconcepts.
L'animal universelembrassed'autresanimauxdans lesquelson
découvred'autresanimauxencoreplus petits,d'autrespuissances
encoremoinsgrandes,et ainsi de suitejusqu'à ce qu'on arriveà
l'espèceindivisible3.Maischaquechosey a sa place déterminée, et
l'organisation qui règne dans notre monde n'est qu'une lointaine
imitation de cellede là-haut6.
Ainsi,dans le mondeintelligible toutest distinct, bienque tout
soitun,parceque toutest solidaire7.Seulement,encoreune foisr
cettesolidariténe s'expliquepas physiquement, car unintelligible
ne sauraitavoiruneinfluence physique sur l'intérieurde l'autre;il
ne peuty avoirentreeux qu'uneinfluence idéale.De cetteinfluence
elle-mêmeon ne peutrendrecomptequ'en supposant que l'intel-
ligence,en réglantchaquechosedès le commencement, ait égardà
toutesles autres,etréciproquement; qu'elle trouve en chacune des
raisonsqui l'obligent à y accommoder l'autre8.C'estpourcela que,

4. V. Couturat,art. cit., p. 15.


2. V, IX, 2 : YpvTrórinra(xèv oSv xal amórYira Staçopà; èv eiôsc Osts'ovávOpcoitoy.
3. VI, ix, 2, mil. : où yàp 8yj vexpóv (se. xh ò'v).
4. VI, ix,. 32, déb. : upaixov toivw Gsréov Çàiov Ev rcávra xa Ç<j>a rà svro; ayxov
róoe xh ?tav elvat,^yy.Tjv(xtavsyov eî; navra aàroy jilprj
itsptr/ov cj^tzoí^ tré
■rcavxh- sv xal w; Çwov ëv xal xh izóppiù oyj sy^yç... v.~l. Cf. Zeller, op. cit.,
p. 558 sqq.
5. VI, vu, 14, vers la fin : oiov to y wavTÒ; Ço>o"j£jx7t£pi£*/o{i.£va; Çfótovçy^siç xal
TráX'.vay àXÀa; Itti ta jjttxpótepa xtov Ç/ówvxal etç xaç èXárroyç SyvapiEi;, oiroy <7xr(-
a-STatsi;- eîSoç aro(j.ov.
6. A la suite du texte precedent : rfos otoctpeatçeyxeiTai ov a"JYX£*/y(jLsv(i)v, xaiToe.
etç sv o'vTtov,;àX)/-ecttv fj Xe^oiiévirjèv to> iravTl çtXt'atoOto, oOy r, èv twos t<o tcocvtî*
(iifjLSiTaiyàp aytr, èx fîrearexÎTwvo3ca çtXr,.
7. I, vin, 2 : oAov t£ yap eortv Exaorov v.ai Travxayr,wav, xal o*j cyvxc^UTai à>./.a
ay ycopi;. V, ix, 6, déb. : navra l' ojioO èxei xal oySèv tjttov ¿laxsxp'.uiáva.
8. V, ix, 9, déb. : xáo-pou orj royos ovro; Çwou neptsxtixoy î[wwv à7rávro)v.....

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G. KODIER. - ORIGINES DE ÏA PHILOSOPHIE DE LEIBNIZ. i>o9

dansl'intelligible, le nombreestantérieur à toutesles essencesqu'il


et en
engendre comprend lui,parceque c'estprécisément le nombre
qui présideà leurgénération. Leâ essencesn'ontpas éténombrées
aprèsavoirétéengendrées, mais,avantqu'ellesfussent engendrées,
leurnombre étaitdéterminé1. L'êtreest antérieuraux essencesqui
procèdent de lui. Maisellesn'enprocèdent pas au hasard;leursoli-
daritéen excluttoutecontingence. Parconséquent, dansl'êtremême
qui leur donnenaissance,leurnombreest prédéterminé2. S'il en
étaitautrement, si le nombreétaitpostérieur aux choses,le nombre
des essenceset des êtresseraitaccidentel et sanscause3.Le nombre
qui lesprécèdeestla cause qui détermine leurnombre4. L'êtrepre-
mier,en engendrant les essencesintelligibles,
met chaque plura-
litéet chaqueêtreen harmonieavec chaquenombre,parce que,
s'il n'en était pas ainsi,ou bienils ne seraientpas, ou bien les
chosesengendrées seraientsans proportion, sans mesureet sans
raison5.Le nombreestdonccontemporain de l'êtreou de l'essence,
et antérieuraux essences; il est leur base, leur racine, leur
source, leur principe6.En d'autrestermes,le nombreest avec
Tètreparce qu'il est commela loi de son développement; Tètre
estie nombre uni,les êtressontle nombredéveloppé7. Le nombre
intelligibleest le calcul de l'intelligencequi se penseet se déve-
loppe elle-même. Et, à mesure qu'ellepenseet calcule,elleréalise8

àvayxaiov xal èv va) tò àp*/£x'J7i:ov rcãv elvat xal xóajxov voyjtòv xoOxov xov voOv
iïvai xxX.
i. VI, vi, 9, vers le mil. : xai [at¡v oùoè xà ovxa, ots èyévcxo,r(pt6ixr,6r¡, àXX' öaa
€eï ysvéa-Òaior.Xovrv, oxe sôei. iraç apa ó àpiouiòc r.v upó aùxàiv xàiv ovxwv.
2. VI, vi, 10, déb. : Iffxwço*3vxò ov èv 7tXr(6ecàpi6{xóç, oxe uoX'j ')<h yjvsipsTO,
scapaaxs'JY) 6è otov r,v irpòç xà ovxa xal 7rpOTÚ7ra>(7iç xal otov êváosc; tóttov s/ouo-ai
xotç en' a*jxàç ÍSpy6-/)<roaévoiç.
3. Ibid., eî ti xb. ò'vtoc[xèv EycveTOTipo àpiOpioO xaxà (jyvrj*/tavr(v äv TOTaCra
o<ra è<rriv.
4. Ibid. : ó apiojo; aXv.oç itpowv toO Töo-a-jxa. toOto ùï ítxiv, rfa ovtoç ¿pi6(ioO
jx£T£<T*/exà yevofjievaxoO xo<raOxa.
ò. VI, vi, 11, fin : xal o'jxw ôyj éxáaxoi; ápiopiotç èçapfJtoTa'.xà nXifjörj sxaara xai
€xa<rxovxâ)v ovxtovetfiuîa, tó;, e? ¡Lr' èçapfxoo-ôecyi exaorov àpi6{j.(õ Ixáo-xto,r( o-jÒ' av
íirj r, aXXo ti av irapsxßav eí'yjávápi6tiov xai aXoyov yeYevraevov.
6. VI, vi, 9, fin : èv xòi ò'vxi xa' (A£xàxoO òívxoçxal upò xwv òvxwv. fiá^rtvôs
¿'-/eixà ovxa èv a-jxw xal 7CY)yyiv xai pí^av xal áp^^v. VI, vi, Io, vers le mil. :
to ov xal èv xo-jxa> ó ápi6(ióc, (A£67ou xà ovxa yEvvâ xivoújxevovxa6' àp:6jJLÒv xal
ToaaOxa eyevvrjorEV 07a r.v ó àprôuióç xxX.
7- VI, VI, 9, fin : XÒ uèv OV àotÔtiÒcrvíiillávor.rà Eè fívra?Pr.V?/.r.vfi¿vnrvr.'HuÁ*.
8. IV, ill, 10; V, 1, 4; III, vin, 2 : xài oyv Etvai
ÔEwpca xal 6c^pr(;xa xai X070;
xovxí.) xal ttoíei, y) xaCxá èa-xiv yj ícoír^ai; apa Ôewpta yjjjlivavaTri^avxa:. s*rxt
v^p
Ä7rox£/£<7;xa ÔEtopíaç,o-jx aXXo xi 7cpa^á«rr(ç,áXXà x/o eivai ílíwpra
ôrwpíaç, (jL£vo-jar(ç
itof/jíácrrj;.

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1560 KEVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

le maximum * de nombre ou d'être (où<ii<î>ô7|ç


àptô^ó;, ílrfiÍGvx-coi
iptOjjLOÍ)2.
Il fautbien se garder,cependant,d'attribuerà l'intelligenceune
prévisionou une intentiondu meilleur.Tout est affairede détermi-
nationlogique ou mathématique,sans aucune signification téléolo-
gique ni morale3.Pour l'être qui ne peut faire qu'une chose, la pré-
vision est inutileaussi bien que le raisonnementqui compareles
contraires: car, dès qu'un des contrairesest seul possible,pourquoi
raisonner4?Il n'y a donc lieu de se demanderà propos d'aucune
chose pourquoielle a étéproduite(SA tí ys^ovs), car, en même temps
qu'elle a été produite,elle a possédé en elle-même la cause de son
existence5.Si l'homme sensible a des yeux et des sourcils,etc., c'est
parce que tout cela est impliqué dans son essence6. Et, de même
que les organes du corps n'arriventpas à l'existenceles uns après
les autres, mais sont tous, à l'égard les uns des autres, effetset
causes à la fois,de mêmeil en est des intelligibles7. On peut en dire
autantde la beauté du mondedes esprits; il estbeau parce qu'il est
et ne peutêtreautrement8.Il ne fauty chercheraucune autre raison
d'êtreque ce qui est impliqué dans l'essence par la nécessitééter-
nelle9.Cettenécessitéest donc tout analytique.Plotinn'a pas plus
que les autrespenseursanciens,saufquelques réservespourPlaton,
pas plus que Leibniz lui-même,s'il faut en croire certainsde ses
interprètes10, conçud'autrenécessitéque celle-là.L'essence une fois
posée implique immédiatement tous ses éléments,et chacun d'aux
impliqueles autreset tout,parce qu'ils forment
le un systèmeindis-
soluble. L'intelligencesaisittousles intelligibleset chacun,et chacun
1. VI. vi, 18, déb. : áXXà yàp ó apiojo; iv.it (öptOTOcc. r,ji.ev;8s enivoifcopsv irXet'ova
to-j TrpoTSÔsvToç, èxeï ¿ï èizworpot.'.rcXéovov/. sVtj
xai to arcsipov ouTtoç àpi6(jio'JVT(jDV.
rfa yàp soriv o'jS' sXyjçSyiti; oùgs Xr^ôr,(xsTai, ?va ti; xaì îtoottsî)/;
eicivo-/¡6£vTo;'
<x-jt&.V. Couturat, art. cit., p. 42.
2. VI, vi, 9, fin; VI, vi, 14, fin.
3. V. Couturat, art. cit., p. 12, 18.
4. VI, vu, 1, vers le mil.
5. Ibid., 2.
6. VI, vu, 3 vers la fin.
7. Ibid., 2 : (oiTTCSp'/.oue? acocorou to {lepoc Tipo; to oaov sy.ov opa-rai, ov touto-j
Yevo(jLSVou,eira to-jtou ptecà TÒ8e, áXXà upo; aXXr,Xaó(xoO tyjv aÍTÍav v.ai to aiTiaTÒv
avvtffTávTcov, o-jTw*/pr,woXytJiâXXov ¿xet Ta te irávTa upo; tò oXov sxaora xal sxaaTOv
upo; a*JTÓ.
8. VI, vili, 9, fin : Seo y.ai tò eivai uoOsivovS(7Tiv,oti tä'jtov tóí xaXfji,xat to xaXov
¿paffisov ÓTtto etvái.
9. VI, vil, 3 vers la im : ¿v tw stoei uuo aiotov avayxyj;.
par ai. uouturaiaans
10. Cest la thèse soutenue,non sans vraisemblance,
la Logiquede Leibniz,et dans l'articlecité.

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G. KODIER. - ORIGINES DE LA PHILOSOPHIE DE LEIBNIZ. 561

d'eux saisit et lui-mêmeet tous les autres,commele Dieu de Leibniz


saisit le monde: d'un seul coup d'esprit1.
Remarquons,toutefois,que la conceptiondu monde intelligible
n'estpas exempte,chez Plotin,de toutereprésentationspatiale. Les
imagesqu'il emploie,notammentcelle de la sphère,qui revientfré-
quemment,en sont un indice. En dépitde ses assertionsréitérées,il
s'imagineencoreles élémentsdu monde intelligiblecommeles uns
en dehors des autres. S'il avait su en exclure radicalementtoute
étendue,il aurait sans doute été amené à penser que les espritsne
diffèrent que par le degréet la clartéde leurs perceptions,et peut-
êtreeût-il renoncéalors, ce qu'il aurait pu faire sans grand dom-
mage, à la distinctionessentielledu sensible et de l'intelligible,
héritéedu platonisme.C'est là un peu plus qu'une conjecture,car il
admetdéjà que la sensationn'estqu'une penséeconfuse,et la pensée
une sensationclaire1.
On voit, par ce qui précède,que la doctrinede Plotin est, aussi
bien que celle de Leibniz,radicalementexclusive de toute contin-
gence et de toute liberté.Nous ramenons,dit-il,ce qui dépend de
nous (tò s^'vjfxtv) à la volonté(ßouX^crtv),nous plaçons celle-ci dans la
raison et dans la droiteraison (ôpôwXoyw);et il fautajouter,dans la
raisonscientifique, car celui qui agit d'après les représentationssen-
sibles n'est pas le principeindépendant(owTe;oúíio;) de ses actions.
Nous rapportonsainsi le scp'rjy.Tv au principele plus noble, c'est-
à-dire à l'activitéde l'intelligence;nous considéronscomme libres
(sXeuíispa;) les décisionsqui en dériventet les désirs que fait naître
la pensée3.Celui qui connaîtle bien ne peut pas s'empêcherde l'ac-
complir,carce n'estqu'involontairement qu'un êtres'éloignedu bien,
ce n'est que par contraintequ'il se porte vers ce qui n'est pas son
bien4.La volontéest toujoursdéterminéeparle bien; elle y tend

1. VI, II, 21 : £-/£ioï - se. o voO; - 7rávca to; èv vogasi* voraci oï oO tyj sv
Sinoco) áXX' £<7t'vei; olov Xóyo;, (jiyaç, téXeío;, uávra; Tzzpiíytuv,àno to>v irpwTwv
auToO £7i£^.cüv, paXXovtï àe' £7ce1;eX6ü)v, óütte |jly)Ô£Uot£to ÈTCsi-iÉva'.
áXr,6s; sívai. ó'Xw;
vàp iravxa-/ov xt). Cf.I, vm, 2 et saep.; Zeller, op. cit., p. 515, n. 2. V. Couturat,
art. cit.,p. 11.
2. VI, vu, 7, vers la fin : ¿xxte etvat tòcç aia-Or(ar£iç
toc-jtoc;ájrjopà; vor,9S&;,xà;
iï iv.zï vor.Tst; Evap^etç ac<rÒri<Tciç.
3. Vi, vili, 3, fin : tô> 8è oià voO :wv svepysccúvèXEUÔépwtwv 7:a6r(aáTOJvtoO
(TtápiaTo;to a-jTE^o'Jaiov8(Ó(to|X£V £t; áp*/Tivto È?' r,(i.ïvxaXXíffx^vavayovrs; tt,v toO
voC ivspystav v.ai xàç èvte-jÔevirpoTácôc; ÈXE'jÔipaçovtcdç 6(¿GrofjL£v -/.aiTa; ops$£i; tà;
¿y. toO voítv èvEipouLÉva;0'jx áxouartov; stvat otüdouiEV xtX.
4. Ibid., 4 vers le mil. : tò yàp àxoOdiov áTiaywYr, ánò toC àya6ov) xal upo; to
rjvavxafffjLsvovs! upó; toOto çÉpoiTO, ô pir,àyaSòv a*JT(ìi.

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562 REVUE DE MÉTAPHYSIQUEET DE MORALE.

d'une manièreirrésistible1. L'intelligence possèdedonc ce à quoi


aspire la volonté et,quand celle-ci y parvient, elle s'identifie
à l'in-
Dès
telligence2. que la raison est la
présente, partie inférieurede
notrenaturese soumetà elle sans résistance3. Il fautmêmealler
plus loin, et direqu'il n'y a de libre en nous que la raisonetl'intelli-
gence4. Ce n'est en
pas, effet, dans l'exécution, dont nousnesommes
pas toujours maîtres et qui est sous la des
dépendance chosesexté-
rieures,que la libertépeuttrouverplace, mais seulement dans ce
qui précèdel'exécution8; notreindépendance ne se rapportequ'à
l'activitéintérieure, à la pensée,à la contemplation de la vertu
même6.La volontéproprement dite, celle qui n'est pas sous la
dépendancedes chosesdu dehors, n'est que la pensée.L'âme s'af-
franchit du déterminisme de la naturequand elle suit son guide
propre, la raisonpureet impassible7; l'hommeestdéterminé quand
il exerceles facultéscorporelles ou cellesde la partieinférieure de
il
l'âme; estlibre,quand il exerce sa raison,qu'ils'élèvede l'univers
physiqueà l'universintelligible8; en pareilcas, il obéitencoreà
sa nature,mais il est libreparce qu'il se porteau bienen sachant
que c'estle bien9.Ainsi,la libertén'estqu'unespontanéité intelli-
genteet rationnelle, et cettespontanéité même est déterminée par
la natureindividuelle de chacun10. L'hommeest libre,à peu près
dans le sens où Chrysippeavait dit qu'il dépenddu cylindrede
1. V. Couturat, art. cit., p. 16.
2. VI, vin, 6, vers la fin : yj yàp ßouXirjat;ôlXei tò ayaSov* tò 8e vosîv áXr,Q<5;eoriv
èv tq> àyaÔto. s^ei o3v ¿xeïvo; oizep f, ßouXv)<nc6é).et xal o*j TV^oOaa *v faOrr, vdr,<7iç
ytvîTai.
3. I, il, 5, fin : ovxo'jv earai pt-dr/Vapxsï yap irapwv ó ).oyoç òv tò -/sipov olìòì-
ffSTai
4. VI, vin, 1, déb. : voOç Sé Si* auxòv (se. cXíuÔápoç).
5. Ibid., 5.
6. Ibid., 6 vers le mil. : ¿iore xoù tò èv taïç irpá^eatv avTe!;oú(Tiovxai tò è?' r,uuv
O'jy.elç tò icpárresv áváysa6at, oùô' elç tyjveÇa), áXX' eîç ty^vèvxòç ¿vépyeiav xal vóyjciv
xa' 6ea)p:av aÙTf,;tt,; áper^ç.
1. III, i, 9 : Xóyov Ss óxav r,y£(j.övaxaôapòv xal auaO^ tov otxeïov s/ovea ¿p^^
Ta'jr/jv (jL^vTjVTYjvópjjLYjvçaTÉov eîvai èç' t,{jlïv xai èxoúo-iov,xai touto eïvat tò yjjjlé-
Tspovepyov.V. Couturat..a?i¿. cíí., p. 15 sq. Sur ce point, on a rapproché à la
fois la doctrine de Plotin (Zeller, op. cit., p. 570, n. 1) et la doctrine de Leibniz
(Gouturat,l. /., n. 1) de celle de Kant.
8. Il, m, 13; 15; 8; 9, vers le mil. : Sittò; yàp exaaroç, à (xèv tò cuvajicOT-epov
ti, ó tï auTÓç Cf. Ill, i, 9; 10; VI, vin, 2 et sœp.
9. VI, vin, 4, vers le mil. : ttòì; 8è itpòç tò áyaôóv ti çspdjxevov y)vay*/.a<7jjt.£vov av
eir, et eìSwc ó'ti áya6òv w; etc' àyaôòv ïot.
10. V, ix, 2, déb. : tí; ouv oútoç ó tótto;; xal irto; av tic sic aCiTÒvà^íxotTo; á?í-
xoiTO (jièvav ó çTjo-siipwTixòç xaì ò'vtwcTTjvotáÕsoTVsÇ àpxr,ç çtXo'aoïo: xtX. VI,
vin, 1, fin : o'j*/Ixo'Jariovtò (xtj e'tSévatotc sSei (J.av6ávetv,îj tò airáyov àirò toC (i.av-
Oávetv.V. Couturat, art. cit., II. l.

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O. KODIER. ORIGINES DE LA PHILOSOPHIE DE LEIBMZ. ü63

roulersur le plan inclinéparceque sa naturemêmeest la cause


de ce mouvement, et qu'il se meutainsi précisément en raisonde
sa formecylindrique1. C'est dans l'Intelligence
premièrequ'il faut
chercher le typede la libertéainsientendue. Elle possède,en effet,
au plus hautdegrél'indépendance, parceque, dans l'accomplisse-
mentde sa fonction, elle ne dépenden aucune manièred'autre
chose,qu'elleest toutentièretournéeverselle-même, qu'elleest à
elle-mêmeson œuvre,que, reposantdans le bien, exemptede
besoinset satisfaite,elle vit suivantsa volonté2.Pourmieuxdire,
en elle, toutedistinction entrela volontéet la pensée s'évanouit

L'exposéqui précèdeet qui,on l'a reconnu, n'esten grandepartie


qu'un centón de la Monadologie, nous paraîtmettrehorsde doute
l'influence du systèmenéoplatonicien surceluide Leibniz.Cepen-
dant,Plotinet Proclusne sontque trèsrarementcités dans les
ouvragesde Leibnizpubliésjusqu'à présent, et il ometd'invoquer
leur autoritémêmedans les cas où l'analogieentreses opinionset
les leurs est flagrante4. Fait d'autantplus frappantque Leibniz
étale volontiers sa prodigieuseérudition et cite,à chaqueinstant,
les penseurs,mêmeobscurs,dontles vues peuventconfirmer les
siennes.Il sembledoncqu'ayantlu les néoplatoniciens danssa jeu-
nesse,et même,s'il fautprendreses termesà la rigueur,étant
enfant, il aitsubil'influence de leursidéesau moment où sa pensée
s'organisait, et qu'ellesl'aientassez profondément pénétrépourlui
apparaîtreplus tard commedes fruitsspontanésde ses propres
réflexions. Onne comprendrait guèreautrement qu'il ait pu écrire
ce que nous trouvonsdans une de ses lettres: « Les monadesou
substancessimplessontlesseulesvéritables substances, etleschoses
matérielles ne sontque des phénomènes, mais bienfondéset bien
liés. C'estde quoi Platon,et mêmeles académiciens postérieurs,et
1. IV, ni, 13, prxs., vers la fin : -/.oùà |isv irpò xó<7[jio'jvoS; £ijjiap[jtivr,v
ïyzi xr,v
TOC (JLSVSIV EXE? ACÙ TO XOCÔéxOCOTOV Tu) X0c6Ó).OU VTCOTCÏTtTOVVOtXü) TTSUTCSTar SyXSlTOll
yàp ixáoTco to xaOó/.ou,xai ó vópio; oùx k'^wôsvtr,vio-^ùv sic to Ts}.s<T6fêvaj
IV/îc, à>.)>à
oéooTai èv aÙTot; toi? /pY)ao(i.évot;eívat xai 7repioépoua-'.vaÙTÓv.
2. VI, vin, 6, vers le mil. : ó os 6sü)pr¡Tixo; vovç xai irpaiTo; ovtco to ¿9' a'j:w,
ox', to k'pyova-jToO (jfr)SapLü);
sir' aXXa>, àXXà itaç È7ié(7Tpa7CTai
upo; aOTOv xai tò à'pyov
a*j-oC avTÒ; xai èv xm àyaÔw xsÍjjlsvo; avevSeYjçxai izlr^r^ {»7:áp/ü)v xai oiov xaTa

3. Ibid.,vers la fin.Cf.Couturat,art. cit.,p. 17.


4. Notamment dans la Théodicée,
à proposde la libertéet du possible; dans
les Principesde la natureet de la grâce,sur le problèmedu mal; dans tous
les endroitsoù il estquestiondu plaisiret de la douleur.Cf.Enn.,IV,iv, 18; 19.

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ü64 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

encoreles sceptiques,ont entrevuquelque chose. Mais ces messieurs,


après Platon, n'en ontpas si bienusé que lui1. »
Nousavonscruqu'il n'étaitpas sans intérêtde signalercetteparenté
des deux doctrines.Il noussemblequ'elles s'éclairentmutuellement ;
le
que système de Leibniz se comprend mieux quand on le rapproche
du panthéismenéoplatonicienet que, quand on voit ce qu'elle est
devenue chez Leibniz,la doctrinede Plotin sur l'intelligenceparaît
avoir plus d'originalitéet de profondeurqu'on ne lui en attribue
d'ordinaire;« On y remarqueplus de raison qu'on ne croyait».
G. Kodier.

1. Lettre I à R. de Montmort,Opp. Dut., V, p. 9.

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