Vous êtes sur la page 1sur 12

Chapitre 4 

: Les politiques commerciales


Introduction :

 Les gouvernements tentent souvent de protéger leurs économies des


effets de la concurrence internationale
 Pour cela ils mettent en œuvre es « politiques protectionnistes » (ou
« politiques commerciales »)
 Comment ces politiques influencent-elles le commerce international ?

Réponse en 3 parties :
 Analyse des différents dispositifs de politique protectionnistes
 Analyse des arguments pour et contre les politiques protectionnistes
 Analyse des rôles du GATT et de l’OMC contre le « protectionnisme »

1. Dispositifs de politiques protectionnistes 

Différents agents seront gagnants et perdants :


 Les entreprises sont gagnantes, car elles peuvent vendre à un prix plus
élevé.
 Cela se fait au détriment du consommateur.
 L’État peut aussi tire aussi profit de l’instauration de ces tarifs douaniers

(Cela nous conduit à l’analyse des surplus).

5 principaux dispositifs :
- Les droits de douane
- Les subventions aux exportations
- Les quotas d’importation
- Les restrictions volontaires aux exportations
- Les exigences de contenu local

Exigences de contenu local : dans chaque unité de bien finale, il faut qu’il y ait
au moins 20% (par exemple) de valeur ajoutée locale.

1.1. Les droits de douanes

Les droits de douanes sont un impôt sur les importations.


Deux spécificités historiques des droits de douane :
- La forme la plus ancienne de politique commerciale (dès le
développement du CI, fin XVIIIe siècle), tous les autres dispositifs sont
plus récents
- Jusqu’au XXe siècle, la principale source de revenu des États.

2 types de droits de douane :


- « Spécifique » : l’État prélève un montant fixe par unité de bien importée
- « Ad valorem » : l’État prélève un pourcentage de la valeur d’un bien
importé.

Objectif principal : rendre les produits importés plus chers que les produits
locaux, afin de soutenir les entreprises nationales en les protégeant de la
concurrence internationale.

Protection « douce » : aucune interdiction

Le montant de droit de douane peut dépendre :

- Le type de bien importé 


o Ex : en France, les instruments de musique : entre 2,7 et 4%
o Ex : les « nouveaux produits » : de l’ordre de 0 à 7%
o Dans l’extrême majorité des cas, les droits de douanes sont « ad
valorem ».

- Le pays duquel le bien est importé


o 0% dans les pays membres de l’UE : « libre circulation des
marchandises ».
o Sinon, dépend des différents accords commerciaux de la France
avec les autres pays.

Légalement, c’est la personne ou l’entreprise qui importe qui doit payer le droit
de douane (à l’État), pas celles qui exportent.

Théoriquement, les droits de douanes sont des taxes.


 Mais l’analyse économique des droits de douanes est sensiblement
différente
Un grand pays constitue une part importante de l’offre et de la demande
mondiale. Si l’offre ou la demande du grand pays augmente, c’est le prix
mondial qui est affecté.
Un petit pays n’a pas d’impact sur le prix.

Cas du petit pays :

 En autarcie : la demande domestique ne peut être satisfaite que par


l’offre domestique

 Libre-échange : le prix mondial est plus faible, et il est exogène pour le


petit pays (il ne peut pas l’affecter).
o Le prix est maintenant Pm < Pa
o Q1 représente la nouvelle production : la production diminue, car
le prix est trop bas
o Q4 : la demande augmente.
o La quantité des importations est déterminée par la distance Q1 –
Q4.

 L’État met en place des droits de douane


o Le prix est maintenant Pm + taxes = Pt
o Q2 : la production augmente, car les prix augmentent
o Q3 : la demande baisse
o Les importations baissent : c’est maintenant Q2 – Q3.
o Les recettes de l’État sont : taxe – Q importées = (Pt – Pm) x (Q3 –
Q2)

Cas du grand pays :

 2 nouvelles notions :
o Demande d’importations du pays domestique
o Offre d’exportation du pays étranger

 Le pays domestique :
o PA : la quantité importée demandée est nulle
o P1 : la quantité importée est O1 – D1
o P2 : les producteurs produisent 02 (> 01), et les consommateurs
demandent D2. La quantité importée est D2 – 02
o En relient D2 et D1, on trace la courbe de demande mondiale (car
c’est le seul pays importateur, et donc demandeur).
 Le pays étranger :
o PA : la quantité offerte à l’exportation est nulle.
o P1 : les offreurs locaux peuvent produire beaucoup plus (O1) que
la quantité demandée (D1).
 La quantité exportée est O1 – D1.
o On trace la courbe d’offre d’exportation en reliant OA et O1.

 Le prix mondial est la confrontation entre offre d’exportation et


demande d’importation.
o Qw est la quantité échangée entre les 2 pays.

 Le pays domestique impose une taxe sur les importations :


o On se retrouve à Pw + T
o Le pays étranger, qui a toujours un excès d’offre, va baisser ses
prix pour écouler la marchandise excédentaire.
o Le nouveau Pw + T sera plus faible que l’ancien, donc la demande
domestique va augmenter.
o Ce processus s’opère jusqu’à l’équilibre.
o À ce nouvel équilibre, le prix dans le pays domestique sera plus
élevé, et le prix dans le pays étranger sera plus faible.
o L’écart entre les 2 prix est le montant de la taxe.
o Mais le nouveau prix pour le pays domestique n’augmente pas
autant que le montant de la taxe : c’est Pw* + T, et non Pw + T.
o Ce sont donc les 2 pays supportent le coût de la taxe (les
consommateurs locaux, et les producteurs étrangers).

Analyse du surplus :

 Surplus du consommateur = différence entre le prix maximal que le


consommateur est prêt à payer et le prix effectif
 Surplus du producteur = différence entre le prix effectif et le prix minimal
auquel le producteur est prêt à vendre.

En libre-échange :
 Le prix baisse
 Le surplus du producteur baisse
 Le surplus du consommateur augmente
Instauration d’un tarif douanier (dans le cas d’un grand pays) :
 Le prix augmente : le prix passe de Pw à Pt
 Le surplus du producteur augmente
 Le surplus du consommateur baisse
 Apparition d’un surplus de l’État (rectangle orange)
 Le montant de la taxe est : pt – pt* (pt* étant le prix dans le pays
étranger).
 Les recettes douanières de l’État sont : (pt – pt*) x Q importée

Finalement :
 Le prix augmente
 Le consommateur perd (- a -b -c -d)
 Le producteur gagne (a)
 L’État augmente (c + e)
 Surplus total = somme entre la perte du consommateur, le gain du
producteur et le gain de l’État (- b – d + e).
 Le surplus total est ambigu : positif si les recettes douanières sont
suffisantes pour compenser, et négatif dans le cas contraire.

1.2. Les subventions aux exportations

Les subventions aux exportations sont des aides publiques versées par l’État, à
une entreprise domestique qui exporte.

Au niveau local, la quantité destinée au marché local est désormais exportée.


Cela crée un excès de demande au niveau local, et donc une montée des prix.
La montée des prix va permettre aux producteurs locaux de produire plus,
production qui sera destinée aux exportations.

L’État ne gagne rien, mais perd.

Elle peut être « spécifique » ou « ad valorem ».

En pratique, les subventions aux exportations prennent des formes un peu plus
complexes, voir déguisées.

Elles ne sont pas toujours compatibles avec les règles de l’OMC (concurrence
déloyale).
L’État peut proposer de prêter à des taux intéressants à des entreprises
étrangères qui s’engagent à importer.

Exemple théorique :
 La quantité exportée est OD – D1
 Si l’état subventionne, la quantité exportée va augmenter
 Sur le marché domestique, la réduction de l’offre domestique fait
augmenter les prix.

La production destinée au marché local est désormais exportée  excédent de


demande locale  les prix augmentent  les consommateurs demandent
moins.
Excès d’offre sur les marchés mondiaux.
Tout ceci contribue à ce que les prix à une baisse du prix mondial.
L’état continue de subventionner, de manière plus importante.
Plus les prix mondiaux sont bas, plus la subvention sera élevée.

Dans le cas d’un grand pays :


- L’état subventionne chaque exportation d’un montant s par unité.
- Une partie de la production locale va être destinée aux exportations.
- L’offre sur le marché mondial augmente.
- Excès de demande locale
- Les prix locaux augmentent.
- Les consommateurs locaux demandent moins.
- Le bien être (surplus) des consommateurs locaux baisse.
- Le surplus du producteur augmente.

L’effet des subventions aux exportations est toujours négatif sur l’économie
(l’état paye de plus en plus).

1.3. Les quotas d’importation

 Les quotas d’importation consistent à imposer une limite sur la quantité


importée d’un bien dans le pays.
o Ex : sur le fromage et sur le sucre aux États-Unis.

Les entreprises achètent moins cher (prix mondial) et revend plus cher sur le
marché (prix local).
La différence est la rente de quota.
 Ils passent généralement par l’octroi de licences à certaines entreprises
o Licences d’importation pour des entreprises domestiques :
donnent le droit d’importer et de revendre sur le marché
domestique
o Licences d'exportation pour des entreprises étrangères : donnent
le droit de vendre sur le marché domestique.

Les quotas sont des barrières non tarifaires.

Similarité avec les subventions aux exportations et différence avec les droits de
douanes ? :
- L’État ne collecte aucune recette
- Mêmes effets que les subventions, mais aucun coût pour l’État.
- Rentes de quotas  bénéficient aux entreprises domestiques possédant
une licence d’importation.

Les prix locaux augmentent.


Double effet : hausse de la production et baisse de la consommation.
Les producteurs en bénéficient et les consommateurs perdent.
Le surplus du producteur augmente.
Le surplus du consommateur baisse.

Rente de quota = quantité importée x (prix mondial – prix local)


C’est la surface c.

Dans le cas d’un petit pays : l’effet est ambigu :


 L’augmentation du surplus des producteurs est annulée par une partie
de la réduction du surplus des consommateurs.
 Si la rente de quota bénéficie à une entreprise étrangère, alors l’effet
global est forcément négatif.

Quand on impose des quotas, il y a un coût pour la société.

1.4. Les restrictions volontaires aux exportations

 Les restrictions volontaires aux exportations peuvent être considérés


comme une variant des quotas avec licence d’exportations 
 Le pays exportateur réduit « volontairement » ses exportations.
o Très souvent à la demande du pays importateur, en conditionnant
le refus à d’autres mesures moins avantageuses (droits de
douane).
 La rente de quotas va être captée par les exportateurs : si je restreints les
exportations, cela implique une hausse des prix, et donc une hausse des
gains pour les producteurs.

Ex : les restrictions volontaires d’exportations de voitures japonaises aux États-


Unis. Le gouvernement américain a négocié une restriction volontaire des
exportations avec le gouvernement japonais, pour éviter une guerre
commerciale.
Hausse de surplus des producteurs japonais = rente de quotas.

1.5. Exigences de contenu local 

On exige qu’une partie de la valeur ajoutée soit produite localement.


L’objectif est de protéger l’industrie de la concurrence mondiale.

Ex : les États-Unis imposent que les producteurs de voitures japonaises doivent
incorporer 50% de valeurs produites sur le territoire américain :
- Le prix aux États-Unis va augmenter.
- Baisse du surplus du consommateurs et hausse du surplus du
producteurs.

Pas de rente de quotas.

2. Les arguments pour et contre les politiques protectionnistes

La plupart des économistes vont être contre les politiques protectionnistes :


quand on s’ouvrer au CI, les gains augmentent pour la société.

Toutefois, certains États mettent en place des politiques protectionnistes.


Pour quelles raisons ?

Arguments contre les politiques protectionnistes :

1er argument contre : les gains explicites d’efficience


Le libre-échange est favorable dans le cas d’un petit pays  il ne peut pas
influencer les prix sur le marché mondial.
En vérité, quand on essaye de quantifier les gains du passage vers la
légalisation, ils ne sont pas aussi gros qu’espérés : les droits de douanes
aujourd’hui sont moins élevés.
Passer de l’autarcie au libre-échange montre de gros gains. Mais aujourd’hui,
aucun pays n’est réellement en autarcie. Les gains sont en vérité plutôt
modestes.

2e argument contre : les gains implicites d’efficience


Économies d’échelles internes
Protéger un secteur incite les entreprises nationales à se lancer dans celui-ci.
Si le nombre d’entreprises dans un secteur augmente  réduction de l’échelle
de production de chaque entreprise  impossible d’exploiter les économies
d’échelle internes (cet argument ne fonctionne que pour les secteurs qui n’ont
pas d’économies d’échelle externes).

Ces gains implicites d’efficience sont utilisés comme justification de l’Acte


unique européen en 1986 (pour un marché unique).
7% de gains de PIB par pays estimés.
En réalité, on a surestimé les gains.

3e argument contre : le libre échange stimule l’innovation et les transferts de


connaissance.
Quand on passe en libre-échange, les entreprises les moins productives
disparaissent  augmente la productivité moyenne du pays.
Autre cas de figure : ces entreprises confrontées au commerce internationale
vont copier leurs technologies, innover, se mettre à niveau pour rester sur le
marché.
Effet compétitif qui pousse les entreprises à augmenter leur productivité.

Les arguments pour le protectionnisme :

1er argument pour : les gains d’efficience liés aux termes de l’échange
Quand le grand pays impose un tarif, le prix mondial va baisser. Tout dépend
de la taille du tarif.
Quand le niveau de tarif est prohibitif (niveau de tarif tant élevé qu’on passe à
l’autarcie), il n’y a pas d’importation.
Quand le tarif est trop faible, la diminution du prix mondial ne sera pas assez
importante.
Dans le cas d’un grand pays :
La subvention à l’exportation fait baisser le prix des biens exportés (excès
d’offre sur le marché mondial)  les termes de l’échange se détériorent
(termes de l’échange = prix des biens exportés / prix des biens importés).
Ce sont plutôt les politiques de taxes à l’exportation qui sont favorables.

Mais cette pratique est assez rare  politiquement, représailles des


partenaires commerciaux.

2e argument pour : le protectionnisme peut être bénéfique en cas de


« défaillance de marché ».
En ouvrant le CI, spécialisation  certains secteurs sont lésés.
Si le marché du travail est inefficient, les gens issus du secteur lésé ne trouvent
pas d’emploi.
La solution logique serait de résoudre ces défaillances de marché (subventions
à l’emploi, subventions à la production, rencontres employeurs / chômeurs).
Mais ces politiques structurelles ont un coût important. Le plus facile pour
l’État est de mettre en place des politiques protectionnistes.

Dans le cas de défaillance de marché, on n’est pas en concurrence pure et


parfaite.

Externalités positives :
Quand on met en place du protectionnisme, cela pousse certaines entreprises à
se lancer sur le marché. S’il y a des externalités positives, cela peut être
intéressant, car cela bénéficie à tout le monde.
Création d’un « bénéfice social ».

Dans le cas d’un petit pays :


Protectionnisme  perte sèche, mais apparition d’un bénéfice social
Application de la théorie de l’« optimum de second rang ».

La théorie économique n’est pas entièrement défavorable au libre-échange.


Il y a des situations légitimes aux politiques protectionnistes.

Il faut pouvoir identifier correctement les secteurs qui possèdent des


défaillances de marché, ou qui ont des externalités positives.
Dans la réalité, c’est très compliqué, et la plupart des cas cela mène à une perte
sèche.
Contre-contre argument (politique) :
Les politiques protectionnistes sont plus discrètes que des réformes
structurelles (cas de défaillance)

L’argument des défaillances de marché est l’argument principal des nouvelles


politiques commerciales « stratégiques » :
Dans le cas d’un marché en oligopole, un pays peut gagner à subventionner
une entreprise nationale :
 Nouveau produit 
o Si 2 entreprises entrent sur le marché en même temps, les
entreprises ne rentreraient pas dans leur frais, les bénéfices
anticipés seraient négatifs.
o L’État peut alors avoir intérêt à subventionner son entreprise
locale.
o Exemple d’Airbus (UE) et Boeing (US).
o Mais on peut se retrouver dans le cas où les 2 entreprises sont
subventionnées.

3e argument pour : le protectionnisme permet le développement des pays


pauvres.
« Argument de l’industrie naissante »
Les pays en développement pratiquent du protectionnisme pour stimuler la
production.
Sans PP, les pays pauvres sont soumis aux termes de l’échange. Si les prix
mondiaux fluctuent grandement, ils peuvent se retrouver en situation difficile.

Les nouveaux pays industrialisés (ex : Corée) ont essayé de stimuler leur
secteur exportateur, ce qui a permis un rattrapage économique.

4e argument pour : les conséquences sociales négatives du libre-échange.


Dans les pays développés : le secteur concurrent va pâtir  création de
chômage
Commerce avec les pays en développement  Exploitation de la main d’œuvre
très peu chère des pays en développement.
Problème éthique.
Contre argument : l’alternative que les pays en développement ont au niveau
local est de travailler pour encore moins de salaire.
5e argument pour : les conséquences environnementales négatives du libre-
échange.
Le transport international est très polluant.
Il faut mettre des clauses environnementales dans les accords de libre-échange.
Mais ce n’est pas fait car c’est vu comme des barrières non-tarifaires pour les
pays en développement.
La Chine est aujourd’hui la plus grande émettrice de carbone, commercer avec
la Chine revient à importer la pollution.
Contre-argument : courbe de Kuznets environnementale  quand on avance le
processus de production, cela se traduit en augmentation des gaz à effet de
serre. Mais à mesure que le niveau d’avancement augmente, réduction de la
pollution, changement de la production (+ de services, etc.).

Vous aimerez peut-être aussi