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Extrait 42706210 PDF
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Comportement d’ouvrages
géotechniques sous sollicitations
complexes
Réf. Internet : 42706
III
Cet ouvrage fait par tie de
Mécanique des sols et géotechnique
(Réf. Internet ti541)
composé de :
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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Mécanique des sols et géotechnique
(Réf. Internet ti541)
Daniel DIAS
Professeur des universités, responsable du département Géotechnique de
Polytech' Grenoble
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Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :
Emmanuel JAVELAUD
Pour les articles : C261 – C260
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VI
Comportement d’ouvrages géotechniques sous
sollicitations complexes
(Réf. Internet 42706)
SOMMAIRE
Bases de l'interaction sol-structure sous séisme. Principes généraux et effets inertiels C251 19
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Comportement d’ouvrages géotechniques sous
sollicitations complexes
(Réf. Internet 42706)
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1– Comportement dynamique des sols et Eurocodes 8 Réf. Internet page
Bases de l'interaction sol-structure sous séisme. Principes généraux et effets inertiels C251 19
2– Applications spécialisées
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a liquéfaction des sols concerne le plus souvent des couches de sol mou à
L dominante sableuse et saturé en eau. Elle se manifeste par une perte de
résistance brutale qui, dans des circonstances défavorables, peut dégénérer en
une rupture catastrophique.
Les séismes sont à l’origine de la plupart des désordres liés à la liquéfaction
des sols lesquels apparaissent comme des phénomènes induits en matière de
risque sismique.
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Les sols les moins résistants sont les plus vulnérables. Le risque est accentué
en présence de mouvements forts.
La liquéfaction des sols sous séisme est connue pour être à l’origine de tas-
sements ou de ruptures de fondations superficielles et de fondations
profondes ayant mis en péril les structures portées, bâtiments et ouvrages
d’art. La liquéfaction des sols se trouve aussi à l’origine de l’endommagement
ou de la destruction d’ouvrages en terre (remblais, murs, digues, barrages) et
1 d’ouvrages portuaires (quais, terre-pleins).
Enfin, les faibles pentes situées aux abords de plans d’eau (mer, lacs) et de
rivières se sont souvent révélées vulnérables à ce phénomène et le théâtre de
ruptures catastrophiques.
Cette présentation de la liquéfaction des sols se fonde sur les observations
post-sismiques de terrain. Elle est trop vague pour être utilisable devant la
diversité des situations rencontrées, mais elle recèle les principaux aspects du
problème.
La perte de résistance au cisaillement du sol, vu ici comme le passage du sol
d’un état solide à un état liquide, se rapporte au comportement mécanique du
sol et elle relève des principes de base de la mécanique des sols. À ce titre, le
phénomène de liquéfaction des sols a pu être reproduit en laboratoire, ce qui a
permis une interprétation des mécanismes en jeu et du rôle des facteurs qui
les contrôlent. Ces facteurs sont nombreux, à commencer par :
– la nature du sol (sable, limon, argile) ;
– sa compacité ;
– ses propriétés physiques ;
– les conditions de site, etc.
Ces différents aspects feront l’objet d’un premier paragraphe où il va être
indiqué que diverses définitions ont été données de la liquéfaction des sols et
de ses effets, suivant que l’on s’intéresse aux observations de terrain, au com-
portement des ouvrages ou aux essais de laboratoire.
En matière de risque sismique, la liquéfaction des sols constitue un véritable
danger pour les constructions concernées. La volonté de réduire la vulnérabi-
lité des constructions passe, pour commencer, par l’amélioration des
connaissances du phénomène et le développement de méthodes d’évaluation
du risque.
À ce titre, le second paragraphe vise à situer le phénomène de liquéfaction
des sols dans le cadre plus général du comportement dynamique des sols. Les
principes qui s’en dégagent sont inscrits dans les méthodes de reconnais-
sances géotechniques des sites, qui sont conduites au moyen d’essais in situ
ou d’essais de laboratoire, en vue de mesurer les paramètres pertinents du
problème dans les projets de construction. La résistance cyclique du sol
constitue le premier de ces paramètres. Des détails sont fournis sur ces
diverses méthodes.
Les démarches en usage pour prendre en compte la liquéfaction des sols
dans les projets de construction sont exposées au paragraphe trois. Cela
concerne les ouvrages neufs ou les ouvrages existants. Ces démarches se
déroulent par étapes successives d’évaluation du risque, de quantification des
données géotechniques et sismiques, puis de conception des ouvrages en lien
avec les mécanismes de rupture à prévenir, en prévoyant ou pas un traitement
des sols.
Ces démarches sont encadrées par les réglementations en vigueur, dont
l’élaboration répond aussi à la volonté de réduction de la vulnérabilité des
constructions.
La susceptibilité du sol à la liquéfaction concerne le comportement méca-
nique du sol, sa résistance notamment, et elle implique diverses propriétés
physiques et mécaniques du sol, pour constituer un sous-ensemble de para-
mètres dont la connaissance est nécessaire à l’évaluation du risque de
liquéfaction de la couche de sol. Ces notions sont reprises et détaillées au
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paragraphe quatre, en évoquant les critères en usage pour départager les sols
sensibles ou non sensibles.
Pour un site donné, les problèmes de liquéfaction des sols sous séisme
mettent en balance les caractéristiques du mouvement sismique à l’échelle du
site (amplitude, durée) avec la résistance cyclique du sol. Le chapitre cinq pré-
sente une méthode simplifiée qui consiste à comparer la contrainte de
cisaillement induite par le mouvement sismique dans la couche de sol avec la
résistance au cisaillement cyclique du sol.
Le sol est liquéfiable si la contrainte induite est plus grande que la résistance.
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Des détails sont indiqués sur la mise en œuvre de cette méthode historique qui
a vu le jour dans les années 1970.
Depuis, les méthodes dédiées à l’analyse des problèmes de liquéfaction des
sols se sont enrichies avec l’amélioration des connaissances du comportement
cyclique des sols et l’évolution des moyens techniques pour l’identification des
sols liquéfiables et la conception des projets. Des indications sont données
dans la suite du chapitre cinq quant à ces nouvelles méthodes d’évaluation des
effets de la liquéfaction des sols.
Enfin, devant les enjeux de préservation des constructions, la réduction du
risque de liquéfaction ne peut se concevoir sans envisager de traiter les sols
pour les rendre moins vulnérables. Le paragraphe six fournit quelques indica-
tions sur les techniques employées pour constituer les dispositifs de
prévention contre la liquéfaction.
1. Observation Aujourd’hui, des analyses détaillées ont été menées à bien dans
des sites liquéfiés ou des sites instrumentés. Elles dépassent les
de la liquéfaction des sols simples observations de surface.
Ces données apportent un éclairage précieux sur les sollicita-
tions et les réponses des couches superficielles pendant les mou-
vements forts, à l’échelle des sites et des ouvrages concernés par
1.1 Observation in situ du phénomène les problèmes de liquéfaction des sols.
1.1.1 Importance des observations 1.1.2 Modes de rupture des massifs de sols
Par ses conséquences, le mécanisme de liquéfaction des sols a Les déformations et les ruptures induites par la liquéfaction des
été observé depuis longtemps dans les régions de forte sismicité sols peuvent prendre l’apparence de celles provoquées par les
([24], [25]). Mais son interprétation n’a été perçue qu’après le pre- chargements statiques présents dans le massif ou apportés par
mier quart du XXe siècle. les constructions (pente naturelle, fondations, ouvrages en terre,
Il a été reproduit au laboratoire sur des sables de faible densité etc.) ou par les forces d’inertie sismiques (qui prévalent pendant
au début des années 1950, pour la première fois, ce qui a permis le temps d’un séisme).
de trouver une explication en terme de mécanique des sols [32]. Toutefois, en termes de mécanismes, les charges statiques et
Devant la variété des ruptures des sols par liquéfaction et leurs les forces inertielles provoquent des désordres lorsqu’elles
facteurs déclenchant, diverses définitions ont été données de la dépassent la résistance du sol, tandis que les désordres induits
liquéfaction des sols et de ses effets. Elles répondent à différentes par la liquéfaction proviennent d’une perte apparente de raideur
préoccupations, selon que l’on s’intéresse aux observations de et de résistance du sol.
terrain, aux essais de laboratoire, ou bien au comportement des
ouvrages. Généralement, dans le cas de la liquéfaction, la dégradation des
propriétés mécaniques s’étend à toute l’épaisseur d’une couche
Les observations post-sismiques effectuées depuis la surface de sol, ce qui donne une autre échelle aux problèmes. Les méca-
dans les sites dévastés par les effets de la liquéfaction des sols nismes de rupture de la couche de sol liquéfié dépendent alors
sont confuses, car la plupart des facteurs qui ont présidé à la rup- des conditions aux limites cinématiques du problème et des
ture ne sont pas – ou ne sont plus – perceptibles. conditions initiales de chargement statique.
Ces facteurs sont nombreux et seront examinés plus loin
■ Champs libres
(nature du sol, état, propriétés, conditions de site, etc.). Mais, en
constatant des désordres à des degrés gradués de sévérité, les La manifestation post-sismique de la liquéfaction des sols
observations sur site sont néanmoins précieuses, car elles ouvrent s’observe très souvent en champ libre dans des terrains plats,
sur une description des mécanismes de rupture contre lesquels il aquifères et dénués de construction.
faut se prémunir dans les nouvelles constructions.
■ Pentes naturelles
De nombreuses sources décrivent des observations de liquéfac- Les déformations ou la rupture par liquéfaction de terrains en
tion. On peut citer par exemple les rapports de missions post-sis- pente intéressent généralement une couche de sol située en bor-
miques de l’AFPS (Association française de génie parasismique) ou dure d’un plan d’eau ou d’une rivière, dans une configuration de
du GEER (Geotechnical Extreme Events Reconnaissance). terrains peu consolidés, saturés et soumis à des cisaillements sta-
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déduit de la contrainte totale σ (apportée par les charges exté- mal emin (le plus dense) et un indice des vides maximal emax (le
rieures) après soustraction de la pression interstitielle u : plus lâche).
(1) L’indice de densité ID = (emax – e)/(emax – emin) indique dans
quel état de compacité se trouve le sable considéré. Il varie de 1 à
■ Critère de rupture 0 de l’état le plus dense à l’état le plus lâche du sable.
Un autre principe fondamental de la mécanique des sols entre Cet indice ne s’applique qu’à des sables propres.
en jeu à son tour, qui indique que la résistance au cisaillement τr
Un parallèle se noue entre cet indice ID et l’indice de consis-
1
croît avec la contrainte normale effective σ ’ :
tance Ic d’une argile. Mais une argile saturée simplement déposée
(sans déchargement) ne peut pas posséder différents Ic sous les
mêmes conditions extérieures.
Le critère de Coulomb exprime cet accroissement sous une
■ Saturation
forme linéaire :
À l’indice des vides est associé le degré de saturation Sr, qui
(2) représente la part du volume des vides occupée par de l’eau.
avec angle de frottement interne, Ainsi, le couple (e, Sr) caractérise l’état du sol. Celui-ci est
la cohésion. saturé si Sr = 1 et il est non saturé si Sr < 1.
Ainsi, sans nécessairement modifier les contraintes totales,
l’accumulation des pressions interstitielles dans une couche de sol 1.2.3 Liquéfaction statique des sables
sous l’effet d’un séisme peut conduire à atteindre le critère de rup-
ture du sol et la liquéfaction du sol. ■ Indice des vides initial e0
Les sols sableux saturés en eau et peu compacts sont les plus La réponse d’un sol sous sollicitation monotone ou cyclique
vulnérables. dépend de son indice des vides initial e0.
L’accumulation des pressions interstitielles peut même conduire • En condition drainée, la rupture au cisaillement d’un sol lâche
à annuler les contraintes effectives (lorsque u = σ, ). En s’obtient généralement après une réduction du volume du sol
pareille situation, un sol sans cohésion répondant au critère de (e < e0), au contraire d’un sol dense dont le volume a aug-
Coulomb voit sa résistance s’annuler (τr = 0). menté (e > e0). L’un est dit contractant, l’autre dilatant.
Le taux de pression interstitielle ru donne un moyen de caracté- Mais, à l’état ultime du cisaillement, ou état critique, le volume
riser le niveau atteint par la pression interstitielle u. En référence à ne varie plus.
un état initial et permanent σ0 de la contrainte normale totale et • Dans un sol saturé cisaillé en condition non drainée, ces
une pression interstitielle nulle , le taux ru s’écrit : variations de volume sont bloquées par la présence de l’eau
(quasi-incompressible), qui, en retour, génère des pressions
interstitielles positives (contractance) ou négatives (dila-
À l’état initial ru = 0. La contrainte normale effective s’annule tance), avant de se stabiliser à l’état critique.
quand ru = 1 (100 %).
■ Indice de densité ID
Enfin, par opposition à un chargement non drainé, un charge-
Le comportement mécanique des sables propres dépend for-
ment monotone lent, qui garantit à tout instant la migration de
tement de l’indice de densité ID. Non seulement, les sables
l’eau interstitielle vers des frontières drainantes, est dit drainé.
lâches sont contractants, mais les sables très lâches sont effon-
drables.
1.2.2 État d’un sol Un choc ou un cisaillement provoque le tassement d’un sable
Dans une large majorité de sols, le critère de résistance au sec (drainé) très lâche sous son propre poids. C’est ainsi que
cisaillement s’identifie facilement au moyen d’essais de labora- peuvent être densifiés les sables.
toire à chargement monotone, par exemple. En condition non drainée, cette situation conduit à un accroisse-
Il dépend de la nature du sol mais également de son état : ment très vif de la pression interstitielle et à la liquéfaction du
sable.
– densité du sol (masse volumique) ;
– quantité d’eau contenue dans ses pores (teneur en eau). ■ Autres critères
En géotechnique, le couple teneur en eau masse volumique est Ce comportement particulier des sables propres, lié à leur état
représenté aussi par le couple indice des vides degré de satura- très lâche, a fait l’objet de très nombreux travaux expérimentaux
tion. au laboratoire ([35], [36], [37]). Il est notamment apparu que, pen-
dant les chargements monotones non drainés des sables très
■ Densité du sol
lâches, un pseudo-pic de cisaillement, ou seuil d’instabilité, est
L’indice des vides e relie le volume total V d’un élément de sol et le franchi avant d’atteindre le critère de résistance résiduelle τr bien
volume Vs des particules solides contenues dans cet élément : inférieur au pseudo-pic.
Il y a liquéfaction statique (un exemple est donné à la
figure 9).
De nombreuses propriétés mécaniques des sols dépendent de À la limite, le critère ru = 1 peut être atteint par un chargement
l’indice des vides (propriétés de perméabilité ; déformabilité ; monotone non drainé dans un sable sans cohésion (τr = 0).
résistance).
Avec l’accumulation des pressions interstitielles qu’ils induisent,
À ce titre, un sol sableux simplement déposé (sans décharge- les chargements cycliques non drainés doivent être interprétés
ment, c’est-à-dire sous le poids du dépôt) offre la particularité de dans ce cadre.
pouvoir régner dans des états différents sous des conditions exté-
rieures identiques. L’exemple des figures 8 et 9, qui sera commenté plus bas, donne
Des limites conventionnelles ont été définies pour encadrer les une illustration du comportement monotone et cyclique non drainé
différents états d’un sable propre, entre un indice des vides mini- d’un sable propre peu compact.
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1.2.4 Chargements cycliques par un recueil de leurs propriétés physiques, pour pointer ensuite
dans une classification des sols.
En résumé, des pressions d’eau interstitielles s’accumulent
dans les pores d’un sol saturé contractant en condition non drai-
née sous l’effet d’un chargement privilégiant des cisaillements. Les sols effondrables sont éminemment liquéfiables en char-
gements monotones ou cycliques.
Le chargement peut être :
Dans les autres sols, tous les chargements monotones
– quasi-statique et continu (monotone) ; peuvent être poussés jusqu’à la rupture. Lors de chargement
1 – cyclique ou dynamique ;
– résultant d’un choc ou d’un séisme.
cycliques :
– dans les sables (non effondrables) les cycles aboutissent au
mécanisme de mobilité cyclique, donc à une forme de liquéfac-
Le caractère aléatoire de ces derniers ne peut pas être facilement tion, en passant par le critère ru = 100 % deux fois par cycle et
pris en compte ou même reproduit expérimentalement. En guise de une accumulation des déformations ;
simplification pour les applications courantes, il a été admis une – dans les argiles (non sensibles), les cycles aboutissent à la
équivalence entre le mouvement sismique et un mouvement har- rupture du sol lorsqu’elles sont soumises à un grand nombre
monique de fréquence, d’amplitude et de durées équivalentes. Au de cycles (bien supérieur au nombre de cycles équivalents d’un
laboratoire, la résistance cyclique du sol peut alors être définie. séisme), sans atteindre le critère ru = 100 %, mais avec une
accumulation des déformations.
L’accumulation des pressions interstitielles se compte en nombre
de cycles, en lien avec la durée du séisme. La fréquence se rapporte
à celle des cycles dominants du signal sismique. L’amplitude du
cisaillement cyclique en tous points de la couche de sol se trouve 1.3.2 Propriétés physiques des sols
en balance avec la résistance au cisaillement du sol.
Avec leur nature et leurs caractéristiques d’état, les propriétés
physiques des sols entrent en jeu dans les questions de liquéfaction.
1.3 Nature et propriétés physiques Les propriétés physiques primaires (nature des grains, forme, gra-
des sols nulométrie, argilosité) sont invariables et complètent les propriétés
secondaires de structure (arrangement et orientation des grains) et
d’état (densité et teneur en eau, indice des vides et degré de satura-
1.3.1 Nature des sols tion) qui sont non permanentes et qui varient avec les déformations.
Les propriétés physiques des sols ne permettent pas de classer
Historiquement, et d’après les observations sur site, les sables
les sols de façon univoque en fonction de leur comportement
propres saturés de faible densité ont été souvent répertoriés pour
dynamique, mais de grandes tendances de comportement
leur vulnérabilité au risque de liquéfaction. Des cas de liquéfaction
existent selon que les sols sont sableux, argileux, mais également
de graves ont aussi été mentionnés.
intermédiaires limoneux.
À l’opposé, des ruptures d’argiles non sensibles initiées par
Cela justifie de faire références aux classifications géotech-
liquéfaction n’ont été révélées que rarement et essentiellement
niques des sols en usage, qui se fondent sur la granulométrie et
dans des pentes naturelles. Cette faible occurrence de désordres
l’argilosité.
dans les argiles a conduit à admettre que les argiles ne sont pas
liquéfiables. Historiquement, les observations des désordres induits par la liqué-
faction des sols ont amené à fixer des critères de sensibilité des sols
Les argiles sensibles constituent une exception. Ces argiles se
au risque de liquéfaction sur la base de leurs propriétés physiques :
rencontrent dans des pays nordiques en lien avec un processus
particulier de dépôt (Alaska, Canada, Suède, Norvège). Très – dans les sols sableux à graveleux, ces critères s’appuient prin-
poreuses et saturées (teneurs en eau de 50 % et plus), leur struc- cipalement sur des fuseaux granulométriques.
ture ouverte et fragile les rend instables, en particulier sous char- – dans les sols fins limoneux et argileux, les critères portent sur
gement statique (liquéfaction statique) et, par conséquent, sous les limites de consistance du sol ;
séisme. Une fois initiées, les instabilités de pente dégénèrent en
coulées boueuses de grande ampleur, terrestres ou sous-marines. – dans les sols limoneux avec les sinistres constatés, des cri-
tiques ont été adressées alors à cette démarche empirique de clas-
Les argiles récentes peu consolidées sont compressibles et pro- sification de la sensibilité des sols basée sur leurs propriétés
pices à générer de fortes pressions interstitielles. Elles présentent physiques (en considérant que des seuils séparant les sols sableux
des résistances faibles, ce qui implique que des dispositions parti- liquéfiables et les sols argileux non liquéfiables ne pouvaient pas
culières soient prises pour construire sur ces terrains, offrant ainsi constituer des critères d’exclusion du risque [8]).
une certaine garantie vis-à-vis des séismes (amélioration de la sta-
bilité, limitation des tassements). Controversée à propos des sols limoneux, cette démarche empi-
rique ignore le rôle de l’état du sol et celui de la pression de confine-
Plus tard, suite à de nouveaux sinistres, des sols limoneux ont ment. Elle est pénalisée par l’absence d’une définition précise de la
été mis en cause dans des ruptures par liquéfaction. Ces constats liquéfaction des sols limoneux et argileux et le fait que les observa-
ont suscité de nombreux travaux de recherche et alimenté un tions historiques sur sites fournissent peu d’informations sur le
débat qui n’est pas clôt à ce jour. comportement du sol liquéfié au-delà du fait que de grandes défor-
mations et de fortes pressions interstitielles ont été générées.
La difficulté tient au fait que les sols limoneux occupent une
place intermédiaire entre les sables et les argiles d’un point de Enfin, les ruptures sont observées moins fréquemment dans les
vue géotechnique. La frontière entre sols liquéfiables et non-liqué- sols fins limoneux ou argileux que dans les sables.
fiables leur appartient, en première analyse. D’où l’enjeu qu’ils
constituent en matière de reconnaissances des sites, au moyen Aujourd’hui, avec l’évolution récente des codes de construction
d’essais in situ notamment, et de prescriptions pour les projets de parasismique des bâtiments à risque normal en France (normes NF
construction. P06-013 remplacées par NF EN 1998-5), l’usage des critères fondés
sur la granulométrie ou sur les limites de consistance y a été aban-
D’un point de vue historique et sur le plan pratique des donné dans les études d’évaluation quantitative du risque de liqué-
méthodes géotechniques, la caractérisation des sols commence faction des sols.
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e sujet traité dans cet article est l’interaction entre le sol support des
L ouvrages, les fondations et la superstructure en situation de sollicitation
sismique : l’interaction sol-structure (ISS).
Les enjeux sont importants d’un point de vue technique et économique. Une
caractérisation réaliste de cette interaction peut s’avérer, soit bénéfique
comme la diminution des efforts internes dans la structure, soit préventive en
cas d’effets indésirables identifiés.
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Plutôt spécifique au savoir-faire d’un nombre restreint de spécialistes
sachant composer à la fois avec les données sismologiques, la dynamique des
sols et de structures, ainsi qu’avec la géotechnique, le concept d’interaction
sol-structure se répand en ingénierie, mais se heurte parfois aux frontières
existantes entre les disciplines.
L’approche proposée dans cet article est de rassembler les principes de l’ISS
afin de donner à l’ingénieur les étapes clés, ainsi que les niveaux successifs de
raffinement qu’il peut porter à son analyse.
Les bases de l’interaction sol-structure sous séisme se déclinent en deux
articles dont l’objectif global est une présentation des enjeux spécifiques de
l’interaction sol-structure et des outils adaptés pour l’ingénieur à l’étude des
problématiques de fondation.
Dans cet article les méthodes d’analyse sont rappelées avec l’introduction
aux modèles rhéologiques et aux modèles numériques. Les principes de la
caractérisation de la réponse des structures sous séismes par modèle analo-
gique et la représentation analogique de l’interaction inertielle sont
développés, avant de détailler l’effet de masse et l’amortissement radiatif du
sol.
L’autre composante déterminante de l’interaction sol-structure, relative aux
effets cinématiques, est présentée dans la suite de cet article intitulée [C253].
1. Définitions et enjeux Pour les besoins de l’étude des effets cinématiques et inertiels,
précisons que les sols pour lesquels la vitesse des ondes de cisail-
lement Vs = 800 m.s-1, constituent le substratum sismique se dif-
L’objectif de l’ISS est d’accroître la stabilité des ouvrages, tout férenciant du « substratum géotechnique », sol dont la cote du toit
en optimisant le coût de construction ou de réhabilitation. Il passe représente conventionnellement la profondeur au-delà de laquelle
aussi par une prise en compte de l’interaction dynamique qui se la déformation induite par le chargement des ouvrages de surface,
développe en cas de séisme entre : est faible à nulle.
– les ouvrages ;
– les sols et formations géologiques sous-jacentes ;
Le mouvement sismique en champ libre est la déformation
– les fondations.
du sol au passage des ondes sismiques en l’absence de
■ Mouvements du sol provoqués par le séisme superstructures pouvant influencer leur propagation.
Le premier effet à prendre en compte est le mouvement du sol,
induit par le séisme, imposé à la structure et aux fondations. Pour ■ Approche dynamique et approche pseudo-statique
le bâtiment, cela se traduit par du balancement et du glissement.
Pour les fondations profondes, il s’agit d’efforts internes consécu- Dans le cas d’un problème dynamique, le chargement et les
tifs aux déplacements imposés du sol. paramètres de réponse sont fonction du temps. La dynamique est
la branche de la mécanique classique étudiant les corps en mou-
Lors d’un tremblement de terre, les ondes sismiques se propa- vement sous l’influence des actions mécaniques leur étant appli-
geant dans le sol mettent en mouvement les fondations des quées. Elle combine la statique qui étudie l’équilibre des corps au
ouvrages en les sollicitant principalement horizontalement. Accé- repos et la cinématique qui étudie le mouvement indépendam-
léré à sa base, chaque bâtiment est soumis à des forces d’inertie ment des causes qui les produisent, notamment sans identifica-
auxquelles sa structure doit résister. Pour maintenir son équilibre, tion des forces y contribuant.
l’ouvrage exerce sur le sol environnant des efforts importants. Il
s’agit du second effet appelé « effet inertiel » ou « couplage » Ramener un problème de dynamique à un cas pseudo-statique
qu’entretient le bâtiment avec le sol via le système de fondation. revient à introduire de nouvelles forces appelées forces d’inertie.
Notamment en dimensionnement des ouvrages sous sollicitations
■ Interaction sol-structure sismiques, ces efforts sont importants et s’opposent au mouve-
En raison de l’interaction dynamique sol-structure, la réponse ment imposé par le chargement appliqué.
sismique d’une structure sur base flexible, c’est-à-dire d’une struc-
ture fondée sur un terrain déformable, diffère sous plusieurs
■ Interaction cinématique
aspects de celle de la même structure fondée sur un terrain rigide L’interaction cinématique se traduit par la différence entre le
(base fixe), soumise à une sollicitation identique en champ libre, mouvement sismique en champ libre (déformation du sol au pas-
comme le montre la figure 1 [1]. sage des ondes sismiques en l’absence de structures anthro-
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a aucune interaction sol-structure b toujours sans interaction sol-structure c avec interaction sol-structure
Cas a : le bâtiment possède un comportement « souple » et le sol une très bonne résistance mécanique.
Figure 1 – Trois types de mouvements d’un bâtiment avec ou sans interaction sol-structure
piques interférant avec leur propagation) et celui correspondant à ■ Pour les situations courantes
la présence d’un ouvrage en surface et son mode de fondation L’allongement des périodes propres et l’augmentation des taux
(fondations superficielles, fondations profondes). d’amortissement qui résultent de la prise en compte de l’interac-
Elle ne résulte que de la différence de « raideur » entre le sol et tion sol-structure conduisent généralement à un dimensionne-
la fondation, contrariant les mouvements imposés par le sol. Cette ment favorable pour la structure et ses fondations sous séisme.
différence peut se comprendre comme un filtrage car toute l’éner- Cependant, les effets d’ISS peuvent se révéler néfastes dans les
gie incidente ne se transmet pas à l’ouvrage mais s’effectue au cas suivants pour lesquels les codes de construction en zone sis-
prix d’efforts significatifs dans les fondations. mique imposent la prise en compte de l’ISS :
■ Interaction inertielle – les structures hautes et élancées, comme les tours et les che-
minées ;
En revanche, l’interaction inertielle provient des efforts d’inertie – les structures avec fondations massives ou profondes comme les
engendrés par la masse de la structure et retransmis au sol par piles de ponts, les caissons fondés en milieu aquatique et les silos ;
l’intermédiaire des éléments de fondation. La structure devient – les ouvrages reposant sur des sols très mous, caractérisés par
ainsi, en quelque sorte, « source » d’oscillations dynamiques dans une vitesse moyenne de propagation des ondes de cisaillement Vs
le cadre de cette interaction. inférieure à 100 m/s ;
– les structures pour lesquelles les effets de 2e ordre jouent un
L’étude de la réponse dynamique du système sol-fondation
rôle significatif.
sous l’effet de l’interaction inertielle ne peut, en toute rigueur, être
dissociée d’une analyse cinématique préalable en vue d’obtenir le Les effets du premier ordre sont les effets des actions calculés
mouvement à la base de la structure permettant d’établir les sans considération de l’effet des déformations de la structure
efforts d’inertie induits par la superstructure. mais en incluant les imperfections géométriques, tandis que les
effets du second ordre sont les effets additionnels des actions,
L’interaction inertielle sol-fondation est introduite par des fonc- provoqués par la déformation de la structure.
tions d’impédance permettant, pour une fréquence donnée, de Très sensibles aux déformations du sol, mais aussi aux efforts
représenter la liaison de la fondation avec le sol par un ensemble d’inertie en tête, les fondations profondes et, en particulier les pieux,
de modèles analogiques (ressorts, amortisseurs, etc.) adaptés doivent faire l’objet d’une justification spécifique sous séisme avec
aux différents types de mouvement (translations verticales et prise en compte des effets d’ISS, cinématiques et inertiels.
horizontales, rotation d’axe horizontal ou d’axe vertical). Cette
interaction inertielle permet de simuler la modification des
périodes et amortissements apparents de l’ensemble « sol +
structure » par rapport à une analyse limitée à la structure sur 2. Méthodes d’analyse
base fixe.
L’interaction cinématique peut être simulée en pratique par le
de l’ISS sous séisme
moyen d’un déplacement « libre » du sol appliqué sur le support
des impédances. 2.1 Approche globale ou directe
Dans la méthode directe appelée aussi « méthode globale »,
l’analyse du système complet s’effectue en une seule étape, qui
À noter que la mise en œuvre pratique montre que, dans permet d’inclure :
certaines configurations (fondations profondes, fondation – le comportement non linéaire de la structure ou du sol (com-
encastrée), l’interaction cinématique s’accompagne également portement anélastique) ;
d’une composante rotationnelle souvent ignorée dans le – toute hétérogénéité présente dans ce dernier ;
dimensionnement.
– le glissement et le décollement des fondations.
21
Référence Internet
C251
Elle permet aussi de traiter les conditions de contact à l’ISS et, suffisamment importante pour que ce mouvement ne soit pas
implicitement, les effets de radiation et de dissipation d’énergie affecté par la présence d’une structure en surface, il faut procé-
dans la partie infinie du sol non borné. der à une étape spécifique de traitement du signal visant à
Les approches directes consistent à résoudre directement « remonter » au signal « source », au niveau du substratum
l’équation de la dynamique régissant le comportement du sys- sismique, tel qu’il serait avant de traverser les couches superfi-
tème (sol, fondation, structure). La formulation est orientée vers cielles (celles-ci pouvant jouer un rôle de filtre). Cette opération
un traitement par éléments finis du phénomène d’interaction de traitement du signal se nomme « déconvolution » (figure 2).
1
mécanique avec, par exemple, généralement un schéma d’inté- • L’étape suivante consiste alors à appliquer ce signal déconvolué
gration par différences finies de la composante temporelle de façon uniforme à la base du modèle complet (sol, fondation,
(figure 2). structure) et la réponse en surface est calculée par une méthode
d’approximation numérique de solutions de problèmes aux
limites dynamiques ([2] et [3]). Il s’agit, comme dans toutes les
méthodes numériques, de trouver une approximation discrète
d’un problème différentiel aux limites linéaires.
ϕ
M
u F
= + +
ϕ
u
ü ü
22
Référence Internet
C251
Ainsi, les sous-structures sont constituées, d’une part, par le sol Dans le tableau 1, F représente la force appliquée au modèle,
et, d’autre part, par la structure. Les équations d’équilibre de K désigne la raideur du ressort et C la viscosité du fluide, up et F P
chaque sous-système sont posées, puis les conditions de compa- sont respectivement le déplacement plastique et la force maxi-
tibilité à l’interface sont précisées à savoir la continuité en dépla- male au seuil de plasticité.
cement et en contrainte. Les modèles élémentaires peuvent être combinés en série ou en
parallèle pour obtenir des modèles composés. Parmi ceux-là, les
Il faut distinguer trois grandes étapes dans la méthode : plus fréquemment retenus en ISS sont notamment le modèle de
1
– étape 1 – Interaction cinématique : on détermine le mouve- Maxwell (un ressort et un amortisseur en série), le modèle de Kel-
ment sismique à appliquer à la base de l’ouvrage tenant compte vin-Voigt (un ressort est un amortisseur en parallèle).
des effets éventuels d’interaction cinématique (cas d’une structure L’utilisation pratique de ces modèles analogiques se révèle
encastrée par exemple). On calcule pour cela le mouvement sis- riche en enseignements, notamment dans la qualification des
mique d’une fondation rigide sans masse représentative de effets d’interaction sol-structure comme le montre la figure 4 et
l’empreinte de la structure dans le sol ; comme il sera développé au § 5.
– étape 2 – Interaction inertielle : on détermine les éléments per-
mettant de simuler l’interaction inertielle. On calcule pour cela les
matrices d’impédances d’une fondation rigide sans masse repré-
sentative de l’empreinte de la structure dans le sol ;
– étape 3 – Calcul de structure : on détermine la réponse sis-
mique de la structure reposant sur un système de ressorts/amortis-
seurs déduits des matrices d’impédances (résultat de l’étape 2). Le
support de ces ressorts/amortisseurs est soumis à l’application
d’un signal sismique correspondant au mouvement cinématique
déterminé à l’étape 1.
Modèles composés K
23
Référence Internet
C251
La prise en compte de la souplesse relative fondation/sol peut problématiques liées aux conditions aux limites inhérentes aux
être traitée en pratique moyennant une discrétisation avec un modèles numériques complets
nombre suffisant d’éléments représentant l’interface sol/structure
et en évaluant, numériquement et par de modèles analytiques
adaptés, les impédances dynamiques « locales » à considérer au 2.4 Méthode hybride
droit de chaque zone.
La méthode de sous-structuration [10] suppose implicitement la
validité du principe de superposition qui requiert notamment un
– + i
24
Référence Internet
C253
25
Référence Internet
C253
Ainsi, l’approche proposée dans cet article, relatif aux effets cinématiques,
est de rassembler, avec celui publié sous la référence [C251] pour les effets
inertiels, les bases de l’ISS afin de donner à l’ingénieur les étapes essentielles,
ainsi que les niveaux successifs de détail qu’il peut porter à son analyse tout
en identifiant les paramètres sur lesquels il peut agir lors du
dimensionnement.
Pour compléter ces aspects d’interaction sol-ouvrage, se décrivant grâce à la
1 mécanique des milieux élastiques et/ou visco-élastiques, il a été jugé pertinent
d’explorer la frontière de la stabilité des ouvrages sous sollicitation dyna-
mique, comme les effets de renversement et de glissement au niveau de
l’interface sol-structure.
Ce qui permet de conclure l’article par l’approche du calcul des ouvrages
de soutènement sous séisme, notamment par une approche de calcul à la
rupture.
Les principes de la propagation des ondes dans les milieux terrestres sont
rappelés pour permettre la présentation des évaluations des périodes propres
des sols à usage de l’ingénierie des ouvrages de surface. À cette fin, des
méthodes de calcul des profils de déplacement horizontal du sol sont passées
en revue pour différents cas de sols stratifiés horizontalement. Ces déplace-
ments permettent d’évaluer les efforts se développant dans les fondations
profondes.
En complément des approches réglementaires concernant la stabilité des
fondations superficielles au glissement et au renversement, un développement
est proposé concernant les effets spécifiques, pouvant être « bénéfiques », sur
le dimensionnement du décollement d’une semelle, ainsi que sur ses déplace-
ments irréversibles.
L’article est complété par la stabilité des ouvrages de soutènement sous
séisme avec une exploration de la méthode à la rupture dite de « Monobé-
Okabé » usuellement utilisée pour les sols frottants. Toutefois, l’extension
de l’usage de cette méthode aux sols cohérents est proposée, ainsi qu’un
développement pour des surfaces de rupture non-planes dans un sol bi-
couche.
Enfin, une discussion sur les déplacements irréversibles pour ce type
d’ouvrage conclut cet article.
x
L’interaction cinématique se traduit par la différence entre le L’onde en trait plein représente le mouvement en champ libre.
mouvement sismique en champ libre (déformation du sol au pas- La fondation, elle, obéit à un mouvement qui lui est propre, fonction de
sage des ondes sismiques en l’absence de structures anthro- la raideur relative sol-fondation
piques interférant avec leur propagation) et celui correspondant à
la présence d’un ouvrage en surface et son mode de fondation
(fondations superficielles, fondations profondes). Figure 1 – Cas d’une fondation rigide reposant sur un sol homogène
26
Référence Internet
C253
2.1.1 Équation de l’élastodynamique La solution de l’équation d’onde peut s’exprimer pour des
ondes de volumes de pression (P) et de cisaillement (S), enregis-
Les ondes sismiques sont des ondes élastiques régies par les trées respectivement en premier (forte composante horizontale) et
équations de l’élastodynamique. en second (composante horizontale dominante) sur un sismo-
gramme capturant les déplacements en x, y et z en fonction du
Cette hypothèse est valable pour les petits mouvements u et les
temps.
déformations, ce qui est réaliste pour le risque sismique dans les
conditions de sismicité faible à modérée, comme évoqué au § 1. Se déplaçant à une vitesse proche des ondes de cisaillement,
les ondes de surface, dont les ondes de Rayleigh, sont énergé-
tiques et notablement responsables des dégâts sur le bâti
(1) (figure 2).
Surface
λRayleigh
Mouvement rétrograde
h = 0,19 λR ~ λR/5
z
Mouvement prograde
x
Propagation des ondes de Rayleigh
Figure 2 – Illustration du mouvement des particules de sol au passage d’une onde de surface de type Rayleigh, pour une fréquence donnée
27
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C253
2.1.5 Représentation de la propagation des ondes 2.1.6 Amplification des ondes : effets de site
par la théorie des rais « lithologiques »
La notion de rai sismique, représentant la ligne perpendiculaire L’amplitude des ondes sismiques incidentes peut être amplifiée
au front d’onde (analogie avec le rai optique), est souvent utilisée par les sols « mous » de surface [2] en raison du contraste d’impé-
pour interpréter des données sismiques (approximation « hautes dance de ces matériaux de couverture avec le substratum sis-
fréquences »). mique, ou encore par les effets de piégeage des ondes dans des
Si l’on considère une onde sphérique générée par un séisme, bassins remplis de sédiments détritiques peu consolidés.
28
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C253
Pour l’effet stratigraphique 1D, le modèle de sol considéré est À noter que l’angle d’incidence de l’onde modifie également la
alors constitué d’une superposition de couches unidirectionnelles valeur d’amplification à la résonance. L’amplification maximale
d’épaisseurs constantes surmontant un substratum « élastique » est alors obtenue pour une onde d’incidence verticale.
qui correspond au milieu de propagation de l’onde incidente. En plus de l’effet d’amplification, la résonance pour le cas 1D pro-
Dans le cas le plus simple, il s’agit généralement d’une onde duit aussi un prolongement de la durée du signal. L’atténuation, sou-
plane d’incidence verticale, en relation avec l’hypothèse de la ver- vent importante dans les sols peu consolidés, joue dans la réalité un
ticalisation du rai sismique. On se limite à la composante horizon- rôle favorable en diminuant ces effets. Son influence est faible sur le
1
tale de cette onde car c’est elle qui agit directement sur la mode fondamental et ne concerne que les modes supérieurs.
déstabilisation des constructions en surface.
L’amplification du mouvement surfacique dépend alors des 2.1.7 Effets de site « topographiques »
contrastes d’impédance entre les différentes couches homogènes.
Les observations relatent des effets destructeurs plus impor-
Par exemple, dans le cas simple d’une couche unique au-dessus tants au sommet de collines qu’en pied de celles-ci.
d’un semi-espace rigide élastique, la fonction de transfert T est le rap-
port de l’amplitude des mouvements dans le domaine fréquentiel Les exemples de séismes marquants, en France, sont ceux de
d’un point situé à l’interface des deux couches (point B) et du point Rognes et Vernègues (séisme provençal de 1909) et de Castillon
situé en surface (point A) [5] : (séisme ligure de 1887). Le séisme de 1971 de San Fernando en Cali-
fornie a activé l’intérêt pour ce phénomène en raison des fortes accé-
lérations enregistrées sur une crête proche du barrage de Pacoima
Dans l’hypothèse d’un milieu « moins raide » en surface, ce rapport situé sur le Comté de Los Angeles en Californie ([6] et [7]).
est supérieur à 1 (figure 5).
Les observations qualitatives ont été confirmées par des
L’amplification maximale du mouvement de surface se produit mesures instrumentales, bien que moins nombreuses comparati-
à des fréquences particulières, caractéristiques de la résonance de vement à celles réalisées pour évaluer l’effet de site « litholo-
la couche reposant sur le substratum sismique. Elles sont fonction gique ».
de la célérité des ondes dans la couche 1 et de son épaisseur :
ux(z,t) Vs1, ρ1 H1
Vs1, ρ1 H1
Vs, ρ H
Vsi, ρi Hi
z H2
Vs2, ρ2
x Vsn, ρn Hn
Substratum sismique
29
1
30
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C260
31
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C260
1
– l’évaluation des risques éventuels de liquéfaction sous nappe et de tasse-
ment induit hors nappe ;
– et la justification des structures.
Le mouvement sismique en surface est également nécessaire comme
donnée d’entrée pour les analyses d’interaction sol-structure.
Cet article a pour but de présenter l’influence des effets de site sismiques sur
le mouvement sismique en champ libre, en termes d’amplitude et de fré-
quence. Il s’attache tout d’abord à détailler les phénomènes en jeu en les
illustrant d’exemples réels. Il présente ensuite le comportement des sols
lorsqu’ils subissent des sollicitations sismiques et les reconnaissances géo-
techniques pour l’étude des effets de site.
Cet article détaille également, à partir d’exemples analytiques simples, les
paramètres qui concourent aux phénomènes d’amplification ou d’amortisse-
ment (dé-amplification) des ondes sismiques.
La prise en compte des effets de site sismiques dans les codes de construc-
tion du bâti courant est ensuite replacée dans le cadre des approches
simplifiées ou détaillées existantes. Cela permet d’introduire les évolutions
potentielles dans les générations de codes futures.
Enfin, ce travail présente une méthode de protection parasismique des
ouvrages en agissant sur les différentes composantes des effets de site
sismique.
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C260
Atténuation
Légende :
Substratum rocheux
1
Ondes de volume
Faille
Figure 1 – Phénomènes physiques et effets directs liés à l’aléa sismique en l’absence d’effets de site
L’interface entre le substratum rocheux et les formations L’effet de site peut conduire à une augmentation (amplifica-
superficielles de caractéristiques mécaniques plus faibles est tion) ou à une diminution (dé-amplification) de l’amplitude du
appelé « substratum sismique ». Il représente le niveau à partir mouvement sismique, à la modification de son contenu fré-
duquel l’effet de site se développe. quentiel, ainsi qu’à son allongement.
Substratum rocheux
Rai sismique
incident
33
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C260
Formation superficielle
1
Substratum rocheux
Pas d’effet
de site L’effet de site s’apprécie par rapport
à la configuration (a) de référence.
Atténuation
Source
Atténuation Atténuation
Source Source
Atténuation Atténuation
Source Source
Figure 3 – Présentation schématique des principales configurations lithologiques 1D et géométriques 2D/3D de bassin ou de relief pouvant
induire des effets de site
1.2 Observation in situ des effets de site Enfin, la compétition entre les phénomènes d’amplification et de
désamplification est particulièrement bien illustrée dans le troi-
sismiques sième exemple du barrage d’Aratozawa. Le phénomène de dé-
amplification est dominant lors de forts séismes tandis que le phé-
Trois exemples typiques d’observations in situ d’effets de site
nomène d’amplification domine lors de séismes plus petits
sismiques sont présentés dans les paragraphes suivants. Ils
(voir § 1.2.3).
mettent en évidence les phénomènes d’amplification et de dé-
amplification du mouvement sismique.
1.2.1 Amplification du mouvement sismique :
Le premier exemple historique ayant contribué à la mise en évi- effets de site lithologiques lors du séisme
dence des effets de sites est celui de Mexico en 1985 (voir § 1.2.1). de Mexico-Michoacan (Mexique)
Le deuxième exemple (Nagaoka-shisho, 2007) permet de com- Les effets de site ont été mis en évidence de façon très nette
prendre l’augmentation du déplacement dans la colonne de sol lors du séisme de Mexico-Michoacan de 1985. Alors que l’épi-
lorsque l’onde s’approche de la surface. Il introduit également les centre du séisme était situé sur la côte Pacifique à près de
différences entre les notions de substratum géotechnique et sis- 400 kilomètres de la ville de Mexico, cette dernière a subi des
mique (voir § 1.2.2). dégâts très importants.
34
Référence Internet
C260
Cet effet de site, observé dans le bassin de Mexico, est causé Cet exemple permet également d’introduire les différences
par un effet de site lithologique 1D très prononcé, lié à la nature entre les notions de substratum sismique et de substratum géo-
particulièrement molle des argiles constituant le bassin. technique.
Les enregistrements réalisés à différentes distances de l’épi-
centre jusqu’au bassin de Mexico (figure 4 [2]) permettent de 1.2.2.1 Instrumentation du site
quantifier l’évolution du mouvement sismique avec la distance :
Le site de Nagaoka-shisho est équipé (figures 5a et 5b) de trois
– station Campos : cette station est située très près de l’épi- stations des réseaux accélérométriques nationaux japonais K-Net
1
centre et a subi une accélération maximale de 150 cm/s2 ; et Kik-Net : deux accéléromètres S1 et S2 sont placés en surface à
– station Teacalco : cette station est située à plus de 200 km de quelques mètres de distance, dans les abris photographiés sur la
l’épicentre. L’accélération maximale enregistrée de 18 cm/s2 est figure 5a.
bien plus faible, en accord avec une décroissance d’amplitude due
à l’atténuation des ondes au cours de la propagation. Ils sont complétés à l’aplomb de la station S1 d’un troisième
appareil placé en forage (capteur P), dans le rocher, à une profon-
On observe ensuite au niveau du bassin de Mexico une aug- deur de 100 m par rapport à la surface. Une vue schématique en
mentation très forte de l’amplitude du mouvement sismique due à
coupe de l’instrumentation est présentée sur la figure 5c.
l’effet de site :
– station UNAM : cette station est située à plus 300 km de l’épi- Les accélérations enregistrées en 2007 pendant le séisme de
centre et a subi une accélération maximale de 35 cm/s2, supérieure Niigata-ken Chuetsu-Oki (M 6,8) ([3], [4]), par trois accéléromètres
à celle enregistrée à la station Teacalco ; (composantes Est-Ouest), sont données sur la figure 5d, qui pré-
– station SCT : cette station est située au centre de Mexico à sente également les vitesses et déplacements obtenus par simple
presque 400 km de l’épicentre. Elle a subi une accélération maxi- et double intégrations.
male de 170 cm/s2, du même ordre de grandeur que celle enregis- Plusieurs phénomènes sont mis en évidence :
trée près de l’épicentre.
– les accélérations enregistrées par les deux capteurs situés en
Ainsi, dans le bassin de Mexico, l’effet de site conduit à une surface sont extrêmement similaires, et les différences sont liées à
triple modification du mouvement sismique : la variabilité spatiale du mouvement entre les deux points de
– une augmentation de son amplitude ; mesure ;
– une modification de son contenu fréquentiel, avec des oscilla- – l’accélération mesurée en profondeur est bien inférieure en
tions régulières de période proche de 2 à 3 s beaucoup plus longue amplitude à celle mesurée en surface. En réalité, ces accélérations
que près de l’épicentre ; ne sont pas directement comparables en raison, particulièrement,
– une augmentation de sa durée. de la condition de surface libre présente uniquement pour les
enregistrements S1 et S2 ;
1.2.2 Amplification du mouvement sismique : – les vitesses calculées en surface et en profondeur suivent une
même évolution globale, mais avec des vitesses supérieures en
cas du site de Nagaoka-shisho (Japon)
surface ;
L’exemple du site de Nagaoka-shisho permet d’aborder l’effet – les déplacements calculés en surface et en profondeur suivent
de site sismique en examinant l’augmentation du déplacement la même évolution, mais avec des déplacements maximum supé-
horizontal dans la colonne de sol. rieurs en surface.
–170
SCT
170 PGA = 35 cm/s2
–170
UNAM
170 150 cm/s2 170 18 cm/s2
–170 –170
Campos Teacalco
Mexico
Épicentre ville
~ 400 km
Figure 4 – Effet de site à Mexico – Coupe schématique et enregistrements du séisme de 1985, de l’épicentre jusqu’au bassin de Mexico
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(S1 et S2)
(S2) 0 Surface
1
Surface
Mer du Japon
Profondeur (en m)
(S1) : Surface
(P) : 100 m JAPON
de profondeur
Légende :
500
(P)
Accélération
0
(en cm/s2)
(S1)
–500
(S2)
Légende :
50
(P)
Vitesse
0
(en cm/s) (S1)
–50
(S2)
20
Légende :
(P)
Déplacement 0
(en cm) (S1)
(S2)
–20
14 16 18 20 22 24 26 28
Temps [en s]
1.2.2.2 Déplacements horizontaux dans la colonne de sol Si l’on s’intéresse aux maxima de déplacement différentiel à
chaque profondeur de la colonne, en partant du bas de la colonne
La comparaison des déplacements du sol en surface et en pro- et en remontant :
fondeur permet d’apprécier directement (figure 5d ; figure 6a)
l’augmentation du mouvement sismique due à l’effet de site. – ce déplacement est nul en bas de la colonne tant que l’on est
dans le rocher sous le niveau du substratum sismique ;
La colonne de sol subit un déplacement horizontal d’ensemble – il augmente dans la formation superficielle lorsqu’on se rap-
imposé à sa base (P). En surface, le déplacement observé est la proche de la surface ;
somme du déplacement (P) et d’un déplacement relatif complé- – le déplacement atteint en surface dmax qui est le maximum du
mentaire dont l’amplitude augmente lorsque l’on se rapproche de déplacement différentiel (S)-(P).
la surface.
Dans le repère d’entraînement lié au bas de la colonne 1.2.2.3 Substratum sismique et géotechnique
(figure 6b), le déplacement est nul au bas de la colonne et égal au L’étude de l’effet de site nécessite une connaissance du bassin
déplacement différentiel (S)-(P) en surface. sédimentaire jusqu’au substratum sismique. Elle ne doit pas se
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20
0
(S1 et S2)
10
0
(S1) - (P) dmax
(S1 et S2)
0
dmax 1
0 0
–20 –10
14 16 18 20 22 24 26 28 14 16 18 20 22 24 26 28
Profondeur (en m)
Profondeur (en m)
20 1 Substratum
(P) sismique
0 0 100 –100
(P)
Déplacement relatif
–20 –1 maximal
14 16 18 20 22 24 26 28 14 16 18 20 22 24 26 28
Légendes :
Formations superficielles
Substratum rocheux
Substratum sismique
Substratum géotechnique
Bulbes de contraintes
Figure 7 – Schéma de principe présentant des ouvrages de différentes tailles dont l’échelle et le mode de fondation
permettent de définir la profondeur du substratum géotechnique
limiter à la seule zone superficielle d’intérêt pour la construction 1.2.3 Dé-amplification : cas du barrage
de l’ouvrage, c’est-à-dire jusqu’au substratum géotechnique. d’Aratozawa (Japon)
Dans les études, le substratum géotechnique est défini comme
Les observations faites lors de séismes mettent tout d’abord en
la surface en deçà de laquelle la déformation engendrée par
évidence l’importance de la lithologie des formations superficielles
l’ouvrage est faible à négligeable [C246]. La notion de substratum
et de leur géométrie sur l’amplification du mouvement sismique.
géotechnique est donc relative et elle dépend de l’ouvrage à
construire (figure 7). Elles montrent également qu’une compétition entre augmenta-
tion (amplification) et diminution (dé-amplification) du mouve-
Dans cet exemple, le substratum sismique est défini à l’interface ment sismique a toujours lieu.
entre le rocher et la formation superficielle meuble sus-jacente. Il est Le phénomène de dé-amplification augmente lorsque les sols sont
représenté sur la figure 6c à la profondeur de 95 m car le capteur (P) soumis à des séismes plus importants, et peut prendre le pas sur le
est placé à quelques mètres de profondeur dans le rocher. phénomène d’amplification observé lors de séismes plus faibles.
37
1
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1. Contexte cisaillement, dues aux forces motrices telles que le poids, excèdent
la résistance du sol le long de la surface de rupture. Les principaux
éléments morphologiques d’un glissement sont représentés sur la
figure 2. On observe des glissements de formes variées :
1.1 Différents types d’instabilités – glissements rotationnels, à surface de rupture à peu près cylin-
de pentes drique circulaire ;
– glissements plans, dont la surface de rupture est plane dans sa
Les mouvements qui affectent les versants sont extrêmement plus grande partie ;
variés par leur dimension, leur morphologie et leur évolution ciné- – glissements composites, avec une ou plusieurs surfaces de
1
matique. De nombreuses classifications ont été proposées, fondées rupture de forme complexe.
sur différents critères : morphologie, cinématique, nature des maté-
riaux, etc. [2]. Trois familles principales de phénomènes, à l’origine Les dimensions en plan d’un glissement vont du décamètre à quel-
de déplacements importants de matériaux sur les talus et versants, ques kilomètres ; la profondeur de la surface de rupture est comprise,
peuvent être distinguées : dans la plupart des cas, entre 5 et 10 m, mais elle peut atteindre quel-
– les glissements en terrain meuble, caractérisés par la formation ques dizaines de mètres ; les volumes en mouvement dans les glisse-
ments les plus considérables atteignent plusieurs dizaines de millions
d’une surface de rupture le long de laquelle se produisent les
de mètres cubes. Les terrains concernés sont en général à forte com-
déplacements ;
posante argileuse, mais on peut rencontrer des glissements dans des
– les éboulements en terrain rocheux, engendrés par le détache-
sols très sableux, ou dans du rocher altéré et fracturé.
ment rapide, en général le long de discontinuités préexistantes,
d’une masse de rocher qui se disloque lors de sa propagation vers Les glissements des versants naturels peuvent atteindre de gran-
le pied du versant ; des dimensions et entraı̂ner des conséquences graves : à La Salle-
– les coulées boueuses ou coulées de débris, assimilables à en-Beaumont (Isère) par exemple, le glissement survenu en 1994 a
l’écoulement d’un fluide visqueux charriant des éléments de tailles mobilisé plus d’un million de mètres cubes d’argiles glaciaires,
diverses (depuis les fines jusqu’aux blocs) sur des distances parfois causé la ruine de plusieurs maisons et fait quatre victimes [1].
importantes.
Le présent article se rapporte à la famille des glissements (figure 1). 1.2 Problèmes posés
Un glissement de terrain se produit lorsque les contraintes de
Le géotechnicien est consulté sur un problème de stabilité des
pentes dans diverses circonstances et avec plusieurs missions :
– versant naturel en mouvement (lent) : prévision d’évolution, stabi-
lisation (d’une partie ou de la totalité, provisoire ou définitive), adap-
tation d’un projet en conséquence, mise en place d’une surveillance ;
– glissement avec rupture consommée : stabilisation du site,
réparation de l’ouvrage endommagé ;
– création de remblais ou de déblais en terrain stable : dimen-
sionnement des talus, avec renforcement si nécessaire ; cas des
barrages en terre (stabilité des talus amont et aval) ; cas des rem-
blais sur sol mou (évaluation de la stabilité d’ensemble, définition
du mode de construction) ;
– travaux neufs (terrassements) dans un versant stable ou tout
juste stable : définition des précautions à prendre pour ne pas le
déstabiliser.
Les paragraphes qui suivent ont pour but de fournir à l’ingénieur
quelques éléments de réponse à ces divers problèmes.
2. Reconnaissance du site
2.1 Géologie et géomorphologie
Certaines formations géologiques sont réputées pour leurs ver-
sants fréquemment instables :
– les marnes noires du Lias en Lorraine, en Bourgogne ou dans
l’Aveyron ;
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C254
– les argiles du Gault en Normandie ; la résistance à court terme (non drainée) et la résistance à long
– les argiles quaternaires varvées du sud de Grenoble, etc. terme (drainée). La forte perméabilité des sols grenus permet un
drainage quasi instantané : la distinction entre court terme et long
La première étape d’une étude de stabilité des pentes est l’éta- terme est alors sans objet. Dans un calcul de type long terme, les
blissement de la structure géologique du site : nature des terrains contraintes à considérer sont les contraintes effectives (s ′ = s - u),
du substratum, épaisseur des formations superficielles, présence car ce sont celles qui gouvernent le comportement du squelette
de failles, etc. Il est important que l’étude géologique s’étende sur
solide du sol. Dans un calcul à court terme, il est plus simple de
une zone plus large que l’emplacement précis de la zone instable.
raisonner en contraintes totales dans toutes les couches de sols
fins.
1
Ceci permet par exemple de mettre en évidence que le glisse-
ment actuel n’est qu’une partie d’un glissement ancien, de recher- L’enveloppe de rupture des sols dans le plan de Mohr (s, t) est,
cher une alimentation en eau souterraine extérieure à la zone étu- en général, assimilée à une droite d’ordonnée à l’origine c (cohé-
diée, ou d’utiliser l’information apportée par l’analyse d’autres sion) et de pente tan f (frottement).
glissements du même type dans les environs.
2.3.1 Sols grenus et sols fins
Sur un site potentiellement instable, on recherchera des indices
de mouvements anciens ou actifs, tels que moutonnements de la Les sols grenus, s’ils sont propres et secs, ont une cohésion
pente, zones humides, arrachements superficiels, fissures dans les nulle.
constructions rigides, etc.
Pour les sols fins, deux types de caractéristiques sont couram-
Les principaux moyens d’investigation utilisés sont les suivants : ment utilisées :
– dépouillement d’archives, de dossiers d’études d’ouvrages, – caractéristiques drainées : cohésion effective c ′, angle de frotte-
enquête auprès des gestionnaires d’ouvrages ; ment interne f ′ ;
– levés morphologique et géologique de terrain : affleurements, – caractéristiques non drainées : cohésion non drainée cu ainsi
indices de mouvements, zones humides ; que l = Dcu/Ds (coefficient d’accroissement de la résistance non
– photo-interprétation (à plusieurs dates, si possible) : géologie, drainée avec la contrainte de confinement). L’enveloppe de rupture
géomorphologie, etc. ; en contraintes totales est une droite horizontale d’ordonnée à l’ori-
– géophysique, fournissant par exemple la profondeur du subs- gine cu et de pente tan fu = 0.
tratum en place (sismique-réfraction notamment) [C 224] ;
– sondages destructifs ou carottés, diagraphies [C 216]. Des valeurs typiques de cohésion et de frottement sont présen-
tées dans le tableau 1.
Ces investigations sont complétées par des techniques détermi-
nant la géométrie des versants. Le développement et la miniaturi-
sation des techniques de positionnement et de mesure permettent 2.3.2 Résistance de pic, résistance résiduelle
d’obtenir des Modèles numériques de terrain (MNT) des sites à par-
L’existence d’un pic marqué sur les courbes d’évolution de la
tir de drones à vol autonome.
résistance en fonction de la déformation ou du déplacement
dépend de l’état de compacité du sol au début du cisaillement :
2.2 Hydrogéologie on l’observe dans les argiles surconsolidées et les sables denses.
Après un grand déplacement, la résistance tend vers une valeur
Étant donné le rôle primordial que joue l’eau dans les instabilités dite « résiduelle », caractérisée par une cohésion quasi nulle et un
de versants (on estime qu’environ 55 % des glissements ont une angle de frottement affaibli, en raison de la réorientation des parti-
cause hydraulique), l’étude hydrogéologique est très importante. cules sur la surface de glissement (figure 4).
Elle a pour but de connaı̂tre la répartition des pressions interstitiel-
les dans le sol, leur évolution dans le temps et, en prévision de la Les caractéristiques de résistance à utiliser sont donc différentes
réalisation d’un drainage, le fonctionnement des nappes (sens des selon qu’il s’agit de glissements nouveaux (valeur de pic) ou de
écoulements, alimentation…). Les techniques utilisées sont : réactivations de glissements anciens (valeur résiduelle).
– la piézométrie ;
– le repérage des niveaux d’eau dans les puits ;
– les mesures de débits de sources ;
– le recueil des données météorologiques.
Le suivi de ces paramètres doit se faire pendant une année au
minimum, afin de disposer d’une image représentative des condi-
tions hydrogéologiques du site [15].
41
Référence Internet
C254
Vase organique 13 à 15 0 à 10 25 à 32 0 25 à 30 14 à 18
Limon 17 à 19 0 à 40 25 à 35 0 20 à 30 40 à 50
42
Référence Internet
C257
43
Référence Internet
C257
1
de référence), ainsi que par ses caractéristiques physiques (type et intensité du
phénomène).
Les « enjeux » désignent les personnes, biens, activités, moyens, patri-
moines, susceptibles d’être affectés par un phénomène naturel. La notion
d’enjeu est donc indépendante de celle d’aléa. En revanche, la « vulnérabilité »
est la mesure des dommages de toutes sortes (humains, matériels, etc.), qui
dépendent de l’intensité de l’aléa. La vulnérabilité introduit donc une notion
financière et sociétale.
Le « risque » est une mesure de la probabilité et de l’importance des dom-
mages provoqués par un événement d’origine naturelle ou anthropique
affectant des enjeux.
Le risque résulte donc du niveau de l’aléa, de la nature et de la vulnérabilité
des enjeux exposés. Ainsi, un aléa concernant une zone non aménagée ne pré-
sente aucun risque. Au contraire, un aléa faible, peu intense et/ou peu
probable, impactant une zone très vulnérable, peut engendrer un risque fort.
On conçoit donc deux pistes principales pour réduire le risque, soit :
– en agissant sur l’aléa (par exemple en limitant la probabilité de déclenche-
ment du phénomène : stratégie de protection active ou en limitant la
propagation ou les effets : stratégie de protection passive) ;
– en agissant sur les enjeux et en réduisant leur vulnérabilité (par exemple
en réglementant les aménagements en zones exposées : stratégie de la pré-
vention par la cartographie réglementaire).
Il est également possible de réduire la vulnérabilité par l’acculturation des
populations aux risques. Cela se traduit par la formation des scolaires (la sen-
sibilisation aux risques majeurs est aujourd’hui inscrite dans les programmes
pédagogiques du primaire au secondaire) jusqu’à l’information du citoyen
(mise à disposition de l’information sur Internet, communications par les col-
lectivités, information acquéreurs-locataires, etc.).
Dans les paragraphes suivants, nous nous attacherons à décrire les phéno-
mènes gravitaires. Pour chacun d’eux, nous présenterons les méthodes
d’analyse de l’aléa et du risque, puis les moyens de réduction des risques envi-
sageables en agissant sur l’aléa ou la vulnérabilité des enjeux.
44
Référence Internet
C257
Volume excavé ou
érodé Plan de glissement
a
1
Surcharge
45
Référence Internet
C257
Glissement
Chute libre
1 Basculement Rebond
Chute libre
Enjeu
a basculement b chute
1.1.1.3 Basculements
1.1.1.5 Écoulements
b fluage
Dans un écoulement, la déformation du terrain n’est pas localisée
sur une surface de glissement, mais diffuse comme dans un fluide
visqueux. Mais la masse en mouvement peut éventuellement se Figure 5 – Écoulements rapide et lent (fluage)
déplacer sur une surface basale comme un glissement. Elle peut
alors accélérer et s’écouler sur le versant en aval de la zone de
départ (on parle alors de « coulée boueuse »). Un glissement peut À l’exception de la chute (forcément très rapide), les autres
évoluer en écoulement de ce type si la masse se fluidifie (figure 5a). types de mouvement peuvent avoir des vitesses très variables, de
Les chutes de roche impliquant un grand nombre de blocs (forte quelques mm/an à plusieurs dizaines de km/h.
interaction entre les blocs) peuvent se comporter comme un écou- Signalons enfin que plusieurs mécanismes peuvent intervenir
lement fluide. On parle alors d’« avalanche rocheuse ». simultanément ou successivement dans un même mouvement.
Dans le cas où il n’existe pas une surface basale de disconti-
nuité de déplacement, l’écoulement, généralement très lent, est
qualifié de « fluage » (figure 5b). 1.1.2 Mouvements liés à des vides souterrains
Ces mouvements peuvent être liés à des cavités naturelles ou
1.1.1.6 Remarques complémentaires artificielles. Dans le second cas, ils ne constituent plus un risque
Pour mieux caractériser un mouvement, les mécanismes décrits strictement naturel ; mais comme la majorité des cavités artifi-
ci-dessus peuvent être complétés par : cielles ne sont pas connues, le risque qu’elles représentent est
– le type de matériau impliqué (roche ou sol) ; souvent traité comme un risque naturel.
– le type d’activité (mouvement potentiel, actif, suspendu, inactif, Nous ne parlerons ici que des mouvements de surface, et pas
stabilisé) ; de l’instabilité des cavités lorsque celle-ci n’affecte pas la
– la vitesse du mouvement. surface.
46
Référence Internet
C257
1
La caractérisation de l’aléa peut être effectuée à deux échelles
Effondrement différentes. On peut :
du toit des cavités
– chercher à identifier et délimiter les volumes de sol ou de
Cavités naturelles
ou artificielles
roche susceptibles de se mettre en mouvement (ou d’accélérer
s’ils le sont déjà) ;
– ou identifier des zones homogènes plus larges dans lesquelles
Figure 6 – Formation d’un fontis (Crédit Graphies/MEDD-DPPR) des mouvements, présentant des caractéristiques similaires,
risquent de se produire.
Dans le premier cas, on parle d’« aléas localisés », et dans le
second d’aléas diffus. La notion de probabilité d’occurrence ne se
1.1.2.1 Affaissements traduit pas de la même manière dans les deux cas.
Les affaissements sont des mouvements lents et progressifs ■ Pour un aléa localisé
dus au fléchissement des terrains, provoqués par l’exploitation
souterraine d’une couche à une profondeur suffisante pour que C’est la probabilité que le volume identifié se mette en mouve-
l’effondrement éventuel du toit de la couche ne se propage pas ment (probabilité de rupture ou de départ) ou qu’il atteigne un
brutalement jusqu’à la surface. Il se forme progressivement une enjeu (probabilité d’impact).
cuvette d’affaissement, dont les bords sont en pente douce, et qui
peut s’étendre sur plusieurs centaines de mètres.
On appelle « probabilité de propagation », la probabilité
Les exploitations profondes à l’origine des affaissements ont un (conditionnelle) que le volume atteigne l’enjeu, sachant qu’il
caractère industriel et sont généralement connues. Le problème s’est détaché de sa zone de départ.
du risque associé ne se pose alors pas de la même manière que
pour les risques naturels. Dans le cas simple où un seul volume menace l’enjeu, la
« probabilité d’impact » est le produit de la probabilité de
départ par la probabilité de propagation.
1.1.2.2 Effondrements
Les effondrements sont des mouvements plus brutaux, résul-
tant de la propagation jusqu’à la surface de l’instabilité d’une ■ Pour un aléa diffus
cavité souterraine naturelle ou artificielle (figure 6). Il se forme un On utilise plutôt la notion de fréquence temporelle, qui est le
« fontis » (ou « doline d’effondrement »), dont les bords sont nombre moyen d’évènements se produisant par unité de temps
beaucoup plus raides que ceux d’une cuvette d’affaissement. sur une certaine zone (ou celle de fréquence spatio-temporelle,
Les cavités souterraines naturelles peuvent être dues à la disso- qui est le nombre d’évènements par unité de temps et de surface
lution de la roche (cavités karstiques dans le calcaire ou le gypse), ou longueur de falaise).
ou au vide laissé par l’écoulement de la lave fluide sous une
croûte de lave durcie par le refroidissement en surface. Des cavi-
1.2.1 Détection et localisation des aléas
tés de taille plus modeste peuvent également être liées à l’entraî-
nement des grains d’un sol par une circulation d’eau souterraine Pour détecter les mouvements qui sont déjà actifs, on recherche
(phénomène de « suffosion »). des indices de mouvement, tels que :
Les effondrements liés à des cavités naturelles ont générale- – des fissures ouvertes ;
ment un diamètre inférieur à la centaine de mètres et leur profon- – des arbres penchés ;
deur peut être de plusieurs dizaines de mètres. – des bourrelets (qui se forment souvent en pied de glissement) ;
– des chutes de pierre fréquentes (qui peuvent indiquer un mou-
vement d’une masse plus importante).
1.2 Caractérisation de l’aléa On peut également utiliser des méthodes de télédétection
(satellitaires ou terrestres) pour détecter une déformation de la
Selon le JTC1 [1], la caractérisation de l’aléa doit comprendre :
surface du terrain ou le mouvement de certains points caractéris-
– sa localisation ; tiques.
– le volume concerné (ou la surface) ;
– le type de phénomène (avec la vitesse du mouvement Pour identifier des zones de mouvement potentiel, on recherche
potentiel) ; des situations typiques propices à chaque type de mouvement,
– sa probabilité d’occurrence dans une période donnée. par exemple :
Dans le contexte de l’aménagement du territoire (zonage à – parois rocheuses très raides pour les chutes de roche ;
l’échelle d’une commune par exemple), la période considérée est – sols argileux pour les glissements ;
souvent le siècle. Mais, lorsqu’un mouvement actif est identifié, le – roches solubles ou gisements exploités historiquement en sou-
délai pertinent à considérer peut être beaucoup plus court terrain pour les effondrements.
(quelques jours, voire quelques heures). Dans le cas d’un mouve- Cette recherche est basée sur l’expérience acquise collective-
ment lent identifié, la probabilité recherchée est alors celle qu’il se ment et individuellement par les géologues. Selon le niveau
transforme en un mouvement plus rapide représentant un nou- d’investigation, des zones d’aléa diffus (voir § 1.2.2) ou des aléas
veau risque. localisés (voir § 1.2.3) seront identifiés.
47
Référence Internet
C257
Le descripteur utilisé pour un aléa diffus est la fréquence spatio- 1.2.2.2 Évaluation de la susceptibilité
temporelle de rupture, déterminée par zone homogène et par
classe de phénomènes (types de mouvement et intensité). Pour Lorsque les données disponibles sont insuffisantes pour esti-
les chutes de roche, les petits glissements ou les effondrements, mer la fréquence spatio-temporelle des phénomènes, d’autres
1 c’est le nombre d’évènements par an et par km2 (ou par km). Le descripteurs peuvent être utilisés pour évaluer la susceptibilité à
tableau 1 donne quelques exemples de fréquences spatio-tempo- certains mouvements.
relles de mouvements de terrain déterminées à différentes Une première approche consiste à déterminer la densité spa-
échelles. tiale des évènements passés :
Lorsque ces mouvements peuvent se propager loin de la zone – densité de cicatrices sur une paroi rocheuse ;
de départ, il est nécessaire de déterminer leur distance de pro- – nombre de glissements par km2 ;
pagation afin de déterminer la fréquence d’impact sur des enjeux – ou pourcentage de surface affectée par des glissements.
(potentiels ou existants). Celle-ci s’exprime en nombre d’impacts Une approche plus poussée consiste à déterminer les facteurs
par unité de temps et par unité de longueur le long du versant de susceptibilité (géologiques, topographiques, hydrologiques,
(km de route par exemple). On peut aussi s’intéresser au nombre climatiques, …), dans le but d’identifier les zones les plus suscep-
d’impacts avec une énergie minimale. tibles. Ces facteurs peuvent être choisis en s’appuyant sur l’expé-
Deux méthodes peuvent être utilisées pour déterminer la dis- rience des géologues ou sur des méthodes statistiques associées
tance de propagation. à des systèmes d’information géographique (SIG). Cette approche
a donné lieu à des systèmes de notation de ces facteurs de sus-
■ Méthode de la ligne d’énergie ceptibilité [9].
Elle prend en compte globalement la perte d’énergie au cours
du mouvement (par frottement pour les glissements et par 1.2.3 Aléas localisés
rebonds successifs pour les chutes).
À l’échelle d’un volume identifié potentiellement instable (com-
À partir du point de départ d’un mouvement, la ligne d’énergie
partiment rocheux ou masse de sol), il n’existe pas de méthode
définit un cône, dont l’intersection avec la topographie donne les
quantitative éprouvée permettant d’évaluer la probabilité de rup-
points d’arrêt des blocs. Son inclinaison est appelée « angle de
ture en fonction du délai considéré.
propagation » (ou « angle d’énergie »). Il correspond à la perte
d’énergie par unité de distance horizontale. Dans le cas où un mouvement est déjà déclaré et suivi, il est
cependant possible dans certaines conditions de prédire une date
■ Méthode trajectographique à laquelle le compartiment risque de se propager dans la pente
Elle consiste à calculer la trajectoire de blocs ou d’une masse en sous-jacente (prédiction à court terme). Les méthodes de prédic-
mouvement à partir du principe fondamental de la dynamique. tion les plus utilisées reposent sur l’extrapolation du déplacement
mesuré [10] [11]. Des méthodes sismiques basées sur la détection
Elle nécessite de connaître, notamment, la topographie précise du
des microséismes ou la variation des fréquences de résonnance
versant et les paramètres de restitution d’énergie lors des
sont également expérimentées.
rebonds. Ces paramètres, comme l’angle d’énergie, sont le plus
souvent déterminés empiriquement à partir d’analyses en retour. Les méthodes d’analyse de la stabilité utilisées pour dimension-
ner les pentes (cf. [C254] et [11] [12]) permettent théoriquement
Compte tenu des incertitudes sur les différents paramètres, la d’évaluer l’état de stabilité actuelle d’une pente, mais pas de pré-
détermination des points d’arrêt est généralement effectuée de voir son évolution dans le temps, ce qui serait nécessaire pour
manière probabiliste. caractériser complètement l’aléa. En effet, dans le contexte du
dimensionnement (Eurocode 7), les incertitudes sont prises en
compte en adoptant des coefficients de sécurité partiels sur des
Notons que la fréquence d’impact peut être obtenue directe- « estimations prudentes » des différents paramètres et en choisis-
ment si un inventaire des impacts est disponible (par exemple
sant des modèles pessimistes, « du côté de la sécurité » (notam-
sur une voie de communication). ment sur la persistance des discontinuités), ce qui permet de
Chutes de roche (volume > 1 m3) Falaise de calcaire stratifié (0,13 km2) 100 [3]
Chutes de roche (volume > 1 m3) Falaise de gneiss massif (0,37 km2) 8 [3]
Grands glissements (dépôt > 1 km2) Alpes calcaires (105 km2) 10–7 [6]
Effondrements de carrières souterraines Massif de gypse de l’Hautil (10 km2) Jusqu’à 1 [2]
Effondrements naturels Karst gypseux en Turquie (70 km de gazoduc) < 10–6 [7]
48
Référence Internet
C255
Amélioration et renforcement
des sols
Traitements sans adjuvants 1
par Philippe LIAUSU
Ancien directeur général de Ménard, ancien professeur de géotechnique à l’ESTP
et Claude PLUMELLE
Professeur honoraire du Conservatoire national des arts et métiers
Note de l’éditeur
Cet article s’appuie sur le livre « AMSOL – amélioration et renforcement des sols », publié
en 2018 par les éditions « Le Moniteur ». Les deux auteurs de cet article sont co-auteurs
d’AMSOL, avec Laurent Briançon et Bruno Simon.
et article est le premier d’une série de trois articles qui vont présenter
C un panorama complet des techniques d’amélioration et de renforce-
ment des sols.
En effet, entre les solutions classiques de fondations superficielles, adaptées
aux bons sols, et de fondations profondes, permettant de reporter les charges
aux horizons porteurs en cas de mauvais sols superficiels, s’est développé un
vaste champ de techniques visant à traiter en place les couches de sols
impropres pour pouvoir y fonder ensuite l’ouvrage projeté.
Ce sujet a fait l’objet d’un livre exhaustif « Amsol – amélioration et renforce-
ment des sols », publié en 2018 par les éditions « Le Moniteur ». Les deux
auteurs de cet article sont co-auteurs d’AMSOL, avec Laurent Briançon et
Bruno Simon.
Les trois articles qui vont suivre s’appuient sur le livre AMSOL auquel il
pourra être utile de se référer pour plus de détails et d’exemples d’applications
de ces techniques.
Parution : novembre 2022
49
Référence Internet
C255
1. Investigations géotechniques illustration en est donnée dans le domaine des techniques d’injec-
tion (figure 1).
nécessaires à la conception L’importance de la reconnaissance dépend du type de tech-
nique d’amélioration, de la nature des sols en place, et également
et à la réalisation des exigences du maître d’ouvrage et du maître d’œuvre (en
des techniques matière de limitations des déplacements, de temps, de coût…).
Le but de ce chapitre est de rappeler l’organisation des investiga-
d’amélioration des sols tions géotechniques suivant la norme NF P 94-500 et les différentes
études, reconnaissances, sondages, essais, nécessaires à l’élabora-
tion d’un projet d’amélioration des sols. Il ne sera donc détaillé ni la
Des investigations géotechniques de qualité sont nécessaires au norme, ni les études, sondages, essais … mais on pourra trouver tous
meilleur choix de la technique d’amélioration des sols. Une bonne les développements nécessaires, par exemple dans [1] et [2].
Passant (% du poids)
Argile Cailloux
Limon Sable Gravier
100
80
60
40
20
0 Granulométrie
0 0,002 0,006 0,02 0,06 0,2 0,6 2 6 20 60 (mm)
50
Référence Internet
C255
51
Référence Internet
C255
1
Caisse à carottes
Profondeur (m)
Niveau d’eau
Taux
Échantillons
de récup.
Altitude
Tubage
Outils
(%)
DESCRIPTION LITHOLOGIQUE
0 50 100
SABLE moyen GRIS noirâtre, à graves
Poinçonneur Ø
0.20 2.57
et racines
114 mm
SABLE moyen BEIGE grisâtre, à graviers,
EI
galets et racines.
Quelques traves noires de matières
organiques
1.00 1.77 1.00
1.15 1.62 SABLE moyen BRUN avec petits galets
SABLE moyen à grossier GRIS beige
à graviers et galets
1.50 1.27 EI
SABLE GRIS à gravillons, galets et traces
noirâtres
2.00 0.77 2.00
SABLE BRUN moyen à grossier
2.30 0.47 à graviers et galets
EI
SABLE GRIS à traces noirâtres (matières
organiques), à graviers et galets
Tubage, 140 mm
4.15 − 1.38 GRAVIERS et galets dans une argile
4.25 − 1.48
Poinçonneur Ø 100 mm
4.32 − 1.55 brune vasarde
4.40 − 1.63 ARGILE BRUNE vasarde, à traces noires
EI
de tourbe
TOURBE NOIRE et un peu d’argile
Mélange d’ARGILE BRUNE et TOURBE
5.00 − 2.23 5.00
ARGILE BRUN foncé à passées noirâtres
ARGILE vasarde BRUN foncé, noirâtre
à petits graviers
5.48 − 2.71
EI
TOURBE NOIRE
6.00 − 3.23 6.00
ARGILE GRISE
7.83 − 5.06
8.00 − 5.23 TOURBE NOIRE 8.00
8.10 − 5.33 ARGILE GRISE, vasarde et tourde noire
52
Référence Internet
C255
NF P 94-110-1
Sondes ou
Prof
Outils
R R
1
1 R R 0,24 0,30 2,9
R R
Remblai sablo-graveleux R R 9,7
2 R R
R R 0,20 0,28 3,1 11,1
2,9 00,30
3
14
0,69 1,00 8,4 8,4
15
28 4,58 56,0
< 12,2
29 Marno-calcaire
4,64 74,2 16,0
30
31 31 − 27,80
Figure 3 – Coupe lithologique indicative à partir des remontées de cutines et des essais pressiométriques
■ Les pénétromètres statiques et dynamiques peuvent être logiques des sols mous (argile, vase, sol organique, tourbe) qui
utilisés qualitativement pour déterminer, par exemple, la posi- peuvent compléter les sondages carottés.
tion du substratum dans les zones alluviales. Ils peuvent
Pour les CPT et CPTU, les abaques de Robertson, entre autres,
présenter l’inconvénient de connaître un refus sur des blocs ou
permettent une classification précise à partir des résultats des
des zones de terrain très compact avant d’avoir atteint la pro-
essais dans les différentes couches de sol.
fondeur de reconnaissance nécessaire au dimensionnement de
l’ouvrage. Les derniers développements des pénétromètres statiques à
pointes électriques permettent de présenter directement une
■ Le pénétromètre statique CPT et le piézocône CPTU à pointe coupe lithologique indicative. La figure 4 a été établie d’après
électrique sont des outils très performants pour les sondages géo- l’abaque normalisé de Robertson (1990).
53
Référence Internet
C255
1
3 3 3 3 3
Sable et sable limoneux
4 4 4 4 4 Argile et argile limoneuse
Sols fins sensibles
5 5 5 5 5
Argile
6 6 6 6 6 Argile
Argile
7 7 7 7 7 Argile et argile limoneuse
8 8 8 8 8
9 9 9 9 9 Argile
10 10 10 10 10
11 11 11 11 11 Argile et argile limoneuse
12 12 12 12 12
Profondeur (m)
Profondeur (m)
Profondeur (m)
Profondeur (m)
Profondeur (m)
13 13 13 13 13
14 14 14 14 14
15 15 15 15 15 Argile
16 16 16 16 16
17 17 17 17 17
18 18 18 18 18
19 19 19 19 19
Argile et argile limoneuse
20 20 20 20 20 Argile
Argile et argile limoneuse
21 21 21 21 21 Argile
Argile
22 22 22 22 22
Argile et argile limoneuse
23 23 23 23 23
Argile
24 24 24 24 24 Argile et argile limoneuse
Sable limoneux et limon sableux
25 25 25 25 25 Argile et argile limoneuse
Argile et argile limoneuse
26 26 26 26 26 Sable
27 27 27 27 27 Sable
Argile et argile limoneuse
28 28 28 28 28
Sable et sable limoneux
SBTn légende
1. Sols fins argileux, limons sensibles 4. Limons argileux à argiles limoneuses 7. Sables à sables graveleux
2. Sols organiques et tourbes 5. Sables limoneux à limons sableux 8. Sables cimentés ou dilatants
3. Argiles à argiles limoneuses 6. Sables propres à sables limoneux 9. Sols fins intermédiaires très raides
Figure 4 – Exemple de dépouillement de CPTU à partir des abaques normalisés de Robertson 1990
Ils déterminent les caractéristiques physiques et mécaniques e0 : indice de vides initial ;
des sols. Les caractéristiques physiques permettent de classer les : contrainte effective initiale ;
sols, il ne faut jamais négliger leur importance puisque les para-
mètres mécaniques en dépendent. Il est important de mesurer les : contrainte de préconsolidation ou limite élastique actuelle ;
ρs des vases, des sols organiques et des tourbes qui sont infé- Cc : indice de compression ;
rieurs à très inférieurs aux ρs des sols entièrement minéraux.
A contrario, les sols ferralitiques comme les latérites très répan- Cs : indice de décompression-recompression ;
dus dans le monde ont des ρs qui peuvent être très supérieurs à Cαe : indice de fluage.
2,7 Mg/m3.
On utilisera souvent des corrélations entre paramètres de sols
(figure 5). Ces corrélations établies, généralement localement, ne
■ Caractéristiques de consolidation et de fluage sont que des valeurs repères et ne dispensent en aucun cas de
l’obligation de procéder à tous les essais nécessaires à la bonne
On portera une attention particulière à la détermination précise
conception d’un projet sur un site précis.
et fiable des caractéristiques de consolidation et de fluage des
sols fins tout spécialement pour les techniques de préchargement Parmi ces paramètres la détermination de est délicate, et
et d’inclusions rigides. c’est d’autant plus problématique que la valeur de la contrainte de
54
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C255
CC CS
4,5
1
CC
y = 0,0108 x
3,5
R2 = 0,98
2,5
1,5
1 y = 0,0012 x
CS R2 = 0,91
0,5
0 Teneur en eau
0 50 100 150 200 250 300 350 400 W (%)
Figure 5 – Corrélations pour les argiles de Bordeaux Cc et Cs = f (w) (Crédit Marache et al., 2009)
55
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C255
contraintes apportées par les futurs ouvrages (remblais, réservoir, Cette norme repose sur les paramètres de nature, granularité,
surcharges sur dallage...). Ces essais seront réalisés soit dans le argilosité (Ip et/ou VBS), et les paramètres d’état wn / wOPN, IC, IPI
domaine surconsolidé, soit dans le domaine normalement conso- (indice portant immédiat).
lidé. En ce qui concerne les techniques d’amélioration des sols, on
se situera pratiquement toujours dans le domaine normalement
consolidé (figure 6).
t (kPa)
Pour les sols cisaillés dans le domaine normalement consolidé, 40
1
Domaine Domaine normalement
la cohésion effective est proche de zéro. Pour les sols cisaillés surconsolidé consolidé
dans le domaine surconsolidé, les chemins de contrainte abou- (c´ ≈ 0, φ´ ≈ 30°)
tissent sur la surface de charge (de forme elliptique) et ne sont 30
pas alignés. La courbe sera toutefois généralement linéarisée pour θ ≈ 27°
calculer et (figure 6).
20
Passant à 80 μm (%)
12 25 40
100 Ip
A1 A2 A3 A4
35
Sols
B5 B6 Passant à 2 mm (%)
Dmax ≤ 50 mm
12 100
D1 B1 B2
70
D2 B3 B4
0
0 VBS
0 0,1 0,2 1,5 2,5 6 8
Passant à 80 μm (%)
Sols C1 ou C2
Dmax > 50 mm C1 : matériaux roulés et matériaux anguleux
peu charpentés (0/50 > 60 à 80 %)
C2 : matériaux anguleux très charpentés
12 (0/50 ≤ 60 à 80 %)
D3
VBS
0 0,1
56
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C255
1.3.2 Classification géotechnique les caractéristiques mécaniques : le pilonnage proprement dit est
des sols LPC (Ifsttar) associé à un contrôle géotechnique particulièrement intensif de
manière à atteindre le plus rationnellement possible le but recherché.
Elle a été adaptée de la classification américaine, Unified Soil
Les impacts génèrent des ondes de vibrations qui se propagent
Classification System (USCS), aux pratiques et notations fran-
dans le volume de sol, ainsi qu’à la surface de celui-ci comme le
çaises, par le laboratoire central des Ponts et Chaussées (LCPC),
montre la figure 8.
aujourd’hui Institut français des sciences et technologies des
transports, de l’aménagement et des réseaux (Ifsttar). La classifi- Dans un milieu non saturé, les ondes de cisaillement déplacent les
1
cation complète élaborée par le LCPC est très utile pour particules de sol en les réarrangeant dans un état plus compact. Pour
l’ensemble des techniques d’amélioration des sols, elle est univer- des sols saturés, il se produit une augmentation rapide de la pression
selle et très importante pour tous les ouvrages réalisés à l’export. interstitielle qui est suivie, si le sol n’est pas trop fin, d’une dissipation
Elle classe de façon très détaillée [1] les sols grenus (grave, rapide de ces surpressions et du réarrangement des particules de sol.
sable), les sols fins (limon, argile) et les sols organiques en parti- Ce réarrangement des particules de sols se manifeste par un
culier les tourbes. tassement directement visible sous l’impact. Il en résulte un meil-
leur contact entre les grains et donc une amélioration des caracté-
ristiques mécaniques du sol compacté.
2. Traitement des sols 2.1.1.2 Matériel utilisé et mise en œuvre
pulvérulents Comme on peut le voir sur la figure 9, l’énergie d’impact est délivrée
par la chute répétée d’une lourde masse lâchée depuis une hauteur
importante (10 à 25 m). Ces masses sont le plus souvent constituées de
2.1 Compactage et substitution plaques de métal boulonnées et pèsent généralement entre 10 et
dynamiques 25 tonnes, exceptionnellement plus pour des applications particulières.
2.1.1 Présentation de la technique Les machines de levage couramment utilisées pour le compac-
du compactage dynamique tage dynamique sont des grosses grues sur chenilles de 75 à 150 t
équipées d’une flèche d’une trentaine de mètres de longueur ; ces
2.1.1.1 Principe grues sont souvent modifiées et renforcées pour cette tâche qui
Le principe de base du compactage dynamique consiste à trans- sollicite beaucoup plus le matériel qu’un levage classique.
mettre des impacts de forte énergie à la surface d'un sol initialement Le cycle habituel d’une chute de masse (levage + chute) prend
compressible et de faible portance, afin d'en améliorer en profondeur généralement moins d’une minute si celle-ci reste accrochée.
Composante
+ horizontale
−
Composante
verticale
− + + − Amplitude
relative
+ Ondes de cisaillement S +
Ondes de compression P
57
1
58
Comportement d’ouvrages géotechniques sous
sollicitations complexes
(Réf. Internet 42706)
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59
2
60
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C302
Comportement mécanique
des sols non saturés
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© Techniques de l’Ingénieur, traité Construction C 302 − 1
61
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C302
techniques d’essais, dérivées des appareils utilisés pour les études classiques
de comportement des sols (articles [C 214] « Compressibilité. Consolidation.
Tassement » et [C 216] « Résistance au cisaillement »), sont traitées dans la pre-
mière partie de cet article. Les caractéristiques principales du comportement
des sols non saturés (aspects volumiques et résistance au cisaillement) sont
ensuite décrites à la lumière des résultats des essais, après une analyse du
cadre d’interprétation des résultats (contraintes effectives ou variables indé-
pendantes). La troisième partie présente la formulation analytique de lois de
comportement adaptées aux connaissances actuelles sur le comportement des
sols non saturés.
2
Notations et symboles Notations et symboles
Se reporter également aux définitions des dix paramètres du modèle de Se reporter également aux définitions des dix paramètres du modèle de
Barcelone (§ 3.4) Barcelone (§ 3.4)
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62
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C302
1. Techniques
et méthodes d’essai
Manomètre
(pression d'air ua )
1.1 Généralités Huile
Eau
Deux techniques de contrôle de la succion ont été présentées
dans l’article [C 301] L’eau dans les sols non saturés :
— dans la technique de « translation d’axes » ([C 301] § 2.3), on
2
applique une pression d’air contrôlée au sein de l’échantillon, dont Mercure
on maintient la pression d’eau nulle ; Disque en Cylindre en
— dans la technique osmotique ([C 301] § 2.4), on utilise une fibre de verre plexiglass
membrane semi-perméable et une solution de molécules de grandes
dimensions incapables de traverser cette membrane. Éprouvette triaxiale
Disque
Ces deux techniques ont été appliquées aux divers types céramique Tuyau d'air
d’essais de laboratoire de mécanique des sols.
Nota : on mentionne pour mémoire la technique de contrôle de fortes succions par
phase vapeur ([C 301] § 2.5), qui a fait également l’objet d’adaptation à l’œdomètre [107] et Pression d'eau uw
au triaxial [69].
La figure 1 montre un des premiers appareils de mécanique des ment cohérente avec la diminution du volume de l’échantillon ; on
sols à succion contrôlée, qui est la cellule triaxiale mise au point note également, dès l’application de la charge, une chute de suc-
par Bishop et Donald [67], basée sur la technique de translation cion. Le degré de saturation a une évolution compatible avec les
d’axes. variations volumiques.
L’éprouvette repose sur un disque céramique à haute pression Ce système triaxial, qui s’adapte assez facilement sur une cellule
d’entrée d’air et la succion est imposée en appliquant en haut de classique, a été utilisé par différents auteurs [93] [96] [101] [114]
l’échantillon une surpression d’air ua . Par l’intermédiaire de ce [90], avec diverses variantes pour les mesures de volume. Le prin-
disque, l’eau de l’échantillon est maintenue à la pression atmo- cipe du contrôle de succion par surpression d’air impose, lors de
sphérique et on a uw = 0. Comme les membranes en latex usuelles l’application de la succion, d’augmenter simultanément et d’une
ne sont pas à long terme étanches à l’air, un dispositif permet valeur égale la contrainte de confinement, afin de se trouver dans
d’immerger l’échantillon dans un bain de mercure, qui sert une condition de contrainte nette (σ3 – ua ) constante. Il s’ensuit
également pour la mesure des variations de volume, par suivi du que l’on se retrouve limité en termes de succion maximale par la
déplacement d’une bille flottante par un cathétomètre ; cette contrainte de confinement maximale disponible, qui est souvent de
mesure de volume n’est en effet pas possible par le biais des l’ordre de 2 MPa. Ainsi, la plupart des essais à succion contrôlée
échanges d’eau interstitielle, puisque le sol n’est pas saturé. Le disponibles correspondent à des succions de quelques centaines
suivi en parallèle des volumes d’eau et d’air échangés est délicat de kilopascals.
car, d’une part, les volumes d’eau sont faibles et, d’autre part, l’air Des cellules de compression isotrope à succion contrôlée par
est compressible et son volume sensible aux variations de tempé- surpression d’air, analogues dans le principe au système triaxial
rature. décrit ici, ont été utilisées par Matyas et Radhakhrisna [104] et Fre-
Les possibilités d’un tel appareil sont larges, puisque l’on peut, dlund et Morgenstern [85]. Parallèlement aux cellules triaxiales à
en plus des essais à succion contrôlée, réaliser des essais à teneur succion contrôlées, des cellules avec mesure de succion lors du
en eau constante, en ajustant la pression d’eau pour qu’il n’y ait cisaillement ont été développées, basées sur l’emploi d’un
pas d’échange d’eau au cours de l’essai. La figure 2 montre un tel psychromètre [23] [55] [60] [127], ou d’un tensiomètre [103].
essai réalisé sur un limon lâche à un taux de cisaillement de
2,15 µm/min ; cet essai permet en particulier de connaître les varia-
tions de la succion s au cours du cisaillement : 1.2.2 Œdomètre
s = ua – u w La méthode de translation d’axes a été adaptée assez tôt sur des
œdomètres pour l’étude du gonflement à succion contrôlée [80] et
On observe une allure classique de la courbe efforts-déforma- pour les premiers travaux sur les effets de la succion sur les
tions, avec une rupture autour de 10 %. Les variations de volume propriétés de changement de volume des sols non saturés [64]. La
mettent en évidence une contractance (diminution de volume) nécessité d’appliquer une contre-pression d’air à l’éprouvette fait
avant rupture, normale pour un sol lâche. Il est intéressant de que les cellules œdométriques classiques ne sont pas adaptées et
remarquer le couplage entre les variations de succion et ces deux il est nécessaire d’inclure l’anneau œdométrique dans une cham-
grandeurs : la phase contractante avant rupture se traduit par une bre supportant les pressions d’air. La figure 3 montre la cellule
baisse de la succion depuis une valeur initiale s = 69 kPa, jusqu’à développée par Escario et Saez [119]. L’application de la contrainte
un palier de stabilisation à 32 kPa, atteint à la rupture, pour un se fait à l’aide d’un piston, ce qui exige des précautions parti-
déviateur maximal de 108 kPa. Une telle diminution est qualitative- culières au niveau de l’étanchéité entre la tige du piston et la cel-
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C302
100
50
Pression Pression
2
d'air ua d'air ua
0
0 4 8 12 16 20
ε1 (%)
0
s = (ua – uw ) (kPa)
+4
εv (%)
0
1.2.3 Boîte de cisaillement
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64
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C302
50 mm
Section A-A
2
10 mm
Pression d'air ua
Graisse
Roulement à billes d'étanchéité
10 mm
A A
Sol
Pression
d'eau uw
du tamis, entre le métal de la cellule et la membrane, par un sys- cependant pas satisfaisant dans la mesure où il ne permet pas
tème de burettes. Une solution d’une concentration supérieure à d’appliquer une condition de contrainte homogène, car il n’est pas
celle qui serait en équilibre avec la succion initiale du sol a ten- possible d’appliquer l’intégralité de la contrainte de confinement
dance à aspirer l’eau de l’échantillon au travers de la membrane et au travers d’une membrane semi-perméable.
à le sécher.
Une adaptation plus simple au triaxial (figure 6) a été réalisée
L’adjonction d’un circuit fermé activé par une pompe péristal- par Delage et al. [75] et Cui et Delage [72]. L’échantillon de sol est
tique contenant la solution, la cellule osmotique et un réservoir de mis en contact en haut et en bas avec la membrane semi-perméa-
volume suffisamment important pour maintenir une concentration ble par le biais d’embases concentriques rainurées assurant la cir-
constante malgré les échanges avec le sol, a été proposée par culation de la solution de PEG. Un tamis fin est placé entre la
Delage et al. [76] ; le tube capillaire placé sur le réservoir obturé membrane semi-perméable et les rainures, afin de protéger la
permet de suivre les variations d’eau échangée et de garantir que membrane. Un orifice d’air est usiné sur l’embase inférieure afin
l’état d’équilibre est bien atteint, ce qui se produit au bout de 1 à d’assurer la pression atmosphérique dans le sol. Les variations de
3 jours, selon l’ampleur de l’incrément de succion appliqué, pour volume sont suivies à l’aide d’un système similaire à celui de
une épaisseur d’échantillon de 10 mm. Ce système requiert des Bishop et Donald [67] (figure 2), dans lequel le mercure est rem-
conduits et un réservoir thermostatés, pour que la mesure ne soit placé par de l’eau colorée recouverte d’une mince couche d’huile,
pas affectée par la dilatation thermique de la solution. Dineen et le confinement dans la cellule se faisant à l’air. La variation de
Burland [77] ont retenu le même principe, avec un contrôle des volume est mesurée de façon optique en suivant le déplacement
échanges d’eau par pesée continue du flacon de solution. du niveau de l’interface eau-huile à l’aide d’un cathétomètre.
La cellule triaxiale osmotique présente l’avantage de contrôler la
1.3.2 Appareil triaxial succion par les deux côtés, donc d’avoir une longueur de drainage
égale à la moitié de la hauteur de l’échantillon, ce qui est favorable
La première application du principe osmotique au triaxial a été à l’homogénéisation de la succion au cours du cisaillement. De
réalisée par Komornik et al. [99] pour l’étude du gonflement des plus, la méthode osmotique permet d’atteindre sans problème par-
sols, avec une éprouvette cylindrique creuse, la solution étant mise ticulier des valeurs de succion plus fortes (12 MPa) que la méthode
en circulation sous une pression égale à la pression de de surpression d’air, qui pose des problèmes de sécurité à fortes
confinement dans le vide cylindrique central. Ce système n’est pressions.
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2
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C303
et
(CERMES)
Pierre DELAGE 2
Professeur à l’École nationale des ponts et chaussées (ENPC)
Directeur de recherche au Centre d’enseignement et de recherche en mécanique des sols
(CERMES)
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C303
a mécanique des sols non saturés (cf. articles C 301 « L’eau dans les sols
L non saturés » et C 302 « Comportement mécanique des sols non saturés »)
trouve son champ d’application dans beaucoup d’ouvrages géotechniques. À
côté des ouvrages en terre construits en sol compacté (remblais routiers,
barrages en remblai, digues), on sait que la stabilité des talus est souvent
conditionnée par l’état de non-saturation du massif. Les fondations
superficielles peuvent être affectées, comme le montre le cas extrême des
dégâts causés aux bâtiments par les effets de la sécheresse. Les excavations
en zone urbaine et les ouvrages de soutènements peuvent aussi être concernés.
Enfin, la géotechnique environnementale a recours à l’utilisation de matériaux
compactés pour l’isolation des déchets de tous ordres. L’interface entre la terre
2 et l’atmosphère est le plus souvent constituée d’une couche de sol non saturé
souvent soumise, dans les zones d’activité, aux infiltrations de polluants qui
posent des problèmes lors de la reconversion des friches industrielles.
Par rapport aux sols saturés, les sols non saturés ont des propriétés de
déformabilité et de rupture changeantes avec la teneur en eau. Il en résulte des
couplages complexes entre les mouvements d’eau, la redistribution des
contraintes internes et la réponse des massifs en termes de déformations. À état
de contrainte constant, il peut y avoir des réponses différées dans le temps qui
peuvent parfois paraître inattendues. Ces aspects sont décrits dans la première
partie de cet article, consacrée aux ouvrages en sol compacté. La seconde partie
concerne les effets de la non-saturation sur la stabilité des pentes et la troisième
replace le problème des effets de la sécheresse sur les constructions dans le
cadre des échanges sol-atmosphère. L’article se termine avec la description de
deux études de cas concernant l’affaissement d’une culée de pont et l’effondra-
bilité des lœss de Picardie.
1.1 Courbe de compactage Figure 1 – Courbe Proctor d’un sol fin (limon de Jossigny)
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68
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C303
E4 ρsVs
0 Air e–w
ρw
M = ρsVs (1 + w )
w ρsVs
ρsVs
V = (1 + e) Vs
E3 Eau w
ρw
Texture
homogène
al
E2 o rm
2
Ms = ρsVs Solide Vs
rn
c to
P ro
E1 Texture agrégée
Teneur en eau Figure 3 – Schématisation d’un sol non saturé par séparation
E1 des phases liquide, solide et gazeuse
Énergie de compactage
E2
À l’état saturé, on a :
w ρs
E3 e = -------------
-
ρw
E4
ce qui permet de retrouver l’équation de l’hyperbole caractéris-
tique des sols non saturés sur le diagramme Proctor (ρd /w ), qui
limite la partie descendante de la courbe Proctor, du côté humide
de l’optimum (figure 1) :
ρs
ρ d = ----------------------
-
Figure 2 – Évolution de la structure d’une argile compactée w ρs
1 + ------------ -
en fonction de la teneur en eau et de l’énergie de compactage [21] ρw
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69
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C303
σ1 – σ3 (kPa)
Poids volumique sec γd (kN/m3)
σ3 = 100 kPa
Hy
ua – uw
pe
rb
80
90
70
800 kPa
60 800
40
120
30
20
50
ol
e
16,5
de
– 92,3 – 81,3 – 58
sa
400 kPa
tu
600
ra
io 200 kPa
t
n
16
400 100 kPa
– 93,7 – 79,5 – 59,2 – 43,5 – 26,6 – 5,7
50 kPa
2 15,5
Courbes d'isovaleurs de succion
200
0
15 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
– 95,2 – 81,3 – 61,9 – 44,4 – 29,2 – 15,7 Déformation (%)
a courbes efforts-déformation
14,5
14 16 18 20 22 24 26
19
γd (kN/m3)
Teneur en eau w (%) wsat
800 kPa
100 kPa 50 kPa
Figure 4 – Isovaleurs de succion d’un sol compacté [50]
18
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70
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C303
6
600 kPa
8
2
en fin de construction [56]
12
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71
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C303
180 Amont
170
Argile
160
150
140 Paroi moulée
a projet initial
2
dans un barrage en remblai [56]
190
Altitude (m)
Surfaces de
180 glissement On a vu que des zones plus humides au sein d’un massif
170 compacté correspondent à un matériau plus déformable et moins
résistant, et peuvent être favorables à l’apparition d’instabilités.
160 Afin d’étayer ce type d’analyse, une modélisation de la construc-
tion d’un barrage à l’aide d’un code de calcul spécialement déve-
150
loppé pour cela (code U-Dam [40] [56]) a été conduite. Les
140 hypothèses du calcul ont été reprises d’une approche proposée par
Alonso et al. [8] : les aspects déviatoriques sont pris en compte par
b rupture (1982) un modèle élastique non linéaire hyperbolique de Kondner-
Duncan [31] paramétré par la succion en se basant sur les résultats
de la figure 5b : une diminution de succion engendre une réduc-
Figure 9 – Rupture du barrage de Mirgenbach [56] tion du module et de la résistance au cisaillement maximale. Le
comportement volumique est basé sur l’approche en surfaces
d’état, avec une expression compatible avec la formulation hyper-
général pas induire de fortes variations de volume. Comme on le bolique évoquée dans l’article [C 302] Comportement mécanique
verra dans le paragraphe 1.5, ce n’est pas le cas dans les matériaux des sols non saturés. Les transferts d’air et d’eau sont régis par les
compactés plastiques susceptibles de gonfler. équations décrites dans l’article [C 301]. Ces hypothèses de
comportement sont compatibles avec la situation de construction
Cette redistribution d’eau va dans le sens du ramollissement des d’un barrage, dans la mesure où le chargement est monotone, ce
couches supérieures, qui engendre à son tour des déformations qui est favorable à l’adoption d’un modèle hyperbolique, et où les
volumiques et déviatoriques qui affectent la perméabilité et les degrés de saturation sont croissants, ce que nécessite l’approche
transferts d’eau, les propriétés mécaniques, etc. On a donc une en surface d’état.
interaction permanente entre les transferts d’eau et la réponse
mécanique du matériau, typique du fort couplage hydromécanique La figure 10 montre un résultat obtenu avec ce type de calcul, où
qui caractérise le comportement des ouvrages en terre. l’on représente les cartes d’isovaleurs d’un coefficient de sécurité
local F en fin de construction. Ce coefficient est défini par :
( σ 1 – σ 3 ) max
F = ----------------------------------
1.4 Barrages en terre ( σ1 – σ3 )
Pour des raisons évidentes de sécurité, les barrages en terre, qui avec (σ1 – σ3 ) la valeur locale du déviateur au point considéré,
sont réalisés en compactant les sols au voisinage de l’optimum (σ1 – σ3 )max la valeur maximale admissible, pour la succion
Proctor normal, sont l’objet d’un contrôle de compactage (teneur considérée.
en eau et densité) très méticuleux au cours de la construction [87]. Cette valeur est définie par l’asymptote du modèle hyperbolique
Un tel contrôle n’est pas envisageable en terrassements routiers, qui correspond au déviateur maximal atteint sous la contrainte de
vu les longueurs importantes considérées et la nécessité pour les confinement considérée.
entreprises de respecter des coûts et des délais très stricts. Pour
les mêmes raisons, le comportement du barrage en service (mise On observe sur la figure 10 que la zone où les valeurs de F sont
en eau, variations du niveau de retenue, vidange rapide) fait l’objet maximales est d’allure circulaire, et comparable à celles observées
d’auscultations précises et continues, en termes de déformations sur le barrage de Mirgenbach.
et de mesure de pressions interstitielles. La mise en eau d’un bar- Un calcul couplé de ce type intègre l’ensemble des couplages
rage et l’infiltration qui en résulte au sein du massif compacté hydromécaniques intervenant dans le massif et décrits dans le
représentent une sollicitation couplée très complexe, puisqu’au paragraphe 1.3. La résolution numérique de ces problèmes
moment même où l’ouvrage est chargé par la retenue, qui hautement non linéaires est délicate, mais les nombreuses
engendre un champ de contraintes déviatoriques importantes, les recherches menées récemment sur les couplages dans les sols ont
propriétés du matériau se dégradent du fait de la diminution de la permis de progresser et de mettre au point des techniques de
succion. résolution relativement fiables et raisonnablement convergentes.
L’attention des constructeurs de barrages en terre homogènes, La figure 11 montre les résultats obtenus en termes de pres-
vis-à-vis du risque lié à l’apparition de surpressions interstitielles sions interstitielles sur le barrage de La Ganne [20] [49]. On
lors de l’édification, a été renforcée en raison de la rupture du bar- observe que le calcul rend compte correctement de la présence
rage de Mirgenbach (1982), où de tels phénomènes ont été sus- d’un drain et du passage de l’état non saturé à l’état saturé, avec
pectés (figure 9). Cette rupture d’un barrage en argile homogène des pressions négatives (succions) et positives. La détermination
de 22 m de hauteur a été caractérisée par l’apparition en 15 jours des paramètres caractéristiques du sol a été réalisée par des essais
d’une marche de 4 m de hauteur sur le parement amont (à droite à succion contrôlée au laboratoire [25], sur des échantillons préle-
sur la figure 9). vés sur le barrage au cours de la construction.
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C 303 − 6 © Techniques de l’Ingénieur, traité Construction
72
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C264
Géostructures thermiques
Présentation du fonctionnement
thermique et mécanique
par Yvon DELERABLÉE
Ingénieur d’études
2
Terrasol – Setec (ex-Antea Group)
Julien HABERT
Ingénieur
Cerema, Direction territoriale Nord-Picardie
et Sébastien BURLON
Directeur d’études
Terrasol – Setec
73
Référence Internet
C264
a chaleur présente dans les sols et dans les roches est connue et exploitée
L depuis très longtemps.
Au cours du 20e siècle, l’exploitation des ressources thermiques des terrains
s’est largement développée et a donné naissance à la géothermie. Plusieurs
types de géothermie existent selon la profondeur à laquelle est exploitée la res-
source thermique du terrain. La géothermie très basse énergie concerne les
premières centaines de mètres de terrain et permet d’exploiter la ressource ther-
mique de ce dernier pour chauffer ou refroidir des bâtiments. L’exemple le plus
simple d’application est le puits canadien. De l’air circule dans un tuyau à
quelques mètres de profondeur et débouche dans une habitation. En été, il
permet de refroidir l’habitation car, en circulant dans le tuyau, il se refroidit et,
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C264
1. Fonctionnement Q
d’une géostructure Chauffage
thermique
PACg
1.1 Principes
Tin Tout
Les géostructures thermiques sont des ouvrages géotechniques
(e.g. pieux de fondation, ouvrages de soutènement, tunnels, etc.),
qui assurent en premier lieu une fonction mécanique. Équipés de Tterrain > Tair Terrain
tubes échangeurs de chaleur, ces derniers permettent aussi
d’échanger de l’énergie avec le milieu encaissant afin de produire
du chauffage en hiver et de la climatisation en été par l’intermé-
Tin < Tout
2
diaire d’une Pompe à Chaleur géothermique (PACg) (figure 1).
Dans certains cas, en début d’été notamment, la pompe à chaleur
n’est pas nécessaire, et le terme de freecooling est utilisé.
Les géostructures thermiques entrent dans le cadre de la géo-
thermie très basse énergie. Cela signifie que le fluide caloporteur
qui circule dans les tubes échangeurs a une température comprise
Figure 1 – Schéma de principe du fonctionnement d’une géostructure
entre +1 et +35 °C. Cette technique n’est donc pas la plus adaptée thermique en hiver
pour produire de l’Eau chaude sanitaire (ECS).
Dans le cas des structures en béton armé coulé en place, les thermique génèrent également des déformations et des contraintes
tubes échangeurs sont directement liaisonnés aux cages d’arma- additionnelles (cf.§ 4).
tures afin de les guider, puis sont noyés dans le béton (figure 2)
[1]. Ils peuvent également être directement intégrés à ces derniers Néanmoins, le fonctionnement géothermique ne doit pas se
lorsqu’il s’agit d’éléments préfabriqués en béton (e.g. pieux, vous- traduire par des modifications substantielles de l’ouvrage (dimen-
soirs, etc.). sions, etc.). Dans le cas contraire, le TRI est susceptible d’aug-
menter et de remettre en cause l’opportunité de la technique.
Le Temps de Retour sur Investissement (TRI) constitue une donnée
importante pour décider de recourir à des géostructures thermo-
actives. En France, ce temps de retour est estimé entre 7 et 12 ans, 1.2 Les retours d’expérience
en fonction notamment des projets réalisés et des niveaux de sub-
vention. Le rapport [2] est un exemple d’optimisation de projet de Malgré l’utilisation de cette technologie depuis les années 1980 [3],
paroi moulée thermoactive (figure 3). L’espacement des tubes les retours d’expérience sont peu documentés et se concentrent prin-
échangeurs fait varier la quantité d’énergie récupérable, mais égale- cipalement sur l’utilisation des pieux énergétiques.
ment le coût d’installation. Il existe ainsi un optimum permettant de Néanmoins, ils ont permis d’éditer dans plusieurs pays européens
rentabiliser au plus tôt cet investissement. (Suisse, Royaume-Uni, France) des recommandations nationales
concernant leur conception et leur dimensionnement thermique et
Avant tout, les géostructures thermiques sont des éléments assurant mécanique :
une fonction mécanique : fondation, écran de soutènement, etc. Leur
usage en tant qu’échangeur géothermique ne doit pas compromettre – SIA, 2005 (Suisse) ;
le dimensionnement mécanique initial. En effet, les variations de tempé- – GSHP association, 2012 (Royaume-Uni) ;
rature permettant le transfert d’énergie entre le terrain et la géostructure – CFMS-Syntec, 2017 (France).
a b c
Figure 2 – Illustrations de l’assemblage des tubes échangeurs aux cages d’armatures pour : a) un pieu (Cerema), b) un panneau de paroi moulée
(Géothermie-professionnelle) et c) un voussoir préfabriqué
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2 –80.00
–100.00 0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120130140
1.2.2 Écrans de soutènement
Les retours d’expérience concernant ces ouvrages sont plus
Espacement des tubes échangeurs [cm] rares. La dimension des ouvrages comportant des écrans de sou-
tènements (typiquement 120 m × 30 m × 50 m pour une station de
métro standard) implique des surfaces de contact importantes
Figure 3 – Estimation du TRI pour une paroi moulée thermoactive entre le terrain et l’écran. Par conséquent, d’un point de vue éner-
gétique, ces ouvrages ont un potentiel important.
1.2.1 Pieux Ainsi, plusieurs ouvrages majeurs ont été équipés en parois
moulées thermoactives ([2] [10] [11]) :
Historiquement, les pieux énergétiques sont les premiers types
de géostructures thermiques ayant été développés. Cela est – Uniqa Tower à Vienne (7 800 m2 de parois moulées thermo-
notamment lié à leur similitude géométrique avec d’autres sys- actives) ;
tèmes de géothermie très basse énergie comme les sondes géo- – EA General Centre à Vienne (4 200 m2 de parois moulées
thermiques verticales. C’est donc naturellement ces ouvrages qui thermoactives) ;
proposent le plus de retours d’expérience concernant les aspects – Columbus Centre à Vienne (12 400 m2 de parois moulées
thermiques et mécaniques. thermoactives) ;
Les premières structures fondées sur pieux énergétiques recen- – Station U2/2-Taborstraße du métro de Vienne (1 865 m2 de
sées ont été réalisées en Autriche et en Suisse. Les premiers parois moulées thermoactives) ;
retours d’expérience ont concerné l’efficacité énergétique de ces – Muséum d’histoire naturelle de Shanghai.
systèmes. Ainsi un suivi à long terme a pu être mené sur les pieux
du dock Midfield à Zurich en Suisse [4]. Ces premières instrumen- Concernant les aspects thermiques, il n’est pas possible de défi-
tations ont permis de valider le dimensionnement énergétique nir une puissance moyenne applicable pour ce type d’ouvrage car
effectué à partir de Tests de réponse thermique (TRT) qui avaient le contexte hydrogéologique, notamment la présence d’un écoule-
été réalisés dans le cadre de la conception de ce projet pour l’éva- ment, a une influence très forte sur les résultats. De plus, aucune
luation des propriétés thermiques des terrains. méthode de dimensionnement relative à ces aspects thermiques
n’a été développée dans le cadre de ces installations.
Cette approche a également été mise en œuvre pour évaluer
l’influence thermique des géostructures thermiques sur l’environ- D’un point de vue mécanique, ces études ont mis en évidence
nement [5]. Cela a montré la complexité de l’évolution du champ des variations d’effort vertical pouvant être appréhendées de
de température autour des géostructures, mais également l’impor- façon similaire à celles des pieux énergétiques. En sus de ces
tance des phénomènes transitoires. retours d’expérience, un ouvrage instrumenté en Italie [12] a mon-
tré la différence de comportement entre la fiche et le reste de
Parallèlement, du fait des questions mécaniques soulevées par le l’écran. Ainsi, la température dans la fiche est beaucoup plus
fonctionnement de ce type de structures, des expérimentations en stable dans le temps et il existe un gradient de température verti-
vraie grandeur sur des ouvrages réels ont été réalisées. Les pieux de cal dans l’ouvrage. De plus, les conditions d’exploitation de la
plusieurs bâtiments ont été ainsi instrumentés ([5] [6] [7]). Ces pieux, zone excavée (e.g. parking, centre commercial, etc.) modifient le
dimensionnés dans un premier temps avec une marge de sécurité comportement à court et long terme de l’écran.
importante, ont cependant mis en évidence la capacité des méthodes
de modélisation en une dimension à rendre compte du comporte- Enfin, plusieurs projets en France de parois moulées équipées
ment des pieux énergétiques, tant en termes d’efforts structuraux avec des tubes échangeurs peuvent également être citées : deux
additionnels (effort axial notamment) que de déformations et de stations du métro de Rennes, trois stations de l’extension des
déplacements verticaux. Ces expérimentations ont permis de justifier lignes 12 et 14 à Paris. Néanmoins, les retours d’expérience ne
le fait de négliger certains phénomènes lors de la modélisation du sont pas encore disponibles à l’heure actuelle.
comportement d’un pieu énergétique, et notamment :
– la composante horizontale des déformations thermiques, c’est- 1.2.3 Tunnels
à-dire les variations de diamètre du pieu ;
– la variation des propriétés mécaniques du terrain, mais égale- Plusieurs exemples de tunnels en Autriche ([1] [2]), pour lesquels
ment des interfaces terrain-pieu avec la température. des échangeurs géothermiques ont été mis en place entre le revête-
ment et le soutènement, peuvent être cités. De même, différentes
Des expérimentations spécifiques ont aussi été menées sur des
expérimentations en vraie grandeur ont été mises en œuvre sur le
pieux n’assurant pas le rôle de fondations de structures réelles.
prolongement du métro de Turin ([13] [14]). Cependant, les résultats
Une expérimentation a été réalisée sur trois pieux fondés dans
tirés de l’instrumentation thermique ne sont pas encore disponibles.
des formations sableuses [8]. Le chargement mécanique du pre-
mier pieu a conduit à estimer sa portance. Deux pieux identiques Néanmoins, une modélisation numérique sous la forme d’une
situés à proximité ont alors été soumis à plusieurs cycles de char- étude paramétrique a été menée. Elle a permis de construire des
gement thermique, puis ont fait l’objet d’un essai de chargement. abaques de prédimensionnement pour ce type d’ouvrage (figure 4 –
Ce test a ainsi mis en évidence une légère amélioration de la por- [13] [14]). Ces graphiques confirment et quantifient l’influence favo-
tance des pieux et des déplacements négligeables dans le temps. rable de la vitesse d’écoulement sur la quantité d’énergie transférée.
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17 17
20
24
36
50 60
16 16
60
Température du terrain [°C]
Seocheon 72
15 15
48
60
50
14
40
14 Torino
60
72 84
2
13 Katzenberg 50 13
20
24
36
10
12 Jenbach 40 12
30
84
11 40 11 96
48
72
30
10 10
60
20
30
9 9 96 8
10
84
10
24
36
20
8 8
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1,2 1,4 1,6 1,8 2 0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1,2 1,4 1,6 1,8 2
Figure 4 – Influence de la vitesse d’écoulement sur les performances thermiques des tunnels énergétiques
et une géostructure Les transferts d’énergie dans le terrain sont régis par une loi de
conservation d’énergie qui prend la forme suivante :
thermique
avec capacité thermique volumique effective du
2.1 Principes terrain (J/m3.K),
Les échanges thermiques entre la géostructure thermique et le T température (K),
terrain peuvent avoir deux objectifs : t temps (s),
– soit une utilisation immédiate de la ressource thermique du flux de chaleur par conduction (W/m2),
terrain ;
– soit une utilisation différée de cette ressource thermique et, dans flux de chaleur par advection (W/m2)
ce cas, il s’agit de stocker « du chaud » en été pour le récupérer l’hiver jint production de chaleur interne (W/m3). Ce dernier
et, inversement, stocker « du froid » en hiver pour le récupérer l’été. terme est négligeable à faible profondeur et dans
Dans les deux cas, il est fondamental de bien appréhender les les sols.
échanges énergétiques entre la géostructure thermique et le terrain Cette équation rend compte des deux phénomènes cités précé-
qui peuvent se faire de deux manières distinctes : d’une part, par demment : la conduction et l’advection. Son analyse permet de
conduction, et d’autre part, par advection du fait de la présence déterminer la contribution de chacun en prenant en compte un
d’une ou plusieurs nappes au sein du terrain. Il est évident que les contexte et une géométrie plus ou moins complexes.
performances thermiques de la géostructure thermique vont être
associées à la manière dont ces deux modes d’échanges vont se Par exemple, lorsque la divergence est nulle, l’équilibre est atteint.
mettre en place. De plus, une divergence positive (resp. négative) implique une dimi-
Les enjeux liés à l’étude des modes de transfert sont en rapport nution (resp. augmentation) de la température du système.
avec la prévision des échanges thermiques. Comme la forme de
l’ouvrage affecte les conditions d’écoulement de la nappe, l’esti-
mation des échanges thermiques est complexe et constitue 2.2 Conduction
aujourd’hui un vaste champ de recherches.
La variation de température du terrain et de la structure liée à La conduction est un phénomène de transfert thermique dans
l’activation d’une géostructure thermique est une anomalie ther- lequel l’énergie est transférée d’une source chaude vers une
mique. Celle-ci est positive en été (i.e. injection d’énergie) et néga- source froide de grain à grain. Il n’y a donc pas de transfert de
tive en hiver (i.e. extraction d’énergie). L’anomalie thermique masse. Elle est décrite par la loi de Fourier :
s’établit donc en régime transitoire en fonction des besoins du bâti-
ment et modifie à court et moyen terme le champ de température
77
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2
dante du gradient de température et de la capacité du terrain à vitesse de Darcy (m/s),
conduire l’énergie (i.e. la conductivité thermique). Ainsi, quel que (T(x,y,z) gradient de température (K/m).
soit le système étudié, dès qu’une différence de température appa-
Le transfert thermique par advection est donc lié à la vitesse
raît, la conduction est activée. De plus, les formations géologiques
d’écoulement et au champ de température. Plus l’écoulement
rencontrées ont des propriétés thermiques variables mais des
est important, plus le potentiel énergétique augmente. Cette
ordres de grandeur peuvent être donnés (tableau 1 – [15]).
remarque est bien corrélée par les retours d’expérience. Concrè-
En règle générale, les terrains les plus grossiers (i.e. sables et tement, l’écoulement dissipe les anomalies thermiques dans le
graviers) sont les plus conducteurs. Il convient également de noter terrain et permet ainsi d’augmenter la sollicitation thermique
qu’un horizon saturé voit ses propriétés thermiques augmenter de admissible. C’est le phénomène de recharge thermique natu-
manière importante ([16] [17] [18]). Un terrain saturé conduit et relle. Cependant, l’énergie est diffusée vers l’aval de l’écoule-
stocke donc mieux l’énergie qu’un terrain partiellement saturé. ment et, sous certaines conditions, peut former un panache
L’augmentation de la densité du milieu implique également une thermique (figure 6 – [19]).
augmentation de la conductivité thermique. Ce comportement est Pour les structures à géométrie circulaire (e.g. pieux, tunnels,
traduit par les équations de Kersten (1949) : etc.), la dissipation thermique liée aux transferts par advection est
relativement homogène sur leur circonférence. Néanmoins, les
ouvrages qui présentent moins de symétrie (e.g. gare, parking, etc.)
avec λargile,limon
et λsable respectivement conductivités thermiques selon
Kersten pour les sols fins et les sols grossiers
Conductivité thermique λ (W/(m.K)
(W/m.K), 3,0
Sr = 20 %
w teneur en eau (–) Sr = 40 %
2,5 Sr = 60 %
ρd masse volumique sèche du sol (kg/m3). Sr = 80 %
Ces relations permettent de tracer les courbes de la figure 5 : 2,0 Sr = 100 %
ρd = 1 t / m3
En conduction pure, le terrain peut stocker efficacement de l’éner- ρd = 1,2 t / m3
gie. La quantité d’énergie et le volume impliqués dépendent de la 1,5 ρd = 1,4 t / m3
ρd = 1,6 t / m3
géométrie de l’ouvrage et des propriétés thermiques du milieu. ρd = 1,8 t / m3
1,0
Remarque 0,5
Il est à noter que la majorité des modèles de comportement a
thermique couramment utilisés pour les géostructures ther- 0,0
miques sont uniquement basés sur ce mode de transfert 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
d’énergie et négligent l’advection. Teneur en eau w (%)
3,0
Conductivité thermique λ (W/(m.K)
Sr = 20 %
Tableau 1 – Exemples de caractéristiques Sr = 40 %
thermiques pour différents types de sols saturés 2,5 Sr = 60 %
Sr = 80 %
et non saturés Sr = 100 %
2,0 ρd = 1 t / m3
Capacité thermique ρd = 1,2 t / m3
Types Conductivité Thermique λ 1,5 ρd = 1,4 t / m3
volumique Cv
de sol [W/m.K] ρd = 1,6 t / m3
[MJ/m3.K] ρd = 1,8 t / m3
1,0
Sol sec Sol saturé Sol sec Sol saturé
0,5
Argile 0,2 – 0,3 1,1 – 1,6 0,3 – 0,6 2,1 – 3,2 b
0,0
Limon 0,2 – 0,3 1,2 – 2,5 0,6 – 1,0 2,1 – 2,4 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Teneur en eau w (%)
Sable 0,3 – 0,4 1,7 – 3,2 1,0 – 1,3 2,2 – 2,4
Gravier 0,3 – 0,4 1,8 – 3,3 1,2 – 1,6 2,2 – 2,4 Figure 5 – Conductivité thermique en fonction de la teneur en eau
selon le modèle de Kersten : cas a) sables, cas b) limons et argiles
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0 100 200
120 120
T 0,5 ‰
0 100 200
120 120
T 1,0 ‰
0 100 200
120 120
T 2,0 ‰
0 0
0 100 200
Perméabilité croissante 0 0
0 100 200
0 100 200
120 120
U 0,5 ‰ 0 0 Différence de température [°C]
0 100 200
0 100 200
120 120
U 1,0 ‰ 0,0 – 0,1
2
0 100 200
120 120
U 2,0 ‰
0,1 – 0,5
0 0
0 100 200
0,5 – 1,0
0 0
0 100 200
120
0 100 200
120 0 0 1,0 – 5,0
fS 0,5 ‰ 0 100 200
> 5,0
0 100 200
120 120
fS 1,0 ‰ Direction de l’écoulement
0 0
0 100 200 0 100 200
120 120
fS 2,0 ‰
0 0
0 100 200 0 300 100 200
120 120
mS 0,5 ‰
0 0
0 100 200
0 100 200
120 120
mS 1,0 ‰
0 0
0 100 200 300
0 100 200
120 120
mS 2,0 ‰
0 0
0 100 200
0 100 200
120 120
gS 0,5 ‰
0 0
0 100 200 0 100 200
120 120
gS 1,0 ‰
0 0 0 100 200
0 100 200 120 120
gS 2,0 ‰
0 0
0 100 200
0 0
0 100 200
Figure 6 – Champs de température autour d’une sonde géothermique verticale à la fin de la 30e saison de chauffe pour 5 perméabilités diffé-
rentes et 3 gradients hydrauliques 0,5 %, 1 % et 2 %
et qui recoupent la direction de l’écoulement peuvent générer un 2.4 Influence respective de l’advection
effet barrage qui modifie le champ de vitesse dans le terrain
(figure 7 – [20] [21]).
et de la conduction
Un exemple très connu pour apprécier l’influence respective des
Comme le transfert thermique par advection est lié à la vitesse phénomènes de conduction et d’advection est celui d’un volume
d’écoulement, il est fortement hétérogène pour ce type d’ouvrage. de terrain horizontal parcouru par un écoulement hydraulique. En
Sa valeur peut même être nulle sur une section de la structure. Cela considérant le problème stationnaire et en supposant des condi-
signifie qu’en fonction du système, des zones stockent de l’énergie tions aux limites imposées en température, l’équation différentielle
(i.e. conduction pure) quand d’autres dissipent cette énergie est la suivante :
(i.e. advection dominante). De plus, chaque partie de l’ouvrage inte-
ragit avec les autres en fonction du champ de vitesse.
Cette interaction est également possible lorsque deux ouvrages avec T(0) = T1 et T(L) = T2.
suivent la même ligne de courant (figure 8 – [22]). Dans ce cas,
l’équilibre thermique du système à l’aval peut se dégrader ou La résolution de cette équation différentielle fournit la solution
s’améliorer en fonction de la vitesse d’écoulement, de la distance suivante :
et du mode de fonctionnement des structures (i.e. chauffage ou
climatisation). En effet, la valeur du gradient de température est
liée au champ de température global.
79
2
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2
et Luc SIBILLE
Maı̂tre de Conférences – Institut universitaire de Technologie 1 Grenoble – Université
Joseph Fourier
Laboratoire Sols, Solides, Structures, Risques – Université Grenoble Alpes (Grenoble,
France)
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Ces modèles sont bâtis au sein d’un cadre général dont les bases
1. Cadre général sont fournies par la mécanique des milieux continus et la rhéolo-
à l’élaboration des modèles gie. Certaines hypothèses générales seront admises. Ainsi, nous
supposerons que la matrice-gradient du champ des déplacements
de comportement suffit pour décrire la déformation du géomatériau. Nous ignorons
là les théories dites « du second gradient » [1], même si, dans les
phénoménologiques cas de forts gradients, elles pourraient être intéressantes. Le « prin-
cipe d’action locale » [2] sera supposé s’appliquer, impliquant que
seules les valeurs locales des variables interviennent dans l’expres-
sion des lois de comportement, qui seront ainsi valables pour un
point matériel ou un échantillon homogène. Des lois non-locales [3]
Notations :
ont cependant pu être appliquées avec succès aux bétons. Enfin,
– scalaire : a ; l’hypothèse sera faite de l’inexistence de couples ponctuels, le ten-
– vecteur : a ; seur de contrainte eulérien classique dit « de Cauchy », symétrique,
– tenseur d’ordre 2 (matrice) ou supérieur : a ou A ; sera utilisé et aucune mécanique de type « Cosserat » ne sera prise
– un point entre deux vecteurs représente le produit scalaire : en compte. Nos lois de comportement ne feront ainsi intervenir
a ⋅b ; aucune longueur interne, ce qui nous interdira, par exemple, de
– on adopte la convention d’Einstein de sommation automa- pouvoir décrire la largeur d’une bande de cisaillement. En fait,
tique sur un indice répété deux fois : cette largeur de bande relève d’une mécanique discrète qui est
abordée dans l’article [C 221].
a ⋅ b = ai bi = a1b1 + a2 b2 + a3 b3
Par ailleurs, nous ne traiterons du comportement des géomaté-
riaux que dans les situations où, ni la température, ni les inter-
– on adopte la convention de signe classique de mécanique
des sols où on compte positivement les contraintes de compres- actions chimiques ne jouent un rôle significatif. Naturellement, tou-
sion et les déformations de raccourcissement. tes ces lois de comportement seront supposées obéir au principe
d’objectivité. Ceci implique leur indépendance par rapport au
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temps physique, l’utilisation de variables toutes de nature tenso- matériau. Dans le cas de déformations pour partie plastiques ou
rielles (c’est-à-dire respectant les règles de tensorialité lors de chan- avec endommagement, la fonctionnelle rhéologique sera donc sin-
gement de repères d’expression), l’invariance du comportement gulière en chacun de ses points.
par toute rotation spatiale (principe d’isotropie de l’espace) et la Ceci peut être visualisé simplement en considérant un comporte-
mise en œuvre d’opérateurs de dérivation temporelle objective ment mono-dimensionnel élasto-plastique. La contrainte et la
(tels que la dérivée de Jaumann). déformation sont alors des scalaires et le comportement est décrit
Tout domaine de la physique repose sur une distinction entre par une courbe dans le plan (s, e). En présence de déformations
causes et effets et se base donc sur un principe de déterminisme. plastiques, les modules tangents à la charge E+ et à la décharge E-
En rhéologie, deux formulations de ce principe ont dû être envisa- vont être différents, le module à la charge traduisant la plasticité,
gées (et nous verrons pourquoi). Nous les abordons maintenant tandis que le module à la décharge est élastique (leur rapport peut
successivement en relation avec les deux modes de formulation donc être arbitrairement grand au voisinage de la rupture plas-
des lois de comportement par la fonctionnelle rhéologique ou par tique, voir figure 1).
l’écriture incrémentale. Sur un plan mathématique, cela se traduit par le fait que les déri-
2
vées à gauche et à droite sont différentes, manifestant le fait que la
1.1 Fonctionnelle rhéologique fonctionnelle n’est pas dérivable en ce point : elle est donc
singulière.
1.1.1 Principe de déterminisme global & En conclusion, pour décrire la partie élasto-plastique du compor-
Soit un échantillon homogène de matériau, respectant les hypo- tement des géomatériaux, il nous faudrait utiliser une fonctionnelle
thèses formulées ci-dessus et dans un état de référence donné. Le rhéologique non-linéaire et non-différentiable. L’appareil mathéma-
principe de déterminisme, dans son énoncé global, implique que, tique nécessaire serait d’une telle complexité qu’il a fallu dévelop-
si l’expérimentateur applique à cet échantillon une histoire de per un autre formalisme : l’écriture incrémentale des lois de com-
déformation H(t), le chemin de réponse en contrainte est déterminé portement, qui fait l’objet du § 1.2.
unique.
Mathématiquement, cela se traduit par l’existence d’une fonc- 1.2 Écriture incrémentale des lois
tionnelle reliant la contrainte à l’instant courant t à l’histoire de la
déformation : de comportement
σ (t ) = ᑠ ⎡⎣H (τ )⎤⎦ Cette écriture repose sur une autre expression du principe de
(1) déterminisme : l’énoncé incrémental.
− ∞< τ ≤t
Il s’agit bien ici d’une fonctionnelle et non d’une fonction, 1.2.1 Principe de déterminisme incrémental
puisque l’opérateur considéré relie une fonction s (t) à une autre
fonction H(t). Soit un échantillon homogène de géomatériau dans un état
déformé quelconque, le matériau est supposé vérifier nos hypothè-
La déformation H(t) est ici le gradient du champ des positions
ses générales de départ. Le principe de déterminisme dans son
des particules matérielles. Cette matrice-gradient peut se décompo-
énoncé incrémental implique que, si l’expérimentateur applique
ser en le produit d’une rotation (caractérisée par une matrice ortho-
une petite sollicitation, quasi-statique, pendant l’incrément de
gonale) par une déformation pure (matrice symétrique) d’après le
temps dt, la petite réponse est déterminée unique.
théorème dit de « décomposition polaire ».
Pour respecter le principe d’objectivité, nous définissons la petite
L’application du principe d’objectivité, rappelé ci-dessus,
sollicitation comme le produit de la vitesse de déformation pure
implique que l’on peut se ramener à l’étude de la dépendance de
la fonctionnelle par rapport à la seule déformation pure.
σ
1.1.2 Propriétés de la fonctionnelle rhéologique
& La première propriété se déduit directement du principe d’objec- E
+
83
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C218
(partie symétrique de la matrice-gradient du champ des vitesses Par contre, pour F, si l’échantillon comme la sollicitation incrémen-
des points matériels) par dt (la « déformation incrémentale ») et la tale tournent par rapport à l’espace, rien n’est changé : la réponse
petite réponse comme le produit de la dérivée de Jaumann du ten- tourne de manière identique.
seur de contrainte de Cauchy par dt (la « contrainte incrémentale »). Les géomatériaux présentent généralement une forte double ani-
Cependant, l’expérience met en évidence la possibilité d’imposer sotropie : inhérente (par exemple, les sols stratifiés ou ayant sédi-
des chargements mixtes (contrainte et déformation), comme, par menté dans le champ de pesanteur) et induite (produite par le che-
exemple, dans l’essai triaxial classique où l’expérimentateur min de sollicitation appliquée). La description de cette anisotropie –
impose, en axial, une vitesse de déplacement et, en latéral, une complexe – est une seconde difficulté importante de l’élasto-plasti-
pression constante. Dans de tels cas, la réponse de l’échantillon cité de ces matériaux (voir la partie 4 de l’article [C 221]).
est alors elle-aussi constituée par des variables mixtes.
& La deuxième propriété de F est sa non-linéarité. Bien que F relie
Notons alors que variables sollicitation et variables réponse de petites quantités, elle est essentiellement non-linéaire, ce qui
doivent vérifier une condition de conjugaison par rapport à implique que le « principe de superposition des sollicitations incré-
l’énergie. mentales » ne s’applique pas.
& La première propriété de F est le fait qu’il s’agisse d’une fonction ⎡ d ε11 ⎤ ⎡ d σ11 ⎤
anisotrope de l’espace. Effectivement, l’expérience montre qu’un ⎢ d ε22 ⎥ ⎢ d σ22 ⎥
⎢ d ε33 ⎥ ⎢ d σ 33 ⎥
échantillon déformé ne possède pas en général des propriétés
d ε = [d εα ] = ⎢ ⎥ ; d σ = [d σ α ] = ⎢ ⎥
(5)
mécaniques identiques dans toutes les directions de l’espace. ⎢ 2d ε23 ⎥ ⎢ 2d σ23 ⎥
Cette anisotropie mécanique est décrite par une fonction incrémen- ⎢ 2d ε31 ⎥ ⎢ 2d σ 31 ⎥
tale anisotrope. ⎢ ⎥ ⎢ ⎥
⎣ 2d ε12 ⎦ ⎣ 2d σ12 ⎦
Naturellement, si on considérait la fonction F définie par :
les coefficients 2 permettant de transporter inchangée la métrique
Φ (h, d ε, d σ, dt ) = Fh (d ε, d σ, dt ) (3) de l’espace 3D dans l’espace 6D, par exemple :
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Référence Internet
C218
Ces fonctions seront des fonctions anisotropes (comme pour F), 2.2 Classification des lois élasto-
puisque les géomatériaux présentent en général une forte anisotro-
pie de texture.
plastiques des géomatériaux
Ces fonctions seront non-linéaires (comme pour F). Effective- Une question centrale dans l’élaboration d’une loi élasto-plas-
ment, du fait de l’irréversibilité des déformations plastiques, si on tique est la description – évidemment essentielle – de la dépen-
applique − d σ (ou respectivement − d ε ), la réponse du géomaté- dance du tenseur constitutif M ou N avec la direction de la sollicita-
tion incrémentale.
riau ne correspondra pas à − d ε (ou respectivement − d σ ). La
déformation n’est pas totalement recouvrée à la décharge. Ces Si M ou N sont supposés directionnellement constants, les lois
fonctions sont donc bien non-linéaires. sont qualifiées d’ « incrémentalement linéaires » et nous trouvons
ici toutes les lois élastiques, linéaires si elles sont, en outre, indé-
Revenons maintenant à l’invariance du comportement par rap- pendantes des paramètres h, ou non-linéaires si elles dépendent
port au temps, et donc aussi par rapport aux vitesses de sollicita- de variables d’état (le plus souvent, il s’agit de la contrainte
tion et aux vitesses de réponse (rappelons que les vitesses sont courante).
2
respectivement proportionnelles aux déformations et contraintes
incrémentales). Cette invariance implique que, si toutes les vitesses & Élasto-plasticité « bi-linéaire »
sont multipliées par un même scalaire l positif, le comportement
reste inchangé et donc les fonctions incrémentales restent elles- L’hypothèse la plus simple pour décrire la variation de M avec u
( )
(ou de N avec v ) est de considérer que M peut prendre deux déter-
mêmes inchangées ; quel que soit l positif λd ε = Gh λd σ , donc :
minations différentes en fonction de la direction de u . On obtient
alors l’élasto-plasticité « bi-linéaire » avec une matrice Me élastique
( ) ( )
Gh λd σ = λ Gh d σ (7) et une matrice Mep élasto-plastique. À la matrice Me est associé le
domaine élastique dit de « décharge » dans l’espace 6D des d σ ,
ce qui prouve que G (et G−1) ont des expressions très spécifiques ep
tandis qu’à la matrice M , correspond le domaine de « charge ».
puisque, d’après (7), ce sont des fonctions homogènes d’ordre 1 – Ces deux domaines sont séparés par un hyperplan dans l’espace
propriété fameuse de toute l’élasto-plasticité. des d σ . Charge et décharge sont distinguées par le « critère de
charge-décharge » qui est défini par rapport à la surface de limite
( )
élastique : f σ, h = 0. Si le vecteur 6D, d σ est dirigé vers l’intérieur
Ces fonctions doivent donc nécessairement vérifier l’Identité
d’Euler des fonctions homogènes [5]. Par exemple, pour une de la surface de limite élastique, le matériau subit, par définition,
fonction de deux variables homogènes d’ordre 1 telle que une décharge, tandis que si ce vecteur est dirigé vers l’extérieur le
f ( x , y ) = xy / ( )
x 2 + y 2 on a :
matériau est en charge.
Le critère s’écrit donc :
∂f ∂f
∀x , y : f ( x , y ) ≡ x +y (8) ∂f
⋅ d σ > 0 : charge,
∂x ∂y ∂σ
Dans le cas de la fonction Gh , il vient : ∂f
⋅ d σ < 0 : décharge,
∂Gα ∂σ
d εα =
(
∂ dσβ ) ( )
d σ β = M αβ d σ γ d σ β (9)
∂f
Tandis que ⋅ d σ = 0 est l’équation de l’hyperplan frontière
∂σ
avec Mab(ds g ) = ∂Ga/∂(ds b) une matrice 6 par 6. séparant zone de charge et zone de décharge, puisque nous avons
ici une relation linéaire par rapport aux composantes du vecteur
d σ . Cet hyperplan contient l’ensemble des chargements incrémen-
Par ailleurs, les dérivées partielles d’une fonction homogène
taux dits « neutres ».
d’ordre 1 étant des fonctions aussi homogènes d’ordre 0, les
( )
36 fonctions M d σ ne vont dépendre que de la direction de d σ et & Élasto-plasticité « quadri-linéaire »
non de son intensité (ou de sa norme). Pour les géomatériaux, la nécessité de traduire de manière plus
Nous noterons ce vecteur direction : progressive le passage de l’élasticité à la plasticité s’est parfois tra-
duit par l’introduction de deux surfaces de limite élastique se croi-
sant au point courant de contrainte (ce point est alors appelé
u = dσ / dσ
« coin »). Dans ce cas, on obtient une élasto-plasticité quadri-
linéaire associée à quatre matrices Me1e2 , Me1p2 , Mp1e2 , Mp1p2 sui-
Et, finalement, nous obtenons l’expression canonique de tou- vant que les deux critères de charge/décharge sont respectivement
tes les lois élasto-plastiques : vérifiés ou pas (les exposants e1, p1 et e2, p2 traduisent ces condi-
tions pour les deux critéres).
()
dσ
d ε = Mh u d σ , avec u = , (10) Ces deux critères permettent d’introduire deux hyperplans fron-
dσ
tières dans l’espace d σ , qui délimitent quatre domaines, appelés
« zones tensorielles » ([5], figure 2).
()
ou, de manière équivalente : d σ = Nh v d ε , avec v = d ε / d ε Parfois, n surfaces de limite élastiques ont été introduites et on
(dans des espaces 6D des déformations et des contraintes). obtient les lois élasto-plastiques multi-linéaires, qui comprennent
2n zones tensorielles (figure 2).
Nous avons donc démontré ici l’existence d’un tenseur élasto- & Élasto-plasticité « incrémentalement non linéaire »
plastique (dit « tangent » puisque c’est la matrice-gradient de la
fonction G), fonction des variables d’état et des paramètres de Enfin, si on considère une variation continue de M avec u (ou de
mémoire (l’ensemble étant noté « h ») et dépendant de la direction N avec v ), on trouve ici les lois dites « élasto-plastiques incrémen-
de la sollicitation incrémentale. talement non-linéaires ».
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Modèles de comportement
micro-mécaniques des géomatériaux
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C221
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C221
t
kt
n
kn
2 φc
a b
Figure 2 – Modèle rhéologique d’une loi de contact purement frottante à rigidité constante (a), et définition de l’interpénétration δ au contact
entre deux particules (b)
Cette composante tangentielle de la force de contact s’oppose 2.2.2 Loi avec adhésion
au déplacement relatif tangent ut. Enfin, la limite du domaine élas-
tique est donnée par le critère de Coulomb : De nombreux géomatériaux présentent par nature un aspect
cohésif (bétons, roches, argiles surconsolidées). Ce caractère cohé-
(4) sif traduit l’effet de forces d’adhésion aux contacts inter-granulaires
qu’il est aisé de prendre en compte en définissant des forces
Dès lors que ce dernier est vérifié, il y a glissement sous force d’adhésion tangentielle At, et normale An, telles que représentées
tangentielle constante, traduisant une dissipation plastique d’énergie sur la figure 4.
(voir figure 3). Ainsi la condition limite de glissement (6) est réécrite sous la
Le fait d’adopter des rigidités de contact constantes constitue forme plus générale :
une simplification proposée pour ce type de loi. En effet, cette rigi-
dité peut être considérée de manière générale comme non (5)
constante, c’est le cas par exemple du contact entre deux sphères
Le contact peut également supporter une force normale de traction
décrit par la loi de Hertz-Mindlin où les rigidité kn et kt s’expriment
d’intensité An, et le contact est perdu si :
comme des fonctions de l’interpénétration (ou de manière équiva-
lente de la force normale de contact). Toutefois, dans les pro- (6)
blèmes de géomécanique où les mécanismes irréversibles sont
souvent prépondérants la prise en compte de rigidités constantes Il est possible de jouer avec la nature fragile du matériau, en
s’avère en générale suffisante. supprimant les forces d’adhésion (At = An = 0) lorsque le critère de
Fn
Ft
Fn tanφc
kn
kt
Interpénétration δ ut
– Fn tanφc
Figure 3 – Forces de contact normale Fn et tangentielle Ft pour une loi de contact régularisée purement frottante
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C221
Ft M
Adhésion
φc cassée : μr r Fn
At An = At = 0
kr
Contact
perdu φc
ωr
– An Fn
2
Figure 4 – Loi de contact avec adhésion fragile
– μr r F n
glissement (5) est vérifié. Le contact est alors conservé mais est
alors représenté par un comportement purement frottant tel que
défini au § 2.2.1 (figure 4).
Figure 5 – Loi de transfert de moment de roulement au contact entre
deux particules, il y a glissement de roulement avec dissipation
2.2.3 Loi avec frottement de roulement d’énergie lorsque le frottement de roulement est atteint
Du fait de la simplicité de la description du contact et de
l’expression des forces de contact entre deux sphères (voir § 3.1.1
et 3.1.2), les grains de forme sphérique sont souvent préférés lors 2.3 Forme des grains et influence
d’une représentation discrète des géomatériaux à des grains de sur le comportement macroscopique
forme plus complexe (allongée ou anguleuse). Toutefois, comme
expliqué dans le § 2.3, les grains sphériques, à cause de leur trop
grande mobilité en rotation, ne permettent pas de décrire quanti- 2.3.1 Dépendance de la résistance au cisaillement
tativement la résistance au cisaillement des géomatériaux.
Le comportement mécanique d’un sol est très fortement dépen-
Tout en conservant des grains sphériques, la manière la plus dant de la forme des grains. Ainsi l’angle de frottement interne φ
directe de palier à cette trop grande liberté en rotation des grains (à l’échelle du VER) d’un sol pulvérulent sera plus élevé pour des
est d’interdire toute rotation des grains qui ne peuvent alors se grains anguleux (produits par exemple par concassage) que pour
mouvoir qu’en translation. Bien que cette solution permette de des grains arrondis (roulés). D’ailleurs, la dépendance de la résis-
reproduire quantitativement une résistance au cisaillement typique, tance au cisaillement d’un sol pulvérulent est plus forte vis-à-vis
elle contraint de manière très forte la cinématique individuelle de la forme des grains (élongation, angularité) que vis-à-vis de
des grains, qui peuvent présenter des rotations non-négligeables l’angle de frottement au contact φc (figure 6).
notamment au sein des bandes de cisaillement.
Autrement dit, l’angle de frottement interne est très fortement
Une solution intermédiaire consiste alors à introduire une résis- influencé par l’enchevêtrement géométrique des grains et leur
tance au roulement au point de contact entre deux particules sous degré de blocage les uns par rapport aux autres. Comme repré-
la forme d’un frottement de roulement. Dans ce cas, on suppose senté sur la figure 6, cet enchevêtrement conduit à des valeurs
qu’un moment M de roulement peut être transmis au point de non nul de φ pour φc = 0.
contact entre deux particules et que l’intensité de ce moment est
Cette figure 6 montre qu’il y a, pour des grains sphériques, une
limité par une valeur seuil fonction de la force normale de contact
saturation de l’angle de frottement interne avec φc, à une valeur en
telle que :
générale assez faible, même pour un milieu dense, non représenta-
tive des valeurs typiques obtenues pour un sable par exemple. Une
(7) gamme beaucoup plus étendue de valeurs de l’angle de frottement
avec r rayon des particules, est balayée pour des grains de forme anguleuse ou allongée.
et μr coefficient de frottement de roulement (0 ≤ μr ≤ 1). Il paraît alors indispensable dans des modèles micromécaniques
de prendre en compte l’effet de la forme des grains sur la résis-
Cette résistance au roulement est décrite de manière tout à fait tance au cisaillement, soit directement en décrivant explicitement
parallèle à la résistance au glissement dans le direction tangentielle des grains de forme anguleuse ou allongée soit indirectement via
(où μ = tan φc est le coefficient de frottement). Dans le cas d’une loi par exemple un enrichissement des lois de contact (cf. § 2.2.3).
de contact régularisée, M peut être calculée en introduisant une
rigidité de roulement kr telle que (voir figure 5) :
2.3.2 Représentation de grains non sphériques
(8) dans les modèles numériques discrets
avec ωr rotation relative de roulement au point de contact, 2.3.2.1 Agrégats de particules sphériques
tout en respectant la condition de glissement de
roulement définie par l’expression (7). Toute géométrie de grain peut être approchée en formant des
agrégats plus ou moins raffinés de particules sphériques (figures 7a
et 7b). Il est alors possible d’utiliser les descriptions de la géométrie
Notons que la définition d’un frottement de roulement, des contacts et les lois de contact énoncées pour des grains sphé-
conduit à l’introduction d’une dissipation d’énergie lors du roule- riques, puisque les contacts entre agrégats se traduisent par la for-
ment de deux particules l’une sur l’autre, qui ne semble a priori mation d’un ou plusieurs contacts entre sphères élémentaires.
pas justifiée. En effet, le mouvement de roulement entre deux
En revanche, l’agrégation de sphères conduit à former des
particules ne constitue pas un mécanisme dissipatif comme l’est
grains qui présentent alors localement des formes non-convexes
le frottement sec.
souvent éloignées des géométries des granulats constitutifs des
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Constructions métalliques
Fondations pour pylônes et mâts
par Gérard PHILIPPONNAT
Ingénieur de l’École Spéciale des Travaux Publics
2
Directeur Technique de la société SOPENA
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L’objectif est de décrire la conception des différentes fondations au moment où nous écrivons, aucune valeur des coefficients de sécu-
appropriées à chaque type de sollicitations et de fournir les méthodes rité n’est donnée ici (à l’exception des fondations superficielles [2]).
usuelles de dimensionnement.
En ce qui concerne la justification vis-à-vis des efforts verticaux
de compression, il y a lieu de se reporter selon le type de fondation
aux articles spécifiques de ce traité : 2. Pylônes monopodes
— Fondations superficielles [C 246] ;
— Fondations profondes [C 248]. et leurs fonctions
Pour le calcul des fondations semi-profondes, on se reportera au
paragraphe 3.1.2.2. Nous traiterons dans ce paragraphe des fondations soumises à
des efforts horizontaux et à des moments de renversement en tête.
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C2682
Par ailleurs, il faut également vérifier la stabilité au glissement à Si p 2 < 0, il y a décollement et il faut déterminer la largeur b ′
l’aide de la formule : (figure 3b ) sur laquelle la semelle reste en compression.
V tan δ + β c u A Cette condition ne peut être acceptable que pour des semelles
F G = ----------------------------------------- (1) en béton armé et sous ELU (états limites ultimes).
F h0
■ Justification de la semelle
avec FG coefficient de sécurité au glissement,
● Sécurité au renversement :
δ angle de frottement entre la fondation et le sol,
cu cohésion non drainée du sol d’assise, Vb
F R = -------------- (3)
2 M0
β coefficient inférieur à 1 (β c u = adhérence),
A aire de la fondation. avec F R coefficient de sécurité au renversement pris générale-
Les valeurs de β et de δ sont mal connues, aussi est-il usuel de ment égal à 1,5.
prendre tan δ = 0,67 tan ϕ (ϕ = angle de frottement interne) et de
négliger le terme de cohésion.
Si F h0 a une valeur élevée, il est judicieux de réaliser des bêches
● Poinçonnement du sol : conformément au DTU 13-12
Fondations superficielles [2], la condition suivante doit être vérifiée
sous ELU (états limites ultimes) :
2
comme indiqué en pointillé sur la figure 2. La résistance au cisaille- p1 + 3 p2
ment du sol est alors correctement mobilisée, et il est possible de -⭐q
------------------------ (4)
remplacer dans la formule (1) δ par ϕ et de prendre β = 1. 4
avec q contrainte de calcul selon le DTU précité.
2.1.2 Reprise d’un moment de renversement
2.1.2.2 Fondation rectangulaire sollicitée simultanément
associé à une charge verticale centrée selon les deux axes. Méthode de Hahn
2.1.2.1 Fondation circulaire ou fondation rectangulaire Le moment de renversement M0 est appliqué par l’intermédiaire
sollicitée selon un axe de la résultante F h0 des forces horizontales, qui est supposée
s’appliquer à une hauteur H au-dessus de l’assise de la fondation
V et M0 sont les sollicitations réduites au niveau de l’assise de
(figure 4), tel que :
la semelle (figure 3).
M 0 = F h0 H
La réaction du sol sous la semelle est supposée se répartir selon
une loi linéaire. Dans ces conditions, les contraintes extrêmes p1 Si la force F h0 est nulle, il suffit de la rejeter à l’infini.
et p 2 sont données par les formules : La semelle rectangulaire est définie par ses côtés a dans le
sens Ox et b dans le sens Oy .
V 6 M0 V 6 M0
p 1 = ----- – -------------
- et p 2 = ----- + -------------
- (2) Dans cette méthode, on va s’attacher à déterminer la contrainte
b b2 b b2 maximale pmax qui s’exerce sous la semelle (figure 4b ). Le problème
est beaucoup moins anodin qu’il n’en paraît à première vue. La valeur
de p max peut être obtenue par la méthode de Hahn [4] à l’aide de
la table de Pohl.
Les efforts au niveau de l’assise de la semelle peuvent être réduits
selon les axes Ox et Oy comme suit :
Fx ; M y = Fx H et Fy ; M x = Fy H
V = charge verticale de compression (y compris le poids propre de
la semelle et des terres qui la surmonte).
Le point d’application P de la résultante de F h0 et V a pour
coordonnées x et y telles que :
Fx H Fy H
x = ------------- et y = ------------- (5)
V V
La contrainte maximale est :
V
p max = µ ⋅ --------- (6)
ab
Le coefficient µ est donné par la table de Pohl (tableau 1) en fonc-
tion de x /a et y /b. (0)
■ Justification de la semelle :
● Sécurité au renversement : la sécurité au renversement est véri-
fiée selon les deux axes, comme précédemment [formule (3)], soit les
coefficients de sécurité F Rx et F Ry qui doivent être comparés aux
valeurs acceptables pour le cas de sollicitation considéré.
Figure 3 – Fondation superficielle soumise à un moment
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Antea Group, Olivet, France
et Maxime MARTHE
Responsable Activité Eolienne France
Antea Group, Lille, France
11. Conclusions....................................................................................................... — 28
Pour en savoir plus .................................................................................................. Doc. C 262
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Supérieur à 27Km/h
23 à 27Km/h
20 à 23Km/h
16 à 20Km/h
2
Inférieur à 16Km/h
électrique par l’aérogénérateur nécessite de maximiser les efforts liés leur dimensionnement. Ainsi, le paragraphe 11.8 intitulé « évalua-
à l’action du vent sur les pales. Cet effort horizontal dont la résultante tion des conditions du sol » précise que « les propriétés du sol sur
s’applique dans l’axe du rotor génère, du fait du bras de levier que un site proposé doivent être évaluées par un ingénieur en géo-
représente le mât qui supporte l’aérogénérateur, un moment de ren- technique qualifié sur le plan professionnel, en se référant aux
versement très important à la base du mât : la fondation est conçue normes et règlements de construction locaux disponibles ».
pour résister et s’opposer à ce moment de renversement, à la
En se focalisant sur les aspects géotechniques, les normes
manière d’un culbuto géant.
françaises et recommandations qui vont guider la conception et la
D’autres ouvrages élancés sollicitent leurs fondations de manière réalisation des fondations pour leur composante géotechnique sont
similaire (tours de télécommunication, panneaux de signalisation, principalement :
panneaux solaires orientables), mais aucune de ces structures n’est
conçue pour maximiser la mobilisation des efforts horizontaux. ■ Normes géotechniques :
– norme NF P 94 500 de novembre 2013 définissant les missions
À retenir d’ingénierie géotechnique ;
– eurocode 7 (NF EN 1997) et ses documents d’application natio-
– Le territoire français dispose de conditions de vent favo- nale, principalement les normes de justification des ouvrages
rables sur une grande partie pour l’installation de parcs éoliens géotechniques :
terrestres, • Norme NF P 94 261 de juin 2013 – fondations superficielles,
– Des contraintes règlementaires fortes existent, elles limitent
les aires d’installation des parcs, • Norme NF P 94 262 de juillet 2012 – fondations profondes ;
– Une éolienne induit un mode de sollicitation des fonda- – normes d’essais (essais pressiométriques, essais au pénétro-
tions relativement unique dans le domaine du génie-civil et de mètre, essais en laboratoire…) ;
la géotechnique. – eurocode 8 (NF EN 1998) – Calcul des structures pour leur
résistance aux séismes
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2 non pondérés et parfois avec des coefficients pondérateurs définis Dans un plan vertical, les semelles présentent une forme tron-
spécifiquement par les constructeurs ; conique comme le montre la figure 2.
– des exigences propres à chaque fabricant (tassement absolu, La connexion du mât avec la semelle est assurée, soit par une
tassements différentiels, rotation maximale, raideur dynamique en virole comme sur la semelle représentée à gauche, soit par une
rotation). cage d’écureuil comme sur la semelle à droite de la figure 3.
Figure 3 – Dispositif de connexion du mât à la semelle par virole (à gauche) et par cage d’écureuil (à droite)
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■ Le torseur des efforts qui s’applique à la base du mât est le suivant : 2.5 Exigences de conception
– FVE : force verticale (poids propre du mât, du générateur et D’après la norme NF P 61 400-1 (3e édition), le nombre de cas de
de pales) ; charges est compris entre 2 000 et 6 000 pour l’aspect génie éolien.
– FHE : force horizontale appliquée dans l’axe de l’aérogénérateur ; Les modèles de dimensionnement sont fortement dynamiques. Les
Pales
Aérogénérateur
FHE
HM
Mât
MTE
MRE
Remblai de lest
FVE
MTS
HS
Semelle MRS
ΦS F VS FHS
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support sont évités.
aspects liés à la fatigue des matériaux sous l’effet des cycles répé-
tés doivent également être pris en considération. Outre la vérification des conditions de décollement, les exi-
gences géotechniques de conception des fondations sont défi-
Pour le génie-civil, le nombre de cas de charges est réduit à un nies d’une part par les documents normatifs, et en particulier
nombre compris entre 10 et 15, avec principalement des sollicita- les normes NF P 94 261 et NF P 94 262, et d’autre part par les
tions de type « statique ». Voir le tableau 1 exigences spécifiques des constructeurs, qui peuvent être de
Si on se focalise maintenant sur l’aspect géotechnique du différentes natures :
dimensionnement des fondations, 4 cas de charges sont à – angle maximum de rotation du mât en service ;
étudier : – tassement absolu et/ou différentiel à long terme ;
– États Limites de Service Quasi Permanents (ELS -QP) ; – contrainte maximale appliquée au sol par la semelle ;
– États Limites de Service Caractéristiques (ELS-Carac) ; – raideur statique en rotation ;
– États Limites Ultimes Fondamentaux (ELU-Fond) ; – raideur dynamique en rotation pour des fondations superfi-
– États Limites Ultimes Accidentels (ELU Acc). cielles, raideurs horizontales ou verticales pour les fondations
profondes.
La durée de vie conventionnelle d’une éolienne terrestre est au
moins égale à 20 ans (cf. § 6.2 de la norme NF EN 61400-1). Par ailleurs, les différents constructeurs d’éoliennes n’appliquent
pas tous les mêmes pondérateurs pour former leurs ELU. Les
recommandations du CFMS [1] permettent donc d’unifier les pondé-
2.6 Maîtrise du décollement rateurs à appliquer pour constituer les cas de charge aux ELU.
de la semelle D’après les Eurocodes, le pondérateur sur l’effet de l’eau est
normalement supérieur à 1. Dans le cas d’une semelle d’éolienne,
Le dimensionnement géotechnique d’une semelle de fondation soumise aux sous-pressions hydrauliques, les calculs sont menés
est basé sur la mobilisation de la capacité portante du sol porteur, en considérant que la nappe est subaffleurante au niveau du sol. Il
sur la capacité à résister au basculement et sur la maîtrise de son n’apparaît donc pas nécessaire de majorer la pression de l’eau au-
décollement en fonction des cas de charges. Les conditions à vérifier delà de la sous-pression qui correspond à cette condition de
sont généralement exprimées en termes de surface comprimée par nappe subaffleurante. Voir le tableau 2
rapport à la surface totale.
Lorsque l’éolienne est en production d’électricité c’est-à-dire dans
les cas correspondant au « vent de service », la fondation doit res- 2.8 Exemple de caractéristiques
ter totalement comprimée, ce qui signifie qu’aucun décollement d’une éolienne
n’est admis (condition dite de « no lift-off »).
L’article est illustré par des exemples de calcul. On retiendra pour la
Le non-décollement d’une semelle circulaire est basé sur le plupart de ces illustrations le cas particulier d’une éolienne de marque
respect d’un excentrement maximum. L’excentrement, noté « e » Nordex, type N117/3600, construite dans les Hauts-de-France et qui a
est défini comme le rapport entre le moment de renversement fait l’objet d’une instrumentation dans le cadre du projet de recherche
(MRS) et la force verticale (FVS). « FEDRE » (cf. § 10).
– puissance unitaire : 3,6 MW ;
– diamètre rotor : 117 m ;
avec e = MRS / FVS – hauteur du mât : 91 m ;
et ΦS diamètre de la semelle – hauteur totale : 150 m.
Cette estimation du décollement ne fait pas intervenir la rai-
deur du sol sous-jacent et l’interaction entre la semelle et le sol
support. Il s’agit donc d’une construction purement géométrique Tableau 2 – Pondérateurs pour les différents cas
des sollicitations qui, en pratique, majore le décollement, en de charge
particulier pour les sols compressibles.
Facteurs partiels de pondération sur sollicitations
De nombreuses géométries de semelle de fondation sont sus-
ceptibles de respecter ces conditions géométriques, entre des
États Limites FVS FHS MRS Eau
semelles profondes de petit diamètre (le cas limite serait celui
d’une fondation « monopieu » que l’on rencontre dans le domaine
de l’éolien offshore mais jamais pour les sites terrestres) ou des ELS QP 1,0 1,0 1,0 1,0
semelles plus fines et de plus grand diamètre.
ELS Car 1,0 1,0 1,0 1,0
La recherche d’un optimum technico-économique conduit à réa-
liser des fondations enterrées entre 2 et 3,5 m de profondeur, et ELU Fond 1,0 ou 1,35 1,5 1,5 1,0
de diamètre compris entre 12 et 25 m en fonction du moment de
renversement et donc de la puissance du générateur, de la ELU Acc 0,9 ou 1,1 1,1 1,1 1,0
hauteur du mât et des conditions liées au sol.
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