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INTRODUCTION
1. Problématique
Le trouble bipolaire (TB), classé en 1990 au sixième
rang parmi les dix premières causes d'invalidité dans le monde,
constitue encore aujourd'hui un réel problème de santé publique
malgré les progrès diagnostiques et thérapeutiques (Ghachem et
al. 2006, p.329-336). C'est dans ce sens que Sanchez-Moreno et al.
(2010, p .32) soutiennent qu'il est désormais établi qu'au-delà des
épisodes thymiques, les patients peinent à atteindre une rémission
fonctionnelle complète où il persiste des altérations dans divers
domaines comme l'emploi, les relations amicales et familiales et, les
loisirs. Le trouble bipolaire est un trouble largement comorbide avec
un taux de comorbidité estimé par Merikangas et al. (2011, p.51) à
respectivement 88,2%, 83,1% et 69,1% pour les troubles bipolaire des
types I, II et indifférenciés.
Ces auteurs retrouvent que 76,5% des patients
bipolaires souffrent, en plus de leur trouble bipolaire d'une autre
comorbidité psychiatrique avec plus de la moitié d'entre eux. Parmi
eux, les troubles anxieux, en particulier les attaques de panique font
partie des comorbidités les plus fréquentes (49,8%), suivi par les
troubles de la personnalité (44,8%) et les troubles de l'usage de
substance psychoactives (36,6%). Tondo et al. (2005, pp. 55-65)
estiment un risque suicidaire pour les patients souffrant de trouble
bipolaire : 30 à 60 fois plus important qu'en population générale et,
le suicide représente 15 à 20% des causes de décès chez ces
patients. En Afrique, le trouble bipolaire a longtemps été sous-
estimé. C'est pourquoi, Diop (1967, p.57) dit que la psychose
maniacodépressive semble relativement rare en milieu Africain et
n'a apparu dans les enseignements de la faculté de médecine
qu'en 1979, en Tunisie. La pathologie bipolaire demeure parmi les
maladies psychiatriques à risque suicidaire particulièrement
important : la prévalence du suicide chez les patients bipolaires est
de 15%, soit environ 2000 morts par an (Rouillons, 2008, pp.6-70). Le
repérage des sujets exposés à ce risque s'avère essentiel dans la
prise en charge de la pathologie.
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Les conséquences psychosociales de la maladie,


notamment l'altération du fonctionnement professionnel, la
dégradation des relations interpersonnelles et sociales ou encore la
comorbidité addictive, constituent des facteurs prédictifs du
pronostic de la maladie. Ce qui souligne l'intérêt d'une prise en
charge précoce, incluant le repérage des formes à début
précoce, l'instauration d'un traitement pharmacologique et
psychothérapique adéquat avec réhabilitation psychosociale ;
Cette prise en charge du trouble bipolaire repose, d'après Oud
Mayo-Wilson et al. (2016) sur un traitement pharmacologique dont
l'efficacité est établie mais comporte des limites et les thérapies
psychologiques issues d'approches psychosociales, basées sur une
approche multidimensionnelle, ont trouvé une place importante
dans la prise en charge globale du patient souffrant de trouble
bipolaire en adjonction du traitement médicamenteux.
C'est ainsi que Yatham et al. (2013, p.1-44) parle La
psychoéducation, inspirée des programmes d'éducation
thérapeutique développée dans le champ des maladies
somatiques chroniques, qui doit désormais faire partie des
recommandations internationales dans la prise en charge du
trouble bipolaire. Ces auteurs ajoutent que la psychoéducation est
maintenant reconnue dans les lignes directrices psychiatriques et
elle est au premier plan dans la prise en charge des patients
bipolaires. Bien que plusieurs recensions des écrits sur l'efficacité des
interventions psychosociales pour le trouble bipolaire aient été
effectuées (par exemple Huxley et al. 2000 ; Khazaal et al. 2006 ;
Maina et al. 2010 ; Miklowitz, 2008 ; Weber et al. 2007), aucune ne
s'est intéressée à l'efficacité spécifique de la composante
psychoéducative de ces interventions. Par exemple, Khazaal et al.
(2006) se sont intéressés conjointement à l'efficacité de la
psychoéducation et de la thérapie cognitive comportementale
pour les patients bipolaires. S'inscrivant dans la philosophie de
l'éducation thérapeutique, la psychoéducation fait partie des
recommandations internationales de prise en charge dans les
troubles bipolaires.
3

Elle offre une réponse aux défis thérapeutiques


posés par les troubles bipolaires. Le but général de la
psychoéducation pour le trouble bipolaire est de fournir aux
patients ou aux membres de leur famille des informations sur la
maladie et son traitement. Plus spécifiquement, la
psychoéducation vise à enseigner aux patients comment mieux
gérer leur maladie afin de réduire les rechutes, les symptômes
résiduels et d'augmenter leur niveau fonctionnel. Cette citation est
soutenue par Martin Provencher et al. (2012, p. 157), Rouget et
Aubry (2007, pp. 11-27) et Bond Anderson IM (2015), lorsqu'ils disent
que l'efficacité de la psychoéducation est confirmée concernant
des domaines comme la prévention des rechutes thymiques et
l'amélioration de l'observance, mais les données de la littérature
demeurent actuellement insuffisantes pour statuer de l'efficacité de
la psychoéducation sur le fonctionnement, bien que des travaux
aillent dans ce sens. Etant donné la régularité des malades mentaux
souffrant de trouble bipolaire dans la Province du Sud-Kivu et le
système de pris en charge en vigueur au Centre psychiatrique de
Bukavu, quelques interrogations méritent d'être soulevées dans
cette étude :
 Quelle est la place qu'occupe la psychoéducation dans la
prise en charge des patients souffrant des troubles bipolaires
soignés au Centre SOSAME de Bukavu ?
 La psychoéducation est-elle efficace que d'autres thérapies
psychologiques dans le cadre de traitement de troubles ?
2. Hypothèses du travail
Pour tenter de répondre à ces questionnements, nous avons
supposé que :
 La psychoéducation serait largement utilisée comme l'une
des thérapies psychologiques favorisant l'amélioration du
fonctionnement psychosocial des patients souffrant de
trouble bipolaire soignés au Centre Neuro-Psycho-
Psychiatrique ;
 La psychoéducation ferait partie des interventions
psychologiques recommandées et efficaces dans traitement
des patients souffrant des troubles bipolaires.
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3. Objectifs du travail
Cette étude a pour objectifs :
 De connaître la place qu'occupe la psychoéducation dans le
traitement des patients souffrant de trouble bipolaire ;
 De connaître l'efficacité de la psychoéducation dans la prise
en charge des patients souffrant de trouble bipolaire à l'instar
d'autres thérapies psychologiques, identifier les mécanismes
de mise en application de la psychoéducation dans le
processus thérapie lié au trouble bipolaire.

4. Intérêt de l'étude
La présente étude est une contribution en
psychologie clinique et revêt un double intérêt : théorique et
pratique. Sur le plan théorique, ce travail pourrait constituer un
cadre de référence pour les futurs chercheurs et la communauté
scientifique, soucieux d'obtenir des informations dans le domaine
clinique, notamment l'apport de la psychoéducation dans le
trouble bipolaire. Sur le plan pratique, ce travail offre des
informations utiles aux prestataires des soins en santé mentale
concernant l'efficacité avérée de la psychoéducation comme
l'une des thérapies psychologiques internationalement
recommandée pour traitement des troubles bipolaires.
5. Méthodologie du travail
Cette étude s'étend sur la période allant
d'Octobre 2021 à Octobre 202é. Sa population d'étude est
constituée des patients souffrant des troubles bipolaires des types I
ou II selon les critères du DSM-5 ayant bénéficié du programme de
psychoéducation pendant cette période et l'équipe soignante du
CNPP au sein de ces deux populations, nous avons choisi
occasionnellement 12 patients souffrant de cette maladie et,
exhaustivement les 22 soignants, en utilisant les méthodes
d'enquête et analytique soutenues par deux questionnaires
d'enquête, l'un réservé aux soignés et l'autre, aux soignants.
5

Le dépouillement et le traitement des données se


sont réalisés par le décompte des fréquences et l'analyse de
contenu, transformées en proportion.
6. Subdivision du travail
Hormis l'introduction et la conclusion, ce travail est
subdivisé chapitres. Le premier chapitre traite des généralités sur la
psychoéducation. Le deuxième chapitre est consacré au cadre
méthodologique. Le troisième chapitre traite de présentation, de
l'analyse et de l'interprétation des résultats.
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CHAPITRE I : GENERALITES SUR LA PSYCHOEDUCATION

Dans ce chapitre, notre attention s'est focalisée sur


les définitions des concepts, les aspects théoriques sur la
psychoéducation, les troubles bipolaires et ses effets ainsi que les
études antérieures.
1.1. DEFINITION DES CONCEPTS
Il est pour nous indispensable de préciser la signification des
concepts utilisés dans cette étude pour éviter toute confusion. C'est
ainsi que nous définissons les concepts suivants :
1.1.1. Psychoéducation
D'après Bonsack, Rexhaj et Favrod (2005, p.79-84).
La psychoéducation peut être définie comme une intervention
didactique et psychothérapeutique systématique qui vise à
informer les patients et leurs proches sur le trouble psychiatrique et
à promouvoir les capacités pour y faire face ».
Elle est une thérapie qui informe le malade et son
entourage sur la maladie dont souffre celui-ci afin de la combattre
( www.infirmiers.com./pdf/tfe.romaindedroy.pdf). C'est donc une
méthode thérapeutique et pédagogique qui vise à instruire le
patient et son entourage afin d'y résister.
1. 1.2 Trouble bipolaire
Les Troubles Bipolaires (TB) anciennement appelés « psychoses
maniaco-dépressives », puis« maladies maniacodépressives » sont
des perturbations de l'humeur caractérisées par la survenue
généralement répétée d'épisodes maniaques, hypomaniaques,
dépressifs (inconstamment) ou mixtes séparés par des périodes au
cours desquelles les sujets sont, à priori, indemnes de
dysfonctionnement psychique majeur. Henry et Gay (2004)
Le trouble bipolaire est d'après American Psychiatric Association
(1994), une maladie chronique caractérisée par des cycles
récurrents de dépression et de manie, une évolution erratique et
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des symptômes résiduels marqués qui interfèrent de façon


significative avec le fonctionnement de l'individu.
Il est généralement divisé en deux catégories : le trouble bipolaire
de type I (BP-I : manie et dépression) et de type II (BP-II : hypomanie
et dépression). Il est ainsi un état de surexcitation des fonctions
psychiques caractérisé par une humeur euphorique et/ou irritable
et, un état psychique présentant une perturbation de l'humeur dans
le versant négatif.
1.1.3. Patient
Selon le Dictionnaire de Soins Infirmiers et de la profession (2000), le
patient est une personne soignée qui présente un ou plusieurs
problèmes de santé pour lesquels elle a recours aux soins. Le patient
est une personne ayant un problème de santé, l'équipe soignante
la reprend en soins afin de l'aider dans sa perte d'autonomie et ses
problèmes médicaux pour améliorer son état de santé. Donc, un
patient est une personne qui souffre et qui est prise en charge par
un thérapeute.
1.1.4. Prise en charge
Ce terme désigne le fait d'assumer une responsabilité. Celle-ci peut
concerner une personne, un objet ou une situation.
Cette expression s'emploie aussi plus spécifiquement dans le
domaine de la médecine et désigne le fait de prodiguer des soins
à un patient. Donc, la prise en charge (PEC) est l'ensemble des
procédés des stratégies qu'utilise une personne, une institution pour
satisfaire les besoins de quelqu'un ou d'un groupe.
1. 2. REVUE DE LA LITTERATURE THEORIQUE

1.2.1 Notion de trouble bipolaire


D'après les recherches de Kahn et al. (2004, p.1), le trouble bipolaire
(anciennement, la psychose maniaco-dépressive) est un trouble
biologique sévère qui atteint 1% de la population adulte. Même si
les symptômes et la sévérité varient, le trouble bipolaire a un impact
considérable sur ceux qui ont cette maladie et sur leur famille,
conjoint(e) et amis.
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Le trouble bipolaire est fréquent, il débute généralement à un âge


précoce (âge de début estimé à 20 ans selon Epidémiologique
Catchment Area (ECA). Sa prévalence à un an, et sa prévalence
sur la vie, en population générale, dans les études internationales,
se situe respectivement entre 0,1 et 1,7%, et entre 0,2 et 1,6%
(Rouillons, 1997, p.7-11). Les TB affectent les émotions. Il y a deux
types de troubles de l'humeur. Dans les troubles unipolaires (un
pôle), comme le trouble dépressif majeur, on note une baisse de
l'humeur. Dans les troubles bipolaires (deux pôles), on peut noter
une élévation excessive de l'humeur. Tous les troubles de l'humeur
sont associés à des modifications chimiques dans le cerveau. Les
troubles de l'humeur sont des maladies traitables pour lesquels il
existe des interventions spécifiques.

1.2.2 Symptômes du trouble bipolaire


D'après khan (op.cit.), le trouble bipolaire est une maladie
caractérisée par des cycles de changements de l'humeur. La
personne peut présenter des périodes d'élévation de l'humeur puis
des périodes d'humeur dépressive et, parfois, des moments où
l'humeur est normale. On peut trouver quatre types d'épisodes
thymiques (i.e. affectifs) dans le trouble bipolaire: - La manie : Elle
débute souvent par une augmentation du niveau d'énergie, de la
créativité, et de l'aisance sociale.
Par contre, ces sentiments peuvent rapidement se transformer en
euphorie (humeur extrêmement élevée) ou en irritabilité excessive.
Les gens atteints de manie manquent souvent d'autocritique et ne
réalisent pas qu'il y a un problème. Ils peuvent blâmer les gens qui
tentent de le leur refléter. Lors de l'épisode de manie, les symptômes
suivants sont présents pendant au moins une semaine et
empêchent la personne de fonctionner normalement:
 L'humeur est élevée, euphorique et/ou irritable de façon
anormale et persistante, pendant au moins une semaine (ou
toute autre durée si une hospitalisation est nécessaire). Une
augmentation inhabituelle et persistante du niveau d'énergie
et/ou de l'activité orientée vers un but (social, scolaire,
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professionnel ou sexuel) est associée à la modification de


l'humeur, Et au moins 3 des symptômes suivants (4 si l'humeur
est seulement irritable) ont persisté avec une intensité
suffisante :
 Réduction du besoin de sommeil mais niveau d'énergie très
élevé ;
 Désir de parler constamment, parler si rapidement que les
autres ne vous suivent pas ;
 Fuite des idées ou sensation subjective que les pensées
défilent ;
 Distractibilité : l'attention se déplace rapidement entre
différents sujets en quelques minutes ;
 Augmentation de l'estime de soi ou idées de grandeur ; ·
Augmentation de l'activité orientée vers un but ou agitation
psychomotrice ;
 Engagement excessif dans des activités agréables mais à
potentiel élevé de conséquences dommageables (dépenses
excessives d'argent, activité sexuelle inappropriée,
investissements mal avisés). Dans des cas sévères, la personne
peut présenter des symptômes psychotiques tels des
hallucinations (entendre ou voir des choses qui ne sont pas là)
ou des délires (croyance ferme que des choses fausses sont
vraies).
 L'hypomanie. Elle est une forme plus légère de la manie.
L'individu présente des symptômes similaires mais d'intensité
moins sévère et causant moins d'impact fonctionnel. Pendant
l'épisode d'hypomanie, l'humeur peut être élevée, la
personne se sent mieux que d'habitude et est plus productive.
Elle ne pense pas qu'il y a un problème. Plus tard, elle peut
même cesser de prendre des médicaments pour ressentir à
nouveau l'hypomanie. Par contre, l'hypomanie est souvent
suivie d'un épisode de manie ou de dépression.
 La dépression majeure. Les symptômes suivants sont présents
pendant au moins 2 semaines (5 des critères suivants dont l'un
des 2 premiers) :
 Tristesse presque tous les jours, pratiquement toute la journée ;
10

 Perte d'intérêt pour presque toutes les activités, presque tous


les jours, pratiquement toute la journée : augmentation ou
diminution de l'appétit, augmentation ou diminution du
sommeil, fatigue, agitation ou ralentissement psychomoteur ;
 Difficulté à penser, indécision, trouble de concentration
presque à tous les jours, auto dévalorisation ou culpabilité
excessive,
 idées de suicide ou de mort récurrentes. La dépression sévère
peut parfois inclure des hallucinations ou des délires.
 Caractéristiques mixtes : Lorsque les symptômes de manie et
de dépression sont présents en même temps ou qu'ils alternent
fréquemment dans la même journée, on parle d'un épisode
avec des caractéristiques mixtes. Par exemple, lorsque
l'épisode de manie s'accompagne de 3 symptômes de
dépression majeure, on parle d'un épisode de manie avec
des caractéristiques mixtes. La personne est excitée ou agitée
mais aussi irritable et déprimée.

1.2. 3. Ethiopathogénie des troubles bipolaires


Pour Hamdani et Gorwood (2006, p.25), plusieurs hypothèses
éthiopathogeniques ont contribué à l'élaboration du schéma
causal de la pathologie bipolaire :
1.2.3.1. Génétique du trouble bipolaire
L'existence d'une vulnérabilité génétique vis-à-vis du trouble
bipolaire est établie depuis longtemps, les données issues d'études
familiales, d'études de jumeaux et d'adoption ont démontré sans
équivoque l'implication de facteurs génétiques dans la survenue de
trouble bipolaire.
En effet, si la prévalence du trouble est estimée entre 0,5 et 1,5% en
population générale, ce risque augmente de 5 à 10% si un
apparenté au premier degré est atteint, tandis que le taux de
concordance de jumeaux monozygotes atteint 40 à 70%.
Actuellement, les données de la littérature suggèrent l'interaction
de plusieurs gènes avec des mécanismes génétiques complexes,
on a même identifié les régions chromosomiques les plus
susceptibles d'être porteuses de facteurs de vulnérabilité génétique
11

à travers des études d'association et de liaison ( Bellivier F., 2009, p.


82).
Le trouble bipolaire débute généralement à l'adolescence ou au
début de l'âge adulte, même si parfois il commence dans l'enfance
ou dans la quarantaine ou la cinquantaine. Lorsque le premier
épisode survient après 50 ans, la cause la plus probable est un autre
problème médicalqui imite le trouble bipolaire tel qu'une maladie
neurologique ou les effets des drogues, de l'alcool ou un
médicament.
1.2.3.2. Neurobiologique du trouble bipolaire
Les théories neurobiologiques des troubles bipolaires plaident pour
l'implication de certains neurotransmetteurs tels la sérotonine et la
noradrénaline dans la physiopathologie des troubles bipolaires.
Parallèlement aux recherches sur la sérotonine. Certains travaux
suggèrent qu'une augmentation noradrénergique serait
annonciatrice du virage de l'humeur.
Une perturbation dopaminergique serait retrouvée également
dans les états maniaques et dépressifs. D'autres neurotransmetteurs
semblent aussi être impliqués dans les troubles bipolaires comme le
système inhibiteur du GABA et excitateur du glutamate,
l'acétylcholine ou encore l'histamine (Berns et Nermeroff, 2003, p.76-
84).
1.2.3.3. Anomalies anatomiques et éléctrophysiologiques
Grâce aux techniques d'imagerie, plusieurs anomalies du cortex
cérébral des sujets bipolaires ont été décrites (Krebs, 2006, 45): -Un
cortex préfrontal plus petit comparativement aux sujets normaux ce
qui réduirait les performances cognitives surtout pour les tâches
attentionnelles.
 Une diminution de la densité du cortex singulaire antérieure,
région impliquée dans la cognition et le contrôle de la
motricité.
 Une augmentation de la taille de l'amygdale temporale
(région directement sollicitée dans la reconnaissance des
12

émotions) chez les adultes bipolaires contre une diminution de


celle-ci chez les adolescents atteints de la même pathologie.
Sur le plan électrophysiologie, le trouble bipolaire
s'accompagnerait d'anomalies de l'onde P50 qui reflète le filtrage
inhibiteur, lequel serait impliqué dans la survenue des hallucinations,
ce filtrage inhibiteur se trouve diminué de manière significative chez
les bipolaires ayant présenté des symptômes psychotiques
comparativement aux bipolaires « non psychotiques » et aux sujets
contrôle.
1.2.3.4. Evénements de vie et bipolarité
La comparaison de patients bipolaires, maniaques, dépressifs ou
euthymiques, montre que les événements de vie qui précèdent le
dernier épisode, lorsque celui-ci survient au moins un an après le
précédent, sont comparables chez les patients maniaques et chez
les patients déprimés. En revanche, le traitement médicamenteux,
l'observance thérapeutique et les antécédents personnels «
modulent » le rôle précipitant des événements de vie (Gorwood,
2005 .p.25).
Il n'existe pas d'événements précipitant spécifiques, néanmoins, on
note fréquemment : la perte d'un proche, le changement ou la
perte d'un emploi, les déménagements, les toxiques et drogues ;
dont il est souvent difficile de savoir s'il révèle un trouble bipolaire ou
s'il s'agit purement d'épisodes «pharmaco-induits »; la réduction du
sommeil; incriminée surtout dans les rechutes maniaques ;ou
encore l'accouchement qui constitue chez les femmes, un
événement de vie stressant spécifique (Hamdani et Gorwood,
op.cit.p.20).
1.2.3.5. Aspects cognitifs et qualité des relations sociales
L’entourage des patients ainsi que la qualité de leurs relations
interpersonnelles semblent affecter l'évolution du trouble bipolaire.
En effet, nombreuses études prospectives montrent qu'un soutien
social de mauvaise qualité s'accompagne de rechutes plus
fréquentes et d'une durée de rémission plus courte, aussi le style
cognitif des sujets bipolaires pourrait prédire la décompensation et
même la sévérité des symptômes.
13

D'autres facteurs développementaux, de survenue plus précoce,


ont été incriminés, tels les carences affectives, les mères
dominatrices, l'absence de père « émotionnel » ou « physique », les
antécédents de maltraitance ou d'hyperactivité dans l'enfance (
Richa et al. 2009, p.18).
1.2.4. Causes du trouble bipolaire
Selon Kahn et al (op.cit.p.8), les études tendent à démontrer que le
trouble bipolaire est causé par une anomalie au niveau du
fonctionnement du cerveau ou au niveau de la communication
entre les cellules nerveuses. On ne connait pas la nature précise de
l'anomalie biochimique mais ce trouble est associé à une
vulnérabilité au stress émotionnel et physique.
Conséquemment, des facteurs de stress (par exemple, des
expériences bouleversantes, l'usage de drogues ou l'insomnie)
peuvent déclencher un épisode même s'ils ne causent pas le
trouble bipolaire. Tout comme dans d'autres maladies physiques,
on note une interaction entre une vulnérabilité génétique et des
facteurs de stress environnementaux. Par exemple, les maladies
cardiaques peuvent être le résultat d'une interaction entre des taux
de cholestérol élevés ou une hypertension artérielle qui diminuent
progressivement l'apport d'oxygène au cœur et un événement
stressant (par exemple, l'exercice physique ou une tension
émotionnelle) qui occasionne une douleur à la poitrine ou une crise
cardiaque si l'apport d'oxygène est trop bas.
1.2.5. Les différents types de troubles bipolaires
Selon le DSM5 (2013), deux types de TB sont distingués, notamment
les TB du type I et le TB du type II :
 Dans le trouble bipolaire de type I, la personne présente des
épisodes de manie et, presque toujours, des épisodes de
dépressions. Si la personne a présenté dès le début un épisode
de manie, on peut poser un diagnostic de trouble bipolaire
même si la personne n'a pas encore eu un épisode de
dépression. Il est probable que la personne présentera des
épisodes de dépression et de manie à moins de recevoir un
traitement efficace ;
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 Dans le trouble bipolaire de type II, la personne ne présente


que des épisodes d'hypomanie et de dépression, pas
d'épisode de manie. Ce type de trouble bipolaire peut être
difficile à reconnaitre car l'hypomanie peut sembler normale
si la personne est simplement très productive et évite les
problèmes. Les individus atteints du trouble bipolaire de type II
ne se préoccupent pas souvent des épisodes d'hypomanie et
demandent un traitement seulement lorsqu'ils sont déprimés.
Malheureusement, si on prescrit seulement un antidépresseur,
sans stabilisateur de l'humeur, pour un trouble bipolaire de
type II, on peut déclencher un épisode de manie ou des
cycles plus fréquents ;
 Les troubles bipolaires de type I et II peuvent être à cycle
rapide. Dans ce type de trouble, la personne présente au
moins 4 épisodes à chaque année (manie, hypomanie ou
dépression). Ceci survient chez 5 -15% des patients avec le
trouble bipolaire. Les cycles rapides peuvent parfois être
déclenchés par la prise d'antidépresseurs sans stabilisateurs de
l'humeur. Les troubles bipolaires à cycle rapide sont plus
fréquents chez les femmes.

1. 2 .6 Traitement de Trouble bipolaire


Le traitement comprend la prise de médicaments pour diminuer le
taux de cholestérol et la tension artérielle ainsi qu'un changement
au niveau des habitudes de vie (par exemple, l'exercice, la diète,
la diminution des facteurs de stress qui pourraient déclencher une
attaque).
Dans le trouble bipolaire, la médication peut corriger les
débalancements au niveau de la chimie du cerveau et la
psychothérapie ainsi que les modifications des habitudes de vie
(par exemple, diminution du stress, bonnes habitudes de sommeil,
éviter les abus de substances) peuvent diminuer encore plus les
symptômes et diminuer les risques de rechute. Les médicaments
sont nécessaires pour presque tous les patients pendant la phase
aigüe et de maintien. La psychoéducation est critique pour aider
les patients et les familles à composer avec le trouble bipolaire et
pour prévenir les complications.
15

La psychothérapie aide les patients et leur famille à composer avec


les pensées, les émotions et les comportements problématiques de
façon constructive. On met l'emphase sur la détection précoce et
le traitement des épisodes; la modification des niveaux d'activité et
de stress et la résolution de problèmes. Les groupes de soutien
offrent de l'aide et une compréhension qui peut promouvoir la
stabilité au long cours. Les participants rapportent qu'ils se sentent
acceptés par le groupe, que les pairs peuvent les aider à suivre le
plan de traitement et qu'ils peuvent partager leurs expériences
avec des gens qui ont déjà eu le même type d'expérience.
1.2.7. Place de la psychoéducation dans le trouble Bipolaire

1.2.7.1. Données historiques de la psychoéducation


Si l'éducation thérapeutique fait depuis plusieurs années ses
preuves dans les pathologies chroniques somatiques, elle
s'applique depuis plus récemment aux pathologies mentales avec
la psychoéducation.
Selon Anderson, CM et al (1980), le terme de psychoéducation est
apparu pour la première fois en 1980 et c'est avec les troubles
schizophréniques que la psychoéducation s'est initialement mis en
place. Un des premiers dans le domaine à y avoir contribué est
Liberman R.P, pionnier de la réhabilitation psychosociale des
patients souffrant de schizophrénie qui avait mis en place dans les
années 1980 toute une méthodologie psycho éducative
(économies de jetons, crédits motivationnels, ...) et des manuels
d'éducation destinés aux patients schizophrènes. Sous forme de
programmes structurés et interactifs, les modules de Liberman
étaient destinés à enseigner les connaissances et habiletés
nécessaires dans des domaines précis du fonctionnement. L’auteur
partant du constat que les traitements pharmacologiques, bien
qu'indispensables demeuraient insatisfaisant dans le processus de
rétablissement du patient, il a suggéré qu'il fallait y adjoindre des
actions psychosociales ou psychothérapeutiques pour atteindre le
but de la réinsertion.
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Par la suite, de nombreux programmes se sont développés incluant


également les familles et les soignants et depuis la fin des années
1990, l'utilisation de la psychoéducation s'est étendue à d'autres
troubles psychiques comme les troubles du comportement
alimentaire, les troubles bipolaires, les attaques de panique ou le
stress post traumatiques.
1.2.7.2. Le diagnostic éducatif en psychoéducation et les
représentations de la maladie
Comme l'explique d'Ivernois et Gagnayre (1995, p.55), « le
diagnostic éducatif est la première étape de la démarche
d'éducation qui permet d'appréhender différents aspects de la
personnalité du patient, d'identifier ses besoins, d'évaluer ses
potentialités, de prendre en compte ses demandes dans le but de
proposer un programme d'éducation personnalisé ». La Haute
Autorité de Santé (2007) place le diagnostic éducatif comme la
première étape dans la mise en œuvre de l'éducation
thérapeutique d'un patient atteint de maladie chronique. Le
diagnostic éducatif repose sur un échange au cours d'une ou
plusieurs séances et est individualisé en fonction des objectifs de
chaque patient. Il n'est pas figé et, évolutif et progressif, il doit
permettre d'être régulièrement actualisé.
L'Organisation Mondiale de la Santé le définit comme « un recueil
systématique, détaillé et itératif d'informations par le soignant,
concernant la situation bioclinique, éducative, psychologique et
sociale du patient. Ces informations doivent servir de base pour la
construction d'un programme d'éducation thérapeutique
personnalisé ».
Les informations recueillies doivent permettre au soignant
d'identifier les compétences que le patient peut acquérir, de
repérer les facteurs favorisant l'apprentissage et ceux qui risquent
de le limiter. Le modèle d'Ivernois et Gagnayre propose de
construire le diagnostic éducatif sur cinq dimensions.
1.2.7.3. Psychoéducation pour les patients bipolaires
17

La psychoéducation est fréquemment administrée aux patients


bipolaires comme traitement psychosocial principal en
combinaison avec la pharmacothérapie. Van Gent et al.,(1988) ont
testé une intervention psychoéducative de groupe d'une durée de
10 rencontres. Significativement plus de patients du groupe
psychoéducatif (75 % vs 29 %) rapportent s'être améliorés, et 70 %
de ces patients ont maintenu cette amélioration 15 mois après la
fin de l'intervention.
Dans une deuxième étude, Van Gent et Zwart (1993b) ont évalué
un programme psycho éducatif bref hautement structuré. Ils ont
comparé l'effet de ce programme à leur programme précédent de
10 rencontres. Une amélioration subjective a été observée dans les
deux groupes. Les participants ont été globalement satisfaits du
programme, mais plusieurs (29 %) ont indiqué que le programme
bref était d'une durée insuffisante. Dans une étude subséquente,
Van Gent (2000) a observé des résultats similaires pour les deux
programmes. Les résultats indiquent une diminution des problèmes
d'observance à la médication et du nombre d'hospitalisations trois
ans après la tenue des groupes psycho éducatifs.
Peet et Harvey (1991) ont évalué l'efficacité d'une intervention
psycho éducative brève administrée sous format de groupe. Les
patients du groupe psycho éducatif ont démontré une plus forte
augmentation de leurs connaissances sur le lithium et de leurs
attitudes positives quant à la prise de médication, au suivi six et 12
mois respectivement Perry et al. (1999) ont testé l'efficacité d'une
intervention individuelle qui entraîne les patients à reconnaître les
signes précurseurs d'une rechute et à appliquer un plan d'action
pour intervenir sur ces symptômes. L’apparition d'une rechute
maniaque a été retardée chez les patients du groupe traitement
(65 vs 17 semaines) et ceux-ci ont connu significativement moins de
rechutes maniaques que les patients du groupe contrôle (27 % vs
57 %). Par contre, aucune différence n'a été observée entre les
groupes quant au délai d'apparition d'un épisode dépressif ou
l'observance à la pharmacothérapie.
Dans une étude canadienne, Zaretsky et al. (2008) ont assigné
aléatoirement les patients bipolaires à la psychoéducation (N = 40)
18

ou à la psychoéducation et à la TCC combinées (N = 39). Aucune


différence n'a été observée pour le nombre d'hospitalisations,
l'observance à la pharmacothérapie, le fonctionnement
psychologique ou l'utilisation des services de santé mentale. Par
contre, les patients qui ont reçu la TCC ont passé 50 % moins de
jours avec des symptômes dépressifs.
En résumé, les résultats de plusieurs études suggèrent que la
psychoéducation est aidante et efficace pour les patients atteints
d'un trouble bipolaire. Ce type de traitement, administré en format
de groupe, augmente la connaissance du trouble bipolaire et
semble avoir des effets bénéfiques sur l'observance au traitement
pharmacologique. De plus, la stabilité thymique semble être
influencée de façon positive. Les résultats semblent plus robustes
dans le cas d'un traitement plus long et intensif, mais même un
traitement très bref aurait des effets bénéfiques non négligeables
chez cette clientèle complexe (Provencher M, D., 2012.p.170).
1.2.7.4. Psychoéducation pour les patients et leurs proches

Dans certaines interventions psycho éducatives, les proches des


patients sont encouragés à accompagner les patients en
participant au programme). Il est reconnu que des événements de
vie stressants et qu'un haut niveau d'expression émotionnelle au sein
de la cellule familiale, comme une forte hostilité envers la personne
atteinte du trouble ou encore une sur implication émotionnelle de
la part des proches, prédisent fortement les rechutes thymiques et
les délais de rémission inter épisode (Johnson, 2005 ; Miklowitz et
Johnson, 2006). Les interventions psycho éducatives qui impliquent
les proches des patients sont directement en lien avec ces résultats
empiriques. En effet, elles mettent l'accent sur les stratégies de
régulation des émotions et sur l'amélioration de la communication
entre les membres d'une même famille, lorsque ceux-ci sont
confrontés à une situation conflictuelle.
L’amélioration de la communication au sein de la cellule familiale
conduit à un support social plus favorable qui, lui, est associé à une
plus grande efficacité thérapeutique (O'Connell et al.1985).
19

Six études sur ce format d'intervention psycho éducative ont été


identifiées. Clarkin et al. (1990) ont testé l'efficacité d'une
intervention psycho éducative (les proches inclus) en comparaison
avec le traitement usuel.
Les patients du groupe psycho éducatif ont connu une
amélioration significative de leur fonctionnement global au suivi six
mois. Ces bénéfices et les attitudes familiales positives envers la
maladie se sont maintenus au suivi après 18 mois. Dans une étude
subséquente, Clarkin et al. (1998) ont comparé l'efficacité du
traitement usuel à celle d'une thérapie conjugale psycho
éducative pour des patients bipolaires. Après l'intervention, les
patients du groupe traitement avaient une observance à la
pharmacothérapie et un niveau de fonctionnement global
significativement plus élevés que ceux du groupe contrôle.
Par contre, aucune différence significative pour l'intensité des
symptômes n'a été observée entre les groupes. Honig et al. (1997)
ont testé l'efficacité d'une intervention psycho éducative pour les
patients bipolaires et leur partenaire ou une personne significative.
Le niveau d'expression émotionnelle s'est amélioré chez 31 % des
conjoints, ce qui est significativement supérieur aux conjoints du
groupe contrôle. Les patients du groupe psychoéducatif ont aussi
rapporté une meilleure acceptation et un meilleur contrôle de leur
maladie. Récemment, D'souza et al. (2010) ont comparé l'impact
d'un traitement usuel à celui d'un programme psycho éducatif
destiné aux patients bipolaires et à leurs proches. Un suivi jusqu'à 60
semaines après le traitement permet de conclure que les patients
ayant suivi l'intervention ont connu un taux de rechute
significativement plus bas, et ont bénéficié d'un temps de rémission
plus élevé que ceux du groupe contrôle. Une plus faible intensité
des symptômes maniaques et une meilleure observance au
traitement pharmacologique ont aussi été observées chez les
patients du groupe psycho éducatif. Les interventions psycho
éducatives qui impliquent les proches des patients sont
directement en lien avec ces résultats empiriques.
En effet, elles mettent l'accent sur les stratégies de régulation des
émotions et sur l'amélioration de la communication entre les
20

membres d'une même famille, lorsque ceux-ci sont confrontés à


une situation conflictuelle. L’amélioration de la communication au
sein de la cellule familiale conduit à un support social plus favorable
qui, lui, est associé à une plus grande efficacité thérapeutique
(O'Connell et al. op .cit).
1.2.7.5. La psychoéducation pour les proches des patients
bipolaires
D'autres programmes psycho éducatifs similaires sont conçus
spécifiquement pour les membres de la famille, sans inclure les
patients dans le traitement (voir Tableau 3, page suivante).
La charge émotive et le haut niveau de stress qui peuvent être
vécus par la famille, lorsque l'un des membres vit une rechute
thymique, justifient la nécessité de développer des programmes
pour outiller les proches et les aider à surmonter ces épisodes et les
conséquences qui s'ensuivent (Perlick et al. 1999) ; Les groupes de
psychoéducation conçus spécifiquement pour les proches leur
permettent de partager plus librement leurs sentiments et leur vécu
avec des gens qui traversent sensiblement les mêmes obstacles.
L'identification avec les pairs est entre autres une façon de diminuer
la stigmatisation et d'élargir leur réseau social, ce qui ne peut
conduire qu'à des bénéfices pour les proches impliqués dans le
traitement. Dans une étude subséquente le même programme a
été administré aux proches de patients bipolaires. Les patients dont
un proche a suivi le programme ont eu un délai d'apparition d'une
rechute allongé, et ont vécu (Reinares et al. 2008).
1.2.7.6. Efficacité spécifique de la psychoéducation
La présente recension des écrits indique que la psychoéducation
est une intervention psychosociale efficace en soi pour le trouble
bipolaire lorsqu'elle est combinée à la médication. Mais a-t-elle une
efficacité spécifique lorsque comparée à un groupe contrôle actif
ou à une autre intervention démontrée efficace pour le trouble
bipolaire ? Six études ont comparé la psychoéducation à une autre
intervention. Les études de Van Gent et Zwart (1993b) et de Van
Gent (2000) ont comparé leur groupe psycho éducatif de 10
rencontres à une version abrégée de cinq rencontres.
21

Bien qu'il n'y ait pas de différence entre les deux types
d'intervention, les patients ont rapporté être plus satisfaits de la
version longue (i.e. 10 rencontres). Miller et al. (2004) ont comparé
la thérapie psycho éducative multifamiliale à la thérapie familiale
ou à la pharmacothérapie seule. Bien qu'il n'y ait pas de différence
significative entre les trois interventions, les résultats semblent
légèrement favoriser l'approche psycho éducative comparée à la
thérapie familiale.
Les résultats démontrent clairement la supériorité du groupe psycho
éducatif sur un ensemble de variables. Ces résultats confirment que
la psychoéducation comprend des éléments spécifiques efficaces
pour le traitement du trouble bipolaire, lorsqu'un contrôle est exercé
pour un ensemble de facteurs non spécifiques reliés à l'intervention
psychologique. Finalement, Zaretsky et al. (2008) ont comparé vingt
rencontres de TCC (avec sept rencontres psycho éducatives) à
sept rencontres psycho éducatives seules. Les résultats démontrent
que les groupes ne diffèrent pas au niveau du nombre
d'hospitalisations, de l'observance à la pharmacothérapie, du
fonctionnement psychologique ou de l'utilisation des services de
santé mentale.
Par contre, les auteurs rapportent que les patients recevant la TCC
ont passé moins de jours avec des symptômes dépressifs, et que
plusieurs ont réduit leur dosage d'antidépresseurs comparé à la
psychoéducation seule, ce qui suggère ainsi que la TCC puisse
avoir un léger avantage sur la psychoéducation brève pour les
symptômes dépressifs.
1.2.7.7. Recommandations pour l'implantation de la
psychoéducation
La psychoéducation combinée à la médication est une
intervention efficace pour le traitement du trouble bipolaire, qu'elle
soit utilisée en tant que composante d'une autre intervention ou en
tant que seule intervention psychosociale. La psychoéducation est
donc l'un des ingrédients actifs communs parmi les diverses
interventions psychosociales pour ce trouble (; Weber et al. 2007).
22

Grâce à son efficacité, la psychoéducation est d'ailleurs reconnue


dans les lignes directrices psychiatriques pour le trouble bipolaire
(Yatham et al. 2009). Parmi les diverses interventions psycho
éducatives fréquemment implantées, deux modèles émergent : un
programme intensif développé par Colom et Vieta (2006) et un
programme plus bref, soit le Life Goals Program, proposé par Bauer
et McBride (1996, 2003).
Le programme de Colom et Vieta se démarque pour son efficacité
marquée pour lespatients bipolaires sévères (Colom et al. 2003,
2005). Par contre, la durée de l'intervention (21 rencontres) et les
qualifications des thérapeutes (deux psychologues avec un
doctorat) pourraient limiter la généralisation de cette intervention
à d'autres milieux cliniques. Quant à lui, le Life Goals Program de
Bauer et McBride se distingue par son format bref et manualisé et
par la faisabilité de l'implantation à grande échelle.
Ce programme est conçu pour être animé par des infirmières ou
des intervenants en santé mentale sur le terrain. Le programme
produit des résultats globalement positifs, même s'il semble avoir un
impact moins important pour les symptômes dépressifs (Bauer et al.,
2006 ; Provencher et al., 2009 ; Sajatovic et al., 2009 ; Simon et
al.,2006), qui suggèrent qu'en présence de dépression bipolaire,
une psychothérapie structurée serait probablement indiquée
(Miklowitz et al. 2007).
En conclusion, la psychoéducation brève telle que présentée dans
le LGP est une intervention recommandée pour le traitement du
trouble bipolaire. Une prise en charge efficace des patients
bipolaires devrait inclure une médication appropriée et une forme
de psychoéducation structurée (Yatham et al. 2009). Les défis à
venir consisteront à rendre cette intervention accessible à grande
échelle dans le réseau de la santé québécois et à en évaluer
l'efficacité pragmatique sur le terrain.

1.2.7.8. La place de la psychoéducation dans les


recommandations internationales
23

Depuis plus d'une dizaine d'années, la psychoéducation est


largement présente dans les recommandations internationales de
la prise en charge du trouble bipolaire. C'est en 2005 qu'apparaît la
place des interventions psychologiques dans la prise en charge du
trouble bipolaire. Les auteurs expliquent qu'adjoindre au traitement
pharmacologique une prise en charge psychologique permet
d'améliorer le cours de la maladie.
A cette date et malgré la présence trop faible d'études à
méthodologies fiables, les auteurs recommandent que tous les
patients bénéficient d'emblée de psychoéducation. Concernant
ce type d'intervention, ils se basent sur les travaux de Colom et
Vieta, pour souligner la diminution des rechutes thymiques et sur les
travaux de Perry, avec l'amélioration du temps entre la première
rechute maniaque et l'amélioration du fonctionnement social et
professionnel chez les patients entrainés à reconnaître les
prodromes.
Depuis 2005, les études sur l'impact de la psychoéducation se sont
multipliées et cette dernière conserve une place importante dans
les dernières recommandations de Yatham et al (2013). Les auteurs
rappellent les données sur son efficacité en se basant sur l'étude de
Parikh et al témoignant son équivalence en termes d'efficacité
comparé au TCC mais avec un moindre coût.
1.3. ETUDES ANTERIEURES
Dans cette partie, nous nous sommes intéressés à certaines études
de nos prédécesseurs, ayant un lien avec la nôtre:
1.3.1. Etude de Provencher M. D. (2012)
Cette recherche était consacrée à « la psychoéducation pour les
troubles bipolaires : recension des écrits et recommandations pour
le système de santé québécois ». L 'objectif de la présente
recension des écrits était de faire une mise à jour exhaustive des
études qui évaluent l'efficacité spécifique des interventions psycho
éducatives pour les patients ayant un trouble bipolaire ainsi que
leurs proches.
24

Sa méthodologie s'était appuyée sur une recherche effectuée


parmi les articles publiés dans des revues évaluées par des pairs, et
répertoriés dans les banques de données Medline, PsychInfo et ISI
Web of Science pendant la période comprise entre 1984 et juillet
2011.
Cette étude devait rapporter les résultats d'une intervention psycho
éducative structurée qui ciblent spécifiquement les patients
bipolaires ou leurs proches. De plus, l'intervention psycho éducative
devait être une composante spécifique utilisée seule et non
simplement comme composante d'une autre intervention
psychosociale (par exemple TCC). Comme résultats de cette
étude, les auteurs ont recensé un ensemble d'articlessur l'impact de
la psychoéducation brève en format de groupe de la
psychoéducation brève en format de groupe comme intervention
principale administrée aux patients bipolaires ou parfois aux
membres de leur famille.
Au total, 41 articles sur 32 études qui évaluent l'efficacité de la
psychoéducation pour le trouble bipolaire ont été retenus.
1.3.2. Etude d'Ihsane El Abbas (2010)
Cette étude de thèse doctorale soutenue à l'Université Cadi Ayyad
à Marrakech a porté sur « les troubles bipolaires chez l'adulte ».
L’étude rétrospective a été réalisée au sein du service psychiatrique
du centre universitaire hospitalier Mohammed VI à Marrakech sur
100 dossiers de patients hospitalisés au service, entre 2004 et 2007,
pour les TB diagnostiqués selon les critères de DSMIV; avec l'objectif
de déterminer la prévalence du TB et d'étudier son profil évolutif et
pronostic.
Une fiche d'exploitation préétablie a permis l'étude des
caractéristiques sociodémographiques, des antécédents
psychiatriques, toxiques et judiciaires ainsi que des caractéristiques
cliniques, thérapeutiques et Modalités évolutives du TB. L’analyse
des résultats a permis de dégager les résultats suivants : 9,92%
avaient un TB parmi les 1008 patients hospitalisés au service durant
la période de l'étude. 57% avaient débuté la maladie avant 25 ans
mais le diagnostic ne fut posé qu'après en moyenne 51,72 mois.
25

L’âge de début précoce était associé à plus d'épisodes maniaques


avec idées délirantes, à la présence d'antécédents familiaux
psychiatriques ainsi qu'à l'abus de substances (mais ces résultats
n'étaient pas significatifs P>0,05), notamment lors des accès,
retrouvé chez 49% des patients.
L'usage de toxiques était plus prévalent chez les hommes, chez les
patients ayant eu des antécédents judiciaires, et était lié à un
important dysfonctionnement socioprofessionnel, avec des
corrélations significatives (P<0,05). Les récurrences thymiques
étaient majoritairement de nature maniaque et avaient un
caractère saisonnier dans 37% des cas avec prédominance
estivale. En conclusion, la précocité de début du trouble bipolaire,
et les problèmes d'abus de substances qui y sont souvent associés,
ayant un impact sur le pronostic, devraient impérativement être
tenues en compte en vue d'une prise en charge précoce et
globale de la maladie.
1.3 .3 Etude de Chivé (2016)
Cet auteur a mené sa recherche de thèse doctorale
intitulée : «Changer de regard sur soi pour mieux fonctionner : étude
de l'impact de la psychoéducation sur l'auto-stigmatisation et le
fonctionnement psychosocial des patients souffrants de trouble
bipolaire ». L’objectif de l'étude était de vérifier si le phénomène
d'auto-stigmatisation avait des conséquences négatives sur le
fonctionnement psychosocial des patients souffrant de trouble
bipolaire.
A titre d'hypothèse, il a supposé que la diminution de l'auto-
stigmatisation, suite à une prise en charge en psychoéducation,
favoriserait l'amélioration du fonctionnement psychosocial des
patients souffrant de trouble bipolaire. L’échantillon était constitué
de 26 patients ayant bénéficié d'une prise en charge
conventionnelle (TAU) et 22 patients ayant bénéficié du
programme de psychoéducation Fondamental Campus utilisé au
centre expert bipolaire de Bordeaux.
L 'auteur a comparé l'efficacité d'une prise en charge en
psychoéducation à une prise en charge conventionnelle (TAU) sur
26

les connaissances, les représentations de la maladie, l'auto-


stigmatisation et le fonctionnement psycho-social des patients
souffrant de trouble bipolaire, ensuite il a évalué le lien entre une
modification de l'auto-stigmatisation et une modification du
fonctionnement psychosocial. Les résultats de l'étude renseignent
que chez les patients bénéficiant de la psychoéducation, les
connaissances, les représentations de la maladie, l'approbation
des stéréotypes associés au trouble bipolaire et la satisfaction de
fonctionnement étaient significativement améliorés.
Chez les patients bénéficiant de la prise en charge
conventionnelle, seule les connaissances étaient significativement
améliorées. Un lien de corrélation statistiquement significatif a été
mis en évidence entre une modification de l'autostigmatisation et
une modification du fonctionnement psycho-social. Ainsi, le point
commun entre ces travaux et le nôtre, est que nous avons tous
analysé l'efficacité de la psychoéducation. Notre démarcation se
situe au niveau des objectifs, des hypothèses et de la démarche
méthodologique.
27

CHAPITRE II : CADRE METHODOLOGIQUE


Nous décrivons brièvement le milieu où cette étude a été faite et
la méthodologie suivie.
2. 1. SITUATION GEOGR APHIQUE
Le milieu où cette recherche a été menée se nomme le Centre
Neuro-Psycho Pathologique (CNPP/UNIKIN en sigle).
Le Centre Neuro Psycho pathologique est bâti dans l’enceinte de
l’Université de Kinshasa, dans la commune de Lemba à une
distance d’environ 19 km du centre-ville de Kinshasa, et de 43 km
de l’aéroport international de N’Djili, sur la colline inspirée du Mont-
Amba. Il est accessible par route :
a. Emprunter l’avenue de l’Université qui passe par le Rond-point
Ngaba, le quartier LIVULU via régie de construction de l’Unikin
en passant par le bâtiment administratif, la faculté de
médecine, cliniques universitaires.
b. Ou encore, en prenant l’avenue by-pass qui vient de Lemba
en passant par le Rond-point Ngaba jusqu’à gauche, suivre
ensuite cette route le long de laquelle est construit le CNPP.

2. 2. APERCU HISTORIQUE
L’hôpital psychiatrique dénommé « Centre Neuro Psycho
Pathologique de l’Université de Kinshasa », CNPP en sigle, est une
des entités sous dépendance de l’Université de Kinshasa, CNPP en
sigle, est une des entités sous dépendance de l’Université de
Kinshasa, spécialité dans le domaine de la recherche médicale et
sanitaire.
Ce centre tire ses origines de l’Institut Neuro Psychiatrique érigé en
1926 sur le mont Stanley, actuellement Mont-Ngaliema qui entre en
activité en 1928 avec comme statut d’asile pour divers malades
notamment les aliénés mentaux, les tuberculeux et les lépreux. En
1970, dans le souci d’agrandir le service de neurologie, les autorités
des cliniques universitaires de Mont-Amba ont décidé d’associer le
Président de la République à ce projet.
28

C’est ainsi que ce dernier accordera un fond qui permit la


construction d’un centre neurologique au Mont-Amba. C’était le
2 janvier 1973 que fut inauguré l’actuel centre Neuro Psycho
pathologique du Mont-Amba. Celui-ci demeura sous tutelle de
la présidence de la république jusqu’en 1977. Le centre a la
capacité d’accueil de 450 patients. Mais vu la crise qui sévit la
population congolaise, ce centre tourne à peine à 10% de sa
capacité réelle. Il est limité à l’est par les quartiers Livulu et
Mbanza-Lemba à l’ouest par le Mont-Ngafula, au sud par le centre
hospitalier du Mont-Amba, et au nord par le rond-point Ngaba.
2.3. DEMARCHE METHODOLOGIQUE
Cette méthodologie concerne la population, l'échantillon, la
méthode et la technique de collecte des données ainsi que leur
dépouillement et traitement.
2.3.1. Population d'étude
Selon D'Hainaut (1975, p39). La population est un ensemble
d'éléments parmi lesquels on aurait pu choisir l'échantillon c'est à
dire l'ensemble d'éléments qui possèdent les caractéristiques qu'on
veut observer.
Pour Mucchielli (1976. p.16). La population est l'ensemble des
groupes humains concernés par l'étude. Donc, la population
d'étude est un ensemble d'individus présentant un critère commun
dans lequel on peut mener une recherche scientifique. Elle peut
être finie ou infinie ; elle est finie lorsqu'on connait exhaustivement
le nombre d'individus qui la composent, elle est indéfinie, lorsque le
nombre d'individus qui la constituent n'est pas connu.
Dans le cadre de cette étude, notre population est finie, composée
de 22 agents constituant le personnel soignant du Centre Neuro-
Psychopathologique. Elle est infinie pour les patients bipolaires et est
constituée de 12 sujets.
2.3.2. Echantillon
Selon Ngub'usim Mpey Nka cité par Mandeke Ngakikuna (2003, p.
19), l'échantillon est un groupe représentatif d'une population des
29

sujets sur lequel on mène une étude et à partir duquel les résultats
obtenus peuvent être généralisés sur la population.
Delandsheere (1977, p. 21) pense qu'un' échantillon est un choix
d'un nombre limité d'individus, d'objets, des faits dont l'observation
permet de tirer des conclusions à la population entière à l'intérieur
de laquelle le choix a été fait. L’échantillon est donc une
représentation réduite d'une population d'étude plus large. Dans
ce travail, nous avions opté pour un échantillonnage exhaustif de
22 soignants et un échantillon occasionnel de 12 patients. On parle
de l'échantillon exhaustif quand tous les individus de la population
constituent l'échantillon. Quant à l'échantillon occasionnel ou
accidentel, il est d'après D'Hainaut (1975, p.33) est celui qui est
extrait de la population selon une méthode de sélection guidée par
des raisons de commodité et de disponibilité des sujets A propos de
l'échantillon des patients bipolaires, sa répartition est faite suivant
l'âge, le sexe et le niveau d'études :
Tableau 1. Répartition des patients selon l’âge
Tranches d’âge Fréquences Pourcentage
20 – 30 3 25
31 – 40 2 17
41 – 50 5 41
50 et Plus 2 17
Total 12 100

D'après ce tableau, 5 sujets soit 41% se situent dans la tranche d'âge


de 41 à 50 ans ; 3 sujets, soit 25% se situent entre 20 et 30 ans et 2
cas ex aequo avec 17% se situent respectivement entre 31et 40 ans
et 50 ans et plus.
Tableau 2. Répartition des patients selon le sexe
Sexe Fréquences Pourcentage
Masculin 5 42
Féminin 7 58
Total 12 100
30

Il ressort de ce tableau que 5 sujets, soit 42% sont du sexe masculin


et 7 sujets, soit 58% sont du sexe féminin.
Tableau 3. Répartition des patients selon le niveau d'études
Niveau d’étude Fréquences Pourcentage
Aucun 2 17
Primaire 2 17
Secondaire 5 41
Supérieur/Université 3 25
Total 12 100

Le tableau ci-dessus indique que 5 sujets, soit 41% ont fait les études
secondaires, 3 sujets, soit 25% sont des universitaires et 2 cas ex
aequo des sujets avec 17% dont 2 sujets ayant un niveau d'études
primaires et 2 autres sujets n'ayant jamais été à l'école.
En ce qui concerne l'échantillon des agents soignants de cette
institution sanitaire, leur répartition est faite suivant l'âge, le sexe, le
niveau d'instruction et la fonction exercée au sein de cet hôpital.
Tableau 4. Répartition du personnel soignant par sexe
Sexe Fréquences Pourcentage
Masculin 10 55
Féminin 12 45
Total 22 100

Dans ce tableau nous remarquons qu'il y a 10 sujets, soit 55% de


sexe masculin et 12 sujets, soit 45% de sexe féminin.
Tableau 5. Répartition du personnel soignant selon le niveau
d'étude
Niveau d’étude Fréquences Pourcentage
Secondaire 6 27
Universitaire 16 73
Total 22 100
31

L’examen de ce tableau démontre que 6 soignants ont un niveau


d'études secondaires, soit 27% contre 16 soignants du niveau
supérieur ou universitaire, soit 73%.
Tableau 6. Répartition du personnel soignant selon la profession
Répartition des métiers Fréquences Pourcentage
Médecin 3 14
Infirmier 13 59
Psychologue clinicien 3 14
Assistant social 2 9
Ergothérapeute 1 1
Total 22 100

Au regard de ce tableau nous constatons qu'il y a 59% des infirmiers,


14% de cas ex aequo de médecins et les psychologues cliniciens,
ensuite 9% des assistants sociaux et 4% d'ergothérapeute.
2.3.3. METHODES ET TECHNIQUES UTILISEES
Dans une étude scientifique, la méthode et la technique doivent
paraître comme une double démarche à la fois théorique et
pratique. La démarche théorique est un corps de principes qui
oriente l'activité pensante et la manière de réunir les informations,
tandis que la demande pratique donne le cadre d'application des
principes et des présupposés théoriques à l'objet de recherche en
vue d'atteindre les objectifs que s'est assigné le chercheur.
Dans cette étude, nous avons utilisé la méthode descriptive et la
méthode analytique ainsi que deux questionnaires d'enquête. A
propos de la méthode descriptive, N'da (2002, p. 19) pense qu'elle
consiste à décrire, à nommer ou à caractériser un phénomène, une
situation ou un événement de sorte qu'il apparaisse familier. Cette
méthode nous a aidés dans la description du champ de travail et
de notre univers d'enquête pour mieux appréhender les différentes
réalités qui s'y trouvent. Quant à la méthode analytique, elle est
d'après Aktouf (1987, p.23), une méthode qui consiste à
décomposer l'objet d'étude en allant du plus complexe au plus
simple.
32

Cette méthode recherche le plus petit composant possible ou


l'unité de base des phénomènes Le questionnaire, mentionnent
Chiglione et Matalon (1978, p.94) est un instrument rigoureusement
standardisé dans le texte des questions et dans leur ordre. Il nous a
permis d'appréhender le comportement, le degré d'empathie et
de relation entre les soignants et les soignés et à obtenir des
informations auprès des patients souffrant des troubles bipolaires de
ce centre psychiatrique concerné par cette étude.
Son administration était à la fois directe et indirecte et s'est réalisée
en septembre 2021, où certains sujets enquêtés notaient eux -
mêmes les réponses et pour d'autres sujets, nous notions nous -
mêmes leurs réponses, car ils avaient, soit problème de vision de
près ou ne savaient lire et écrire. Le questionnaire réservé aux
patients était constitué des 3 questions, éclatées à 6sous-questions
dont 2 fermées et 4 ouvertes. Le tableau de spécification ci-dessous
répartis les questions par thèmes :
Tableau 7. Répartition des questions adressées aux patients par
thèmes
Thèmes N° questions Total
Place de la psychoéducation 1, 2a et 2b 3
Efficacité de la psychoéducation 3a, 3b et 3c 3
Total 6

Ce tableau montre que le premier thème contient 3 questions et, le


second en contient également 3.
A propos du questionnaire adressé au personnel soignant, celui -ci
était constitué de 7 questions éclatées à 14 sous-questions dont 3
fermées et 11ouvertes, répartis dans le tableau ci-après :
Tableau 8. Répartition des questions adressées aux soignants par
thèmes
Thèmes Questions T
Place de la psychoéducation 1a, 1b, 1c, 2a, 2b, 3 6
Efficacité de la psychoéducation 2c, 2d, 4, 5, 6a, 6b, 7a et 8
7b
Total 14
33

Ce tableau renseigne que le premier thème contient 6 questions et,


le second en contient 8.
2.3.4. Dépouillement et Traitement des données
Dans le présent travail, nous avons procédé par le comptage des
fréquences et l'analyse de contenu pour le dépouillement des
données étant donné que nous étions en face des questions
fermées et des questions ouvertes.
Dans ce sens, les questions fermées nous ont conduits au comptage
des fréquences et les questions ouvertes étaient dépouillées par
l'analyse de contenu. Eu regard à ce qui précède, il est
recommandé que l'analyse de contenu procédé au choix des
unités. C'est dans cette optique que nous distinguons :
 Les unités de contexte : correspondent à un ensemble de
contenu généralement large, auquel se réfère le chercheur
pour caractériser une unité d'enregistrement. Ce sont des
textes, paragraphes, phrase, etc.
 Les unités d'enregistrement : correspondent au segment de
contenu à considérer comme unité de base en vue de les
ranger. Ce sont de mots pivots tirés du contexte.
 Les unités de numération : correspondent à la fréquence, à
l'intensité, en tenant compte de la présence de l'unité à coder
dans un contexte.
En définitive, les réponses émises par les sujets sous forme des
phrases nous ont servi d'unités de contexte. Les mots qui revenaient
le plus souvent dans les phrases nous ont aidés comme unité
d'enregistrement et, le nombre de fois que chaque mot
apparaissait nous a aidés comme unités de numération. Après le
dépouillement des réponses données par les sujets aux
questionnaires, nous avons procédé à leur traitement. Les
fréquences obtenues ont été transformées en proportion, du fait
que nous étions en face d'un échantillon inférieur à 30 sujets. Ceci
est le conseil de Deketele (1991, p.45) qui recommande que toutes
données inférieures à 30 ne soient pas transformées en
pourcentage.
34

Le calcul de proportion a été obtenu à l'aide de la formule ci-


après :
𝑓
p=
𝑁
p= proportion
f= fréquence
N= effectif
35

CHAPITRE TROISIEME : PRESENTATION, ANALYSE ET


INTERPRETATION DES RESULTATS
Dans cette partie de l'étude, il est question pour de présenter les
résultats de l'enquête, les analyser puis les interpréter afin de pouvoir
vérifier les hypothèses émises au début de cette étude.
3.1 PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS
Il s'agit à ce niveau de présenter, pour chaque question, les
différentes opinions ou réponses proposées par les sujets enquêtés
aux différentes questions. Les résultats sont séparément présentés
dans des tableaux ci-après et l'analyse se fait question par question,
en utilisant les fréquences relatives exprimées en proportion et/ou
en pourcentage.
a. Résultats des patients
La question 1 a été posée comme suit : Madame ou Monsieur,
Comment les agents de santé font-ils pour vous soigner
quotidiennement ?
Tableau 9 : Approche thérapeutique pour le traitement des patients
Bipolaires
Approche thérapeutique fréquence proportion
 Traitements médicamenteux 6 .50
 Thérapies psychosociales 5 .42
(psychoéducation, TCC,
psychothérapie de soutien, Thérapie
familiales).
 Usage de la sismothérapie 1 .08
Total 12 1

L’examen de ce tableau démontre que la thérapie


pharmacologique vient en tête dans le traitement des patients
bipolaires, soit une proportion de 0.5, ensuite associé aux thérapies
psychosociales telles que la psychoéducation ; comme cette
thérapie ne réussit pas toujours pour tous les patients, d'autres
thérapies comme la TCC, la thérapie de soutien ou encore les
thérapies familiales sont utilisées dans une proportion de 0.42.
36

En présence des patients violents, la sismothérapie est utilisée dans


une proportion de 0.08.
La question 2a se présente comme suit : Ces agents vous donnent-
ils toutes les informations sur votre maladie ? Tous les patients
enquêtés, soit 12 sujets, attestent qu'ils reçoivent toutes les
informations sur leur maladie.
La question 2b est la suivante : Ces agents vous donnent-ils toutes
les informations sur votre maladie : Si Oui, Comment appréciez-vous
cette manière de faire ? Tous les sujets ayant répondu par
l'affirmation attestent que cette procédure est meilleure car elle
aide chaque patient à connaitre l'état de l'évolution de la maladie
et les mesures de prévention pour éviter les rechutes.
La question 3a est la suivante : Etes-vous aidé par votre
famille lorsqu'elle a toutes les informations sur votre maladie ?
Tableau 9. Assistance des proches du patient
Réactions des patients fréquence proportion
Oui 9 .75
Non 3 .25
Total 12 1
D'après le tableau ci-dessus, 9 patients sur 12 enquêtés, soit une
proportion de 0,75 sont accompagnés par leurs proches de qui, ils
reçoivent le soutien moral, matériel et financier pour les soins
médicaux ; 3 patients soit une proportion de 0.25 ne reçoivent
aucun soutien familial.
La question 3b examine la manière dont les patients sont aidés par
leurs proches. Voici la question : Etes-vous aidé par votre
famille lorsqu'elle a toutes les informations sur votre maladie : Si Oui,
comment elle vous aide-t-elle ?
Tableau 10. Types de soutien familial aux patients bipolaires
Réactions des patients Fréquence Proportion
Paiement des soins médicaux 7 .77
Soutien matériel et social 2 .23
Total 9 1
37

Au vu des résultats observés dans ce tableau, nous constatons


qu'une proportion de 0.77 patients est soutenue par leurs proches
en ce qui concerne le paiement des frais médicaux, une proportion
de 0.23 patients reçoit de leurs proches un soutien matériel et social.
La question 3c est formulée en ces termes : Etes-vous aidé par votre
famille lorsqu'elle a toutes les informations sur votre maladie : Si Non,
pourquoi refuse-t-elle de vous aider ?
Tableau 11. Refus du soutien familial au patient souffrant de TB
Réactions des patients Fréquence Proportion
Manque des moyens financiers 1 0,33
Rejet social et discrimination 1 0,33
Moquerie et stigmatisation du malade 1 0,33
Total 3 1

Il ressort de ce tableau que parmi les motifs du refus d'un soutien


social au patient, il le manque des moyens financiers pour le
paiement de soins médicaux, soit respectivement une proportion
de 0.33, le rejet social et discrimination des patients, la moquerie et
la stigmatisation que subissent les patients.
b. Résultats des soignants
La question 1a se présente comme suit : Appliquez-vous, dans ce
centre la psychoéducation à certaines maladies ? ».
Nous remarquons que tous les soignants déclarent que la
psychoéducation s'applique à certaines maladies chez leurs
patients.
La question 1b est la suivante : Appliquez-vous, dans ce centre la
psychoéducation à certaines maladies : Si Oui, à quels types des
maladies ?
Tableau 12 : Types des maladies soignées par la psychoéducation
Réactions des soignants Fréquence Proportion
Trouble bipolaire de Type I et II 16 .68
Toxicomanie, TCA, Trouble anxieux, etc. 6 .32
Total 22 1
38

Ce tableau indique qu'une proportion de 0.68 soignants appliquent


la psychoéducation aux TB de Type I et II, et une proportion de 0.32
disent qu'elle s'applique aux autres maladies tels que la
toxicomanie, le TCA, les troubles anxieux, etc.
La question 1c est ainsi libellée : Appliquez-vous, dans ce centre la
psychoéducation à certaines maladies : Comment l'éducation
thérapeutique du patient se passe-t-il avec le patient et ses
proches ?
Tableau 13 : Manière de l'application de l'ETP au patient et à ses
proches
Réactions de soignants Fréquence Proportion
 La thérapie se fait sous forme de dialogue 12 .54
et d'échange mutuel, thérapie familiale
 Révéler aux patients les conséquences 5 .23
négatives de TB
 Choix du thème de l'éducation 5 .23
thérapeutique sur les troubles bipolaires
Total 22 1

D'après ces résultats, nous constatons que l'ETP s'applique au


patient et à ses proches sous forme de dialogue et échange mutuel
(proportion de 0.54), révélation des conséquences négatives de TB
(proportion de 0.23) et, par le choix de thèmes de l'ETP sur les TB
(proportion de 0.23 soignants).
La question 2a été posée comme suit : A quel moment, lors de la
prise en charge appliquez-vous la psychoéducation ?
Tableau 14 : Moment de l'application de la psychoéducation
Réactions des soignants fréquence Proportion
 Après le diagnostic de l'état de stabilité du 19 .86
patient, cohérent et capable de
communiquer avec l'équipe soignante
 Au cours des séances d'entretien et 3 .14
échange sur la maladie
Total 22 1
39

Comme il est remarqué dans ce tableau, une grande proportion


de 0.86 , soit 18 sur 22 soignants affirment que la psychoéducation
se passe après le diagnostic de l'état de stabilité du patient pour
voir s'il est apte ou non à suivre l'ETP , aussi quand il devient cohérent
dans son langage et capable de communiquer avec l'équipe
soignante, mais une proportion de 0.14 soignants pense que cette
thérapie doit se passer au cours des séances d'entretien et
d'échange sur la maladie du patient.
La question 2b est formulée comme suit : Comment l'appliquez-
vous ?
Tableau 14. Manière d'application de la psychoéducation aux
patients
Réactions des soignants Fréquence Proportion
 Formation des groupes de 12 à 15 8 .36
patients selon l'état de stabilité
 Implication des proches, patient et 5 .23
thérapeute
 Elaboration de calendrier de 9 .41
rencontre et les thèmes à échanger
sur les TB
Total 22 1

Ce tableau révèle que la psychoéducation est appliquée par la


formation des groupes de 12 à 15 patients suivant leur état de
stabilité( pour une proportion de 0.36 des soignants), 9 soignants,
soit une proportion de 0.41 affirment qu'ils élaborent le calendrier
de rencontre et les thèmes à échanger sur les TB et, 0.23 des
soignants font appel à l'implication des proches pendant l'ETP .
La question 2c se présente de la manière suivante : Quel est le
niveau de son efficacité ?
40

Tableau 15. Niveau d'efficacité de la psychoéducation dans le


traitement des TB
Réactions des soignants Fréquence Proportion
 Elle donne des meilleurs résultats de 16 .82
guérison
 Son efficacité est élevée selon la 8 .18
conversation normale tenue avec le
patient avec une humeur positive
Total 22 1

Au vu de ces résultats, il est attesté par une proportion de 0.82 de


soignants que la psychoéducation procure des meilleurs résultats
dans la guérison des TB et, une proportion de 0.18 soignants ajoute
que son efficacité est constatée lors des entretiens et conversation
normale avec le patient qui se présente avec une humeur positive.
La question 2d est libellée comme suit : Comment vous faites afin
de l'adapter au patient et à ses proches ?
Tableau 16. Adaptation de la psychoéducation aux patients et
proches
Réactions des soignants Fréquence Proportion
 Parfois un recours à d'autres 13 .59
thérapies (TCC, entretien
motivationnel, etc.) facilite
l'adaptation de la psychoéducation
aux patients et aux proches
 Tenir compte de l'état de la stabilité 9 .41
de la maladie et implication des
proches aux séances de l'ETP
Total 22 1

Nous remarquons dans le tableau ci- dessus que les soignants


recourent parfois à d'autres thérapies (TCC, entretien
motivationnel) pour faciliter une adaptation de la
psychoéducation à chaque patient et aux proches (soit une
proportion de 0.59), une autre proportion de 0.41 soignants tient
41

compte de l'état de la stabilité de la maladie avant l'adaptation


de la psychoéducation.
La question 3 est la suivante : Pourquoi avez-vous l'habitude de
recourir à la psychoéducation dans le cadre du traitement des
troubles bipolaires ?
Tableau 17. Motifs de recours à la psychoéducation pour le
traitement de TB
Réactions des soignants Fréquence proportion
 Thérapie recommandée plus pour les 16 .73
TB
 Facilite le patient à connaitre les 6 .27
causes de sa maladie et l'amener au
changement d'humeur négative
Total 22 1

Selon le tableau ci-dessus, une proportion de 0.73 des soignants font


recours à la psychoéducation dans le traitement de TB, car c'est la
thérapie recommandée pour ce type de maladie et, une
proportion de 0.27 estime que cette thérapie facilite le patient à
mieux connaitre les causes de sa maladie et les amène à un
changement d'humeur négative.
La question 4 a été présentée comme suit : Quelles sont les limites
que vous rencontrez dans l'application de la psychoéducation pour
les patients bipolaires ?
Tableau 18. Obstacles rencontrés dans l'application de la
psychoéducation
Réactions des soignants Fréquence Proportion
 Le changement vers l'humeur positive 8 .36
pose parfois problème chez certains
patients
 Certains patients ne parviennent pas 4 .18
à répondre à certaines questions
(refus)
 L'incohérence chez le patient 10 .45
Total 22 1
42

Ces résultats ci-dessus attestent l'incohérence du patient lors de


l''application de la psychoéducation dans une proportion de 0.45,
le changement vers l'humeur positive pose parfois problème chez
certains patients dans une proportion de 0.36 et, le refus des
patients à répondre à certaines questions pour une proportion de
0.18.
La question 5 a été formulée de la manière suivante : Que faites-
vous quand vous avez des difficultés avec le patient lors de
l'éducation thérapeutique ?
Tableau 19. Stratégies adoptées en cas de difficultés dans
l'application de la psychoéducation
Réactions des soignants Fréquence Proportion
 Report des séances thérapeutiques 12 .55
et chercher le motif du refus ou de
la résistance avant d'envisager une
autre rencontre
 Echange avec les proches du 10 .45
patient
Total 22 1

Au regard de ces résultats, nous remarquons que les stratégies


adoptées en cas de difficultés dans l'application de la
psychoéducation sont entre autres : le report des séances de l'ETP
puis recherche du motif du blocage ou refus avant d'envisager une
rencontre future (0.55 de proportion des soignants) et, une
proportion de 0.45 des soignants préconisent d'échanger avec les
proches du patient pour trouver des solutions idoines.
La question 6a est formulée comme suit : Concernant les personnes
atteintes des troubles bipolaires, est-il nécessaire de créer, en
amont, une relation de confiance avec le patient ?
Tous les soignants sont d'accords qu'il y ait création d'une relation
en amont avec le patient.
43

La question 6b examine le pourquoi du oui des soignants. Voici la


question : Concernant les personnes atteintes des troubles
bipolaires, est-il nécessaire de créer, en amont, une relation de
confiance avec le patient : Si Oui, pourquoi ?
Tableau 20. Justification de la nécessité d'une relation de confiance
en amont
Réactions des soignants Fréquence Proportion
 La confiance mutuelle une clé pour 14 .64
la collaboration en amont du patient
 Sans le respect de l'intimité du 8 .36
patient, l'amour et l'écoute aucune
séance d'ETP n'est possible
Total 22 1

Nous remarquons dans ce tableau qu'une proportion de 0.67 des


soignants se décide de créer en amont une confiance mutuelle
pour obtenir la collaboration dans le traitement de sa maladie et,
une proportion de 0.36 qui insiste sur le respect de l'intimité du
patient, l'amour en vers lui et l'écoute en vue de la relation de
confiance.
La question 7a est la suivante : Constatez-vous une amélioration de
vos rapports avec les patients?
Il s'est révélé que tous ces sujets disent que l'application de
psychoéducation améliore les rapports thérapeutes -patients.
La question 7b est formulée comme suit : Constatez-vous une
amélioration de vos rapports avec les patients : Si Oui, expliquez-
vous ?
Tableau 21. Justification de la qualité des rapports soignants-soignés
Réactions des soignants Fréquence Proportion
 Le patient devient coopérant à cause 13 .59
de l'empathie, encouragement et
l'écoute active
 Humeur positive, considération, 9 .41
animation, accueil, respect de
l'intimité du patient et la confiance
44

Total 22 1

Les résultats obtenus dans ce tableau montrent que l'empathie,


l'encouragement et l'écoute active favorisent des bons rapports
entre thérapeute et patients (pour une proportion de 0.59) et, une
proportion de 0.41 des soignants attestent que l'humeur positive, la
considération, le bon accueil, l'animation, la confiance et le
respect de l'intimité du patient sont des facteurs qui favorisent ces
bons rapports entre eux.
3.2. INTERPRETATION DES RESULTATS
L’essentiel dans cette partie est d'interpréter les résultats obtenus en
fonction des différentes questions posées aux soignants et aux
soignés suivant les deux séries des questions respectives. Le constat
est que la plupart des patients bipolaires disent que la
psychoéducation est efficace et se sentent à l'aise dans le
traitement avec cette thérapie.
S'agissant des informations livrées aux patients, ceux-ci les
apprécient dans la globalité, car ces informations les aident à
comprendre les effets de la maladie sur ses relations personnelles,
en leur donnant les outils pour gérer les facteurs de stress qui
peuvent déclencher un épisode et qui peuvent favoriser la prise
régulière de médication. L’assistance des proches du patient est
confirmée dans une proportion de 0.75. Ceux-ci leur apportent un
soutien moral, social, matériel et surtout le paiement des frais
médicaux.
En réaction aux affirmations des soignants, le niveau de l'efficacité
de la psychoéducation est attestée par les patients enquêtés dans
une proportion de 0.72 et quand elle ne fonctionne pas assez, les
thérapeutes font recours à la TCC, à la thérapie centrée sur les
familles, à la thérapie interpersonnelle (une proportion de 0.28) et
parfois à la sismothérapie (une proportion de 0, 08). Ainsi, les
soignants utilisent l'écoute active et l'empathie pour créer une
relation de confiance en amont avec les patients. A propos de
certaines maladies auxquelles s'applique la psychoéducation, tous
les soignants déclarent que cette thérapie s'applique à d'autres
45

maladies (troubles anxieux, toxicomanie, TCA, dépression) chez


leurs patients.
Egalement l'ETP s'applique au patient et à ses proches dans une
proportion de 0.54 sous forme de dialogue et échange mutuel,
thérapie centrée sur la famille, etc. Quant aux obstacles rencontrés
dans l'application de la psychoéducation, une proportion de 0.45
parmi les soignants atteste les incohérences du patient qui limitent
l'application de cette thérapie, les stratégies adoptées en cas de
difficultés dans l'application de la psychoéducation, une proportion
de 0.55 de soignants interrompent les séances de l'ETP et cherchent
le motif du refus ou de la résistance avant d'envisager une autre
rencontre ultérieure.
46

CONCLUSION

Au terme de cette étude ayant porté sur l'efficacité de la


psychoéducation dans la prise en charge des patients souffrant des
troubles bipolaires au centre psychiatrique SOSAME de Bukavu, les
questions suivantes ont été posées :
Les résultats auxquels nous avons abouti se présentent comme suit :
 Quelle est la place qu'occupe la psychoéducation dans la
prise en charge des patients souffrant des troubles bipolaires
soignés au CNPP/Unikin ?
 La psychoéducation est-elle efficace que d'autres thérapies
psychologiques dans le cadre de traitement de troubles
bipolaires ?
Nous avons supposé que :
 La psychoéducation serait largement utilisée comme l'une
des thérapies psychologiques favorisant l'amélioration du
fonctionnement psychosocial des patients souffrant de trouble
bipolaire soignés au CNPP/Unikin ;
 La psychoéducation ferait partie des interventions
psychologiques recommandées et efficaces dans traitement
des patients souffrant des troubles bipolaires.
Les objectifs étaient de :
 De connaître la place qu'occupe la psychoéducation dans le
traitement des patients souffrant de trouble bipolaire ;
 De connaître l'efficacité de la psychoéducation dans la prise
en charge des patients souffrant de trouble bipolaire à l'instar
d'autres thérapies psychologiques , identifier les mécanismes
de mise en application de la psychoéducation dans le
processus thérapie lié au trouble bipolaire.
La population d'étude était constituée des patients souffrant des
troubles bipolaires des types I ou II selon les critères du DSM-5 ayant
47

bénéficié du programme de psychoéducation pendant cette


période et l'équipe soignante du CNPP/Unikin.
Au sein de ces deux populations, nous avons choisi
occasionnellement 12 patients souffrant de cette maladie et,
exhaustivement les 22 soignants, en utilisant les méthodes
d'enquête et analytique soutenues par deux questionnaires
d'enquête, l'un réservé aux soignés et l'autre, aux soignants. Le
dépouillement et le traitement des données se sont réalisés par le
décompte des fréquences et l'analyse de contenu, transformées
en proportion.
Les résultats auxquels nous avons abouti se présentent comme suit :
 La majorité des patients bipolaires estiment que la
psychoéducation est efficace et se sentent à l'aise dans le
traitement avec cette thérapie. Ces patient apprécient les
informations obtenues dans la globalité, elles les aident à
comprendre les effets de la maladie sur ses relations
personnelles, donnent des outils pour gérer les facteurs de
stress qui peuvent déclencher un épisode favorisant la prise
régulière de médication.
Aussi, l'assistance des proches du patient est confirmée pour
l'apport moral, social, matériel et le paiement des frais médicaux.
Pour les soignants, le niveau d'efficacité de la psychoéducation est
attesté par les patients et ceux-ci recourent aux TCC, aux thérapies
centrées sur les familles, aux thérapies interpersonnelles, parfois à la
sismothérapie ainsi que l'écoute active et l'empathie pour créer une
relation de confiance en amont avec les patients.
Ces résultats confirment nos hypothèses de recherche. Ainsi, nous
ne prétendons pas avoir épuisé, dans ce travail tous aspects relatifs
à l'efficacité de la psychoéducation dans la prise en charge des
troubles bipolaires, nous prions aux futurs chercheurs qui aborderont
le même thème d'élargir le champ d'investigation en utilisant par
exemple un échantillon représentatif des malades.
De ce qui précède, nous suggérons :
48

 Au Ministère de la Santé de la RDC, de financer la formation


des agents aux différentes thérapies brèves pour élargir les
connaissances des thérapeutes dans la prise en charge
psychologique ;
 Au Centre Neuro Psycho-Pathologique/Unikin, d'organiser la
formation en psychothérapie pour les soignants et d'engager
plus des psychologues pour un meilleur traitement
psychologique des malades mentaux ;
 Au personnel soignant, de faire un meilleur choix de la
thérapie lié au diagnostic établi.
49

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52

TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION .............................................................................................................................. 1
1. Problématique......................................................................................................................... 1
2. Hypothèses du travail ........................................................................................................... 3
3. Objectifs du travail................................................................................................................. 4
4. Intérêt de l'étude .................................................................................................................... 4
5. Méthodologie du travail ....................................................................................................... 4
6. Subdivision du travail ............................................................................................................ 5
CHAPITRE I : GENERALITES SUR LA PSYCHOEDUCATION .................................... 6
1.1. DEFINITION DES CONCEPTS .............................................................................................. 6
1.1.1. Psychoéducation ....................................................................................................... 6
1. 1.2 Trouble bipolaire....................................................................................................... 6
1.1.3. Patient ............................................................................................................................ 7
1.1.4. Prise en charge ........................................................................................................... 7
1. 2. REVUE DE LA LITTERATURE THEORIQUE ........................................................................... 7
1.2.1 Notion de trouble bipolaire ..................................................................................... 7
1.2.2 Symptômes du trouble bipolaire ........................................................................... 8
1.2. 3. Ethiopathogénie des troubles bipolaires ......................................................... 10
1.2.3.1. Génétique du trouble bipolaire ....................................................................... 10
1.2.3.2. Neurobiologique du trouble bipolaire ........................................................... 11
1.2.3.3. Anomalies anatomiques et éléctrophysiologiques ................................... 11
1.2.3.4. Evénements de vie et bipolarité ...................................................................... 12
1.2.3.5. Aspects cognitifs et qualité des relations sociales ..................................... 12
1.2.4. Causes du trouble bipolaire .................................................................................. 13
1.2.5. Les différents types de troubles bipolaires ........................................................ 13
1. 2 .6 Traitement de Trouble bipolaire ........................................................................... 14
1.2.7. Place de la psychoéducation dans le trouble Bipolaire .............................. 15
1.2.7.1. Données historiques de la psychoéducation .............................................. 15
1.2.7.2. Le diagnostic éducatif en psychoéducation et les représentations de
la maladie .................................................................................................................................. 16
1.2.7.3. Psychoéducation pour les patients bipolaires............................................. 16
1.2.7.4. Psychoéducation pour les patients et leurs proches ................................. 18
1.2.7.5. La psychoéducation pour les proches des patients bipolaires .............. 20
1.2.7.6. Efficacité spécifique de la psychoéducation .............................................. 20
1.2.7.7. Recommandations pour l'implantation de la psychoéducation ........... 21
1.2.7.8. La place de la psychoéducation dans les recommandations
internationales........................................................................................................................... 22
1.3. ETUDES ANTERIEURES .................................................................................................... 23
1.3.1. Etude de Provencher M. D. (2012) ....................................................................... 23
1.3.2. Etude d'Ihsane El Abbas (2010) ............................................................................ 24
1.3 .3 Etude de Chivé (2016) ............................................................................................ 25
53

CHAPITRE II : CADRE METHODOLOGIQUE .................................................................... 27


2. 1. SITUATION GEOGR APHIQUE ......................................................................................... 27
2. 2. APERCU HISTORIQUE ........................................................................................................ 27
2.3. DEMARCHE METHODOLOGIQUE ................................................................................... 28
2.3.1. Population d'étude................................................................................................... 28
2.3.2. Echantillon .................................................................................................................. 28
2.3.3. METHODES ET TECHNIQUES UTILISEES ................................................................... 31
2.3.4. Dépouillement et Traitement des données....................................................... 33
CHAPITRE TROISIEME : PRESENTATION, ANALYSE ET INTERPRETATION
DES RESULTATS .......................................................................................................................... 35
3.1 PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS ..................................................................... 35
3.2. INTERPRETATION DES RESULTATS .................................................................................... 44
CONCLUSION ................................................................................................................................. 46
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ................................................................................... 49
I. OUVRAGES ............................................................................................................................. 49
II. MEMOIRES, THESES, COURS, ARTICLES DES REVUES ET AUTRES DOCUMENTS ......... 49
III. WEBOGRAPHIE ................................................................................................................... 51

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